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À l'ombre du sépulcre

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Message par Kaerev Schiatomb Mer 9 Mai 2012 - 18:41

Annonce HRP


Ce sujet "rpg" à proprement parlé, a pour but de se focaliser sur le déroulement de l'ascension du fléau en Lordaeron, et ses conséquences. Puisqu'il est une pièce central du BG de certains personnages (cf. Laure/Kaerev etc...), il a un impact dans notre roleplay, en tant que mémoire resurgissante, et détient donc une importance toute particulière.

Si vous souhaitez rejoindre ce roleplay, aucun problème - tâchez simplement d'alerter un des organisateurs au préalable (Laure ou moi), histoire d'arranger le rôle de votre personnage dans le déroulement. Il s'agit de rentrer dans le cadre spatial et temporel du roleplay. Gardez en tête cependant, que si vous décidez de faire intervenir un de vos personnages rp dans ce texte, cela aura, naturellement, un impact sur son bg et donc sa manière de se comporter, ses souvenirs, ses actes, etc.

Personnages principaux :

- Laurelinn Hellenlicht : capitaine de l'armée attachée à Stratholme durant les événements
- Kaerev Schi'atomb : membre de la délégation d'argent - guerrier de la main d'argent
- Scott Frederik "Fritz" Fritzgerald : dirigeant de la délégation d'argent - guerrier de la main d'argent.
- Anders Arthur Carter : membre de la délégation d'argent - guerrier de la main d'argent
- Eugène Grayson : membre de la délégation d'argent
- Jalec Delgrad : Chevalier d'argent
- Warren Faust : Chevalier d'argent
- Vast Von Zelkhan : Thaumaturge du clergé, et chercheur sur l'épidémie fléautique
- Anatoli Van Shaft : Lieutenant de la main d'argent - attaché à Stratholme

Personnages secondaires :

- Capitaine Mc Clader : Capitaine attaché à Stratholme durant les événements
- Sergent Karl Shuler : Sergent de corps d'Hellenlicht
- Lieutenant Serak : Lieutenant de la main d'argent


Souvenirs d'autrefois

*****

Voilà trois jours que mère est morte. Le crieur est venu me porter une lettre aujourd’hui, annonçant sa disparition. Je n’ai pas sut que dire. Sans doute ai-je balbutié quelques mots à peine audibles, tremblé imperceptiblement des lèvres, et renvoyé au pauvre homme un regard vide et creux. Je savais sa santé précaire, et mon départ précipité dans l’ordre de la main d’argent avait probablement eut l’effet d’un heurt en pleine poitrine chez la pauvre femme, d’un aiguillon perfide venu crever son cœur. Je m’en veux…Je m’en veux tellement. Quel fils digne de ce nom aurait abandonné sa mère ainsi, dans une petite chaumière de Lordaeron, alors que la tempête arrive ? Je sens le poids des remords, ce fardeau si amer, qui étranger à mes sens jusqu’à ce jour, vient aujourd’hui écraser mes frêles épaules. Ma pauvre mère…

Peut être est-ce mieux qu’elle rejoigne les terres de nos ancêtres aujourd’hui…Qu’enfin elle connaisse le repos dans les paisibles cimetières…car les temps changent. Je peux humer le courant de la tempête, qui vient habiter chaque demeure…L’ambiance, tendue, électrique…Elle asphyxie, empoisonne. Chaque heure du jour comme de la nuit, semblent habitée par son aura macabre et mortifère. Le chien hurle dehors, dans l’après-midi écrasée par un silence trop présent. L’hirondelle vole bas, et le cheval se cabre. Quelque chose de néfaste rôde sur ces terres…Est-ce lié aux récentes découvertes de notre Prince ? Je l’ignore.

Mais je le sais…quelque chose arrive. Et elle arrive à toute allure. Le soleil lui même semble abandonner ces belles terres fleuries. Les nuages à l’est ont chassés le beau ciel bleu, et le fiel semble ramper d’entre les bois jusqu’à nos yeux aveugles. L’odeur immonde de la chair moisie suinte hors des caveaux humides, et fait frémir nos narines ; ces miasmes immondes qui tordent nos tripes, et font cracher sur le sol une bile acide et nerveuse. Un voile se tire sur nos belles terres du Nord ; un voile sombre comme la nuit que la plus puissante des lumière ne saurait outrepasser…Je ressens déjà sur ma nuque le souffle glacial d’un passé qui nous rattrape…Mais qu’est-ce ? Le malaise est désormais ambiant…et bien que de nombreux semblent se voiler la face et fuir vainement la vérité, je vois déjà l’ombre du sépulcre s’étendre jusqu'à nos pieds.

Quoique ce soit…Nous ne sommes pas prêt. Personne ne l’est.

L'ombre arrive...


Dernière édition par Kaerev Schiatomb le Dim 31 Mar 2013 - 19:25, édité 6 fois
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Message par Gwaenadynn Farral Sam 12 Mai 2012 - 12:20

Le viel homme essuya ses doigts noueux sur son pantalon parcourant ses filles en visite en sa demeure du regard,sa femme et ses deux fils mangeaient tranquillement,mais dans un silence éloquent tous les regard étaient tournés,plus ou moins directement vers les deux citadines,même ceux qui faisaient mine de trouver un profond intérêt à la miche de pain.

La famille était attablée autour d'une massive table en chène dans le salon des Farral comme une étrange communion éclairée par quelques bougies chancelante la soirée déjà bien avancée.Gwaennola et Gwaenadynn sa jumelle avaient beau ne pas être ses filles de sang mais le fruit d'un cuissage du sinistre baron avec sa femme,William Farral les avaient acceptées et aimées d'un amour de père que les jumelles lui rendaient bien.

Le sinistre baron Barov avant de devenir le monstre qu'il était actuellement ou n'allait pas tarder à devenir avait, pour calmer sa harpie,à contrecoeur pour Gwaennola qu'il appréciait,aimait même quand il avait encore un coeur pour son courage et sa maitrise des armes,et sans regrets pour Gwaennadyn qui n'était pour lui qu'une scribouillarde inepte ressemblant par trop à sa femme, jugé bon de placer les jumelles chez cette famille,pour leur apprendre l'humilité et surtout avoir la paix avec sa mégère qui voyait logiquement dans les jumelles un affront et un rappel vivant.

Avec le temps malgré la blessure imposé à la fierté de chaque homme en pareil cas William Farral avait pardonné à sa femme et plus qu'adopté ses deux petites, ayant du reste pendant la grande guerre récolté une méchante blessure, bien physique celle la, mettant à mal ses génitoires et compromettant sa descendance.
Cela lui valait quelques railleries bien sûr mais les gars de Comté de Darrow n'osaient pas trop se moquer ouvertement de ce robuste gaillard, instruit,redevenu paysan par choix et amour de la terre après de brillante études à Stratholme.

Il se leva ouvrit simplement la porte qui donnait sur la nuit et s'accroupit,restant bien que dehors à quelques mètres d'eux sur le seuil à l'entrée du champ.
Il prit doucement une poignée de terre,un peu sèche en ce début d'été et l'émietta dans sa main restant à leur tourner le dos regardant la nuit de Lordaeron,plutôt claire ce soir éclairant le fruit de son travail, des sillons bien fait et productifs.


-Qu'est ce qui se passe,mes filles?

Il avait posé la question sur un ton calme, mais ferme, les jumelles ne s'y trompèrent pas et y vire l'autorité masquée qu'elle contenait comme si il s'agissait des mots du Baron lui même.
Gwaennola elle,savait... cela lui avait valu la question,sa soeur l'avait appris mais n'avait rien pu faire pour l'en empêcher, elle avait,contrairement à sa soeur qui n'avait plus rien à voir avec son sinistre père depuis près d'une décénie, par trop tarder à couper les liens avec son ancienne et sinistre famille.
Le prêtre exorciste était venu et n'était pas venue seul, mais elle était vivante et même sa soeur ne savait pas ce qu'il s'était passé elle refusait obstinément d'en parler.

Ainsi fit elle avec celui qu'elles considéraient comme leur vrai père...Bien que Gwaennola garda encore des restes du vieux baron dans son coeur la ou sa soeur n'était que rejet.

Willam Farral esquissa un sourire,le silence de Gwaennola ne le surprit pas et il senti confusément qu'elle savait quelles sombres horreurs se tramaient dans les entrailles du chateau mais qu'il n'en tirerai pas un mot, aussi se tourna t il directement vers sa soeur.
Gwaennadyn elle désormais première magistrate de Straholme n'avait que la pile de dossiers qui s'accumulaient sur son bureau rapportant des faits étranges, des plaintes de fermiers, des faits étranges et des témoignages de morts qui marchent trop nombreux pour être ceux de simples ivrognes.
Puis il y'avait la main d'argent,les morts qui marchent n'étaient un secret pour plus grand monde,mais les fermiers sont tous les mêmes partout...

Ca n'arrive que chez les autres, pas chez nous...

Et il y'avait les soldats du prince de Lordaeron qui fouillaient la contrée, mais pour les habitants les raisons de leur présence malgré les rumeurs des voyageurs restaient assez floues et les gens avaient tendance à balayer ses rumeurs d'un geste de la main,teinté de conjuration du sort...

Oui Gwaennadynn avaient parcouru de nombreux dossiers troublants,de bêtes sacrifiés, parfois de gens, d'un mystérieux culte dont les gardes avaient saisi un peu de propagande... mais qui se dévoilait assez peu.Sa soeur lui avait laissé pensé que l'origine de ce culte n'était rien de moins que le château de leur géniteur,et plusieurs éléments comme la présence des soldats semblait le confirmer,mais elle resta un bon moment silence,calme et posée puis commença à résumer à sa façon de lettrée, précise, synthétique mais pas laconique les dossiers du moment.

Le vieux fermier se contenta de hocher sobrement la tête pivotant pour faire face à sa famille, parfois une grimace de tristesse à l'évocation d'un ami retrouvé mort,ou même des bêtes servant à quelque rituel impie.
Son visage se fit ouvertement soucieux il tourna la tête vers la silhouette noire du château,trônant au milieu du lac, mais se contenta d'écouter sa fille adoptive.

"Ses gens la ne nous apporterons que du malheur,vous êtes la seule bonne chose qu'ils pourront jamais apporter à ces terres,mes filles"

Même la silencieuse Gwaennola esquissa un sourire à ces mots et le vieux fermier avant de les prendre dans ses bras se retourna pour regarder son champ, pensif.

Il contempla la nuit de Lordaeron...la longue nuit.

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Message par Kaerev Schiatomb Sam 12 Mai 2012 - 14:37

"Herk...Encore ça !"

C'était un vrai carnage. Un bouillie infâme de chair et de tripes répandue sur le sol, où reposait ça et là quelques ossements - ou du moins ce qu'il en restait - et bout de viande déchirés. On pouvait notamment apercevoir un reste de cage thoracique qui avait été abandonné non loin du sinistre spectacle. Le sang avait été répandu en de longues lignes droites sur le sol. Le buste avait été retrouvé en miettes, à une certaine distance des jambes, ce qui laissait imaginer ce que la bête - où quelque soit la chose qui était responsable d'une telle boucherie - avait réservé au pauvre paysan Lordaeronnais.

L'oeil torve, le visage figé dans l'expression d'horreur peu commune de ceux qui se font dévorer vivant, ce qui restait de Kleim Operth semblait observer fixement les quelques soldats penchés sur sa dépouille. L'un, une petite tête blonde au regard sévère, était accroupis près de la pair de jambe arrachée, qui répandait joyeusement son liquide cramoisi sur le plancher usé de la maison. Un autre aux longs cheveux et à la barbe noire, debout cette fois ci, était appuyé contre la porte qui, ironiquement semblait intacte, elle. Un troisième larron pouvait être aperçu à vomir sa bile par la fenêtre, qui avait été ouverte pour l'occasion, ainsi que pour aérer la puanteur abject qui rôdait dans la mansarde.

L'agaçant bourdonnement des mouches, qui virevoltaient en essaim au dessus des restes "charnels" du paysan, venait rajouter une note sordide au sinistre tableau, qui l'était déjà bien assez. Cela devait faire plusieurs heures que le bonhomme avait été attaqué, et les insectes n'avaient pas perdus leur temps. La première couche de peau - là où il restait de la peau tout du moins - avait déjà été considérablement attaqué par les assauts répétés des mouches, et commençait déjà a recevoir la visite indésirable de quelques vers grouillants.

Un quatrième bonhomme rentra d'un pas hésitant dans la maison, le teint livide, et vint s'accroupir à côté du blondinet, qui continuait de détailler les traces laissées sur le cadavre.

"Alors ? Une attaque d'ours sauvage tu crois ?"

Le blond adressa un regard passablement ennuyé au nouvel arrivant, manifestement agacé par son manque de bon sens.

"Les ours ne suivent pas les paysans jusque dans leurs chaumière pour les démembrer, leur arracher les os et sauvagement leur ouvrir la panse pour en sortir leurs tripes Carter...Et il n'y a pas d'ours ici durant cette période de l'année."

Carter déglutit difficilement, pâlissant de plus en plus, au fil de la description plus ou moins alléchante de l'historique du paysan pendant les dernières heures.

"Non...j'aurais plutôt dit cette troupe de maraudeur que recherche le lieutenant Serak, depuis plusieurs bons mois déjà. Tu pense pas Kae' ?"

Le blond s'adressait au gaillard brun appuyé contre le mur, la mine renfrogné, faisant manifestement de grands efforts pour garder les yeux sur le cadavre en charpie. Celui ci émit un grognement plaintif, puis dit d'une voix banche.

"Aucun homme ne pourrait faire une telle chose Fritz, aucun..."

Le blond eut un petit ricanement, reportant son regard sur les loques humaines.

"Oh si tu savais bonhomme...Il y en a des pas mal dans le genre...Comme Stragakov le boucher, par exemple...Mais t'es nouveau dans le coin; tu peux pas en savoir grand chose sur jusqu'à où la Nature humaine peut nous pousser. Au moins tu arrive a garder ton estomac en place...Pas comme Grayson."

Le blond désigna du menton le dénommé Grayson, qui continuait de rendre gorge par la fenêtre sans fin apparente. Kaerev eut un hochement de tête peu assuré. C'était une bonne chose que l'effroi soit suffisamment atroce pour nouer son estomac fermement, et l'empêcher d'aller tenir compagnie à Grayson devant la fenêtre. Il devait rester fort; et afin de le rester, il fallait qu'il projette l'image d'un gaillard fort et sans faille. C'était là la clé, lui avait dit son père, quelques années auparavant. Jusqu'à maintenant, il s'était pas trop mal débrouillé, mais les derniers jours avaient été rudes. En outre, les trois dernières semaines avaient regroupées plus d'une quinzaine d'agression relativement similaires à celle d'aujourd'hui, et il s'en était fallut de peu pour que ses nerfs ne lâchent pas devant ce défilé d'horreur quotidien.

"J'aurais plutôt pensé aux récentes rumeurs qui grondent en ville, Fritz" dit Kaerev, se décollant de son mur, pour venir observer d'un oeil grimaçant les restes du bonhomme.

"Les morts qui marchent ? Paah ! Un ramassis de balivernes divulgué par un groupe d'imbéciles qui se sont donnés le mot. Les morts ne marchent pas Kaerev...Les morts dorment."

"Certain semblent penser tout autrement."

"Bah...Appelle moi sceptique, mais je préfère mettre ça sur le compte d'une bande de truand qui a réellement existé, plutôt que sur celui d'une semi légende de racontard des rues."

"Fritz...Les morts qui marchent sont réels. Les rapports des investigation du Prince ne mentent pas."

"Boarf...Il est impressionnable comme garçon."

Nouveau bruit de gerbe déversée sur le sol de la ferme. Carter avec rejoint Grayson dans son activité; l'encadrement de la fenêtre n'avait jamais été aussi rempli. Fritz soupira, jetant un regard aux deux soldats pliés en deux, et se releva d'un geste las. Il lança un regard rapide aux alentours. Une mansarde dévastée, dont le plancher était couvert du sang de son propriétaire, les meubles fracassés, le lit éventré, un cadavre déjà a moitié pourri..."Une journée de travail comme les autre" aurait-on put dire, vu les derniers jours. Les événements avaient été très flous, mais c'était succédés à une vitesse ahurissante. Peut être que le jeune barbu avait raison après tout; peut être que les morts qui marchent n'était pas qu'une histoire de roturier qui circulait en ville, mais un fait véritable...

Fritz secoua la tête. Il était inutile de tirer des conclusions trop hâtives. Le temps finirait bien par leur dire qui était à l'origine de quoi.

"Prenez vos affaires, et préparez vous a partir, on a encore beaucoup a faire."

Carter extirpa sa tête de l'encadrement de la fenêtre, et fila en vitesse hors de la maison, Grayson à sa suite. Kaerev fixa Fritz, alors que celui ci s'apprêtait à franchir le seuil de la porte a son tour.

"Pas de sepulture pour ce malheureux ?"

"Pas le temps; il reste pas grand chose a enterrer quoiqu'il en soit."

"Ne devrait-on pas le brûler ?"

"Le brûler ?" Fritz éclata de rire. "Pourquoi faire ? C'est pas comme si il allait se mettre à marcher !"

Ainsi Fritz sortit de la maison, un petit rire s'échappant dans un gargouillement de sa gorge, alors qu'il passait outre les jambes arrachées du paysan. Non...il ne marcherait plus. Kaerev lança un regard noir au blondinet, inclina gravement la tête face au cadavre, puis sortit a son tour, l'air morne.

Quelque chose n'allait pas du tout dans cette campagne. Et ce n'était que le début. Il en était persuadé.
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Message par Laurelinn Hellenlicht Dim 13 Mai 2012 - 15:36

"Sind sie sicher?"

La femme officier assise derrière la table toute simple avec pour simple ornement un encrier et une plume derrière lequel trônaient conjointement la bannière du 8e d'infanterie de Stratholme et la bannière de Loardaeron détaillant l'homme d'un air sévère et méfiant volontairement accentué pour créer le malaise chez son interlecuteur et elle y arrivait très bien...

Gernott Hochwald n'était pas non plus ce qui se fait de plus courageux au monde et le conducteur de charette refermait nerveusement ses doigts sur son chapeau mou sous le regard sévère de cette grande rousse au charme certain totalement occulté par sa mine presque courroucée comme un chef d'orchestre dérangée en pleine répétition par un balayeur.


"Vous êtes sûr de vous? " répéta patiemment Laurelinn avec ce mélange d'agacement qui fait bien sentir toutefois que cette patience à ses limites.

"Gewisser Leutnant ! totalement sûr ! elle ne m'a pas reconnu pour sûr et elle avait l'air si ...si pale !"

L'homme mima un teint livide du mieux de son talent,c'est à dire pas grand chose passant sa main devant son visage avec une mine effrayée.Elle agita la main pour faire cesser ce manège mais on sentait poindre dans ses yeux un intérêt naissant.

"Soit soit et pourquoi ne pas aller voir la Garde? vous êtes dans un camp militaire" elle désigna les murailles visibles du camp avec un air insistant fixant à nouveau l'homme.

Celui ci se dandinait un peu maladroitement d'un pied sur l'autre,dans son esprit un peu étroit il n'avait pas jugé bon de se munir d'une excuse,cela éveilla d'autant plus l'intérêt de Laurelinn..elle soupçonnait un petit traffic type contrebande qui poussait l'homme à éviter que la garde se penche de trop près sur ses affaires,et semblait trop effrayé pour avoir songé à se munir d'un baratin décent avant de venir la trouver.
Elle le regarda et soupira étalant ses longues jambes avec une certaine grâce non calculée,se mettant simplement à l'aise pour réfléchir sans toutefois être vautrée sur sa chaise.Elle regarda l'homme et lui désigna la chaise en face d'elle d'un geste ample et ramena ses jambes dans une posture plus martiale,se fendant toutefois d'un sourire pour délivrer l'homme de son tourment, le pauvre bougre n'avait après tout rien fait de bien grave.

"Je suppose que vous avez omis de payer un octroi ou deux dernièrement par mégarde?" lâcha t elle d'un air las.

L'homme se tassa un peu sur lui même avant de regarde Laurelinn avec étonnement comme il s'agissait de la femme la plus intéllectuellement brillante qu'il lui avait été donné de voir, la déduction pourtant n'était pas bien difficile à faire mais ça semblait tenir pour lui du prodige et il approuva avec un air penaud mais sa gouaille de fort des marchés reprit le dessus lui assurant que ça serait fait demain dès l'aube ! elle agita la main pour signifier son manque d'intérêt pour la question outre le fait qu'elle n'en croyait pas un traitre mot.

L'homme soulagé de ce poids s'installa avec empressement et décrit une femme aux cheveux noirs,plutôt timide et effacée qui vivait avec sa mère..Avec un peu plus d'embarras il expliqua qu'il avait pour elle certains penchants,ce qui lui valu un nouveau geste ennuyé de la main et qu'il ne s'expliquait pas qu'elle ne l'ai pas reconnu.


"Attendez attendez résumons les faits: une de vos amies..proches vous ignore et semble se comporter étrangement et avoir un teint quelque peu maladif qui vous inquiète c'est ça?"

