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Itinéraire d'une enfant gâtée

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Message par Clarisse Wallace Ven 24 Juil 2020 - 17:08

L'enfance, ce temps béni de l'insouciance.Sauf peut être pour les orphelins.
Ou ceux qui n'ont pas la chance d'être orphelins..








Le Cabinet aux serpents.

Lordaeron, An 11

La poigne de fer de l’alchimiste s’était refermée sur sa proie, verrouillée, les efforts de l’enfant pour s’en soustraire étaient voués à l’ échec.
Etiala freinait des quatre fers mais d’un coup sec, se père la fit basculer en avant, et la trainait ni plus ni moins sans ménagement sur le parquet, les pieds de l’enfant emportant parfois un tapis.

Etiala sentit Doria -l’amie de son esprit, la petite voix dans sa tête- totalement terrifiée à l’idée de ce qui les attendaient toutes les deux.
Elle était comme une brique glacée dans son esprit dont le poids lui paraissait si lourd à porter, l’empêchant de réfléchir, la ravalant au rang d’animal effrayé entre les griffes d’un prédateur.

La porte du salon s’ouvrit, laissant passer un rai de lumière qui éblouit l’enfant par contraste avec la chiche lumière du couloir.
Elle tourna la tête vers sa mère qui attirée par les cris de sa fille, se tenait sur le seuil du salon.

Siobann Caithlin tremblait presque autant qu’elle, et elle put en passant sentir les effluves de l’alcool, sachant d’emblée que sa mère ne lui serait d’aucun secours.

« Maman ! » Hurla t elle toutefois avec l’énergie du désespoir, se débattant, les yeux rougis.
Siobann essaya toutefois, avec ses maigres forces, et sa volonté vacillante.

« Nathan, tout ceci est il bien nécessaire ? » demanda t elle, avançant d’un pas en travers de leur passage.
Et si il est une chose que Nathan Ellington détestait,  c’est bien qu’on se mette en travers de son chemin.

Il la fusilla du regard, elle tint bon.Il se débarrasserait d’elle un jour…Cette pathétique éponge osait lui tenir tête, à lui, le maitre absolu de ce manoir.Il sentit une sourde colère froide monter en lui.

Elle lui tint tête…quelques secondes, puis comme d’ordinaire, baissa les yeux, puis la tête.
Son père la poussa de coté sans spécialement y mettre de force mais elle était si hébétée qu’elle vacilla contre le lambris.

« Non ! lâche la ! ordure ! monstre ! » hurla la petite, se démenant de plus belle, découvrant les dents comme une sauvageone.
Nathan, sans lâcher la petite, offrit son bras à sa femme, la raccompagnant à son fauteuil favori de velours rouge.

« Soyez certaine que c’est pour son bien.Vous me connaissez.J’aime notre fille, j’ai son éducation à coeur » dit il, caressant la tête de sa fille de sa main libre dans un geste d’une surréaliste hypocrisie.

Siobann hocha la tête mollement, mécaniquement, se servant un nouveau verre, seul exutoire avec ses livres et sa musique à son immense misère morale.
Nathan étira un sourire satisfait.Les choses étaient rentrées dans l’ordre.
Puis il reporta son attention sur cette sale petite peste.

Son père se contenta de la fixer de cet œil froid, reptilien et étira un sourire cruel en levant les yeux vers la petite plaque de cuivre de la porte.
<Cabinet aux serpents >

Etiala se sentit défaillir comme sa mère, tremblant comme une feuille, elle bredouilla quelque chose d’inintelligible.

« Tu n’y passera pas deux heures, mais quatre » asséna t il froidement, tirant sur le poignet de la petite, provoquant un élancement douloureux.

Il ouvrit la porte, la trainant à l’intérieur, raffermissant sa prise d’une clé de bras.

Etiala ne les voyaient pas, pas encore, mais elle sentait leur présence, la, rodant dans l’ombre, attendant que leur maitre s’en aille, laissant l’enfant à leur merci.
Son père l’installa sur la chaise, la libérant.Maintenir la prise était inutile.Etiala n’avait pas la force de s’enfuir, elle restait la sur la chaise, paralysée.
Son père se pencha vers elle, et eut un geste qui aurait surpris un observateur extérieur : il lui caressa la joue d’un geste lent et tendre.

« Etiala ? » dit il pour avoir son attention alors que la petite scrutait les ténèbres, indifférente à son pantalon tâché de peur.
Il lui redressa le menton, la fixant.Elle ne vit guère de différence entre leurs yeux et les yeux.

