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Voyage en résilience

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Message par Khadija Ven 16 Juil 2010 - 18:44

La nuit était tombée depuis près de deux heures, la chaleur descendait peu à peu et une petite brume recouvrait maintenant les eaux du port, dessinant une scène  qu'en d'autres temps elle aurait appréciée. Un sac en coton de lin, posé à ses pieds, le visage rivé vers l'horizon, fine ligne de lumiére noire entre un ciel piqueté d'étoiles et la mer brumeuse, elle essayait de ne pas pleurer. Mais c'était de l'ordre de l'impossible, ce soir.

Son pouce gauche faisait tourner le solitaire à son annulaire, le droit caressait la perle à son cou, glissant sur la peau, revenant sur la perle et finissant dans la bouche où les dents mordaient jusqu'à lui soutirer un soupir de douleur, assorti d'un cillement des yeux, puis il reprenait son voyage, la perle, la peau du cou,  la bouche, les dents.

Une sirène annonça le bateau qui devait l'emmener de l'autre côté, elle attrapa le sac de la main droite et se présenta devant la passerelle, le visage inexpressif. Deux garçons, très jeunes, descendirent rapidement du bateau, lui jetèrent de concert un œil, se poussant du coude en souriant, puis voyant qu'elle ne réagissait pas, sautèrent à quai, attrapèrent les bouts à enrouler sur la bite d'amarrage libre, amarrèrent la goélette tandis qu'il accostait dans un feulement de bois entrechoqués, puis, tout en lui adressant un nouveau regard tout aussi intéressé, ils remontèrent en rigolant afin d'aider au débarquement de caisses multiples.

Elle ne vit rien de leurs regards. Elle était ailleurs, dans une attente déçue, et une question, lancinante, qui tournait et retournait en elle, jusqu'à l'horreur. Et si elle en profitait pour le revoir, lui.

Elle se recula, attendit que les caisses fussent débarquées, puis, sur un signe du matelot, monta lentement sur la passerelle, refusant d'un regard l'offre silencieuse d'entrer dans les cabines sous le pont avec les autres passagers.

Voyage de nuit sur la Grande Mer, elle irait sur le pont avant, pour s'en prendre plein les yeux, les oreilles et la tête jusqu'à tomber d'épuisement. C'est ce qu'elle avait décidé. Rien ni personne ne lui ferait changer d'avis. Besoin de solitude qui enveloppe, de vent qui emmène, d'embruns qui lavent.

"Un jour, vous verrez, il y aura changement et vous pourrez pardonner" lui avait dit Dame de Bayle, quelques jours avant qu'on ne lui demande d'exécuter la sentence sur Léa de Vellen.

De fait, la condamnation de Léa, sa peine, la promesse à tenir, les différentes préparations aux gestes, le fouet avec le Capitaine, le geste sec et définitif avec le Sous-Lieutenant, puis l'exécution de la sentence devant tous, tous ces événements lui avaient ouvert les yeux. Elle devait le revoir et lui pardonner.

Un voyage vers l'Ouest avait donc été préparé. Des jours de congé posés, de longs moments de prière seule à la Cathédrale, une intensive préparation avec son confesseur dans le prieuré de l'Abbaye de Comté du Nord, puis elle avait averti son fiancé. Elle devait y retourner seule, le contacter, lui parler, s'y frotter, et lui montrer ce qu'elle était devenue, femme, soldat, fiancée et heureuse.

Mais ainsi va la vie. On imagine un déroulement, pourtant simple, un début, un milieu, une fin, un départ accompagnée et un retour attendue, et voilà qu'une promesse non tenue, encore  une, déchaine angoisse, doute, colère et tout alors déraille.

Ce qui s'annoncait comme un voyage de paix, de Lumière, de joie peut-être même, venait en une soirée d'attente et d'incompréhension, de commencer comme un voyage de rage.

Elle se cala contre le mat de misaine, entre deux cordages enroulés, et s'enveloppa d'une cape de laine. Elle resongea à la recrue Caporn, dégagée dans la soirée malgré ses conseils. Elle avait failli, là aussi, une heure passée à lui expliquer, pour rien. Quel gâchis. Elle l'aimait pourtant bien ce jeune homme un peu vif, persuadée qu'elle était de savoir le ramener dans le droit chemin de la Garde. Soirée désastreuse, de toute façon.

Elle ouvrit son sac et en sortit une lettre, arrivée de Tanaris trois ou quatre semaines plus tôt. Elle lui manquait disait-il, il l'aimait, voulait la revoir, lui raconter, elle devait venir sinon c'est lui qui viendrait la voir, la chercher. Que répondre à cela quand la vie vous a faite autre, rien. Elle n'avait pas répondu. Elle ne comptait pas le revoir, lui, pensait même l'eviter, à quoi bon, si c'était pour le voir souffrir de la voir appartenant à un autre, dans ses gestes, dans ses yeux, dans ses sourires.