"Oui Lieutenant tout à fait ça et je ne suis pas le seul qu'elle ne reconnait pas.. je l'ai vue pas plus tard que ce soir, elle conduisait une charette, c'est moi qui lui ai appris vous comprenez..." ajouta t il avait un brin de fierté mimant à nouveau le fait d'aider une demoiselle à tenir les rennes,décidément un garçon très expressif qu'elle coupa dans son élan artistique avant qu'il n'en vienne aux détails des leçons , sans doute simple prétexte et prélude à autre chose.

Laurelinn semblait de plus en plus intéressé et fit un geste à son sergent d'armes et second,une jeune fille qui ne sait pas conduire une carriole ni n'en possède pas, ne reconnaissant pas ses amis,s'en va errer dans la campagne de nuit ça n'était assurément pas normal.


"Sergent, prenez quelques hommes et allez fouiller chez cette fille, vous,guidez les"
L'homme hocha la tête et indiqua à Laurelinn vers ou elle était partie,elle s'y rendit avec quelques hommes tandis que le Sergent allait fouiller chez elle.

Le sergent Karl Shuler tomba sur un bien triste spectacle,elle vivait bien avec sa mère mais sa mère elle ne vivait plus,et ce depuis quelques temps...le vieux sergent n'était pas un homme très impressionable mais il se sentit mal à l'aise à la vue de la vielle femme baignant dans une sorte de cuve de verre ses cheveux flottant sinistrement dans un liquide inconnu peu engageant.
Elle n'avait pas l'apparence d'une noyée bien qu'elle ai manifestement prit un coup mortel à la tête ton le coin de la table portait encore la trace horrible de sang brunâtre et de cheveux gris collés... non elle devenait..autre chose..difforme, hideuse la mâchoire comme déformée et ses membres déjouant toute logique de proportion humaines, demeusurés comme ayant "poussé" à la façon d'une branche comme si une main titanesque avait étiré l'os.
Le sergent livide demanda à un jeune soldat qui bien qu'il peinait à marcher fut ravi de s'éloigner de cette horreur et de cette cave ou il se sentait étouffer d'aller chercher les prêtres et la Garde.

Après une horreur partagée par des clercs manifestement encore moins habitués qu'eux à ce genre de spectacle, les soldats furent promptement mis dehors avec un remerciement symbolique et quelques questions,qui vaudrait à Laurelinn ,leur supérieure, la visite de gens nettement moins émotifs et pour qui ça n'était manifestement pas la première fois.

Laurelinn mit pied à terre retournant avec précaution tirant sa lame le corps de la bête,la langue sortie et la panse gonflée qui gisant près du cours d'eau..ils avaient suivi quelques indications des hommes du guet et de quelques voyageurs pour finir par suivre les sillons du chariot lui même.

La brebis semblait se décomposer de façon prématurée, sans être bergère Laure jurerait qu'elle n'était pas morte depuis plus deux ou trois heures... elle frotta nerveusement sa botte dans l'herbe tandis qu'un cri d'un de ses hommes attira son attention, elle se détourna de la charogne pour se trouver face à un spéctacle presque similaire un peu plus loin, si ce n'est que la bergère gisait elle aussi au milieu du reste du troupeau les traits déformés par une douloureux agonie bien qu'elle ai du être assez rapide.
Cette jeune femme qui ne devait pas avoir plus de 16 ans en paraissait le triple effroyablement défigurée par la souffrance et une bave verdâtre au coin des lèvres.

Laurelinn n'était pas médecin mais elle n'en avait pas besoin pour reconnaitre que cette femme et ces bêtes avaient été empoisonnées.


"Personne ne touche à rien et surtout pas à l'eau,Wilfried allez prévenir le guet, vous autre empêchez quiconque de s'approcher de ce cours d'eau,homme comme bête... si nécessaire employez la force"

Elle avait donné ses ordres d'un ton sec et remontait la rivière son arme au clair résolue et concentrée tandis que ses hommes se disposaient près du chemin.Elle la vit un peu plus loin, manifestement à bout de force et elle même empoisonnée sans doute par manque de prudence en manipulant ses produits, affalée près d'un tonneau à demi déversé qu'elle avait sorti de la charette immobilisée près de la rivière.
Il ne suffit que d'un coup d'oeil à Laure pour reconnaitre la fille décrite par le charretier et se dire qu'elle n'en avait que pour quelques minutes à vivre... elle balançait doucement la tête d'avant en arrière,les yeux vides et fou,emplie de fanatisme et de spectacle trop horrible pour une simple villageoise.

Laurelinn mit fin à sa vie plongeant sa lame dans son buste,elle n'eut qu'un faible spasme avant de s'éffondrer à ses pieds...C'était expéditif mais elle ne se senti pas comme une meurtrière d'avoir tué cette femme...et si elle vivait assez pour être ramenée la question ne donnerai sans doute rien si ce n'est prolonger ses souffrances et sa folie...l'interroger relevait de l'utopie,elle retourna le corps le touchant le moins possible et trouva quelques documents..une impression artisanale qu'elle ne fit que survoler rapidement parlant d'un monde renaissance de sa fin et grogna en jetant ses inépties,pourtant du simple parchemin,comme si ces pages étaient elle même empoisonnées... elles l'étaient d'une certaine façon... un poison pour l'esprit..

La même scène se répéta,les mêmes prêtres accompagnés de chevaliers qui mirent gentiment tout le monde dehors,la priant de les suivre pour une série de questions ou elle passerait sans doute la nuit,affairés à bloquer la zone,mais plus expéditifs encore qu'elle pour les transgresseurs,elle haussa un sourçils les voyant occire un homme qui ne faisait que tousser et revenait de la rivière,sans ménagements et sans même une question.

"Ordre du Prince" lui répondit à peine courtoisement l'austère chevalier-Capitaine commandant le détachement avant de la racompagner au camp pour lui faire répéter de nombreuses fois son histoire durant toute la nuit...sitôt rentrée elle se mit nue rentrant dans sa tente, la survie prenant largement le pas sur la pudeur même pour une femme de son éducation et brûla toutes ses affaires,avant de retourner à son interrogatoire nocturne une fois changée pour le reste de la nuit.

La nuit pourtant ne faisait que commencer...



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Message par Kaerev Schiatomb Dim 13 Mai 2012 - 20:25

"Non ! Non ! Non ! Ceci n'est pas acceptable Fritzgerald !"

Le lieutenant Serak venait de marteler furieusement la pauvre table de son austère bureau de caserne, faisant vaciller les rares objets entreposés sur celle ci. Un homme grande et sec, avoisinant la quarantaine, les cheveux coupé en brosse, déjà grisonnants, le teint halé et les yeux clairs, le lieutenant Serak inspirait un certain respect mêlé de crainte. Son regard dur n'y était probablement pas pour rien: c'était là une des facettes redoutées du personnage. Et pour cause, Fritzgerald avait dut faire de grand efforts pour conserver une bonne figure face à la fureur déchaîné de Serak. Fritz tâcha de concentrer son regard sur un objet moins à même de le faire fondre sur place comme les deux braises infernales que Serak avait en guise de globes oculaires. La pièce était sombre, et peu d'artifices avaient été utilisés afin d'orner les murs sales de la caserne, si ce n'est quelques larges cartes géographiques usées, placardées sans grand soin avec quelques poignées de clous. Sur le bureau, l'on pouvait apercevoir une pile conséquente de dossiers, un plume trempée d'encre et un encrier aux deux tiers vides.

"Fitzgerald ! Vous m'écoutez, bon sang ?!"

Fritz sursauta. Sa tentative désespérée d'échapper aux foudres de Serak l'avait complétement fait décrocher de "l'échange de propos", si une telle expression pouvait être utilisée pour qualifier une houleuse discussion comme celle ci. Serak le scrutait furieusement, les lèvres retroussées, la mine féroce. Fritz n'avait jamais vu de tigre de sa vie, mais il aurait pourtant juré que quelque soit l'aspect de cette bête du sud, elle devait trouver un certain lien de parenté avec celle du lieutenant.

"Ou-...oui mon lieutenant !"

Le lieutenant Serak eut un soupire las, avant de retourner derrière son bureau, d'un pas long et fatigué. Les derniers jours avaient été durs, et les nuits courtes...La fièvre folle semblait s'être emparé des campagnes de Lordaeron.

"Vous devez comprendre, Fitzgerald, que les derniers jours, ne sont pas des jours "normaux". Loin de là. Ce sont des jours difficiles. Très difficiles même. Plus de trente civils retrouvés morts, une vingtaine de disparition...et en prime une pléthore de tombes et cimetières profanés. Et qu'avons nous trouvé ? Une bande de grotesques malfrats mis aux verrous il y a deux lunes et une paire de pelle a côté d'une crypte saccagée. En d'autre termes, rien. Strictement rien."

Serak fit une pause, se massant les sinus, silencieux. Fritz frémit. Ce lieutenant lui faisait l'impression d'une décoction instable sur le point de lui exploser au visage. Il se surprit à envisager la fuite par la petite porte du fond.

"Vous n'êtes pas sans avoir entendu parler des dernières rumeurs Fritzgerald. "Les morts qui marchent", les revenants...appelez ça comme vous voulez."

"Mon lieutenant...Aussi...nombreuses soient-elles...les rumeurs sur les morts qui marchent, me semblent exagérées...Du folklore de campagne que l'on raconte aux enfants pour leur faire peur, ou pour expliquer les récents meurtres inexpliqués. Mais il doit bien y avoir une explications ration-..."

"OÙ ?! Où est votre explication Fritzgerald ?! Là bas dans les champs qui puent la mort a des kilomètres ?! Des gens meurent Fritzgerald; des gens disparaissent, et des tombeaux sont profanés. La main d'argent a pour mission de veiller sur ces terres; et de ce que j'en vois, elle échoue misérablement depuis plus d'un mois ! Les découvertes de notre prince, et de Jaina Proudmoore ne mentes pas, Fritzgerald. Quelque chose se trame dans ce pays. Et il y a fort a parier que tout les derniers événements sont liés."

Serak plissa le front, baissant le regard sur les documents éparpillés sur son plan de travail; il effleura quelques pages de dossiers, soupirant fatigué, avant de reposer son regard glacial sur Fritz.

"De ce que j'ai put remarquer, l'inspection des cadavres ne nous a mené nul part; du moins pas pour l'instant. Et les recherche des disparus sont pour l'instant sans résultats. Trente jours Fritzgerald. Trente jours. C'est le temps qui vous a été accordé à vous et votre équipe pour étudier une bonne partie des cas du mois. Vingt jours de trop. Je redirige votre équipe vers un nouveau dossier, qui me semble être un peu plus d'actualité. Pas de résultats pour les cadavres, les cimetières et les citoyens disparus ? Très bien. Je vous présente notre nouveau dossier Fritzgerald : La recherche d'une secte ou un ordre quelconque qui articule tout ce petit manège macabre qui traîne dans le coin."

"Une...une secte mon lieutenant ? Mais...aucune piste ne mène à la suite d'une organisation clandestine !"

"C'est parce que nous n'avons aucune piste, Fritzgerald...Aucune. De fait, jusqu'au retour du prince, tâchez d'enquêtez sur l'affaire. Et faites en sortes que vos collègues soient utiles cette fois ci. Je ne vous envoie pas sur le terrain pour qu'ils le recouvrent de leurs fluides."

"...Bien mon lieutenant."

Serak inclina légèrement la tête, alors que Fritz effectuait un bref garde à vous avant de tourner la talons. Celui ci marcha d'un pas lourd vers la porte, tourna machinalement la poignée et fit pivoter le lourd panneau de bois. Kaerev et Carter attendaient, la mine sombre, dans le long couloir à peine éclairé de la caserne. Carter fit un petit salut face a Fritz, tandis que Kaerev quitta ses appuis pour s'approcher de celui ci.

"Alors ? Des nouvelles ?"

Fritz maugréa, manifestement peu ravi de sa nouvelle tâche.

"On est rattachés à un nouveau dossier...Démanteler une connerie de secte. Trouvez moi cette larve de Grayson, et rejoignez moi devant la caserne dans une quart d'heure. On a du pain sur la planche."
Grayson écarquilla les yeux, fixant Fritz.

"A une heure pareille ?"

"Eh bien quoi ? Ces rats de "sectateurs" ont l'air de faire leur oeuvre la nuit; autant essayer de les chopper pendant leur macabre travail. Et puis, le plus tôt cela sera fini, le mieux ce sera. Allez le trouver maintenant. Il doit être en train de geindre dans l'armurerie...'capable de mes deux."

Fritz repris son chemin dans le couloir, d'un pas long et furieux, s'enfonçant dans les ténèbres rôdantes de la caserne. Ce boulot ingrat commençait a lui ronger les nerfs, à lui aussi. Et le plus tôt il serait loin de ces cimetières, le mieux ce serait.

Kaerev fixa un long moment Fritz, alors que celui ci s'enfonçait dans le dédale obscure, avant qu'il ne le perde pour de bon. Il haussa les épaules, se grattant la barbe, puis ramassa son épée qui reposait contre le mur.

"Et bien...je suppose que nous devrions retrouver l'incapable, pour ainsi dire." marmonna Kaerev, rangeant son épée dans son fourreau.

"Humpf...encore une sortie de nuit...J'te l'dit moi...Cette campagne me fout la trouille."

"J'avais cru comprendre oui. Et je pense que c'est sur le point d'empirer."

"Empirer ? Pas moyen que ça devienne pire que le cocktail de cadavres au quotidien. C'est pas comme si on allait vadrouiller dans un cimetière non plus..."

"Ah vraiment ? Et tu crois qu'on va les trouver où les sectateurs ?"

Carter blêmit. Le cimetière la nuit représentait à peu près l'apothéose du cauchemar à ses yeux. Soudain pris de mutisme, il se contenta de ramasser ses affaires et suivre Kaerev dans le couloir grinçant. Kaerev eut un petit sourire en voyant la mine déconfite de Carter.

"Tu sais...ils parlent d'un cadavre recouvert de lambeau de chair qui vient planter ses crocs dans le crâne des passants, et sucer sa cervelle jusqu'à plus faim."

"Arrête, t'es con..."

Kaerev eut un petit rire. Les deux hommes poursuivirent leur chemin dans le couloir de la caserne, s'enfonçant dans les ténèbres insondables. Carter grimaça en observant les flaques d'ombres qui semblaient se répandre sur le sol, défiant les faibles flammes tremblantes qui ornaient les bougies. L'ombre semblait avoir pris possession de la caserne, et la lumière, peu à peu, semblait mourir en silence. Carter marmonna :

"Incroyable...Pas moyen de virer la fichue obscurité dans cette caserne. A croire qu'elle à imprégnée toute cette foutue région."

Il n'avait pas idée à quel point il disait vrai.

****

Il était déjà tard quand Serak entendit un lourd frappement contre la porte de chêne qui permettait l'accès à son bureau. Il étudiait les derniers cas du jour, assis à son bureau, les bougie tremblante, éclairant à peine la vaste salle. Il referma son dossier dans un grognement et maugréa un vague : "Entrez !"

Un homme d'une certaine corpulence apparut dans l'encadrement de la porte, vêtu d'une longue robe blanche, salie par le temps. Le crâne rasé, la voix mielleuse, il avait un visage souriant et des joue plus que pleines. Serak inclina légèrement la tête.

"Frère Kleim. Que puis-je pour vous ?"

"Mon lieutenant...C'était pour vous signaler que les cadavres retrouvés ont été entreposé dans la vieille grange, comme vous l'aviez demandé. Voulez vous que nous procédions aux derniers sacrements ?"

"Pas de suite...Je compte bien trouver des indices sur eux."

"Comme vous voudrez mon lieutenant."

Un nouveau frappement se fit entendre à la porte.

"Entrez !" lâcha Serak dans un soupire exaspéré.

Un jeune homme quelque peu émacié fit a son tour irruption dans la salle, essoufflé. Serak dodelina de la tête, vaguement agacé.

"Et bien ? Qu'est-ce ? Parle !"

"Des nouvelles de Stratholme, mon lieutenant...Le 8ème d'infanterie."

Serak gronda. Le débordement quotidien l'agaçait. Tout affluait de partout...Des nouvelles, des enquêtes, des cadavres...Il aurait aimé une réponse...Une seule. Mais il n'aurait, dans les jours à venir que le commencement de nouveaux problèmes. Et la nuit...la nuit si lourde qui pesait sur tous et étendait son joug sur la campagne lordaeronnaise. Elle arrive.

Elle est là.



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Message par Laurelinn Hellenlicht Lun 14 Mai 2012 - 12:27

L'air était lourd ce soir et la jeune femme transpirait abondamment dans son armure,mais celle ci demeurait impeccable..elle se dirigea avec le Sergent Schuler vers la porte principale.
Malgré l'absence de soleil ou presque les gardes peinaient à tenir la posture immobile à la poterne,se relayant souvent pour aller boire un peu d'eau et de temps en temps autre chose que de l'eau,elle se contenta d'un regard désapprobateur,ça n'était pas ses hommes mais elle ne pouvait rester impassible devant tout affront au devoir,elle était ainsi..

Elle se dirigea vers l'allée du Marché de Stratholme, les marchands commençaient à replier leurs étals,il n'était pourtant pas plus de 17 heures à l'horloge du beffroi et il restait des affaires à faire mais c'était plus calme...les marchands les plus en verve qu'elle était habituée à voir gesticuler restaient plus statiques et plus silencieux tandis que leurs fils ou leurs apprentis peinaient à demonter bâcher et étals..Les clients eux même semblaient comme avancer au ralenti.
Une femme faisant son marché croisa son regard,cette ménagère,femme au foyer de Lordaeron avec un mari que l'intérêt de leurs pères avait probablement choisi pour elle,un cabas sous le bras, tout ce qu'elle n'était pas et ne désirait pas être, le redoutant presque plus que la mort la regarda peiner dans son armure malgré un stoicisme apparent se fendant d'un sourire aimable et presque envieux pour elle qui avait échappé à sa condition.

Elle lui rendit son sourire,Laure qui souriait si peu,et se remémora les quelques mots qu'elle ressassait dans son esprit depuis la soirée d'hier en approchant d'un bâtiment attenant à la cathédrale s'éloignant du marché bruyant.
Elle se surprit à faire un écart, presque un bond quand un homme passa devant elle en toussant,resserrant nerveusement la main sur son arme...elle frisonna malgré la fournaise en ayant vu plusieurs tête se tourner elle aussi devant l'homme emplit d'une crainte primaire qui sert souvent de terreau à la superstition,tentant de conjurer le sort de quelques mots bredouillés.

La petite chapelle attenante abritait le quartier général des exorcistes qui surgissaient si rapidement sur les lieux des scènes macabres.

Laurelinn Hellenlicht était jalousement protectrice envers ses hommes,beaucoup trop, son instructeur le lui avait dit et répété qu'elle ne devait pas trop s'attacher car elle était amenée à les perdre d'une façon ou d'une autre,et Laurelinn était fière,aussi...elle avait beau n'être qu'un simple officier subalterne elle gêrait tout de même près de 200 soldats ce qui au regard de son âge et de sa condition de femme, bien que les choses changent lentement,était à la fois fort modeste et un bel exploit.
Si il y'a une chose qu'elle détestait,c'est qu'on lui marche sur les pieds...
Laurelinn était un soldat et elle obéissait sans broncher aux ordres,mais la se situait le problème..les ordres de qui? de mystérieux clercs et de leurs gros bras mandé par le Prince ou on ne sait quel conseillé sans plus de précision? sa fierté et sa logique se liguèrent pour refuser cela.

Elle se présenta au cerbère,le secrétaire de l'entrée affairé à trier des documents recouvrant une sorte d'écritoire,un homme robuste ayant sans doute mêlé armes et érudition dans sa vie,qui la recu plus aimablement qu'elle ne l'aurai craint la guidant à travers les couloirs de pierre,l'invitant à ne pas s'attarder avec une forte insistance polie sur un des couloirs qu'elle regardait descendant aux sous sols,bien que Laure devina sans peine ce qui s'y pratiquait et la conduisit même à un supérieur dans un bureau sobre et dépourvu de tout ornement, aux murs en pierre brute que ne recouvrait aucune tenture. L'homme se leva pour la saluer, loin de la condescendance du chevalier d'hier pour une simple trouffion à ses yeux et opta pour une poignée de main qu'elle senti très vigoureuse elle qui n'était pourtant pas en sucre,la solution la plus sage au regard de leur condition respective.

Le clerc qui s'était présenté comme le père supérieur Bartholomius croisa les mains reprenant place derrière son bureau.Un homme d'une cinquantaine d'années entretenu physiquement malgré l'absence de toute arme dans la salle ou sur lui même,les cheveux coupés courts,un visage agréable,laissant errer ses yeux gris percants, qui lui rappelaient ceux de son père sur elle et sur le sergent, l'étudiant.Elle inspira légèrement refusant la coupe qu'il lui proposait,puis fini par accepter devant son insistance mais se contenta d'une gorgée rapide.
Le Clerc sourit il semblait de ses hommes qui savent être durs et froids mais qui ne le sont pas quand le besoin ne s'en fait pas sentir.


