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Ténebres de Garde d'hiver : râclements

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Ténebres de Garde d'hiver : râclements Empty Ténebres de Garde d'hiver : râclements

Message par Eldorilla Sam 21 Jan 2012 - 23:48

Ouest de Garde-d'hiver, char à vapeur numéro 5.

L'habitacle était rempli d'une fumée acre, le choc avait été assez violent et elle retira ses lunettes de pilotes épaisses ignorant les insultes du cannonier, un petit teigneux des marches de l'ouest, et jeta un regard préoccupé vers le mécanicien, un autre gnome qui dodelinait de la tête.
La fumée acre des batteries renversée emplissait l'habitacle du char a vapeur et accessoirement leurs poumons , elle tourna le volant qui ouvrait la trape sur l'exterieur et jetta un coup d'oeil prudent, avant de rebaisser la tête et d'attraper la batterie fumante et commencer à la lever pour la jeter dehors.

Son esprit analytique supérieur lui indiqua une problème de taille et elle injuria a son tour copieusement le cannonier qui semblait apparement attendre que l'acide de la batterie ai fini de se déverser sur ses mains pour jeter l'objet dehors.
Celui ci semblait immobile comme fixant quelque chose la bouche ouverte, mais l'expression de ses yeux fit rapidement taire lui couinement rageurs de la gnome qui posa l'objet au sol et se hissa.
L'humain bredouilla devant le spectacle de dizaines de charognes de toutes sortes à un stade de décomposition plus ou moins avancée massée dans un silence irréel parfois un cliquetement léger d'os autour et en partie sur le char à vapeur qui était allé donner lourdement dans un fossé.
Ils fixaient les deux tête de vivant avec cette expression d'avidité et ce sentiment implacable de ce regard vitreux et éteint qui abrite une conscience contre nature.Elle resta un moment avec cette expression de surprise aussi bête que celle du canonier avant de refermer la trappe d'un coup de poignet vigoureux sans même se soucier qu'il ai rentré sa tête...elle s'appercu plus tard que cela avait été le cas mais c'était sur l'instant totalement secondaire.
La trappe se refermant dans un couinement de protestation metallique plongeant les occupants dans une pénombre épaisse et lourde, comme si cette trappe refermée scellait aussi leur destin.
Les morts ont tout leur temps.

Avec un petit clapotis la gourde d'eau circulait entre les trois occupants plongés dans le noir et dans le silence.Le mécanicien secoua la tête négativement.Ils conversaient à voix basse comme si cela changerait réellement quelque chose, habitude dérisoire, trois personnes coincées dans une espace dérisoire, seule étincelle de vie au milieu des champs de morts et des charrues renversées comme autant de silhouettes sinistres dans ces champs ou ne poussaient plus que des morts, et au loin la silhouette lointaine d'un village et d'une citadelle.
Trop lointaine...

"Si on ne se débarasse pas très vite de cette batterie on va mourrir à petit feu étouffés comme des rats"

Les faibles aérations ne permettaient pas d'esperer survivre avec l'objet fumant à l'interieur, aussi ils résolurent malgré le risque dans s'en débarasser.Grimpée à un des barreaux elle avait la main sur le volant de la trappe de sortie, elle regardait le cannonier qui avait la batterie en main et en respirait à pleins poumons les volutes nocives, le gnome se tenait derriere elle l'énorme fusil en main braqué vers l'entrée serrant et desserant nerveusement les doigts sur l'armature en bois.
L'interrogeant du regard elle ouvrit d'un geste sec la volant , une bouffée d'air glacial s'engouffra à l'interieur dans l'athmosphère viciée du char et d'un rugissement de bûcheron le robuste gaillard envoyait l'engin nocif dehors.
A peine l'entendit on s'ecraser sur la neige, d'ailleurs on n'entendait rien.
Les trois vivants anxieux se regardaient, et l'humain plus courageux ou plus fou sortit la tête.
La gnome ferma les yeux l'imaginant se faisant arracher la tête et soulever les jambes secouées de spasmes ..aucun bruit, un silence de mort, le croassement d'un charognard vint le briser.
Le champ était quasi désert on devinait plus loin quelques silhouettes au pas hésitant et saccadé des morts.
Ce répit dérisoire leur permit de renouveller l'air du char, aucun des trois n'était dupe de ce vide apparent.Le cannonier proposa de tenter sa chance par la rivière, les morts pietres nageurs s'y aventuraient rarement .