Elle lut la lettre, la relut, la plia et la glissa dans le sac, des images d'adolescents courant sur une plage en riant emplissant sa tête. Où était-il ? Que faisait-il ? Peut-être.... Juste le voir, lui parler, lui dire que....

Le bateau vira du quai dans un roulis qui la fit valdinguer contre le cordage, lui retirant un juron de douleur. Elle se rattrapa en faisant riper sa main sur des éclats de bois qui entaillèrent la peau, mais se recala sans broncher. La nuit serait longue, il ne s'agissait pas d'entailler sa détermination. Elle voulait s'agripper à cette nouvelle solitude. Elle fixa le ciel un long moment, hésitant longtemps entre la rage et la tristesse, la colère et le désarroi, puis ferma les yeux et sombra dans une nuit sans rêves.   
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Message par Khadija Sam 17 Juil 2010 - 22:04

Des cris venaient du centre de l'enceinte. L'arène de Gadgetzan vibrait sous les encouragements des spectateurs et les râles des gladiateurs. Des badauds s'agglutinaient autour des grilles, tandis que les marchands haranguaient les gourmands à coups de "scoooorpides grilléééés". Impossible, de là où elle se tenait, de voir ce qui se passait derrière la foule amassée, mais les bruits donnaient toutes indications nécessaires. Il y avait combat d'hommes. Aucun intérêt pour elle, fête pour les autres.

Khadija resta un moment sur le pas de la porte de l'auberge, ses yeux  clignant sous le soleil déjà haut du matin, écoutant d' une oreille les beuglements violents de la foule qui s'échauffait, et faisant mentalement le tour de ce qui lui restait à préparer avant le départ. Elle avait pris du retard sur son programme et s'en voulait, un peu. La veille, au lieu de quitter Cabestan sans attendre, elle avait éprouvé le besoin de s'attabler à l'auberge, prendre le temps de lui écrire, donner des nouvelles, laconiques mais bien réelles, la rage encore en tête mais la peine au cœur et l'absence de lui, violente et en creux, déjà. De s'attabler ainsi l'avait ensuite poussée à rester un moment sur le quai à suivre les allées et venues, observer les hommes, imaginer les vies à travers les traits, rêver, tenter de comprendre. Du temps perdu qu'elle n'avait pas réussi à rattraper par la suite.

Pourtant, elle le savait, retrouver la trace des Détrousseurs ne serait pas simple. En cette saison ils devaient arpenter la côte de l'extrême Sud, derrière les montagnes à l'Est, suivre la rive de jour pour camper dans une crique le soir, et probablement rester juste une nuit ou deux au même endroit. De plus, lorsqu'ils quittaient le village, personne ne devait connaître la destination finale, et même ceux qui la  connaissaient pour faire les allers retours avec la  marchandise vivante la taisaient, par crainte ou par intérêt.

Elle allait devoir trouver par elle-même, si possible sans se faire remarquer par les garde-côtes ou les tribus concurrentes. Nul besoin d'arriver en vue de son père entourée d'ennemis du Clan. Autant repartir tout de suite sans tenter la rencontre.

Elle leva les yeux vers le soleil, évalua l'heure, secoua la tête de mécontentement, s'ébroua et se mît en route pour les écuries. Une heure plus tard, après avoir laissé l'ensemble de ses effets à l'aubergiste et posté une petite lettre pour Hurlevent, elle chevauchait à cran vers le Sud-Est, en route vers les villages de puisatiers qu'elle comptait contourner.

Habillée d'une longue jupe de toile bleue achetée dans une boutique de Gadgetzan, pieds nus, une chemise de lin et un long  foulard bleu autour du cou, prêt à être glissé sur ses cheveux de jais, il ne lui fallut pas plus de quelques minutes pour retrouver ses automatismes de fille de Détrousseurs en cavale. Un sourire illumina brièvement son visage encore durci de la veille, le corps chaud du Cheval vibrant sous elle. D'un coup de cuisses elle imprima le rythme à sa monture.

Les villages de puisatiers contournés par l'est en longeant la côté, des bourdonnements l'avertirent qu'elle arrivait en vue de la zone détestée, cette terre organique qu'il faudrait traverser au galop pour éviter insectes et silythides. Elle flatta l'encolure  du cheval, lui murmura quelques mots d'encouragement puis fonça droit vers le Sud, l'esprit accroché à une seule image, celle d'un Paladin blond, barbu, genou à terre et Libram devant les yeux, priant à côté d'elle dans une cathédrale. 
  
