Tributs
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Tributs
Il se leva lentement, retroussant ses lèvres dans un rictus sauvage. De sa gorge filtrait un grondement sourd, un bruit de bois sec qu’on brise et de charbons crépitant. Le grognement inhumain accompagnait le claquement de langue, furieux. L’homme à demi recroquevillé étirait sa silhouette alors qu’enflait le son rauque, révélant à la créature qui lui faisait face ses mains fermées en poings vindicatifs. Bien que debout, il était dominé par la chose serpentine, d’au moins deux bonnes têtes. Le Belluaire rugit une première fois, révélant ses crocs.
La monstruosité répondit par un sifflement crissent, sa chitine bouillonnante sous la carapace translucide. Les plaques dorsale coulissant les unes sur les autres alors qu’elle s’allongeait, sa gueule dégorgeant de fluides corrosifs. Sa queue se terminait par un ensemble de crochets brisés, qui raclaient la terre derrière elle. Deux paires membres atrophiés pendaient mollement à ses flancs, tentacules gélatineux, pourrissant à même son corps. Outre l’odeur putride qu’elle dégageait, l’air semblait se tordre autour d’elle, cherchant à se défaire de l’aura de l’aberration.
Le monstre se replia sur lui-même le temps d’un battement de cil, ses muscles puissants se contractant sous sa carapace livide, avant de bondir en avant, sa gueule grande ouverte. Ses mâchoires claquèrent dans le vide, la ou l’homme s’était trouvé un instant plus tôt. Elle se retourna avec aisance, son corps glissant sur la terre en laissant derrière elle une trainée fumante, rongeant les pierres. Elle siffla à nouveau, ses yeux sans paupières fusillant l’abjecte humain du regard. Ses deux cœurs clairement discernable dans le thorax diaphane battaient à l’unisson, pompant une bile blanchâtre le long des muscles tendus de la chose.
Le Belluaire tira ses haches, chacune parfaitement équilibrée au creux de ses paumes. Deux Crocs au tranchant effilé, menaçants. Poussant un nouveau rugissement à l’encontre de sa Némésis, il frappa le fer contre le fer, dans un geste de défi. Sa vision n’était plus réduite qu’aux mouvements de la créature, voilé d’ambre et de carmin. A l’affût de chaque soubresaut, chaque tressaillement, l’homme-bête s’élança de côté, ses haches mordant la chitine au prix d’un puissant coup de queue qui l’envoya rouler plus loin.
Le monstre n’en n’avait pas besoin de d’avantage. Sa carcasse serpentine s’enroula autour de sa proie, faisant éclater l’armure de maille, déchirant le cuir. De la plaie béante dans sa chitine, une bile graisseuse s’écoulait à gros bouillons, sans que cela semble affecter la chose. Sa gueule s’ouvrit largement et englouti le bras gauche jusqu’à l’épaule, ses mâchoires se refermant sur l’épaule. Les os semblèrent imploser, la faible chair s’étira jusqu’à la rupture. La salive fumante brûlant chaque centimètre carré de viande, faisant monter aux narines du belluaire une odeur de charnier qui coupa net son hurlement de douleur, et manqua de le faire sombrer dans l’inconscience. Son bras valide se leva, et frappa avec force l’étau formé par le corps serpentin. Cette fois encore, le fil de la hache traça un profond sillon dans la carapace, qui éclata comme une bulle à la surface de l’eau. Le sang immonde de la monstruosité l’éclaboussa, faisant frire sa peau et enflammant sa capuche. Son arme valide resta profondément enfoncée dans la plaie, mais une fois de plus, sans que la créature ne réagisse.
Angron vit son bras, ou ce qu’il en restait, être avalé. La piece de viande glissant le long de la gorge, clairement visible sous la chitine translucide, jusqu’à disparaitre au niveau de l’abdomen gonflé. Le sifflement monta en intensité, perçant son tympan gauche alors qu’il se débattait de toutes ses forces. Mais l’entrave ne faiblissais pas, et ses hanches cédèrent à leur tour sous la pression exercée. Le Belluaire rugit, cherchant à appeler la meute, mais seul le ricanement lui répondit. Les membres atrophiés se tendirent vers lui, fouettant son visage, cherchant à agripper sa gorge. De sa main libre, il parvint à en attraper une, et l’arracha d’un mouvement du poignet. Cette fois ci, la blessure sembla causer une vive douleur à la créature serpentine, qui le projeta contre un pilier de roche, comme une poupée désarticulée.
La chose s’éleva de toute sa hauteur, sifflant vers le responsable de sa souffrance, avant de se replier sur elle-même, et de glisser vers lui, lentement, louvoyant entre les énormes rocs qui jonchaient le sol.
Angron chercha à se redresser de son bras valide, avant de se rendre compte que de ses jambes et de son bassin ne restait qu’une masse informe de chairs et d’os broyés, a peine contenue par son pantalon de mailles. Sa main tâtonna futilement à la recherche de sa hache, griffant le sol. Sa vision, toujours sous l’effet de la Bête, ne lui renvoyait que des images éparses, des informations incomplètes. La moitié supérieur gauche de son visage avait tant brulé que l’os de la pommette saillait entre les chairs consumées. Son souffle saccadé marquant la mesure du temps, alors que s’approchait la Chose, rampant son corps boursouflé vers lui.
Angron Manus- Citoyen
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La chose rampante s'évapora dans une brume ocre, laissant derrière elle des volutes de fumée épaisse. L'air se distordit en crissant, faisant fumer les roches alentours, portées à incandescence par la disparition soudaine de la créature.
Il régnait dans l'air une atmosphère lourde, chargée des vestiges du chaos déchainé plut tôt. Le paysage se mit à changer, les roches se fondirent en terre meuble, et une herbe grasse se mit à pousser, recouvrant la colline d'un voile verdâtre. Une légère brise se mit à souffler, berçant le belluaire, dont la douleur n'était plus qu'un songe abstrait.
Au loin, deux silhouettes se tenaient côte à côte. Il parvint sans peine à reconnaitre la première. Les traits du visage étaient proches des siens, bien que plus sévères. Son menton accusait une longue cicatrice qui remontait le long de sa tempe gauche, et allait se perdre dans sa chevelure épaisse. Il arborait un léger sourire, de ceux des hommes convaincus, et tout chez lui, de sa posture à son pas décidé, transpirait la volonté inébranlable, la ferveur digne d'un prince. Eidolon était revêtu d'une lourde armure de plaque, aux ornements d'azur et d'or. Sur son plastron, un Lion hurlant rugissait au monde entier sa fierté. De son épaule droite glissait une cape brodée dans une lourde étoffe d'un bleu roi frappant, qui ondulait au rythme de ses pas, dévoilant à chaque enjambée le pommeau d'une lourde épée qui battait contre sa cuisse. Sur son épaulière droit, ses écussons de Chevalier Capitaine resplendissait, reflétant les rayons du soleil. Il franchissait la distance qui le séparait du Belluaire rapidement, le regard franc, sans un seul instant ralentir l'allure.
La seconde silhouette était totalement effacée par celle d'Eidolon. Moins grand d'une demi tête, plus jeune aussi, sa carrure ne pouvait rivaliser avec celle du combattant aguerri. Lui ne portait qu'une sobre armure aux tons de bronze terne. Nulle cape, nuls insignes, nuls dorure ou broderie. Ses traits étaient toutefois sensiblement proche du chevalier-capitaine, la même mâchoire, le même front. Son regard néanmoins, d'un azur qui tranchait avec le vert sombre de son comparse, était moins affirmé, presque mal à l'aise.. et pourtant humble, respectueux la ou l'autre écrasait de sa présence. Dans son dos, une lourde épée ballotait dans son fourreau à chaque pas. Marchant à l'ombre d'Eidolon, il rivait lui aussi son regard vers le Belluaire, grimpant la colline d'un pas chancelant, mais restant au même niveau que celui qui accaparait toute l'attention d'Angron.
Il s'arrêtèrent à quelques mètres de lui, observant l'homme-bête allongé dans l'herbe, la flaque de sang se formant sous ses jambes brisés. Eidolon fronça les sourcils, comme un père découvrant son enfant faisant une bêtise. L'autre homme, à la fois bien plus insignifiant, et dont le visage intriguait Angron, passa de la surprise au dépit, et au dégout, fixant le blessé en secouant la tête.
Le chevalier en armure resplendissante adressa la parole en premier.
- Que fais tu ici ?
Répondre arracha un grimacement à Angron, alors qu'une pointe de douleur lui traversa le torse.
- Je.. me repose. Journée longue. Chasse difficile. Serpent.. agressif, haineux.
Eidolon lâcha un rire moqueur, avant de continuer
- Il l'a toujours été ! Tu sais bien comment sont les serpents ! Ne vas pas me faire croire que ça aussi tu l'as oublié.
Etrangement, la remarque fit frémir l'homme en armure sombre, qui détourna le regard du belluaire.
- Je ne pensais pas qu'il suffirait d'un vulgaire sang-froid pour t'allonger face contre terre, petit frère. J'aurais même parié que ta Lysa l'aurait ouvert en deux avant qu'il siffle !
- Ly..
Il partit sur une quinte de toux qui lui fit tourner la tête. Son esprit perdait en clarté à chaque minute qui s'écoulait, sa main valide arrachant une poignée d'herbe gorgée de sang.
Le second chevalier fit un pas en avant, regardant le belluaire de haut en bas, le regard lourd de déception. A l'emplacement de son cœur, une étoffe tenait en place un blason qui se tordait en sifflant, un serpent dont les crocs perlait de son venin nocif. Cette vision arracha une seconde quinte de toux à Angron, qui voulu prévenir l'homme, agitant la main vers lui. Le chevalier en armure sombre ne sembla pas réagir. Il fixa longuement le blessé, comme s'il cherchait à voir au travers de son corps brisé. Puis, secouant la tête, il se releva et rejoignit Eidolon.
Angron regardait l'un et l'autre, la respiration rapide. Grimaçant, de douleur et d'incompréhension, voulant se débattre et arracher à l'homme ses secrets, la raison de sa présence ici, et de ce maudit blason. Eidolon s'adressa à son comparse, toujours de sa voix détachée, presque suffisante si elle n'était pas chargée d'un ton léger.
- Alors ?
L'autre secoua la tête.
- A peine bon à garder les chèvres.
Eidolon éclata de rire, et donna une accolade à l'homme, qui ne semblait pas avoir envie de rire pour sa part, avant de se tourner vers Angron, se penchant vers lui en souriant. Son regard était avenant, presque plaisantin, comme s'il ne voyait ou ne sentait pas les blessures de son jeune frère.
- Une question me turlupine, frangin.. qu'est ce qui t'es arrivé ? Je te parle pas de tes bobos, je te parle de ton regard, de ton odeur. Ou es le jeune chevalier avec qui j'ai mené maintes bataille, lame au clair ?
Angron l'observa sans comprendre. Son regard passant de son ainé à l'autre homme, cherchant à la fois à répondre aux questions sans sens, et à poser les siennes. Il ne fit que balbutier, quelques bulles sanguinolentes se formant au coin de ses lèvres.
Eidolon soupira, et se releva, posant sa main sur l'épaule de l'homme en armure sombre.
C'est en voyant cette main posée avec affection, ce contact fraternel que le Belluaire parvint à remettre les derniers verrous à leur place, cessant de respirer en observant tour à tour le Chevalier Capitaine Eidolon, et le jeune Chevalier Aspirant Angron Manus, fixant avec crainte et dégout le demi-être mourant au pied d'un arbre.
Il régnait dans l'air une atmosphère lourde, chargée des vestiges du chaos déchainé plut tôt. Le paysage se mit à changer, les roches se fondirent en terre meuble, et une herbe grasse se mit à pousser, recouvrant la colline d'un voile verdâtre. Une légère brise se mit à souffler, berçant le belluaire, dont la douleur n'était plus qu'un songe abstrait.
Au loin, deux silhouettes se tenaient côte à côte. Il parvint sans peine à reconnaitre la première. Les traits du visage étaient proches des siens, bien que plus sévères. Son menton accusait une longue cicatrice qui remontait le long de sa tempe gauche, et allait se perdre dans sa chevelure épaisse. Il arborait un léger sourire, de ceux des hommes convaincus, et tout chez lui, de sa posture à son pas décidé, transpirait la volonté inébranlable, la ferveur digne d'un prince. Eidolon était revêtu d'une lourde armure de plaque, aux ornements d'azur et d'or. Sur son plastron, un Lion hurlant rugissait au monde entier sa fierté. De son épaule droite glissait une cape brodée dans une lourde étoffe d'un bleu roi frappant, qui ondulait au rythme de ses pas, dévoilant à chaque enjambée le pommeau d'une lourde épée qui battait contre sa cuisse. Sur son épaulière droit, ses écussons de Chevalier Capitaine resplendissait, reflétant les rayons du soleil. Il franchissait la distance qui le séparait du Belluaire rapidement, le regard franc, sans un seul instant ralentir l'allure.