"Vous voulez savoir j'imagine Fraulein..." lâcha t il avec calme devançant sa tirade soigneusement préparée,elle eu une légère moue de dépit qu'elle ne put retenir qui fit sourire le prélat.

"Les esprits curieux ne sont pas si nombreux en ces temps troublés.. la peur occupe toute la place qu'elle soit ou non voilée" le père supérieur croisa les mains.

Laurelinn eut un bref sursaut d'agressivité et de fierté,qui n'étaient pas dirigés contre le prêtre...

"Mes hommes sont certains seulement des soldats mais de fidèles serviteurs de Lordaeron il me déplait d'être ainsi mise à l'écart sur des motifs obscurs sauf votre respect Père supérieur"

"Il s'agit pourtant des voeux du Prince Arthas Ménéthil en personne et de notre congrégation... n'est ce pas assez clair pour vous Lieutenant?" le clerc sourit légerement malgré la réponse abrupte considérant la femme qui se raidissait avec bonhommie.Il aimait le regard volontaire de cette grande rousse,bien que manquant par trop d'humilité à son gout.Il agita une large main caleuse qui n'avait sans nul doute pas manié que la plume

"Connaissez vous un peu le Kirin tor et un sorcier déviant nommé Kel'thuzad"

"Du tout Père supérieur,je ne cotoie que très peu ces gens, je veux juste comprendre ce qui arrive en ce moment à notre terre bien aimée la nuit tombée" laissant paraitre la méfiance pour ne pas dire le mépris pour la sorcellerie dans lequel on l'avait éduquée en bonne Lordaeronnaise pour qui sorcier déviant est un quasi pléonasme.

"Soit,votre désir est tout à votre honneur jeune fille...je vous en dirai plus sur ceux qui se font appeler le culte des damnés quand nos autres invités seront arrivés..la délégation de la Main d'argent ne devrait pas tarder si la missive de ce Serak à dit vrai "

Il regarda vers la porte comme si dans l'instant quelques hommes allaient la franchir alors que doucement dehors...la nuit s'installait.

Pour longtemps.



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Message par Angron Manus Lun 14 Mai 2012 - 15:12

Les récents troubles à Stratholme n'avaient pour l'instant en rien calmer l'agitation quotidienne qui regnait place du marché. Les commerçants de tout poil faisaient tonner de la voix pour accaparer l'attention des chalands, et rivaliser de démonstrations et de gestes accueillants. Le vieux bob, poissonnier depuis trente neuf ans, gardait jalousement le petit carré de pavait ou trônait son étale. Il fallait en jouer, des pieds et des mains, pour tenir loin le sale Mcloud et ses casseroles. Et le tisserand, ce singe de Vinter ! Ils n'attendaient tous qu'une chose, que le vieux Bob casse sa pipe, pour rogner les trois mètres carrés qu'il occupait en face du grand boulevard.

Mais le vieux Bob n'était pas du genre à se laisser faucher si facilement. Oh que non. Il avait connu la guerre. Les guerres ! Il en était ressorti boiteux, mais sain d'esprit (contrairement à bon nombre). Ce qu'il avait aujourd'hui, il l'avait gagné à la force de ses bras. A la sueur de son front. Le fruit de son labeur, et non d'un vulgaire héritage. Oui, Bob était fier. Presque trop, disait Gyselle, sa chère et grasse. Bah. Qu'elle aille au diable ! Depuis longtemps le vieux Bob ne l'écoutait plus, la râleuse, lui au moins il se levait à l'aube pour aller bosser, pas comme elle.

Sur ces pensés morne, le vieux Bob continua d'étaler l'arrivage du jour sous les yeux des premiers badauds. Quelques saumons, et deux ou trois beau éperlans. En terminant de vider la caisse, il leva le visage vers la foule. Elle bougeait lentement, nerveuse, presque grondante, comme un animal qui ne se sent pas en sécurité. Quelque chose n'allait pas, oui. Certains colportaient même des rumeurs totalement folles, digne du temps des troubles anciens. Toujours les même racontars vaniteux, tout juste bon à effrayer les petites vieille à la messe de la Sainte Lumière.

C'est ce que Bob se répétait. Comment en aurait-il pu être autrement ?


---


Eidolon soupira longuement, et se redressa du muret ou il était adossé. Il portait une longue cape d'un bleu roi frappant, dissimulant une armure de plaque et de maille, suffisamment résistante pour lui avoir sauvé la vie trois ou quatre fois d'orcs furibonds, mais lui laissant assez de liberté de mouvement.. pour lui avoir sauvé la vie une centaine de fois de quelques maris jaloux rentrant à l'improviste.


Vérifiant d'un geste naturel la présence de son arme, sait-on jamais, il se remit en route, pestant tout bas contre les gens de la marche et leur faculté de ne jamais être présent au bon moment au bon endroit. Il traversait la foule sans attendre, tachant tout de même de ne pas trop attirer l'attention sur lui. La période était propice à la nervosité, et il avait mieux à faire que de terminer dans une geole puante.

Surtout que l'autre ne le lui pardonnerai jamais.



Il dépassa la place des croisés, avant de s'arrêter devant l'enseigne miteuse d'une taverne de bas étage. Soufflant un bon coup, il poussa la porte et pénétra dans le bâtiment. L'odeur de l'alcool, de l'urine, et de la fumée d'herbe à pipe le sonna quelques secondes. Non pas qu'il était allergique à ce genre d'endroits, mais ce lieu avait quelque chose de profondément dégradant, on n'y venait pas pour s'amuser ou se détendre, non, on venait pour bafouer la notion même de retenue. Il grommela, et s'avança à pas lents, se rapprochant du comptoir ou il glissa un simple feuillet vers le tenancier aussi ivre que la clientèle. Après un simple signe de tête, il écarta un rideau couleur nuit, et laissa passer l'homme en armure.


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Message par Kaerev Schiatomb Lun 14 Mai 2012 - 21:28

Le soleil à l'horizon semblait déjà couler, quand quatre cavaliers parvinrent aux portes de Stratholme, sur autant de monture plus émaciées les une que les autre. L'on pouvait deviner la faim dévorante qui animait ses bêtes, dans ces reliefs coulants qui parcouraient leur pommettes creusées et les côtes saillantes.Les quatre cavaliers n'avaient pas l'air dans leurs meilleurs jours non plus : les traits tirés, de longues cernes pochant leurs yeux ternes, le visage sale et les cheveux en bataille, il eut été difficile de distinguer les trois soldats argentés de ces vagabonds miteux qui errent sur les chemins de campagne sans but ni fin, si sceau et insigne n'avaient pas recouverts leurs armures noircies et tabards rapiécés. Fritzgerald, l'expression rendu mauvaise par un cruel manque de sommeil, et la toison blonde ternie par la crasse, semblait scruter les alentours de ses petits yeux clairs renfoncés dans leurs orbites. Ce voyage expéditif vers Stratholme avait été éreintant, et leur nouvelle tâche laissait entendre que le repos ne viendrait pas les trouver durant leurs petites enquêtes aux cimetières...Ce dossier l'irritait profondément. Un sceptique comme lui...Les histoires fantastiques n'étaient pas son chevale de bataille.

Kaerev fit claquer sa langue contre son palais, l'air morne, observant les quelques gardes éparpillés devant les portes de la ville. Quelques rares commerçants défilaient encore, leurs mules lourdement chargées, tirées par la bride. L'habituel flot de passants et villageois semblait avoir été perturbé par les derniers événements; comme si un coup mortel avait été porté au coeur de la cité. Le claquement des sabots contre les pavés de la cité se fit bientôt entendre, alors que les quatre cavaliers entamaient leur progression dans les entrailles de la grande Stratholme. Malaise...Crainte...Confusion. C'était ce mélange instable d'émotions que Kaerev pouvait lire gravé sur le visage d'homme, femmes et enfants traînant dans les rues. Une paire d'homme mûrs discutaient des derniers événements avec une certaine véhémence. Plus loin, un crieur perché sur une caisse de fourniture égarée, adressait à une demi dizaine quelques spectateurs muets, un long monologue éloquent sur l'arrivée des derniers jours du royaume. Légèrement à l'écart, non loin de l'allée du roi, un petit groupe de moines affublés de longues robes brunes, discutait a voix basse, sur un dérangeant ton du complot. Une paire de vieillard traînait sur un vieux banc de pierre construit contre le puits central, échangeant les dernières nouvelles et histoires alambiquées. Tous semblaient avoir quitté leurs activités et troubles quotidien pour se concentrer sur ce malaise émergeant...Ces rumeurs qui courent à travers les bas-fonds de la ville, et vient exciter la curiosité et instiguer le doute dans le coeur des hommes.

Carter dodelina de la tête dans un grognement, écoutant d'une oreille distraite et soucieuse, les propos échangés ici et là. Tout cela ne lui plaisait pas. Il ne s'était jamais considéré comme un couard, ni comme un soldats aux semblants de vaillance, qui détale au premier danger. Mais il ne s'était jamais résolu à se considérer comme un être brave, non plus. A ses yeux, les hommes avaient été faits pour supporter une accumulation limité d'anxiété et d'angoisse, et pour détaler une fois cette limite franchie. Les derniers événements avait pressés plus d'une fois ses jambes, à détaler sans demander leur restes....Et pourtant il était là. Et la situation commençait à lui déplaire...Enormément.

"Ils ne parlent que de ça...Zombies, cadavres ambulants...A croire qu'il ne reste plus que cela." dit Fritz, le ton lugubre.

Le barbu aux cheveux longs opina du chef, dans un concert de cliquetis d'acier et de plate.

"La peur sans doute...Elle suinte de partout dans cette cité...Hommes, femmes, enfants...Ils ne savent plus que croire...Je suppose."

"Paah...nous saurons bien assez tôt."

Fritz leva le poing, indiquant l'arrêt des chevaux. Il mit pied a terre dans un fracas indicible, et empoigna fermement la bride de son destrier. Il incita les autre à faire de même d'un signe de tête. Puis, d'un air las, il poursuivit son chemin dans la cité, les autre à sa suite.

"Ce dossier me les éclate..."

Fritz avait lâché ce qui lui pesait sur le coeur depuis déjà un bon moment. La tension combinée au rythme effréné des derniers jours l'avait poussé a bout. Pour la première fois, ses nerfs lâchaient. En tant que dirigeant du groupe, il se savait responsable du moral des troupes, et de fait obligé d'afficher une bonne figure. Mais il en était arrivé à un point d'irritation extrême, qui le forçait désormais à cracher sa bile aux autre. Autre qui, pensait-il, ne devaient pas penser si différemment.

"Taah...Sans blague. T'as une tête à faire fuir les mômes du coin." répondit d'un air détaché Grayson, sa main venant s'égarer près d'un cageot de pomme d'un épicier local.

Kaerev roula des yeux, secouant la tête en signe de désapprobation, agitant ses longs cheveux noirs et fixant Garyson de ses yeux gris.

"Quoi Schi'atomb ? T'as jamais eu un creux ?" dit Grayson, saisissant au passage une pomme d'une belle couleur cuivrée.

"Je paie pour combler ma faim...comme pas mal de gens dans cette ville. Tu devrais plutôt songer à arrêter de manger tout court. Vu le temps que tu passe à gerber comme un malpropre...ça pourrait qu'aider pour les investigations."

"Quel chieur tu fais..." rétorqua Grayson, croquant avidement dans sa pomme, le jus acide dégoulinant sur son menton pointu et sa barbe naissante.

Kaerev grogna avec mépris, manifestement irrité par l'attitude irrévérencieuse de Grayson, qui affichait une bien fière figure lorsqu'ils n'inspectaient pas des cadavres mutilés. Du reste, il était assez beau garçon, avec ce joli minois et ces traits fins, ces cheveux de paille et ces profonds yeux verts. Sans doute ce qui poussait Kaerev à le considérer plus durement. Pas tant de la jalousie - il n'était lui même pas des plus moches - que du mépris envers son arrogance mal placée. Carter tapota l'épaule de Kaerev, se voulant apaisant, lançant un regard mauvais à Grayson.

"Laisse Kae'...laisse."

Fritz s'arrêta devant ce qui semblait être une caserne. Trois à quatre fois plus grande que celle de la halte, la caserne de Stratholme débordait de soldats grouillants dans toutes les directions. Le tableau d'affichage était intégralement recouverts d'annonces, d'avis de recherche, de mises a prix, anecdotes macabres des derniers jours. Les soldats s'affairaient devant celui ci, apaisaient quelques citoyens mécontents venu jusque devant leur portes exprimer leur effroi et hurler la peut qui rongeait leur tripes. Des commerçant affolés qui voyaient leurs cargaison inspectées, des veuves et des orphelins aux cris déchirants, des familles inquiètes...Les quatre bonhommes furent frappés. Leur isolement de la ville les avait plus ou moins préservés de la vision de cette terrible gangrène qui germait au sein du peuple, et venait réduire en lambeau les faibles tissus vivants de celui ci. Certes, on leur avait raconté la vie de la ville, mais les mots n'avaient sut capturer l'intégrité de la réalité. Et désormais, elle était bien présente la réalité. Envoyée en pleine figure. L'image de cette ville désertée par la population attroupée devant une caserne pleine à craquer; l'image d'un peuple complètement paniqué. Ce qui avait semblé être de simples petites anecdotes et récits au coin du feu, prit une toute autre ampleur.

"Par la lumière..." marmonna Fritz, à demi frappé par cette soudaine prise de conscience. "Ils sont devenus complètement fous !"

Fritz se retourna vers ses trois camarades, la mine sévère.

"Bien...ne perdons pas de temps. Kaerev, Carter allez au cimetière de la ville; j'ai entendu qu'il n'était pas loin de la cathédrale. On vous y retrouvera dans quelques heures...Le temps de...régler de la paperasse disons. Grayson....j'ose espérer que tu es meilleurs en bureaucratie qu'en exercice sur le terrain...Tu viens avec moi."

Kaerev inclina doucement la tête, tirant fermement son destrier par la bride, enjoignant Carter à le suivre. Celui s'exécuta après un bref salut, et partit à la suite de son camarade barbu, plongeant dans la foule grondante.

Fritz reporta son regard sur les indications de Serak, parcourant d'un oeil rapide celle ci.

"Alors ?" dit Grayson d'un ton ennuyé.

"Alors on trouve un certain...père supérieur..."

Grayson haussa les épaules et partit d'un pas rapide dans la caserne, bousculant quelques gardes et citoyens débordés sur son passage. Fritz eut un soupire las, et suivit ses traces, se contenant de présenter ses excuses pour la brusquerie de son coéquipier.

****

Vast Von Zelkhan passa ses doigts noueux sur sa longe chevelure noire, dans un geste passablement ennuyé. La petite alcôve qui lui servait de plan de travail, était faiblement éclairée par une bougie mourante, projetant des spectres lumineux sur les murs grisâtres et les larges étagères garnies d'ouvrages au demeurant très ancien. Grand, la cinquantaine, maigre, le teint pâle et les yeux pétillants d'un vert féroce, Vast était un de ces érudits passant la majeure partie de leur temps enfermés entre quatre murs, en compagnie d'une certaine quantité de lecture. Vêtu d'une longue robe de satin noire portant les sigle de l'église de la lumière, Vast occupait un certain rang dans la hiérarchie des hommes pieux. Grand Thaumaturge n'était après tout un rang que seule une poignée d'homme pouvait revendiquer posséder. Il était réputé pour sa férocité sans égal et son esprit retors et malicieux, ce qui lui avait permis de s'attacher l'étiquette très prisée "d'être redoutable". Entre autre, cela lui assurait un certain respect de la part de ses pairs, mais aussi une attention toute particulière des hauts dignitaires de la cité, qui attachaient une importance exagéré à son avis en toute circonstances. C'était un de ces hommes qui avait tracé son chemin jusqu'au sommet par un esprit implacable et prêt à tout. Toutefois, loin de se prélasser sur cet appui confortable et facilement préservé, Vast Von Zelkhan avait mis cet atout à profit pour accéder à toutes les sources de savoir dont il avait désiré s'instruire et se gorger depuis des années. Sa passion résidait dans la recherche constante du savoir, et, indissociablement, du pouvoir. Il n'était donc pas surprenant que les derniers événements aient attisé sa curiosité au plus haut point, et l'aient poussé à rejoindre son coin de lecture, où il passait de longue heures a étudier les derniers faits, et à se référer aux archives disponibles.

Les recherches avaient été relativement creuses jusqu'au jour où, par un hasard insolent, il était tombé nez à nez avec un très vieux manuscrit rédigé en elfique, traitant de certaines observations faites par des sentinelles elfes, lors de la guerre des anciens, dans les très anciens temps. Certain rangers elfes avaient même rapportés avoir trouvé, dans les ruines fumantes laissées dans le sillage de la légion ardente, des cadavres se relever et déambuler confusément parmi les débris. Rétrospectivement, Vast avait trouvé le manuscrit particulièrement utile afin d'analyser les récentes rumeurs, qui, sans le convaincre, avaient stimulé son intérêt. Il en était venu à la conclusion qu'une telle réapparition des cadavres revenant à la vie n'était pas improbable, mais, au vu de l'état actuel des informations et indices, complètement inexplicable. Il n'avait pas souhaité tirer de conclusion hâtive, mais il s'était décidé à étudier de plus près les récentes rumeurs. De trouver leur origines. Et, par la suite, trouver la racine du mal. Il avait rayé la légion ardente de sa liste des facteurs : aucun démon n'avait été aperçu depuis des années en Lordaeron - ou du moins le croyait-il -. Il s'était toutefois attardé sur une autre théorie : l'émergence d'une secte lié à un personnage encore inconnu. Il lui faudrait encore étudier cela en profondeur.

Vast eut un vague regard à travers la petite lucarne taillée dans la pierre de son alcôve, observant l'extérieur. Le vent balayait les feuilles mortes qui s'entassaient sur les pavés de la cour de la Cathédrale. Le grand vent du Nord.
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Message par Kaerev Schiatomb Jeu 5 Juil 2012 - 13:18

Une fine coulée de sueur pouvait être remarquée, serpentant des tempes de Fritzgerald, qui, de nouveau était soumis aux tortures de la bureaucratie, lui un homme d'action, peu amateur des longues tirades, des remontrances bien droites, des bureaux où s'entassent la poussière et les dossier. La chaleur ambiante de cet été mourant, n'avait été qu'aggravé au sein de la caserne, qui, regorgeante de soldats, fonctionnaire et petit rats de bureaux des délégations de Stratholme, avait atteint des sommet innommable, transformant le bâtiment de l'état militaire, en une véritable fournaise. L'agitation générale - des gens affolés courant dans tout les sens, des propos inquiets, des cris, des ordres, des discours, des clameurs, des buits course dans provenant nombreux escaliers - n'en avait rendu l'atmosphère que plus irrespirable que jamais. On eut l'impression d'être plongé au sein d'une ruche bourdonnante, à l'essaim hurlant.

Fritz scruta du regard les quelques officiers penchés par dessus la table posé sur le promontoire face à lui. Il était trois, chacun vêtu d'une armure frappée des insignes de lordaeron, et décorée de quelques unes de leur médailles et galons. Il y avait cet homme, Mc Clader, un lieutenant-colonel de grande stature, au crâne dégarni, ayant déjà bien entamé sa quarantaine et à la petite moustache brune aux extrémités remontées. Le regard gris empreint de sévérité du bonhomme n'était pas sans lui rappeler le très froid Lieutenant Serak, qui avait le don de lui flanquer une frousse sans nom. A la gauche de Mc Clader se tenait un homme plus vieux, aux cheveux déjà gris, aux yeux fatigués, dégageant une aura plus amicale et miséricordieuse, que le lieutenant-colonel au demeurant redoutable.

Le troisième personnage avait été une surprise plus qu'autre chose; une jeune femme dotée d'un charme très certain, aux traits fins et aux long cheveux roux. Fritzgerald se surprit à lancer quelques regard hasardeux vers son armure cachant avec difficulté ses formes généreuses. Il s'agissait là du sous-lieutenant Hellenlitch, très jeune pour un tel grade, et attachée aux affaires de Stratholme. Fritz émit un petit gémissement plaintif. La présence des trois officiers le mettait plus que mal à l'aise, et il eut volontiers échangé sa place contre n'importe quel croisé envoyé battre la campagne, à la recherche de quelques cadavres sordides mutilé plus que de raison.

Grayson, en frère d'arme dévoué, avait prit soin de laisser la parole a Fritzgerald, prenant un peu de recul ceci faisant, afin de le laisser seul dans l'objectif des trois officiers. Fritz avait été laissé aux vautours, pauvre carcasse esseulée et sans défense, abandonnée dans un désert dont il ne voyait pas la fin. Il espérait que Schi'atomb et Carter aurait tôt fait de rentrer faire le rapport, venant ainsi mettre un terme à cette exposition à nu devant trois hyènes aux yeux gourmands. La bureaucratie n'était vraiment pas faite pour lui.

