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L'étrange Voile d'Hiver d'Oracio Caldéri

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Message par Oracio Caldéri Mar 25 Déc 2012 - 23:44

Il faisait froid ce soir, très froid. Et comme d'habitude en cette soirée de Voile d'Hiver, tous et toutes fêtaient en famille ce réveillon, mangeaient en quantité, offraient des présents à leurs proches, à des êtres chers. Tous... non pas tous. Il y en avait au moins un qui ne le faisait pas. Sans famille, sans enfants, sans réels proches, Oracio parcouraient seuls les rues de Hurlevent en ce soir de fête. Il arriva finalement devant le chantier du Cochon Siffleur.

Il y avait une semaine, une discussion avec une de ses connaissances avait mis le doigt sur un problème. Oracio clamait haut et fort que le royaume regorgeait de miséreux alors que les riches, eux, se remplissaient la bedaine sans penser à ceux qui n'en avaient pas les moyens. Mais la personne lui avait fait remarquer que lui aussi ferait pareil le soir du réveillon. Qu'il serait bien au chaud, chez lui, à manger sa dinde farcie pendant que dehors, les gens qu'il disait défendre grelotteraient de froid. C'était le doigt qui venait pousser sur une plaie ouverte. C'était vrai après tout. Oracio critiquaient des gens qui faisaient la même chose que lui.

A la fois vexé et énervé par cette vérité qui le mettait à mal, il s'était juré que cela ne se produirait pas. C'est ainsi qu'une partie des commerçants de la ville avaient reçu le lendemain des commandes inhabituelles à livrer sans délai au cochon siffleur en échange de sommes généreuses.

Le soir du Voile d'Hiver était arrivé à grand pas et quelle ne fut pas la surprise des badauds de voir une foule de nécessiteux de presser devant la porte de la taverne toujours en construction, attendant on ne sait quoi. C'est alors que la porte provisoire et grossière faite de planches s'était ouverte, laissant apercevoir des tables rudimentaires accompagnées de bancs et des feux improvisés au dessus desquels ronronnaient des chaudrons remplis de soupe fumante agrémentée de morceaux de viande bien grasse. Dans l'embrasure de la porte se tenait un homme, vêtu simplement, un sourire chaleureux sur les lèvres. C'était Caldéri.

Il fît entrer les miséreux un à un dans le semblant de taverne qui ne portait pas encore de toiture, prenant soin de distribuer à chacun un demi pain et une couverture chaude. Les personnes prenaient ensuite place dans la grande salle, un bol de potage leur était porté par des gens engagés pour l'occasion. Ils n'avaient rien à faire d'autre que profiter de la chaleur et du confort même précaire qui leur étaient offert.

Oracio accueillait tous ceux qui se présentaient et invitaient ceux qui partaient à passer le mot. Ce soir ne serait pas un soir de solitude pour ceux qui désiraient autre chose que le froid de la rue. La foule profita donc d'un repas et de la chaleur des feux. Suivirent ensuite les tonneaux de bières et les pintes. L'ambiance était détendue et festive, cela rigolait, cela chantait ici et là. L'homme généreux quant à lui, observait de loin, dans un coin. Se contentant sans doute de profiter de l'instant par procuration. Ne désirant pas s'imposer, peut-être aurait-il même voulu s'effacer. Pour laisser à cet instant l'impression qu'il durerait toujours, que demain, tout serait comme ce soir. Il savait bien que ce n'en serait pas ainsi.

Tout à coup, un homme se leva et grimpa sur une table, emmitouflé dans une couverture chaude, le silence se fit. C'est alors qu'il cria un "merci" venu du fond du coeur, tendant sa chope vers leur bienfaiteur. Caldéri s'avança de quelques pas, parcourant la salle pleine à craquer d'un regard à la fois mélancolique et fier. Après tout, ne venait-il pas de là lui aussi ? N'avait-il pas dû voler étant enfant pour pouvoir manger. Peut-être était-il plus proche de ces gens que de personne d'autre. Ce soir, il passait le réveillon du Voile d'Hiver en famille. Le cri de reconnaissance du vagabond fût suivi d'un autre et d'un autre encore et bientôt ce fut toute l'assemblée qui clamait sa gratitude. Oracio leva les main, appelant au silence et prit alors la parole sans trop savoir d'abord ce qu'il dirait.

"Ce soir, mes amis, mes frères, c'est moi qui vous remercie d'être venu, de me faire cet immense plaisir et honneur d'accepter mes présents et de me faire confiance. Vous êtes tous les fils de ce royaume et même si vous pensez peut-être qu'il vous a oublié... que l'on se moque de vous. Je tenais à vous rappeler que certains vous portent encore dans leur coeur et n'oublie pas ce que vous avez offert à cette ville, à ce royaume et à ce monde. Vous les vétérans, les ouvriers, les paysans. Vous les déshérités, les orphelins. Je ne suis pas le seul à me soucier de votre sort, non. Il y a des gens bons dehors qui soignent vos blessures et vos maladies, qui soulagent vos vies difficiles et précaires. Vous n'êtes pas seuls. Tout ce qui se trouve dans cette pièce est à vous ce soir, rien ne doit rester. Alors que le voisinage n'ai pas une seule seconde de répit. Buvez, chantez, riez. Cette nuit est la votre !"

Les acclamations explosèrent tel un barile de poudre dans la grande salle, raisonnant dans les rues de la vieille ville. Oracio sourit et se mêla aux gens, serrant la main de certains qui venaient vers lui. Les écoutant avec attention, riant et buvant avec eux comme si l'espace d'un instant, les rangs n'étaient plus. Comme s'il n'existait plus qu'un seul et unique genre de personne : le genre humain.