La seconde silhouette était totalement effacée par celle d'Eidolon. Moins grand d'une demi tête, plus jeune aussi, sa carrure ne pouvait rivaliser avec celle du combattant aguerri. Lui ne portait qu'une sobre armure aux tons de bronze terne. Nulle cape, nuls insignes, nuls dorure ou broderie. Ses traits étaient toutefois sensiblement proche du chevalier-capitaine, la même mâchoire, le même front. Son regard néanmoins, d'un azur qui tranchait avec le vert sombre de son comparse, était moins affirmé, presque mal à l'aise.. et pourtant humble, respectueux la ou l'autre écrasait de sa présence. Dans son dos, une lourde épée ballotait dans son fourreau à chaque pas. Marchant à l'ombre d'Eidolon, il rivait lui aussi son regard vers le Belluaire, grimpant la colline d'un pas chancelant, mais restant au même niveau que celui qui accaparait toute l'attention d'Angron.
Il s'arrêtèrent à quelques mètres de lui, observant l'homme-bête allongé dans l'herbe, la flaque de sang se formant sous ses jambes brisés. Eidolon fronça les sourcils, comme un père découvrant son enfant faisant une bêtise. L'autre homme, à la fois bien plus insignifiant, et dont le visage intriguait Angron, passa de la surprise au dépit, et au dégout, fixant le blessé en secouant la tête.
Le chevalier en armure resplendissante adressa la parole en premier.
- Que fais tu ici ?
Répondre arracha un grimacement à Angron, alors qu'une pointe de douleur lui traversa le torse.
- Je.. me repose. Journée longue. Chasse difficile. Serpent.. agressif, haineux.
Eidolon lâcha un rire moqueur, avant de continuer
- Il l'a toujours été ! Tu sais bien comment sont les serpents ! Ne vas pas me faire croire que ça aussi tu l'as oublié.
Etrangement, la remarque fit frémir l'homme en armure sombre, qui détourna le regard du belluaire.
- Je ne pensais pas qu'il suffirait d'un vulgaire sang-froid pour t'allonger face contre terre, petit frère. J'aurais même parié que ta Lysa l'aurait ouvert en deux avant qu'il siffle !
- Ly..
Il partit sur une quinte de toux qui lui fit tourner la tête. Son esprit perdait en clarté à chaque minute qui s'écoulait, sa main valide arrachant une poignée d'herbe gorgée de sang.
Le second chevalier fit un pas en avant, regardant le belluaire de haut en bas, le regard lourd de déception. A l'emplacement de son cœur, une étoffe tenait en place un blason qui se tordait en sifflant, un serpent dont les crocs perlait de son venin nocif. Cette vision arracha une seconde quinte de toux à Angron, qui voulu prévenir l'homme, agitant la main vers lui. Le chevalier en armure sombre ne sembla pas réagir. Il fixa longuement le blessé, comme s'il cherchait à voir au travers de son corps brisé. Puis, secouant la tête, il se releva et rejoignit Eidolon.
Angron regardait l'un et l'autre, la respiration rapide. Grimaçant, de douleur et d'incompréhension, voulant se débattre et arracher à l'homme ses secrets, la raison de sa présence ici, et de ce maudit blason. Eidolon s'adressa à son comparse, toujours de sa voix détachée, presque suffisante si elle n'était pas chargée d'un ton léger.
- Alors ?
L'autre secoua la tête.
- A peine bon à garder les chèvres.
Eidolon éclata de rire, et donna une accolade à l'homme, qui ne semblait pas avoir envie de rire pour sa part, avant de se tourner vers Angron, se penchant vers lui en souriant. Son regard était avenant, presque plaisantin, comme s'il ne voyait ou ne sentait pas les blessures de son jeune frère.
- Une question me turlupine, frangin.. qu'est ce qui t'es arrivé ? Je te parle pas de tes bobos, je te parle de ton regard, de ton odeur. Ou es le jeune chevalier avec qui j'ai mené maintes bataille, lame au clair ?
Angron l'observa sans comprendre. Son regard passant de son ainé à l'autre homme, cherchant à la fois à répondre aux questions sans sens, et à poser les siennes. Il ne fit que balbutier, quelques bulles sanguinolentes se formant au coin de ses lèvres.
Eidolon soupira, et se releva, posant sa main sur l'épaule de l'homme en armure sombre.
C'est en voyant cette main posée avec affection, ce contact fraternel que le Belluaire parvint à remettre les derniers verrous à leur place, cessant de respirer en observant tour à tour le Chevalier Capitaine Eidolon, et le jeune Chevalier Aspirant Angron Manus, fixant avec crainte et dégout le demi-être mourant au pied d'un arbre.
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Le paysage défilait sous leurs yeux. Ils quittèrent la plaine, s'aventurant sur un sentier de terre et de roches, longeant une falaise, avant de engouffrer dans une forêt dense. En pénétrant dans l'ombre formée par la voute des arbres titanesques, la température chuta immédiatement. Mais ni Eidolon, ni le jeune Angron n'accordait un regard au Belluaire. Ils l'encadraient, le portant chacun d'un côté, d'un pas décidé et égal. Depuis le départ, aucun d'eux n'avait dit un mot, ni échangé un regard. Ils se contentaient parfois d'un soupir à peine audible.
Il aurait du être mort.
La chose lui apparaissait avec évidence, presque grotesque. Le moignon de son épaule ne goutait presque plus, laissant pendre quelques lambeaux sanguinolents d'armure et de chair rongées. Son bassin et ses jambes restaient immobiles, déformées selon une série d'angle improbable. Ses pieds trainaient mollement au sol, accrochant parfois une racine ou une pierre et y laissant une marque écarlate.
Mais la mort ne venait pas. Ni la douleur. A peine une vague impression cotonneuse, quelques bribes de mauvaises sensations quand l'un ou l'autre de ses porteurs l'agitait un peu trop. Régulièrement, il jetait un œil au blason qui se tordait sur le torse de... de lui même. Le chevalier en armure ne ressemblait plus vraiment au belluaire. Ou plutôt l'inverse. Les traits du jeune homme, épurés, nobles, tout en retenu, la fine barbe de quelques jours, tout cela avait disparu sous des traits taillés à la hache, des lignes sauvages à la mâchoire, des lèvres qui s'ourlaient en rictus inhumain, une barbe et des cheveux plus fournis, touffus. Jamais ce changement ne l'avait tant frappé jusque la. Il en vint à fixer, se fixer, avec intensité, cherchant à discerner sur le visage du jeune homme mal à l'aise d'autres signes, d'autres indices.
Eidolon lui, était tel que ces plus précieux souvenirs le lui rappelait. La ou la fierté et l'entrain était accompagné d'un zeste infime de suffisance, le même regard que leur père. Une petite trentaine, dans la force de l'âge. Beau, bien sûr, bien plus que son cadet. Un portrait qui lui avait valu les meilleurs places, le devant de la scène, d'échapper au sort moins reluisant de tout ceux qui, comme Angron, se contente du banal et finissent par sombrer dans des lieux oubliés d'un bon nombre. L'ainée Manus n'avait néanmoins jamais rien obtenu uniquement par apparat. Il faisait parti de ces rares personnes, à qui la Lumière avait offert non seulement l'innée, le don, la grâce.. mais aussi le talent. Le talent d'exceller en toute chose, à la guerre, en amour, a l'esprit... Longtemps il fut pour le jeune Angron un modèle, celui qui dans son esprit était le digne fils de leur père, celui qui porterait leur nom dans le plus étincelant firmament de la gloire.
Mais les sombres bois d'Ashenval en avaient décidés autrement.
Le belluaire secoua la tête, chassant ses pensées troubles de son esprit. Eidolon était la, en cet instant. Il repensa aux paroles de sa compagne. "Penses moins, ressens plus". Il se mit à inspirer lentement, cherchant à se situer, à comprendre ce que la réflexion des hommes ne pouvait lui apporter. Ses sens s'ouvrirent à son environnement. Odeur de mousse, de chêne. Une vielle forêt. Et plus loin, dans les ombres, elle était la. Couchée sur le ventre, tapit dans les ténèbres, sa queue balayant le sol derrière elle. Rivant son regard de citrine vers le trio qui avançait, sans bouger.
Cette pensée le rassura, bien qu'il ignorait sa réaction si elle le voyait ainsi, dans son état, avec les deux hommes.
Il fut tiré de ses pensés, quand la lumière effleura son visage. Levant les yeux vers la voute de la forêt, il aperçu le soleil qui recommençait à percer au travers des branchages, alors qu'ils arrivaient dans un endroit dégagé, qui se rapprochait d'une clairière. En son centre, une énorme pierre, prise dans un enchevêtrement de racine dont la plus petite devait atteindre la taille d'un cheval. Le roc s'élevait vers le ciel, planté dans le sol comme une lame dans la roche. A sa surface, courraient un millier de gravures, dévalant le monstre de granit depuis la cime jusqu'a la base, disparaissant entre les racines ou dans la terre. Toute la clairière semblait tournée vers l'étrange monolithe, qui reflétaient chaque parcelle de lumière, créant une atmosphère étrange, onirique.
Les deux chevaliers déposèrent le belluaire contre une racine, à quelques mètres du roc. A cette distance, il pouvait clairement discerner les marquages, sortes alignements de rune incompréhensible pour lui. Les deux combattant valides se chargèrent de rassembler de quoi allumer un feu, et de préparer quelques lanières de viande sèche. Ils s'installèrent autour du foyer naissant, partageant leur maigre repas entre eux, sans accorder d'attention au blessé. Quand celui ci chercha a tendre son bras valide vers la nourriture, Eidolon prit enfin la parole.
- Ne touches pas. Tu es déjà mort de toute manière, tu n'as pas besoin de te nourrir. Tu te fera bouffer bien assez tôt par les vers.
La remarque fit mouche, et Angron grogna en ramenant sa main contre lui. Son lui plus jeune le regarda en fronçant légèrement les sourcils dans un reproche silencieux.
Plusieurs minutes passèrent. Ou plusieurs heures, impossible de deviner depuis quand ils se trouvaient ici, comme si les lieux échappaient à l'emprise du temps. Il sentit l'impatience le gagner, et malgré son état, un léger grondement naquit dans sa gorge, alors qu'il tentait de nouveau de communiquer avec les deux hommes.
- Ou sommes nous ?
Ce fut Eidolon qui répondit, et à bien y réfléchir, le jeune chevalier n'avait pas décroché un mot depuis qu'il les avait vu.
- Au lieu ou tu vas finir en terre. C'est toujours mieux, ça nourrit les asticots et ça évite d'attirer les charognes. Tu devrais savoir ça, toi qui couche avec une bête, hein ?
Le ton narquois de son frère n'échappa pas au belluaire, qui rétorqua avec une pointe de véhémence.
- Heliven.. n'est pas une Bête .. elle m'a.. sauvé..
- Façon de voir les choses.
- Ou sommes nous ?
- Ce n'est pas important, frangin. Ce qui est important, c'est qu'est ce qu'on fait ici ? Et par "on", je veux dire, qui. Il y a toi, c'est vrai, malgré ton état de demi-loque on peut encore te compter pour un. Ensuite, il y a nous. Et les autres. Ceux qui t'on suivit jusqu'ici. C'est plutôt impressionnant tu sais ? Je pensais pas que des bestioles seraient capable d'échapper à la saloperie qui t'a bouffé par petits bouts. Ou alors elles étaient la depuis le début ? J'en sais foutrement rien.
Angron resta silencieux de longs instants. Il n'avait réussi qu'a sentir la présence d'Heliven, du moins de la Bête, non loin. Mais ni Beorn, ni Melius ne semblaient dans les parages. D'ailleurs, aucun d'entre eux n'avaient répondu à l'appel à l'aide quand il avait affronté la Chose. Chaque réponse apportait une multitude de nouvelles questions, et son état physique ne l'aidait pas à se sentir particulièrement concentré.
Alors qu'Eidolon éteignait les braises mourante du plat de sa botte, un hurlement se mit à résonner dans la clairière. Ou plutôt, un grincement aigu. Tournant le visage de touts côtés, le belluaire chercha l'origine du bruit, avant de se rendre compte qu'il se trouvait juste dans son dos.
Les racines s'étaient mise à se mouvoir, lentement, tandis que la pierre tremblait. Le sol semblait pulser au rythme des cris monstrueux. L'immense rocher se mit à frémir, puis dans un grondement de tonnerre, se fendit de la base jusqu'a hauteur d'homme, faisant redoubler d'intensité les hurlements stridents.
Puis tout cessa.
Les deux chevaliers fraternels étaient debout, bras croisés, observant la pierre ouverte, et les ténèbres de l'étrange porte. Le belluaire reprit sa respiration, le souffle court. Eidolon vint finalement l'aider à se redresser, se rapprochant du gouffre béant d'ou s'exaltait une puanteur de charogne. Angron murmura, la voix faible.
- Qu'est ce que c'est ?
Son ainée l'observa un long moment. Le jeune Angron fixait celui qu'il était devenu, légèrement en retrait. Tout deux avaient sur lui un regard résigné, à la fois tenace et harassé du poids sur leurs épaules. Le plus âgé finit par s'exprimer, d'un ton las que jamais Angron n'avait entendu chez son frère par le passé.
- La ou vont les morts.
Et il le poussa par l'ouverture béante, qui l'avala comme la gueule affamée d'un démon venu d'outre-monde.
Il aurait du être mort.
