Boîte postale L. Marvaux

Ma chère Mama,

Comme promis, je t’écris pour te donner de mes nouvelles. J’ai fait comme m’avait dit le Capitaine Alpert, je suis allée déposer une candidature à la Garde de Hurlevent, dans un bâtiment du quartier de la vieille ville, après je suis allée à l’auberge attendre une réponse, j’ai dû renvoyer une lettre parce que je m’étais mal expliquée, et après une conversation à trois où le sous lieutenant a demandé à la caporale de mettre une gifle, ils ont bien voulu me prendre à l’essai.

On m’a appris comment être polie avec les citoyens qui viennent demander qu’on les aide ou qui viennent déposer plainte. J’imagine que tu dois ronchonner et dire que tu m’as suffisamment bien élevée pour savoir être polie, mais eux ils le savaient pas, alors ils m’ont expliqué. J’allais pas leur dire que c’était évident qu’il fallait être polie, comme tu m’as appris. Donc j’ai pas moufté, j’ai dit « oui, d’accord » et j’ai répété comme eux, ou presque.

On m’a aussi montré comment mettre les gens en prison, c’est tout pareil qu’au Fort des Sentinelles, on leur met des fers aux pieds et aux poignets pour les accrocher au mur, et après on les interroge. J’ai vu comment les autres font, c’est pas compliqué sauf quand c’est un énorme draenei recouvert d’une armure de plaque jaune, là je t’assure que seule je serais incapable de le faire.

On m’a donné un lit dans le dortoir, et un casier, mais j’aime pas trop le bruit des gens, ça m’empêche de bien me reposer dans la journée, et puis, comme tu sais, y’a Allison qui est en ville et qui n’aime pas quand je suis loin d’elle trop longtemps, donc je reste juste un peu pour dormir la nuit après mon travail, mais dès que je peux, je vais la voir chez elle, ça me fait du bien et je sais qu’à elle aussi, ça lui donne du courage pour repartir au travail dans la nuit.

Pour le moment, je suis pas encore sûre d’être bien à ma place, parce qu’ils sont tous très copains, ils se connaissent bien et y’en a pas mal, des hommes, qui ont l’air de bien aimer donner des ordres juste pour se faire mousser. Tu sais, comme le fils des Baudroux qui aime bien montrer à tout le monde que c’est lui qui est le plus malin en commandant ses sœurs alors qu’en fait, il sait rien faire d’autre que de chouiner pour qu’on s’occupe de lui.

Bon, je sais ce que tu vas me dire, que j’étais bien contente d’avoir Morian et Neal pour m’aider des fois, mais c’est pas pareil. En plus, ils sont vraiment plus forts que moi, ils me donnent pas des ordres sans raison, et je les vois mal aller se faire mousser auprès des filles, en plus qui seraient des cheffes, parce ce que c’est ça que j’ai vu, un garde qui donnait presque des ordres à ses cheffes, sous prétexte que c’étaient des filles.

Mais y’en a un, un garde aussi, qui m’a dit qu’il était certain que j’étais à ma place, après m’avoir demandé ce que je voulais faire de ma vie. Je lui ai juste dit que j’aimerais mieux aider en allant à la pêche aux renseignements, parce que je lui ai pas raconté, mais j’avais trouvé ça drôlement bien quand j’avais permis qu’on retrouve la petite Solie qui s’était perdue dans les mines. J’avais moins aimé quand le capitaine voulait que j’aide à trouver les gars qui se cachaient dans les collines, parce que dedans y’avait Morian et Neal, et papa aussi, mais c’est sûr que je serais bien plus utile comme ça, plutôt que d’aller essayer d’enfermer des énormes draenei en armure jaune.

Et donc, le garde, je sais pas son nom, il a un très beau griffon, il m’a dit que je serais à ma place au « service d’enquêtes ». Je sais pas ce que c’est, mais le nom est joli. Peut-être que j’y serais bien.

En attendant, je mange bien, tout comme tu m’as dit, des légumes et des fruits, et je les vole plus, parce que maintenant, c’est décidé, c’est promis au Capitaine, je vais suivre le droit chemin, comme il m’a expliqué. De toute façon, Allison veille sur moi.

Je t’embrasse très fort ma petite mamie, prends soin de toi, et donne moi des nouvelles des autres, de la famille mais aussi des amis, si tu veux bien m’écrire à la caserne, où j’ai une boîte postale. Mais surtout, écris pas à Lysange parce que j’ai pas voulu que ça recommence, donc j’ai dit que je m’appelais Lysa Marvaux et en plus j’ai même pas menti.

Je te laisse, je dois aller au travail, je te fais plein de bisoux,

Ta petite Lyly

Ma petite Lyly,

Je suis bien contente de savoir tout ça, je vais essayer de faire passer ta lettre à ton père, je suis sûre qu’il sera content lui aussi de voir comme tu as pris la bonne décision. Tu sais comme il aurait aimé que tu deviennes quelqu’un de bien, si toute cette misère ne nous avait pas bousculés et poussés à nous rebeller.

J’ai appris qu’il y avait eu des arrestations récemment (rassures-toi, aucun des tiens n’a encore été pris, je me demande s’ils ne se sont pas cachés quelque part dans les mines) et je suis bien aise de te savoir désormais à l’abri, surtout si tu manges correctement. Essaye aussi de manger de la viande de temps en temps, ou alors du poisson, je crois qu’on peut en pêcher dans le lac en ville.

Je ne comprends toujours pas pourquoi tu ne veux pas de ce si joli prénom que ta maman t’avait donné. Elle doit se remuer dans sa tombe de te voir si déterminée à le gommer de ta vie, il faudra que tu m’expliques un jour ce qui s’est passé, j’aimerais bien comprendre.

Si tu passes du côté de l’orphelinat, va voir la directrice de ma part et dis lui bien comme nous comptons sur elle pour ne pas avoir, en plus, de jeunes enfants à nourrir, c’est déjà bien assez compliqué comme ça, j’en suis rendue à donner des racines bouillies à manger aux pauvres gars qui viennent mendier.

Préviens moi si tu es prise après ta période d’essai, je ferai passer le message.

Je t’embrasse aussi,


Mama Céleste

PS : Le Capitaine Alpert est passé demander de tes nouvelles, tu pourrais peut-être lui écrire un petit mot.