Avaient été abordés les derniers sujets de la semaines, les quelques affaires ayant surgie au cours des derniers jours, la plupart n'ayant trouvé aucune explication raisonnable ou logique, au vu des crimes d'une violence inouïe, dépassant l'entendement, dont chacune regorgeait. On avait, entre autre signifié à quel point les effectifs de la main d'argent avaient été "Inefficaces", "Inutiles", et "Incapables d'agir quand il ne s'agissait d'échanger des courtoisies". Fritz avait frémit. Grayson avait prit une expression comparable à celle d'une tomate boursouflée connaissant les plus beaux jours de sa saison.

Fritz n'avait prêté qu'une oreille distraite aux nombreux propos du triumvirat d'officiers, engourdi par la chaleur et absorbé par ses pensée; mais il lui avait bien semblé que la discussion avait duré des heures. Il lui arrivait, par moment, de sortir de sa torpeur alors que le sous lieutenant Hellenlicht, sortait quelques jurons dans un dialecte plus qu'agressif au sens de l'ouïe.

Il surprit Grayson à observer celle ci d'un regard brillant d'une gourmandise lubrique à peine dissimulée, captivé par la courbe de ses formes quelque peu perceptibles en dépit de l'armure couvrant son buste, et grisé de quelques fantaisies qui semblaient se jouer au fin fond de ses yeux. Le craquement de son orteil sous le talon de Fritz vient mettre fin à sa rêverie transparente et grotesque, arrachant un couinement plaintif au bonhomme.

Fritz ne pouvait concevoir une situation se déroulant d'une pire façon. Son propre malaise face aux officiers, couplé aux penchants et exaltations débridés de son partenaire ne devait pas donner une très belle image de cette délégation d'argent s'étant pointé dans un état déplorable, avec pour toute nouvelle à offrir "la débâcle du chaos dans nos vertes campagnes."

L'attitude déplacée de Grayson avait sans doute été capté, au vu de l'air indigné lisible sur le visage de Mac Clader et d'un accès de mépris qu'il crut lire dans les yeux du sous-lieutenant. Déjà, il voyait ce petit entretient ce finir extrêmement mal. Après cela, nul doute que Serak l'enverrait creuser à main nues la boue des fossés qui entourait la caserne de la main d'argent. Il lui aurait fallut un miracle.

La porte s'ouvrit dans un fracas épouvantable, laissant apparaitre dans l'encadrement de la porte le grand gaillard aux cheveux longs, à la barbe noire fleurie et au regard froid comme l'acier. Sa joue avait été vilainement entaillée, et son tabard était marqué d'une large tâche cramoisi, sur son flanc gauche. Schi'atomb portait autour de ses épaules le bras de Carter, lui même a moitié inconscient, traînant des pieds, dans un état déplorable.

"Kaerev Schi'atomb; croisé de la main d'argent, et membre de la délégation attachée a Stratholme." dit d'un ton sec le soldat, les nerfs à vifs.

"Nous avons un problème." reprit-il du même ton sec et nerveux, son visage marqué d'un air féroce et légèrement choqué.

Fritz marmonna pour lui même, alors que l'agitation survenue semblait mettre un terme définitif à la réunion.

"Sainte lumière...un miracle."

Il n'aurait pas put être davantage dans le faux.



Dernière édition par Kaerev Schiatomb le Lun 23 Juil 2012 - 23:56, édité 1 fois
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Message par Laurelinn Hellenlicht Ven 6 Juil 2012 - 12:38

Le trio se tourna,chacun à sa façon exprimant peut être une partie de sa personnalité.
Mac Calder dévisageait le nouveau venu,laissant paraitre une contrariété manifeste d'avoir été dérangé.C'était la première impression que cet homme austère donnait.On le sentait aussi receptif et légèrement impatient,invitant d'un geste sec et un brin agacé l'intrus à poursuivre,comme avide de faits et de détails concrets,enfin.
Il avait prit les devants sur les deux autres,sans doute un brin misogyne et considérant que son faible grade ne lui donnait qu'un rôle de consultante,il n'avait même pas regardé la femme et avait prit l'ascendant sur l'autre officier pourtant plus âgé.Il était de ses gens qui avaient l'habitude de s'imposer et se posait en leadeur et interlocuteur légitime avec naturel,sans même vraiment y penser.

Celui ci était certes l'ainé qui aurait pu s'en offusquer mais se plaça dans une attitude plus débonnaire et presque rassurante pour le jeune homme au teint mat,bien que son expérience de soldat habitué à jauger les hommes savait que le rassurer était, outre un signe de faiblesse de sa part, totalement vain vu son état.Il croisait les mains sur son ventre arrondi,son âge lui interdisant l'entrainement poussé des jeunes soldats dans une posture peu militaire.

La troisième elle,restait légèrement en retrait par un automatisme acquis par de longues années d'éducation stricte.Cela pouvait semblant naturel aux femmes actuelles que l'établissement d'une certaine parité mais il n'en était pas ainsi même si les choses changeaient,dans l'armée de Lordaeron jadis.
Laurelinn n'avait pourtant aucun problème à s'imposer auprès de ses hommes,par ce mélange d'autorité,de personnalité et d'une certaine proximité presque masculine qu'elle maniait si bien,mais quand un homme à forte présence,et de surcroit un gradé prenant les devant,elles se taisait.
C'était ainsi.
C'était pourtant celle ci détaillait le plus le jeune homme des trois..celui ci d'ailleurs sembla s'en appercevoir détournant un peu les yeux de Mac Calder pour la regarder elle.Pas de ce regard lubrique pour ses courbes féminines qu'avaient eu les autres et qu'elle avait feint de ne pas remarquer,habituée du reste aux regards des hommes,plutôt un regard..dérangé, comme se sentant d'une part le centre d'attention et d'autre part comme si cette femme était capable d'effleurer ce qu'il avait vu, et cela le dérangeait lui arrachant un tic nerveux.
Elle écoutait les faits bien sûr mais prêtait plus attention à l'homme, à sa façon d'exposer les faits, son état d'esprit,se faisant une idée de la nature de ce qu'il avait pu voir.

Kaerev s'appercu qu'il avait accordé à la femme plus d'attention qu'il n'aurait cru et surtout pendant plus longtemps,un claquement de soleret agacé le rappelant à la réalité.Il pu par la même constater que ses deux collèges semblaient avoir disparu sous terre bien qu'ils fussent encore physiquement la,bien que Fritzgerald lui jeta un regard à la fois inquiet et interrogateur auquel il ne répondit pas.

Il reporta son attention sur l'officier entre deux âges, les pires,délaissant la rousse,avalant péniblement une salive absente dans cette fournaise,rassemblant péniblement ses pensées et ses mots.Le jeune homme au teint mat allait commencer un semblant d'explication quand la porte s'ouvrit à nouveau à la volée,Mac Calder commençait à virer à un rouge inquietant.
Le nouveau venu, portant les insignes du régiment que Laurelinn commandait et des galons de Sergent fit de surcroit l'impair,après avoir tout de même salué comme il se doit,l'impair de se diriger vers elle,Mac Calder virait cette fois au cramoisi.Son vieux collège à ses cotés esquissa un sourire légèrement amusé.

"Lieutenant,nous avons un problème"
Le sergent Karl Shuler semblait comme découvrir le reste de la délagation de la main d'argent et se reprenant fit son exposé à tous,se tournant en bon soldat vers le Major débonnaire,commandant du secteur,mettant Mac Calder au comble du désespoir, celui ci frappant du poing sur la table.L'hotel de ville de Straholme en modèle réduit ne survécu pas à son courroux.

"Allez vous enfin nous dire ce qu'il se passe !" il fusilla du regard aussi bien Kaerev que le sergent.Comble de l'insulte pour cet homme habitué à en imposer,il quitta le Major des yeux quelques instants.. pour consulter Laurelinn qui hocha la tête.

Kaerev de son coté ouvrir la bouche également.

"Le cimetière "
"Le cimet.."
Les deux hommes mirent un temps à réaliser tout comme l'auditoire,qu'ils avaient parlé en même temps, le brun mat un poil plus rapide de son débit sec.Le vieux Major pensa même à un tour joué par son ouie et regarda la voute de la vaste salle d'armes décorée de toutes sortes de blason d'unité actuelles ou passée disparues sous les haches des orcs ou dans les gouffres du temps, comme responsable de cet echo.

La rousse traversa la salle de son pas énergique, grande,quelques pas lui suffisaient pour être sur les deux hommes,qu'elle dominait de sa stature.Plantant la ses supérieurs et les collègues de Kaerev, sortant de sa réserve de femme Lordaeronnaise bien dressée... elle avait attendu assez longtemps et son tempérament avait prit le dessus.

"Guidez nous" lâcha t elle simplement
Elle s'engouffra dans le couloir sans même soucier de qui de ses pairs pouvait bien la suivre,appercevant du coin de l'oeil les gens de la main d'argent, les trois, le sergent, et à son grand étonnement le Major.Le viel homme devait manquer d'action, ou tout simplement suffoquer dans cette salle.

L'action n'était pas au rendez vous pour la petite troupe qui traversait la ville.Les gardes avaient reçu des ordres strictes et étaient légèrement plus calmes, les "prophètes" avaient fini en geôles ou au pilori et l'armée avait prit le pas sur la garde prévue pour des temps de paix,rassurant légèrement le bourgeois et faisant taire les autres.
La peur ne se criait plus, on ne courrait plus partout, on contentait de se la murmurer,comme une épice interdite, autour d'une choppe,sous les regards réprobateurs de ceux qui pensaient ou voulaient faire penser que tout allait bien.

A défaut d'action la peur elle était la quand ils poussèrent la lourde grille en fer forgé de la porte du cimetière,passant devant le corps du gardien, au visage blème de peur, la gorge arrachée par... quelque chose.
Cette porte s'était ouverte sur bien plus qu'une scène horrible de plus,à laquelle, chacun à sa façon, ils se préparaient.

Elle s'était ouverte sur..une époque.

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Message par Kaerev Schiatomb Lun 23 Juil 2012 - 20:04

Après avoir laissé Carter au bon soin d'un infirmier chevrotant, dont le petit étalage faisait front non loin de la caserne, Kaerev avait suivi Hellenlicht et le soldat portant les quelques galons propre aux sergents. Le soleil, qui plus tôt dans l'après-midi, régnait sur la ville en présence étouffante, avait fini par disparaitre derrière les massifs montagneux propre à Lordaeron, ne laissant dans son sillage qu'une poignée de rayons lumineux, qui éclairaient avec peine les contours anguleux de la ville.

Kaerev suait. A défaut de ne plus avoir l'astre brûlant pour cuir ses chairs et embrumer son esprit, la peur avait largement pris le relai en grignotant ses nerfs. Il lui avait toujours semblé bon de garder la tête froide en toute circonstance - céder à la panique n'avait jamais aidé quiconque par le passé - et c'était au prix d'immenses effort, que le croisé parvenait à maintenir l'air froid et insensible qu'il se bornait à afficher en permanence. Le cadavre mutilé du gardien, affalé contre la lourde porte de fer du cimetière n'avait été qu'une joyeuse prélude à ce qui avait suivi.

Il avait vu "quelque chose"...Ou du moins lui avait-il semblé apercevoir, l'espace d'un instant, une silhouette décharnée, ne s'apparentant à aucune forme d'être comme il avait put en voir auparavant. La silhouette était courbée, d'une maigreur effroyable, et ses contours grotesques, s'éparpillant en dessins d'une irrégularité démesurée, ne rappelaient que très vaguement l'image d'un corps humanoïde. Elle semblait posséder des membres; de longs bras osseux, qui pendaient nonchalamment le long de ses flancs, et se terminaient sur quelques élongations évoquant des griffes plutôt que des doigts. Kaerev n'avait pas eut le temps de distinguer la bête dans toute sa splendeur, mais le simple dessin de la créature avait suffi pour distiller l'effroi dans son coeur.

Le silence avait gagné la ville, et n'eusse-t-il été confronté à cette vision un peu plus tôt, l'ambiance lui aurait semblé paisible et agréable. Ça et là, quelques citoyens craintifs échangeaient des propos a voix basse au dessus d'une table d'auberge en plein air, calés dans l'ombre des larges bâtisses, et inspectant d'une regard fuyant la petite procession de soldat se dirigeant vers le cimetière. Kaerev humait l'air frais du soir, qui déjà s'installait, lui inspirant un spectre fugitif qui, lentement, tombait sur Stratholme.

Fritz et Grayson avait suivi le mouvement - l'un réticent, l'autre entraîné à la suite de la femme soldat, par une bouffée de courage que lui inspiraient ses instincts les plus bas. Sans doute espérait-il trouver, avec cette irruption soudaine, l'opportunité idéale afin de briller en public et faire montre de sa force et de son talent devant les yeux de chacun. Aux yeux de celui là, nul fiel ne semblait rôder en ville.

Alors que le petit contingent venait au terme de son voyage, et qu'enfin le sous-lieutenant poussait la lourde grille de fer du cimetière - enjambant ceci-faisant, la dépouille du malheureux gardien comme si il eut s'agit d'un simple sac de patates - l'ambiance prit un visage bien plus net aux yeux de tous, bien plus froid, bien plus sec. Un visage mêlé d'horrible et de grotesque, de laid et de morbide, d'affreux et d'infect. Aux portes même du cimetière, parvenaient les miasmes putrides d'outre-tombe, comme si l'on eut fait remonter à la surface, les sordides contenus des cryptes et sarcophages.

Kaerev déglutit difficilement, avançant d'un pas ferme dans l'enceinte mortifère. L'heure n'était pas à la couardise et aux élans de lâcheté, et il fit montre d'un courage remarquable, allant même jusqu'à pénétrer d'un pas trépignant, en ces terres néfastes. Il plissait les yeux, tentant de distinguer quelque chose dans cet endroit embrumé par quelques fumées fantomatiques, où les contours se perdaient, se confondaient et disparaissaient. C'est d'un pas lent et plus ou moins assuré que la petite procession progressait dans ce lieu funeste, les têtes tournant vivement au moindre craquement, et les armures cliquetants au rythme des pas.

Kaerev se remémorait la silhouette aperçue plus tôt, cherchant des yeux une forme sensiblement identique, parmi ce vortex dansant de brume spectrale et de sépultures maussades. Les cryptes, dans toute leur splendeur sinistre, dominaient le petit groupe, certaines atteignant des hauteurs indécentes - l'homme ayant toujours eut un appétit des grandeur inexplicable et démesuré - et tout aussi futile, les cercueils étant entreposés dans les entrailles de la terre.

Puis, il la distingua - cette silhouette impie, qui courrait dans les ombres, couchée sur ses quatre pattes difformes. La vision fut brève, tant la créature se déplaçait avec agilité et vivacité, mais très largement suffisante pour confirmer ses peurs et doutes. Il y avait bien "quelque chose" en ces lieux.

"Armes au clair ! Elle est là !" cria-t-il d'un ton grave, la voix forte et pourtant teintée d'une pointe d'effroi qui ne semblait vouloir disparaitre. Ceci faisant, il dégaina sa propre épée et son pavois usé, présentant celui ci en avant, l'arme en retrait, prête a frapper au moment opportun. La sueur s'était glacée sur son front, ses yeux gris ne cillant plus. Il avait ralenti sa respiration, comme se figeant intégralement, attendant l'assaut.

Et celui ci ne se fit pas attendre. Dans un bond monstrueux, la bête vint écraser sa main griffue sur son bouclier, sortant ainsi de l'ombre. Et Kaerev vit la créature toute entière. Alors que désormais la lointaine parenté avec l'espèce humaine semblait s'afficher plus clairement, la dégénérescence dont avait été victime cette bête ignominieuse était nettement plus flagrante et aberrante.

La peau de la goule - quand elle était encore présente - avait un teint gris maladif, parsemée d'un ensemble de pustules tièdes gonflées de sang, aux miasmes effroyablement nauséabondes, qui inspiraient aux soldats une nausée irrésistible. Du reste, la créature se présentait sous des proportions largement démesurées par rapport à son lointain passé, où son enveloppe possédait encore un reflet d'humanité; la bouche s'était élargie, au point de devenir une gueule béante, garnie de rangées de crocs jaunâtres mouchetés de sang et dispersés de manière désordonnée à travers les gencives pourries. La langue était devenue un amas de chair pendant de la gueule entrouverte de la bête, suintante d'une coulée de bave fétide, qui se répandait sur le sol en petites touches de bile verdâtre. Quand au corps même de la bête, quoiqu'encore vaguement humain, il s'agissait d'un squelette grotesque, courbé aux limites du possible, aux multiples moignons où pendaient ici et là quelques lambeaux et rognons de chairs.

Mais le plus atroce - bien pire encore que cette physionomie aux allures de caricature morbide d'un être disproportionné - restait ces deux orbites creuses sans la moindre trace de vie, qui trônait au dessus des sinus dénudés de chair de la goule. Ce regard abominable, vide, pur néant, qui ne renvoyait que l'écho du regard qu'on leur lançait.

Kaerev, bien que prit d'une bouffée d'horreur, parvint à asséner à son assaillant un revers de bouclier, écrasant celui ci sur la gueule infâme qui plongeait vers son cou. La créature parvint a récupérer ses appuis bien vite, et se jeta à l'assaut du lordaeronnais, attaquant cette fois ci le flanc découvert. Ses griffes vinrent labourer l'armure, laissant dans leur sillage une marque indélébile. Kaerev avait tenté d'esquiver l'attaque, en vain, laissant ainsi son armure seule garante de sa protection, ce qu'elle avait fait brillamment. Il parvint à riposter d'un adroit revers d'épée, sectionnant le bras droit de la goule - bras qui vint s'étaler plus loin sur l'herbe putréfié du cimetière.

La goule poussa un cri; non pas un cri aux échos humains. Un cri strident et guttural, assimilable à aucun animal, qui n'évoquait qu'une fureur monstrueuse et une bestialité inhumaine. De nouveau, la goule se lança à l'assaut du lordaeronnais. Privée d'un bras, la monstruosité ne perdit pas en férocité. Elle attaquait frénétiquement, ignorant la douleur ou la moindre trace d'émotion, tel un animal déchaîné et gravement blessé qui s'abandonnait au courroux sanguinaire. Alors que son bras restant s'agitait dans tout les sens, la bête vint faire claquer ses mâchoires à quelques centimètres de l'oreille de Kaerev. L'espace d'un instant, il put entendre et sentir sur son visage le souffle glacial de la goule, et le grondement immonde qui éructait de sa gorge putride. Amassant son courage et en appelant à toute sa volonté, le lordaeronnais dressa une nouvelle fois son épée, faisant virer celle ci vers la gorge décharnée de la bête.

Tandis que la tête de la goule allait s'écraser sur le sol à quelques foulées de Kaerev, le squelette décapité s'affaissa soudainement, s'écroulant tel un pantin désarticulé. L'oeil de l'homme rencontra par hasard un tombeau dont la pierre avait été soulevée. Kaerev déglutit alors que les constatations s'assemblaient peu à peu dans sa tête.

L'espace d'un instant il se demanda pourquoi personne n'était venu à son aide face à l'ignominie. L'espace d'un instant Kaerev ne comprit pas. L'instant suivant, il tournait la tête vers le restant du groupe. Ce même groupe qui déjà, était submergé par les ténèbres.

Puis, les griffes sortirent de la nuit.


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Message par Laurelinn Hellenlicht Jeu 26 Juil 2012 - 14:18

Laurelinn était une combattante dans l'âme.Elle l'avait toujours été.Seul un esprit simple pouvait penser qu'elle n'avait pas peur.Mais il lui était difficile d'expliquer, presque tout autant qu'à la plupart de comprendre, que quand le combat commençait,rien d'autres n'existait.
C'était un sentiment dangereux, presque malsain...Non qu'elle perdait une vision d'ensemble précieuse dans ce genre de situation,bien au contraire,mais elle se dépouillait comme d'une partie de son humanité,comme ces monstres qui avaient surgis devant eux perçant la terre.

Elle avait elle ressenti l'horreur de ces apparitions difformes, humains torturés,voir pire, fabriqués d'assemblages de cadavres à la peau parcheminée,d'un gris de cendre et à l'haleine putride dont elle avait ressenti le souffle sur son visage,toutefois cela ne dura qu'un instant.

Certains s'abritent derrière une foi inébranlable en leur cause,ou derrière une discipline de fer,comme elle le faisait aussi,d'autres derrière leur instinct de survie comme certains de ses compagnons...elle plongeait dans son monde, comme un plongeur sous marin et la ou les autres n'entendaient que des cris et des raclements horribles d'ongles griffus contre la terre ou le bois d'une stèle de marbre, elle n'entendait que les ordres, les souffles de ses compagnons.
Elle voyait, analysait...
D'abord parer au plus pressé ...elle avait immédiatement reniflé le maillon faible de leur groupe.. le brun à la peau matte avait peur mais il tiendrai... un de ses jeunes soldats, un blond avec un bouc naissant était presque tétanisé,elle l'attrapa et lui hurla d'aller chercher de l'aide le sortant de sa torpeur...

Le vieux Markus,son instructeur pendant son passage à Lordaeron quand elle avait brievement quitté les cadets de Stratholme pour que son grade ne puisse pas être contesté comme étant du à une faveur d'Armand pour celle qui allait devenir son épouse lui avait dit une chose essentielle qu'elle appliquait à l'instant.
Il l'avait dit avec sa brutalité et ses mots directs de vétéran...