La chose lui apparaissait avec évidence, presque grotesque. Le moignon de son épaule ne goutait presque plus, laissant pendre quelques lambeaux sanguinolents d'armure et de chair rongées. Son bassin et ses jambes restaient immobiles, déformées selon une série d'angle improbable. Ses pieds trainaient mollement au sol, accrochant parfois une racine ou une pierre et y laissant une marque écarlate.
Mais la mort ne venait pas. Ni la douleur. A peine une vague impression cotonneuse, quelques bribes de mauvaises sensations quand l'un ou l'autre de ses porteurs l'agitait un peu trop. Régulièrement, il jetait un œil au blason qui se tordait sur le torse de... de lui même. Le chevalier en armure ne ressemblait plus vraiment au belluaire. Ou plutôt l'inverse. Les traits du jeune homme, épurés, nobles, tout en retenu, la fine barbe de quelques jours, tout cela avait disparu sous des traits taillés à la hache, des lignes sauvages à la mâchoire, des lèvres qui s'ourlaient en rictus inhumain, une barbe et des cheveux plus fournis, touffus. Jamais ce changement ne l'avait tant frappé jusque la. Il en vint à fixer, se fixer, avec intensité, cherchant à discerner sur le visage du jeune homme mal à l'aise d'autres signes, d'autres indices.
Eidolon lui, était tel que ces plus précieux souvenirs le lui rappelait. La ou la fierté et l'entrain était accompagné d'un zeste infime de suffisance, le même regard que leur père. Une petite trentaine, dans la force de l'âge. Beau, bien sûr, bien plus que son cadet. Un portrait qui lui avait valu les meilleurs places, le devant de la scène, d'échapper au sort moins reluisant de tout ceux qui, comme Angron, se contente du banal et finissent par sombrer dans des lieux oubliés d'un bon nombre. L'ainée Manus n'avait néanmoins jamais rien obtenu uniquement par apparat. Il faisait parti de ces rares personnes, à qui la Lumière avait offert non seulement l'innée, le don, la grâce.. mais aussi le talent. Le talent d'exceller en toute chose, à la guerre, en amour, a l'esprit... Longtemps il fut pour le jeune Angron un modèle, celui qui dans son esprit était le digne fils de leur père, celui qui porterait leur nom dans le plus étincelant firmament de la gloire.
Mais les sombres bois d'Ashenval en avaient décidés autrement.
Le belluaire secoua la tête, chassant ses pensées troubles de son esprit. Eidolon était la, en cet instant. Il repensa aux paroles de sa compagne. "Penses moins, ressens plus". Il se mit à inspirer lentement, cherchant à se situer, à comprendre ce que la réflexion des hommes ne pouvait lui apporter. Ses sens s'ouvrirent à son environnement. Odeur de mousse, de chêne. Une vielle forêt. Et plus loin, dans les ombres, elle était la. Couchée sur le ventre, tapit dans les ténèbres, sa queue balayant le sol derrière elle. Rivant son regard de citrine vers le trio qui avançait, sans bouger.
Cette pensée le rassura, bien qu'il ignorait sa réaction si elle le voyait ainsi, dans son état, avec les deux hommes.
Il fut tiré de ses pensés, quand la lumière effleura son visage. Levant les yeux vers la voute de la forêt, il aperçu le soleil qui recommençait à percer au travers des branchages, alors qu'ils arrivaient dans un endroit dégagé, qui se rapprochait d'une clairière. En son centre, une énorme pierre, prise dans un enchevêtrement de racine dont la plus petite devait atteindre la taille d'un cheval. Le roc s'élevait vers le ciel, planté dans le sol comme une lame dans la roche. A sa surface, courraient un millier de gravures, dévalant le monstre de granit depuis la cime jusqu'a la base, disparaissant entre les racines ou dans la terre. Toute la clairière semblait tournée vers l'étrange monolithe, qui reflétaient chaque parcelle de lumière, créant une atmosphère étrange, onirique.
Les deux chevaliers déposèrent le belluaire contre une racine, à quelques mètres du roc. A cette distance, il pouvait clairement discerner les marquages, sortes alignements de rune incompréhensible pour lui. Les deux combattant valides se chargèrent de rassembler de quoi allumer un feu, et de préparer quelques lanières de viande sèche. Ils s'installèrent autour du foyer naissant, partageant leur maigre repas entre eux, sans accorder d'attention au blessé. Quand celui ci chercha a tendre son bras valide vers la nourriture, Eidolon prit enfin la parole.
- Ne touches pas. Tu es déjà mort de toute manière, tu n'as pas besoin de te nourrir. Tu te fera bouffer bien assez tôt par les vers.
La remarque fit mouche, et Angron grogna en ramenant sa main contre lui. Son lui plus jeune le regarda en fronçant légèrement les sourcils dans un reproche silencieux.
Plusieurs minutes passèrent. Ou plusieurs heures, impossible de deviner depuis quand ils se trouvaient ici, comme si les lieux échappaient à l'emprise du temps. Il sentit l'impatience le gagner, et malgré son état, un léger grondement naquit dans sa gorge, alors qu'il tentait de nouveau de communiquer avec les deux hommes.
- Ou sommes nous ?
Ce fut Eidolon qui répondit, et à bien y réfléchir, le jeune chevalier n'avait pas décroché un mot depuis qu'il les avait vu.
- Au lieu ou tu vas finir en terre. C'est toujours mieux, ça nourrit les asticots et ça évite d'attirer les charognes. Tu devrais savoir ça, toi qui couche avec une bête, hein ?
Le ton narquois de son frère n'échappa pas au belluaire, qui rétorqua avec une pointe de véhémence.
- Heliven.. n'est pas une Bête .. elle m'a.. sauvé..
- Façon de voir les choses.
- Ou sommes nous ?
- Ce n'est pas important, frangin. Ce qui est important, c'est qu'est ce qu'on fait ici ? Et par "on", je veux dire, qui. Il y a toi, c'est vrai, malgré ton état de demi-loque on peut encore te compter pour un. Ensuite, il y a nous. Et les autres. Ceux qui t'on suivit jusqu'ici. C'est plutôt impressionnant tu sais ? Je pensais pas que des bestioles seraient capable d'échapper à la saloperie qui t'a bouffé par petits bouts. Ou alors elles étaient la depuis le début ? J'en sais foutrement rien.
Angron resta silencieux de longs instants. Il n'avait réussi qu'a sentir la présence d'Heliven, du moins de la Bête, non loin. Mais ni Beorn, ni Melius ne semblaient dans les parages. D'ailleurs, aucun d'entre eux n'avaient répondu à l'appel à l'aide quand il avait affronté la Chose. Chaque réponse apportait une multitude de nouvelles questions, et son état physique ne l'aidait pas à se sentir particulièrement concentré.
Alors qu'Eidolon éteignait les braises mourante du plat de sa botte, un hurlement se mit à résonner dans la clairière. Ou plutôt, un grincement aigu. Tournant le visage de touts côtés, le belluaire chercha l'origine du bruit, avant de se rendre compte qu'il se trouvait juste dans son dos.
Les racines s'étaient mise à se mouvoir, lentement, tandis que la pierre tremblait. Le sol semblait pulser au rythme des cris monstrueux. L'immense rocher se mit à frémir, puis dans un grondement de tonnerre, se fendit de la base jusqu'a hauteur d'homme, faisant redoubler d'intensité les hurlements stridents.
Puis tout cessa.
Les deux chevaliers fraternels étaient debout, bras croisés, observant la pierre ouverte, et les ténèbres de l'étrange porte. Le belluaire reprit sa respiration, le souffle court. Eidolon vint finalement l'aider à se redresser, se rapprochant du gouffre béant d'ou s'exaltait une puanteur de charogne. Angron murmura, la voix faible.
- Qu'est ce que c'est ?
Son ainée l'observa un long moment. Le jeune Angron fixait celui qu'il était devenu, légèrement en retrait. Tout deux avaient sur lui un regard résigné, à la fois tenace et harassé du poids sur leurs épaules. Le plus âgé finit par s'exprimer, d'un ton las que jamais Angron n'avait entendu chez son frère par le passé.
- La ou vont les morts.
Et il le poussa par l'ouverture béante, qui l'avala comme la gueule affamée d'un démon venu d'outre-monde.
Angron Manus- Citoyen
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Re: Tributs
La procession des civils s'étendait jusqu'en bas du sentier, une longue file ou se mêlaient hommes, animaux, bagages. Peu à peu, la terre rouge des carmines laissait place à la verdoyante Elwynn. Des deux côtés de la route, d'immenses hêtres et de majestueux bouleau s'élevaient de part et d'autre du convoi d'hommes et de femmes qui marchaient d'un pas pressé, sans se retourner. Tout les vingt mètres, sur le bas côté, un soldat portant la livré d'Hurlevent haranguait les paysans et les sommaient d'avancer plus vite. Les regards étaient vifs, les voix tendues, signes d'une nervosité ambiante, qui se rependait jusqu'aux montures.
Loin derrière eux, au sud et à l'est, une lourde fumée montait en volutes épaisses jusqu'au ciel rouge sang, accompagné du son des tambours. Sur leurs traces, les terrifiantes forces armées de la horde noire marchaient sans répits, écrasant les rares troupes se dressant face à eux. La fuite devenait l'unique solution, et à chaque heure qui passait, alors que les grondements de la guerre se faisaient plus pressant, la masse des civils accélérait, abandonnant parfois leurs bagages pour ne pas perdre de temps.
Angron observait depuis les fourrés, cette scène qu'il avait déjà vu. Certaines bribes de souvenirs remontaient à la surface de son esprit embrumé, certains détails, comme l'odeur de bois brulé, les cris et les pleurs, l'empressement qui gagnait les plus impassibles d'entre eux. Il portait sur la scène un regard inhumain, incisif en son centre, et flou à la frontière de son champ de vision. Les mouvements lui apparaissaient distinctement, mais impossible de discerner certains détails immobiles, qui se perdaient dans la masse informe.
Sa gueule tournée vers les hommes, il humait lentement, sans vraiment savoir ce qu'il cherchait. D'un bond, il s'approcha du sentier, restant à couvert des buissons. Ses mains-pattes s'accrochant aisément à la terre glissante. Son regard capta immédiatement la femme à la robe pourpre. Elle tenait par la main deux garçon, l'un d'une quinzaine d'année, l'autre plus jeune. Ils ne transportaient aucun bagage, marchant d'un pas vif. La mère semblait plus inquiète, regardant toute les deux minutes derrière elle. La peine et le trouble se lisaient sur son visage. Isabelle Manus murmura quelques choses à ses enfants, afin de les presser.
Angron les suivit à distance, restant dans l'ombre des branchages épais. Au son des tambours se joignit des hurlements bestiaux, alors qu'une partie des soldats escortant le convoi firent marche arrière, hurlant des ordres et des contres ordre dans un début de panique.
Puis il vit les portes blanches.
Les hauts remparts d'Hurlevent s'élevaient bien au dessus de la cime des plus grands arbres. Les énormes blocs de pierre pâles de la taille d'un chariot étaient empilés les uns sur les autres, encadrant l'immense porte ou vingt cavaliers auraient pu passer de front. Sur le chemin de ronde, c'était l'affolement. Des dizaines de soldats courraient en touts sens, acheminant des munitions pour les balistes, se relayant aux points d'observation. Au pied des portes, un cordon d'hommes portant la livrée de l'armée du royaume filtrait l'afflux de civil, provoquant une véritable cohue, alors qu'a chaque seconde qui passait, la tension montait encore d'un cran, et que les esprits s'échauffaient sous la panique.
Malgré la distance, Angron parvenait sans peine à suivre du regard le trio. La femme se retrouva face aux soldats formant un mur de bouclier. Elle chercha à passer, en vain, alors que sur le corps de garde du bastion, deux groupes de gens d'armes se mettaient à actionner d'immenses levier.
Dans un grondement sourd, un nuage de poussière se mit à tomber du haut des remparts, alors que lentement, les portes colossales se refermaient, se rapprochant l'une de l'autre dans un bruit d'enfer. La foule se mit à paniquer, venant s'écraser contre le cordon de soldat. Les hurlements se mêlèrent aux pleures, tandis que les gardes repoussaient tant bien que mal l'afflux soudain de civils paniqués. Angron se mit à grogner, montrant les crocs. Il sentit son échine se hérisser, alors qu'il tournait la gueule vers l'est. L'horizon venait de s'embraser, un mur de feu plus haut que le donjon d'Hurlevent fonçait droit sur eux. Un raz de marée incandescent, de flammes qui se tordaient et carbonisaient tout ce qu'elles léchaient. Les cris des citoyens se perdirent dans le torrent de braises, qui s'approchait d'eux à grand pas.
Isabelle s'était mise à appeler à l'aide, au moment ou l'un des gardes s'adressa à elle, hurlant pour couvrir la cacophonie ambiante. Il lui fit un signe de tête, et écarta son bouclier un court instant, laissant le temps à la femme de faire passer ses deux fils derrière les soldats. Les portes se refermèrent finalement dans un choc sourd, entrainant derrières elles les rares civils qui avaient réussi à passer.
Angron chercha à discerner de nouveau la femme qui était restée à extérieur des hauts murs, alors que sa peau et son pelage se mettaient à roussir, cloquer, mais avant qu'il ne aperçoive de nouveau, l'immense vague de flammes l'englouti, lui et les centaines de civils au pied des portes, ne laissant de leurs complaintes de pitié et d'abandon qu'une mer de cendre silencieuse.
