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La Bombe, activiste sombrefer

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Message par Hänsfelt Wagner Mar 21 Jan 2014 - 22:57

[Chapitre 1] Ombreforge

Le grand amphithéâtre était plein à craquer. Tous les bancs de granit étaient occupés par la foule de sombrefers et en bas, sur l'estrade, quelques serviteurs étaient occupés à placer des chaises à haut dossier face à la plèbe, et à les garnir de coussins. Guiljox Noire-Chausse, apprenti-ingénieur, était assis aux côtés de son maître artisan, Forax Hache-Courte, renommé dans tout Ombreforge comme étant le père des Golems "Inferno B5", capables de réduire en cendre des escouades entières grâce à des lances-flammes habilement montés sur leurs bras mécaniques. Tout le monde n'avait d'yeux que pour le maître ingénieur et les notables s'inclinaient sur son passage, tandis que les autres citoyens de la capitale sombrefer murmuraient à son sujet. L'ambiance était lourde dans la gigantesque alcôve de cette ville souterraine et au loin les marteaux de la grande forge résonnaient tandis que la chaleur dans l'amphithéâtre montait, et que déjà le front de Guiljox perlait de sueur. La foule attendait, excitée, grouillante, bruyante, tandis que des vendeurs de boudin noir et de bière Rochenoire passaient de rangs en rangs en beuglant pour vendre leur marchandise. L'un passait derrière Guiljox et son maître quand un passant le bouscula par accident. Une chope glissa du plateau et vint éclabousser le jeune apprenti.

- "Sang et foutre, tu peux pas faire attention ?!" lui beugla Guiljox en le repoussa violemment dans la masse grouillante qui se pressait sur les gradins. Son maître lui jeta un regard dédaigneux et tira sur son gros cigare verdâtre.

- "Si t'es pas plus patient, jamais tu m'égal'ra, petit. Détends touè, attends et prends donc un cigare ... Ça te fera desserrer les fesses." finit-il en lui tendant un de ces immondes bâtonnets verts qu'il fumait à longueur de journée. Guiljox le saisit entre ses gros doigts abîmés par le travail à l'atelier et l’amena devant ses yeux rouges pour l'observer. Le-dit cigare semblait fait d'une pâte vert-foncé et empestait l'odeur de champignon des cavernes et de décomposition. Mais son maître n'était pas du genre à qui on dit "non", et l'apprenti glissa le cigare entre ses dents avant de l'allumer et d'aspirer la fumée. La quinte de toux qui s'ensuivit failli le faire vomir sur les spectateurs devant lui et lui valu un regard méprisant de Maître Hache-Courte. Mais Guiljox tint bon et le garda serré entre les mâchoires, les traits tirés et les sourcils froncés. C'est à ce moment là que l'immense foule réunie dans l'amphithéâtre se tue, alors que sur l'estrade montaient, en file indienne, six des sénateurs les plus riches et les plus influents du Sénat d'Ombreforge. Leur peuple était pendu à leurs lèvres.  
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Message par Hänsfelt Wagner Mar 21 Jan 2014 - 22:58

[Chapitre 2] Guerilla aux Paluns


Caché derrière un escarpement rocheux couvert de mousse et surplombant la route en contrebas, Guiljox "la Bombe" Noire-Chausse scrutait la caravane Barbe-de-Bronze à travers sa longue-vue. Il comptait les gardes au tabard orange un par un, en bougeant silencieusement ses lèvres gercées maintenant un immonde cigare verdâtre.

- "... vingt-sept, vingt-huit. On a vingt-huit d'ces tarlouze à décaniller, mes jolis." dit-il en sombrefer, repliant sa longue vue et se tournant vers son escouade de guerilleros : une trentaine de nains ombreforge portant des tenues de cuir noires, des tromblons, des haches et des explosifs. Des estafettes d'élites recrutées sur le volet dans la capitale, et sélectionnés autant pour leurs compétences que pour leur fanatisme envers la cause Ombreforge et la souveraineté de l'empire sombrefer sur Khaz Modan. Des activistes loyaux qui le suivaient depuis maintenant plusieurs mois dans les marécage, en tentant de planter le plus d'épines possibles dans le pied ferré de Forgefer.

- "Norr, frangin, prend tes types et allez traverser l'route rapidement et planquez vous d'l'aut'côté, dans les roseaux. A mon signal, vous les explosez. Occupez vous d'dix gardes d'tête, on prend l'chariot et ceux qu'ferment l'marche." cracha la Bombe.

