Le deal à ne pas rater :
Réassort du coffret Pokémon 151 Électhor-ex : où l’acheter ?
Voir le deal

Sous la plaque, l'en-vie.

Aller en bas

Sous la plaque, l'en-vie.  Empty Sous la plaque, l'en-vie.

Message par Matilda Koen Sam 9 Avr 2022 - 15:10

Un simple informateur.

Une nouvelle fois, il avait fallu expliquer à l’homme qu’elle aimait, ce que le Commandant pouvait aisément comprendre s’il laissait ses sentiments de côté.

Si le Lieutenant Koen avait cherché à revoir le factionnaire du Mouettard, ce n’était pas du tout pour ses beaux yeux, qui n’avaient d’ailleurs rien de particulier, ni pour sa personnalité, certes agréable, mais qui jamais ne saurait la toucher comme seul savait le faire celui qui désormais hantait ses pensées, nuit et jour.

Albert Ropart n’était qu’un garde parmi les autres, ni plus malin, ni moins retors, mais il avait été désigné pour faire le lien entre la caserne du Port et la Centrale. Matilda avait simplement su en tirer parti. Un café, un Cougnoux qui restait du matin, quelques sourires bienveillants, une attention portée à ses projets professionnels et le jeune Ropart s’était senti pousser des ailes. En revoyant le Lieutenant au hasard d’une promenade sur les hauteurs du port, il avait cru pouvoir tenter sa chance. Matilda l’avait tout simplement laissé approcher, n’avait tout d’abord pas réagi à son attitude vaguement charmeuse, puis, reprenant sa neutralité bienveillante, usuelle en service, elle l’avait assez rapidement remis à sa place, gentiment et sans ostentation. Il restait garde du port, certes avec un avenir possiblement prometteur, mais elle était Lieutenant de la Centrale, membre de l’Etat Major.

Bien évidemment, nul besoin de lui raconter que c’était, à peu de choses près, ce qu’elle avait vécu. On ne pouvait comparer que ce qui l’était. La rencontre entre la recrue Koen et le Lieutenant Anron au printemps 41 avait très vite démontré qu’elle était l’oeuvre facétieuse du destin, comme cela arrivait parfois. Rien à voir avec cet échange de banalités vaguement amusantes. Néanmoins ce qui se passait « en bas » intéressait bigrement le Lieutenant, et si le factionnaire du port voulait bien lui raconter ce qu’il entendait et observait dans les locaux du Mouettard, elle serait ravie de pouvoir en discuter de temps en temps avec lui, s’il en avait l’envie.



Sous la plaque, l'en-vie.  316710



Albert n’avait pas hésité une seconde. Il s’était même empressé de lui raconter les derniers événements, par le menu. Avait-il cru que le Lieutenant pourrait un jour oublier son statut et accepter d’aller boire un verre dans une taverne des hauteurs ? C’était probable mais Matilda avait su l’expliquer à Marc. Il n’y aurait jamais rien d’autre que des échanges parfaitement neutres qui n’avaient pour but que de garder un œil sur les agissements de la Garde du Port, sans pour autant donner à croire que la Centrale gardait la main autrement que par la voie ordinaire.

Le Commandant avait longuement hésité. Pour lui, qui n’avait rien à prouver à quiconque, Mallard n’était rien d’autre qu’un de ces officiers de quartier qui se croyait important sous prétexte qu’il gérait une garnison. Or le Commandant pouvait intervenir dans les affaires du port et trancher sans même l’en avertir, et il n’avait pour ce faire aucun besoin d’informations récoltées par la bande. Mais le Lieutenant n’avait pas forcément les mains libres face au Capitaine. S’il voulait lui permettre d’agir avec pertinence et légitimité, il devait la laisser agir comme elle le sentait.


Pour autant l’homme en lui ne supportait pas l’idée de devoir partager, ne serait-ce que quelques minutes, la complicité passionnelle qui l’unissait désormais à cette femme qu’il chérissait plus que tout. Et la savoir seule avec Ropart lui vrillait les tripes, quand bien même il savait pertinemment que Matilda n’y voyait rien d’autre qu’un moyen de mieux faire son travail, et donc ce que lui, le Commandant, attendait d’elle, son Lieutenant. Il lui avait donc fallu négocier intérieurement, sans trop laisser parler cette douleur piquante qui l’animait parfois, lorsqu’il la voyait rire et converser avec un autre. Les échanges d’informations n’auraient jamais lieu au port, ni dans une taverne, ni même dans un coin éloigné de l’agitation de la ville. Il fallait que cela reste professionnel, quand bien même cela pourrait être au hasard d’une rencontre hors service. Et il ne fallait pas laisser Ropart s’imaginer l’impossible.