Loin derrière eux, au sud et à l'est, une lourde fumée montait en volutes épaisses jusqu'au ciel rouge sang, accompagné du son des tambours. Sur leurs traces, les terrifiantes forces armées de la horde noire marchaient sans répits, écrasant les rares troupes se dressant face à eux. La fuite devenait l'unique solution, et à chaque heure qui passait, alors que les grondements de la guerre se faisaient plus pressant, la masse des civils accélérait, abandonnant parfois leurs bagages pour ne pas perdre de temps.
Angron observait depuis les fourrés, cette scène qu'il avait déjà vu. Certaines bribes de souvenirs remontaient à la surface de son esprit embrumé, certains détails, comme l'odeur de bois brulé, les cris et les pleurs, l'empressement qui gagnait les plus impassibles d'entre eux. Il portait sur la scène un regard inhumain, incisif en son centre, et flou à la frontière de son champ de vision. Les mouvements lui apparaissaient distinctement, mais impossible de discerner certains détails immobiles, qui se perdaient dans la masse informe.
Sa gueule tournée vers les hommes, il humait lentement, sans vraiment savoir ce qu'il cherchait. D'un bond, il s'approcha du sentier, restant à couvert des buissons. Ses mains-pattes s'accrochant aisément à la terre glissante. Son regard capta immédiatement la femme à la robe pourpre. Elle tenait par la main deux garçon, l'un d'une quinzaine d'année, l'autre plus jeune. Ils ne transportaient aucun bagage, marchant d'un pas vif. La mère semblait plus inquiète, regardant toute les deux minutes derrière elle. La peine et le trouble se lisaient sur son visage. Isabelle Manus murmura quelques choses à ses enfants, afin de les presser.
Angron les suivit à distance, restant dans l'ombre des branchages épais. Au son des tambours se joignit des hurlements bestiaux, alors qu'une partie des soldats escortant le convoi firent marche arrière, hurlant des ordres et des contres ordre dans un début de panique.
Puis il vit les portes blanches.
Les hauts remparts d'Hurlevent s'élevaient bien au dessus de la cime des plus grands arbres. Les énormes blocs de pierre pâles de la taille d'un chariot étaient empilés les uns sur les autres, encadrant l'immense porte ou vingt cavaliers auraient pu passer de front. Sur le chemin de ronde, c'était l'affolement. Des dizaines de soldats courraient en touts sens, acheminant des munitions pour les balistes, se relayant aux points d'observation. Au pied des portes, un cordon d'hommes portant la livrée de l'armée du royaume filtrait l'afflux de civil, provoquant une véritable cohue, alors qu'a chaque seconde qui passait, la tension montait encore d'un cran, et que les esprits s'échauffaient sous la panique.
Malgré la distance, Angron parvenait sans peine à suivre du regard le trio. La femme se retrouva face aux soldats formant un mur de bouclier. Elle chercha à passer, en vain, alors que sur le corps de garde du bastion, deux groupes de gens d'armes se mettaient à actionner d'immenses levier.
Dans un grondement sourd, un nuage de poussière se mit à tomber du haut des remparts, alors que lentement, les portes colossales se refermaient, se rapprochant l'une de l'autre dans un bruit d'enfer. La foule se mit à paniquer, venant s'écraser contre le cordon de soldat. Les hurlements se mêlèrent aux pleures, tandis que les gardes repoussaient tant bien que mal l'afflux soudain de civils paniqués. Angron se mit à grogner, montrant les crocs. Il sentit son échine se hérisser, alors qu'il tournait la gueule vers l'est. L'horizon venait de s'embraser, un mur de feu plus haut que le donjon d'Hurlevent fonçait droit sur eux. Un raz de marée incandescent, de flammes qui se tordaient et carbonisaient tout ce qu'elles léchaient. Les cris des citoyens se perdirent dans le torrent de braises, qui s'approchait d'eux à grand pas.
Isabelle s'était mise à appeler à l'aide, au moment ou l'un des gardes s'adressa à elle, hurlant pour couvrir la cacophonie ambiante. Il lui fit un signe de tête, et écarta son bouclier un court instant, laissant le temps à la femme de faire passer ses deux fils derrière les soldats. Les portes se refermèrent finalement dans un choc sourd, entrainant derrières elles les rares civils qui avaient réussi à passer.
Angron chercha à discerner de nouveau la femme qui était restée à extérieur des hauts murs, alors que sa peau et son pelage se mettaient à roussir, cloquer, mais avant qu'il ne aperçoive de nouveau, l'immense vague de flammes l'englouti, lui et les centaines de civils au pied des portes, ne laissant de leurs complaintes de pitié et d'abandon qu'une mer de cendre silencieuse.
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Re: Tributs
Le foyer s'éteignait déjà.
Ridiculement faible, dans l'immense cheminée qui accueillait les quelques braises mourantes qui illuminaient à peine la grande salle. La petite source de lumière se trouvait à l'extrémité nord de la salle, derrière l'énorme bureau en bois de cèdre, allongeant l'ombre du seigneur d'Orsen jusqu'a la grande porte, sur une vingtaine de mètres.
Face à lui, en rangs ordonnés de chaque côté du chemin central, se trouvaient une cinquantaine de ses confrères, militaires, dignitaires, et gens de la cours venu assister à la cérémonie. Il était rare que ce genre événement attire autant de curieux. Peut être était ce dans le but de pouvoir échanger quelques mots avec la noble dame qu'on disait instigatrice du rassemblement. Ou bien était ce pour contempler le tout jeune homme qui avait eu l'honneur - ou la malédiction diraient certains - d'héritier du précieux titre. Quelles qu'en soit les véritables raisons, le seigneur d'Orsen avait du faire en sorte de filtrer consciencieusement les invités, ne laissant entrer dans la salle de cérémonie que la crème de la crème.
Il voyait au premier rang le Major Hulrich, et le sous lieutenant Ambreverte, tout deux des hommes d'honneurs et des amis avec qui il avait eu l'occasion de combattre pendant les deux guerres. Juste à côté d'eux, le titanesque guerrier qui les surplombait regardait les alentours avec un rictus vicieux. Le vieux Lion qu'il était portait encore son arme, contrairement aux coutumes et politesses, mais Carmelian Nasgard n'avait rien de poli. Dépassant les autres invités de deux ou trois têtes, il gardait les bras croisés contre son plastron aux lignes agressives, comme s'il attendait un repas qui s'annonçait délicieux. A sa gauche, ce vieux crouteux dont il oubliait toujours le nom, accompagnant la ravissante Hellenlicht. Il osa la fixer quelques instants de trop, et elle le lui fit comprendre en l'observant à son tour avec un air sévère. Sa présence ici était encore plus intrigante que pour tout les autres, car s'il était un lieu ou l'on ne s'attendait pas à la voir, c'était bien à une cérémonie dont la source provenait de Dame Sheppard.
Celle ci se trouvait d'ailleurs à l'extrême droite du premier rang. Sublime, comme toujours, dans une robe d'étoffe sombre qui faisait ressortir sa peau pâle et dénuée de défauts. Le simple voile de dentelle sombre qui masquait son visage en signe de deuil pour son défunt frère ne dissimulait pas l'énigmatique et langoureux sourire qui ornait si bien son magnifique minois, alors qu'elle regardait calmement le seigneur d'Orsen. Elle n'avait pas eu besoin de se faire grand peine pour "convaincre" sa vieille connaissance héberger la cérémonie. Et lui portait encore sur sa peau les marques d'ongles de leur accord tacite.
Le reste de l'assemblée était composée de Chevaliers de Lordaeron, de membres de la Main d'Argent, de divers clans et compagnies de l'Alliance. La, un haut elfe de la maison High-Forest, venu tout droit de Quel'thalas pour se divertir. Ici, deux barbes de bronzes aux mines renfrognés et à l'allure trapue. Un peu plus loin, des frères d'arme d'Orsen, un paladin de l'ancienne Hurlevent, un chevalier du loup noir Sombrecoeur à l'armure sombre comme la nuit, et deux marchands de Kul tiras aux riches étoffes brodées.
Il était étrange de voir un rassemblement si hétéroclite, non pas mût par une quelqu'onque célébration ou engagement, mais par le simple attrait de curiosité.
Terré dans son coin, le belluaire voyait tout cela. Le visage du seigneur d'Orsen passant sur ses convives, leurs souriant, faisant les cents pas devant son bureau, mains croisées dans le dos. Il n'aurait pas du y assister, car il n'était pas encore ici. Ou plutôt, si, mais pas à cet instant, pas comme ça. Les pensées d'Angron se bousculaient dans son esprit, comme s'il cherchait à courir avec les pieds prit dans une épaisse vase grisâtre. Il n'était qu'une ombre, un songe, l'une de ses créatures qui se terrent dans un lieu épargné du joug de la lumière. Il aurait voulu en sortir, s'élancer au milieu de la foule et hurler. Mais il n'en n'était pas capable.
Les morts ne parlent pas.
La porte du fond s'ouvrit. Un jeune homme en fin d'adolescence en sortit, et traversa la foule, sentant sur son dos le poids des regards. Angron grimaça, ressentent en échos la honte et le malaise. L'écuyer juvénile s'arrêta devant le seigneur, et se laissa tomber à genoux, suivant à la lettre les démarches du rituel apprit. D'Orsen commença par se présenter, à grand renfort de titres, d'honneurs, de grades et de de surnoms. Puis il fit éloge de feu le Chevalier Capitaine Adrian Argel Sheppard, directeur du camp de HoldDunren, membre de mérite des vétérans de Lordaeron, et d'une liste longue comme le bras de médailles et de récompenses pour ses innombrables talents. A la fin de l'énumération, tous respectèrent une minute de silence. Ensuite, le seigneur d'Orsen s'adressa au jeune garçon, a cet instant,la tension dans la pièce était palpable. Tous avaient le regard rivé sur la nuque baissée de l'écuyer tremblant, y compris Angron, dont l'esprit s'agitait comme un lion en cage, cherchant à tout prix à mettre un terme à cette scène obscène, irréelle, inconcevable.
La voix d'Orsen tonna, celle d'un homme habitué à beugler des ordres sur un champs de bataille.
- Ecuyer Manus. En lieu et place, sous couvert de nos traditions et de l'honneur Chevaleresque, j'ai reçu ce jour l'honneur de mener l'adoubement qui vous revient, d'une part de votre droit d'héritage de notre frère et ami, le Ser Sheppard, et d'autre part, de votre travail assidu et de votre courage. Êtes vous prêt à donner votre parole, et prêter serment ?
Bien moins forte, presque fluette, la voix du jeune homme eu du mal à atteindre les derniers rangs. Pourtant, elle résonna dans l'esprit du belluaire, comme s'il était lui même à genoux devant l'homme en armure. A dire vrai, sans qu'il ne s'en rende compte depuis sa tanière d'ombre, lui même les murmurais en échos.
-....je... je le suis...monseigneur.
- Alors parles, et saches qu'ici nous t'écoutons, témoins de ton prestige, ou de ta disgrâce.
Le jeune garçon sembla hésiter l'espace de quelques secondes. Mais la présence toute proche d'Awena Sheppard lui fit l'effet d'une morsure, et il se mit à articuler d'une voix rapide, comme pressé de cracher des mots qui lui brulaient la langue.
- Moi, Angron Manus, prête ce jour serment d'honorer le rang de Chevalier, et l'honneur qui m'est fait par mes pairs et mon maître, le regretté Adrian Argel Sheppard. Je jure de défendre les valeurs de la Chevalerie, et de ne jamais les laisser souiller, ni par la honte ni par le dénis. Je jure devant témoin que jamais ma lame n'abandonnera le faible, ou ne reculera face aux ténèbres. Que mes mots soient entendus.
Un lourd silence répondit aux paroles prononcées, puis le seigneur d'Orsen tendit les bras vers lui, le prenant par les épaules.
- Debout, Chevalier Manus. Debout, et soyez fier de ce que vous êtes à présent.
Une série d'applaudissement polies répondirent à la conclusion du maitre de cérémonie. Dans son coin le belluaire plongeait ses griffes dans la pierre, feulant, rugissant, sans qu'un seul son ne parvienne aux hommes. Il ne vit que le regard colérique de la jeune Hellenlicht, et le sourire de la créature de péchés qui se tenait à quelques mètres de l'estrade ou l'ancien et le nouveau chevalier s'échangeaient l'accolade.
Et le sentiment de dégoût de l'ancien écuyer. Cette sensation misérable, qui vous accroche comme une odeur de charogne, et ne vous quitte pas. Un malaise qui s'empreigne en vous, se fond dans votre chair, jusqu'a ce que vous ne deveniez plus qu'un simple vecteur, un porteur d'un mal si profond qu'il vous éclipse à jamais.
De concert cette fois, celui qui fut Chevalier de mensonges et de tromperie, et celui qui l'était devenu, tout deux se mirent à hurler, couvrant le sifflement d'un serpent.
Ridiculement faible, dans l'immense cheminée qui accueillait les quelques braises mourantes qui illuminaient à peine la grande salle. La petite source de lumière se trouvait à l'extrémité nord de la salle, derrière l'énorme bureau en bois de cèdre, allongeant l'ombre du seigneur d'Orsen jusqu'a la grande porte, sur une vingtaine de mètres.