"Tu sera mort avant la minute passée avec le froid imbécile !"

"Toi la fouine ta gueule si t'avais les yeux en face des trous on s'rait pas plantés dans un fossé comme des cons sous cette citadelle maudite! j'tente ma chance si tu veux rester crever dans ton cerceuil de boulon reste la ! "

"Le levier à cédé bougre de con je pouvait PAS tourner ! "


Ils s'aboyèrent dessus rageusement quelques instants encore tandis qu'il rassemblait quelques affaires et il disparu par la trappe bondissant dans la neige molle.La gaillard était il est vrai rapide et elle se prit elle même a penser qu'il avait une chance .Bien sur ils le virent et affluèrent vers lui leurs mains griffues tendues vers les chairs molles à déchirer , elle put voir avec la distance la lueur de panique et cette énergie folle que vous donne la peur le faire sauter du buttte en butte évitant les férrailles et les débris rouillés .
Il disparu d'un bon dans l'eau glacée échappant à une mise en piece horrible, elle referma la trappe avec un mince sourire qui ne se vit pas dans la pénombre


"Il a reussi..ce crétin consanguin à reussi !"

Elle souriait de cet espoir illusoire qui vous parasiste comme du lierre jusqu'a ce que la moindre étincelle de vie quitte vos yeux
Elle n'avait aucun moyen de savoir si il avait fait ne serait ce que cinquante metres sans se noyer mais elle voulait y croire...
Je veux encore y croire nota elle sur ce petit carnet qui ne la quittait le crissement de la pointe glissant sur le parchemin bon marché dans la pénombre.Elle referma le carnet de ses doigts gourds.
Malgré le petit espace et la promiscuité le froid faisait son travail, dehors il faisait nuit et son esprit ne demandait qu'une chose.
Se laisser glisser, doucement vers cette torpeur apaisante, s'endormir, et oublier.
Une geste, un gémissement de douleur, la secouant de sa torpeur mortelle ou elle sombrait doucement sans s'en appercevoir, elle tourna la tête s'extrayant de ce tombeau d'oubli ou elle commenceait à sombrer pour faire quelques pas, malgré l'espace exigu sa condition de gnome le lui permettait.
Une nuit sans sommeil, elle avait passé la nuit à raconter sa vie qui s'acheverai bientôt peut être à son camarade d'infortune ,dont l'état physique empirait, elle soupconnait une blessure à la tête, un traumatisme.Le matin pale boréal, à peine y'avait il une différence entre les deux n'apportait pour réconfort qu'une température un peu moins froide.
Le clapotis de la gourde d'eau qu'elle préservait avec une parcimonie maniaque était son seul réconfort, au moins la vapeur avait cette avantage,elle m'en manquerait pas avant longtemps.
Elle s'appercut arrêtant son geste qu'elle envisageait de rester la le temps d'être secourue, secouée d'un gloussement de rire hystérique quelques instants après.

Secourue...

Elle était assise par terre à même le métal le froid avait cedé la place à une atmosphère oppressante et pestilenciellle sang, métal, déjections, les restes infects du métal brulé par l'acide.Elle s'efforcait de soulager les souffrances de son compagnon dont l'état empirait.
Puis ils étaient arrivés...ils avaient commencé vers midi , et n'avait de cesse depuis des heures.
Le lent raclement d'une surface dure, des ongles ou des beaux de métaux sur le metal de la coque du char à vapeur.Elle n'avait qu'a fermer les yeux pour imaginer ces ongles sales cassés noirs et durcis par la mort qui glissaient depuis des heures deja sur la coque, sans faiblir sans faillir , toujours plus nombreux
Au debut la surprise passée elle avait relegué ça dans un coin de son esprit comme une gêne le bruit de fond agacant d'un enfant bavard ou d'un camelot accrocheur puis cette présence dérangeante c'était faite écrasante, monolithique.

Rien ne venait briser les grattements, rien ne venait tout court.