Le Lieutenant avait parfaitement compris ce que le Commandant ne savait plus cacher. Car elle en était au même point. Chacun de leurs agissements, même les plus anodins, pouvaient déchaîner la folie de leurs émotions désormais à fleur de peau. Tout ce qui les concernait devait donc rester transparent, sans rien empêcher au niveau professionnel. Ropart n’était qu’une source d’informations. Elle ne lui mentirait pas, ne laissait rien paraître qui puisse le tromper sur ses intentions, tout juste pourrait-elle lui faire miroiter ce qui restait toujours possible, une toute petite promotion, comme d’intégrer peut-être un jour le régiment des hauteurs.

Quelques échanges eurent ainsi lieu, qui tous furent reportés au Commandant, et surtout à l’homme qui se cachait sous l’armure de plaque. Aussi, lorsque la Garde du port transféra quatre suspects tirassiens en attente de jugement, le Lieutenant Koen n’eut aucun besoin d’informations complémentaires à quémander auprès d’un Capitaine Mallard potentiellement condescendant. Elle avait déjà tout compris, grâce à Ropart. La voyant recevoir et lire le dossier des prévenus, le Commandant n’eut aucun doute sur la fiabilité de son Lieutenant et sa capacité à prendre les choses en mains de façon autonome.

Ce qui fut fait, comme à l’ordinaire, la neutralité comme étendard. Ce soir là, encore une fois, le Lieutenant réprima, le temps du service, la passion qui l’animait pour son Commandant, et le jugement fut simplement rendu par Matilda Koen sous le regard approbateur de Marc Anron. Propre, net, carré. Un moment de service comme tant d'autres, réglé comme du papier à musique, la partition obligatoire d'un couple d'officiers qui devaient, chaque jour, composer entre envolées émotionnelles et neutralité professionnelle.  






Règlé comme du papier à musique. :
Matilda Koen
Matilda Koen
Officier supérieur de la Garde
Officier supérieur de la Garde

Nombre de messages : 844
Lieu de naissance : Kalimdor
Age : 36
Date d'inscription : 05/05/2021

Revenir en haut Aller en bas

Sous la plaque, l'en-vie.  Empty Un mal pour un bien

Message par Matilda Koen Mar 15 Nov 2022 - 14:28

Un mal pour un bien.

« Bonjour Capitaine, asseyez vous je vous prie ».

Embarrassée dans une tenue de ville, sobre et passe-partout, Matilda n’en menait pas large. L’usage de son rang ne lui plaisait pas en ces lieux. Elle aurait préféré l’anonymat réservé aux citoyennes lambdas. Mais la sorcière, venue de très loin pour officier parfois en secret, dans une petite maison accrochée sur une colline d’Elwyn, avait presque imposé cette rencontre, au cours de l’automne 43.

Ce n’était pas la première fois que Matilda rencontrait cette femme à laquelle on prêtait des pouvoirs étranges. Il lui fallait faire profil bas, après tout elle n’était pas différente des autres femmes, toutes celles qui, un jour ou l’autre, devaient se résoudre à passer entre les mains expertes d’une ancienne, sage-femme ou simple faiseuse d’anges. Elle obtempéra, tâchant de rester neutre.
« Matilda, je préférerais simplement Matilda, si vous le voulez bien. Après tout, vous m’avez vue dans le plus simple appareil… ».

Sa voix tremblait. La vieille femme leva son unique œil valide et la transperça d’un coup d’œil rapide. La pâleur de la pupille ne diminuait en rien l’âpreté de son regard. Un rictus égaya furtivement son visage de pomme flétrie.
« Certes. En bien mauvais état, mais admettons. Il est vrai que votre statut n’a rien à faire en ces lieux…. ».
Elle avait repris son activité, l’air de rien, mais son ton laissait entendre une suite que Matilda redoutait, sans trop savoir à quoi s’attendre. La vieille femme la cloua d’un nouveau regard, encore plus perçant.
« … sinon que la raison de ma présence auprès de vous, et de cette… folle de Margot, vous a évité la mort. Si votre compagnon n’avait pas joué de ses relations, vous ne seriez pas là à rosir comme une pucelle. Vous seriez six pieds sous terre… Capitaine.».

