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Chrysalide

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Message par Pénélope Cornell Mar 25 Aoû 2015 - 21:06

La nuit était bien avancée, recouvrant depuis bien longtemps déjà le port de son voile d'ombre, alors que les flots remués par les bateaux prenant le large, venaient se fracasser contre la pierre.
Juste au dessus, mêlée à la foule nocturne de travailleurs et autres oiseaux de nuit, se dessinait la silhouette de la jeune garde, le regard perdu sur la ligne de l'horizon. Seuls quelques réflexes bien menés venaient perturber son immobilité, a chaque ombre s'approchant d'un peu trop près. Et pourtant, rien ne semblait pouvoir perturber ses réflexions, tant la moue qui tordait son visage était bien ancrée sur celui-ci.

Toutes les peurs, quelques soient leur ampleur, ont plus ou moins le même effet: elles tiraillent, oppressent, elles tétanisent. Penny n'était pas du genre craintif, bien au contraire. Mais si il y avait bien une chose qui la tétanisait, c’était de perdre le contrôle, dans les moindres détails de sa vie.

Elle avait d'abord été incapable d'agir, lorsqu'une nuit son père manqua d'y passer, en proie a un worgen totalement déchaîné. Elle était restée la, de longues minutes, clouée sur place alors que celui ci lui sommait de rentrer a la maison, en compagnie du reste de sa famille. Le son de la voix de son père avait fini par être moins fort que les brouhaha qui envahissait son esprit, jusqu'à ne plus se faire entendre, la toute jeune femme restant les yeux rivés sur l'assaillant. Le père Cornell avait délogé la worgen de sa grange, ou celle ci venait visiblement de vouloir s'y installer, tout du moins pour la nuit. Ce n'était pas un Plaie-de-Nuit comme il était commun d'en voir, non, son armure dé-sanglée par endroit, de bonne qualité en témoignait, ainsi que l'imposant fusil qui venait de tomber au sol dans un éclat de feu sonore. C'est ce coup de feu, qui par chance ne toucha qu'une poutre de la grange qui réveilla Penny de sa torpeur, alors que la bête avait réussit a bondir sur l'homme. Maintenant encore, quand elle y pense, elle ignore comment elle a bien pu agir, mais la seule idée qui lui vint à ce moment fut de se saisir de l'arme, pour la retourner contre son propriétaire, qu'elle dégagea d'un coup de la lourde crosse sur son son museau. Ce fut sans doute la puissance de feu attendue de cette arme, mais aussi la blessure qu'on venait de lui infliger, qui dissuada la worgen de poursuivre son assaut, certainement pas la silhouette encore tremblante de la jeune femme qui venait de l'épauler, la peur au ventre, mais prête a tirer, malgré tout. Les deux regards se croisèrent, similaires, pour que les yeux jaunes de la bête finisse par détourner le regard, prenant la fuite, pour ne plus jamais revenir. La suite, elle ne s'en souvenait pas, seul ce regard lui était resté, comme un point final a cette affaire. Son père ne se remettrait jamais vraiment, fortement diminué par une blessure profonde, mais avait réussi a tourner la page lui.
Penny ne l'avait pas fait, elle. Elle s'était contenté de poursuivre son investigation, a la recherche de cette silhouette qui avait manqué d'arracher la vie de son paternel. D'ailleurs, il lui était devenu coutume de fouiller la Colline aux Corbeaux lorsqu'elle descendait chaque mois voir sa famille. Les recherches demeuraient toujours vaines a cet endroit, mais elle ne lacherait pas l'affaire. Pas tant que celle ci ne se retrouverait pas au pire derrière les barreaux, au mieux six pieds sous terre.

Et puis il y eu cette multitude de faits récents, ceux la même qui avaient mené la garde a fixer bêtement l'horizon depuis le port, ce soir là.
Tout d'abord, cette impression de perdre le fil sur ses affaires, sur le devoir qu'elle se devait d'accomplir, proprement, ardemment et sans échapper a aucune règle logique. Si elle était perfectionniste, c'est bien dans son métier qu'elle en montrait le plus la preuve, et c’était d'autant plus pénible quand son organisation se voyait chamboulée, sans qu'elle puisse y faire quoi que ce soit.
Mais il y avait aussi cet homme, sans doute plus jeune qu'elle, paumé et sur qui une bande de malfrats avaient compté pour faire leur sale boulot. Il avait coopéré, sans aucun mal, et fut tout simplement banni, afin qu'il puisse avoir une seconde chance. C’était Penny elle même qui avait marqué sa peau du fameux lion, insistant bien sur son interdiction de fouler les terres du Royaume. Il n'était pas un mauvais bougre, juste un gosse complètement perdu a qui la chance souriait a nouveau... Jusqu'à ce soir, ou il a fallu le pendre. C’était encore une fois elle même qui avait reconnu formellement celui ci sans qu'il ne nie, aux faits de ce qui allait lui arriver. Le discours qu'elle lui avait servit résonnait a ses oreilles comme une logique qu'on ne pouvait discuter : Tout les jours des gens meurent, sans avoir le choix, servant pour la plupart leur royaume, et celui ci avait fait le choix le plus stupide de la terre, courir à sa propre perte.
La vie est courte lorsque l'on veut jouer a plus fort que la Loi, et rien n e pouvait y changer. Encore une fois, elle avait manqué le contrôle, son avertissement avait été vain.

Penny quitta le port, se faufilant au travers des badauds, pour achever sa route d'un pas lent dans la fumée et l'odeur de fer chauffé qui se dégageait du quartier des nains. C'est au final devant une porte d'un appartement modeste qu'elle s'arrêta, la fixant un moment en silence, mordillant distraitement la pierre jaune qui ornait son cou depuis quelques temps, comme il lui arrivait de faire a chaque fois qu'elle plongeait dans ses réflexions.
Draenor lui était totalement inconnu, et c'était d'autant plus effrayant pour elle que le fait qu'elle ne devait pas s’inquiéter. Cette pensée lui arracha d'ailleurs un sourire un peu amer, par lequel s'échappèrent quelques murmures pour la porte: «Comment ne pas s’inquiéter au sujet d'un voyage sur une planète éloignée, en guerre, et qui selon beaucoup ne serait pas sur la même trame temporelle que la notre? C'est ça, tiens. Prends moi pour une bille...»
Si il y a bien une chose qui était pire que perdre le contrôle, pour elle, c'était de perdre ses proches. Tout était pourtant mêlé, chaque éléments imbriqués dans sa tête qui peinait a mettre ses idées au clair, laissant cette arrogance et cette assurance de côté pour ne laisser que la panique prendre le dessus.

Elle leva le poing pour frapper contre le bois de la porte, avant de se raviser, incapable d'agir. C'est finalement au bout de quelques longues minutes a rester tétanisée devant cette porte pourtant familière qu'elle s'éclipsa dans l'aube naissante, laissant la ville suivre le cour de sa vie.
Pénélope Cornell
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