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Message par Khadija Dim 18 Juil 2010 - 21:23

Quand le soleil attint l'horizon, elle fut enfin en vue du village et se décida à stopper sa course, fatiguée et couverte de sable terreux. Elle camperait là, sans se dévoiler, et tâcherait de voir demain s'il y avait des cages où glaner quelque information.

Elle sauta souplement de cheval, quelques courbatures au bas du dos et un échauffement entre les cuisses lui rappelant qu'il y avait des mois qu'elle n'avait ainsi chevauché, à cran, vite et si longtemps. Elle étrilla le cheval, lentement, observant de loin les allées et venues autour du village. "Son" village... mais était-ce bien le sien... non, plus maintenant. Et pourtant...

Il devait être là, quelque part dans une des petites maisons blanchies à la chaux, dormant nu sous un drap, ses cheveux clairs autour d'un visage mille fois parcouru des yeux, cent fois parcouru des lèvres, à peine dix fois rappelé à elle depuis son  départ du village il y a six mois,  et pourtant si présent en elle depuis la relecture de sa lettre...

Un pincement au ventre la ramena à la réalité de ce qui l'avait entrainée jusque là. Ce n'est pas lui qu'elle venait voir, et elle ne devait pas céder à la tentation de revoir le jeune homme blond qui, lui, connaissait les mots qui la rassuraient.

Des bruits venant du village attirèrent son attention tandis qu'elle sortait de son sac quelques fruits secs et un peu d'eau. Des cris, des hurlements, des claquements de fouet, des exclamations d'hommes et des cris stridents de femmes. Elle se releva pour voir, en bas de la colline où elle avait fait halte, une horde d'hommes courant après deux femmes à la peau blanche laiteuse.

Son instinct ne lui laissa pas le temps de la réflexion. Elle sauta sur sa monture et lui intima l'ordre de galoper vers les deux femmes d'un coup de rein. Le cheval dérapa plusieurs fois, ripant plus qu'il ne courait, soufflant d'emballement.

Arrivée en bas de la colline, ses cuisses serrèrent les flancs du cheval violemment tandis qu'elle tirait les rênes pour le pousser au devant des femmes. Échevelée, elle se mît à hurler dans leur direction, montrant par gestes saccadés qu'il leur fallait grimper en croupe derrière elle.

La première femme tenta de grimper, glissa, tomba dans un hurlement de dépit, les hommes sautant presque sur elle pour l'arrêter définitivement. Khadija laissa le cheval filer doucement, et la seconde femme pût s'accrocher à la queue du cheval, la jupe  de la jeune femme, puis enfin se laisser tirer par le bras. Elle s'agrippa à la taille de Khadija comme un noyé à sa bouée, soufflant sur son épaule tandis que d'un coup de rein la jeune fille filait vers la côte sans oser regarder derrière. Elle ne donnait pas cher de la vie de celle qui n'avait pas réussi à s'échapper. 
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Message par Khadija Lun 19 Juil 2010 - 12:55

La jeune femme, une rousse pétillante, une fois rassurée, avait su décrire la route pour retrouver les Détrousseurs. Parlant le commun avec un fort accent du Nord, elle connaissait la mer et ses dangers, les côtes et les trajets maritimes, fille de marchand elle rentrait d’un voyage exotique lorsque les Détrousseurs avaient attiré le navire vers les récifs. Ils n’avaient rien vu venir, la côte s’étant précipitée sur eux telle une mère courant à la rescousse de son enfant perdu.

Une fois récupérée par les hommes sur la rive, elle n’avait pas abandonné l’idée de fuir, à l’affût de toute faille susceptible de lui permettre de s’échapper. Lorsque la caravane avait quitté le campement pour le village elle avait laissé des traces sur son passage avec l’idée de revenir vers le bateau échoué pour se cacher en attendant de pouvoir repartir vers le Nord. Branches cassées, galets semés, herbes foulées, la jeune femme avait apparemment su conserver la trace de leur passage.

Khadija pria un moment pour remercier celui ou celle qui avait mis la jeune femme rousse sur son chemin. Il lui suffirait de suivre ses traces pour retrouver le dernier campement et continuer sa route vers le sud le long de la côte pour, à coup sûr, retrouver les Détrousseurs.

Elle aurait préféré y aller seule, mais Nelsie, c’était son nom, n’était pas décidée à la laisser partir sans l’accompagner. Khadija accepta donc cette nouvelle amitié à contre-cœur, lui tendant son foulard bleu et lui demandant de s’en couvrir afin de cacher sa blancheur de peau, assortissant sa demande d’un geste sec qui, d’abord arracha un corset, dégageant une petite poitrine jeune et ferme, puis déchira la totalité du bas de la jupe, découvrant les jambes à mi mollet dans un crissement de soie.