Les festivités dureraient jusque tard en cette nuit froide. Oracio sorti quelques instants dans la rue pour s'allumer une cigarette. C'est alors qu'il remarqua que son pied s'était stoppé dans une flaque d'eau, une flaque où il se reflétait à présent. Son regard figé sur sa propre image, il sourit, fier et parla pour lui même.


"Joyeux Voile d'Hiver Monsieur Caldéri."
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Message par Le chat noir Mer 26 Déc 2012 - 19:27

Le vieux bonhomme noircissait des pages de parchemin,apparement insensible à l’euphorie ambiante.Pourtant,même ceux qui ont peu voir rien du tout trouvent toujours un sou au fond de leur poche et quand ça n’est pas le cas,un compère avec qui parler du dernier qu’il a eu en poche autour d’une bouteille de mauvais alcool ou d’un feu improvisé.

Il les voyaient par sa fenêtre sale,une fenêtre en verre,ce qui faisait de lui un notable,la plupart des gens n’ayant qu’une grosse toile renforcée en lieu et place.
Il souriait parfois en levant le nez,faire le grincheux à cette époque faisait aussi partie de son personnage qu’il surjouait largement pour le plus grand bonheur des enfants,posant la plume sur l’écritoire,prenant le temps de les regarder.
Le vieux bonhomme s’était battu toute sa vie,contre les orcs d’abord dans un passé dont lui-même s’était fait le complice de l’ignorance,contre la terre pour la rendre docile,contre le bon sens pour qu’il accepte ordres et sermons qui lui expliquaient que les épreuves qu’il traversaient n’étaient qu’une mise à l’épreuve de son courage qui le rendrait meilleur,puis contre lui même,contre sa colère et sa haine pour ne se battre qu'avec des mots et rester un gentil écrivain public payant même son impôt.

Il regarda l’affichette du chat noir,qu’il avait en partie écrite,secouant la tête avec un sourire,rectifiant pour sortir son vieux gilet élimé qui avait vu plus de choses que bien des gens mais impeccablement propre,de cette dignité non négociable frisant la coqueterie qui font sourire,qu’ont encore,parfois,comme un fantôme d’un autre temps,d’une autre vie,ceux qui vivent au milieu des rats,car c’est parfois la seule emprise qu’il leur reste sur eux même.

On aurai cru le fantôme d’un viel instituteur,cultivé et courtois à qui personne ne volerait jamais sa montre à gousset.
Il était passé chez Calderi,et il y fut acceuilli cordialement,avec chaleur même comme bien des bougres qui avait fait ce choix.Il était discret et effacé et manifestement connu des autres mais resta un pauvre parmi les pauvres,L’écrivain,le Scribe,l’imprimeur clandestin maniant de ses maigres forces déclinantes son antique machine pour ceux qui n'avaient pas le courage ou l'érudition pour s'exprimer.L’érudit à la vielle redingote observa le bonhomme le plus neutrement possible et le trouva plus sincère qu’il ne s’y serai attendu.Les yeux sont le mirroir de l’âme dit on,et on disait celle de cet homme bien noire…

Mumure ne manquerait pas de lui dire que c’était calculé,que ça ne serait jamais qu’un truand préoccupé d’assoir son influence et satisfaire son égo,et qu’il le serait encore bien davantage pour se mettre ce petit monde dans la poche et qu’elle sentait poindre le nouveau soit disant bienfaiteur,juste plus malin que les types des carmines,ce qui n’était semble t il pas bien difficile..

Pauvre Murmure..son monde était encore plus sombre que le sien,et toute bonne action avait forcément une raison d’être intéressée et si ça n’était pas la cas,ça le serait bientôt.Au moins ravalait elle un peu sa bile pendant les fêtes en distrayant les enfants avec ses couteaux et ses jonglages qui en laissaient beaucoup sans voix,leur faisant oublier quelques instants les rigoles d’eau sale ou trainaient leurs chaussures.

Pauvres pauvres,décidément pour une obscure raison bien des gens les craignaient ou se souciaient de leur plaire en ce moment.C’était une des raisons qui lui faisait admirer des gens comme Solwenn la prêtresse.Elle oeuvrait depuis des mois voir des années sans jamais s’en être rengorgée..une femme comme il se plaisait,jadis,quand il avait encore des rêves,à voir les prêtres.
Le vieux bonhomme sourit en sortant du cochon siffleur rajustant son col comme un milord rajuste une cravate,saluant quelques connaissances avant de s’enfoncer dans les ruelles tortueuses s’arrêtant de ci de la pour partager un grog ou une anecdote.
Il repensa à son hôte d’un soir et sur ses lèvres se dessina un fin sourire.Il lui avait trouvé un sourire non feint et une certaine chaleur.

Si il ne cherchait qu’à assoir sa présence,il montrerai vite son vrai visage,sans même forcément s’en rendre compte..il n'était pas inquiet pour cela,et il apprendrai alors à ses dépends que certaines confiances peuvent se perdre plus vite encore qu'elles ne se seront gagnées.
Le vieux bonhomme s’en fichait bien au fond,si tel était le cas ça ne serait ni le premier ni le dernier,mais en sortant il se surprit à se dire qu’il aurai presque souhaité qu’il soit un peu différent,juste pour faire mentir Murmure croassa t il dans un rire de vieillard.
Il n’y croyait pas vraiment,toute personne en ce monde est intéressée,au moins un peu et les gens comme la prêtresse sont les exceptions qui confirment la règle..mais cela l’amuserai..peut être croyait il encore au Père Hiver à sa façon.Drôle de père hiver en vérité.Fichu vieux sot idéaliste qu'il était resté lui aurait elle dit...

Pauvre de lui…
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