Norr Noire-Chausse se contenta de se frapper le torse du poing, d'épauler son tromblon artisanal et de faire signe à ses hommes de le suivre, dévalent la pente à toute allure et traversant la route pavée pour aller se mettre à couvert dans les roseaux en contrebas, près d'un bosquet d'arbres touffus garnis de grappes de mousses. L'air était lourd en cette matinée, et les marécages des Paluns croulaient sous l'écrasante humidité qui commençait à monter des innombrables flaques et mares, au chant des crapaud-taureau. A moins d'une lieu là, la caravane progressait lentement : une dizaine de Barbe-de-Bronze en armure marchaient devant en inspectant les alentours, environ autant derrière, et le reste entourait le lourd chariot blindé tiré par quatre robustes béliers du Loch Modan. Les sombrefers, eux, étaient répartis de part et d'autre de la route, sous couvert des rochers et des troncs pourrissants, jubilant silencieusement en vérifiant une dernière fois leur barda. Les regards étaient tournés vers la Bombe qui lui se contentai de regarder de loin la caravane avance à travers ses lunettes sales déjà légendaires.

Après une bonne demi-heure d'attente pendant laquelle aucun des guerilleros ne lâcha un mot, la caravane arriva à leur hauteur sans se douter de rien. Alors, lentement, la Bombe fît un geste vers son assistant sans le regarder. Celui-ci s'en fût vers les fourrés derrière eux et revint avec entre les bras ce qui semblait être un énorme lance-missile artisanal, probablement façonné par la Bombe lui-même, recouvert de laque noire et dont la fiabilité devait valoir celle des explosifs gobelins. La Bombe hissa l'engin sur son épaule armurée sans un mot, tandis que l'assistant encagoulé de noir marmonnait à voix basse en inssérant le projectile à queue par l'arrière avant de donner une petite tape sur l'épaule de Guiljox. A ce signal, le terroriste tira une bouffée sur son cigare et se releva lentement, grimpant de quelques pas à découvert, sur l'amas rocheux derrière lequel lui et sa troupe étaient cachés.

- "... ALERTE !" hurla l'un des gardes de la caravane alors qu'il pointait du doigt le sombrefer armé du lance-missile. Aussitôt, la colonne s'ébranla pour se mettre rapidement en formation défensive, les montagnards saisissant leurs tromblons et les guerriers détachant leurs pavois et leurs marteaux au moment où, de son promontoire surplombant la route, le sombrefer crasseux appuyait sur la détente de l'engin de mort posé sur son épaule. Un formidable explosion retentit et la fusée à embout rouge fila dans l'air vicié du marécage comme une torpille en amorçant une trajectoire plus qu'indécise précédée d'une épaisse fumée noire avant de venir s'écraser devant la formation Barbe-de-Bronze, provoquant une explosion spectaculaire. Bien qu'elle causa plus de peur que de mal, les fidèles de Forgefer furent jetés au sol par le souffle de l'explosion, aveuglés quelques secondes par la fumée. Le chariot blindé s'ébranla et les béliers de traits se mirent à bêler et à ruer comme des beaux diables, paniqués.

- "OMBREFORGE VAINCRA !" hurla la Bombe en levant un poing fermé en l'air, sa face déjà sale encore plus noircie par son projectile.

En réponse, les guerilleros sombrefer se levèrent de leur couvert, encerclant la caravane de toutes parts, depuis le contrefort rocheux aux roseaux de la plaine fluviale, et épaulèrent arquebuses, tromblons et arbalètes pour arroser les guerriers Barbe-de-Bronze. Ces derniers se reprirent le plus rapidement possible, encore sonnés par l'explosion, trois d'entre eux s'écroulant déjà sous les tirs avec un râlement tandis que l'un des mûletiers tâchait de contrôler les béliers. Les autres soldats se mirent en formation resserrée pour protéger leurs propres tireurs de leurs boucliers, tandis qu'une petite troupe d'une dizaine chargea en direction des roseaux pour dénicher les tireurs embusqués.

- "Par l'burnes magmatiques d'Ragnaros, faites leur bouffer l'poussière !" hurla la Bombe avant de se jeter à couvert et de dégainer son propre six-coups, un petit bijou forgé par son maître dont les balles pouvaient faire sauter la tête d'un ogre. Il se mit à ramper et à sauter de rocher en rocher afin de se rapprocher de la route en contrebas tout en évitant les tirs affûtés des montagnards de la caravane. La pétarade éclatait de tous côtés et un guerrillero s'écroula de a position avec un cri, touché en pleine poitrine, et tomba en avant avant de rouler jusqu'aux pieds de Guiljox, mort. L'artificier ne lui accorda pas un regard et continua sa descente, une grosse goutte de sueur sur le front. Les balles sifflaient de toute part et frappaient la roche avec des claquement secs, soulevant des mottes de terre humide et faisant vibrer les roseaux. On criait aussi, beaucoup : en sombrefer et en patois barbe-de-bronze, des ordres, des cris de douleur, des cris de victoire. Les défenseurs, regroupés de par et d'autres du convoi blindé, se protégeaient de leurs larges boucliers et laissez passer les fusils de leurs propres tireurs, tandis qu'une balle perdue vint frapper un des béliers en pleine tête. La bête poussa un vagissement et s'écroula, faisant dangereusement chanceler la charrette. La Bombe continuait de se rapprocher d'eux en rampant, se remettant régulièrement à couvert derrière un rocher pour estimer la distance pendant que de l'autre côté de la route, dans le marais, le détachement de son frère Norr se battait au corps à corps avec les soldats du Roi Magni. Il se tourna vers la pente et avisa l'un de ses lieutenant en train de recharger son fusil à lunette.