"Repère le lâche Laurelinn,celui qui flanchera,et débarasse t'en, ou vous y passerez tous..."

C'était exactement ce qu'elle faisait, sachant que le bougre à qui la peur donnait des ailes n'avait qu'une faible chance d'atteindre jamais la grille avant les monstres qui bondissait à une vitesse effroyable.
Son acte aurait pu paraitre monstrueux et indigne, mais elle ne se posait pas, ici,ce genre de questions...

Un arbalétrier couvrit l'homme,et malgré la résistance presque décourageante des goules, la force d'impact de l'arme fut suffisante pour envoyer voler un des monstres qui allait arracher la gorge du coursier de ses griffes terreuses, le carreau se fichant dans les chairs pourris avec un bruit mat.

Du coin de l'oeil tandis qu'elle donnait quelques ordres brefs ne dépassant pas quelques mots,voir un seul,elle vit le blond a qui la peur avait donné des ailes impressionnantes,franchir la grille au prix de son pantalon de toutes façons déjà souillé et courrir vers un groupe de gardes qui arrivaient très loin au coin d'une rue pour voir qui produisaient tout ce raffut.

Ils etaient la,presque dos à dos, le souffle court,le vieux major bedonnant lui restant plutôt calme,maudissant juste ses forces d'antan qui lui faisaient manifestement défaut,mais bien plus calme que la plupart des hommes de la main d'argent et des soldats regroupés autour d'elle comme un petit ilot de vie...

Car de temps en temps, le bruit sourd d'une stèle qui basculait laissant place à une nouvelle immondice venait jouer en défaveur de leur espérance de vie.

Laquelle se réduisit encore dans un grincement sinistre que tous entendirent... les gardes paniqués avaient fait fermés la grille éloignant les monstres trop hardis à coups de torches.


"Salauds,ils vont nous laisser crever.. " murmura Carter...
Elle,aurait pourtant fait exactement la même chose...

Tenir....malgré la fatigue et la peur,la sueur et les jurons...le bras d'armes fatigué...les clercs allaient venir,et les quelques traits qui venaient parfois de l'entrée du cimetière pour les aider etaient souvent inéfficaces,se plantant dans la chair d'un non vivant avec pour seule conséquence de le faire parfois se retourner...elle avait profité de l'opportunité pour en décapiter un comme l'avait fait ce Kaerev.

Les quelques non morts qui l'étaient cette fois pour de bon n'étaient pas suffisants pour rassurer le petit cercle de vivants qui les avaient abattus..

Elle parlait de temps en temps d'une voix basse qui se voulait assurée,donnant quelques consignes rassurantes,alors que les monstres qui s'etaient contentés d'assauts individuels se regroupaient comme si leurs cerveaux morts obéissaient à une volonté commune..

L'homme à la peau mate pris d'un éclair de génie scrutait la nuit en attendant que la horde griffue leur tombe dessus tous ensembles pour les mettre en pièces murmura quelques mots :


"Quelque chose ou quelqu'un guide ces choses"
"Nécromancien...." ajouta le vieux major retirant un bout d'os parietal de son arme...

La demi douzaine de paire d'yeux vivants fouillèrent la nuit à la recherche de leur seule chance de survie...

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Message par Kaerev Schiatomb Mar 8 Jan 2013 - 20:37

XXXXX Mémoires de Lordaeron XXXXX

Entrée XVII


Je me souviens de ce jour, où tout à commencé...Ce jour où l'ombre nous était tombée dessus, comme un aigle s'abat sur sa proie terrorisée. Personne n'avait vu le coup venir; personne n'avait eut idée de ce qui se préparait hors de la vue de tous, dans les ténèbres néfastes de la nuit, au pied de la crypte et à l'ombre du sépulcre. De toute évidence, les machinations avaient été savamment orchestrées, minutieusement préparées...Et même lorsque l'infernale machine qui avait été produite fut dévoilée au grand jour, son immensité et sa morbidité absurde dépassait de loin notre capacité à réaliser et comprendre l'enchaînement des événements. Ce serait bref, implacable, fatidique...

Et une fois la nuée de sauterelle relâchée, il était déjà trop tard pour faire demi-tour...

Cette nuit...cette odieuse nuit. Je puis encore me remémorer les respirations saccadées, les chuchotements terrifiés, le cliquètement des armes et les cris d'effrois. Je puis encore humer les miasmes de la peur - la sueur, le sang et les larmes se mêlant à l'infecte haleine de tombeau, qu'empestait ce cimetière. Aujourd'hui encore, je puis contempler le noir, et y discerner les contours d'un caveau profané, ou d'une silhouette décharnée à la démarche chancelante. Aujourd'hui encore, je puis ressentir l'effroi qui avait contracté chaque fibre de mon corps, et installé son nid dans mes entrailles. La peur, la nausée, l'horreur...autant de turbulences qui rongeaient mon âme avec une voracité sans précédent.

Les premières horreurs avaient surgies des ombres, rachitiques, la peau rongée des vers et de moisissure, les orbites vides et creuses, un sourire tordu, figée sur le visage de chair pourrie. C'était une peur féroce qui avait animée chacun de mes coups. Frénétique, possédé d'une terreur si vive, que je voulais en hurler. Aucun son ne vint, ma gorge sans doute nouée par l'angoisse et l'air empoisonné des lieux. Je combattais alors en guerrier silencieux, chaque infime partie de mon être commandée par quelque terreur supérieure, qui avait pleinement possédée mon être alors que mon esprit et ma conscience toute entière, avait cédée face à la vision abominable de ces amalgames de chair.

Combien de temps le combat avait-il duré, où comment étais-je parvenu à triompher de la bête innommable, je ne saurai le dire aujourd'hui. Il ne s'agissait plus de ces passes d'armes amicales échangées entre deux camarades de caserne, où chacun tentait mille prouesse pour impressionner quelques observatrices aux yeux pétillants...Il s'agissait du combat le plus vulgaire, le plus bas - pas même celui que l'on porte à l'homme face à nous, épée au clair et désireux d'en découdre...Ce combat n'avait rien d'honorable, et même, rien d'humain. Il s'agissait de survivre, de résister, d'esquiver chaque assaut...Et plus encore que d'échapper à la mort, échapper à la terreur inexplicable, qui envenimait peu à peu mon sang, alors que mes yeux plongeaient dans ces orbites d'un vide diabolique...Dans ce regard aveugle que me rendaient ces prunelles noires de suie, je contemplais l'infernal abîme qui s'était emparé de se corps brisé, et pourtant bien debout, face à moi...Je contemplais l'étendue de la crevasse qui me séparait moi, homme, de cette monstruosité, aux reflets évanescents d'humanité. Et j'étais soudain pris de nausée. Non pas car la laideur de la créature dépassait l'entendement, ni même parce que son souffle putride inondait mes narines comme la plus nauséabonde des latrines, mais parce que, contemplant la silhouette de cette bête dégénérée, je réalisais dans l'étude de ce corps putréfié, l'étendue de notre précarité, à nous animaux de chair si facilement malléables. Cette immondice, qui devant mes yeux tétanisés, tenait à peine debout, était une farce, une caricature, une bouffonnerie de nos créateurs, qu'ils nous jetaient désormais en pleine figure.

Naïvement, je croyais en avoir fini, une fois l'horreur étalée à mes pieds, pourfendus de plus de coups qu'il n'en fallait pour tuer un de ces redoutables fauves des lointaines péninsules...Oh, quelle horreur m'avait frappée lorsque je constatais que nos maigres troupes étaient débordées de créatures en tout point semblable à celle que j'avais affronté. D'ici, je pouvais humer les exhalaisons émanant de leurs panses gonflées à en crever, répandant au sol un flot continu de tripes, de bile et de pus...Je les voyait surgir des ténèbres, armée infatigable de charognards, se relevant des ossements par légions immortelles.

Rien de tout ceci n'avait de sens à mon esprit trop étroit pour accepter en ce monde, des intervention surnaturelles, qui ne soit affilié au grand Diable et à ses sept enfers. Il me faudrait peu de temps pour réaliser qu'il s'agissait là de puissances si noires et pétries d'une telle cruauté, qu'elles ne pouvaient être issues d'ailleurs que du plus sombre Tartare.

Je me souvenais des enseignements de feu mon père..."A chaque élément, une cause...". D'où venaient ces créatures, j'en ignorais tout. Mais leur subite présence dans le cimetière de Stratholme ne pouvait être le fait du hasard. Quelque chose était de toute évidence à l'oeuvre. Peut être une de ces entités de mythe, que l'on chuchotait aux enfants afin de les effrayer : les nécromants...

J'avais crié quelque chose, la voix sèche et rendue rauque par les bouffées de cet air néfaste, qui avait investit mes poumons. Nécromant...il fallait trouver le nécromant. Grayson, Fritz et Carter m'avaient suivi, brisant l'offensive des immondices ayant pris d'assaut leurs positions. Prudents, aux aguets, déchirés de toutes parts par la peur et l'angoisse, nous étions partis en chasse d'une chimère diffuse, sans trop savoir où nous allions, ni vers quoi nous plongions. Les abominations n'avaient cessées de tirailler nos flancs. Automatique, possédé par un amalgame de peur et d'instinct à vif, j'abattais les épouvantables pantins venant se fracasser sur mon écus, tel un flot cannibale déchaîné.

La nuit était là désormais...Le soleil s'était noyé dans les ombres, et une lune maladive éclairait à peine le sordide bourbier où nous avions mis les pieds. Ma vision baissait à mesure que nous avancions dans les ténèbres, sans savoir ce qui nous attendait, au détour d'un arbre mort, ou d'une crypte délabrée. Et le calme était là, à présent...L'odieux et infâme calme, qui semblait précéder les cris et les hurlements affamés de ce peuple de la nuit qui contre nous de dressait...Et en effet, ce calme n'avait été qu'éphémère.

Les griffes et les crocs avaient de nouveau déchiré la pénombre. Un jeune soldat de notre formation avait été sauvagement égorgé, alors qu'une de ces immondice avait souplement bondit sur sa pauvre personne. Un autre s'était fait dévoré vivant, alors que ci qui semblait être un essaim d'abominations grouillantes s'étaient rué sur lui. Soudainement, le calme avait été déchiré en morceaux, par les cris des mourants, les hurlements de ceux réduits à l'état de bonne chaire, et le vacarme d'une horde affamée de nuisibles. La terreur était là. Je frappais sans même regarder, beuglait des ordres sans savoir quoi faire, animé par une ivresse soudaine et un certain désir de subsister. J'avais perdu Hellenlicht des yeux...Grayson avait disparu. Le gros major aussi. Partout autour de moi, je ne voyais que cadavres et festin abominables, que se disputaient férocement, quelques créatures avides. Et soudain, je le vis.

Rabougris, enrobé dans de vêtements si amples que l'on ne distinguait plus les contours de sa silhouette, le nécromant était face à nous, la barbe blanchie par l'âge, et les yeux luisant d'un bleu malsain. Un capuchon était rabattu sur son crâne, ne laissait entrevoir que son visage ridé et mangé par le temps. Il sourit, dévoilant quelques dents gâtées, et toute l'étendue d'une perversion infinie. Le rictus du mort, du magicien, du grand Satan...

Fritz poussa un hurlement de rage, alors qu'une nouvelle engeance bondissait contre lui, s'écrasant sur son égide tachée de bile et de sang noir...Carter beuglait quelques injonctions pétries de colère et d'effroi, alors qu'il assénait frénétiquement son cimeterre sur le visage boursouflé d'un non-mort...Les cris redoublaient; les hurlements aussi...Je pouvais entendre le grondement féroce d'un millier d'âme s'extirpant des ombres. La nuit s'étendait. La lune, ma dernière flamme, mourrait.

Ivre de rage et de désespoir, j'a dégainé mes armes, et chargé le vieillard grimaçant d'un plaisir dément, alors que ses immondes créations se ruaient à leur tour sur leur maître, dans une tentative de le protéger.

Et ainsi, tout d'un coup, j'entrais dans un nouveau monde. Un nouvel âge de terreur infâme, où le soldat devait non seulement combattre l'ignoble, mais aussi ses pantins désarticulés, qu'il avait pris soin de confectionner avec les quelques moignons et rabiots sanglants de nos frères tombés, en artisan-boucher méticuleux. Tout d'un coup, j'entrais dans un univers façonné de toute autre manière que j'avais forgé le miens...Un monde de chaos, d'horreur, de discorde et de désordre si profond, que je ne pouvais, à l'époque, pas concevoir l'étendue de sa barbarie et de sa profonde ignominie.

Voici que venait l'âge des corbeaux, des pleurs silencieux, de la mort sans repos, des nuits sans étoiles et des jours sans soleil...

Et à l'ombre du sépulcre, triomphait la mort, sur son cheval pâle...



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Message par Laurelinn Hellenlicht Sam 12 Jan 2013 - 14:55

Ses camarades dansaient de leurs forces qu'on aurai pu croire maigres comme un défi au temps qui passe et à ceux qui les voyaient déjà enterrés.Le parquet de la vaste salle que les vétérans avaient louée pour leur réunion tremblait comme sous la charge de kodos en colère arrachant à Laurelinn un sourire d'amusement.
Elle savait pourtant danser,mais nous avons tous nos manies.Pour une raison qui restait tapie dans sa mémoire,elle évitait voir fuyait presque la chose,sur cette danse ci du mois,du folklore traditionnel d'un mode défunt dont les seuls témoins étaient partout sur Azeroth des gens comme eux,qui en cette soirée s'animaient comme les pantins macabres qu'ils avaient refusé de devenir,par chance pour certains,par combattivité pour d'autres,par lâcheté pour les plus rares mais aucun n'était présent ce soir.
Les tentures bleu et blanches aux armes de Lordaeron bougeaient légèrement comme une voile paresseuse,comme solidaires de ces quelques vivants qui s'agitaient encore portées par un léger souffle pas tout à fait mort.Car Lordaeron était morte quoiqu'en dise les plus agités des jeunes générations bataillant stérilement sur place sans ordre et sans buts dans le chaos,mais pas ses enfants.Pas leurs souvenirs.

Elle sorti sur le balcon pour échapper à une invitation importune qui ne manquerait pas d'arriver,tenant sa coupe en main,son sourire s'élargissant à un hymne ancien,chanté avec puissance,accentuant et s'harmonisant avec la vibration des pas.

Elle ferma les yeux à demi sous cet étrange ronron à la façon des tambours de bataille qu'était le rythme de pas des danseurs se fondant parfaitement à l'hymne qu'elle murmura en écho avec eux,comme un chuchotement dans la nuit.

Le sergent Karl Shuler chuchotta à son oreille,comme un souffle presque frais,l'haleine du bonhomme était pourtant loin d'être irréprochable,mais un souffle de vie,une petite barque tentant en vain de fendre un océan déchainé et putride,les mots comme porteur de la chaleur d'un vivant.
Le sang d'un autre,comme un dernier message de soutien s'écoulait doucement sur son visage,dernier leg d'une vie éteinte et mise en pièce,tirant bien malgré lui la jeune Lieutenant de sa torpeur.Le combat a parfois dans toute son horreur son lot d'étrangeté et bien des anciens combattants avinés que personne ne croie,les yeux perdus dans leurs souvenirs tenant lieu de linceul vous auront conté la même histoire.
Elle entendit les mots du sergent avec plus de neteté dans un brouhaha de beuglement de cris de peur et de guerre,d'odeur de pisse de sang et de pourriture,qu'un orchestre de cor montagnard.


"Frau Hauptman,ils le voient..." le sous officier,presque serein ou trop choqué pour avoir peur,répéta patiemment sa phrase désignant le petit groupe de fous tentant une percée vers la silhouette qu'il désignait.

"Il faut leur donner du temps"...
Laurelinn aurait presque pu faire rire un éventuel public,de fous,seuls des fous ou des spectateurs dépouillés de toute humanité aurait pu trouver cela cocasse,en se gratifiant elle même d'un coup de gantelet comme dans les mauvaises pièces de théatre de rue.

Elle vibrait..

il n'aurai été nul autre mot pour le définir.Son esprit luttait pour reprendre le contrôle.Pour déchirer ce brouillard flou qui voilait ses sens.Elle n'avait pas peur,elle ne criait pas ni se faisait dessus de terreur,à dire vrai elle était comme..loin.
Son esprit vibrait...elle luttait pour déchirer rageusement de ses mots une réalité qu'elle appercevait au loin,comme tentant de déchirait un océan cotonneux.

Sa raison tremblait,car sa vision du monde tremblait...elle était comme ces idiots qui frappe un poteau métallique de quelque maillet de toutes leurs forces dans quelque foire.

Elle se sentait ramasser ces certitudes comme un ouvrier prends la poussière blanche d'un plafond qu'on ébranle.Mais...le mur soigneusement bâti depuis des années qu'on avait monté autour d'elle avec sa complicité,pétrie de ses certitudes soigneusement ancrée dans son esprit peaufiné par une éducation rigoriste ou le doute n'a pas grand place,qui parfois bridait un peu son potentiel,la sauva...le mur mis à mal teint bon.Les idiots et les conservateurs s'en sortent mieux face à l'horreur que les poètes...

Le coup de gantelet et le cri suraigu la propulsa sur le devant de la scène comme un acolyte poussé par des amis farceurs pour faire un discours dont il n'a pas avait dans une foule hilare.Elle retrouva sa lucidité et après coup elle aurai même dit une certaine clairvoyance d'un bloc,comme un choc et balaya la scène de cauchemard (avec un d ) du regard.

Du temps..Shia'tomb et les autres avaient besoin de temps..les morts avides de leurs chairs les suivraient,malgré les vociférations de leur maitre certains suivraient le groupe de vivants tentant de fuir le cimetière,car l'idée leur était tout simplement intolérable au fond d'eux même,de leur triste carcasse remodelée qui haissait tout souffle de vie.

Elle hurla un ordre avec la force d'un chanteur lyrique tauren si il en eut existé et le petit,désespérement petit groupe se mit en branle,en un simulacre de tortue métallique vers la sortie.Certains non morts firent demi tour pour aller protéger leur maitre mais beaucoup restèrent sur eux comme un essaim de mouches restant accrochées à un bon quartier de viande.

Elle vibrait de nouveau...
mais de cette rage sauvage de ceux qui voient quelque chose se dresser entre eux et leur survie chassant toute peur.Dans un coin de son esprit,qui peine à réfléchir tant cette rage s'insinue partout au plus profond de nous,elle se prit même à se demander comment elle avait pu avoir peur de ..ça et les horreurs putrides n'étaient rien d'autre que des obstacles,dépouillés du sentiment d'effroi qu'ils inspiraient.Elle tailladait ,rugissait,de ce même sentiment d'invulnérabilité temporaire qui accompagne souvent les derniers sursauts de désespoir.Ca aussi elle le savait,cela ne durerai pas,mais s'en grisait pour l'heure.Pour vivre.

Les soldats de la ville à la grille virent arriver ce groupe perçant la nuit,eux qui n'avaient du combat que les cris par cette nuit trop sombre,paniqués commencèrent à ouvrir le feu sur l'essaim et sur la troupe mêlée,un homme apeuré vise rarement très bien,un carreau perforant la cuisse de Laurelinn,qui présenta toutefois la note à la peur,qui a parfois ses avantages,se limitant pour la jeune femme à un impact sourd et une douce chaleur sur sa cuisse qu'elle senti à peine sur le coup.
Le sergent Shuler en perdit une oreille mais à quelque mètres de la grille,trop heureux de voir ces torches et ces silhouettes armurés ne s'en rua que plus vers ses tourmenteurs.Les soldats de la grille ouvrirent la grille malgré les ordres de leur supérieur et le groupe déboucha sur la rue en pleine lumière par rapport à l'opacité peu naturelle de la nuit sur le cimetière avec son lot de monstruosité,certains encore accrochés criblés de carreaux et de poix à une jambière ou un bouclier.
La plupart reculaient sous les torches,créatures encore peu abouties,les autres furent taillés en pièces par la troupe fort nombreuse,la troupe bruissant de questions,de remarques horrifiées devant ces êtres abominablement contrefaits.De ci de la,le bruit et l'odeur d'un vomissement à leur vue.
Puis la voix d'un officier,l'odeur des torches et de la chair brûlée,quelques ordres,la silhouette de civils poussés en arrière sèchement...le voile retombait..Sur Laurelinn aussi,assise sur le pavé,affaiblie par son sang coulant dans les petites rigoles boueuses de la vielle ville,de nouveau cotonneuse,comme spectatrice de son propre être,s'entendant vaguement murmurer qu'on aide les soldats de l'Aube d'argent restés dans cet enfer.

Le pavé lui semblait presque vivant,vibrant ...elle se sentit portée en arrière pour quitter ces lieux au bord de la ruine,agrippée.


"Vous danser Major?"

Le capitaine Feldish regarda avec étonnement ces yeux presque voilés,tenant la jeune femme plus si jeune par le bras,le relâchant doucement,et reprit son sourire,voyant ces yeux verts encore un peu hagards reprendre leur éclat,la main posée sur la vielle balustrade de bois qui vibrait sous les pas des danseurs de gigue.



