"Blanc le masque, noir le cœur"

"Blanc le masque, noir le cœur"
Lettre ouverte de la noblesse aux citoyens d'Hurlevent.
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Citoyens, citoyennes de notre glorieux Royaume !
Depuis ces dernières semaines, ces derniers jours et peut-être même encore ces dernières heures, notre cité a vécu au rythme des affronts, dans la débauche d'une violence aveugle, gratuite et chaotique.
Du paysan au seigneur, de la jeune fille au vieillard, du civil au champion tous ont été de loin ou de près les objets de ce déchaînement de fureur ; de cette haine irréaliste, inconcevable et plus que tout, impardonnable.

Faut il dévoiler les noms de ces augures dont la blancheur n'est annonciatrice que de malheurs  ?  
La chose est en elle même impossible. Car non contents de semer leur ire infondée pour étendre un empire aussi chimérique qu'insensé, les partisans de la terreur vont masqués.
Masqués ; car ils craignent notre Alliance, notre Lumière, et tout ce qui a jamais été bon de compter comme forces vives du Royaume.
Masqués ; car ils vont sans noms et sans visages, et que confronter leur propre reflet serait pour eux une épreuve trop pénible.
Masqués ; car ainsi vont les lâches, leurs yeux étrécis par le jour qui perce et la lueur que dans leur orgueil, ils pensent pouvoir éteindre.

Il faut toutefois envoyer un message à ces malandrins couronnés d'une immaculée bassesse.
A défaut de connaître vos visages, votre abjection est désormais sise sur chaque pavé, chaque rempart, chaque regard que compte cette cité.
Vous les avez rougis. Non seulement par le sang, par les larmes, mais plus que tout par la honte ; en instaurant votre règne aussi arbitraire de forme que de durée.
Croyant pouvoir vous affranchir de la moralité, de la civilisation, c'est avec complaisance que vous avez essayés de défaire ce que trois guerres n'ont pu faire faillir.
Votre défiance n'emprunte rien à la grandeur que vous lui prêtez. Elle n'est qu'écho sourd, plainte brisée que vous tentez de ranimer par celles de vos victimes.

Nous, nobles des royaumes libres, citoyens comme tout autres, êtres de chairs.
Faisons le choix d'avancer à découvert, ici même au yeux de tous, sans artifices, et avec pour toute arme la plume et pour tout sang versé, l'encre.
Nous ne cesserons jamais de croire dans l'union de notre Royaume, sa diversité, sa richesse de peuples, d'âmes et de cœurs.
Nous ne serons jamais les témoins attentistes de la peur que vous croyez inspirer. Vous en êtes les seuls esclaves alors que peu à peu le discernement vous perd.
Nous refuserons à jamais de céder à votre débâcle, votre chantage ; en molestant des innocents, en conspuant la liberté, l'ordre, la valeur et la Lumière qui ont à jamais guidés le Royaume d'Hurlevent.

Sur ce parchemin, nous sommes dénués de titres, de privilèges et parages.
Vous ; êtes dénués d'honneur, de raison et de but.
Au-delà de la Loi, vous avez violé tout ce qui est saint, tout ce qui est beau.
Là où réside votre plus grande erreur cependant, demeure votre assurance.
Vous avez cru déclencher l'anarchie, faire taire les voix et les chants, provoquer la scission de toutes choses.
Mais vous n'avez fait que tous nous unir, dans la certitude de votre ignominie ; et puisse chacun en son for intérieur se rallier derrière le Roy, le Royaume et la Loi.

Nous ne vous craignons pas.

Longue vie à l'Alliance !

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La réponse à cette glorieuse lettre vint presque immédiatement; dans de moindres proportions, faute de moyen, elle fut affichée là où la première lettre l'avait été, distribuée dans les mêmes conditions par des livreurs apeurés, et son contenu ne tarda pas à déborder des bouches des plus bavards. L'écriture y était sèche mais travaillée; c'était celle d'un Homme qui maîtrisait bien la plume et qui connaissait les mots.