Ma douce,

Je sais que tu m’avais prévenue, mais faut croire que vraiment je voulais pas que tu partes, parce que j’avais oublié que tu devais aller en formation pour plusieurs jours. Du coup, je suis allée chez toi hier soir et forcément j’ai trouvé ton mot. Après ça, j’étais très triste et j’ai failli repartir travailler, mais comme il était encore tôt je suis tout de même allée me promener en ville.

J’ai trouvé des gens que j’avais vus à la caserne, à l’infirmerie, un gars qui savait plus son nom et qui avait eu une visite que j’avais dû surveiller, et une fille du village qui traînait là et qui allait encore s’attirer des ennuis avec un gars qui avait sifflé dans notre direction. J’ai essayé de l’empêcher de faire ce qu’elle voulait faire (je crois qu’elle voulait le « charmer », j’ai pas bien compris) et comme elle m’écoutait pas, je me suis mise en colère et je suis partie vers le port en ronchonnant. Et là, y’a deux personnes qui m’ont poursuivie alors que je les connaissais pas, le gars qui avait sifflé et une femme qui voulait m’aider.

Je sais ce que tu vas dire, que j’ai l’art de me mettre dans des situations impossibles, mais vraiment, je t’assure que je cherchais pas les ennuis, c’est les deux qui m’ont suivie sans que je leur dise rien du tout. La femme, elle a dit qu’elle voulait me mettre en garde contre les gars qui sont « à la recherche d’une aventure », je crois un truc comme ça, elle parlait un peu comme le sous lieutenant, avec l’air de penser que je faisais tout pour m’attirer les ennuis, et puis le gars il voulait mon prénom. Alors je suis restée à discuter avec les deux, un petit moment, puis la femme est partie et le gars m’a proposé d’aller se promener avec moi puisque j’étais triste que tu n’étais pas là, et donc j’ai accepté.

On est allés au port et là il a eu l’idée de prendre le bateau pour voir comment c’était dedans, et tu sais comme j’aime bien découvrir les choses que je connais pas, alors j’ai accepté, y’avait pas d’embrouille et puis il m’a dit qu’il avait passé quelques temps au village, alors on a parlé de ça. Là il m’a dit qu’il cherchait du travail et il m’a demandé comment ça se passait à la Garde et si ça payait bien. Alors je lui ai raconté le service et les patrouilles et je lui ai dit qu’on était bien nourri et que c’était mieux que de rester traîner à siffler les filles en ville.

Après j’ai voulu rentrer pour reprendre le service et là il a tenu à me raccompagner, il a dit qu’il voulait un formulaire pour la garde et me voir en tenue de garde aussi. Alors je suis rentrée à la caserne, je lui ai donné le formulaire et j’ai repris le service. Je sais pas s’il va vouloir être garde mais je pense qu’il va essayer de me revoir parce qu’il voulait pas me lâcher, mais sans être méchant, juste il a dit que je lui plaisais trop et qu’il s’ennuyait tout seul. Il me fait rire parce qu’il parle un peu comme Neal quand il a décidé d’obtenir un truc pas facile à avoir et qu’il fait son sourire charmeur, celui à faire tomber toutes les filles, à ce qu’il croit.

Et puis après, j’ai eu une longue conversation avec un collègue, tu sais, celui qui m’a dit que j’allais trouver ma place et qui est presque comme l’homme parfait tellement il sait faire des tas de choses. Et là aussi, ben je me suis aperçue qu’il avait l’air drôlement seul dans sa vie et que des fois il doit être assez triste, même si il fait plein de choses très bien comme de raconter des histoires aux enfants de l’orphelinat. Je suis sûre que s’il a pas encore trouvé une femme malgré son âge c’est qu’il a pas su regarder parce qu’il est très gentil et doux et je vois pas pourquoi il plairait pas, même s’il est timide. Il faudrait que je te le présente, tu verrais comme il est pas comme les autres.

Du coup la soirée a bien passé et j’ai réussi à être pas trop triste de ton absence, même si je me demande comment je vais faire pendant tout ce temps où tu seras pas là. J’espère que tu m’écriras très vite pour me raconter ce que tu fais.

Je t’embrasse tendrement,

Ton ange

Mon ange,

Après cette lettre et nos retrouvailles tant attendues, je me dois de te dire qu'il n'y a pas de mot assez fort pour te dire combien tu as pu me manquer pendant ce court labs de temps.

Ce stage m'aurait permis une spécialisation dans les soins, tu sais, la Lumière. Du coup je n'ai pas choisi de spécialisation, mon maître prêtre m'a un peu tiré les oreilles. Quand à la boulangerie, je continue. Il faut savoir que c'est un apprentissage assez épuisant, physiquement je me dois de tenir la distance. Le plus difficile reste pour moi de savoir aller au lit raisonnablement, car je ne suis pas habituée et... j'ai tendance à vouloir trainer.

Que dire, j'imagine qu'il faudrait parler de la dernière fois que nous nous sommes vues, tu m'as tellement manqué. Je ne sais même pas si j'ai mal agi, si je dois m'excuser, si j'ai bien fait de me laisser faire, ce que tu penses de tout ça. J'ai un peu peur de m'être emballée trop vite, nous avons pas eu l'occasion d'en reparler. Nous nous voyons si peu... mes horaires m'éloignent de toi, je commence à me dire que je devrais peut être envisager de rejoindre la Garde, au moins lorsque je ne serai pas en apprentissage, je servirai le Roi et je t'aurai à l'oeil qu'en dis tu ?

J'espère te revoir très vite,

Allison.

Mon Capitaine,

Je vous écris de la caserne où je suis bien allée me présenter, comme promis.

J’ai tout bien expliqué comme vous m’aviez dit et j’ai été recrutée par un Sous-Lieutenant et une Caporale. Enfin la Caporale, elle était là pour l’assister et elle m’a donné une gifle mais qui faisait pas mal, c’était pour m’apprendre la justice.

Depuis je suis venue autant que j’ai pu et j’ai bien appris ce qu’il fallait. Enfin, je pense puisqu’on m’a donné un très joli insigne de Soldat !