A l'ombre du sépulcre la vie triomphait en attendant de céder le pas.


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Message par Kaerev Schiatomb Dim 31 Mar 2013 - 17:02

"...Et deux pièces pour l'Acheron."

Un homme portant le tabard de l'aube d'argent était accroupi devant la dépouille d'un pauvre bougre, qui avait connu des jours meilleurs. Ravagé, le cadavre en lambeau s'étalait sur plusieurs mètres, tripes et viscères s'étant déployées tel un papillon aux larges ailes autour des restes du malheureux, sur l'herbe verte ayant virée au cramoisi après une fantastique éclaboussure de sang. Les os étaient tordus, arrachés, voir absents. Restait seulement ce visage où une expression de surprise stupide jusqu'à la caricature s'était ancrée définitivement. L'homme portant les couleurs de l'aube d'argent vint fermer les paupières du mort, et y apposa deux petites pièces d'argent, tapotant ceci faisant l'épaule de celui ci avec une certaine compassion.

- Celui ci n'a pas eut de chance, soupira-t-il, haussant légèrement le ton.

- Va savoir...Le cinquième en huit heures. Ça doit être plus commun qu'on ne l'estime, siffla un autre, qui sortait des ruines d'une petite bâtisse au toit effondré.

Le nouveau venu portait une armure de plaque noire et or, usée par le temps et la boue. L'or était terne, et les coloris noirs s'effaçaient peu à peu. Il portait un de ces masques fort communs parmi les paladins aspirant au mysticisme, à l'anonymat ou encore au conformisme. Un motif en forme de croix était fiché sur le heaume, où deux fentes pour les yeux avaient été taillées. Il marchait d'un pas sur, une épée passée dans son fourreau, l'emblème de l'aube d'argent sculptée sur son torse.

La campagne était à peine illuminée par les lumières de l’aube, et les deux croisés s’étaient arrêtés à proximité de la ferme ravagée, laissant leurs chevaux brouter l’herbe desséchée, allumant un modeste feu de camp qui n’en finissait désormais de mourir. L’homme masqué était reparti seller son cheval, lançant à celui resté accroupi près du mort quelques propos.

- Et où sommes nous attendus désormais ? demandait le masqué

- Stratholme ! avait répondu l’autre, une pointe de fierté dans la voix, revenant vers les chevaux. Stratholme, mon bon Faust.

- Voilà beaucoup d’entrain de ta part Jalec. A t’entendre, on dirait que l’on s’apprête à participer à une grande célébration…On en oublie presque le macabre des alentours.

Le dénommé Jalec scruta l’homme masqué avec une certaine légèreté, amusé. Les yeux clairs, les traits encore jeunes, la barbe brune et les cheveux lisses encadrant son visage halé, Jalec était empreint d’une certaine étincelle de vie, un fait remarquable dans le cadre morne et triste de Lordaeron, et possédait une très nette vigueur. Faust eut un petit sourire sous son masque. Quoique plus vieux que Jalec d’une dizaine d’année, il trouvait en ce jeune personnage un reflet de lui même.

- Nous devrions peut-être nous presser, afin d’atteindre Stratholme avant midi, reprit Faust.
- En effet, répondit Jalec, opinant du chef.

Jalec escalada souplement sa monture, grimpant vivement sur la selle usée. Embrassant du regard ce paysage tâché par le sinistre d’une ferme délabrée et d’un cadavre démembré, le visage du croisé prit une teinte plus morne, plus triste, comme si l’atmosphère maussade venait ronger la lueur au fond de ses beaux yeux gris, et figer le mince sourire posé sur ses lèvres. Les chevaux se mirent en marche, au petit trot.

- Étonnement, je ne puis me souvenir d’un temps, où l’on riait en ces terres. Ce spectre, qui plane au dessus de nos têtes, à gâté les fruits, souillé la terre et terni le soleil, glissa doucement Jalec, le visage dur et froid.

- Ne soi pas si pessimiste…Même les heures sombres ont une fin. Et, du reste, il faut bien une nuit pour que naisses le jour, et un hiver pour bercer un printemps, répondit Faust.

Jalec hocha fermement la tête, manifestement peu convaincu, mais résigné. Les nuits étaient devenues plus longues, en Lordaeron, et son bon caractère, comme sa bonne humeur, s’était dégradé avec le paysage. Les arbres morts, les fermes incendiés et les immondes amas de chair en charpie, avaient considérablement terni l’atmosphère quotidienne en ces terres, qui pesait sur les têtes de chacun.

- Bien…Stratholme donc. Cela faisait longtemps, dit Faust, une pointe de nostalgie dans la voix.

- Les ordres du connétable indiquent que nous devons rejoindre une dénommée « Hellenlicht ». Capitaine, semblerait-il.

- Ça ne me dit rien.

- J’ignore ce qui nous attend là bas, reprit Jalec. Mais, quoiqu’il en soit, tâchons d’en faire un excellent souvenir. Du reste, les pêches sont mûres et sucrées à souhait, en cette période de l’année.

- Les pêches hein ? ricana Faust. Mon bon Jalec, qu’as-tu fais pour devenir ainsi ? Je me souviens d’un autre âge, où tu te plaisais à croiser le fer, et parlais abondamment de faits d’arme, un feu passionné au fond de tes prunelles.

- Bah, que veux-tu ? Les temps changent ; les âges défilent. Ma petite Layza y est sans doute pour beaucoup.

- Ah, oui. Ta fille, répondit Faust, amusé. Quatre ans déjà, n’est-ce pas ?

- C’est cela. Quatre ans, et déjà adorable. N’y vois pas un rejet de ma situation actuelle – j’aime battre la campagne de Lordaeron – mais j’aimerai la voir, aujourd’hui. La serrer dans mes bras, mirer ses joues rondes.

Faust décocha un regard à Jalec. Il avait l’air légèrement anxieux, derrière ce masque insensible, qu’il gravait bravement sur son visage de marbre.

- Tu la reverra, va ! Après tout…il n’y a pas de raison que cette mission dans le Nord s’éternise. C’est une crise passagère ; la routine. Nous serons rentré près du Roy bien assez tôt.

Jalec eut un léger sourire, alors que les montures trottaient tranquillement vers la splendide Stratholme, qui à l’horizon, se dessinait peu à peu. L’air était néfaste, mais la vie continuait. Quelques oiseaux chantaient encore, près de la cime des grands bouleaux ; une paire de lapins excités, bondissaient d’un terrier à l’autre, trépidant en ces premiers jours du printemps. Le soleil, éclairait leur chemin, alors qu’il rentrait dans un petit bois, les rayons pénétrant la couverture de feuillage trouée, des arbres. Le claquement monotone des sabots sur le chemin de terre, évoquait au croisé, quelque mélodie berceuse.

- Après tout, peut être que tout n’est pas perdu pour ces terres, dit Jalec, un éclat paisible dans les yeux.

Faust eut un petit rire amusé, qui résonna de sous son masque.

- Ah, mon bon Jalec… Quel poète tu fais – à peine vois-tu le cœur de la Nature, que le tiens bondit de joie, et sort de son chagrin, dit avec un semblant moquerie Faust.

- Que veux-tu, mon esprit si sensible, se prête si bien à la contemplation, de la beauté du monde, rétorqua l’autre, souriant.

- Diable, ta fille t’a vraiment rendu plus doux.

- Comme tu n’as pas idée.

Faust émit un petit cri, feignant le dégoût. Jalec fut prit d’un rire sincère, bientôt rejoint par le croisé masqué. La Nature semblait en effet bien belle en ce début de journée, et, sous le soleil charmeur, toutes les noires idées du petit matin, s’évanouissaient, en spectre usé qu’elles étaient. Bientôt, il n’y avait plus que le rire fort et sincère, de deux amis, chevauchant vers la belle Stratholme.

Tout le reste s’était effacé avec la nuit, alors que le soleil imposait, l’empire du jour.

***

- Trente-sept…

La place du marché de Stratholme était réputée comme étant un lieu d’une effervescence sans pareil, tant la foule de badauds, de marchands, de gardes, de truands à la petite semaine et d’observateurs anodins s’agitait infatigablement, du premier cri du coq, au coucher de l’astre solaire. Des enfants courraient dans les ruelles, se passant un ballon de cuir usé, qui avait connu bien des rebonds. Des prêtres paradaient près de la cathédrale, s’affairant aux travaux du jour. A l’intersection entre la place et l’avenue principale débouchant de l’entrée de la ville, un poste douanier avait été installé, afin de contrôler les cargaisons en provenance de l’extérieur. Un fonctionnaire aux lunettes rectangulaires, une ardoise sur le bras, et une craie au bout des doigts, s’employait avec un zèle peu commun, à l’énumération des cargaisons récentes. Un autre individu, paré d’une longue robe de satin noir était posté près du fonctionnaire, observant celui ci dans sa tâche. Un masque blanc couvrait son visage du nez au menton, ne laissant ainsi entrevoir que ses yeux d’un bleu acéré et sa longue chevelure noire. L’air dur et froid, il inspirait le respect, que force la crainte. Il portait autour du cou, un de ces symboles typiques du clergé Lordaeronais.

- Trente-huit…

L’air vaguement ennuyé, l’homme d’église observait vaguement la foule mouvante, qui peuplait le marché, à la recherche d’une échappatoire à ce poste lassant. Bien qu’il fût ici, à observer le travail du fonctionnaire, de son propre grès, cela l’ennuyait au plus haut point. La recherche, semblait-il, demandait bien des sacrifices.

- Thaumaturge Von Zelkhan !

Vast tressaillit à l’appel de son nom ; pivotant vers sa gauche, il scruta celui qui l’interpellait, émergeant de la masse. C’était un soldat, à l’armure élaborée de sous-officier, à la barbe blonde et bien taillée, et aux longs cheveux. Sa peau brune, et son regard déterminé ne faisait aucun doute quant à son assurance, et son caractère. Fort et endurant, cet homme était sans aucun doute un soldat vigoureux, strict, confiant, et somme tout, plutôt bon à ce qu’il faisait. Vast ne l’avait jamais rencontré auparavant, mais l’individu lui évoquait un tel nombre d’archétype, l’homme lui étant familier, tout en lui étant parfaitement inconnu.

- Thaumaturge, dit de nouveau le soldat, qui arrivait près de lui. Lieutenant Anatoli Van Shaft, de la main d’argent, reprit-il, avant de s’incliner devant Vast, légèrement essoufflé.

- Eh bien lieutenant, qu’y-a-t-il pour que vous soyez aussi hâtif ? dit Vast, inspectant d’un œil méfiant le soldat.

- J’ai été chargé par l’état major de la cité, de vous prévenir de l’incident d’hier soir, au cimetière, dit-il, le ton sombre. Un troupe de soldat s’y est retrouvé coincé, alors que sortaient de terre…les morts.

- Les morts ? répéta Vast, soudainement intéressé.

- Oui, Thaumaturge. Les morts. Et un nécromant, par dessus tout.

- Voilà beaucoup d’histoires, qui, généralement, n’ont pas plus de fondement que des mythes populaires, lieutenant.

- Et pourtant…Nous y avons perdu trois soldats, et gagné une sacrée frousse parmi les rangs.

- Trente-neuf, énonça tout haut le fonctionnaire, plongé dans sa tâche.

- Cet incident fait étrangement écho aux événements en campagne, Thaumaturge, reprit Anatoli. Il pourrait s’agir d’une piste…une piste pour le moins inquiétante en l’occurrence.
- Vous avez besoin de moi pour inspecter les restes ? demanda Vast, sceptique

- Quarante, continua le fonctionnaire.

- Oui, Thaumaturge. Imaginez que cela soit une ouverture sur ce fléau spectral qui hante nos campagnes depuis voilà quatre mois…Imaginez un peu.

- J’ai fais mes recherches à ce sujet. Les conclusions étaient déconcertantes…Mais soit. Où sont les cadavres ?

- Ils ont étaient entreposés dans une crypte de la cathédrale, Thaumaturge. Nous en avons compté une trentaine.

- Quarante et un…

- Diable…Une trentaine, voilà qui est beaucoup. Dans quel état sont-ils ?

- Décousus, pourris, éventrés, éclatés, lacérés pour la plupart, répondit Anatoli, la mine sombre. En charpie pour les autre.

Vast grimaça. La consultation s’annonçait festive. Mais encore une fois, la recherche et l’étude nécessitaient des sacrifices. Sacrifices qui, manifestement, s’avéraient de plus en plus exigeant.

- Quarante-de-…

- Bon dieu Hector, fermez là ! s’exclama Vast, excédé par le bruit de fond machinal du fonctionnaire. Lieutenant Van Shaft, j’irai à la cathédrale une fois cela fait, continua Vast, en désignant dédaigneusement ce brave Hector, qui comptait désormais à voix basse.

- Bien, Thaumaturge, dit Anatoli, s’inclinant avant de se fondre dans la foule.

- Thaumaturge, dit Hector d’une voix hésitante.

- Quoi encore ? répondit celui ci d’une voix passablement irritée

- Cette caisse ne figure pas sur la liste, répondit le fonctionnaire, désignant du bout des doigts une caisse de bois scellée.

- Étrange…Ouvrez la donc, dit Vast, détaillant celle ci.

Hector hocha la tête, et partit à l’intérieur du poste douanier, avant de ressortir, peu après, armé d’un pied de biche usé. D’un geste fluide, il ouvrit la caisse, qui ne résista pas bien longtemps à ses assauts professionnels. Le couvercle ayant cédé, on pouvait voir l’intérieur de la caisse, qui regorgeait de grains.

- Du blé, dit Vast, étonné. Du blé…

Le thaumaturge plongea sa main dans la caisse, intrigué. Le grain semblait parfaitement normal.

- Pourquoi n’était-elle pas sur la liste ?

- Allez-savoir, répondit Hector. Une erreur peut-être ?

- Peut-être, marmonna Vast, qui contemplait les quelques grains qui reposaient dans sa paume ouverte.

- Thaumaturge Vast Von Zelkhan ? énonça une voix légèrement distante

- Qu’est-ce qu’il y a encore ? soupira Zelkhan, las, sans tourner la tête.

Un petit groupe de soldat émergea de la foule ; Fritz, Grayson et Schi’atomb, dans un état qui laissait à désirer – les conséquences de la veille - s’approchèrent du Thaumaturge.

- Thaumaturge, le capitaine Hellenlicht souhaiterait vous parler, poursuivit Fritzgerald

- Mais que diable arrive-t-il aux militaires ces derniers temps ? bougonna Vast, se tournant vers ses interlocuteurs. Quelle mou-…Diable…Qu’est-il arrivé à vous trois ? Un rixe dans la basse ville ?

- N’avez vous pas appris ce qu’il s’est passé au cimetière ?dit Kaerev, l’air surpris.

- Ah ! Oui, le cimetière…Bon sang, c’est en effet sérieux, siffla Vast, avisant les multiples griffures et écorchures impressionnantes, qui couvraient les trois soldats.

- Oui, minauda Fritz, c’était sérieux…C’est d’ailleurs de cela que veux causer le capitaine.

- Navré, j’ai autre chose de prévu dans l’immédiat. Prévenez là que je passerai plus tard ; j’ai rendez vous avec quelques cadavres dans les cryptes de la cathédrale, marmonna d’un air macabre Vast.

Fritz soupira. C’était encore un coup à recevoir des remontrances.

- Soit. Hâtez vous en ce cas, reprit-il, las.

- J’y veillerai. Tout ceci est fort pertur-…

Vast s’arrêta brusquement en voyant Grayson agenouillé, se servir à pleine poignée dans la caisse clandestine, de grain de blé. Il avait cette frénésie affamée, qui laissait comprendre que la faim avait pesé lourdement sur ses épaules. Vast observait l’impétueux soldat, sidéré. Sidéré, c’était le mot. Outré, semblait correspondre, lui aussi.

- Mais que faites-vous, jeune sot ?! Êtes vous un sauvage pour vous servir ainsi dans les caisses de la ville ? Il n’est même pas cuit !

Kaerev refila brusquement une tape sur le crâne de Grayson, rappelant celui ci à l’ordre alors que celui ci s’empiffrait de grain sec. Grayson se redressa soudainement, tenant de masquer ses joues gonflées.

- Excusez-le, dit Fritz en adressant un regard glacial à Grayson…Nous n’avons pas mangé depuis quelques jours. « Certains », le vivent plus mal que d’autre.

Vast eut un grognement irrité.

- Trouvez quelque chose à manger ailleurs, dit-il, adressant un regard mauvais à Grayson. Hector, débarrassez nous de cette caisse. Si elle n’est pas sur cette liste, elle n’est pas à Stratholme.

- Bien, Thaumaturge, dit Hector avant de s’exécuter promptement.

- Messieurs, reprit Vast, s’adressant aux soldats. Je passerai vous rejoindre dans l’après-midi. Tâchez de présenter mes excuses au capitaine, et ne truandez pas d’autre marchandise en route vers la caserne, dit-il avec un ton méprisant.

Fritz inclina la tête en silence, les mâchoires serrées. Une fois Vast effacé dans la masse grouillante du marché, il releva la tête, soupirant.

- Quel rabat-joie, ce curé, ricana grassement Grayson, dégustant ses derniers grains de blé.

Fritz expira lentement, puis, se retourna vivement vers Grayson, avant de lui asséner un furieux coup de poing dans le visage du soldat. Son nez craqua péniblement. Grayson s’effondra au sol, sous le choc, poussant un cri de douleur et de surprise, avant d’entamer un long gémissement. Kaerev, soupira, excédé.

- Carter nous attend à la caserne, dit-il d’un ton se voulant détaché.

- Parfait. Rejoignons le en ce cas. Cette chiffe-molle encombrante nous rejoindra quand elle aura cessé de geindre, siffla avec colère Fritz, désignant du pied le corps recroquevillé de Grayson. Anatoli et l’état major auront sans doutes quelques choses à dire à propos de la nuit passée, reprit-il avec humeur, avant d’entamer une marche rapide vers la caserne.

Kaerev hocha la tête, et s’engagea à la suite du blond, laissant le pauvre soldat verser quelques larmes de douleurs et de haine sur les pavés rutilants de Stratholme.

Bientôt, le clocher de la cathédral sonnait les douze coups de midi, avec une force et un écho si puissant, qu’ils retentissaient au delà des murs de la ville, jusqu’aux confins des bois alentours.

Songeur, Kaerev se surprit à comparer les douze coups, aux cloches infernales de l’apocalypse, signant la fin d’un monde. Il secoua la tête, surpris de s’imaginer de telles choses. Ce devait être le soleil, qui tapait ardemment sur leurs têtes.

Oui...C'était sans doute cela.
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Message par Kaerev Schiatomb Lun 3 Fév 2014 - 2:03

Te souviens-tu de la lune, toi
Qui cueillait les fleurs des champs
Qu'amenait à ses premiers mois,
Le chaleureux soleil du printemps ?

Entends-tu encore, ces chants
Qui peuplaient les bois et forêts
Où jouaient ces enfants tout joyeux,
Égrainant les sourires amusés ?

Te souviens-tu du ciel bleu,
Des fruits sucrés que tu cueillais,
De ces festins autour du feu,
Et de ce ruisseau où tu buvais ?

Tu souviens tu des feuilles rouges,
Que balayait le vent du Nord,
Et de cette Nature si belle et si brune,
Qui nous offrait les lueurs de l'aurore ?

Et imagines-tu encore, les flocons,
Qui mouchetaient nos toits enneigés,
Et couvraient d'un manteau, nos maison,
Qui brillaient dans l'hiver comme enchantées ?

Souviens toi, mon âme, de ces choses là,
Quand la nuit deviendra si noire,
Que ton coeur larmoyant oubliera,
De croire au Soleil quand viendra le soir...


****


[Une strophe a été rajouté, bien plus tard]

Oublie la nuit, oublie la peur...
Souviens toi du soleil et des amours,
Souviens toi des forêts et des fleurs,
Et nourrit l'espoir de leur revenir un jour...
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À l'ombre du sépulcre Empty L'odyssée du régiment de marche d'Hautebrande.

Message par Laurelinn Hellenlicht Mar 14 Juil 2020 - 17:33




Lordaeron, Hautebrande, dans l'ombre du Fléau.




« Le capitaine est mort » dit gravement le sergent Manfred, se passant la main dans sa chevelure sale alors qu’il avait retiré son casque, le tenant à la main.

Il se tourna vers elle.

En vérité, tous les regards se tournaient vers Laurelinn  avec un mélange de peur plus ou moins tue et maitrisée, d’interrogation et d’espoir.
«C’est … à vous de nous sortir de la, désormais, Lieutenant Hellenlicht » souffla le sergent en replaçant la sangle du casque sous son menton.

La jeune sous Lieutenant Hellenlicht avait peu d’expérience mais elle avait fait la preuve de son courage et ceux qui avaient déjà servi avec elle dans son unité  de réserve cantonnée non loin avait appris à l’estimer, dont le fidèle sergent Manfred, qui l’avait guidée à peine sortie de l’école des cadets.
Le vétéran bourru avait prit sous son aile cette grande rousse volontaire, la ou une femme peinait souvent à s’imposer.
Pas elle.