Face à lui, en rangs ordonnés de chaque côté du chemin central, se trouvaient une cinquantaine de ses confrères, militaires, dignitaires, et gens de la cours venu assister à la cérémonie. Il était rare que ce genre événement attire autant de curieux. Peut être était ce dans le but de pouvoir échanger quelques mots avec la noble dame qu'on disait instigatrice du rassemblement. Ou bien était ce pour contempler le tout jeune homme qui avait eu l'honneur - ou la malédiction diraient certains - d'héritier du précieux titre. Quelles qu'en soit les véritables raisons, le seigneur d'Orsen avait du faire en sorte de filtrer consciencieusement les invités, ne laissant entrer dans la salle de cérémonie que la crème de la crème.
Il voyait au premier rang le Major Hulrich, et le sous lieutenant Ambreverte, tout deux des hommes d'honneurs et des amis avec qui il avait eu l'occasion de combattre pendant les deux guerres. Juste à côté d'eux, le titanesque guerrier qui les surplombait regardait les alentours avec un rictus vicieux. Le vieux Lion qu'il était portait encore son arme, contrairement aux coutumes et politesses, mais Carmelian Nasgard n'avait rien de poli. Dépassant les autres invités de deux ou trois têtes, il gardait les bras croisés contre son plastron aux lignes agressives, comme s'il attendait un repas qui s'annonçait délicieux. A sa gauche, ce vieux crouteux dont il oubliait toujours le nom, accompagnant la ravissante Hellenlicht. Il osa la fixer quelques instants de trop, et elle le lui fit comprendre en l'observant à son tour avec un air sévère. Sa présence ici était encore plus intrigante que pour tout les autres, car s'il était un lieu ou l'on ne s'attendait pas à la voir, c'était bien à une cérémonie dont la source provenait de Dame Sheppard.
Celle ci se trouvait d'ailleurs à l'extrême droite du premier rang. Sublime, comme toujours, dans une robe d'étoffe sombre qui faisait ressortir sa peau pâle et dénuée de défauts. Le simple voile de dentelle sombre qui masquait son visage en signe de deuil pour son défunt frère ne dissimulait pas l'énigmatique et langoureux sourire qui ornait si bien son magnifique minois, alors qu'elle regardait calmement le seigneur d'Orsen. Elle n'avait pas eu besoin de se faire grand peine pour "convaincre" sa vieille connaissance héberger la cérémonie. Et lui portait encore sur sa peau les marques d'ongles de leur accord tacite.
Le reste de l'assemblée était composée de Chevaliers de Lordaeron, de membres de la Main d'Argent, de divers clans et compagnies de l'Alliance. La, un haut elfe de la maison High-Forest, venu tout droit de Quel'thalas pour se divertir. Ici, deux barbes de bronzes aux mines renfrognés et à l'allure trapue. Un peu plus loin, des frères d'arme d'Orsen, un paladin de l'ancienne Hurlevent, un chevalier du loup noir Sombrecoeur à l'armure sombre comme la nuit, et deux marchands de Kul tiras aux riches étoffes brodées.
Il était étrange de voir un rassemblement si hétéroclite, non pas mût par une quelqu'onque célébration ou engagement, mais par le simple attrait de curiosité.
Terré dans son coin, le belluaire voyait tout cela. Le visage du seigneur d'Orsen passant sur ses convives, leurs souriant, faisant les cents pas devant son bureau, mains croisées dans le dos. Il n'aurait pas du y assister, car il n'était pas encore ici. Ou plutôt, si, mais pas à cet instant, pas comme ça. Les pensées d'Angron se bousculaient dans son esprit, comme s'il cherchait à courir avec les pieds prit dans une épaisse vase grisâtre. Il n'était qu'une ombre, un songe, l'une de ses créatures qui se terrent dans un lieu épargné du joug de la lumière. Il aurait voulu en sortir, s'élancer au milieu de la foule et hurler. Mais il n'en n'était pas capable.
Les morts ne parlent pas.
La porte du fond s'ouvrit. Un jeune homme en fin d'adolescence en sortit, et traversa la foule, sentant sur son dos le poids des regards. Angron grimaça, ressentent en échos la honte et le malaise. L'écuyer juvénile s'arrêta devant le seigneur, et se laissa tomber à genoux, suivant à la lettre les démarches du rituel apprit. D'Orsen commença par se présenter, à grand renfort de titres, d'honneurs, de grades et de de surnoms. Puis il fit éloge de feu le Chevalier Capitaine Adrian Argel Sheppard, directeur du camp de HoldDunren, membre de mérite des vétérans de Lordaeron, et d'une liste longue comme le bras de médailles et de récompenses pour ses innombrables talents. A la fin de l'énumération, tous respectèrent une minute de silence. Ensuite, le seigneur d'Orsen s'adressa au jeune garçon, a cet instant,la tension dans la pièce était palpable. Tous avaient le regard rivé sur la nuque baissée de l'écuyer tremblant, y compris Angron, dont l'esprit s'agitait comme un lion en cage, cherchant à tout prix à mettre un terme à cette scène obscène, irréelle, inconcevable.
La voix d'Orsen tonna, celle d'un homme habitué à beugler des ordres sur un champs de bataille.
- Ecuyer Manus. En lieu et place, sous couvert de nos traditions et de l'honneur Chevaleresque, j'ai reçu ce jour l'honneur de mener l'adoubement qui vous revient, d'une part de votre droit d'héritage de notre frère et ami, le Ser Sheppard, et d'autre part, de votre travail assidu et de votre courage. Êtes vous prêt à donner votre parole, et prêter serment ?
Bien moins forte, presque fluette, la voix du jeune homme eu du mal à atteindre les derniers rangs. Pourtant, elle résonna dans l'esprit du belluaire, comme s'il était lui même à genoux devant l'homme en armure. A dire vrai, sans qu'il ne s'en rende compte depuis sa tanière d'ombre, lui même les murmurais en échos.
-....je... je le suis...monseigneur.
- Alors parles, et saches qu'ici nous t'écoutons, témoins de ton prestige, ou de ta disgrâce.
Le jeune garçon sembla hésiter l'espace de quelques secondes. Mais la présence toute proche d'Awena Sheppard lui fit l'effet d'une morsure, et il se mit à articuler d'une voix rapide, comme pressé de cracher des mots qui lui brulaient la langue.
- Moi, Angron Manus, prête ce jour serment d'honorer le rang de Chevalier, et l'honneur qui m'est fait par mes pairs et mon maître, le regretté Adrian Argel Sheppard. Je jure de défendre les valeurs de la Chevalerie, et de ne jamais les laisser souiller, ni par la honte ni par le dénis. Je jure devant témoin que jamais ma lame n'abandonnera le faible, ou ne reculera face aux ténèbres. Que mes mots soient entendus.
Un lourd silence répondit aux paroles prononcées, puis le seigneur d'Orsen tendit les bras vers lui, le prenant par les épaules.
- Debout, Chevalier Manus. Debout, et soyez fier de ce que vous êtes à présent.
Une série d'applaudissement polies répondirent à la conclusion du maitre de cérémonie. Dans son coin le belluaire plongeait ses griffes dans la pierre, feulant, rugissant, sans qu'un seul son ne parvienne aux hommes. Il ne vit que le regard colérique de la jeune Hellenlicht, et le sourire de la créature de péchés qui se tenait à quelques mètres de l'estrade ou l'ancien et le nouveau chevalier s'échangeaient l'accolade.
Et le sentiment de dégoût de l'ancien écuyer. Cette sensation misérable, qui vous accroche comme une odeur de charogne, et ne vous quitte pas. Un malaise qui s'empreigne en vous, se fond dans votre chair, jusqu'a ce que vous ne deveniez plus qu'un simple vecteur, un porteur d'un mal si profond qu'il vous éclipse à jamais.
De concert cette fois, celui qui fut Chevalier de mensonges et de tromperie, et celui qui l'était devenu, tout deux se mirent à hurler, couvrant le sifflement d'un serpent.
Angron Manus- Citoyen
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Lieu de naissance : Carmines
Age : Quarantaine
Date d'inscription : 13/05/2011
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Nom de famille:
Re: Tributs
La patrouille s'arrêta en deux rangs parfaits, dix paires de bottes claquèrent simultanément, au son d'un "Garde ou Crève" tonnant, qui résonna dans la petite cours d'armes. Le premier rang, composé de deux femmes et trois hommes portants des étoffes bleu roi, et des tabards au Lion, furent les premier à se disperser. Le second rang, cinq hommes en armure lourde au cimier haut et égides éclatantes, restèrent aux garde à vous quelques minutes de plus.
Face à eux, la jeune femme s'approcha en inspectant les uniformes avec rigueur. Elle mesurait une tête de moins que chacun d'entre eux, et ses traits fins témoignaient de son jeune âge. Malgré l'étrangeté de la chose, et un visage ou l'un distinguait sans peine l'innocence, elle tachait de garder un grand sérieux, hochant la tête en passant de l'un à l'autre, soutenant leur regard, leur adressant parfois quelques remarques d'un ton ferme. Sur son propre uniforme de maille, des galons de sergents encore neuf étaient exposés fièrement. Sa chevelure couleur d'épis de blés était attachée dans une queue de cheval haute, dont seules quelques mèches éternellement rebelles échappaient à l'étreinte. A sa ceinture, une dague finement ouvragé, bijou de conception d'un artisan des iles de Kul tiras.
Elle s'arrêta devant le dernier homme en armure. Ni le plus grand, ni le plus petit. Mais son uniforme semblait plus ouvragé que celui de ses frères d'arme. Un œil expert aurait immédiatement remarqués que l'ensemble en plaque n'avait pas été produit à la chaine, de manière simpliste. Elle était le résultat d'un travail de longue haleine, forgée par un maitre dans son art, gravée de runes de protections, et finement ouvragée. Plus épaisse au niveau du plastron, et plus souple des articulations, elle dépassait de loin la norme des gardes urbains. Son porteur retira son casque, et le coinça sous son bras, baissant son regard azur vers le sergent. impassibilité de leurs visages avait quelque chose de peu commun, de forcé. L'homme inclina le visage, et l'ombre d'un instant, le regard du sergent laissa discerner une étincelle, une flamme infime qui ne dura qu'une seconde, avant qu'elle ne sourit.
- Bien Garde Manus. Je vous laisse vous charger des montures, ensuite, vous ferez le rapport.
- A vos ordres, Sergent.
Le chevalier claqua les talons, et sortit du rang, sentant dans son dos le regard de sa supérieur. Il prit le chemin des écuries, ou il retrouva les montures de la patrouille. Il commença la pénible tache d'enlever chaque selle, et de conduire chaque animal à son box, avec méthode et sans hâte. Une étrange sensation agita son esprit. Il se vit mourant, les jambes brisés, un unique bras pendant mollement. Mais son visage n'avait plus rien de reconnaissable, quelque chose de...
Il fut tiré de ses pensés par une présence dans son dos. Il reposa la selle qu'il tenait, et se retourna, découvrant la jeune femme blonde accoudée nonchalamment à la rambarde, un léger sourire aux lèvres. Au vu de sa position, elle devait être la depuis plusieurs minutes, l'observant travailler sans mot dire. Il salua avec rigueur son supérieur, redressant le buste. Elle sourit de plus belle, et se redressa avec légèreté, le regard pétillant.
- Ne vous donnez pas ce mal, Chevalier, je ne suis pas en service.
Elle fit quelques pas vers lui, sourire aux lèvres. Elle s'était débarrassée de son tabard, et avait détachée ses cheveux qui tombaient en cascade sur ses épaules, révélant un peu plus sa beauté naturelle. Elle se rapprocha de l'homme qui restait bien droit, et posa ses mains sur le plastron en plaque, se hissant sur la pointe des pieds pour murmurer contre son visage. Elle avait au fond des yeux une lueur farouche, pas de ces princesses délicates et chétives, mais une flamme rebelle, une lame à peine forgée aux lignes tranchantes. Il sentit son coeur s'accelerer, son impassibilité se fendiller doucement.
- Angron...
Il se détendit légèrement, et baissa le visage, abandonnant à un chaste baiser qu'il rendit tout en tachant de ne pas se laisser aller à la passion qu'il sentait naitre entre ses côtes., l'enlaçant de ses bras contre son armure d'acier. Ils restèrent ainsi de longs instants, profitant l'un de l'autre, à l'abris des regards indiscrets des autres soldats. Ils se chuchotèrent à l'oreille quelques douces paroles, gloussant parfois, se taquinant, comme deux enfants profitant d'une pause entre les leçons du matin et du midi.
Un vent frais se leva, faisant voler les cheveux blonds d'Aubiane devant son visage. Tout deux s'étonnèrent de cette étrange bourrasque, levant des regards intrigués aux alentours.
Les abords de l'écurie, d'habitude toujours agités, étaient vides. Plus âme qui vive en dehors d'eux, plus de son, de cris habituels. Les chevaux, nerveux, se mirent à frapper de leurs sabots au sol, renâclant. Le ciel se couvrit, alors qu'un trait inquiet barra le front du Chevalier, qui porta la main à la garde de sa lame, persuadé de voir à œuvre un sombre sortilège. La jeune femme, inquiète, restait dans son dos, le visage marqué par incompréhension et inquiétude.