Nelsie sursauta, puis, dans un crise de fou-rire, se jeta en criant « Meeerci » dans les bras de Khadija qui ne sut pas qu’en faire, lui tapotant le dos dans un geste affectueux, faux mais sans méchanceté. Trois jours seule, à peser le pour et le contre, à questionner le passé et le présent, à tenter de donner un sens à tout ça, ne l’avaient pas préparée à ce type d’amitié.

Elle resongea au jeune homme blond qui devait s’activer dans le village. Elle ne pourrait donc pas le voir, pas besoin d’aller se glisser entre les maisons pour quêter des informations et se trouver nez à nez avec lui au détour d’une ruelle, comme elle l’avait imaginé.

Elle sourit, hochant la tête sans un mot devant le babillage de Nelsie, vaguement déçue et rassurée tout à la fois. Ainsi elle ne risquait pas de succomber, ainsi n’aurait-elle pas à se refuser à lui, ainsi ne saurait-elle pas si son regard l’aurait chavirée, à nouveau, comme elle l’espérait et le craignait.

Elle se releva, rangeant les provisions qu’elle venait de partager et tira la longe du cheval doucement, montrant d’un geste du menton à la jeune femme qu’elle devait grimper tandis qu’elle irait à pied. Les deux femmes reprirent dans la nuit le chemin du dernier campement des Détrousseurs.
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Message par Khadija Mar 20 Juil 2010 - 12:00

Les Détrousseurs n’avaient pas encore quitté le campement où Nelsie avait été trouvée. Les trois feux finissaient de brûler, les tentes montées sur la rive semblaient douées de vie, se gonflant sous le vent et la masse d’hommes allant et venant de l’une à l’autre, riant, criant, ivres pour la plupart. Une fête débridée de fin de chasse, voilà de quoi il s’agissait. Ils rentreraient probablement demain au village, les mules croulant sous les marchandises.

Elle aida Nelsie à descendre en lui montrant la plage où gisaient épars les restes de la curée. Le bateau échoué avait été entièrement démonté, n’en restait plus qu’une carcasse épurée, sorte de squelette sanguinolent de chair arrachée. Difficile de s’y cacher, mieux valait rester à l’écart sur la rive, attendre qu’ils s’en aillent, récupérer quelques miettes de leurs ripailles et repartir vers le Nord en passant par la côte, et tenter de retrouver le vie civilisée, port de commerce ou autre.

Nelsie soupira en faisant des yeux l’état des lieux de ce qui avait été sa vie passée puis observa un moment la jeune femme qui l’avait sauvée. Drôle de fille, pas un mot, un soupir, un rire, rien. Une fille d’ici, de toute évidence, mais… décalée, comme elle. Elle resta debout observant le manège de Khadija qui préparait un petit campement discret pour la nuit.

Elle ne comprit pas lorsque Khadija lui tendit une bourse tintant de pièces d’argent ou d’or.

Tiens, je te la laisse. Si je ne suis pas revenue demain matin, pas la peine de chercher à me retrouver, elle t’appartiendra.

Mais…

Khadija sortit une lettre de la sacoche accrochée à son épaule et la tendit sans répondre.

Et ça… c’est une lettre… pour mon… un garde, à Hurlevent, le Garde Theowin. Si je ne reviens pas, je te demande juste d’aller la lui porter.

Mais… pourquoi ? Tu comptes rester là ? Tu … tu ne vas pas…

Khadija resta un moment sans bouger, la main tendue vers Nelsie, portant à bout de bras la lettre qu’elle avait eu tant de mal à écrire.

Je vais … à la rencontre de mon destin… et… qui sait ce qui peut arriver, je ne le sais pas moi-même. Si je ne reviens pas, au moins le saura-t-il de ma main. Et tu seras mon messager. Tu acceptes ?

Nelsie prit la lettre, percevant qu’elle contenait sans doute plus que ne voulait le dire la jeune fille aux yeux bleus et hocha la tête sans un mot tandis que Khadija, son foulard bleu à nouveau glissé sur ses cheveux, s’enfonçait dans la nuit, un petit geste de la main en guise d’adieu.
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Message par Khadija Mer 21 Juil 2010 - 10:56

Elle ne mit pas longtemps à le repérer. Ivre, bien sûr, entouré d’hommes respectueux et affairés, il semblait donc avoir pris du galon. Un petit chef à son tour, peut-être sa chance, s’il essayait de garder contenance devant ses hommes. 

