À l'aube du désespoir

Elle sortie en trombe de sa tente.
Un guetteur se trouvait mort, avachi dans une flaque de neige fondue et de sang.
Son cou déchiqueté.
Le camps était en mouvement, cherchant l'agresseur inconnu.
Un autre cri se fît entendre, suivit d'un bruit sourd.
Un corps tomba.
Plus de doute possible, l'agresseur était là.
Une goule ; le sang lui dégoulinait de la bouche, elle avançait lentement au travers de la forêt dense en direction du centre du camps.
Un paladin fonça et trancha net la tête de la goule, sans grands efforts.
Que pouvait donc une goule face à une troupe d'homme d'arme, de paladin ou et de prêtre, se dit Aliane.
Mais là était son erreur, car ce n'était pas une goule, mais une dizaine, puis une vingtaine, suivit de près par toutes autres sortes de créature Fléautique.
Le camps s'organisa au mieux, mais nombre d'entre eux n'étaient pas près.
Aliane se dirigea vers un groupe paré au combat ; elle faisait de son mieux, frappant la moindre non-vie s'approchant, brulant d'un feu sacré tout assaillant, soignant un blessé quand elle pouvait.

Mais l'avantage du nombre se fît sentir.
Les feux étaient éteins, ils ne restaient plus qu'une dizaine d'homme, et les mort-vivant semblaient innombrables.
Cette bataille avait quelque chose de différent. Dans tous les combats qu'elle avait mené, elle s'y était sentie à l'aise, courageuse, combattante ;
Mais là, il n'y avait plus rien, plus de Lumière, plus d'espoir,pas d'adrénaline, les jambes des combattants tremblaient, certains fonçait arme au poing sans raison, désespérés.
"Vivement que ce petit voyage d'aisance se termine, pour que je puisse combattre vraiment" avait-elle dit la matinée. Si elle avait su.

Tout à coup, la terreur les prit, un pas lourd s'approchait devant eux. Une abomination.
Le nain, qui était aussi leur chef, prit sa hache et s'élança en leur disant de partir. Les autres s'enfuirent donc, abandonnant ainsi leur camarade, le coeur lourd. Après une course folle, Aliane trébucha, enlevant à toute vitesse les parties les plus lourdes de son armure.
Elle se releva, seule.
La forêt était sombre, calme, l'on pouvait entendre des petits bruit d'animaux, le vent souffler entre les arbres, les craquements de bois à chaque pas.
Il y eu un bruit derrière elle, Aliane se retourna.
Ce n'était qu'un Soldat.
Elle s'approcha de lui. Il avait la bouche en sang, le pouls faible, une dague dans le ventre. Il était condamné.
Ils se regardèrent quelques temps, il bascula en arrière, mort.

Elle couru de toutes ses forces. Arrivée sur une plage, elle se laissa tomber sur ses genoux. Elle avait déjà perdue sa terre natale, une partie de sa famille, son amour. Maintenant, elle venait de perdre ses amis, sa Foi, sa confiance.

Le sable, froid et salé, irritait ses blessures. Le flot des vagues était le seul bruit qu'elle entendait ; pas l'ombre d'une vie en ces lieux.
L'horizon était légèrement dissimulée par la brume, le Lune brillait de son plein, pas un nuage dans le ciel.

Elle pleurait.

Aliane se réveilla, allongée sur le sable. Elle regarda fixement le ciel, d'un bleu pâle.
Elle ne savait plus quoi faire. Rentrer au Donjon de la Bravoure pour annoncer que toute la troupe avait été prise en embuscade, et qu'elle était la seule survivante ?
A quoi bon, elle aurait été affecté à un autre front et tous les défunts seraient tombés dans les limbes de l'oubli.
Elle n'avait pas envie. Elle n'avait plus envie.

Elle se releva, et marcha en direction du Nord-Ouest pour atteindre la route principale.
Après quelques minutes de marche, elle arriva à ladite route. Elle marchait tranquillement lorsqu'elle aperçu au loin un groupe de cavalier au couleur bleu et or. Les choses se précipitèrent donc pour elle, elle enleva les restes d'armure pour ne finir qu'en haillon, elle pris une dague et se coupa les cheveux pour ne pas qu'on la reconnaisse.
"Oh, vous, que faites vous ici ?", dit l'un d'entre eux quand ils se croisèrent.
Elle ne savait que répondre.
-Je marche
-Vous marchez en plein Norfendre ? vous êtes folle ma parole"
Il indiqua à deux des cavaliers de la ramener, en leur chuchotant quelques mots à l'oreille.
Son chemin était tout tracé, maintenant. Elle comptait déserter et commencer une nouvelle vie.
À l'arrivée au fort, les deux cavaliers repartir dans l'autre sens en la laissant seule.
Elle se débrouilla pour trouver une chambre à l'auberge avec le peu de monnaie qu'il lui restait, puis alla sur le port. Fixant la mer, elle était pensive. Devait-elle retourner au Dun, là où elle avait passé une grande partie de sa vie, en Loarderon pour retrouver sa terre d'enfance ou revenir en Hurlevent, en faisant abstraction de ses parents ?
Ne sachant que choisir, elle alla dans sa chambre et s'endormit assez rapidement.

Le lendemain, Aliane n'était pas décidée, mais une chose est sur, elle devait prendre le bateau. Elle se promena tranquillement dans le fort en espérant ne croiser personne qui la reconnaitrait.
Elle écouta discrètement un groupe de Garde qui discutait.

"Tu sais quoi ? A c'qu'il parait, il y avait un espion au service du Fléau dans les murs
-Oui, j'en ai entendu parler, un certain Tableau.
-Mais non, pas Tableau, Talbot, le conseiller Talbot. C'est un mec du gratin qui restait dans son bureau à envoyer des ordres de mission.
-Ah..."
Aliane ne réfléchit pas trop, elle s'élança dans le Donjon, sans trop faire attention aux Gardes qui l'interpellaient. Arrivée près de la salle principale, elle vît le groupe de cavaliers qu'elle avait croisé en train de discuter avec un haut-gradé.
"Aucun survivant dit l'un d'entre eux, leur camps est détruit et il y a des cadavres partout"
-Ca fait donc déjà trois régiments que nous avons perdu à cause de cet infiltré, et vous dîtes qu'ils sont tous morts, c'est bien cela ?
-O..
-Non, dit Aliane en lui coupant la parole.