Le froid à nouveau de la nuit qui l'entrainait vers la tombe, les grattements incessants de ces bras morts qui ne se fatiguaient jamais , a peine avait elle percu un bruit qui tranchait avec cette monotonie bruyante qui l'entrainait vers la folie .Secouant mollement la tête elle percut et identifia des sanglots,le gnome afffalé sur le siege de pilotage craquait emporté par la douleur les fievres et l'épuisement moral sans qu'elle puisse rien y faire, elle s'approcha de lui , fit un pas dans le noir vers cette silhouette et s'arreta comme figée.Son seul lien avec la réalité était cette sourde douleur dans son oreille, son tympan qui la retenait à ce monde , et cette sensation diffuse comme dans un rève de ce fluide poisseux sur son visage

.La douleur se fit plus sourde plus intense, le tympan mit a mal pour le coup de feu dans un espace aussi étroit et elle assimila doucement l'information, l'absence de sanglots, les fluides répandus sur elle ...elle resta un long moment figée dans ce geste de secours envers un etre vivant qui ne l'était plus, les grattemants redoublant de violence comme une clameur de triomphe.
Edgard tournemolette avait préferé la fuite sous la seule forme qu'il lui restait a cette descente dans l'abime ou elle se tenait seule, juste au bord dans le noir de son cerceuil de métal.


Elle se balancait doucement d'avant en arrière le plus loin possible de la bache dont elle avait recouvert le mécanicien assise sur le sol, le plus loin possible aussi du siege maculé de sang et de cheveux poisseux collés à la paroi de l'habitacle, ca qui ne lui laissait pas beaucoup de choix ni d'espace.
Son ventre n'était qu'une douleur sourde dont la détresse se mélait a la puanteur du corps qui malgré le froid se décomposait doucement dans quelques metres carrés dont elle avait calfeutré toutes les ouvertures ou presque ayant vu quelques doigts morts et rageurs s'y glisser entre deux grattements, la plongeant dans un noir quasi total.


Fléchir..étendre, fléchir...son doigt se repliait et se tendait doucement les raclements qui n'avaient pas cessé n'était qu'une bourdonnement distant dans ses oreilles comme un ressac agaçant pour le citadin qui essaie de dormir en vacances au bord de la mer.Elle sourit lentement bouger les levres étaient un effort.
Parler bien davantage comme une brulure sourde au fond de sa gorge mais tout ca marche tout seul par la force de l'habitude...
Flechir..
Les raclements étaient à présent un infime bruit au bord de sa conscience mourrante comme un rêve ou on se souvient vaguement avoir marché sur des brindilles.Elle était bercée par la caresse du Néant mais pour ne s'en rendait pas vraiment compte évoquant des souvenirs anciens avec un ami à une terrasse, une de ses anecdotes avec ses si nombreux cousins...

Elle mourrait...



Le silence...silence? quelque chose , quelque chose d'étrange et de fort ancré en toute personne lui signala l'information, ceci n'était pas normal...Silence?elle sourit légerement rassurée son souffle tenu balayant a peine son buste la tête penchée en avant le menton sur le buste, immobile.
Raclement a nouveau.. tout rentrait dans l'ordre, elle était bien en train en de mourrir à nouveau.

La serre du griffon racla sur la coque du char immobile depuis des jours et silencieux mais fermé de l'interieur.Les doigts habiles s'affairaient glissant une sorte de pate sous la jointure de la trappe le griffon indigné s'éloigna avant de se reposer devant ce vacarme.Une bouffée de pestilence, une vague forme recroquevillée dans un coin, une autre sous une bâche source de la puanteur, mais pas la seule.


"Grouille toi Mac j'ai pas envie de trainer ici,ça fait cinq jours qu'ils sont portés disparu, ils sont crevés"

Le griffonier raleur houspillait le sapeur qui sortait doucement un petit corps souillé de ses propres déjections et quasi inerte, affreusement malgré et pale et sans se soucier de sa saleté le prit dans ses bras grimpant derrière le nain.
Il lâcha dans le char un petit paquet qui en enflamma le contenu donnant emenant dans les flammes le corps mécanicien.

"Elle seule pourra nous dire qui c'était... si elle passe la nuit"

Le griffon s'éloigna se riant par sa vélocité des affreux charognard volants du Fléau.

Raclement...la gnome esquissa un sourire dans le lit de l'hopital de campagne de Garde d'hiverLe prêtre avait passé des heures avec elle a l'arracher à la tombe ou elle avait déja plus qu'un pied et venait juste de sortir épuisé pour gagner son propre lit
.Le trouffion qui passait le balai au poils durs entre les lits ne comprit jamais pourquoi et reprit son travail.

Raclement.

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