Grâce à moi les chefs ils ont pu arrêter deux méchants qui embêtaient les citoyens. Je suis sûre que vous vous demandez bien comment c’est grâce à moi. Ben en fait, vous vous rappelez de ma technique pour pas me laisser faire par les plus grands quand on faisait un peu d’entrainement, ben je m’en suis souvenu et je suis passée par derrière pour sauter sur leur dos et serrer leur cou et les empêcher de s’enfuir. Mais rassurez-vous, j’étais pas seule quand ça s’est passé, je suis pas bête non plus, je sais bien que c’était possible que parce qu’il y avait d’autres soldats avec moi.

A la caserne, y’a des jours où y’a pas grand monde, et des jours où ça grouille dans tous les coins, mais j’ai pas encore compris quand c’est le mieux de prendre mon service pour bien apprendre.

D’abord j’ai pas vu le Grand Chef, qui doit être en mission loin je crois, puis j’ai vu une fois le Major, une femme qui a pas l’air très vieille pour être cheffe et qui est venue interroger une pauvre fille de Ruisselune qu’on avait ramassée en ville, je crois qu’en fait c’est elle la vraie cheffe de tout le monde. J’ai vu aussi deux Sous Lieutenant, un homme et une femme elfe, les deux assez gentils. L’homme il m’a dit que je devais pas « abîmer mon potentiel par des amourettes de passage », il a dit ça parce que j’ai fait la réclame pour la Garde un soir et que le gars il était revenu me voir à la caserne une ou deux fois avant de vouloir se présenter. Mais je suis sûre que ça va vous faire bien rire parce que c’est un conseil que vous m’avez donné aussi tellement de fois quand les gars me tournaient autour là bas. Mais je fais bien attention, je sais bien que tout ça c’est des boniments de charmeurs pour m’emmener dans les foins, comme il fait Neal. De toute façon, comme je veux bien apprendre, je traîne pas trop en ville et puis y’a Allison qui me veille.

Ah, d’ailleurs, hier Allison a décidé qu’elle allait venir à la garde aussi, pour peut-être soigner, je sais pas, et elle va passer devant le même Sous Lieutenant que moi pour voir si elle convient.

Sinon, j’ai vu deux Caporales, toutes les deux très gentilles avec moi, aussi un Caporal qui m’a laissé interroger une prisonnière, que j’ai été bien polie avec elle, comme on m’avait expliqué et que je lui ai même offert un verre d’eau pour montrer que « c’est pas des chiens non plus », comme j’ai dit à un gars qui était pas gentil, lui. Il y a aussi d’autres gardes qui sont pas sous-chefs, je les ai pas tous bien vus de près, à part deux ou trois, qui sont pas trop bagarreurs ni trop charmeurs, même des fois plutôt doux et pas du tout comme j’imaginais un garde. Il y en a un qui m’a dit que j’étais belle aussi dedans moi et que je devais rien changer, un autre qui m’a dit qu’il était marin et qu’il me raconterait sa vie, et encore un autre qui aime bien me donner plein de conseils pour mieux faire mon travail.

Voilà les nouvelles que je peux vous donner, mon Capitaine, comme vous voyez, je fais tout pour que vous soyez fier de moi. Et si jamais vous attrapez Neal ou Morian, j’espère que vous penserez à moi pour pas leur faire trop de mal, parce que moi je suis de la bonne graine et peut-être que ça rattrape un peu les autres.


Lysa, soldat Marvaux

Soldat Marvaux,

Lysa,

Votre longue lettre m’a rempli de joie, sincère et profonde.

Je tenais à vous dire que je suis effectivement très fier de vous, et que je n’en attendais pas moins. Je ne doute pas que vous saurez acquérir toutes les ficelles de notre beau métier et que vous nous reviendrez toujours aussi pleine d’entrain mais empreinte d’une sagesse dont je vous sais capable.

A ce propos, vous ne me dites rien de votre affectation. Vous enseigne-t-on bien l’art du renseignement, comme nous en avions discuté ? Il serait dommage que vous ne mettiez pas à profit vos qualités naturelles, tâchez donc d’en parler à vos supérieurs.

Pour ce qui est de votre famille, vous savez comme moi que les agissements des uns n’ont aucune incidence sur la perception que l’on peut avoir des autres. Quand bien même vous deviendriez Commandant d’une garnison, cela n’excuserait pas les agissements de vos frères qui, d’ailleurs, ont entrepris de nous mener la vie dure depuis quelques semaines. Je ne sais où cela les mènera, mais certainement pas là où ils croient.

Menez donc votre vie au mieux et continuez comme cela, Lysa, c’est ce que vous avez de mieux à faire. Et venez nous voir un de ces jours pour nous raconter vos journées, cela nous fera bien plaisir.

A bientôt donc, Soldat Marvaux.

Pour le Roy,

Capitaine Françis Alpert

Ma Douce,

Je savais pas que tu devais repartir dans ton centre de formation, alors j’ai mis un mot dans ton casier quand je suis partie pour voir Neal, mais j’ai compris que tu l’as pas lu et que tu le trouveras quand tu reviendras.

C’est Mama Céleste qui m’avait prévenue, elle avait su que Neal avait été attrapé par le Capitaine Alpert et qu’il allait pas trop bien, alors moi je suis partie en vitesse pour le voir et aussi pour voir le Capitaine Alpert parce que je sais qu’il m’aime bien et que peut-être il m’aurait écoutée pour demander de pas trop embêter Neal.

Mais quand je suis arrivée dans le coin on m’a vite prévenue que Neal s’était échappé et que je devais pas aller me fourrer dans les pattes du Capitaine parce que sinon peut-être il se servirait de moi pour le retrouver.

Alors je suis allée à Ruisselune et là les filles m’ont dit qu’il était en bas, au fond, caché avec les autres, et que si je le voyais que je lui dise qu’elles avaient envie de le voir aussi. Tu sais comme elles sont bêtes avec lui, à toujours vouloir lui dire des trucs que lui il s’en fiche complètement.

Alors je suis allée le retrouver et j’avais pas prévenu que tout allait bien à la caserne, et les autres ils se sont inquiétés. Monsieur Alceste il est allé voir Mama Céleste et elle lui a tout raconté, alors après il a entraîné un ami à lui (très gentil aussi, il veut m’apprendre plein de trucs que je sais pas, je te raconterai une autre fois) et ils sont venus me chercher au fond, là où Neal a construit un petit coin pour lui.