Une série de grognements sourds s'échappa des ombres des box. Un cheval se mit à hennir, de peur puis de douleur, avant qu'un bruit de chair déchiré ne coupe sa complainte, suivit du bruit d'un corps qui chute.
La première créature apparut sur leur gauche. Elle se déplaçait un instant à quatre pattes, et la seconde suivante sur ses deux membres inferieurs. Sa masse sombre ne laissait voir qu'un pelage épais, rêche. Deux yeux rougeoyant brillaient au dessus d'une gueule bardée de crocs, excessivement imposantes en comparaison du reste de la créature. Ses pattes étaient terminées par des griffes puissantes, qui raclaient la terre, laissant de profonds sillons sans que cela ne ralentisse l'étrange rodeur.
La seconde chose vint de leur droite. Plus massive, une large crête de membrane grisâtre s'agitant sur son échine. Elle sifflait tout bas, faisant vibrer sa gorge boursouflée. Derrière elle se balançait une queue terminée par une unique griffe recourbée.
Aubiane serra une main sur le tabard d'Angron. Sa respiration accéléra, alors qu'elle discernait de mieux en mieux les étrangetés qui venaient de tout côtés. Elle se retourna en entendant un grognement proche, et découvrit à moins d'une dizaine de mètre d'eux une autre bête, panthère imposante au regard de citrine. Ses crocs éclatant dans la pénombre saillaient de sa gueule entrouverte. Elle avançait d'un pas lent, les muscles tendus, prête à bondir.
En tout, une petite dizaine de créatures les encerclaient à présent, tournant autours d'eux, se rapprochant en refermant lentement le cercle sur les deux humains. Le Chevalier avait tiré sa lourde épée bavarde de son fourreau, se mettant en garde en tournant sur lui même, mettant le tranchant de son arme entre lui et la jeune femme qui se tenait dans son dos. D'un regard sévère, il défiait un à un les monstres d'avancer. Le vent soufflait de plus en plus fort, faisant voler sa chevelure ébène près de son visage, sans le déconcentrer une seule seconde.
Loin de s'abriter en pleurnichant, Aubiane serrait le poing sur le manche de sa lame, le regard farouche, prête à en découdre. Ses muscles se tendirent, alors qu'elle se préparait sur ses appuis, en position d'assister l'homme avec qui elle allait se battre dos à dos.
La première créature bondit de sa gauche, gueule ouverte, son corps massif propulsé avec une force étonnante. Ses pattes griffues cherchèrent à agripper la gorge du chevalier, mais c'était sans compter sur le mouvement d'épaule de ce dernier. La puissante lame trancha l'air, sifflant jusqu'a fendre en deux l'étrangeté de l'épaule à l'aine, aspergeant l'herbe d'un sang poisseux.
La mise à mort du premier membre de la meute sonna la charge.
A peine la lame étaient ressorti de l'autre côté de son assaillant, le chevalier usa du mouvement d'inertie pour se retourner, et empala la seconde créature dans la gueule, qui cette fois parvint à labourer le plastron de ses griffes malgré les vingt pouces d'acier lui ressortant de l'arrière du crâne. Il fallu qu'Angron inflige une puissante torsion du poignet pour arracher la partie supérieur de la tête de la bête pour que celle ci arrête de bouger.Les trois bêtes suivantes rejoignirent les autres au sol, fauchées par les frappes de tailles et d'estoc, ouvrant l'acier de leurs assauts primales avant de s'effondrer. Derriere lui, dos à dos, Aubiane venait de planter sa fine lame dans le flanc d'un oiseau de proie aux ailes hérissées de plumes ébouriffées. Agile, elle esquivait chaque coup de patte ou de crocs, bondissant avec dexterité pour frapper les points faibles avant de sortir de leur champs d'action.
Le souffle court, son sang chaud coulant de plusieurs plaies à son visage, le chevalier redressa son arme en soufflant. Il ne restait que la moitié de leurs agresseurs debout, mais les forces de l'homme s'amenuisaient rapidement.Etrangement, aucune des créatures ne s'élançaient vers eux. Ils restaient tapis dans les ombres, fixant les deux êtres humains de leurs regards sauvages, feulant, grognant, jappant dans leur direction. Un court instant, l'homme pensa que la fureur du maléfice s'amenuisait. Mais le cri de frayeur que laissa échapper la jeune femme lui prouva le contraire.
Entre la panthère et un monstre imposant qui ressemblait à un ours dont la gueule était disproportionnée par rapport au reste, une forme plus haute s'avançait vers eux. La silhouette était légèrement courbés, dont les épaules larges étaient surmontés d'excroissance osseuses menaçantes.Le haut du visage était camouflé par une capuche qui semblait faite de peau et de cuirs entrelacés. Sa bouche n'était qu'un rictus sauvage, d'ou se profilait deux mâchoires garnis de crocs saillants. Ses bras étaient terminés par des mains griffues, portant des haches menaçantes, dont les formes abruptes et le métal dentelé ne pouvait pas avoir été forgé par un homme. Il se déplaçait d'un pas lent, poussant un grondement de gorge sourd, terrifiant, un son rauque qui couvrait le souffle du vent, et les jappements des créatures ténébreuses.
Il leva le bras droit, pointant l'une de ses armes vers le couple, et rugit. Loin de se laisser impressionner, le Chevalier se dégagea de la petite main qui tenait son épaule, pour se jeter contre "l'homme", hurlant.
- Par ma Foi !
L'épée à deux mains rencontra une hache dans une gerbe d'étincelle. Le chevalier, plus lent, profitait au mieux de son allonge supérieur. Mais son adversaire bondissait entre chaque assaut, feulent, grondant. Le vent se mit à faire trembler l'écurie jusque dans ses fondations, arrachant des pans entier de barrières, des sacs de paille.
La flamberge fendit l'air de bas en haut, mais au dernier moment la créature se jeta de côté, laissant la lame s'enfoncer en terre. La seconde suivante, un coup projeta le chevalier en arrière, et il atterrit lourdement sur le dos dans un bruit de métal froissé. Encore sonné, il vit son adversaire bondir sur lui, et lever une de ses mains griffues. Les cris de la jeune femme ne perçait même plus la fureur de la tempête environnante, à peine un lointain bruissement. Le garde Manus tenta de se dégager, mais en vain, et la main crochue s'enfonça dans son plastron, transperçant l'acier et la chair, éclatant la cage thoracique sans difficulté. Grievement blessé, le chevalier cracha du sang, cessant de se débattre, et avec effroi regarda l'homme retirer de son torse ouvert un serpent s'agitant et sifflant, aux écailles pâles, maladives.
D'en dessous, Angron parvint à discerner sous la capuche de l'homme, des traits bien connus, et pourtant fort différent. Comme une version désaxé, primale, de son propre visage. Les deux regards identiques se croisèrent, confondant leur aversion et leurs craintes, avant que la tempête ambiante ne les engloutisse tout les deux et l'abjecte reptile qui continuait de se tordre dans la poigne du belluaire.
Face à eux, la jeune femme s'approcha en inspectant les uniformes avec rigueur. Elle mesurait une tête de moins que chacun d'entre eux, et ses traits fins témoignaient de son jeune âge. Malgré l'étrangeté de la chose, et un visage ou l'un distinguait sans peine l'innocence, elle tachait de garder un grand sérieux, hochant la tête en passant de l'un à l'autre, soutenant leur regard, leur adressant parfois quelques remarques d'un ton ferme. Sur son propre uniforme de maille, des galons de sergents encore neuf étaient exposés fièrement. Sa chevelure couleur d'épis de blés était attachée dans une queue de cheval haute, dont seules quelques mèches éternellement rebelles échappaient à l'étreinte. A sa ceinture, une dague finement ouvragé, bijou de conception d'un artisan des iles de Kul tiras.
Elle s'arrêta devant le dernier homme en armure. Ni le plus grand, ni le plus petit. Mais son uniforme semblait plus ouvragé que celui de ses frères d'arme. Un œil expert aurait immédiatement remarqués que l'ensemble en plaque n'avait pas été produit à la chaine, de manière simpliste. Elle était le résultat d'un travail de longue haleine, forgée par un maitre dans son art, gravée de runes de protections, et finement ouvragée. Plus épaisse au niveau du plastron, et plus souple des articulations, elle dépassait de loin la norme des gardes urbains. Son porteur retira son casque, et le coinça sous son bras, baissant son regard azur vers le sergent. impassibilité de leurs visages avait quelque chose de peu commun, de forcé. L'homme inclina le visage, et l'ombre d'un instant, le regard du sergent laissa discerner une étincelle, une flamme infime qui ne dura qu'une seconde, avant qu'elle ne sourit.
- Bien Garde Manus. Je vous laisse vous charger des montures, ensuite, vous ferez le rapport.
- A vos ordres, Sergent.
Le chevalier claqua les talons, et sortit du rang, sentant dans son dos le regard de sa supérieur. Il prit le chemin des écuries, ou il retrouva les montures de la patrouille. Il commença la pénible tache d'enlever chaque selle, et de conduire chaque animal à son box, avec méthode et sans hâte. Une étrange sensation agita son esprit. Il se vit mourant, les jambes brisés, un unique bras pendant mollement. Mais son visage n'avait plus rien de reconnaissable, quelque chose de...
Il fut tiré de ses pensés par une présence dans son dos. Il reposa la selle qu'il tenait, et se retourna, découvrant la jeune femme blonde accoudée nonchalamment à la rambarde, un léger sourire aux lèvres. Au vu de sa position, elle devait être la depuis plusieurs minutes, l'observant travailler sans mot dire. Il salua avec rigueur son supérieur, redressant le buste. Elle sourit de plus belle, et se redressa avec légèreté, le regard pétillant.
- Ne vous donnez pas ce mal, Chevalier, je ne suis pas en service.
Elle fit quelques pas vers lui, sourire aux lèvres. Elle s'était débarrassée de son tabard, et avait détachée ses cheveux qui tombaient en cascade sur ses épaules, révélant un peu plus sa beauté naturelle. Elle se rapprocha de l'homme qui restait bien droit, et posa ses mains sur le plastron en plaque, se hissant sur la pointe des pieds pour murmurer contre son visage. Elle avait au fond des yeux une lueur farouche, pas de ces princesses délicates et chétives, mais une flamme rebelle, une lame à peine forgée aux lignes tranchantes. Il sentit son coeur s'accelerer, son impassibilité se fendiller doucement.
- Angron...
Il se détendit légèrement, et baissa le visage, abandonnant à un chaste baiser qu'il rendit tout en tachant de ne pas se laisser aller à la passion qu'il sentait naitre entre ses côtes., l'enlaçant de ses bras contre son armure d'acier. Ils restèrent ainsi de longs instants, profitant l'un de l'autre, à l'abris des regards indiscrets des autres soldats. Ils se chuchotèrent à l'oreille quelques douces paroles, gloussant parfois, se taquinant, comme deux enfants profitant d'une pause entre les leçons du matin et du midi.
Un vent frais se leva, faisant voler les cheveux blonds d'Aubiane devant son visage. Tout deux s'étonnèrent de cette étrange bourrasque, levant des regards intrigués aux alentours.
Les abords de l'écurie, d'habitude toujours agités, étaient vides. Plus âme qui vive en dehors d'eux, plus de son, de cris habituels. Les chevaux, nerveux, se mirent à frapper de leurs sabots au sol, renâclant. Le ciel se couvrit, alors qu'un trait inquiet barra le front du Chevalier, qui porta la main à la garde de sa lame, persuadé de voir à œuvre un sombre sortilège. La jeune femme, inquiète, restait dans son dos, le visage marqué par incompréhension et inquiétude.
Une série de grognements sourds s'échappa des ombres des box. Un cheval se mit à hennir, de peur puis de douleur, avant qu'un bruit de chair déchiré ne coupe sa complainte, suivit du bruit d'un corps qui chute.
La première créature apparut sur leur gauche. Elle se déplaçait un instant à quatre pattes, et la seconde suivante sur ses deux membres inferieurs. Sa masse sombre ne laissait voir qu'un pelage épais, rêche. Deux yeux rougeoyant brillaient au dessus d'une gueule bardée de crocs, excessivement imposantes en comparaison du reste de la créature. Ses pattes étaient terminées par des griffes puissantes, qui raclaient la terre, laissant de profonds sillons sans que cela ne ralentisse l'étrange rodeur.
La seconde chose vint de leur droite. Plus massive, une large crête de membrane grisâtre s'agitant sur son échine. Elle sifflait tout bas, faisant vibrer sa gorge boursouflée. Derrière elle se balançait une queue terminée par une unique griffe recourbée.
Aubiane serra une main sur le tabard d'Angron. Sa respiration accéléra, alors qu'elle discernait de mieux en mieux les étrangetés qui venaient de tout côtés. Elle se retourna en entendant un grognement proche, et découvrit à moins d'une dizaine de mètre d'eux une autre bête, panthère imposante au regard de citrine. Ses crocs éclatant dans la pénombre saillaient de sa gueule entrouverte. Elle avançait d'un pas lent, les muscles tendus, prête à bondir.