Elle prit une inspiration et s’apprêtait à s’avancer dans la lumière des torches, timide, ses pieds glissant sur le sable, lorsqu’elle l’aperçut, « lui », le jeune homme blond, plus grand, plus fort aussi, épaules larges et bras musclés, bien plus sûr de lui, les cheveux relevés en arrière, un turban ceignant son front, un air de baroudeur des mers, sourire carnassier et chacun des deux bras enveloppant la taille de deux jeunes femmes, riant aux éclats, des filles du village, très probablement. Un homme du Clan, comme les autres, voilà ce qu'il était devenu.

Khadija resta atterrée, stupéfaite de le voir en pareille situation, inimaginable. Comme mû par un appel, il releva brusquement la tête et la vit. Instinctivement, il lâcha les deux tailles et repoussa les deux jeunes filles qui n’en prirent pas ombrage, et s’en allèrent accrocher les bras d’un autre, riant toujours.


Il fit lentement un pas vers elle, sans la quitter des yeux, elle recula dans l’ombre. Un autre pas, elle recula encore. Un troisième pas et elle se tourna vers son père, l’observa un infime instant, avant de s’élancer vers lui et se jeter à ses pieds au milieu des hommes.

Père ! Père ! Me revoilà ! je…. Pardon !

L’effet fût saisissant. Dans un parfait accord, les hommes stoppèrent les conversations, les rires, les gestes et tous se tournèrent vers la jeune fille en jupe bleue, cheveux ramassés sous un foulard de la même couleur, tête baissée dans une posture d’humilité exemplaire.

Esh’ !?!  Eshaïna !!!! Mais…

Marrick se leva d’un bond, repoussant de ses jambes le siège en cuir qui tomba de côté, entraînant dans sa chute d’autres sièges et des torches enfoncées dans le sol. L’air devint comme vibrant de rage et de tension malsaine. Sans comprendre vraiment ce qui se tramait, deux hommes s’approchèrent du père et vinrent poser leurs mains sur ses avant-bras. Il se dégagea dans un hurlement de rage, prêt à sauter sur sa fille.

Khadija se releva rapidement, dégagea ses cheveux du foulard dans un geste de défi féminin, affronta le regard de son père et tendit la main, paume en avant, essayant d’appeler à elle quelques étincelles de Lumière.

Père, attends… Je viens en Paix…

Un trait de Lumière, ténu et à peine visible, se forma entre ses doigts écartés, sorte d’entre-deux d’énergie qui s’éleva doucement dans la nuit, attirant tous les regards le temps que l’un des hommes casse la magie de l’instant d’un éructement grossier.

Khadija  ne savait absolument pas ce qu’elle tentait, ni pourquoi elle le faisait, ni même ce qu’elle en espérait, en dehors du fait qu’elle avait agi sans réfléchir, par dégoût d’une vision, envie d’entrer en contact avec son père et désir de renouer contact avec « son » monde et peut-être, à travers lui, avec elle-même, Eshaïna, fille de Marrick et Kalïcha El’Halhan .

Lorsque la fine colonne de lumière s’éleva de sa main vers le ciel, un hurlement de terreur s’éleva du groupe d’hommes et de femmes qui tous  avaient fait cercle autour du père et de sa fille.

Arrière !!!! arrièèèère !!! Maudite !! Sorcière !!! Rhaaaaaaa !!

Marrick venait de dessaouler d’un coup et, d’une monumentale gifle,  envoya valdinguer sa fille dans les braises du petit feu qui mourait tout près. 

La dernière vision de Khadija avant de perdre connaissance, fût celle d’un jeune homme blond qui se précipitait vers elle en hurlant son nom, son vrai nom, celui qu’elle s’était choisi, et essayant de se frayer un chemin à travers le groupe.

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Message par Khadija Jeu 22 Juil 2010 - 11:15


Elle avait mal au dos, au visage, au crâne. Pas le même genre de douleurs, c’était presque amusant à constater. Sensation de brûlures dans le dos, sensation connue, oubliée un temps mais très nette à nouveau, une autre de tuméfaction et picotements sur le visage, et enfin celle de tristesse lancinante sous les cheveux.

En tournant légèrement la tête, elle vit qu’il faisait grand jour. En essayant de bouger, elle comprit qu’elle était attachée, les mains liées devant elle, les pieds attachés à l’un des piquets de la tente, à peine de quoi se retourner. 

Peu à peu des images lui revinrent. La Lumière entre ses doigts, les mots hurlés dans la nuit, la gifle, un jeune homme blond qui se précipite vers elle, le père qui la prenait violemment par un poignet, sortait son ceinturon d’un geste mille fois répété et la frappait sur le dos jusqu’à l’évanouissement. Puis plus rien…

Ses lèvres étaient tuméfiées, fendues même,  il avait dû la refrapper au visage. Elle passa la langue sur les lèvres, un peu d’eau fraiche aurait été bienvenue, mais mieux valait ne pas appeler, au moins était-elle vivante et tranquille. Elle ferma les yeux et se laissa sombrer dans une rêverie d’ailleurs. Un autre jeune homme blond, une cascade, deux corps nus enlacés, deux désirs mélangés, un partage silencieux et une communion des corps et des esprits. « Tu sais quoi ? Je t’aime… ».

