Dans l'entourage du Roy.

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Message par Lucy-Ann Delavey Lun 7 Nov 2011 - 10:29

La route qui menait au donjon s’étirait en longueur. Depuis déjà dix minutes Lucy-Ann luttait pour ne pas s’effondrer en larmes, de honte, et tâchait de faire bonne figure, répondant vaguement à ses tentatives de conversation, mais sans y parvenir, le cœur n’y était plus.

Lui par contre, qui disait ne pas être bavard, ne cessait de parler, de tout et de rien, du temps, des affaires du Royaume, de la guerre, des Orcs. Il cherchait à meubler le silence qui s’était installé entre eux devant le lac des Carmines et se démenait pour ne pas montrer son malaise.

Mais si, en temps normal, comme il sied aux personnes de qualité, elle aurait joué le jeu de la conversation banale, ce soir elle ne pouvait tout simplement pas. La honte l’avait envahie à l’instant où il lui avait suggéré qu’il était tard et qu’il ferait bien de la ramener.

Comment avait-elle pu s’abaisser ainsi, se jeter carrément dans ses bras, quémander un baiser et même plus, lui dire ces mots dont elle se refusait maintenant à croire qu’elle les avait chuchotés. Elle n’en revenait pas, se remémorait la soirée, essayant d’y trouver un signe qui aurait pu l’excuser. Trop de vin, un geste de sa part, une invitation cachée, un regard, quelque chose qui lui aurait donné le « droit » de se conduire ainsi.

Mais non, rien, absolument rien. Elle s’était jetée à sa tête, ni plus ni moins, comme une vulgaire fille de ferme en mal de romance. Pire encore, elle avait osé dire son désir de lui. Jamais plus elle n’oserait affronter son regard. Jamais plus elle n’oserait même lui parler du temps qu’il fait ou des affaires du Royaume. La honte de s’être ainsi dévoilée, au cours d’une première soirée, alors qu’elle le connaissait à peine, lui paraissait insurmontable.

Ils arrivèrent en face de la maison Delavey, aux abords du patio dans le donjon, elle fuyait son regard , tandis que lui cherchait apparemment à s’assurer qu’elle allait bien. Il semblait tout aussi confus qu’elle, mais probablement de devoir parler seul.

Elle écourta les adieux, se contentant d’un signe de tête et d’un merci, presque froid et distant, tentant maladroitement de ne pas lui montrer à quel point elle se sentait honteuse et fautive.

Au moment de passer le seuil de la porte de la maison, elle se retourna et avec beaucoup de tristesse et d’émotion dans la voix, murmura un « Et merci pour les fleurs, elles sont ravissantes ». Lui restait planté devant la porte, sans voix, troublé, mais sans doute de gêne d’avoir dû la ramener à la raison. C’est ce que pensait Lucy.

Elle se dépêcha d’aller se coucher, défit son chignon et rangea sa robe dans l’armoire remplie de toilettes en tous genres. Au moment de faire glisser la robe sur ses hanches et ses jambes, elle crut se souvenir du contact de ses mains sur sa peau nue, dans le dos. C’était ce contact qui l’avait électrisée et pousser plus avant, elle s’en souvenait à présent. Ce pourrait-il qu’elle ait rêvé cette chaleur, cette sensation douce et ferme qu’il la désirait, cette évidence qui l’avait assaillie à ce moment là, elle devait être à lui et le lui signifier.

En éteignant la petite lumière de table dans la chambre, elle éclata enfin en sanglots, longs et douloureux. Elle ne se reconnaissait pas. Le baiser sur les remparts lui revint en mémoire, avec violence. Jamais elle n’avait ressenti une telle énergie en elle. Cette incandescence qui l’avait emportée et lui avait presque fait perdre connaissance ne pouvait pas avoir été vraie.

D’ailleurs, elle s’en souvenait à présent, elle pensait bien avoir rêvé, en cette fin d’après midi la veille. Elle en avait été rassurée du fait de sa présence à 20h30 précises devant chez elle. Mais cela ne prouvait rien. Il l’avait bien invitée à diner, certes, mais ce qui s’était passé sur les remparts n’avait pas eu lieu. Tout cela était une illusion de ses sens, une attitude de midinette, une réponse à la solitude émotionnelle qui était la sienne depuis trop longtemps, un rêve, tout simplement. Et de ce fait, son attitude aux Carmines était impardonnable, inexcusable, indigne d’une femme de sa qualité.

Elle eut du mal à s’endormir, se morigénant sans cesse, s’accusant de mille maux, de mille hontes, et se promettant de ne plus jamais agir de façon aussi inconvenante. Au petit matin, n’ayant que très peu dormi, elle lui adressa un courrier d’excuses, presque aussi froid qu’un courrier officiel. Puis elle se dépêcha d’aller à la Chancellerie pour prendre quelques dossiers. Le mieux à faire, dans ce genre de situation, était de se jeter à corps perdu dans le travail. Le Procureur avait parlé d’affaires anciennes, mémorables et intéressantes à étudier, elle passa sa journée à étudier les archives de la Chancellerie, déterminée à devenir un Conseiller exemplaire.

Lucy-Ann Delavey
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