« Qu’est ce qu’on fait ? » demanda  Sigurd, un milicien chétif qui s’était joint à la troupe, errant sur les routes, fuyant son village.

« On brule les corps » répondit la rousse, désignant le capitaine et les quelques soldats qui avaient succombé au dernier assaut sur la barricade, en travers de la route, écrasé par la chaleur de l’été d’Hautebrande.

La petite troupe, dix survivants, s’affaira, rassemblant quelques débris de chariots abandonnés par les civils en fuite, des fagots.
Le  jeune clerc qui se tenait à leurs cotés, un novice avec à peine quelques poils au menton, ferma les yeux, murmurant une prière pour le repos des âmes de ceux qu’on disposaient sur le bûcher improvisé.

La rousse le détaillait, il lui rappelait son frère.

Elle posa sa main dans sa sacoche, sentant le contact froid de l’urne de Gernot sous ses doigts et qui ne la quittait jamais.
Les reflets du brasier  jouaient sur la chevelure de Laurelinn alors qu’elle s’abimait dans ses pensées, revoyant un autre brasier, ou elle avait déposé son frère tant aimé, emporté par la peste, lui qui s’était tant dévoué à la population en détresse, abandonnée des autorités impuissantes d’un royaume en ruines.
Elle serra les dents, refoulant quelques larmes qu’elle ne s’autorisaient pas.Elle ne pouvait pas se l’offrir.Ces hommes la scrutaient, au moindre signe de faiblesse, leur moral déjà fragile s’écroulerait.

Ils deviendraient des animaux, fuyant le long de la lourde, le ventre tordu par la peur.

Elle était le dernier rempart de la discipline, ce qui faisait d’eux encore des soldats, non des pillards errants.
Un cri la sortit de ses pensées.

« Les voilà ! ils reviennent ! » hurla  un grand gaillard, leur hallebardier.
« Que la Lumière nous protège » murmura Samuel, le novice, serrant fort le libram qu’il avait prit sur l’autel de son village avant de fuir.

Mais ça n’était pas des squelettes, des goules, ou quelque horreur réanimée.Mais des gens.
Ils courraient vers eux, boitaient parfois, poussant une charrette à bras.
Laurelinn se tourna vers le novice, interrogative.

Samuel plissa les yeux, se concentra.Il secoua la tête, désolé, blafard.Le pauvre jeune homme était écrasé du fardeau qui était le sien, les épaules voutées. De sa réponse dépendait la vie des autres.

Mais.. les réfugiés étaient contaminés.

« Lieutenant ? on les laissent passer ? ces pauv’gens sont .. » hasarda le hallebardier.
« Non » répondit Laurelinn, s’efforçant d’être neutre, avec cette petite moue boudeuse, butée, concentrée qui faisait sourire son frère, Gernot.
« Les ordres sont clairs.Protéger cette région de la contamination.Et c’est ce que nous ferons » ajouta  t elle.
Elle scruta la troupe.Des gamins et des vieux, menés par une femme.

Elle secoua la tête.

« Je ne peux pas vous y forcer.Restez la.Je le ferai pour que vous n’ayez pas à la faire » dit la rousse, escaladant la barricade, tirant son épée.
« Soldats, honte sur vous.Cette femme… a plus de couilles que vous tous réunis » siffla le sergent vétéran, enjambant la  barricade sommaire à son tour.
Laurelinn qui avait quelques pas d’avance du commencer seule sa sinistre besogne, le visage fermé.

Elle ne parla pas.Certains des fuyards la supplièrent, ajoutant à son tourment intérieur dont elle ne laissa rien paraitre, d’autres savaient, ils avaient lu les affiches  placardées sur les murs qui tenaient encore debout, et attendaient, résignés, d’autres tentèrent de fuir.L’arbalétrier sur la barricade s’en chargea.
Rejointe par le sergent,  elle acheva les derniers, s’efforçant de le faire rapidement, et « proprement » sans les faire souffrir.
« Laurelinn… je … ces gens comptaient sur nous pour les protéger » inspirant le vétéran, regardant les corps, comme elle.

Le visage de cet homme, le dernier qu’elle avait tué, le jeune homme accroché à la charrette à bras dans sa chute, s’y cramponnant comme une planche de salut resterait gravé dans son esprit.

« C’est exactement ce que nous avons fait, Manfred » dit elle, résolue.Elle aussi était plus que troublée, mais elle refoulait ce sentiment de toutes ses forces.
La résolution, le devoir, rien d’autre.
Les deux revinrent vers la barricade, rangeant leurs armes.

Elle perçu le bruissement du malaise, germes de la sédition, dans les rangs.
La chaleur énervait les hommes, mettaient les nerfs à rude épreuve et épuisait les corps.

La peur n’avait qu’à les cueillir.

« J’en peux plus, j’ai pas signé pour ça » grinça faiblement John Mann, l’arbalétrier, sursautant au croassement d’un corbeau moqueur.
Etouffant un juron, il empoigna l’arme pour le faire taire, mais le volatile disparut dans un croassement moqueur.
« J’espère que la relève arrivera bientôt » dit posément le soldat Brady.Son ton calme trancha avec le reste de la troupe.Un solide gaillard, mélange de gras et de muscle.Un travailleur, qui semblait plus se plaindre de la chaleur et du manque d’alcool qu’autre chose.

« La relève ? la relève ! pauvre idiot » ricana  le porte bouclier Hans  Harris, un type sec et nerveux, manifestement sur le point de sombrer.
« Personne ne viendra ! vous ne comprenez pas ? ils ne viendront pas, ils ne viendront jamais, parce qu’ils sont morts, MORTS » hurla l’homme en secouant son camarade proche, les yeux fous.

Il suintait une peur primale, animale, qui abolit toute réflexion.

Laurelinn ne lui en voulu pas mais elle avait apprit ces dernières semaines à quel point la panique était dangereuse, volatile, contagieuse.

« Alors peut être devriez vous tenter votre chance, si mes ordres ne vous conviennent pas » répondit froidement Laurelinn, indiquant la route vers le sud.
« J’vais pas me gêner ! v’nez vous autres »répondit il, regardant chacun rapidement, sa tête bougeant comiquement de l’un à l’autre.
Laurelinn le toisa, impassible.Même si c’était loin d’être ce qu’elle ressentait au fond d’elle-même, elle restait inébranlable.
Eux le crurent en tous cas, ça lui suffisait bien.Elle pleurerait plus tard.
Personne ne bougea.
« Z’êtes malade. Adieu » l’homme se hâta, jetant son casque dans un fossé et son bouclier pour forcer l’allure et disparut rapidement derrière un coude de la route.
« Lau… Lieutenant.Sauf votre respect, je suis pas sûr que la relève  .. » hésita le sergent, se massant la nuque en posant ses yeux sur la rousse.
« Je sais, sergent. » répondit elle, ses yeux emeraudes dans les siens.
« Ramassez vos affaires, l’eau la nourriture et les armes en priorité » lança t elle d’un ton ferme.

La petite troupe s’affaira avec une énergie nouvelle, galvanisés par la perspective de quitter enfin cette maudite barricade ou il ne restait plus que la mort.

Austrivage, le port ou dit on les navires embarquaient les civils, était encore loin.

La petite troupe peinait sur la route écrasée d’un soleil de plomb, les brumes de chaleur dansant devant les hommes qui se trainaient, usant leurs dernières forces dans l’espoir d’échapper à la mort, regardant parfois par-dessus leur épaule comme si elle s’y trouvait, riant de leurs vains efforts.
L’été n’était pas leur allié.Les corps pourrissants des réfugiés jonchant la route était sous cette chaleur un spectacle atroce que la jeune officier se forçait à affronter sans détourner le regard.

Mais l’un d’eux en particulier attira son attention.
Il était récent.
Hans, le porte bouclier, gisait sur le ventre, les traits figés dans une terreur sans nom qui frappa les esprits, la peur se propageant immédiatement, sautant d’hôte en hôte comme un vil parasite bien gras.
Samuel, blême, se signa.

« Miséricorde » gémit le novice.
« Quelqu’un d’autre désire tenter sa chance tout seul ? » demanda la jeune rousse prenant bien le temps de détailler chacun.
« Quand viendra la fin de notre épreuve ? » interrogea le jeune novice.

Tous se remirent en marche avec le croassement des corbeaux pour seule compagnie, personne ne pipait mot, suivant la rousse vers un destin incertain.



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Message par Laurelinn Hellenlicht Mer 15 Juil 2020 - 13:38



Mort et poussière.



La petite colonne progressait avec peine le long de la route du sud.Un petit sous bois offrait de temps en temps un répit à la chaleur accablante de cet  été mais pas toujours.

Ils avaient traversé un petit hameau à la pancarte tordue gisant au sol.Le groupe s’était introduit dans le village déserté, abandonné, avec prudence, armes au clair.

Un improbable bazar jonchait le sol, mélange de vaisselle cassée, d’objets personnels, de vêtements abandonnés par les habitants dans leur fuite éperdue.Samuel ramassa un petit ours en peluche qui gisait dans la poussière, ému.Cet enfant est il seulement encore en vie se demanda le jeune clerc.

La troupe se rua sur l’élément le plus intéressant du village, celui qui occupait toutes leurs pensées : le puits.
Alors qu’on en manoeuvrait la chaine avec soulagement, remplissant une première gourde, Laurelinn la fit choir au sol d’un geste vif.
Le soldat, tremblant de fatigue et de soif, la regarda avec des yeux fous, ou la colère et la folie perçait sans discussion.

« POURQUOI  vous avez fait ça » Hurla t il, lui sautant à la gorge.Manfred dut aider deux autres soldats pourtant tout aussi exténués à les séparer.
« Pour CA ! » grogna la rousse qui, si elle le montrait moins, ressentait tout autant l’énervement, la soif et la fatigue.
Laurelinn pointait du tout une vache crevée cachée par un chariot, près de l’abreuvoir.Le groupe entier fut prit d’un frisson.
Excédé, craquant, le soldat dont elle avait renversé la gourde fondit en larmes, se recroquevillant sur lui-même, se laissant glisser contre la margelle du puits empoisonné.

« On va tous crever ici » gémit il, le visage dans les mains.

« Nous n’avons pas le choix les gars, marcher, ou rester se coucher ici, comme lui,  et crever.Et bien moi je marche, et vous aussi ! » Harangua le sergent, venant au secours de sa jeune supérieure, redressant les avachis.

« Vous donnerez ma ration d’eau à cet homme » dit Laurelinn d’une voix sourde en tendant sa gourde en désignant l’homme en larmes qui marchait avec l’aide d’un camarade.
Alors qu’on lui présentait la gourde, l’homme se dégagea du bras de son ami et gagna la hauteur de Laurelin qui marchait en regardant droit devant elle, comme un automate.L’homme au visage encore creusé de larmes se plaça devant elle.

« Non, prenez la.Excusez moi » dit le jeune homme blond d’une voix calme qui le surprit lui-même, lui retendant sa gourde.
Laurelinn s’arrêta, le considéra.Elle le connaissait, c’était un brave garçon du nom de Maxence – prénom un peu précieux qui lui avait attiré maintes moqueries de ses camarades plus frustres- un enfant de la ville, comme elle.De ce qu’elle savait, une sorte d’artiste  s’étant engagé par amour.Un jeune romantique mais fiable et travailleur.

« Quelle importance, nous allons tous mourir ici, n’est ce pas ? » dit elle en le regardant placidement.

« Certainement pas ! » gronda t il,  puisant dans une force nouvelle.Laurelinn étira un sourire rusé qui fit sourire le sergent d’armes.

« A la bonne heure, soldat »dit elle, buvant une longue gorgée, puis lui rendant.
Pour qu’on la partage entre tous, car c’est ensemble qu’ils sortiraient de la.
 
 
La nuit tombait doucement sur la campagne, amenant un semblant de fraicheur très relative, mais au moins la petite troupe était elle heureuse de voir disparaitre peu à peu le soleil brulant.
Alors que les derniers rayons du soleil mourraient, se découpa la silhouette d’un village plus important.

« Hâtons nous,  nous trouverons peut être quelque chose d’utile » lança la rousse en s’épongeant le front, remettant son casque dans la foulée.
La troupe marqua le pas, comme stoppée dans son élan en apercevant le premier corps en travers de la route sinueuse menant à la bourgade.Une femme serrant contre elle un nourisson qui n’avait pas survécu, couchée sur lui dans un ultime geste, une dérisoire petite dague à la main.
Le jeune clerc blanchit, prenant le temps de donner les derniers sacrements aux deux âmes, presque aussi blême que la femme.

« Déployez vous, deux mètres entre chaque homme, boucliers, arbalètriers en place » ordonna Laurelinn, se désintéressant des corps, non par manque d’empathie bien que les épreuves récentes aient asséché les cœurs, mais…
Parce qu’elle savait qu’ils allaient en trouver beaucoup d’autres.

C’est en temps de guerre et de grand péril qu’on voit l’horreur se banaliser, devenir commune, ordinaire.Qui se souciait encore d’un simple cadavre ou même de plusieurs ? l’horreur allait chercher l’humanité dans ses retranchements, la ou notre raison pour sa propre survie l’avait reléguée, comme un monstre traquant un enfant caché dans un placard.On s’habitue, dit on, pour ne plus être sensible qu’aux pires atrocités.
Le fléau avait ce talent d’aller au dela de l’horreur d’un conflit armé.Il frappait la peur viscérale elle-même, l’animal en chacun de nous.
Plusieurs soldats vomirent le peu qu’ils avaient dans les tripes au spectacle infâme des suppliciés, manquant de tomber sur plusieurs corps en titubant pour s’écarter.

Tous tremblaient de ce mélange de peur et d’indignation, Laurelinn le cachait simplement un peu mieux.Le  jeune prêtre lui était passé du blanc au vert, caché derrière la rousse comme un enfant peinant à marcher.
« Miséricorde…Lumière…Miséricorde » ne cessait de murmurer Samuel comme on agite un talisman.Laurelinn ne lui en voulut pas mais ne put s’empêcher de penser que son frère, lui, aurait tenu bon.

Laurelinn trancha les cordes de plusieurs pendus, leurs visages grimaçants semblant presque la remercier.
Les regards se détournèrent des immondes cages que personne pas même la rousse ne purent soutenir.
Soudain, Maxence leva la main, demandant le silence.

« Vous entendez ? » dit il à voix basse à la petite troupe qui se figea, focalisant son attention sur leur ouie.
« Il a raison, on dirait …comme une charrette.. » confirma Hector, robuste rouquin à la barbe fournie.
« Cachez vous.Pas un bruit tant qu’on sache à quoi s’en tenir » ordonna Laurelinn désignant une demeure proche.
 
Elle fut bien inspirée.
 
Une curieuse et sinistre procession arrivait de la route à l’opposé du village.Elle se  composait d’un curieux personnage arborant un ignoble masque d’os et 5 séides en robe de bure sombre.Ils encadraient ce qui était effectivement une charrette, chargée de corps probablement récupérés dans les champs avoisinants.
Laurelinn fit signe d’attendre, le groupe de cultistes arrêta la charrette sur la place du village, commençant à la décharger.Les armes qui ne l’étaient pas encore furent tirées silencieusement.

« Maintenant ! pour Lordaeron ! » rugit Laurelinn, surgissant de derrière la batisse.
La troupe fondit sur le groupe de cultistes affairés et surpris.
 
Laurelinn abattit l’un d’eux qui s’était jeté sur elle avec une hachette encore souillée, le tuant d’un estoc vif de sa lame au coeur.Le bougre rendit l’âme dans un souffle de surprise, alors qu’elle posait son pied sur son buste pour en retirer la lame profondément fichée dans son torse, et fit plusieurs enjambées vers un second, l’homme au masque d’os, qui avait ramassé une faux.

La faux est une arme impressionnante et intimidante mais au final bien peu maniable et lente.Laurelinn dévia un coup maladroit de sa lame et éventra l’homme d’un grand coup de taille oblique de haut en bas et lui trancha la tête dans un accès de rage qu’elle refoula rapidement.
Elle constata avec satisfaction que ses soldats  n’avait fait qu’une bouchée des autres, essuyant le plus gros du sang de son visage.
 
Le combat, outre débarrasser le monde de tristes sires, avait eu le mérite de redonner confiance et morale à la troupe, se congratulant de cette victoire facile.
Laurelinn et le Sergent Manfred n’étaient pas dupes, les autres n’étaient pas forcément loin et ils restaient en danger.
« Départ dans 10 minutes, pas plus, ramassez tout ce qui est utile et léger, l’eau en priorité » dit elle en sortant de sa poche la montre à gousset de son père.

Les soldats se dispersèrent dans le village, glanant une outre, une lanterne, des provisions de ci de la.
Soudain !
« La ! il est en reste  un ! à mort ! «  beugla Hector en tirant une bâche  qui semble t il avait bougé.
La silhouette bondit vivement pour s’échapper, puis butta dans un autre soldat qui accourait et la renversait.
"Stop !" Hurla la jeune officier…à la troupe.
 
La petite troupe resta médusée, le Sergent arrêtant le coup de lance du rouquin, en écartant doucement la hampe.
La troupe contemplait avec un silence étonné une petite fille d’environ 10 ans, peut être moins, hirsute, sale et amaigrie.
Elle tremblait de tous ses membres, scrutant de ses yeux bleus vifs la petite troupe armée tout aussi sale.
« Comment t’appelle tu, petite ? ton visage me dit quelque chose » finit par dire Laurelinn.
« Etiala, madame » sourit la petite, dévorant le bout de fromage qu’on lui tendait.

La petite fille de Marcus, le maitre d'armes.Elle était heureuse que la petite ai survécu.Cela ne l'étonna pas, lui arrachant un sourire.La petite était une survivante.
 
Lordaeron était à présent totalement plongé dans la nuit.


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Message par Laurelinn Hellenlicht Jeu 16 Juil 2020 - 17:12



Au coeur des ténèbres.



Quand vint la nuit…


Alors que la brume lentement s’installait sur le village à la place encore maculée de sang, le regain d’énergie qui s’était emparé du groupe après leur victoire s’évanouit avec le soleil.
Laurelinn elle-même était un peu nerveuse, étudiant les barraques du village en essuyant sa lame d’un geste mécanique presque effrayant sur la robe sombre d’un des cultistes qu’elle avait abattus, réfléchissant.

« On ne traine pas, j’ai un mauvais préssentiment » dit elle, s’apercevant rapidement d’un regard circulaire qu’il était globalement partagé.
La brume vint lêcher les mollets des soldats, alors que des formes indistinctes, hideuses, lentement se détachaient, émergeaient.De partout.
« Par la Lumière, ils …ils sont la » bredouilla le jeune novice menaçant de souiller son pantalon.

Laurelinn coupa court à la panique qui se propageait à la vitesse d’un feu de brousse, donnant l’exemple, arme au clair, gravissant peu à peu les marches de la mairie, le batiment le plus solide, trainant le clerc par le bras.

« Avec moi, poussez le mobilier dans l’entrée.Condamnez les fenêtres » dit elle  et devant l’immobilité des hommes frappés de stupeurs et d’horreur devant le spectacle de leur propre mort qui avancait vers eux d’un pas hésitant,  elle ajouta.

« MAINTENANT »
Tous s’activèrent sortant de leur torpeur mortelle, tachant de renforcer au mieux la grand salle et l’entrée encombrées de cadavres.
Ils poussèrent la lourde porte d’entrée encore en état, mais pour combien de temps.
La nuit allait être longue.

Les morts attaquèrent, mais pas comme ils s’y attendaient.Manifestement incapables, pour l’instant d’enfoncer la porte ou d’investir le lieu par les fenêtres, ils grattaient à la porte comme quelque chien dément.

Encore et encore, infatigable, inexorables.

Des heures durant…mettant à rude épreuve les nerfs déjà très affectés des soldats qui se regardaient les uns et les autres, impuissants.
Seule Laurelinn était assise contre un banc cassé, les yeux mi clos, son arme entre ses cuisses, avec ce petit air buté, boudeur, qui était le sien depuis toujours.
Ils tâchèrent de l’imiter, mais impossible de trouver le repos.Les morts y veillaient.

« J’en peux plus, j’en peux PLUS » hurla le gros rouquin alors que les grattements redoublèrent, frénétiques,  implacables.
Il pleurait, se tenant la tête, tremblant de tous ses membres.

Maxence s’approcha de lui avec douceur, se posant à coté de lui.Le rouquin tourna la tête vers lui, les yeux rouges.
"Qu'est ce' tu veux, gamin" maugréa t il.

Il lui sourit sans parler, se posant à coté de son camarade.Il effectua alors un petit tour de prestidigitation des plus minables mais tellement improbable qu’il stupéfia Hector.Le gros rouquin sourit comme un enfant captivé à la foire, regardant l’entourloupeur à la fine moustache et au chapeau grotesque.
Les deux hommes rirent, d’un rire contagieux, nerveux mais libérateur,  apportant une bouffée d’air au moral des hommes au plus bas qui regardèrent alors le duo, amusés et intrigués, riant eux aussi, libérant leur peur d’une mort à leur porte.

Puis la mort s’invita.