Un bruissement sous la tente la tira de sa rêverie, elle ouvrit les yeux et mit un moment à discerner la forme posée tout près de sa tête. 

…Liank ? Liank ? C’est toi ? …

Le vieil homme bourrait lentement une pipe blanche en os à l’aide d’un mélange d’herbes odoriférantes.

Ainsi tu es revenue Eshaïna… tu es belle et courageuse, mais…  tu n’aurais pas dû… enfin, pas comme ça, non.

Elle hocha la tête, repassant la langue sur ses lèvres. Il la regarda et se leva pour remplir une écuelle d’eau prise dans un seau posé là. Il l’aida à boire, sans chercher à la détacher, puis se rassit et alluma sa pipe, la regardant en tirant la première bouffée.

C’est quoi cette sorcellerie ?

Sorcellerie ?

Ce que tu as appelé pour te défendre, contre nous …

… contre vous ?!? … mais… mais non !  Liank  c’est… c’est LA Lumière !!!...


Il la regarda au travers de la fumée douceâtre qui emplissait peu à peu la tente.

Hum… c’est donc ça…
 
Il continua de tirer sur sa pipe, la jaugeant, d’un regard froid.

Et tu crois qu’on va te laisser attirer cette… chose, sur nous ? Tu es bien naïve… et… bien ingrate… tu n’aurais pas dû, Eshaïna, je ne peux plus  rien pour toi.

Il frappa le bois d’un piquet de sa pipe, consciencieusement, et se releva péniblement en s’aidant de ses mains.

Mais ?!? … Liank !!! C’est La Lumière !!! C’est une source de paix, de vie, de... !!!...

Soulevant le pan de tissu qui fermait la tente il se retourna péniblement, son vieux corps tordu tremblant, fébrile.

Oui. Je connais cette … chose. Mais ce n’est pas une source de paix, pas pour nous, au contraire même… et nous n’en voulons pas ici. Tu devrais le savoir, pas de ça chez les Détrousseurs. Tu subiras le sort des traîtres au Clan.

Le corps de Khadija fut pris de soubresauts involontaires. Le sort des traîtres...

Ils préparent le retour au village. Tu ne peux plus nous accompagner. Tout à l'heure,  ils t’emmèneront en mer… non… tu n’aurais pas dû revenir Eshaïna.

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Message par Khadija Ven 23 Juil 2010 - 14:44

La chaleur sous la tente était suffocante, ou était-ce la peur qui la faisait ainsi transpirer, Khadija avait beau essayer d'appeler à elle des visions rassurantes de baignade ou de nuit sous les étoiles dans une barque, elle se liquéfiait peu à peu.

Le sort des traîtres... un retour aux origines du monde disaient  les Anciens avec un sourire en coin... une peine que l'on évoquait devant les plus jeunes qui ne suivaient pas les préceptes du Clan... une mort lente, par noyade, étouffement, abandon à la Mer, retour à l'espace d'origine, don de vie en remerciement de tous les bienfaits apportés...

Pourquoi ne réussissait-elle plus à appeler la Lumière, maintenant qu'elle était seule et qu'elle aurait pu s'en servir pour... pour faire quoi d'ailleurs ? S'évanouir dans la nature, disparaitre, se rendre invisible... pardonner ? Elle fut prise d'un fou-rire silencieux et désespéré.

Un nouveau bruissement dans la tente l'avertit qu'elle n'était plus seule, elle tourna la tête vers le centre de l'abri. Il était là, assis sur le siège de cuir, beau, grand, puissant, un peu mal à l'aise, les mains jointes, pendant entre ses jambes écartées devant lui, la tête légèrement en arrière du corps, la regardant avec embarras, comme s'il craignait de trop s'approcher d'elle.

 
Khad... je t'ai tellement espérée... attendue, rêvée... mais là...


Il posa les coudes sur ses cuisses et enfouit la tête entre ses mains un court instant.

 
... Mais... pourquoi ?!? ...


Elle détaillait ses traits, cherchant à retrouver ce qu'elle avait aimé en lui et espèré retrouver, quand elle l'avait rêvé, l'autre nuit, sur le bateau. Elle comparait l'apparence, même couleur de cheveux, d'yeux, de peau, même stature, et même la barbe, inexistante il y a six mois, et qui le faisait aujourd'hui encore plus ressembler à celui qu'elle aimait. Qu'avait-il donc que son fiancé n'avait pas... aujourd'hui rien... hier... peut-être l'assurance qu'elle était tout pour lui, ou presque... avant qu'elle ne parte.