Citoyens, citoyennes de Hurlevent,

Vous avez subi l'oppression des masques blancs par différentes voies; l'on vous a battus, vous avez été humiliés, violentés, menacés et tenus en haleine par la fréquence de nos actions. Mais vous n'étiez pas nos cibles, et ce sont ceux qui ont été le moins touchés par nos hurlements qui se permettent de parler en votre nom, à vous, peuple de la capitale, peuple du royaume d'Azeroth.
Il n'y aura pas de promesses dans ces quelques lignes, il n'y aura pas de mise en garde, il n'y aura pas de message profond et de tentative de vous rassurer; non, vous continuerez de souffrir pour d'autres. Pour ceux qui se prétendent vos défenseurs, et qui affirment, confiants du haut des larges murailles du donjon, qu'ils ne nous craignent pas. Et vous, peuple de Hurlevent; et vous, les blessés du port, de la caserne, les meurtris du kiosque, les morts en nos rangs, la peur vous a-t'elle quittée ?

Notre reine est tombée, et je gage; nous gageons tous que vous en ressentez une grande fierté,vous vous sentez confiants et assurés, vous vous pensez forts et déjà vainqueurs de cette guerre que nous avons lancée. Vous nous comparez à d'autres, vous nous affiliez à ce que vous connaissez car vous avez peur de ce que nous représentons. Mais nous ne sommes pas des libérateurs, nous ne sommes pas des idéalistes et des utopistes. Vous êtes soumis à la paréidolie, et c'est dans l'identification à d'autres que vous tentez de nous rendre plus humains, plus proches de vos standards.
Mais dans le chaos, il n'existe aucun standard, et si vous êtes si confiants, si vous pensez réellement ce que vous écrivez sur votre joli pamphlet plein de détermination et d'assurance, alors communiquez nous vos noms, et venez donc subir, comme le peuple, la dangerosité des rues de la capitale. Promenez vous sur le parvis, allez goûter l'air marin, et nous vous rappelleront pourquoi vos plumes ne cesseront jamais de se briser contre nos épées.

Nous vous allégeront d'un peu de gras, nous exposerons vos cadavres putréfiés à la vue de tous et peut-être alors que vos pairs les plus braves; ceux qui se prétendent courageux en taisant leurs identités malgré ce message téméraire, ceux qui feignent de comprendre et de saisir la détresse de la cité, ceux là connaîtront le véritable sens de notre organisation.

Vous nous qualifiez d'impurs, de fous, de dangereux criminels; mais nous avons choisi le blanc car il n'y a pas de couleur plus appropriée pour représenter notre idéal. Il n'éxiste rien de plus pur que de laisser libre court à ses pulsions, et tout vos boniments, vos gentilles tirades et votre belle plume ne sauraient vous préserver de notre courroux.

Alors, peuple de Hurlevent, nous vous invitons cordialement à embrasser notre cause; à accepter vos vices et vos travers, comme ces braves gens de la noblesse le font à l'abri des regards, pourris et corrompus, dépravés et inconscients, à user de vos ressources et à se prétendre vos protecteurs. Allez, bon peuple de la capitale, bon peuple du royaume, prends, toi aussi, le masque blanc, et montre à tout ceux qui pourront le voir comme tu es dangereux et fort. Montre leur que tu ne crains pas leur vengeance misérable, montre leur que leur plume travaillée te laisse indifférent, déchire un drap, réduit une nappe en lambeaux et va, toi aussi, dans la rue, hurler que tu existe et rappeler au monde que tu as tout les droits depuis que tu es né.


Le masque blanc, assemblée de la noblesse de Hurlevent, vous pourriez le porter à votre tour, car en dépit de toute vos richesses et de votre éducation, vous n'en restez pas moins des hommes, et votre seul mérite est d'être né à un mur de votre voisin.