Quand ils sont venus Neal était pas là, mais je discutais avec une dame elfe avec des cheveux tout blancs qui croyait que j’étais perdue et qui voulait absolument aussi me ramener « à l’air libre ». J’avais beau lui dire que Neal m’avait dit de pas bouger, elle pensait que « c’est pas une vie pour une jolie jeune fille comme vous de rester à traîner au fin fond d’une mine ».

Alors Monsieur Alceste il est arrivé, avec Dustin (c’est son ami) et ils m’ont obligée à repartir sans attendre Neal et l’ami il a dit à Monsieur Alceste de me laisser le temps de lui écrire un mot pour pas qu’il ait peur en me voyant plus là.

Après ça on est rentrés, j’étais drôlement fatiguée, mais j’ai réussi à monter sur le toit de la caserne, enfin à côté, parce que Dustin il voulait voir si je me débrouillais bien et là on est restés un peu à discuter de ce que je savais faire ou pas (c’est là qu’il m’a dit que si je voulais il m’apprendrait des trucs que lui il sait et pas moi), et après la Commandante elle a dit que tout le monde devait aller dans la cour, moi j’avais moyenne envie mais c’était un ordre, alors j’y suis allée et on a dû « faire les honneurs » au Major qui partait loin, je sais plus trop où, ni pourquoi.

Moi je savais pas ce qu’il fallait faire alors j’ai fait tout comme le Lieutenant Manus, avec mon épée de garde et je crois que c’était bien. Le Commandant a dit qu’il fallait remercier le Major, parce qu’elle l’avait bien mérité (mais je sais pas non plus de quoi, sans doute de son travail) et je suis allée me coucher parce que j’étais vraiment trop fatiguée.

Voilà, ma Douce, tout ce que je peux te raconter de ma semaine. J’espère que tu apprends plein de trucs, toi aussi, et que tu me reviendras vite.

Je t’embrasse, ton ange,
Lyly

PS : Surtout ne va pas t'inquiéter, maintenant je suis rentrée, tout va bien et il m'est rien arrivé de mal.

Mon ange,

J'espère que tu me pardonneras. Mes formations sont callées si justement que j'ai à peine eu le temps de récupérer mes outils dans le casier, sans même aperçevoir ton mot.

Je cours après le temps. Ce temps qui échappe à mon contrôle. Mes cours s'étirent sur toute la journée, je ne rentre que pour manger, me laver et dormir. Il n'y a qu'à ce moment là que je te retrouve véritablement. Mes rêves me ramènent souvent à ces moments où tu débordes de bonne humeur et à tes éclats de rire. Tu éclaires mes nuits, même loin de moi.

Je ne sais pas quand je rentrerai car j'enchaîne la formation avec le travail en entreprise, je t'écrirai aussi souvent que faire se peut, tu me manques tant. Ces heures d'études sont plus puissantes qu'une double dose de calmant, de somnifère ou de morphine mais je n'ai pas le choix, je dois y participer, au moins les suivre.

Alceste est un homme respectable, j'ai accepté de boire un verre en sa compagnie avant mon départ précipité. Il est moins pénible qu'il ne semble au premier abord. J'ai confiance en lui et ça me soulage de savoir qu'il veille sur toi, je me dis que mon absence te sera moins difficile à vivre ainsi. Oui, je serai moins présente à l'avenir mais je tiendrai au mieux notre correspondance écrite.

A très vite ma petite douceur,

Allison.

Hurlevent, dans la nuit du 24 au 25 du 9ème mois.

Ma Douce,

Avant hier je me suis entrainée avec l’ami de Monsieur Alceste, tu sais celui qui est venu me chercher dans la mine quand j’étais avec Neal, Dustin il s’appelle. Il m’apprend plein de trucs que je sais pas, c’est vraiment bien. Quelles armes choisir, quel genre de poisons je peux mettre dessus, comment me battre ou même comment attaquer les méchants par derrière pour les assommer et les voler un peu tant qu’ils sont pas capables de se défendre.

Il m’a d’abord emmenée dans le quartier louche où il m’a expliqué tous les poisons, un par un, sans se presser pour que je comprenne bien, puis après il m’a emmenée près du petit lac d’Olivia, tu sais, dans les faubourgs de la ville, et il m’a fait faire un petit entrainement, mais pas comme avec le Garde Kérubim, un truc plus fin il a dit, pour que je sois « prête à toute éventualité », comme par exemple quand on ira à la recherche de Sheldon qui a disparu depuis quelques jours à cause d’une « entité » mais j’ai pas très bien compris ce que c’est.

J’ai vraiment adoré ce moment passé avec lui parce qu’il ne me parlait plus comme si j’étais une gamine, peut-être parce qu’il était pas avec Monsieur Alceste, et du coup j’ai eu le sentiment d’être une vraie personne, comme avec toi, et puis il me fait penser à Neal quand il m’emmenait traîner avec lui, et aussi parce que j’ai appris vraiment beaucoup de choses.

Et après on est allés dans un endroit tout sombre, une très grande caverne où il y avait des esclaves et on a aidé à les sauver, enfin lui surtout parce que moi j’avais un peu le don pour attirer sur moi tous les nains aux yeux rouges, et il m’a dit de me mettre dans son ombre et de le regarder faire. Là il m’a aussi laissée tester sa méthode pour assommer plusieurs nains à la suite et ensuite de faire leurs poches des fois qu’ils auraient des trésors. C’était amusant, presque, même si je sais bien qu’en vrai ça l’est pas du tout, mais j’ai vraiment beaucoup aimé être avec lui pour apprendre.

Et là ce soir, on a fait notre travail à la caserne et après on est grimpé en haut d’une tour du donjon (il aime bien grimper aux murs et il me montre comment faire) et on a parlé un peu avant d’aller dormir et il m’a posé des questions sur moi, et puis aussi sur toi parce que je lui ai dit comme tu comptais pour moi et que je voulais pas te faire du mal, alors il a demandé ce qui te faisait mal et là j’ai pas su trop quoi dire, alors il a dit que peut-être ce serait bien qu’il parle avec toi, comme tu as parlé avec Monsieur Alceste qui d’ailleurs te fait dire qu’il aimerait bien te revoir, qu’il pense bien à toi et qu’il « te garde une place dans son cœur » (si, c’est vrai, il a dit ça !) .