Elle respirait vite comme un petit animal.

« Je sais combien tu me hais mais cette haine, te rendra forte.Tu le deviendra.Tu me remerciera un jour, tu verra » dit il en se redressant.
D’ un pas souple, il gagna la porte, et elle entendit tourner la clé.

Une fois seule,  elle hurla.



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Message par Clarisse Wallace Jeu 30 Juil 2020 - 14:17






Siobann pourtant n’avait pas totalement abandonné sa fille.
Elle reboucha la bouteille avec soin, se leva du fauteuil en poussant sur les accoudoirs et se dirigea vers son repaire, un des rares lieux du manoir ou il n’avait pas d’emprise sur elle.
Elle poussa la porte du cabinet de musique, s’installant sur un des fauteuils, passant une main  douce et caressante sur un violoncelle massif, s’éclairant d’un pâle sourire.
Elle leva lentement les mains posant doucement l’archet sur les cordes comme un papillon  et ferma les yeux, commençant à jouer, pleurant silencieusement, laissant la musique raisonner dans la pièce lambrisée et l’apaiser.



Les apaiser.
Etiala parcourait les vitrines et vivariums, les planches ou certains reptiles était figés à jamais, embaumés, dardant sur elle leurs yeux vides d’une noirceur infinie , moqueurs, se repaissant de sa torture.

Lentement ceux encore bel et bien vivants sortirent de leurs vivariums pour se laisser chuter au sol.
Il y’en avait de toutes les tailles, toutes les couleurs, mais semblant mus par une seule et même volonté hostile à son égard.
Etiala tremblait sur sa chaise, les sifflements de plus en plus audibles, de plus en plus proches, les silhouettes tant redoutées venant peu à peu serpenter à ses pieds, entre la chaise, autour de ses chevilles, formant une sorte de mer ondulante et hostile.

Elle ouvrit les yeux, fermés c’était pire, alors que les notes graves et lancinantes du violoncelle raisonnaient dans la pièce, couvrant un peu les sifflements des reptiles.
Sa mère lui avait souvent vanté la beauté de cet instrument.Elle avait coutume de dire qu’il pleurait sur le monde.
Et Siobann Caithlin savait en tirer les mélodies les plus poignantes, les plus bouleversantes, qui réconfortaient toujours les sœurs à l’heure de la torture du cabinet aux serpents.

Etiala ferma les yeux, elle parvenait même à sourire, alors qu’un reptile s’entourait autour de sa taille, remontant paresseusement vers son visage.
Elle tendit la main pour le guider, servir de perchoir qu’il s’y enroule, sa main libre bougeant très lentement pour marquer le rythme de la musique.
Elle plongea son regard dans celui du reptile, souriante.

Elle n’avait plus peur du monstre sous son lit.
La petite fille en avait fait son ami.


Nathan sourit, rabattant le judas de la porte du cabinet au serpent.Il tira sur les pans de son gilet pour les rectifier, soucieux de sa mise, puis tourna la tête vers l’escalier, d’où venait la salvatrice musique.
Il gravit doucement les marches jusqu’à l’étage, vers le cabinet de musique, savourant lui aussi la mélodie.
Il saisit un tisonnier dans l’âtre du grand hall, fredonnant, rythmant lui aussi la musique de sa main comme le faisait sa fille, puis tourna la poignée du cabinet de musique.

Mais il n’eut pas à défoncer le crâne de sa femme pour que la musique s’arrête, ce qui n’aurait pas spécialement fait monter sa tension.
Il ouvrit la porte lentement, tenant le tisonnier contre sa jambe, projetant son ombre à l’intérieur sans faire réagir Siobann.
Elle était la, vautrée dans un de ses fauteuils, les mains posées sur les accoudoirs, face à la fenêtre, plongée dans la contemplation de cette grise journée de novembre.
Le morceau terminé, Siobann Caithlin restait les yeux dans le vague, le regard inondé de larmes, son esprit battant la campagne, replongeant dans son monde de noirceur et de tristesse dont Etiala n’avait jamais pu la sortir.

Il reposa le tisonnier dans un coin de la pièce et soulevant sa femme, la porta délicatement dans son lit.
En bas… Etiala, la musique cessant, sentit un autre serpent s’enrouler autour de son cœur : la peur, qui revint aussi vite qu’il était parti.

Elle était seule dans le noir.

En l’entendant de nouveau hurler,  bordant sa femme dans son lit, Nathan Elligton, authentique psychopathe et tyran domestique esquissa un sourire satisfait.
Les choses étaient rentrées dans l’ordre.



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