Elle soupira lentement, essayant de ne plus trembler.

 
Toi aussi alors ? ... tu crois à de la sorcellerie ? ...


Ce qui avait changé, indubitablement, c'était son regard. Un homme du Clan, comme les autres, regardant les femmes comme ... une "chose", inquiétante et attirante, dont il fallait se rendre maître, une... propriété, un bel objet à possèder. Elle détourna la tête, ce regard lui déplaisait trop, même si une part d'elle en appréciait l'idée.

Sa voix, encore assèchée par la peur, n'était qu'un murmure.

 
... Passe encore que vous soyez tous dévoués à la Mer... après tout c'est votre vie... mais la Lumière n'est pas de la sorcellerie tu sais... c'est...


Il se releva brusquement et se dirigea vers la sortie sans la regarder.

 
Je dois partir, Liank ne peut me couvrir que quelques minutes... Je sais ce qui t'attend... je ne les laisserai pas faire...


Il se retourna légèrement pour la regarder, mais sans oser croiser son regard.

Laisse toi emmener sans rien tenter, pas la peine qu'ils t'assomment en plus... je tâcherai d'être pas loin et je te ramènerai... ensuite... Repars, vite... et ne reviens jamais.
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Message par Khadija Sam 24 Juil 2010 - 12:45

Un jour complet sans nouvelle de la jeune femme brune aux yeux bleu, Nelsie n’en pouvait plus d’attendre. Le soleil venait de passer de l’autre côté de la colline, l’après midi était bien entamé, et elle ne pouvait rester là sans bouger.

Elle faisait sauter dans sa main la bourse qui tintait en rythme, observant de loin les derniers naufrageurs qui semblaient vouloir remettre à l'eau une chaloupe récupérée sur le bateau échoué. 

Qu’avait dit la jolie brune ? Au bout de combien de temps devait-elle s’inquiéter? devait-elle repartir sans l'attendre ? Ou aller chercher du renfort ?

Tout en jetant des regards vers la chaloupe qui avait été glissée au bord de l'eau, elle sortit la lettre donnée la veille par Khadija. Elle tourna un moment le parchemin plié en quatre sur le verso duquel avait été écrit dans une écriture ronde et appliquée : Garde Theowin. 

Qui était ce garde, la seule personne dont la jeune fille avait donné l'impression de se préoccuper. Elle se décida à lire et déplia le parchemin.



Aïa, mon amour,

Je suis bien arrivée au terme de mon voyage, et si tu lis cette lettre, c'est que j'y suis encore, contre ma volonté, et que...
 

Des cris attirèrent son attention sur la côte. Des hommes descendaient en courant vers le rivage. Une demie douzaine, ils entouraient une femme, qu'ils tiraient sans ménagement à l'aide de cordages.

Nelsie se redressa d'un bond, laissant glisser à terre le parchemin déplié. Les cheveux bruns, la jupe bleue, elle la reconnaissait, c'était Khadija que l'on emmenait aussi virilement.

Elle observa le groupe pousser la jeune fille, mains attachées dans le dos, dans une grande  barque, où elle fut jetée sans ménagement au milieu. La chaloupe fut poussée dans l'eau et un autre homme, qui suivait en portant un énorme galet enrobé de cordages, le passa à celui qui était dans la barque, debout face à Khadija.

Tandis que deux hommes plongeaient leurs rames dans l'eau, il sembla à Nelsie que celui qui était dans la chaloupe venait de se mettre à genoux devant Khadija pour lier le galet aux pieds de la jeune fille.

Les mains posées sur la bouche, comme pour s'empêcher de crier, Nelsie resta un moment à suivre la chaloupe des yeux, lorsqu'elle vit alors sur la plage un jeune homme blond, barbu, sans chemise  et en pantalon court, qui tirait une petite embarcation cachée entre deux rochers, puis se préparait rapidement pour la mettre à l'eau.

Tandis que la chaloupe de Khadija disparaissait au large, le jeune homme s'éloigna à son tour et Nelsie, abasourdie, s'assit lourdement sur le sol.

Elle vit le parchemin déplié et le ramassa pour finir de le lire.


 

...à jamais.

Adieu,
Khad'

Nelsie relut la lettre plusieurs fois, la poitrine serrée, consciente tout à coup que la jeune fille avait sciemment pris le risque de disparaître à jamais en retrouvant ceux "du Clan" comme elle les appelait.