Voilà, ma douce, les dernières nouvelles. Tu me manques, j’espère que tout va bien pour toi, écris moi, j’en ai besoin.

Ton ange



Ah et aussi, j'ai revu la petite de Ruisselune, tu sais, Lydith, celle qu'on avait ramassée sur la place et que Sheldon voulait aider, ben elle a bien changé, elle devenue très bizarre et comme vieille et elle m'a dit des horreurs sur Mama Celeste que je vais devoir y aller voir parce que ça m'inquiète.

Mon ange,

voilà quelques temps que tu n'as pas de nouvelles de moi et je sais que tu dois baliser et croire que c'est à cause de ce que tu me racontes dans tes lettres, mais, il n'en est rien. Mon seul malheur est de ne pas avoir la chance de passer plus de temps avec toi. La vérité c'est que je n'ai pas une minute à moi et que tu me manques énormément.

J'ai rencontré d'autres apprentis, pour la plupart des hommes mais c'est de coutume pour ce métier, qui est, je te prie de me croire, plus physique qu'un petit entrainement avec un collègue. D'ailleurs, puisque ce Dustin n'est pas instructeur, est-il vraiment qualifié pour t'apprendre ce que tu dois savoir ? Ou alors, est-ce un de ces hommes qui te tournent autour ?

Promets-moi que tu fais attention à toi s'il te plaît, tu sais que je m'inquiète, en plus je ne peux même pas y mettre mon grain de sel ce coup-ci. En parlant de choses qui fâchent, je ne sais pas ce qui est arrivé à Cooper mais je n'y suis pour rien, je préfère prévenir que guérir, même si je suis formée pour. Tout ceci ne me dit rien qui vaille, j'espère que tu ne feras pas d'imprudence pour le retrouver.

J'essayerai de te revenir bientôt mais c'est loin d'être chose faite avec le boulot qu'on a. C'est incroyable ce que les gens peuvent ingurgiter en période de fête, à croire qu'une personne en vaut trois.

Je sais que je te l'ai promis , alors j'accompagne mon petit message d'une gnomographie qu'on a pris au laboratoire. A ma droite, c'est Paul et à ma gauche Enzo.

Je t'embrasse,

Allison.

PS: Je sais que c'est la fête des Brasseurs, je compte sur toi pour ne pas abuser de la bière, surtout si tu y vas accompagnée d'hommes !

Lyly,

Je prends le risque de t’écrire à la caserne car je ne sais pas ce qui se passe et je m’inquiète.

Tu es passée voir Mama pour, encore une fois, lui poser toutes ces questions auxquelles elle n’a pas de réponse, et tu le sais parfaitement. Que s’est-il encore passé pour que tu ailles l’embêter avec tout ça ? Elle était effondrée, disant que tu ne voulais n’en faire qu’à ta tête et que c’était reparti pour une série de bêtises, elle en était sûre. En plus il semble que tu aies entraîné à ta suite un homme que Mama ne connaît pas, dans quoi t’es tu fourrée encore ?

Je t’ai déjà dit que cela ne servait à rien d’essayer de te souvenir de cette nuit là, si tu ne t’en souviens pas, c’est que tu ne peux pas encore t’en souvenir, qu’il vaut mieux que tu laisses encore un peu cette épreuve dans l’ombre de ta nuit intérieure.

Je t’ai promis et je te promets de nouveau que dès qu’un petit bout de ta mémoire reviendra, je te raconterai tout ce que je sais, mais il est sans doute encore trop tôt. Et puis, à quoi bon avoir les détails de cette nuit là, tu en connais les grandes lignes, non ?

Il avait pourtant été convenu avec le Capitaine Alpert que le mieux était de t’éloigner de chez nous. Tu sais comme cela nous a coûté de devoir nous arranger avec lui, ne m’oblige pas à devoir te ramener moi même en ville la prochaine fois. Je sais qu’Allison a dû quitter la ville, j’aimerais que tu n’en profites pas pour n’en faire qu’à ta tête.

Nous t’avons vengée, et nous te vengerons encore, fais nous confiance. Et je ne veux plus que tu traînes dans le coin comme la dernière fois. Quoi que l’on te dise, il ne sert à rien de venir me voir ou voir les autres, ta sécurité nous importe plus que le reste et cette sécurité passe par ta vie loin de nous encore quelques temps.

Je te connais trop bien, Lyly, tu ne sais pas voir le mal quand il est là. Tu dois rester en ville auprès de tes collègues, apprendre à te défendre et surtout, rester celle que tu es. Je m’arrangerai pour passer te voir un de ces jours, je t’en prie, ne reviens plus par ici.


Neal

PS : Fais moi passer un petit mot pour me dire simplement que tu vas bien.

Neal, je suis désolée de t'avoir inquiété, je suis rentrée à la caserne, on m'a ramenée, tout va bien.

Lyly

Caporale Aubiane,

D’abord, j’espère que vous allez bien là où vous êtes et je vous remercie pour le petit mot dans mon casier, ça m’a fait bien plaisir même si je crois bien que vous vous faites des idées sur moi.

En fait, j’aurais bien aimé vous voir pour vous parler quand je me suis réveillée après la mission dans cette tour, parce qu’avec vous je peux bien dire ce que je ressens et que je sais que vous comprenez, mais vous aviez déjà dû partir alors je me suis un peu échappée pour essayer de réfléchir tout seule.

Je sais que j’aurais pas dû, parce que les gens se sont inquiétés pour moi, enfin pas tous mais certains, mais j’avais vraiment besoin de voir Mama pour essayer de me souvenir, et c’est pas grâce à elle, mais il y a des petits bouts qui me sont revenus et peut-être d’autres viendront, parce que j’ai réussi un peu à en parler.

Je voulais vous dire aussi que le dernier soir à la taverne vous aviez drôlement bien deviné pour les gargouillis, et pourtant je pensais pas qu’il en aurait envie aussi. Moi ça devait se voir que j’en rêvais, puisque vous l’avez deviné, mais pour lui, je me disais qu’il me voyait trop comme Neal me regarde et que jamais ça arriverait.