En tout, une petite dizaine de créatures les encerclaient à présent, tournant autours d'eux, se rapprochant en refermant lentement le cercle sur les deux humains. Le Chevalier avait tiré sa lourde épée bavarde de son fourreau, se mettant en garde en tournant sur lui même, mettant le tranchant de son arme entre lui et la jeune femme qui se tenait dans son dos. D'un regard sévère, il défiait un à un les monstres d'avancer. Le vent soufflait de plus en plus fort, faisant voler sa chevelure ébène près de son visage, sans le déconcentrer une seule seconde.
Loin de s'abriter en pleurnichant, Aubiane serrait le poing sur le manche de sa lame, le regard farouche, prête à en découdre. Ses muscles se tendirent, alors qu'elle se préparait sur ses appuis, en position d'assister l'homme avec qui elle allait se battre dos à dos.
La première créature bondit de sa gauche, gueule ouverte, son corps massif propulsé avec une force étonnante. Ses pattes griffues cherchèrent à agripper la gorge du chevalier, mais c'était sans compter sur le mouvement d'épaule de ce dernier. La puissante lame trancha l'air, sifflant jusqu'a fendre en deux l'étrangeté de l'épaule à l'aine, aspergeant l'herbe d'un sang poisseux.
La mise à mort du premier membre de la meute sonna la charge.
A peine la lame étaient ressorti de l'autre côté de son assaillant, le chevalier usa du mouvement d'inertie pour se retourner, et empala la seconde créature dans la gueule, qui cette fois parvint à labourer le plastron de ses griffes malgré les vingt pouces d'acier lui ressortant de l'arrière du crâne. Il fallu qu'Angron inflige une puissante torsion du poignet pour arracher la partie supérieur de la tête de la bête pour que celle ci arrête de bouger.Les trois bêtes suivantes rejoignirent les autres au sol, fauchées par les frappes de tailles et d'estoc, ouvrant l'acier de leurs assauts primales avant de s'effondrer. Derriere lui, dos à dos, Aubiane venait de planter sa fine lame dans le flanc d'un oiseau de proie aux ailes hérissées de plumes ébouriffées. Agile, elle esquivait chaque coup de patte ou de crocs, bondissant avec dexterité pour frapper les points faibles avant de sortir de leur champs d'action.
Le souffle court, son sang chaud coulant de plusieurs plaies à son visage, le chevalier redressa son arme en soufflant. Il ne restait que la moitié de leurs agresseurs debout, mais les forces de l'homme s'amenuisaient rapidement.Etrangement, aucune des créatures ne s'élançaient vers eux. Ils restaient tapis dans les ombres, fixant les deux êtres humains de leurs regards sauvages, feulant, grognant, jappant dans leur direction. Un court instant, l'homme pensa que la fureur du maléfice s'amenuisait. Mais le cri de frayeur que laissa échapper la jeune femme lui prouva le contraire.
Entre la panthère et un monstre imposant qui ressemblait à un ours dont la gueule était disproportionnée par rapport au reste, une forme plus haute s'avançait vers eux. La silhouette était légèrement courbés, dont les épaules larges étaient surmontés d'excroissance osseuses menaçantes.Le haut du visage était camouflé par une capuche qui semblait faite de peau et de cuirs entrelacés. Sa bouche n'était qu'un rictus sauvage, d'ou se profilait deux mâchoires garnis de crocs saillants. Ses bras étaient terminés par des mains griffues, portant des haches menaçantes, dont les formes abruptes et le métal dentelé ne pouvait pas avoir été forgé par un homme. Il se déplaçait d'un pas lent, poussant un grondement de gorge sourd, terrifiant, un son rauque qui couvrait le souffle du vent, et les jappements des créatures ténébreuses.
Il leva le bras droit, pointant l'une de ses armes vers le couple, et rugit. Loin de se laisser impressionner, le Chevalier se dégagea de la petite main qui tenait son épaule, pour se jeter contre "l'homme", hurlant.
- Par ma Foi !
L'épée à deux mains rencontra une hache dans une gerbe d'étincelle. Le chevalier, plus lent, profitait au mieux de son allonge supérieur. Mais son adversaire bondissait entre chaque assaut, feulent, grondant. Le vent se mit à faire trembler l'écurie jusque dans ses fondations, arrachant des pans entier de barrières, des sacs de paille.
La flamberge fendit l'air de bas en haut, mais au dernier moment la créature se jeta de côté, laissant la lame s'enfoncer en terre. La seconde suivante, un coup projeta le chevalier en arrière, et il atterrit lourdement sur le dos dans un bruit de métal froissé. Encore sonné, il vit son adversaire bondir sur lui, et lever une de ses mains griffues. Les cris de la jeune femme ne perçait même plus la fureur de la tempête environnante, à peine un lointain bruissement. Le garde Manus tenta de se dégager, mais en vain, et la main crochue s'enfonça dans son plastron, transperçant l'acier et la chair, éclatant la cage thoracique sans difficulté. Grievement blessé, le chevalier cracha du sang, cessant de se débattre, et avec effroi regarda l'homme retirer de son torse ouvert un serpent s'agitant et sifflant, aux écailles pâles, maladives.
D'en dessous, Angron parvint à discerner sous la capuche de l'homme, des traits bien connus, et pourtant fort différent. Comme une version désaxé, primale, de son propre visage. Les deux regards identiques se croisèrent, confondant leur aversion et leurs craintes, avant que la tempête ambiante ne les engloutisse tout les deux et l'abjecte reptile qui continuait de se tordre dans la poigne du belluaire.
Angron Manus- Citoyen
- Nombre de messages : 1189
Lieu de naissance : Carmines
Age : Quarantaine
Date d'inscription : 13/05/2011
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Tributs
Il marchait sur un chemin de terre. Depuis une, deux, ou trois heures. Peut être plus. L'unique lueur qui perçait les nuages par cette nuit sombre était celle d'une lune ronde hypertrophiée. De chaque côté du sentier, des murs de ronces et de roses dominaient le marcheur, hauts comme trois hommes. Des branchages tordus pointaient les cieux, comme autant de mains squelettiques, montrant une direction à suivre.
Angron avançait à pas lents. Mesurés. Il sentait le vent nocturne glisser sur son corps nu, faisant frémir son pelage et sa peau. Cherchant du regard une piste, sans empressement.
Quelque chose avait calmé le Songe. Quelque chose de l'extérieur, dont le belluaire n'arrivait pas à se souvenir. Il n'y avait ni tourments, ni grondement. La terre dormait, paisible. Tout comme lui.
Il s'arrêta brusquement, portant pour la première fois la main à une de ses haches, avant de se rendre compte qu'elle pendait déjà au bout de son bras, la ou aurait du se trouver une main griffue. Son regard se focalisa droit devant, vers les deux silhouettes qui ne se trouvaient pas la un instant auparavant. Bien plus petits que lui, les deux enfants se tenaient par la main, levant vers l'homme des regards intenses, inquisiteurs.
Le premier était un garçon, d'une dizaine d'année. Ses cheveux mi longs étaient hirsutes, négligés. Il portait une petite veste et un pantalon de toile en mauvais état, rapiécé à de nombreux endroits. Un béret tout aussi miteux trônait sur le haut de son crâne.
La seconde était une petite fille, sensiblement du même âge. Elle avait un pantalon large, et une veste dépenaillée aux manches courtes. Ses longs cheveux d'ébènes tombaient sur ses épaules, alors qu'elle fixait l'homme-bête de ses grands yeux bleu marine.
- Tu es en retard.
Angron cilla, frappé par l'assurance et la sévérité de la voix du garçon. Comme si ce petit corps n'était pas la source du reproche. Il continua, du même ton ferme.
-Ne perdons pas plus de temps, c'est ton heure, ils t'attendent.
Les deux enfants firent demi tour, et s'engagèrent d'un pas hâtif sur le sentier. Angron s'élança à leur suite, forçant sur ses jambes pour tenir l'allure. Ils marchèrent ainsi durant de longues minutes, la route s'élargissant, les haies se transformant en masse sombre, informe, prête à engloutir le premier malheureux qui ferait un pas de côté. Au fur et a mesure, Angron parvint à discerner au loin deux immenses arbres de chaque côté du chemin, dont la cime occultait les rayons lunaires.Si majestueux, si titanesque, que leur simple présence rendaient les lieux mystique, chargés d'impossible. En passant près des troncs, leurs tailles frappèrent plus encore le belluaire, deux murs de bois qui se rejoignaient au dessus de leurs têtes, rivalisant l'un et l'autre avec nordrassil lui même, l'arbre monde. Une fois l'étrange porte franchie, l'homme et les deux enfants arrivèrent dans une large clairière aux abords déboisés. En son centre, une dalle de pierre large comme un navire de guerre, posée à même le sol. Sa surface polie reflétait les rayons de l'astre lunaire, la faisant briller d'une étrange lueur nacrée.
"Ils" étaient la, encerclant la pierre, l'attendant depuis tout ce temps. Connaissant chacun de leurs facies. De toutes tailles, de toutes formes.Tous nobles, sereins, régnant sur ce domaine avec la force simple des légataires légitimes. Eux l'observait, sans un regard aux enfants qui vinrent les rejoindre à la "table" de marbre. Ils le jaugeaient, le scrutaient avec une insistance qui aurait été malsaine dans le royaume des hommes. Mais ici, le respect n'était pas un affaire de tenue ou de regard. C'étai une chose intrinsèque à chaque individu, une part de lui qui se devinait avant même de le rencontrer. Qui se goûtait dans leur nom.
L'immense père-ours, haut comme deux bastions superposés, se mit à parler de sa voix grondante, comme un coup de tonnerre.
- Nathan ! Fais le approcher, ma vision n'est plus ce qu'elle était.
- Bien, Père-ours.
Le jeune garçon vint prendre Angron par la main, l'attirant doucement vers le centre de la clairière. La petite fille ne le quittait pas du regard, sondant son âme en silence, tout comme la plupart des êtres présents ici.
Le père-loup, qui se trouvait sur la droite de l'assemblé, agita une oreille et s'adressa à l'homme.
- Tu n'es pas venu ici sans peine, ni sans aide. Personne ne vient ici sans peine, ni sans aide. Ceux qui tentent de le faire se perdent sur le chemin, laissant derrière eux bien trop de choses, et n'obtiennent rien en retour.
Il marqua une longue pause, durant laquelle un hibou aussi grand qu'un gyrocoptère se posa sur le rebord de la pierre-table, juste à côté du jeune Nathan. Puis l'avatar lupin continua, toujours de sa voix calme et profonde.
- L'une t'a déchiré l'armure, celle qui ne te servait pas à retenir les coups, mais à contenir ce que tu cachait. L'autre a pointé de son bâton les sentiers à prendre, et vous les avez suivit. Mais on emprunte pas ces sentiers à volonté. Il y a toujours un choix à faire. Un choix couteux. Regarde la.
Angron suivit le regard du père-loup, jusqu'a la jeune fille qui passait sa main sur l'aile du hibou. Elle répondit au regard de l'homme d'un sourire, alors que ses formes s'estompaient, que ses vêtements évaporaient sous leurs yeux. Elle changea, grandit jusqu'a ce qu'a sa place se trouve une jeune femme nue, à la peau couleur de miel, le regard voilé d'un miroitement orangé. Olivia-Heliven sourit à Angron, se voulant rassurante. Puis le père-loup reprit la parole.
- Elle n'a pas fait ce choix. On l'a fait pour elle. Mais elle a décidé de se l'approprier, et d'en devenir non plus l'hôte, mais partie intégrante de la Bête. C'est une décision difficile, qui l'a mise au banc des hommes. Certains de ceux qui étaient les tiens l'auraient appelé courage, d'autres folie. Pour nous, c'est simplement son choix, ni bon, ni mauvais.
Le jeune Nathan s'était rapproché du belluaire, légèrement en retrait, mais présent. Comme si l'enfant surveillait l'adulte, le soutenant, sans pour autant intervenir. L'homme cherchait à garder son calme, se contrôler, bien qu'il était certain que son trouble n'échappait pas à cet étrange conseil. Il n'avait pas peur.
Cette fois, ce fut un Brochepelle titanesque qui prit la parole, haut de deux bon mètres, et si long qu'une partie de son corps disparaissait dans les ténèbres qui n'étaient pas illuminés par la table-pierre.
- L'esprit ne passe pas d'un monde à l'autre avec aisance. Le corps, lui, est facilement malléable. Mais une fois qu'un choix est fait, tu lies ton destin, et aucune tromperie ne pourra te permettre de te mentir à toi même. Pas dans notre domaine. Tu es seul face à ce choix.
- Non. Je ne suis pas seul.
La vitesse avec laquelle l'humain avait répondu au père-Brochepelle fit éclater de rire quelques membres du conseil, et courroucèrent certains autres. le belluaire se pressa d'ajouter.
- Je n'ai pas traversé les mondes, le Cauchemar, et le Rêve non accompagné. Je n'irais pas plus loin seul. Je ne suis ni un guide, ni un marcheur. J'accompagne ceux qui veulent de ma compagnie, je suis l'un des leurs. Ni supérieur, ni différent. Un même sang, une même meute, sur une branche rouge du festin de la chasse.
Le sol trembla quand père-ours posa une lourde patte sur la table-pierre, montrant ses crocs don le plus petit devait atteindre la taille de l'humain.
- Tous ne sont pas de l'avis du loup. Je tairais le nom de ceux qui n'ont pas souhaité venir, mais après chaque saison chaude, l'hiver revient, lourd de rancune et d'aigreur. Etouffant arbres et branchages sous un voile immaculé.