- "Krath !" hurla-t-il en sombrefer pour couvrir les détonations et le bruit des balles. "Quand ça pète, descendez tous et finissez les au surin, foutresang !"

En guise de réponse, le lieutenant terroriste se contenta de relever sa capuche sombre et de faire se relier les ordres parmi les tireurs éparpillés entre les rochers. Guiljox tira une bouffée sur son cigare verdâtre sur lequel sa mâchoire puissante était serrée, et sortit sa tête une dernière fois pour aviser la distance. Le convoi ne se trouvait qu'à quelques dizaines de mètres. Une dizaine de défenseurs étaient maintenant étendus sur le sol ou essayaient de se traîner sous le convoi, blessés, tandis que les autres hurlaient des ordres et tentaient de se protéger derrière leurs boucliers pour couvrir les montagnards. La Bombe se recoucha à couvert, prit une grande inspiration et tâta son harnais pour y déloger une grenade à main de sa fabrication. Il la soupesa dans sa main

- "Toi ma jolie, déconne pô et laisse pô tomber ton papa, heing ?" lui sussura-t-il avant de l'embrasser, de la dégoupiller et de se relever pour la balancer de toutes ses forces vers le chariot. "CREVEZ !" Il se rassit en vitesse alors que deux balles le frôlaient et enfonçant ses index sales dans ses oreilles encore plus sales.

La grenade retomba aux pieds des défenseurs qui poussèrent une clameur. Quelques braves essayèrent de se jeter dessus pour la relancer mais la petit explosif roula pour venir s'arrêter pile poil sous le chariot. Les Barbe-de-Bronze sentirent le problème à plein nez : certains se jetèrent au sol pour échapper au souffle, d'autres essayaient de la récupérer avec désespoir, d'autres semblaient prostrés, comme figés en attendant l'explosion. Un énorme BRAAAOUM retentit et la déflagration vit voler en pièce plusieurs nains d'un coup, de même que les pattes des béliers survivants qui s'affaissèrent sur l'essuie, à l'agonie. La charrette sauta d'un coup et le compartiment blindé roula sur le côté avec un grincement en écrasant un montagnard blessé. Les défenseurs survivants essayaièrent de se relever en titubant avant d'être fauchés par une série de salve en provenance des rochers. Un dernier garde tenta de s'échapper en remontant la route, courrant à toute haleine, mais c'était sans compter sur Krath et son fusil à lunette : le fidèle lieutenant épaula et visa pendant de longues secondes avant de presser la détente. Le Barbe-de-Bronze s'écroula sans un bruit sur la route pavée, face contre terre, alors qu'un filet de fumée montait du fusil du sombrefer. Dans les roseaux aussi, de l'autre côté de la route, le bruit des combats s'était tu. La Bombe se redressa lentement et scruta la route de derrière ses lunettes en mâchonnant son cigare. La charrette était complètement explosée, des morceaux de bois parsemaient le sol, de même que les corps des défenseurs. Les béliers déchiquetés étaient retenus par les cordages de l'attelage et pendaient mollement à l'épieu, la langue pendante et la fourrure ensanglantée. Guiljox, gardant son six-coup en main, s'avança lentement depuis les rochers et slaloma entre les corps, n'ayant d'yeux que pour le compartiment blindé couché sur le côté. Ses hommes descendirent eux aussi des rochers, le fusil sur l'épaule, et des roseaux sortirent Norr Noire-Chausse, visiblement borgne désormais et couvert de sang, et trois autres guerrilleros ayant survécu au corps à corps avec les hommes de Magni. Les sombrefer encerclant le convoi sortirent tous de leur couvert et s'approchèrent, certains s'appliquant à achever les gardes blessés au couteau ou d'un coup de masse sur le crâne, d'autres à raser les barbes des guerriers défunts à les dépouiller de leurs objets de valeur. La Bombe, lui, se contenta de s'avancer vers le container blindé et cabossé. Il avisa rapidement la main du montagnard écrasé dessous, seul reliquat du pauvre nain réduit en bouillie, et grimpa sur le blindage. Sans un mot, un de ses hommes lui lança un pied de biche en acier et le terroriste s'appliqua à forcer la lourde porte en grognant. Après plusieurs minutes d'efforts, la porte endommagée par l'explosion céda enfin et Guiljox jeta le pied de biche derrière lui en scrutant l'intérieur du compartiment.

- "Tiens donc !" s'écria-t-il en commun, ses gros poings posés sur les hanches. "Qu'est-ce qu'on a là !" Il éclata d'un rire gras.
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