Mais hier, il est venu me chercher dans les collines, il a été très gentil, il a réussi à me faire souvenir des petits bouts dont je parlais tout à l’heure, mais après comme il me parlait comme Neal avec ses airs sérieux de grand frère, moi j’ai été très désagréable avec tout le monde jusqu’à ce qu’il me propose d’aller me promener après m’avoir cherchée dans toute la ville.

Il a dit que tout de même s’il faisait tout ça c’était pas pour se faire engueuler, mais il continuait de me parler comme Neal, et moi j’avais du mal à être gentille. Alors on est allés se promener et là… Ben en fait j’en avais trop envie alors je l’ai embrassé, enfin non, j’ai montré que j’avais envie qu’il m’embrasse. Et il m’a embrassée, et j’ai eu tout plein de gargouillis, et j’ai su que c’était bien ça qui me faisait envie quand je le regardais, comme vous m’aviez dit.

Alors je suis très contente maintenant, c’est ce que je voulais vous dire Caporale Aubiane, parce que je me dis que ça vous fera plaisir de l’apprendre, là où vous êtes.

Je vous embrasse, Bon courage et à bientôt,


Lysa

Caporale, j'ai oublié de vous dire, pour la lettre, j'ai fait comme vous m'aviez conseillé, mais je suis pas sûre qu'il ait tout bien compris, est ce que vous croyez que je dois lui raconter ce qui m'est arrivé hier ?

Lysa

Centre de formation sentinelle
Cinquième jour du dixième mois de la trente -et-unième année

Darnassus

Ma très chère Lysa,

Ta lettre me fait très plaisir, en fait, elle me fait un bien fou.
Ma formation se déroule plutôt bien ça semble prometteur, je reçois maintes éloges..;enfin on va dire que c'est des éloges car quand un elfe fait l'effort de féliciter en réussissant à décocher un sourire, alors qu'ici ils donnent l'impression d'avoir tous un manche à balai coincé dans le séant...je prend ça pour un éloge...toujours eu du mal avec les elfes moi..autant les nains, ça va tout seul, mais alors les elfes....enfin bref! La nourriture par contre....pas trop ça....à croire que tout ce qui peut amener à l'émerveillement autre que par la nature environnante, c'est le maaaaaaaaal. J'imagine l'outrage si l'envie me prenait d'aller m'installer sur les marches menant au temple d'Elune avec un petit bout de pain frais, un morceau de délice des nains et un petit verre de vin des Carmines...(rien que d'y penser ça me fait saliver!) bon je parlerais donc pas de gâteau au chocolat...

Donc te voilà à gargouiller, ben c'est du propre! Et l'article 22-bis alors t'y a pensé? T'as pas de pitié pour le coeur d'Arenberg toi, sans parler des discours moralisateurs de "tu sais qui". Evite juste de gargouiller à la caserne, reste professionnelle, c'est tout ce que je te demande.

Tu me demande si tu dois lui parler "d'hier"? Je te répondrais qu'il y a deux écoles: celle qui veut qu'on voudrait que l'auteur de nos gargouillis parvienne à lire dans nos pensées, et à "deviner", à comprendre, à savoir sans qu'on ait besoin de parler, et s'y faisant, parvient à susciter notre admiration en nous disant "wah, il est vraiment fort, lui" amenant par là même un papillonnement de cils exagéré (ça marche pour les blondes, testé sur Kéru)...ou alors l'autre école qui dit qu'on doit suivre son coeur, l'ouvrir, dévoiler ce qui est en nous qu'il aura peut etre deviné mais afin d'éviter tout malentendu, perte de temps etc...tu décides de te dévoiler et te mets à nue...(ton coeur hein, pas toi, enfin ceci dit ça, ça te regarde....) Attention, la première école est sujet à malentendus et discordes...quoique les réconciliations quand ceux ci finissent par étre résolus c'est bien aussi....la deuxième, et là je parle par expérience aussi, peut, si ton coeur t'a leurré, finir par te jouer un mauvais tour. enfin, je doute être des plus expérimentée en la matière, je ne fais que te donner un simple avis extérieur.
En tout cas, quoique tu décide, s'il t'aide à retrouver tes "petits bouts" c'est une bonne chose...on a besoin de chaque petit bout dont on dispose pour se sentir entière...je suis moi même à la recherche de certains bouts, plus ou moins petits par contre...tu pourras bientôt à ton tour me donner conseil sur le sujet.

Je sais pas si ça t'aidera, en tout cas, ça me fait du bien de t'écire, j'espère que tout va bien à la caserne et c'est avec hâte que j'aimerais quitter le pays des joyeux drills au sourire franc et rieur et pas DU TOUT coincé du derrière.... et revenir en notre belle citée.

Caporalement,

Aubiane Montagüe

Caporale Aubiane,

Merci de votre lettre, ça m’a fait bien plaisir de savoir que vous alliez bien et que vous allez nous revenir en pleine forme pour reprendre votre travail et nous sauver des soucis qui sont tout de même bien pesants en ce moment.

Pour votre réponse, je crois que vous n’avez pas bien compris de qui je parlais, mais c’est normal, vous avez dû oublier avec qui j’étais le soir à la taverne, vu qu’il avait pas dit grand chose et qu’il nous a laissées parler seules un bon moment, juste après que vous aviez dit justement que peut-être ce serait avec lui que j’aurais aimé avoir ce dont nous parlions. A ce moment là je parlais de gargouillis, mais maintenant je trouve le mot pas du tout adapté parce que ca n‘a rien à voir, c’est bien plus que ça.

Depuis votre départ, j’ai eu des soucis, à cause de tout ça. Alors il y en a qui vous diront que ça n’a rien à voir, mais vous, vous savez bien ce que l’amour peut faire dire comme bêtises, quand on a pas ce qu’on veut ou quand on croit pouvoir aider quelqu’un à obtenir ce dont il rêve.

J’ai cru que j’allais devoir repartir chez moi, ou chercher un autre travail, parce que ca devenait bien trop pesant toute cette histoire. Ca rendait les gens tristes autour de moi, et j’aime pas ça, alors je me suis demandé si je ne devrais pas m’éclipser, d’ailleurs, je suis un peu restée à l’écart, j’espérais que ça se tasserait. Mais chaque fois que je réapparaissais, ça recommençait, alors j’ai fini par craquer et je me suis un peu énervée et forcément ça n’a pas arrangé les choses.