Olivia fit quelques pas vers Angron, marchant sur la pointe des pieds dans l'herbe grasse, comme par peur d'en écraser les habitants invisible. Elle posa ses doigts sur l'avant bras de l'homme, et lui sourit avec empathie, venant déposer sur ses lèvres un simple baiser, remplaçant un siècle de discours vains. la lumière reflétée par la pierre-table la révélant dans sa beauté nue, sans fard ou ombrage, sans la moindre parcelle de pudeur ou de honte. Juste elle même, telle qu'elle était devenu à ses cotés. Telle qu'il l'aimait.
Un autre esprit s'avança. plus massif que le loup, mais moins imposant que le Brochepelle ou que l'ours, son museau sombre encadré d'un cascade de fourrure épaisse, une crinière sauvage et noble. Le Père-Lion prit à son tour la parole, captant attention de l'assemblé.
- Nous avons suffisamment pesé le pour et le contre. Il est temps pour toi de marcher aux côtés de ceux qui ne sont plus humains. De laisser derrière toi ces loques en charpie, ces lambeaux mal déchirés de ce passé. Tu n'es plus celui qui court pour échapper au sang-froid, mais celui qui piste l'odeur de la chair. Fais ton choix.
Derrière Angron, le jeune garçon avait disparu, remplacé par un homme à la stature osseuse, élancée, aux traits fins et secs. Il portait une robe faite de mousse et de lichen, tenant sous son bras un tambour plat, battant la mesure de l'autre main, les yeux illuminés par l'Essence. Le belluaire reporta l'attention vers les pères-esprits, puis hocha la tête, le visage marqué de volonté.
Il fut brusquement jeté au sol, sentant la terre vibrer sous lui, les coudes s'écorchant sur la terre. Olivia-Heliven lui grimpa dessus, levant les paumes vers le ciel, le visage renversé en arrière, cambrée et féline, en transe. Le tambour du druide résonnait dans la clairière, accompagné d'un grondement sourd, celui des pères-esprits se joignant à leur manière à l'étrange cérémonie.
La femme nue se pencha sur son mâle, et soudain prise d'une frénésie bestiale, planta ses ongles dans ses épaules, et ses dents dans sa gorge. Angron ne chercha pas à se débattre, à se soustraire, dévoré vivant par sa compagne, qui l'écharpait, le dépeçai à mains nues, arrachant peau et chair avec la même aisance, avant de s'attaquer aux muscles, et aux os.
Après quelques instants, les pères-esprit s'approchèrent un à un, déchirant à leur tour un morceau de viande, l'avalant goulument, avant de laisser la place à un autre.
Le festin dura toute la nuit, bercé par le son du tambour, jusqu'a ce qu'au petit matin, il ne reste de l'homme qu'une parcelle d'herbe souillée de sang, ou dormait roulée en boule la femme à la peau couleur de miel, souillée des restes de celui qui fut humain.
Angron avançait à pas lents. Mesurés. Il sentait le vent nocturne glisser sur son corps nu, faisant frémir son pelage et sa peau. Cherchant du regard une piste, sans empressement.
Quelque chose avait calmé le Songe. Quelque chose de l'extérieur, dont le belluaire n'arrivait pas à se souvenir. Il n'y avait ni tourments, ni grondement. La terre dormait, paisible. Tout comme lui.
Il s'arrêta brusquement, portant pour la première fois la main à une de ses haches, avant de se rendre compte qu'elle pendait déjà au bout de son bras, la ou aurait du se trouver une main griffue. Son regard se focalisa droit devant, vers les deux silhouettes qui ne se trouvaient pas la un instant auparavant. Bien plus petits que lui, les deux enfants se tenaient par la main, levant vers l'homme des regards intenses, inquisiteurs.
Le premier était un garçon, d'une dizaine d'année. Ses cheveux mi longs étaient hirsutes, négligés. Il portait une petite veste et un pantalon de toile en mauvais état, rapiécé à de nombreux endroits. Un béret tout aussi miteux trônait sur le haut de son crâne.
La seconde était une petite fille, sensiblement du même âge. Elle avait un pantalon large, et une veste dépenaillée aux manches courtes. Ses longs cheveux d'ébènes tombaient sur ses épaules, alors qu'elle fixait l'homme-bête de ses grands yeux bleu marine.
- Tu es en retard.
Angron cilla, frappé par l'assurance et la sévérité de la voix du garçon. Comme si ce petit corps n'était pas la source du reproche. Il continua, du même ton ferme.
-Ne perdons pas plus de temps, c'est ton heure, ils t'attendent.
Les deux enfants firent demi tour, et s'engagèrent d'un pas hâtif sur le sentier. Angron s'élança à leur suite, forçant sur ses jambes pour tenir l'allure. Ils marchèrent ainsi durant de longues minutes, la route s'élargissant, les haies se transformant en masse sombre, informe, prête à engloutir le premier malheureux qui ferait un pas de côté. Au fur et a mesure, Angron parvint à discerner au loin deux immenses arbres de chaque côté du chemin, dont la cime occultait les rayons lunaires.Si majestueux, si titanesque, que leur simple présence rendaient les lieux mystique, chargés d'impossible. En passant près des troncs, leurs tailles frappèrent plus encore le belluaire, deux murs de bois qui se rejoignaient au dessus de leurs têtes, rivalisant l'un et l'autre avec nordrassil lui même, l'arbre monde. Une fois l'étrange porte franchie, l'homme et les deux enfants arrivèrent dans une large clairière aux abords déboisés. En son centre, une dalle de pierre large comme un navire de guerre, posée à même le sol. Sa surface polie reflétait les rayons de l'astre lunaire, la faisant briller d'une étrange lueur nacrée.
"Ils" étaient la, encerclant la pierre, l'attendant depuis tout ce temps. Connaissant chacun de leurs facies. De toutes tailles, de toutes formes.Tous nobles, sereins, régnant sur ce domaine avec la force simple des légataires légitimes. Eux l'observait, sans un regard aux enfants qui vinrent les rejoindre à la "table" de marbre. Ils le jaugeaient, le scrutaient avec une insistance qui aurait été malsaine dans le royaume des hommes. Mais ici, le respect n'était pas un affaire de tenue ou de regard. C'étai une chose intrinsèque à chaque individu, une part de lui qui se devinait avant même de le rencontrer. Qui se goûtait dans leur nom.
L'immense père-ours, haut comme deux bastions superposés, se mit à parler de sa voix grondante, comme un coup de tonnerre.
- Nathan ! Fais le approcher, ma vision n'est plus ce qu'elle était.
- Bien, Père-ours.
Le jeune garçon vint prendre Angron par la main, l'attirant doucement vers le centre de la clairière. La petite fille ne le quittait pas du regard, sondant son âme en silence, tout comme la plupart des êtres présents ici.
Le père-loup, qui se trouvait sur la droite de l'assemblé, agita une oreille et s'adressa à l'homme.
- Tu n'es pas venu ici sans peine, ni sans aide. Personne ne vient ici sans peine, ni sans aide. Ceux qui tentent de le faire se perdent sur le chemin, laissant derrière eux bien trop de choses, et n'obtiennent rien en retour.
Il marqua une longue pause, durant laquelle un hibou aussi grand qu'un gyrocoptère se posa sur le rebord de la pierre-table, juste à côté du jeune Nathan. Puis l'avatar lupin continua, toujours de sa voix calme et profonde.
- L'une t'a déchiré l'armure, celle qui ne te servait pas à retenir les coups, mais à contenir ce que tu cachait. L'autre a pointé de son bâton les sentiers à prendre, et vous les avez suivit. Mais on emprunte pas ces sentiers à volonté. Il y a toujours un choix à faire. Un choix couteux. Regarde la.
Angron suivit le regard du père-loup, jusqu'a la jeune fille qui passait sa main sur l'aile du hibou. Elle répondit au regard de l'homme d'un sourire, alors que ses formes s'estompaient, que ses vêtements évaporaient sous leurs yeux. Elle changea, grandit jusqu'a ce qu'a sa place se trouve une jeune femme nue, à la peau couleur de miel, le regard voilé d'un miroitement orangé. Olivia-Heliven sourit à Angron, se voulant rassurante. Puis le père-loup reprit la parole.
- Elle n'a pas fait ce choix. On l'a fait pour elle. Mais elle a décidé de se l'approprier, et d'en devenir non plus l'hôte, mais partie intégrante de la Bête. C'est une décision difficile, qui l'a mise au banc des hommes. Certains de ceux qui étaient les tiens l'auraient appelé courage, d'autres folie. Pour nous, c'est simplement son choix, ni bon, ni mauvais.
Le jeune Nathan s'était rapproché du belluaire, légèrement en retrait, mais présent. Comme si l'enfant surveillait l'adulte, le soutenant, sans pour autant intervenir. L'homme cherchait à garder son calme, se contrôler, bien qu'il était certain que son trouble n'échappait pas à cet étrange conseil. Il n'avait pas peur.
Cette fois, ce fut un Brochepelle titanesque qui prit la parole, haut de deux bon mètres, et si long qu'une partie de son corps disparaissait dans les ténèbres qui n'étaient pas illuminés par la table-pierre.
- L'esprit ne passe pas d'un monde à l'autre avec aisance. Le corps, lui, est facilement malléable. Mais une fois qu'un choix est fait, tu lies ton destin, et aucune tromperie ne pourra te permettre de te mentir à toi même. Pas dans notre domaine. Tu es seul face à ce choix.
- Non. Je ne suis pas seul.
La vitesse avec laquelle l'humain avait répondu au père-Brochepelle fit éclater de rire quelques membres du conseil, et courroucèrent certains autres. le belluaire se pressa d'ajouter.
- Je n'ai pas traversé les mondes, le Cauchemar, et le Rêve non accompagné. Je n'irais pas plus loin seul. Je ne suis ni un guide, ni un marcheur. J'accompagne ceux qui veulent de ma compagnie, je suis l'un des leurs. Ni supérieur, ni différent. Un même sang, une même meute, sur une branche rouge du festin de la chasse.
Le sol trembla quand père-ours posa une lourde patte sur la table-pierre, montrant ses crocs don le plus petit devait atteindre la taille de l'humain.
- Tous ne sont pas de l'avis du loup. Je tairais le nom de ceux qui n'ont pas souhaité venir, mais après chaque saison chaude, l'hiver revient, lourd de rancune et d'aigreur. Etouffant arbres et branchages sous un voile immaculé.
Olivia fit quelques pas vers Angron, marchant sur la pointe des pieds dans l'herbe grasse, comme par peur d'en écraser les habitants invisible. Elle posa ses doigts sur l'avant bras de l'homme, et lui sourit avec empathie, venant déposer sur ses lèvres un simple baiser, remplaçant un siècle de discours vains. la lumière reflétée par la pierre-table la révélant dans sa beauté nue, sans fard ou ombrage, sans la moindre parcelle de pudeur ou de honte. Juste elle même, telle qu'elle était devenu à ses cotés. Telle qu'il l'aimait.
Un autre esprit s'avança. plus massif que le loup, mais moins imposant que le Brochepelle ou que l'ours, son museau sombre encadré d'un cascade de fourrure épaisse, une crinière sauvage et noble. Le Père-Lion prit à son tour la parole, captant attention de l'assemblé.
- Nous avons suffisamment pesé le pour et le contre. Il est temps pour toi de marcher aux côtés de ceux qui ne sont plus humains. De laisser derrière toi ces loques en charpie, ces lambeaux mal déchirés de ce passé. Tu n'es plus celui qui court pour échapper au sang-froid, mais celui qui piste l'odeur de la chair. Fais ton choix.
Derrière Angron, le jeune garçon avait disparu, remplacé par un homme à la stature osseuse, élancée, aux traits fins et secs. Il portait une robe faite de mousse et de lichen, tenant sous son bras un tambour plat, battant la mesure de l'autre main, les yeux illuminés par l'Essence. Le belluaire reporta l'attention vers les pères-esprits, puis hocha la tête, le visage marqué de volonté.
Il fut brusquement jeté au sol, sentant la terre vibrer sous lui, les coudes s'écorchant sur la terre. Olivia-Heliven lui grimpa dessus, levant les paumes vers le ciel, le visage renversé en arrière, cambrée et féline, en transe. Le tambour du druide résonnait dans la clairière, accompagné d'un grondement sourd, celui des pères-esprits se joignant à leur manière à l'étrange cérémonie.
La femme nue se pencha sur son mâle, et soudain prise d'une frénésie bestiale, planta ses ongles dans ses épaules, et ses dents dans sa gorge. Angron ne chercha pas à se débattre, à se soustraire, dévoré vivant par sa compagne, qui l'écharpait, le dépeçai à mains nues, arrachant peau et chair avec la même aisance, avant de s'attaquer aux muscles, et aux os.
Après quelques instants, les pères-esprit s'approchèrent un à un, déchirant à leur tour un morceau de viande, l'avalant goulument, avant de laisser la place à un autre.
Le festin dura toute la nuit, bercé par le son du tambour, jusqu'a ce qu'au petit matin, il ne reste de l'homme qu'une parcelle d'herbe souillée de sang, ou dormait roulée en boule la femme à la peau couleur de miel, souillée des restes de celui qui fut humain.
Angron Manus- Citoyen
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