Avancement, changement

Par cette nuit sombre et classique, un homme déambulait a travers les rues. Sa tenue de cuir noir attirait les regards des rares badauds, présent dans les chemins pavés d'Hurlevent. Il était vêtu de la tête au pieds, masqué, une épée cliquetante dans son dos, et une autre attachée a la ceinture. Une tenue propre a l'invitation des ennuis, à provoquer les gardes. Pourtant, sa démarche n'était en rien agressive. Il se dirigeait d'un pas résolu vers sa destination... Une bâtisse simple, dotée d'une unique pièce. Dans un craquement, il ouvrit la serrure, et disparu dans l'ombre du bâtiment.


L'homme s'avança, et soupira. La pièce dans laquelle il se trouvait était simple, nue et sobre. Il n'y avait en effet nul ornement, nul meuble, mis a part une armoire au fond. Il s'y dirigea, le pas lent et mesuré. Il fixait l'objet du regard, comme si elle incarnait une ennemie. S'arrêtant devant, il l'ouvrit, et en contempla longuement le vide. Puis, dans un long soupire, il décrocha sa cape, qui tomba dans un bruit feutré sur le sol. Virent la rejoindre ses épaulières, son plastron... L’intégralité de sa tenue. Après la tenue, suivit les armes, qu'il rangea dans un fourreau gravé. Il retira par la suite sa bague. Un véritable chef d’œuvre de joaillerie, faite pratiquement entièrement d'onyx. Elle rejoint un écrin en velours, qu'il rangea, a l'instar de tout son équipement, dans l'armoire. Mais subsistait sur lui un dernier ornement. Son masque. Il le saisi, et l'observa. Tout ce qu'il avait été, ces cinq dernières années, étaient contenues dans ce masque. Il l'avait porté nuit et jours, au point de changer d'identité. Il n'avait plus été le même homme, mais une idée, un symbole, auquel pouvait se rallier les férus de justice. Ceux qui voulaient voir avancer ce monde qui était le leur.

Mais ce bel objectif avait été compromis. Car même les hommes les plus méritants, même les justiciers les plus fervents, ne sont pas a l'abri de l'égarement, et de la trahison. Était-ce la nature humaine, qui est ainsi ? L'homme secoua la tête. Toutes ses actions, vaines. Tout ces sacrifices, inutiles. Et alors qu'il doutait de l'avenir, et de qui pourrai advenir, il vit que c'était la meilleure décision a prendre. L'humanité n'avait pas besoin d'un vengeur masqué, qu'elle assimilait a un criminel. L'humanité n'avait pas besoin d'une ligue de justiciers de cette trempe. Car, le pouvoir en place les pourchassais eux, à la place des véritables criminels. Et ceux-ci pouvait continuer leurs activités, pendant que leurs ennemis s'entre-déchiraient. L'homme sourit, et posa le masque. Il referma d'un geste l'armoire. Son contact avait raison. Si justice il doit y avoir, il faut qu'elle soit obtenue par le droit chemin. Car user du mal pour vaincre le mal, ne reviens en fait qu'a participer a son développement. La justice est toujours ce qu'il désirait, mais... A présent il se battrai au jour, et non dans l'ombre. Il reprendrai l'identité de celui qu'il a été autrefois. Et deviendrai un homme meilleur, plus droit que ce qu'il n'a jamais été. Pour le bien de l'humanité.

L'homme fit demi-tour, et ressortit de la maison. Au loin, l'aube se levait. Il était temps de partir. Après un dernier regard a ce qui a été sa vie et son identité ces cinq dernière années, l'homme ferma la porte, un sourire au coin des lèvres. Et, tandis qu'il partit vers son véritable domaine, l'obscurité gagnait sur la tenue du Nesimes.