Puis hier après midi je suis allée me promener dans les Terres foudroyées et j’ai compris qu’il y avait des choses importantes, et d’autres qui étaient essentielles. Mon travail à la Garde est une chose importante et je voudrais tout faire pour devenir une vraie enquêtrice. Mais ne pas faire du mal et rendre ceux qu’on aime heureux est bien plus important, c’est même essentiel, alors si le travail à la Garde me permet pas de le faire, ben je repartirai ailleurs, c’est pas si grave.

Du coup, d’avoir compris ça m’a rendue plus sereine. Soit j’arrivais à tout bien concilier, sans faire du mal à personne, soit j’y arrivais pas. Et si j’y arrivais pas, malgré tous mes efforts et toute ma volonté, ben ce ne serait pas une grosse perte si je décidais de faire un autre travail.

Et puis hier soir, tard, j’ai bien discuté avec le Capitaine Hellenlitch dans son bureau, on a parlé de vous, que vous nous manquiez bien, et aussi de tout ça, le travail et la vie, réussir à tout concilier, savoir ce qui est important. C’est une drôle de femme, le Capitaine, elle a l’air toute froide et sans émotion, comme ça, et en fait, elle comprend bien les choses et elle sait bien, elle, ce qui est vrai ou pas dans ce que les gens disent de moi.

Elle m’a expliqué comment je devrais être, moins vive, plus calme, que je devais apprendre à juste hocher la tête plutôt que de parler des fois, que j’étais un bon élément et que j’avais l’air de savoir concilier les choses importantes et les choses essentielles, alors que je devais continuer comme ça et arrêter de trop vivement réagir quand on m’embête.

Alors ce matin, j’ai repensé à tout ça et je me suis promis d’essayer d’être plus calme, de pas me laisser marcher sur les pieds mais sans m’énerver et de tout faire pour être une enquêtrice exemplaire, plus le fait de ne plus jamais rendre malheureux, parce que ça, je trouve que c’est le pire de tout.

Voilà caporale, les petites nouvelles de la caserne.

Prenez soin de vous, je vous embrasse, à bientôt.


Lysa

Centre de formation au combat , Darnassus, le dixième jour du dixième mois de l'an 31.

Chère Lysa,

Ta lettre m'a fait très plaisir. Ca fait du bien d'avoir quelques nouvelles alors qu'on est au loin.

J'avais parfaitement compris de qui tu parlais dans ta première lettre, pourtant ce n'est pas la première fois qu'on me dit que je n'ai pas bien compris quelque chose...cela m'amène à penser que ma manière de m'exprimer est maladroite, mes mots mal choisis...et qui amènent à penser que je me suis fourvoyée.

Peu de temps après avoir rejoint la garde, un homme, un dénommé Michal Loumis qui à l'époque tenait la taverne près de la caserne m'a dit une chose étrange...il m'a dit "Vous changerez...ils changent tous quand ils rejoignent la garde" Ma première réaction fut de certifier que je ne changerais pas, que je resterais telle que je suis...et pourtant, en y réfléchissant bien, je ne peux m'empêcher de penser que nous avions tous deux raisons, et tous deux tort...une partie de moi est restée la même, mais l'autre a bel et bien changé. Ce métier est un métier qui nous confronte non seulement aux autres, mais aussi à nous-même. Chaque jour est une expérience nouvelle, et nous sommes tous les fruits de ces expériences qui font notre histoire.

De tous, tu es sans doute celle qui me ressemble le plus...du moins à celle que j'étais à mon arrivée. Mais tu n'es pas moi et je sens que tu sauras garder une plus grande partie de toi telle que tu étais, telle que tu es encore. La capitaine quand à elle, me semble de ces femmes d'honneur, qui se font un point d'honneur d'être ce qu'on attend d'elles, de ces femmes qui "en ont" comme disait mon grand-père, une femme intelligente qui a vécu son lot d'expériences pour être celle qu'elle est aujourd'hui, sans oublier cette partie d'elle qui devait être humaine et qu'elle dévoile avec parcimonie. si un jour je parviens à maîtriser mes passions, c'est à ce genre de femme, que j'aimerais que cette autre partie de moi, puisse un jour ressembler.

Je suis heureuse de savoir que tu as choisis de rester, la garde a grandement à gagner de t'avoir comme enquêtrice et je suis quasi certaine que toi aussi tu auras beaucoup à y gagner.

Pour ce qui est des tensions, des remarques, dont tu as fait l'objet, la douleur que tu as pu causer, il te faudra t'en remettre au bon sens de chacun, y compris du tiens...cela prendra le temps qu'il faudra, mais le bon sens finira par primer. Les conseils de la capitaine, tout comme ceux que j'ai pu t'offrir, ne sont que cela...des conseils...ce sera à toi de choisir d'agir comme toi, tu le pense juste.

En ce qui me concerne, j'ai cru que ma manière de tirer était des meilleurs, les elfes ici le jugent assez... grossière...et ont le chic pour vous le dire avec un de ces dédains, dont ces fichus elfes ont le secret...cette fois, je ne me suis pas emportée...j'ai su ravaler ma fierté...écouter ce qu'ils avaient à m'apprendre...à savoir tirer, tête haute, le nez en parfaite alignement avec les deux pouces...avec un profil avec l'orteil gauche parfaitement perpendiculaire et pédicuré avec le menton, le tout bien sur après avoir jeté un brin d'herbe ou du sable en l'air pour calculer la direction du vent et sa force, sauf que dans des montagnes rocheuses ça marche par avec un caillou...et bla bla bla et bla bla bla....oui bon j'exagère un peu mais c'est un peu ça....par contre, après en avoir mis deux à terre lors de notre dernier entraînement, l'une à à coup d'arc au foie, au visage, l'autre au ventre et au genou....nous en sommes, elles et moi, car oui, cerise sur le gâteau, mes instructeurs sont pour la plupart des instructrices..quoique ça aide....bref nous en sommes arrivées à la conclusion que leur méthode d'utiliser l'arc garde une certaine élégance au combat, certes...l'autre inspiré de certaines tribus trolls, toute aussi grossière puisse t elle être, non seulement me permet de faire mouche sur les cibles en mouvement...reste assez efficace, surtout en corps à corps, quand la distance n'est plus un allié.