Elle eut la vision d'un homme à qui elle tendait la lettre, ne sachant comment lui expliquer qu'elle n'avait pas bougé pour sauver la jeune fille qui l'avait, elle, sauvée des Détrousseurs...
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Message par Khadija Lun 26 Juil 2010 - 10:31

Il lui fallût les suivre, de loin, sans bruit, et sans se faire voir. Heureusement le silence de la Mer, qui était d'huile en cette fin de journée, était régulièrement rompu,  par le bruit des rames qui entraient et sortaient de l'eau, et celui des hommes qui parlaient fort et riaient, tandis que lui godillait en silence, à distance raisonnable pour les suivre, plus à l'oreille qu'au regard.

Il dût ensuite dépasser la chaloupe en la contournant de loin, puis attendre plus au large que les hommes aient jeté Khadija dans l'eau, et la regardent couler quelques instants, toujours à l'oreille. Puis il dût patienter qu'ils reprennent la direction de la plage, les écoutant ricaner sur "le bel avenir" qu'ils venaient d'offrir à la "sorcière". Et encore s'assurer qu'ils ne le verraient pas plonger à sa rescousse.

Enfin il pût plonger et nager pour la rattraper, sans connaissance, peut-être déjà noyée, la dégager d'un coup de dague du galet qui l'entraînait au fond, et la ramener, inconsciente, à la surface, pour se dépêcher de la pousser dans la barque. C'est alors qu'il revenait en godillant très rapidement jusqu'à la petite crique, qu'il vit avec satisfaction Khadija vomir les litres d'eau salée qu'elle avait avalés contre son gré, reprenant vaguement une respiration hoquetante avant de reperdre immédiatement connaissance.

Nelsie, elle, avait suivi la scène, la devinant ou plutôt l'espérant, de loin. Au bout d'un moment qui lui parût durer une éternité, elle pût enfin apercevoir la chaloupe qui revenait, sans Khadija, qui  glissait sur le sable et déversait les hommes qui remontèrent vers le campement sans prendre la peine de remonter la chaloupe.

Elle avait alors attendu la petite embarcation, debout sur la rive, tortillant sa chemise, priant, hésitant à dévaler la pente pour acceuillir celui qui, du moins elle l'espérait, aurait sauvé sa nouvelle amie.

Quand il apparût, debout godillant dans la barque, elle courut jusqu'à lui pour l'aider. Mais lorsqu'il percuta la rive et sauta à terre en attrapant le corps flasque et trempé de Khadija, elle freina sa course, n'osant pas approcher de ce qu'elle imaginait. La jeune fille brune, apparemment, ne vivait plus.  

Le jeune homme blond la vit et, passé un instant de défiance, il lui fit signe de venir à lui, tout en attrapant Khadija et la posant comme un tapis roulé sur son épaule.

Tu la connais ?

Oui, enfin... Oui.

Tu pourrais la soigner, ou la veiller ?

Oui, mais ....

Suis moi, je dois la cacher, sinon ils la tueront et moi avec....

Il se mît alors à courir, portant Khadija qui ballotait sur son épaule, dans un mouvement presque comique de poupée de coton, toujours inconsciente.

Il entraîna Nelsie le long d'un chemin côtier sur plusieurs centaines de mètres au Nord du bateau échoué et du campement. Arrivés en surplomb d'une petite crique, il dévala l'escarpement et atterrit devant une cavité naturelle dans la roche. Il écouta les bruits sourds qui hantaient le lieu, attendit quelques secondes, puis se décida à entrer dans la grotte pour y déposer le corps inerte de Khadija et repartir aussi vite.

Contrairement à ce que Nelsie avait imaginé de prime abord la grotte n'était pas une simple anfractuosité naturelle mais avait servi d'habitat à un être doué d'intelligence. Une sorte d'autel avait été dressé et un attrape-rêves pendait au dessus, se balançant doucement au gré de la brise, dans un cliquetis de coquillages.

Khadija était très mal en point, le teint violacé, la respiration sifflante, aucune réaction au bruit ni au toucher, elle semblait dans un autre monde, ailleurs.

Après quelques minutes d'égarement Nelsie entreprit de tenter de la ranimer. Elle avait pourtant appris à soigner, lorsqu'elle était en Norfendre... elle testa plusieurs méthodes, agissant plus par intuition que par compétence réelle. 

Sans doute devait-elle survivre, ou quelqu'un, quelque chose devait veiller sur elle, ou alors elle avait une bonne raison de s'accrocher à la vie... C'est ce dont Nelsie, soulagée, se convainquit lorsqu'enfin Khadija sembla sortie d'affaire. Cela ne pouvait venir de ses soins malhabiles.

Le lendemain les deux jeunes femmes reprirent le bateau pour Hurlevent, sans avoir revu quiconque du Clan des Détrousseurs...  

  

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