La vieille appuya sciemment sur le titre. Matilda hocha lentement la tête, rouge de confusion.
« C’est pour me faire un sermon que vous m’avez mandée  ? Je connaissais les risques mais je ne pouvais pas faire autrement. Ce n’est pas un acte qu’on choisit de gaité de cœur, je ne suis pas différente des autres. »

La vieille secoua la tête, agacée. Elle leva la main pour la faire taire.
« Vous aviez vos raisons, je n’en doute pas. J’imagine que l’on ne devient pas Officier Supérieur sans quelques sacrifices… »

Le ton condescendant de l’ancienne fit bondir la jeune femme.
« C’était une décision raisonnée à deux ! Et certainement pas par ambition ! Quelle curieuse idée ! Ma seule ambition est d’être le Second qu’il attend de moi. La maternité n’a strictement rien à voir avec ça ! Je n’étais pas prête pour mettre au monde un enfant, voilà tout. Et j’en connaissais les risques. D’ailleurs…  je ne pense pas y être jamais prête. Et puis j’avais fait préparer des papiers qui l’aurait dégagée de toute responsabilité, au cas où … ».

De l’eau bouillait sur le feu. La vieille préparait une tisane, ou du thé.
« En effet, vous aviez pensé au pire. Mais pas au moins pire. Vous n’auriez pas dû faire appel à cette pauvre femme des faubourgs. C’est de notoriété publique, Margot en fait beaucoup trop. Elle profite de la crainte des écervelées pour remplir son coffre de dorées. Elle n’a plus toute sa tête. C’est un métier qui rend folle, et elle le pratique depuis trop longtemps. »

« Moins longtemps que vous, pourtant…. Et je ne suis pas de ces niaises qui agissent sous le coup de la crainte d’un mari ou d’un père. Marc était au courant, c’était une décision prise en commun et il m’a d’ailleurs soutenue quand la fièvre m’a emportée. Vous le savez bien. »

La vieille gloussa avec mépris.
« Je ne le sais que trop bien. Sachez que sans son intervention, je ne me serais pas déplacée. J’avais à faire en Kalimdor. Vous ne le savez peut-être pas, mais on ne peut pas refuser la demande d’un homme aussi haut placé... »
Elle se tourna pour attraper la bouilloire qui sifflait dans l’âtre.
« … Quoi qu’il en soit j’espère qu’il va vous soutenir aussi bien pour la suite. Les risques de ce genre d’acte sont énormes et variés, il n’y a pas que la mort. Je ne vous apprends rien, vous êtes médecin »

Matilda commençait à s’agiter, toute assurance perdue.
« Mais de quoi parlez vous ? J’ai certes failli y passer mais vous m’avez sauvé la vie... Vous n’avez pas été assez payée ?».

L’ancienne l’observait, dodelinant de la tête.
« Capitaine… ne me faites pas un procès d’intention. Cela ne vous sied guère. Je me fiche de vos dorées mais pas de ma réputation. Margot vous a rendu un bien mauvais service, croyez moi. Parce que si j’ai pu vous sauver… et bien je n’ai pas pu vous remettre en état…. Or je ne veux pas que mon nom soit mêlé à tout ça. »

« Pardonnez moi, mais je n’y comprends rien ».

Matilda disait vrai, de toute évidence. L’ancienne soupira, la tâche était plus ardue que prévu.
« Capitaine… on vous voit régulièrement grimper les marches du Donjon et discuter dans les couloirs du pouvoir. Je ne veux pas que mon nom soit mêlé à ce qui vous arrive, et surtout pas là bas. »

Le ton de la vieille était clairement dramatique. Celui de Matilda trahissait sa colère.
« Je ne suis pas du genre à me livrer intimement, et encore moins en public. Votre nom ne sera jamais cité, ici ou ailleurs ! Si j’arpente les couloirs du Donjon c’est pour suivre le Commandant aux réunions où est convié l’état Major. Ma vie privée n’a strictement rien à voir avec ça .»

Les émotions de Matilda bouillonnaient comme l’eau frémissante que les mains tremblantes de l’ancienne versaient dans deux tasses aussi ébréchées que ses dents.
«Tout doux… je ne mets pas en question votre professionnalisme mais les conséquences de votre décision de l’été dernier. Vous n’y avez peut-être pas songé en ces termes, mais c’est un acte qui peut aussi parfois empêcher tout retour en arrière... ».

Elle trempa ses lèvres, fines et sèches, dans le liquide brûlant.
« ... Et si, comme vous le dites, vous avez plusieurs fois questionné votre désir d’enfant, désormais vous ne pourrez pas changer d’avis. Lui par contre… ». Elle lui adressa un sourire qui en disait long sur l’opinion qu’elle avait des hommes. « …. Il pourra toujours aller en fabriquer ailleurs, si jamais ça le démangeait trop ».

