[Campagne] Opération Froid Mordant

Ambiance Musicale :

      Elle tire doucement sur la corde de son arc, dans les ombres silencieuse de sa forêt natale elle vient de repérer sa proie. Un élan mâle de bonne taille, bientôt tout sera fini, une seule flèche lui suffira, comme toujours, et elle aura des provisions pendant des jours. Elle ferme son oeil, lève son bras avec souplesse et vise, sa silhouette encapuchonnée taillée pour la rude vie dans ces forêts glaciales se dessine dans les fourrés. Samantha n’en est pas à son coup d’essai, le vent frais de l’aube caresse ses joues rosées par la morsure de l’humidité. Sa chevelure châtain encadre son visage aux traits rustiques et un brin sauvage. Encore quelques secondes et elle décochera sa flèche en plein coeur, pour la bête c’est déjà terminé, indétectable. L’excellence des trappeurs des Grisonnes dans sa forme la plus noble est à l’ouvrage.

        La proie lève soudainement la tête, il n’en fallait pas plus, d’un bond il disparaît parmis les fougères. Samantha tente un tire réflexe mais c’est peine perdu, la flèche se plante et résonne dans un tronc d’arbre derrière, sonnant le glas de son échec. Souple et silencieuse elle réduit la distance entre elle et son projectile. L’arrache dans un gémissement rageur. Ce n’est pas normal, elle n’était pas dans le sens du vent, il n’aurait pas dû la détecter. Ou alors autre chose, elle regarde autour d’elle alors que la brume matinale se densifie. Elle retrousse ses narines, elle le sent elle aussi. L’odeur vicié de la charogne encore vivante.

         Elle arme son arc, prête à en découdre avec la chose qui a fait fuir son déjeuner, un râle fétide se manifeste derrière elle. Une maigre silhouette titube dans sa direction, à la vitesse de l’éclair elle se retourne, rageuse elle décoche un tir parfait qui vient se figer dans le crâne de la créature humanoïde qui trébuche, inerte, séché sur place. Une goule, encore, c’est courant, mais tout de même étonnant de voir qu’après tant d’année ces morts vivants décérébrés viennent encore se perdre dans ces forêts pour en troubler la chasse. Elle arrache la flèche du front de ce qui pouvait être un humain autrefois, dans une moue de dégoût, pas de peur. Pourquoi avoir peur de ces choses, elle a appris à chasser en visant des têtes de goule gémissante depuis sa tendre enfance.

        Il ne fait pas bon de s’attarder, son gibier n’est peut être pas loin, elle se relève d’un bon avec souplesse, observe autour d’elle et constate avec effroi que la brume s’est encore épaissie. Ce n’est pas naturel. Un gémissement, elle tourne la tête, puis un autre et encore un autre. Des silhouettes humanoïdes grotesques et titubantes se dessinent dans le brouillard et empeste la zone, entre goules et abominations râlantes dans une audace tranquille. Trop nombreux, il faut partir avant d’être cernée. Elle bondit sur un tronc et s’élance, elle sait qu’elle est bien plus rapide qu’eux. Mais non, dans son saut quelque chose l’arrête net, une douleur fulgurante dans son épaule. C’est de manière implacable qu’une abomination avait déjà jeté son crochet d’acier glaciale pour attraper le moineau en plein vol. Le métal perce sa chair, broie ses os, crochette sa clavicule, la coupe dans son élan et la projette au sol, l’impact est violent, elle râle silencieusement de douleur, le souffle coupé. Elle déploie sa gorge pour hurler mais rien ne sort hormis une gerbe de sang muette. Non, pas ça, pas comme ça ! Son sang chaud dégouline le long de sa blessure, alors que la chaîne est tirée. Elle est inlassablement traîné au sol vers son destin. Prévenir les autres… Ils doivent savoir ce qu’il se passe… Incapable de crier, sa maigre clavicule à deux doigt de céder, portant ses mains au crochet auquel elle tente de se libérer. Sa carcasse encore vivante est traîné dans la boue jusqu’à son bourreau et ses sbires. Pourquoi? Pourquoi maintenant, si nombreux…

         Sans la moindre vergogne les goules se jettent sur elle. Dévore sa chair juteuse et à vif, elle sentira sa main et son poignet se faire broyer dans la mâchoire d’un non mort, son visage se faire déchirer par des ongles osseux, ses flancs dépecés par des dents pourries, sa carotide arrachée par des crocs fétide. Un seul cri de terreur résolument féminin déchirera l’aube ce matin là. Combien de temps avant que d’autres ne la rejoignent?