Hommage posthume à la Matriarche des Lames d'Helheim

par Rémi Kryll Ven 11 Mai 2012 - 16:12

Le ciel était bas et lourd, chargé de cette humidité étouffante qui colle aux cheveux et qui pue la moisissure tenace. Il faisait nuit. D'ailleurs, là-bas, il fait toujours nuit. Le soleil a posé les armes depuis longtemps.
En silence j'ai traversé ce bois, le regard vide, la mâchoire serrée. Ce lourd poids sur mes épaules marquaient mes empreintes de pas sur ces sentiers boueux. Jusqu'au cimetière. Etrangement, les goules semblaient pas me voir, ou plutôt si, elles me voyaient, elles NOUS voyaient, mais s'écartaient sur notre passage, gémissant des soupirs lugubres à l'haleine fétide, au travers de leurs gueules pourries. Ici, c'était des craquements d'os qui résonnaient à la place des craquements de branches. Un peu plus loin, perchés dans les arbres, les regards noirs et perçants des corbeaux nous fixaient, lâchant des croassements sinistres en restant immobiles sur leurs branches, tel un chant funèbre improvisé là d'un coup.
Pour Elle.
Entre deux dalles profanées et brisées je me suis arrêté, et là j'ai commencé à creuser. Longtemps, inlassablement, profondément. La glaise s'empilait autour de nous au fur et à mesure que moi je m'enfonçais dans le trou. Après un long moment passé à déblayer la place qu'il fallait, je me suis extirpé, sale et couvert de boue, une espèce de condensation visible s'échappant de mon corps en sueur.
Elle était lourde, grande et toujours aussi impressionnante dans sa tenue sombre de runique. Seule la lueur de ses yeux émanant de sa capuche avait disparue. Le corps était devenu rigide en plus de sa froideur habituelle. Plus aucun signe de vie ne se manifestait de cette draenei désormais inerte.
Je l'ai couchée là. Comme l'impression que le silence présent à ce moment là était irréel, les corbeaux et les goules figés ; le Temps était suspendu.
La glaise à présent la recouvre en entier, une dalle fendue et lourde écrasant le tout. Aucun signe particulier la distinguant des autres caveaux dispersés ça et là.
Non je ne prie pas.
Non je ne pleure pas.
Non, ici je ne reviendrai pas.
Je vous rends à vos Démons, et ils ricaneront avec vous au travers des ténèbres, esquissant tous Votre fin sourire dans une mimique parfaite.
Vous me manquez déjà.

A jamais et sombre voyage à vous Elucia.