Le rire mourut comme il était apparu, un rictus d’horreur, si proche au final, se figea sur les traits.

Le rouquin sursauta, sans avoir réellement compris ce qui se passait vraiment,  comme poussée sur le coté.
Une énorme griffe  d’os surgissait de la cloison en bois défoncée depuis l’extérieur, empalant le pauvre Maxence incrédule,  ce dernier regardant Laurelinn d’un regard qui transperça son âme, fichée au bout de sa griffe comme quelque poupée de son désarticulée, un filet de sang glissant de ses lèvres.
Laurelinn était pétrifiée comme tous les autres.

« Non, NON ! » Hurla t elle, bondissant sur ses pieds.

Il la regardait comme désolé, elle vit toute la stupeur du jeune homme, toute sa détresse alors qu’il tendait la main vers elle en espérant une aide qui ne vint pas.
Manfred bondit, tirant comme le jeune homme par le col pour le retirer de la griffe, celui-ci toussant, les yeux déjà voilés, le laissant choir sur le sol alors que les soldats faisaient leur possible pour repousser le propriétaire de la griffe d’os de l’autre coté de la cloison.
Laurelinn le récupéra, le prenant dans ses bras.

« J’ai froid » murmura faiblement Maxence.
«Moi aussi » répondit Laurelinn, les larmes roulant sur ses joues, emportant la crasse et le sang.
Elle lui ferma les yeux, caressant sa chevelure.Elle avait failli, elle prenait cette mort comme un échec personnel.
Son regard la hantait.
Elle se sentait perdre pied.Elle était encore si jeune et malgré sa volonté, elle n’avait que peu d’expérience du combat, même si elle excellait à faire croire le contraire.
Manfred la gifla, la tirant de son désespoir.

"Il est mort, et on va vite le rejoindre si vous ne vous reprenez pas MAINTENANT, Laurelinn !" hurla t il.
Cela lui fut salutaire.

Elle aurait pu faire sourire de reprendre le cours de ses pensées exactement  la ou elle les avaient perdues, donnant les ordres nécessaires.
« Faites écrouler la bibliothèque sur la fissure ! on  ne l’approche pas ! lanciers, repoussez le ! » dit elle, s’emparant elle-même d’une lance pour aider rageusement à la besogne.

Les armes étaient plus nombreuses que les porteurs.
La rage de leur cheffe, la mort du jeune homme guidèrent les survivants.
Au prix de trois des leurs, ils  repoussèrent l’assaut de la création d’os, qui s’effondra dans la rue, désarticulée.

Laurelinn contempla les corps des tués de l’assaut de la créature,  entreposés dans la remise ravagée.
Elle glissa un œil dehors, ou les villageois morts avaient rejoint les créatures du fléau, puis regarda à nouveau les corps de ses hommes.

« Sortez » dit elle d’une voix sourde, ou pointait une colère instable mais une grande résolution.
Ils se bousculèrent pour sortir pour échapper à son regard, quittant l’étroit réduit pour retourner dans la grande salle, laissant choir parfois un casque ou une musette au sol dans leur hâte.

Elle tira sa lame.
Aucun d’eux n’avaient vraiment envie de savoir comment elle s’occupait des corps qu’ils ne se relèvent pas.
Mais tous le savaient au fond d’eux.
Cet acte barbare mais nécessaire avait ébranlé Laurelinn, fragilisée par la mort de Maxenxe, qui tremblait fortement, des tics sur le visage, mais elle ne craquait pas, elle ne pouvait pas.
Elle n’avait laissé qu’un seul corps intact, celui de Maxence.Le mutiler davantage était au dessus de ses maigres forces.
Elle passa lentement sa main sur son visage, étalant au final davantage de sang.

Elle hurlerait plus tard.
Ou jamais… probablement, leurs chances d’en réchapper étaient dérisoires.

Tout était  perdu.



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Message par Laurelinn Hellenlicht Ven 17 Juil 2020 - 17:11




Voyage au bout de l’enfer.




Mais il faut croire que la Lumière ne les avaient pas totalement abandonnés au cœur des tenèbres.

« Silence! vous entendez ? » dit elle alors qu’elle sortait de la remise funeste.

« Entendre QUOI PUTAIN.. ces foutus morts qui grattent à la porte pour nous bouffer ?Oui ça on les entends ! on entends même que ça depuis des heures ! » Manfred, le vétéran commençait à craquer, elle ne lui tint pas rigueur.

Il était livide, tremblant.Elle se contenta de le gifler.
Ce fut salutaire une fois encore.

Elle se pencha sur lui, visage contre visage, ses mains posées contre le mur ; on aurait pu la croire furieuse prête à la mettre en pièces mais elle était concentrée à l’extrême.
« Ecoutez » reprit elle, calmement, ne le quittant pas des yeux.

Tous se concentrèrent… l’étonnement se lit sur les visages sales et amaigris.
Des chevaux, beaucoup de chevaux, difficile de manquer le grondement du lourd détachement de cavaliers qui passait sur la route, à quelques centaines de mètres au dessus du village.

Le sergent Manfred s’éclaira d’un immense sourire, retroussant les lèvres sur ses joues mangées par une barbe de trois jours poisseuse.
« Par la Lumière, il faut les prévenir ! » rugit il.

« Comment on fait ça, Sergent » ricana le gros rouquin, encore aspergé du sang de Maxence qui sêchait en croute sur son front.

« On fout l’feu ? » ajouta il amèrement.

Plus facile à dire qu’à faire en effet.Tous les regards se posèrent sur l’église.

Et son clocher.

Atteindre le clocher… n’était pas une mince affaire.Cela tenait davantage d’une entreprise suicidaire.
Il fallait pour cela traverser la place grouillant de morts vivants, remonter la grand rue et rentrer dans l’église, atteindre le clocher qui leur paraissait si proche, trompeur.
Les soldats se regardèrent.Ils savaient tous qu’aucun d’entre eux n’en était capable.Les épaules se baissèrent de nouveau.L’espoir leur filait entre les doigts comme un enfant retenant du sable.

« C’est trop con d’crever comme ça » se rassit Hector, la voix brisée.

«Moi j’ai pas envie de mourir avec vous, et puis c’est facile ! J’y vais ! » lança joyeusement la petite en plaçant un casque de travers sur sa tête.
« Etiala… tu va simplement mourir après quelques pas. » dénia Laurelinn.

«Bah j’pense que c’est ce qui nous attends tous, sauf vot’ respect m’dame » ajouta Wilfried, un robuste gars de la terre peu bavard, d’humeur égale, mais qui semblait découragé.Comme eux tous.

« C’est possible que j’y arrive pas.Mais nous n’avons pas le choix » avança la petite d’une voix tranquille avec une troublante maturité.

Sans leur laisser le choix elle se hissa jusqu’à une petite ouverture en forme d’ogive évoquant vaguement une sorte de petit vitrail décoratif, trop petite pour laisser passer un adulte et l’ouvrit.
Elle se faufila comme une anguille par l’étroite ouverture.

Le cœur de Laurelinn se serra, elle aimait cette gentille petite, éveillée et courageuse.
Elle ne priait pas souvent mais cette fois, elle le fit.
Et elle n’était pas la seule.La gamine était leur seul espoir, tout le monde le savait.
Elle sauta vivement dans la rue, attirant immédiatement l’attention.

Ils se jetèrent sur elle.

« Lumière, ils l’ont vue » se lamenta le jeune clerc, juché sur un tabouret pour regarder dehors.

Elle s’élança, laissant sur place les premiers morts patauds qui s’étaient avancés vers elle, tous ses petits muscles tendus dans l’effort.
Elle se faufila malgré les morts comme une anguille, évitant, feintant, bondissant sur la margelle de la fontaine de la place, à la statue de quelque héros du passé en partie brisée gisant dans le bassin, l’épée levée vers le ciel en un ultime défi, jouant de sa vitesse très supérieure à celle des morts.
La petite troupe réussit même à se convaincre qu’elle pouvait réussir, l’espoir renaquit aussi vite qu’il avait disparu.Tout le monde se pressait aux ouvertures donnant sur la rue, condamnées par les villageois puis renforcées par la troupe, tâchant d’apercevoir la petite à travers les planches clouées en travers des fenêtres brisées.

« Sacré dié, r ‘gardez moi cette gosse ! Elle va l’faire, la p’tite belette !» s’émerveilla le rude paysan, cognant sur le sol de la hampe de sa hallebarde qu’il maniait à la perfection comme pour l’encourager.

Toute la troupe était derrière elle.Tous savaient que la mort d’Etiala signerait aussi la leur.
Etrange spectacle que cette poignée d’adultes scrutant la rue, cognant contre les planches qui les protègeaient, l’encourageant comme une joueuse de calebasse allant au but.

« Allez gamine, allez ! » vociférait Hector, les dents serrées, agitant son poing qui eut assommé un bœuf.
Le jeune clerc priait avec ferveur, la tête inclinée.
Etiala y était presque, mais son pied dérapa dans une …matière flasque organique.La gamine ne s’attarda pas pour en savoir plus, se redressant rapidement mais elle avait perdu deux précieuses secondes.

Un geist bondissseur était sur elle, comme une grosse goule d’un villageois.Elle se déporta sur le coté, couina de peur, mais ne craqua pas alors que le geist accrocha son gilet, le déchirant pour la retenir, la tirant en arrière, savourant déjà sa chair tendre.
« Non ! bordel ! ils l’ont choppée ! » hurla le rouquin dans un cri de rage et de désespoir.

Laurelinn se pinça les lèvres, faisant naitre un filet de sang.

Etiala vit le corps d’une petite fille de son âge à demie dévorée, la tête tournée vers elle.
La vision au lieu de l’épouvanter lui donna le sursaut de la survivante qui la sauva, lui donna cette petite étincelle que la peur souffle si efficacement et si vite.
« Je ne mourrai pas ici !! » hurla t elle de toute la force de ses petits poumons.

Elle se dégagea du gilet de toile simple d’un coup d’épaule, abandonnant le vêtement au monstre, ne se souciant guère d’exposer sa poitrine à peine naissante, couvrit les derniers mètres la séparant de l’église, s’empara de l’anneau et claquant la porte branlante de l’édifice découpée dans la grande à double battant après un dernier effort.

« Ouais ! elle l’a fait ! » rugit Hector, balançant son casque à travers la pièce chargée de débris alors que les morts s’acharnaient bêtement sur la porte de l’église.
Ils s’enlaçèrent en voyant la petite silhouette de l’enfant entrer dans l’église.

Elle n’était pourtant pas tirée d’affaire.Eux non plus.
Mais au moins avaient ils une chance.



Etiala s’adossa à la porte close assaillie de griffures comme si son maigre poids pouvait retenir la marée avide, et poussa un soupir de soulagement.
Puis, s’épongeant le front, elle laissa peu à peu ses yeux s’adapter à la faible lueur des lieux, provenant de l’autel ou vacillait un petit bougeoir, reprenant son souffle.
Une odeur épouvantable assaillit ses narines.Elle survivait dans Lordaeron du haut de ses 10 ans depuis assez longtemps pour ne pas s’interroger sur sa provenance.

Des dizaines de corps entassés, laissés à pourrir la, certains encore enlacés dans un ultime réconfort.Etiala n’avait rien à vomir, elle n’avait rien mangé depuis des jours que les quelques bouts de fromage et le crouton de pain tendu par les soldats.

Le temps lui était compté, la colonne passait sur la route, le bruit des chevaux faiblissait.

Alors il arriva.

La petite fille fut prise de frissons, sentant sans la voir une indicible présence malfaisante de l’autre coté de la porte.Elle se faufila dans un trou de souris comme elle l’avait fait ces dernières semaines, un simple espace défoncé par la chute d’un corps dans la cloison qu’elle poussa rapidement pour prendre sa place.
Elle entendit des bruits de bottes s’approcher d’elle, comme des pas.De vrais pas.

L’homme se tenait droit, ne portait pas de toge de cultistes ou de pieds griffus.Un cavalier en bottes montantes élégantes.Elle suivit ses pieds du regard.

Elle n’était pas la seule, l’arrivée du cavalier n’était pas passée inaperçue.

« Lieutenant…. Regardez ça… devant l’église » souffla Manfred.

La silhouette d’un homme, seul, drapé dans un vaste manteau que les goules n’attaquaient pas plus que son cheval.
Il entra, la porte n’était pas pour lui un obstacle, contrairement aux goules.
Il disparut à l’intérieur.Mais ils ne pouvaient rien faire pour aider la petite.

L’homme parcourait du regard le charnier, placide, se dirigeant vers l’autel et commença à s’affairer.
Etiala observait, depuis sa cachette.

L’enfant ne voyait pas ce qu’il faisait mais cela ne lui inspirait rien de bon.Il marmonait, posait des trucs.
Elle n’avait pas le temps, elle s’élança dans l’escalier branlant, en prenant le risque d’être repérée.Le nécromancien redressa la tête en l’entendant monter les marches.
Il déposa une dernière coupelle et s’avança, fouillant les ténébres du regard.

Il put la sentir…Une vivante, jeune, et vigoureuse.Il sourit, levant la main en rajustant sa cape.

La troupe ne lui serait d’aucune aide, ils allaient avoir fort à faire.

La marée de cadavres de l’église se mit à bouger au fur et à mesure de l’invocation du visiteur, rejoignant les morts de la rues qui recouvraient la mairie comme un essaim d’abeille sur une ruche, escaladant les parois, s’attaquant à la structure.

Dirigés par le nécromancien, les morts jadis stupides et assez passifs, se montrent redoutables, abattant la cloison.La troupe lutta pour conserver la grand salle mais dut rapidement se replier dans la remise.
La fin était proche.
Heureusement Laurelinn était un officier compétent, survivre, c’est prévoir disait son instructeur.Elle avait prévu qu’à un moment donné, la grande salle tomberait et qu’ils seraient submergés.

Il y’avait une salle haute, des archives, dans les combles, l’escalier y menant était « facile » à tenir à effectifs réduits.
Ca tombait bien….leurs effectifs étaient des plus réduits.
Elle avait reconnu l’endroit, disposé la bas quelques armes et de quoi barricader l’escalier.

Aussi se replièrent ils vers l’étage dans un ordre relatif au lieu de fuir en panique et sans doute périr.
Avec l’énergie du désespoir, les cinq survivants, Laurelinn et le sergent inclus se battaient furieusement pour tenir l’escalier, Hector le colosse plaçant les barricades, les autres poussant, découpant la chair morte, y jetant leurs dernières forces.

Enfin, gênés par les corps des assaillants précédents, abandonnés par le nécromancien, l’assaut faiblit, puis s’éteignit, ne laissant que quelques maraudeurs dans la grand salle, s’en prenant au corps de l’infortuné Hank, le chef arbaletrier, rattrapé pendant leur fuite par un de ces immondes morts bondissants.

Les survivants, silencieux, assistaient au spectacle des horribles créatures se repaissant des restes, comme prostrés, l’adrénaline retombant.

Le nécromancien lui montait lentement les marches grinçantes, une magnifique épée ornée d’une rose gravée à la main, précédé de quelques goules qui gravissaient les marches, avides de la chair de l’enfant.

Il était confiant, un sourire aux lèvres.La petite ferait un bon sacrifice.Avec un peu de chance, elle était encore vierge et n’avait pas la moindre chance contre un guerrier expérimenté comme lui.

Etiala le savait aussi, et entendait ses poursuivants grimper, tirant de toutes ses forces sur une gros meuble chargé d’ustensiles de nettoyage pour le renverser dans l’escalier et gagner un peu de temps, s’y adossant, poussant sur ses jambes contre la paroi.

« Han ! du balai ! » lâcha t elle.
Dans un vacarme infernal et une pluie de seaux et de balais, il dégringola, alors que l’enfant s’élançait vers la corde de la cloche.
Dans la mairie la pièce était jouée, le rideau allait retomber.

« J’aurais… tout essayé, mais il semblerait que … j’ai échoué »commença Laurelinn, personne n’était dupe du bref répit.Ils ne passeraient pas la nuit, sans doute pas l’heure.
« Messieurs.Ce fut pour moi un honneur de servir à vos cotés.Mon dernier regret est de m’être montrée indigne de votre confiance.» dit sombrement Laurelinn, regardant les survivants, redressant le buste pour les saluer.
Ils hochèrent la tête.Personne ne semblait lui en vouloir.Ils n’en avaient plus la force, et aucun d’entre eux n’aurait fait mieux.
Il était trop tard, le bruit des chevaux s’était tu.La colonne était passée sans les voir.

« Dites pas d’conn’ries, c »point vot’ faute.Not’destin s’arrête la, c’tout » haussa Wilfrid.

« Lieutenant, vous êtes une femme comme on en fait plus, comme j’aurais aimé en rencontrer, dans ma vie, voyez » lui sourit le Sergent, lui donnant l’accolade.

« J’ai cru en vous, et je le regrette pas » lui sourit il, lui qui l’avait prise sous son aile, jeune officier sans expérience à sa sortie des cadets.
Elle le serra dans ses bras, regardant tour à tour les survivants.

« J’veux point faire interruption à vos emouvances » intervint soudain Wilfrid dans son commun rugueux « mais vous z ‘oyez point ? »
Tout le monde fit silence.

Les rescapés se regardèrent, incrédules.

« Les cloches, les cloches, elle a réussi ! » hurla Manfred, serrant à nouveau Laurelinn dans ses bras.

Samuel le jeune novice fondit en larmes, affalé contre la paroi, murmurant simplement en boucle « Lumière »
A l’intérieur de l’église, le nécromancien siffla entre ses dents.Tant pis, tuer ce petit crapaud prendrait trop de temps.A son tour, il n’en avait plus.
Lui aussi avait perçu la colonne en marche, en train de s’éloigner.
Il ne pouvait pas prendre le risque qu’elle les attirent avec son vacarme.
Promptement il rengaina et descendit les marches.

Les morts eux continuaient à tenter d’escalader le meuble en travers des escaliers, grattant, mordant le bois.

Etiala elle riait aux éclats, suspendue à la cloche qui sonnait, sonnait, la rendant sourde pour le reste de la nuit, elle n’en avait cure.
Elle oscillait, comme un jambon, hurlant, riant comme une démente, laissant échapper toute sa peur, sa détresse, tout ce qu’une enfant de 10 ans avait pu voir et endurer en survivant seule à travers un Lordaeron qui sombrait dans le cauchemar.

*********


« Capitaine ? » le lancier Walter rapporte de l’arrière garde que les cloches du village sonnent » salua un cavalier, qui avait remonté la colonne vers son officier moustachu.

Ce dernier dépêcha une trentaine de cavaliers pour investiguer.

Les morts se disséminèrent dans la campagne après que la troupe en eut piétiné une partie dans sa charge, mais personne ne commit l’erreur de les poursuivre.
Avec prudence, le détachement inspecta les batiments, repérant à leur grande stupeur une petite fille juchée sur le clocher qui leur faisait signe, désignant la mairie.

Ils finirent par trouver 5 soldats dépenaillés, la femme semblant porter des insignes d’officier, dans un triste état, sales, hagards, manifestement en état de choc.
Les prenant en croupe, ils furent conduit au Commandant de la colonne qui poursuivait son chemin à vitesse réduite, un fier chevalier arborant une longue moustache et une crinière grisonnante.

Il détailla la troupe, dont la moitié faisait un ultime effort pour tenir sur leurs jambes.
La femme elle, restait droite, son casque sous le bras, sa main posée sur le pommeau de l’arme.
« Vous avez été séparés du reste de l’effectif, Lieutenant ? »

Laurelinn ne répondit rien.

« Je vois » hocha le général, contemplant les 5 survivants du régiment de réserve de marche de Hautebrande comptant 150 hommes de troupe et 10 officiers, lui apprit Laurelinn.
Seule Etiala souriait, pressant la main de Laurelinn, la secouant un peu.
La rousse se détendit à ce geste, caressant les boucles noires de l’enfant.

« Lieutenant, je veillerai à ce qu’on entende parler de votre héroisme, soyez en sûre » lâcha t il après qu’elle eut fait le récit de leur périple.

« Si vous n’oubliez pas mes hommes et cette petite » répondit elle, arrachant un sourire au chevalier.Il appréciait cette femme droite et courageuse.

« Vous en ferez le récit vous-même, en ce cas.Nous allons à Austrivage, un village épargné ou ce qui reste de notre flotte, les Tirassiens et les navires de Hurlevent embarquent les réfugiés vers le sud.On dit que leur prince, Varian Wrynn, s’y trouve en ce moment» dit il, faisant signe à la colonne de repartir, les 5 miraculés, Laurelinn, Wilfird, Samuel le novice, Hector et le Sergent Manfred, et bien sûr, la petite Etiala, embarqués dans un chariot de matériel.

Laurelinn était songeuse.

Les Wrynn… Hurlevent… une nouvelle vie commençait pour Laurelinn.

Mais elle n’oublierait jamais d’où elle vient, plongeant la main dans sa sacoche.
Elle sentit sous ses doigts l’étoffe de l’étendard du régiment de marche de Hautebrande dont elle était désormais la gardienne, qu’elle encadrera plus tard dans son bureau, à Hurlevent.

Mais ceci est une autre histoire…

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