Assez parlé de ma formation, qui devrait se terminer ces jours ci. Il me tarde de te retrouver, toi, Kéru, Dustin, Cooper et certains autres qui ont su rester simples, eux même, ou simplement garder une tête et des chevilles de taille normale.

A très bientôt,

Aubiane Montagüe

Allison,

Cela fait bien longtemps que je n’ai pas eu de tes nouvelles et aussi que je t’ai donné des miennes, mais tu vois, c’est vers toi que je me tourne quand ça ne va pas trop bien.

J’aurais dû t’écrire avant, parce que j’avais bien des choses à te raconter, des choses plutôt bien comme le fait que je suis passée Garde, ou que j’ai eu les félicitations du Lieutenant Manus, mais là ce matin, j’étais tellement triste, j’avais tellement besoin de parler à quelqu’un à qui j’aurais pu tout dire, que je me suis dit que je devais tout te raconter d’un coup, même si je sais bien que j’aurais déjà dû depuis un moment te parler de lui.

En fait, tu sais, l’ami de Monsieur Alceste, je suis allée souvent avec lui pour m’entraîner, et on s’entendait tellement bien tous les deux, que je suis tombée amoureuse de lui, mais sans lui dire. En fait, si je ne t’en ai pas parlé avant c’est parce qu’on avait rien fait, tu vois, même pas s’embrasser, ou si une fois, mais y’a pas longtemps.

Et puis un jour je l’ai emmené voir le village de Gilnéens qui s’est installé dans les terres foudroyées et j’étais contente parce que, enfin, il m’avait parlé de sa vie d’avant et j’ai compris pourquoi il était si réservé et si loin de moi. C’est parce qu’il avait eu une femme, enfin pas marié mais une femme quand même qu’il avait beaucoup aimé et qui lui manquait. Mais il m’avait dit que c’était le passé, vu qu’elle était morte à Gilnéas et qu’il était content de m’avoir rencontrée, que je lui ressemblais un peu, en plus jeune et aussi en plus vive, il a dit. Moi ce jour là j’étais contente qu’il me parle enfin et je lui avais dit que je pensais que je l’aimais, même si je sais bien que ça pouvait pas être aussi fort que sa femme, vu que je le connaissais pas vraiment et puis qu’on avait pas encore dormi ensemble, enfin si, sur les toits de la ville, deux ou trois fois, mais tu vois de quoi je parle. On l’avait pas fait encore, même si tout le monde à la caserne avait l’air de croire que si.

Alors pourquoi je suis triste, tu te dis. Ben c’est à cause d’hier soir, on est partis en patrouille tous les deux, et il a voulu me dire un truc que j’aurais jamais imaginé. Il aurait dû être très content parce qu’il venait d’être nommé garde et je comprenais pas pourquoi il avait pas l’air de l’être tant que ça. Et là il m’a dit qu’en fait, sa femme de Gilnéas, elle était enceinte de lui quand elle est morte, et qu’il y pensait de temps en temps et que là, d’avoir été nommé Garde le jour où ça aurait sans doute été le jour de l’anniversaire de son enfant, ben il y avait repensé et que ça le rendait un peu triste.

Moi, qu’il me dise ça comme ça, là, alors que j’étais si contente pour lui, ça m’a assommée et je me suis sentie tellement bête et inutile par rapport à tout ce que je ne sais pas de lui que j’avais plus qu’une envie, me cacher loin du monde, et de lui. Et lui, au lieu de comprendre que ça me rendait très triste, il a cru que je faisais la tête pour rien, par simple jalousie ou par caprice. Il comprenait pas du tout comme ça me donnait le sentiment qu’il m’avait menti quand il m’avait parlé de sa vie d’avant, parce qu’il avait eu l’air de dire qu’il s’était pas passé grand chose entre eux, alors que là il venait de me dire qu’il aurait dû avoir un enfant d’elle.

Alors j’ai pas su quoi lui dire, j’étais trop triste, lui il aurait voulu que je le console, ou je sais pas quoi, mais moi, j’étais trop triste pour dire quoi que ce soit, et je vois vraiment pas du tout ce que je vais bien pouvoir lui dire quand je le reverrai. Je me sens trop bête, trop loin de tout ça, il m’a dit que peut-être je serai celle qui lui donnerait cet enfant qui lui faisait tant envie, mais moi, qu’il me dise ça, ça m’a donné le sentiment que j’étais là pour la remplacer et c’était encore plus dur à entendre parce que je sais bien que j'y arriverai jamais.

Enfin voilà, je me sens bien seule aujourd’hui, et je me demande bien comment je vais réussir à pas me trouver nulle devant lui à cause de tout ça.

Tu me manques,

Lyly

Tendre petit ange,

Je commençais à croire que tu m'avais oublié et la joie que j'ai eu à découvrir ta lettre s'est envolée pour laisser place à la peine de sentir ton désarroi.

Tu sais que de te savoir malheureuse m'insupporte, en plus à cause d'un homme qui, si ça se trouve, n'en vaut pas la peine. Je m'inquiètais de t'avoir laissée seule si longtemps, dans la fosse aux lions, et maintenant je ne peux m'en prendre qu'à moi même. Peut-être que je devrais mettre un terme à ma formation pour te revenir plus vite et mieux prendre soin de toi. Il m'entendra celui là, pour le mal qu'il t'a fait. Je le ferai léviter et tourner en l'air jusqu'à ce qu'il vomisse, meurt, ou pire ! Qu'en penses tu ?

Tu sais, mes journées sont si longues que je n'en vois plus la fin. J'enchaîne cours, boulot et ravitaillement sans vraiment récupérer. Je suis sûre que tu me verrais, tu trouverais que je ressemble à une non-morte, l'odeur en moins.

Tu sais, si j'ai un conseil à te donner en attendant, tu devrais réfléchir à ce que tu veux vraiment de cette relation amoureuse, récente, et qui te fait déjà tant de mal. Cet homme n'est peut-être pas fait pour toi. Fais attention, je t'en prie.

Tendrement,

Allison

PS: Tu me manques énormément, il ne se passe pas un jour sans que mes pensées te rejoignent.