La jeune femme sursauta de dégoût.
« Comment osez vous ?!?? Marc n’est pas du tout ce genre d’hommes !!!  Mais…».

Matilda s’arrêta net. Elle venait enfin de comprendre. L’ancienne lui adressa un rictus où se mêlaient compassion et taquinerie triste.
« La Nature est ce qu’elle est. C’est un fait, pas une opinion. Vous êtes encore jeune et pourtant … c’est une décision que vous n’aurez plus jamais à prendre. Lui, peut-être que si. ».

« Vous voulez dire que… »

D’un geste de la main l’ancienne lui indiqua qu’elle en était désolée.
« Oui, voilà l’objet de cette rencontre. Je l’ai su dès que j’étais à votre chevet. J’ai bien tenté d’y remettre de l’ordre. Mais c’était peine perdue, elle vous avait … littéralement charcutée. C’est d’ailleurs pour cette raison que vous avez failli y passer ».

De stupeur Matilda faillit laisser tomber sa tasse sur le sol.
« Mais… il le sait ? »

L’ancienne opina vaguement.
« J’ai essayé de le lui dire. Mais vous savez comment sont les hommes, ils n’entendent souvent que ce qu’ils veulent. Il n’avait qu’un seul besoin, celui de vous savoir en vie, sauvée. Dès que j’ai pu l’en assurer, c’est probablement le seul discours qu’il a été en mesure de comprendre. On ne peut l’en blâmer. »

Matilda accusait le coup. La vieille femme-médecine hochait doucement la tête, sans cesser de l’observer.
« Je ne suis plus toute jeune et j’en ai vues passer, des femmes enceintes au bord du précipice mortel. Mais contrairement à vous, même si ce n’est jamais le bon moment, la plupart le désiraient finalement, cet enfant. C’est un cadeau qui nous est fait, de pouvoir donner la vie. Il est normal d’avoir envie d’expérimenter cette opportunité. Tant qu’on pense pouvoir changer d’avis, on se croit sûre de son fait. Et puis… »

« Sans doute ».
Le Capitaine reprenait le dessus sur la femme. Elle planta son regard dans celui de l’ancienne.
« Pourquoi ne pas m’avoir laissée dans l’ignorance ? Je doute que cette conversation vous soit agréable ».

La vieille haussa doucement ses épaules décharnées.
« Je n’ai pas pour habitude de fuir mes responsabilités. Moi aussi, j’ai une conscience professionnelle. Je devais vous en faire part, j’ai profité d’une visite à faire dans la région. »

« Certes. Et bien je vous remercie d’être venue d’aussi loin pour m’en informer personnellement. »

La jeune femme tâchait de n’en rien montrer mais le coup était rude.
« Et ne vous inquiétez pas. Rien ne sortira d’ici, en dehors bien sûr du Comm-… de Marc. Si vous avez tenté de le lui dire, je pense qu’il s’en souviendra une fois mis au courant. Nul doute qu’il vous en soit reconnaissant, même si… ».

Elle se leva brusquement.
« …Bien. Si vous n’avez pas d’autre recommandation. Vous ne souhaitez pas m’ausculter ou… ? ».

Les deux tasses furent déplacées. Celle de Matilda était pleine. La vieille secoua la tête, montrant la tasse.
« Pour ? Voir si je me suis trompée ? Je n’ai aucun doute sur l’état de votre utérus. C’est moi qui vous ai sauvée. Je suis même étonnée que le médecin qui vous suit ne vous en ait pas informée. A moins que… ».

Matilda enfilait déjà son long manteau de laine, ignorant le thé qui resterait à refroidir. Elle esquissa un sourire meurtri.
« Vous avez bien deviné, je suis mon propre médecin. Je ne fais pas grands cas de mes douleurs ou des empêchements de mon corps. Ceci dit je comprends mieux certains changements qui ne m’avaient tout de même pas échappés ».

Elle tendit sa main, reprenant des airs de cordialité sociale qui ne trompaient pas.
« Merci de votre franchise. Au moins cela me permettra de vivre ma … ». Elle se racla la gorge. « De m’épanouir sans crainte aucune. Un mal pour un bien, en quelque sorte ».

L’ancienne ne cessait de l’observer avec attention. La jeune femme était sous le choc mais elle s’en remettrait. Elle en éprouva une petite pointe d’admiration amusée.
« Comme vous dites… Capitaine. »
Matilda Koen
Matilda Koen
Officier supérieur de la Garde
Officier supérieur de la Garde

Nombre de messages : 844
Lieu de naissance : Kalimdor
Age : 36
Date d'inscription : 05/05/2021

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum