Le prix de l'ambition
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Le prix de l'ambition
Gustav d'Urgot était un homme occupé. Ce constat simple permettait à lui seul de saisir l'essentiel à propos de ce personnage d'une bonne soixantaine d'année, à l'embonpoint subissant l'héritage d'une fin de vie dans l'opulence la plus totale. Non pas que le Marquis d'Urgot abusait des bonnes choses par gourmandise ou par vice, bien au contraire étant de nature ascète, mais il est certaines habitudes qu'on prend à force de vivre dans le luxe.
Héritier d'une maison noble née d'une union entre le marquis Dermond d'Urgot de Lordaeron, et la jeune comtesse Cecilia de la Verriere, native de Hurlevent, le jeune Gustav avait eu la chance d'être élevé dans les beaux quartier de Stratholme, de recevoir une éducation poussée et de fréquenter les hautes strates de la société humaine. A seize ans seulement, il était engagé en tant qu'assistant dans un prestigieux cabinet de comptabilité, poste normalement réservé à des fonctionnaires d'expérience... mais ses nobles origines lui avaient déroulés un tapis rouge sous les pieds.
Toujours agréable, bien sur lui, et particulièrement séduisant pour son jeune âge, son succès s'était répandu tant parmi les gentes dames de la cours que ses contacts noués grâce à son travail. A sa charge, s'il avait été catapulté de part sa naissance à son poste, il avait montré un talent rare avec les chiffres, prenant en charge des dossiers complexes qu'il menait avec brio. Le jeune homme faisait la fierté de ses parents et de sa famille, et à trente ans, il dirigeait le cabinet dans lequel il avait fait ses débuts un décennie et demi plus tôt. Mais Gustav d'Urgot était un homme ambitieux. Et plus le temps passait, plus il s'affairait à développer avec soin son réseau d'amis et de connaissance, si bien qu'a l'aube de sa trente troisième année, lorsque le questeur en charge de la surintendance de la couronne de Lordaeron mourut d'une fièvre virulente, on en vint à murmurer le nom d'Urgot comme potentiel successeur.
Mais entre diriger un cabinet comptable, si prestigieux soit-il, et se retrouver propulser au rang de fonctionnaire royal, il y avait un monde. Une douzaine des plus talentueux (et bien souvent pistonnés) des hommes d'argent du royaume se mirent à sortir de l'ombre, provoquant une effervescence chez les financiers du nord. Bien que de noble naissance, Gustave d'Urgot n'était qu'un "petit nobliau de province" comme le disait ses détracteurs. De plus, quelques scandales concernant sa mère, qui étaient jusque la bien gardés, ne tarderaient pas à ressortir sur le devant de la scène.
Après une semaine de tractations peu fécondes, le moral de monsieur d'Urgot finit par décliner lentement, voyant son rêve s'éloigner alors que ses concurrents prenaient de l'avance dans la course folle vers le pouvoir.
Son salut vint étonnamment d'un domaine qu'il avait toujours eu en dégout, quand la fête du solstice d'été fut organisé à la gloire des récentes victoires de l'armée sur les orcs en maraude dans les montagnes, et leur asservissement dans les nouveaux "camps" ou ils étaient parqués. Los d'une des réceptions ou étaient remises médailles et décorations, Gustav fit la connaissance d'une créature sublime, qui venait ici afin de soutenir son frère, héros de guerre qui venait d'être promut Chevalier-capitaine. Tout de suite, Monsieur d'Urgot tomba sous le charme de cette femme mystérieuse qui portait le délicieux nom d'Awena Sheppard, qui elle n'eut aucun mal à séduire le noble encore célibataire, lui faisant miroiter bien des choses. Tandis que partout dans la salle d'honneur, des dizaines de militaires et d'officiers se côtoyaient dans une ambiance fraternelle, lui n'avait d'yeux que pour cette femme.
La nuit même, il sombra dans les ténèbres de ses bras, perdant la raison entre douleur et plaisir, touchant du bout des doigts l'extase mêlée à l'horreur. Et comme bien des hommes, chercha à gonfler son ego sur l'oreiller jusqu'au petit matin, vantant ses talents et ses ambitions de devenir questeur royal. Dame Sheppard vint à s'amuser de ce jouet divertissant, voyant la une corde de plus à ajouter à son arc fait de ronces et d'orties, et lui promit d'en parler à qui de droit, à la condition que jamais Gustav n'oublie à qui il devrait sa renommé.
Fou de désir, tant pour la femme que pour sa carrière, il accepta sans réfléchir, tout en restant perplexe. Si ses contacts noués depuis une décennie ne suffisait pas à en faire le favori, comment donc cette étrange créature aurait pu y changer quelque chose ? Si elle n'était pas d'origine noble contrairement à lui, elle en avait du moins l'aura.
Trois semaines après cette nuit la, le Sieur Gustav d'Urgot, Marquis et héritier de la fortune de sa maison, fut officiellement nommé Questeur de l'Intendance Royale de Lordaeron. Bien qu'il n'avait pas revu la Dame Sheppard, le simple fait qu'elle ne soit pas étrangère à sa promotion lui fit soudainement craindre de la revoir, dans une année ou dans dix ans, et de devoir rembourser ce qu'il lui devait.
Les hivers passèrent, les guerres aussi. Gustav d'Urgot hérita finalement du marquisat de ses parents, qu'il du abandonner l'année suivante, quand le fléau ravagea Lordaeron. Par chance pour lui, la famille de sa défunte mère lui permit d'être rapidement rapatrié en Hurlevent, ou il fut incorporé aux services d'intendance des armées, grâce à son expérience dans le domaine de la comptabilité. Un poste certes moins glorieux, mais il était déjà suffisamment heureux d'avoir échappé à l'horreur qui avait déferlé au nord pour mettre ses ambitions au placard, pour un temps du moins.
Gustav d'Urgot était aujourd'hui bien loin de ses tristes souvenirs. L'âge l'avait rattrapé, ses tempes s'étaient dégarnies, comme le sommet de son crâne. Le beau jeune homme était devenu un fonctionnaire bedonnant, portant des vêtements amples pour masquer son corps peu gracieux. Son col était toujours ouvert, pour laisser la place à son double menton, et il s'épongeait régulièrement son front ridé, le moindre effort le faisant suer en abondance.
S'il avait gardé ses mauvaises manies de chercher sans cesse le pouvoir, il s'était assagit quelque peu, et il était passé du stade d'individu rapiats et intolérant à celui d'un expert des chiffres au tempérament plus calme. Bien sur, il lui arrivait de faire en sorte de tourner les choses de sorte qu'elles s'arrangent avec son emploi du temps ou ses petits besoins, mais il restait vierge de tout soupçon de corruption comme cela arrivait souvent dans son domaine. Raison pour laquelle les différents services de Sa majesté Wrynn faisaient régulièrement appel à lui afin de vérifier leurs comptes, ou encore coincer quelques éléments dérangeant, comme ce fut le cas pour le seigneur Lionearth de Lordaeron. Gustav d'Urgot n'était peut être pas le meilleur bretteur de la noblesse de l'Alliance, mais il ne craignait personne sur les chemins tortueux de la finance et de la comptabilité ! Cette pensée le faisait souvent sourire, gonflant son ego d'une bouffée de fierté.
Oui, Gustav d'Urgot était un homme occupé.
Aujourd'hui encore, on l'avait convié en soirée à la demeure d'un riche négociant en minerais, fournisseur des forges militaires du royaume. Quelques petites incohérences dans ses carnets de payement avaient conduit à cette vérification par monsieur d'Urgot lui même. Contrairement à ses habitudes, le fonctionnaire n'avait pas prit le temps de faire préparer une calèche pour franchir le pâté de maison qui le séparait de son lieu de rendez vous, et il avait simplement choisi de passer par les rues qui séparaient les hautes maisons, escorté de ses deux gardes du corps ; deux molosses en armure de cuir, aux muscles saillants.
Dandinant son ventre rond , les bras l'encerclant avec peine, il ressemblait à un pingouin perdu sur la banquise, qui cherchait à retrouver son chemin. Soufflant comme un bœuf, Gustav d'Urgot marmonnait à ses hommes de mains de se presser, alors qu'eux même devaient ralentir le pas pour ne pas dépasser leur maitre ventripotent.
Le plus grand d'entre eux balança un regard par dessus son épaule, attiré par un bruit étrange dans la ruelle peu éclairée .
L'instant suivant, son visage était réduit en pulpe sanguinolente.
Le garde du corps s'effondra dans un bruit sourd, alors que son compère tirait par reflexe une lame barbelée de son fourreau. Gustav pâlit soudainement, clignant ses paupières cernées pour chercher à chasser cette image grotesque de son esprit.
Sortant de l'ombre, un homme de haute stature, aux épaules larges, relevait sa masse a tête plate. Couvert d'une armure d'acier noir, son visage pâle ne portait pas le moindre signe de sentiments. Ses traits tirés reflétaient un régime sec, sans une once de graisse. Il portait un tabard rapiécé, du même fond sombre que l'armure. L'aigle bicéphale blanc n'était plus que le reflet de lui même, comme s'il avait été à demi effacé à force d'être frotté avec du charbon. Avec automatisme, le guerrier se remit en garde, le regard absent.
Habitué à rouler des mécaniques ou faire peur aux badauds, le garde du corps blêmit à la vue de l'agresseur, lâchant son arme en espérant que l'homme en armure ne l'épargne. Mais alors qu'il reculait d'un pas, une lame lui transperça le thorax par derrière, ressortant entre ses côtes, couverte de sang. Le second assaillant les avait prit à revers sans effort, et malgré une lourde armure, écarlate celle-ci, il avait embroché le second garde avant qu'il ne se rende compte de sa présence. Cet agresseur ci était équipé de mailles et de plaques, dont la peinture rouge vif s'écaillait en de nombreux endroits. Son tabard blanc à la flamme cramoisie était dans un triste état, si sale que la couleur d'origine se discernait difficilement.
Le tueur en rouge retira sa lame d'un geste sec, sans que son visage pâle ne trahisse la moindre émotion. Ses cheveux blonds étaient si pâles qu'ils en paraissaient décolorés. Sa peau tombait sur ses joues, comme si toute graisse de son visage avait été aspirée, si bien qu'il semblait presque flotter dans son armure.
Les deux guerriers de Lordaeron se placèrent de chaque côté du noble terrorisé, lui coupant toute retraite. Il se mit à bafouiller quelques mots d'une voix mal assurée, avant qu'une troisième silhouette s'approche, lui coupant le souffle.
Elle n'avait rien de la masse des deux tueurs, au contraire. Elle portait une robe noire, qui n'occultait en rien ses formes toutes féminines, plantureuses. Un chapeau à rebord dissimulait une partie de son visage, mais son sourire en coin fit trembler Gustav, qui dans l'instant le reconnu.
- N..n...non...non...non....
Il se fit dessus, en prenant soudainement conscience de l'horreur de la situation, regrettant presque que les deux hommes en armure n'étaient pas que de simple brigands de bas étages venus l'égorger pour sa bourse.
Il ne pouvait croire à ce qu'il voyait. Elle aurait du n'être qu'une femme usée par les ans et les abus, à la peau sèche et marquée. Son visage aurait du porter les marques d'innombrables rides, comme autant de crevasse altérant sa beauté. Mais en relevant son chapeau, elle lui révéla le même minois qui l'avait séduit, tant d'années auparavant. Le même regard intense, le même sourire chargé de promesses. Elle leva une main aux doigts fins, et les deux guerriers abaissaient leurs armes avec des gestes mécaniques. Les talons d'Awena Sheppard furent les seuls bruits dans la ruelle durant quelques instants, avant qu'elle ne se plante face à son ancien amant.
- Vous n'avez pas changé, mon cher Gustav...
Sa voix était suave d'ironie et de douceur, une torture qui frappa le quinquagénaire de plein fouet. Elle vint frotter ses ongles contre sa joue potelée, avec un petit rire amusé.
- Mon cher, que vous m'avez manqué. Pardonnez mon manque de courtoisie, mais le voyage depuis Lordaeron m'a épuisée. Heureusement, ces charmants et vigoureux jeunes hommes ont insistés pour m'accompagner...
Les deux guerriers regardaient fixement face à eux, complètement apathique, leurs esprits autrefois combatif étaient aujourd'hui réduit à deux pâle copie sans saveur, condamnées à servir. Ni le croisé écarlate, ni le chevalier Sombrecoeur ne semblaient avoir perdu en force physique, bien au contraire, et au moindre geste de la sublime créature, ils n'auraient pas hésités un seul instant à s'entretuer comme des créatures sans conscience.
Awena continua de sa voix douce, offrant à la vue du pauvre homme affolé la vue de son décolleté et des rondeurs qu'il abritait .
- J'ai entendu dire que vous aviez creusé votre petit nid douillet ici ? Vous m'arrangez, mon cher, car j'ai grand besoin de repos, et de vos talents....vous ne refuseriez rien à une amie, n'est ce pas ?
Bien que son esprit cherchait à hurler, se débattre, appeler à l'aide, Gustav d'Urgot ne fit que baver pitoyablement sur ses riches étoffes, alors que les deux sbires l'attrapaient par les bras, le soulevant du sol.
Elle l'observa avec un léger sourire, avant de lancer au marquis affolé
- Toute chose se paye, mon cher, dans ce monde ou dans l'autre.
Faisant demi-tour, les deux vétéran de Lordaeron suivirent Awena Sheppard vers la demeure de Gustav d'Urgot en trainant le propriétaire bedonnant, laissant derrière eux les cadavres des gardes du corps, fauchés par simple caprice de la ténébreuse sorcière de retour à Hurlevent.
Héritier d'une maison noble née d'une union entre le marquis Dermond d'Urgot de Lordaeron, et la jeune comtesse Cecilia de la Verriere, native de Hurlevent, le jeune Gustav avait eu la chance d'être élevé dans les beaux quartier de Stratholme, de recevoir une éducation poussée et de fréquenter les hautes strates de la société humaine. A seize ans seulement, il était engagé en tant qu'assistant dans un prestigieux cabinet de comptabilité, poste normalement réservé à des fonctionnaires d'expérience... mais ses nobles origines lui avaient déroulés un tapis rouge sous les pieds.
Toujours agréable, bien sur lui, et particulièrement séduisant pour son jeune âge, son succès s'était répandu tant parmi les gentes dames de la cours que ses contacts noués grâce à son travail. A sa charge, s'il avait été catapulté de part sa naissance à son poste, il avait montré un talent rare avec les chiffres, prenant en charge des dossiers complexes qu'il menait avec brio. Le jeune homme faisait la fierté de ses parents et de sa famille, et à trente ans, il dirigeait le cabinet dans lequel il avait fait ses débuts un décennie et demi plus tôt. Mais Gustav d'Urgot était un homme ambitieux. Et plus le temps passait, plus il s'affairait à développer avec soin son réseau d'amis et de connaissance, si bien qu'a l'aube de sa trente troisième année, lorsque le questeur en charge de la surintendance de la couronne de Lordaeron mourut d'une fièvre virulente, on en vint à murmurer le nom d'Urgot comme potentiel successeur.
Mais entre diriger un cabinet comptable, si prestigieux soit-il, et se retrouver propulser au rang de fonctionnaire royal, il y avait un monde. Une douzaine des plus talentueux (et bien souvent pistonnés) des hommes d'argent du royaume se mirent à sortir de l'ombre, provoquant une effervescence chez les financiers du nord. Bien que de noble naissance, Gustave d'Urgot n'était qu'un "petit nobliau de province" comme le disait ses détracteurs. De plus, quelques scandales concernant sa mère, qui étaient jusque la bien gardés, ne tarderaient pas à ressortir sur le devant de la scène.
Après une semaine de tractations peu fécondes, le moral de monsieur d'Urgot finit par décliner lentement, voyant son rêve s'éloigner alors que ses concurrents prenaient de l'avance dans la course folle vers le pouvoir.
Son salut vint étonnamment d'un domaine qu'il avait toujours eu en dégout, quand la fête du solstice d'été fut organisé à la gloire des récentes victoires de l'armée sur les orcs en maraude dans les montagnes, et leur asservissement dans les nouveaux "camps" ou ils étaient parqués. Los d'une des réceptions ou étaient remises médailles et décorations, Gustav fit la connaissance d'une créature sublime, qui venait ici afin de soutenir son frère, héros de guerre qui venait d'être promut Chevalier-capitaine. Tout de suite, Monsieur d'Urgot tomba sous le charme de cette femme mystérieuse qui portait le délicieux nom d'Awena Sheppard, qui elle n'eut aucun mal à séduire le noble encore célibataire, lui faisant miroiter bien des choses. Tandis que partout dans la salle d'honneur, des dizaines de militaires et d'officiers se côtoyaient dans une ambiance fraternelle, lui n'avait d'yeux que pour cette femme.
La nuit même, il sombra dans les ténèbres de ses bras, perdant la raison entre douleur et plaisir, touchant du bout des doigts l'extase mêlée à l'horreur. Et comme bien des hommes, chercha à gonfler son ego sur l'oreiller jusqu'au petit matin, vantant ses talents et ses ambitions de devenir questeur royal. Dame Sheppard vint à s'amuser de ce jouet divertissant, voyant la une corde de plus à ajouter à son arc fait de ronces et d'orties, et lui promit d'en parler à qui de droit, à la condition que jamais Gustav n'oublie à qui il devrait sa renommé.
Fou de désir, tant pour la femme que pour sa carrière, il accepta sans réfléchir, tout en restant perplexe. Si ses contacts noués depuis une décennie ne suffisait pas à en faire le favori, comment donc cette étrange créature aurait pu y changer quelque chose ? Si elle n'était pas d'origine noble contrairement à lui, elle en avait du moins l'aura.
Trois semaines après cette nuit la, le Sieur Gustav d'Urgot, Marquis et héritier de la fortune de sa maison, fut officiellement nommé Questeur de l'Intendance Royale de Lordaeron. Bien qu'il n'avait pas revu la Dame Sheppard, le simple fait qu'elle ne soit pas étrangère à sa promotion lui fit soudainement craindre de la revoir, dans une année ou dans dix ans, et de devoir rembourser ce qu'il lui devait.
Les hivers passèrent, les guerres aussi. Gustav d'Urgot hérita finalement du marquisat de ses parents, qu'il du abandonner l'année suivante, quand le fléau ravagea Lordaeron. Par chance pour lui, la famille de sa défunte mère lui permit d'être rapidement rapatrié en Hurlevent, ou il fut incorporé aux services d'intendance des armées, grâce à son expérience dans le domaine de la comptabilité. Un poste certes moins glorieux, mais il était déjà suffisamment heureux d'avoir échappé à l'horreur qui avait déferlé au nord pour mettre ses ambitions au placard, pour un temps du moins.
Gustav d'Urgot était aujourd'hui bien loin de ses tristes souvenirs. L'âge l'avait rattrapé, ses tempes s'étaient dégarnies, comme le sommet de son crâne. Le beau jeune homme était devenu un fonctionnaire bedonnant, portant des vêtements amples pour masquer son corps peu gracieux. Son col était toujours ouvert, pour laisser la place à son double menton, et il s'épongeait régulièrement son front ridé, le moindre effort le faisant suer en abondance.
S'il avait gardé ses mauvaises manies de chercher sans cesse le pouvoir, il s'était assagit quelque peu, et il était passé du stade d'individu rapiats et intolérant à celui d'un expert des chiffres au tempérament plus calme. Bien sur, il lui arrivait de faire en sorte de tourner les choses de sorte qu'elles s'arrangent avec son emploi du temps ou ses petits besoins, mais il restait vierge de tout soupçon de corruption comme cela arrivait souvent dans son domaine. Raison pour laquelle les différents services de Sa majesté Wrynn faisaient régulièrement appel à lui afin de vérifier leurs comptes, ou encore coincer quelques éléments dérangeant, comme ce fut le cas pour le seigneur Lionearth de Lordaeron. Gustav d'Urgot n'était peut être pas le meilleur bretteur de la noblesse de l'Alliance, mais il ne craignait personne sur les chemins tortueux de la finance et de la comptabilité ! Cette pensée le faisait souvent sourire, gonflant son ego d'une bouffée de fierté.
Oui, Gustav d'Urgot était un homme occupé.
Aujourd'hui encore, on l'avait convié en soirée à la demeure d'un riche négociant en minerais, fournisseur des forges militaires du royaume. Quelques petites incohérences dans ses carnets de payement avaient conduit à cette vérification par monsieur d'Urgot lui même. Contrairement à ses habitudes, le fonctionnaire n'avait pas prit le temps de faire préparer une calèche pour franchir le pâté de maison qui le séparait de son lieu de rendez vous, et il avait simplement choisi de passer par les rues qui séparaient les hautes maisons, escorté de ses deux gardes du corps ; deux molosses en armure de cuir, aux muscles saillants.
Dandinant son ventre rond , les bras l'encerclant avec peine, il ressemblait à un pingouin perdu sur la banquise, qui cherchait à retrouver son chemin. Soufflant comme un bœuf, Gustav d'Urgot marmonnait à ses hommes de mains de se presser, alors qu'eux même devaient ralentir le pas pour ne pas dépasser leur maitre ventripotent.
Le plus grand d'entre eux balança un regard par dessus son épaule, attiré par un bruit étrange dans la ruelle peu éclairée .
L'instant suivant, son visage était réduit en pulpe sanguinolente.
Le garde du corps s'effondra dans un bruit sourd, alors que son compère tirait par reflexe une lame barbelée de son fourreau. Gustav pâlit soudainement, clignant ses paupières cernées pour chercher à chasser cette image grotesque de son esprit.
Sortant de l'ombre, un homme de haute stature, aux épaules larges, relevait sa masse a tête plate. Couvert d'une armure d'acier noir, son visage pâle ne portait pas le moindre signe de sentiments. Ses traits tirés reflétaient un régime sec, sans une once de graisse. Il portait un tabard rapiécé, du même fond sombre que l'armure. L'aigle bicéphale blanc n'était plus que le reflet de lui même, comme s'il avait été à demi effacé à force d'être frotté avec du charbon. Avec automatisme, le guerrier se remit en garde, le regard absent.
Habitué à rouler des mécaniques ou faire peur aux badauds, le garde du corps blêmit à la vue de l'agresseur, lâchant son arme en espérant que l'homme en armure ne l'épargne. Mais alors qu'il reculait d'un pas, une lame lui transperça le thorax par derrière, ressortant entre ses côtes, couverte de sang. Le second assaillant les avait prit à revers sans effort, et malgré une lourde armure, écarlate celle-ci, il avait embroché le second garde avant qu'il ne se rende compte de sa présence. Cet agresseur ci était équipé de mailles et de plaques, dont la peinture rouge vif s'écaillait en de nombreux endroits. Son tabard blanc à la flamme cramoisie était dans un triste état, si sale que la couleur d'origine se discernait difficilement.
Le tueur en rouge retira sa lame d'un geste sec, sans que son visage pâle ne trahisse la moindre émotion. Ses cheveux blonds étaient si pâles qu'ils en paraissaient décolorés. Sa peau tombait sur ses joues, comme si toute graisse de son visage avait été aspirée, si bien qu'il semblait presque flotter dans son armure.
Les deux guerriers de Lordaeron se placèrent de chaque côté du noble terrorisé, lui coupant toute retraite. Il se mit à bafouiller quelques mots d'une voix mal assurée, avant qu'une troisième silhouette s'approche, lui coupant le souffle.
Elle n'avait rien de la masse des deux tueurs, au contraire. Elle portait une robe noire, qui n'occultait en rien ses formes toutes féminines, plantureuses. Un chapeau à rebord dissimulait une partie de son visage, mais son sourire en coin fit trembler Gustav, qui dans l'instant le reconnu.
- N..n...non...non...non....
Il se fit dessus, en prenant soudainement conscience de l'horreur de la situation, regrettant presque que les deux hommes en armure n'étaient pas que de simple brigands de bas étages venus l'égorger pour sa bourse.
Il ne pouvait croire à ce qu'il voyait. Elle aurait du n'être qu'une femme usée par les ans et les abus, à la peau sèche et marquée. Son visage aurait du porter les marques d'innombrables rides, comme autant de crevasse altérant sa beauté. Mais en relevant son chapeau, elle lui révéla le même minois qui l'avait séduit, tant d'années auparavant. Le même regard intense, le même sourire chargé de promesses. Elle leva une main aux doigts fins, et les deux guerriers abaissaient leurs armes avec des gestes mécaniques. Les talons d'Awena Sheppard furent les seuls bruits dans la ruelle durant quelques instants, avant qu'elle ne se plante face à son ancien amant.
- Vous n'avez pas changé, mon cher Gustav...
Sa voix était suave d'ironie et de douceur, une torture qui frappa le quinquagénaire de plein fouet. Elle vint frotter ses ongles contre sa joue potelée, avec un petit rire amusé.
- Mon cher, que vous m'avez manqué. Pardonnez mon manque de courtoisie, mais le voyage depuis Lordaeron m'a épuisée. Heureusement, ces charmants et vigoureux jeunes hommes ont insistés pour m'accompagner...
Les deux guerriers regardaient fixement face à eux, complètement apathique, leurs esprits autrefois combatif étaient aujourd'hui réduit à deux pâle copie sans saveur, condamnées à servir. Ni le croisé écarlate, ni le chevalier Sombrecoeur ne semblaient avoir perdu en force physique, bien au contraire, et au moindre geste de la sublime créature, ils n'auraient pas hésités un seul instant à s'entretuer comme des créatures sans conscience.
Awena continua de sa voix douce, offrant à la vue du pauvre homme affolé la vue de son décolleté et des rondeurs qu'il abritait .
- J'ai entendu dire que vous aviez creusé votre petit nid douillet ici ? Vous m'arrangez, mon cher, car j'ai grand besoin de repos, et de vos talents....vous ne refuseriez rien à une amie, n'est ce pas ?
Bien que son esprit cherchait à hurler, se débattre, appeler à l'aide, Gustav d'Urgot ne fit que baver pitoyablement sur ses riches étoffes, alors que les deux sbires l'attrapaient par les bras, le soulevant du sol.
Elle l'observa avec un léger sourire, avant de lancer au marquis affolé
- Toute chose se paye, mon cher, dans ce monde ou dans l'autre.
Faisant demi-tour, les deux vétéran de Lordaeron suivirent Awena Sheppard vers la demeure de Gustav d'Urgot en trainant le propriétaire bedonnant, laissant derrière eux les cadavres des gardes du corps, fauchés par simple caprice de la ténébreuse sorcière de retour à Hurlevent.
Angron Manus- Citoyen
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Lieu de naissance : Carmines
Age : Quarantaine
Date d'inscription : 13/05/2011
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Le prix de l'ambition
Il est bien connu que les comptables sont des gens pointilleux. Monsieur d'Urgot ne faisait pas exception à la règle. Si bien que pour ne jamais être trop dispersé dans son travail, il avait prit la commodité de faire installer son bureau dans son salon... ou l'inverse. Il ne savait même plus exactement.
La pièce respirait la force tranquille de la richesse qu'on expose sans trop de honte. Quelques tableaux aux murs, des tapis au sol, et deux ou trois meubles et objets d'art, ainsi qu'un grand bureau en bois de cèdre autrefois couvert de documents, parchemins, dossier en attente. La paperasse reposait à l'heure actuelle dans la cheminé qui crépitait avec grand bruit. Habituellement, le marquis détestait qu'on touche à ses affaires, ou pire, qu'on prenne place sur sa chaise rembourré, achetée à prix d'or à un marchand Quel'dorei.
Mais qui était-il pour refuser une chose à la Dame en noir ?
Dans la semi-pénombre de la grande pièce, elle n'était vêtu que d'une fine robe couvrant à peine ses épaules, qui se fendait le long de sa cuisse droite, offrant à tous la vue de ses bas finement cousu, et de ses talons hauts. La robe elle même était faite de dentelles taillée dans la plus noble des gangretoffes, dessinant sur sa peau une infinité de motifs entrelacés. Si proche du corps, qu'un regard non averti aurait juré quelle était nue, ou presque, assise avec élégance sur la chaise en fumant une longue cigarette comme l'on n'en trouvait presque plus. Ses jambes croisées soulignaient le galbe de ses mollets et de ses cuisses, concluant un spectacle qui aurait sidéré n'importe qui.
Encadrant la porte d'entrée, les deux hommes en armure complètes n'avaient pas décrochés un mot depuis le début. Regardant vaguement en face d'eux, on aurai pu les prendre pour des statues de pierre, si leurs larges épaules n'étaient pas lentement animé par le rythme de leurs respirations sifflantes. Les flammes de l'âtre faisaient danser les ombres sur leurs tabards éliminés, dans une atmosphère malsaine.
Gustav d'Urgot tremblotait sur la petite chaise habituellement dédié à ses visiteurs. Le bois grinçait, accusant la masse du séant imposant, faisant à chaque fois grimacer le marquis. Ses doigts boudinés s'entortillaient sur ses genoux, le regard baissé, n'osant se confronter de lui même à la vision d'Awena Sheppard sans y être forcé. Non pas qu'elle le dégoutait, au contraire, mais poser le regard sur elle aurait valu ramper à ses genoux en bavant, espérant de tout son être qu'elle daigne poser son pied sur son visage en gage d'attention.
Sa résistance fut de courte durée.
- Cette ville me manquait presque, vous savez mon cher ?
La voix langoureuse lui fit l'effet d'une gifle cinglante, lui arrachant un pitoyable couinement de rongeur effrayé. Par chance, elle ne le remarqua pas, ou ne daigna pas le relever.
- Rien à voir avec Lordaeron city, bien sûr, mais ce petit côté campagnard a quelque chose de neuf, d'amusant. Si vous saviez comme les survivants qui peuplent encore nos terres sont ennuyeux ! Enfin, presque tous...
Elle regarda vers les deux guerriers à la porte, comme un chat observant une souris éventrée qui se tortillait sur le sol. Elle souffla une dernière volute de fumée, avant d'écraser sa cigarette sur le bois inestimable, et d'en jeter le mégot aux pied du marquis. Elle décroisa les jambes avec lenteur, et se leva dans un mouvement fluide, presque exagéré. Tout chez elle n'était que séduction et abus, d'une révoltante beauté, comme un bien précieux exposé avec orgueil aux miséreux.
Awena passa à côté du marquis, sans un regard, avant de se diriger vers ses sbires apathiques. Elle claqua des doigts devant le visage du premier, qui se mit à genoux avec déférence, mût par une volonté inébranlable et impersonnel. Son empressement fit rire la dame en noir, qui préféra l'autre guerrier, le croisé écarlate. Ses ongles entretenus pianotèrent sur son plastron, tandis qu'elle l'inspectait avec une gourmandise certaine. Finalement, elle le gifla avec une force que sa maigre stature ne lassait pas deviner. Le soldat s'effondra en arrière, la pommette ouverte. il resta ainsi prostré, sans exprimer la moindre trace de douleur ou de gêne.
Awena se détourna avec un claquement de talon, foudroyant Gustav du regard.
- Suis-je donc entourée d'incapables ? De bons à rien ? D'idiots et de dégénérés ?
Elle en vint à hurler, le charme de sa voix disparaissant pour laisser place à un bruit proche du crissement d'ongle sur un tableau noir.
- Si tu me déçois, petit marquis, je veillerais à ce que les démons du néant eux même te traitent avec douceur en comparaison de ce qui t'attends ! Maintenant, fais ce que je t'ai demandée ! Et retrouves moi chacun d'entre eux ! Chaque traitre et chaque lâche qui ont osé se dresser face à mon frère ! Je veux sentir leurs cœurs s'écraser dans ma paume ! MAINTENANT !
Le dernier hurlement fit tomber Gustav d'Urgot de sa chaise, qui se ramassa sur lui même en couinant, rampant au plus vite hors de la pièce, prêt à tout pour échapper à la colère de celle qu'il désirait tant. Une fois la porte refermée, la sorcière s'acharna à déchirer chaque tableau de la pièce avec ses ongles, dans une crise de colère qui rappelait fortement celle d'une adolescente contrariée. Elle aurait pu continuer, et faire de même avec les visages de ses deux sbires armés, peut être même en tirer un certain plaisir malsain, mais étrangement, elle se calma d'elle même. Sa longue chevelure de nuit habituellement soigneusement coiffée était en désordre, et sa robe froissée remontait jusqu'a son genou.
Elle approcha de la grande fenêtre donnant sur la place de la cathédrale, les flammes mourantes détachant à peine sa silhouette au travers du vitrail épais. Elle posa sa paume, contre la surface couverte de buée, et fit crisser ses ongles contre le verre, pensive. Peut-être avait elle exagérée la chose devant le marquis, en fin de compte. Tout n'était pas si morose, depuis son retour. La capitale du royaume d'Azeroth avait bien changé, et on y trouvait aujourd'hui tout ce qui garnissait le fond du panier d'une mégalopole surhabitée, la lie des oubliés, de eux qui se terrent loin des dangers du monde, les parasites, et surtout, l'incommensurable manne dont elle avait besoin pour mener à bien sa vengeance. Leur vengeance.
Un léger sourire orna ses lèvres pulpeuses, contrastant avec le masque de la furie qui venait de la quitter. Dès le lendemain, les précieuses informations et talents de son "hôte" seraient tout à elle, et l'argent est à la société moderne ce que la virilité est a l'homme. La fierté bien sur, et aussi le meilleur moyen de les mener la baguette, ou de frapper la ou ça fait mal.
Cette pensée réconforta la sœur du Serpent, qui se retourna vers le chevalier et le croisé qui s'étaient replacé de part et d'aurte de la cheminé. Elle dodelina de la tête quelques instants, puis fit glisser les bretelles de la robe de ses épaules, laissant le tissu tomber au sol, avant de s'approcher d'eux avec un sourire qui ne lassait aucun doute sur ses intentions.
Qui a dit qu'on ne pouvait pas mêler plaisir et vengeance ?
La pièce respirait la force tranquille de la richesse qu'on expose sans trop de honte. Quelques tableaux aux murs, des tapis au sol, et deux ou trois meubles et objets d'art, ainsi qu'un grand bureau en bois de cèdre autrefois couvert de documents, parchemins, dossier en attente. La paperasse reposait à l'heure actuelle dans la cheminé qui crépitait avec grand bruit. Habituellement, le marquis détestait qu'on touche à ses affaires, ou pire, qu'on prenne place sur sa chaise rembourré, achetée à prix d'or à un marchand Quel'dorei.
Mais qui était-il pour refuser une chose à la Dame en noir ?
Dans la semi-pénombre de la grande pièce, elle n'était vêtu que d'une fine robe couvrant à peine ses épaules, qui se fendait le long de sa cuisse droite, offrant à tous la vue de ses bas finement cousu, et de ses talons hauts. La robe elle même était faite de dentelles taillée dans la plus noble des gangretoffes, dessinant sur sa peau une infinité de motifs entrelacés. Si proche du corps, qu'un regard non averti aurait juré quelle était nue, ou presque, assise avec élégance sur la chaise en fumant une longue cigarette comme l'on n'en trouvait presque plus. Ses jambes croisées soulignaient le galbe de ses mollets et de ses cuisses, concluant un spectacle qui aurait sidéré n'importe qui.
Encadrant la porte d'entrée, les deux hommes en armure complètes n'avaient pas décrochés un mot depuis le début. Regardant vaguement en face d'eux, on aurai pu les prendre pour des statues de pierre, si leurs larges épaules n'étaient pas lentement animé par le rythme de leurs respirations sifflantes. Les flammes de l'âtre faisaient danser les ombres sur leurs tabards éliminés, dans une atmosphère malsaine.
Gustav d'Urgot tremblotait sur la petite chaise habituellement dédié à ses visiteurs. Le bois grinçait, accusant la masse du séant imposant, faisant à chaque fois grimacer le marquis. Ses doigts boudinés s'entortillaient sur ses genoux, le regard baissé, n'osant se confronter de lui même à la vision d'Awena Sheppard sans y être forcé. Non pas qu'elle le dégoutait, au contraire, mais poser le regard sur elle aurait valu ramper à ses genoux en bavant, espérant de tout son être qu'elle daigne poser son pied sur son visage en gage d'attention.
Sa résistance fut de courte durée.
- Cette ville me manquait presque, vous savez mon cher ?
La voix langoureuse lui fit l'effet d'une gifle cinglante, lui arrachant un pitoyable couinement de rongeur effrayé. Par chance, elle ne le remarqua pas, ou ne daigna pas le relever.
- Rien à voir avec Lordaeron city, bien sûr, mais ce petit côté campagnard a quelque chose de neuf, d'amusant. Si vous saviez comme les survivants qui peuplent encore nos terres sont ennuyeux ! Enfin, presque tous...
Elle regarda vers les deux guerriers à la porte, comme un chat observant une souris éventrée qui se tortillait sur le sol. Elle souffla une dernière volute de fumée, avant d'écraser sa cigarette sur le bois inestimable, et d'en jeter le mégot aux pied du marquis. Elle décroisa les jambes avec lenteur, et se leva dans un mouvement fluide, presque exagéré. Tout chez elle n'était que séduction et abus, d'une révoltante beauté, comme un bien précieux exposé avec orgueil aux miséreux.
Awena passa à côté du marquis, sans un regard, avant de se diriger vers ses sbires apathiques. Elle claqua des doigts devant le visage du premier, qui se mit à genoux avec déférence, mût par une volonté inébranlable et impersonnel. Son empressement fit rire la dame en noir, qui préféra l'autre guerrier, le croisé écarlate. Ses ongles entretenus pianotèrent sur son plastron, tandis qu'elle l'inspectait avec une gourmandise certaine. Finalement, elle le gifla avec une force que sa maigre stature ne lassait pas deviner. Le soldat s'effondra en arrière, la pommette ouverte. il resta ainsi prostré, sans exprimer la moindre trace de douleur ou de gêne.
Awena se détourna avec un claquement de talon, foudroyant Gustav du regard.
- Suis-je donc entourée d'incapables ? De bons à rien ? D'idiots et de dégénérés ?
Elle en vint à hurler, le charme de sa voix disparaissant pour laisser place à un bruit proche du crissement d'ongle sur un tableau noir.
- Si tu me déçois, petit marquis, je veillerais à ce que les démons du néant eux même te traitent avec douceur en comparaison de ce qui t'attends ! Maintenant, fais ce que je t'ai demandée ! Et retrouves moi chacun d'entre eux ! Chaque traitre et chaque lâche qui ont osé se dresser face à mon frère ! Je veux sentir leurs cœurs s'écraser dans ma paume ! MAINTENANT !
Le dernier hurlement fit tomber Gustav d'Urgot de sa chaise, qui se ramassa sur lui même en couinant, rampant au plus vite hors de la pièce, prêt à tout pour échapper à la colère de celle qu'il désirait tant. Une fois la porte refermée, la sorcière s'acharna à déchirer chaque tableau de la pièce avec ses ongles, dans une crise de colère qui rappelait fortement celle d'une adolescente contrariée. Elle aurait pu continuer, et faire de même avec les visages de ses deux sbires armés, peut être même en tirer un certain plaisir malsain, mais étrangement, elle se calma d'elle même. Sa longue chevelure de nuit habituellement soigneusement coiffée était en désordre, et sa robe froissée remontait jusqu'a son genou.
Elle approcha de la grande fenêtre donnant sur la place de la cathédrale, les flammes mourantes détachant à peine sa silhouette au travers du vitrail épais. Elle posa sa paume, contre la surface couverte de buée, et fit crisser ses ongles contre le verre, pensive. Peut-être avait elle exagérée la chose devant le marquis, en fin de compte. Tout n'était pas si morose, depuis son retour. La capitale du royaume d'Azeroth avait bien changé, et on y trouvait aujourd'hui tout ce qui garnissait le fond du panier d'une mégalopole surhabitée, la lie des oubliés, de eux qui se terrent loin des dangers du monde, les parasites, et surtout, l'incommensurable manne dont elle avait besoin pour mener à bien sa vengeance. Leur vengeance.
Un léger sourire orna ses lèvres pulpeuses, contrastant avec le masque de la furie qui venait de la quitter. Dès le lendemain, les précieuses informations et talents de son "hôte" seraient tout à elle, et l'argent est à la société moderne ce que la virilité est a l'homme. La fierté bien sur, et aussi le meilleur moyen de les mener la baguette, ou de frapper la ou ça fait mal.
Cette pensée réconforta la sœur du Serpent, qui se retourna vers le chevalier et le croisé qui s'étaient replacé de part et d'aurte de la cheminé. Elle dodelina de la tête quelques instants, puis fit glisser les bretelles de la robe de ses épaules, laissant le tissu tomber au sol, avant de s'approcher d'eux avec un sourire qui ne lassait aucun doute sur ses intentions.
Qui a dit qu'on ne pouvait pas mêler plaisir et vengeance ?
Angron Manus- Citoyen
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Date d'inscription : 13/05/2011
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Le prix de l'ambition
La petite gratte papier consciencieuse et opiniâtre qui avait jadis poursuivie de ses assiduités judiciaires l'infâme duo incestueux et ténébreux avait fait un peu de chemin depuis lors.
Awenna Sheppard et son frère gardaient le souvenir de ce qui n'était somme toute qu'un petit fonctionnaire,même si à l'époque déja,elle commençait à n'être plus si petite que ça,que quelques mots glissés à la bonne personne,au besoin auprès un don de soi,suffisait à écarter.
Awenna n'avait pas eu trop de mal à écarter cette fouineuse,après avoir constaté qu'elle était elle même tout autant incorruptible qu'insensible à ses charmes,avait réglé la question par une folle nuit avec le Premier Magistrat Weller,nuit tragique si il en est car l'homme déjà fort âgé dont elle avait en experte su réveiller la vigueur masculine avait été trahi par son coeur et la brune vénéneuse avait senti ce dernier souffle balayer son visage,son petit plaisir personnel quand elle démarchait les hommes agés qu'elle savourait en connaisseuse.
Son successeur ne s'en était pas plaint et l'importune vite écartée vers ses tâches plus gratifiante et surtout lointaines...
Gwaenadynn Farral avait changé oui,elle occupait à présent de plus hautes fonctions,ce qui passé le statut et le prestige qu'elle en retirait lui valait tout de même de continuer à passer une partie de ses nuits à noircir du parchemin,en partie par gout elle devait bien le reconnaitre,elle avait toujours été ainsi,petite souris besogneuse et discrète,répugnant à se servir de ses charmes,encore presque intacts qu'elle cachait sous d'austères robes élégantes mais véritables insultes à la sensualité.
En somme tout ce que Awenna Sheppard n'était pas, pudique, travailleuse,discrète,scrupuleuse,elle l'était...cela était sans doute pour beaucoup dans l'animosité des deux femmes, peut être autant que les petites misères judiciaires causées à son frère dont elle n'avait pas eu trop peine à le défaire au final.Awenna supportait mal et méprisait à la fois ce monde qu'elle représentait.
Mais Gwaennadynn Farral avait tout autant qu'elle gagné en maitrise de son art, peut être était ce le point que la sulfureuse soeur avait peut être négligé,par orgeuil,ou par méconnaissance.
Elle avait commencé par sentir plus qu'elle ne savait vraiment une présence tristement familière.Oh cela restait confus et elle était du reste bien en peine de mettre un nom précis dessus cela restait du domaine du peut être,toutefois sa soeur jumelle,Gwaennola lui avait étrangement rendu visite peu de temps après pour parler de Lordaeron,comme ça,comme une conversation banale...Gwaennola faisait rarement ce genre de visites au hasard,suivant son étrange éthique qui visait à avertir sans dire...
Elle savait que son bureau était épié..oh rien d'anormal à cela quand on occupe une telle fonction dans une ville telle que celle ci...il était courant qu'un gamin qui n'avait pour autre consigne que de noter ses faites et gestes reste en vue de sa porte,ou une petite frappe,mais cela se faisait plus insistant...elle se saisit de son orbe,lequel lui permettait de voir ce qui se tramait à la porte, d'aspect certes massif mais guère plus qu'une lourde porte en bois,pourtant lourdement protégée magiquement pour l'oeil averti.Elle avait même d'ailleurs sur le sujet écrit un petit ouvrage qui faisait encore parfois référence au Kirin Tor et que même l'exigeante Salosse avait trouvé "sérieux et intéressant" bien qu'elle savait que celle ci avait la conviction que ce serait sans doute la seule étincelle de génie d'un esprit somme toute assez primaire de son existence d'humaine.
Elle se tapota doucement les lèvres du doigt...le palfrenier de Gustav d'Urgot.. que diable faisait il grotesquement assis sur un petit muret en face de sa porte dans un quartier ou il ne venait que rarement...
Awenna serait entrée dans une colère noire et probablement mortelle en voyant le manque de subtilité à la fois du balourd et de son maitre.
Gustav d'Urgot était un allié précieux mais il était bien meilleur intriguant qu'espion et la femme en noir, le tenant sous un joug de terreur avait quelque peu brusqué et embrouillé son esprit.
Le défaut de la peur,une obéissance totale ou presque mais des facultés diminuées..Awenna n'avait au fond pas appris grand chose de ses erreurs et elle n'était pas femme à changer ses procédés..qui du reste il faut le lui reconnaitre,marchaient plus souvent qu'ils n'échouaient.
Gwaennadynn redoubla de prudence reposant la plume sur le coté de l'ouvrage qu'elle annotait,et se dirigea vers la sortie...
Le pauvre bougre en fut pour ses frais, comme à son habitude,habituée à être une cible potentielle elle sortie en toute discrétion.Le vieux greffier qui l'assistait se contenta d'ouvrir la porte et elle sorti pour disparaitre aussitôt,représentant un défi même pour le meilleur des tireurs guettant sa sortie... le pauvre palfrenier n'eut que l'adresse de son bureau, la trouver n'était pas un exploit,et quelques habitudes à jeter en pâture à son maitre,qui ne ferait lui même qu'un maigre rapport à sa maitresse du moment...
De surcroit Gwaennadynn redoublerait de prudence...une mage paranoiaque et sur ses gardes,voila ce qui attendait Awenna Sheppard.
Awenna Sheppard et son frère gardaient le souvenir de ce qui n'était somme toute qu'un petit fonctionnaire,même si à l'époque déja,elle commençait à n'être plus si petite que ça,que quelques mots glissés à la bonne personne,au besoin auprès un don de soi,suffisait à écarter.
Awenna n'avait pas eu trop de mal à écarter cette fouineuse,après avoir constaté qu'elle était elle même tout autant incorruptible qu'insensible à ses charmes,avait réglé la question par une folle nuit avec le Premier Magistrat Weller,nuit tragique si il en est car l'homme déjà fort âgé dont elle avait en experte su réveiller la vigueur masculine avait été trahi par son coeur et la brune vénéneuse avait senti ce dernier souffle balayer son visage,son petit plaisir personnel quand elle démarchait les hommes agés qu'elle savourait en connaisseuse.
Son successeur ne s'en était pas plaint et l'importune vite écartée vers ses tâches plus gratifiante et surtout lointaines...
Gwaenadynn Farral avait changé oui,elle occupait à présent de plus hautes fonctions,ce qui passé le statut et le prestige qu'elle en retirait lui valait tout de même de continuer à passer une partie de ses nuits à noircir du parchemin,en partie par gout elle devait bien le reconnaitre,elle avait toujours été ainsi,petite souris besogneuse et discrète,répugnant à se servir de ses charmes,encore presque intacts qu'elle cachait sous d'austères robes élégantes mais véritables insultes à la sensualité.
En somme tout ce que Awenna Sheppard n'était pas, pudique, travailleuse,discrète,scrupuleuse,elle l'était...cela était sans doute pour beaucoup dans l'animosité des deux femmes, peut être autant que les petites misères judiciaires causées à son frère dont elle n'avait pas eu trop peine à le défaire au final.Awenna supportait mal et méprisait à la fois ce monde qu'elle représentait.
Mais Gwaennadynn Farral avait tout autant qu'elle gagné en maitrise de son art, peut être était ce le point que la sulfureuse soeur avait peut être négligé,par orgeuil,ou par méconnaissance.
Elle avait commencé par sentir plus qu'elle ne savait vraiment une présence tristement familière.Oh cela restait confus et elle était du reste bien en peine de mettre un nom précis dessus cela restait du domaine du peut être,toutefois sa soeur jumelle,Gwaennola lui avait étrangement rendu visite peu de temps après pour parler de Lordaeron,comme ça,comme une conversation banale...Gwaennola faisait rarement ce genre de visites au hasard,suivant son étrange éthique qui visait à avertir sans dire...
Elle savait que son bureau était épié..oh rien d'anormal à cela quand on occupe une telle fonction dans une ville telle que celle ci...il était courant qu'un gamin qui n'avait pour autre consigne que de noter ses faites et gestes reste en vue de sa porte,ou une petite frappe,mais cela se faisait plus insistant...elle se saisit de son orbe,lequel lui permettait de voir ce qui se tramait à la porte, d'aspect certes massif mais guère plus qu'une lourde porte en bois,pourtant lourdement protégée magiquement pour l'oeil averti.Elle avait même d'ailleurs sur le sujet écrit un petit ouvrage qui faisait encore parfois référence au Kirin Tor et que même l'exigeante Salosse avait trouvé "sérieux et intéressant" bien qu'elle savait que celle ci avait la conviction que ce serait sans doute la seule étincelle de génie d'un esprit somme toute assez primaire de son existence d'humaine.
Elle se tapota doucement les lèvres du doigt...le palfrenier de Gustav d'Urgot.. que diable faisait il grotesquement assis sur un petit muret en face de sa porte dans un quartier ou il ne venait que rarement...
Awenna serait entrée dans une colère noire et probablement mortelle en voyant le manque de subtilité à la fois du balourd et de son maitre.
Gustav d'Urgot était un allié précieux mais il était bien meilleur intriguant qu'espion et la femme en noir, le tenant sous un joug de terreur avait quelque peu brusqué et embrouillé son esprit.
Le défaut de la peur,une obéissance totale ou presque mais des facultés diminuées..Awenna n'avait au fond pas appris grand chose de ses erreurs et elle n'était pas femme à changer ses procédés..qui du reste il faut le lui reconnaitre,marchaient plus souvent qu'ils n'échouaient.
Gwaennadynn redoubla de prudence reposant la plume sur le coté de l'ouvrage qu'elle annotait,et se dirigea vers la sortie...
Le pauvre bougre en fut pour ses frais, comme à son habitude,habituée à être une cible potentielle elle sortie en toute discrétion.Le vieux greffier qui l'assistait se contenta d'ouvrir la porte et elle sorti pour disparaitre aussitôt,représentant un défi même pour le meilleur des tireurs guettant sa sortie... le pauvre palfrenier n'eut que l'adresse de son bureau, la trouver n'était pas un exploit,et quelques habitudes à jeter en pâture à son maitre,qui ne ferait lui même qu'un maigre rapport à sa maitresse du moment...
De surcroit Gwaennadynn redoublerait de prudence...une mage paranoiaque et sur ses gardes,voila ce qui attendait Awenna Sheppard.
_________________
Présidente de la Cour de Justice Royale.
Gwaenadynn Farral- Citoyen
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Lieu de naissance : Lordaeron
Age : 46
Date d'inscription : 10/06/2009
Re: Le prix de l'ambition
- Je vous assure qu’il n’y a aucune dérive, ni dans la gestion de l’Indentance, ni dans l’établissement des fiches de paye.
A travers le fenestron, le bedonnant comptable ne pouvait apercevoir qu’une partie du visage de son interlocutrice. Un regard vert pâle marqué par de fins sourcils à reflet d'acajou, trahissait tour à tour surprise et contrariété.
- C’est pour m’en assurer que je suis ici petite demoiselle. J’ai des documents attestant de charges de gestion exceptionnelles, ainsi que de travaux dont les coûts finaux dépassent largement les honoraires habituels, sans compter les coûts d’un personnel imputable à… à combien s’élève l’effectif de votre garnison ?
Un pli d’agacement se forma entre les fins sourcils, apportant au comptable la joie fugace d’imaginer les futures rides que cette fâcheuse habitude finirait par porter.
- Je n’ai pas l’effectif exact en tête sieur Urgot. Si vous désirez absolument un entretien avec l’Intendance, je peux faire passer le message au Caporal Coo…
- Chaillot et Chaillot bis ? Manus ? Oberlin ? Hellenlicht ? où et à quoi sont-ils affectés ?
Les noms eurent pour résultat un léger tressaillement qu’il interpréta comme un signe de nervosité. Aurait-il touché une corde sensible ?
- Il me faudra impérativement ces dossiers.
Appuya t-il, ajoutant un peu plus de pression sur cette morveuse dont le seul rôle était de surveiller l'entrée…
- Hormis le Major Hellenlicht, tous sont démissionnaires à ce jour.
Une lueur victorieuse brûla au fond des prunelles du comptable. Le spectre du mécontentement de Dame Sheppard s'éloigna de son imaginaire fertile, remplacé par... osait-il l'espérer ? Non...
Malgré tout son ventre s'enflamma de désir à l'évocation de la sulfureuse manipulatrice. Il prit soin de ne pas trop pousser son avantage en interrogeant la portière au sujet de l'ancien écuyer des Sheppard.
Si la factionnaire était d'une naïveté à pleurer, il n'en était probablement pas de même pour Hellenlicht, surtout si cette dernière avait su se protéger (jusque là) de l'ire des Sheppard.
- Je repasserai dans trois jours. Tenez moi ces documents à disposition petite demoiselle.
Le visage resta neutre malgré le qualificatif.
- Je transmettrais le message à l'Intendance sieur Urgot. Si vous n'avez pas d'autre requête je vous propose de mettre fin à cet entretien afin de notifier votre visite.
- Rien de plus (pour le moment). Qu'Elle vous Garde.
- Qu'Elle vous Garde gent sieur.
Le fenestron fût fermé, laissant le comptable devant la massive porte cloutée. Au diable ces gardes qui se terrent dans leur trou fortifié !
Gustav se frotta néanmoins les mains, il lui restait deux jours pour débusquer les petites irrégularités et oublis qui ne manquaient jamais de tâcher un livre comptable... Sachant que deux intendants s'étaient succédé... suite au renvoi du premier, ce serait certainement pour lui un jeu d'enfant.
Ventis expira lentement tout en réchauffant le lait nécessaire à un bon chocolat chaud. Ce n'était pas la première fois qu'un citoyen exigeait des informations, ce ne serait pas la dernière fois non plus, alors pourquoi frissonnait-elle ?
Il fallut encore un moment pour dissoudre le cacao noir dans la tasse, instant qu'elle mit à profit pour relativiser la situation. Après tout il n'y avait pas plus méticuleux que le Caporal Cooper, elle le savait pour avoir maints fois opéré sous ses directives.
La boisson chaude procura à la jeune femme un soulagement notable, suite à quoi elle pu reprendre sereinement ses activités.
A travers le fenestron, le bedonnant comptable ne pouvait apercevoir qu’une partie du visage de son interlocutrice. Un regard vert pâle marqué par de fins sourcils à reflet d'acajou, trahissait tour à tour surprise et contrariété.
- C’est pour m’en assurer que je suis ici petite demoiselle. J’ai des documents attestant de charges de gestion exceptionnelles, ainsi que de travaux dont les coûts finaux dépassent largement les honoraires habituels, sans compter les coûts d’un personnel imputable à… à combien s’élève l’effectif de votre garnison ?
Un pli d’agacement se forma entre les fins sourcils, apportant au comptable la joie fugace d’imaginer les futures rides que cette fâcheuse habitude finirait par porter.
- Je n’ai pas l’effectif exact en tête sieur Urgot. Si vous désirez absolument un entretien avec l’Intendance, je peux faire passer le message au Caporal Coo…
- Chaillot et Chaillot bis ? Manus ? Oberlin ? Hellenlicht ? où et à quoi sont-ils affectés ?
Les noms eurent pour résultat un léger tressaillement qu’il interpréta comme un signe de nervosité. Aurait-il touché une corde sensible ?
- Il me faudra impérativement ces dossiers.
Appuya t-il, ajoutant un peu plus de pression sur cette morveuse dont le seul rôle était de surveiller l'entrée…
- Hormis le Major Hellenlicht, tous sont démissionnaires à ce jour.
Une lueur victorieuse brûla au fond des prunelles du comptable. Le spectre du mécontentement de Dame Sheppard s'éloigna de son imaginaire fertile, remplacé par... osait-il l'espérer ? Non...
Malgré tout son ventre s'enflamma de désir à l'évocation de la sulfureuse manipulatrice. Il prit soin de ne pas trop pousser son avantage en interrogeant la portière au sujet de l'ancien écuyer des Sheppard.
Si la factionnaire était d'une naïveté à pleurer, il n'en était probablement pas de même pour Hellenlicht, surtout si cette dernière avait su se protéger (jusque là) de l'ire des Sheppard.
- Je repasserai dans trois jours. Tenez moi ces documents à disposition petite demoiselle.
Le visage resta neutre malgré le qualificatif.
- Je transmettrais le message à l'Intendance sieur Urgot. Si vous n'avez pas d'autre requête je vous propose de mettre fin à cet entretien afin de notifier votre visite.
- Rien de plus (pour le moment). Qu'Elle vous Garde.
- Qu'Elle vous Garde gent sieur.
Le fenestron fût fermé, laissant le comptable devant la massive porte cloutée. Au diable ces gardes qui se terrent dans leur trou fortifié !
Gustav se frotta néanmoins les mains, il lui restait deux jours pour débusquer les petites irrégularités et oublis qui ne manquaient jamais de tâcher un livre comptable... Sachant que deux intendants s'étaient succédé... suite au renvoi du premier, ce serait certainement pour lui un jeu d'enfant.
Ventis expira lentement tout en réchauffant le lait nécessaire à un bon chocolat chaud. Ce n'était pas la première fois qu'un citoyen exigeait des informations, ce ne serait pas la dernière fois non plus, alors pourquoi frissonnait-elle ?
Il fallut encore un moment pour dissoudre le cacao noir dans la tasse, instant qu'elle mit à profit pour relativiser la situation. Après tout il n'y avait pas plus méticuleux que le Caporal Cooper, elle le savait pour avoir maints fois opéré sous ses directives.
La boisson chaude procura à la jeune femme un soulagement notable, suite à quoi elle pu reprendre sereinement ses activités.
Calirae Ventis- Officier supérieur de la Garde
- Nombre de messages : 2363
Lieu de naissance : Elwynn
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Date d'inscription : 25/06/2011
Re: Le prix de l'ambition
Learn s’éveilla avec l'esprit embrumé des lendemains de beuveries sans retenue. Le sang battait furieusement à ses tempes, et sa langue nageait dans un goût pâteux et rance. Ses yeux cherchèrent une source de lueur dans la pièce, avant de remarquer qu'a l'exception d'une simple bougie contre le mur d'en face, les lieux étaient plongés dans la pénombre. L'homme se redressa difficilement, le corps aussi fourbu que l'esprit. Son dos le lançait, et ses muscles semblaient plus faibles de l'ordinaire, épuisés. Il se leva du lit ou il avait visiblement passé plusieurs heures au vu de l'écart de température entre les draps et l'atmosphère ambiante. Il ne parvint pas à retenir un juron quand la plante de ses pieds rencontra la pierre froide, et qu'il se redressa, nu. Il ne distinguait aucun meuble, ni aucun autre être vivant dans les parages. S'il lui arrivait de se réveiller à moitié ivre dans une ruelle de temps en temps, jamais il n’avait posé le pied dans un tel endroit, et cette pensée ne le rassura pas.
Il dénota finalement une lourde porte en bois incrustée dans le mur, presque invisible au premier coup d’œil. Il s'y dirigea à la lueur de la bougie murale qui rendait ses derniers soupirs, et posa sa main contre le montant en hêtre. Le bois était humide, et couvert de moisissures dans les coins. Il en déduit qu'il devait se trouver profondément sous la terre, la ou l'humidité imprégnait murs et sols. Un court instant, Learn craignit d’être enfermé dans une sorte de cellule, mais une simple poussée fit grincer les gonds en bronze, ouvrant la lourde porte sur un couloir sombre. Après un dernier regard à la chambre vide, il s'engagea dans le dédale ténébreux, tâtonnant d'une main contre le mur pour se guider, pas à pas. Bientôt, il rencontra une seconde porte, qu'il dût cette fois pousser de toute ses forces pour qu'après quelques instants, elle s'ouvre dans un craquement sinistre.
- J'ai bien cru que vous n'alliez pas vous réveiller. Vous fûtes tant vigoureux cette nuit.. tant plein de... ressources.
Elle lui tournait le dos, nue, tournée vers un grand bac en bois remplit d'eau. Sans sembler vouloir y plonger, elle observait la surface lisse avec attention. Sa peau pâle était couverte d'une fine couche de sueur, et d'autres marques que laissent les ébats passionnés ou tourmentés. Peu à peu, alors qu'il regardait ce corps sublime, Learn Tanek en vint à se rappeler quelques bribes de souvenirs éparses. Le parfum, la boisson et...
Il grimaça, et secoua la tête. Après une éternité, il s'avança vers elle, la respiration lente, comme par peur de réveiller une bête dormante. Elle passa ses doigts le long de la surface, provoquant quelques rides en échos, un murmure se levant des ténèbres et combla le silence le temps d'un battement de cœur.. avant que tout bruit ne cesse de nouveau.
Awena reprit la parole, tout aussi langoureuse que durant leur nuit.
- Apportes moi ce que je désir. Et tu seras récompensé. Tout ce que ton cœur espère. Et j'ai vu.. oui, j'ai vu...
Elle sourit à la simple pensé des sentiments enfouis, des hontes et des rêves, révélés avec tant d'aisance pour une femme de son talent.
Learn tremblait de tous ses membres, tête basse, mais gardant un fond de fierté, se refusant à fondre en larme ou se jeter à genoux. Il se contenta de se retourner vers la table basse, et de repasser ses vêtements en cuir d'un bleu sombre. Il termina en enfilant le tabard au lion rugissant, et épingla l'insigne de soldat urbain, le tout sans qu'un seul mot ne soient échangés entre la sorcière et l'homme. Finalement, il recula de nouveau vers l'entrée de la pièce qui lui rappelait de plus en plus les sombres cachots de sa jeunesse dans l'armée. Il resta ainsi, plusieurs minutes, jusqu’à ce qu'enfin, elle laisse échapper dans un souffle délicieux, un miasme de stupre malsain.
- Et rapporte moi de la chair vierge. Il faut de la viande rouge, pour appâter les animaux.
Learn sortit en fermant derrière lui, alors que Dame Sheppard plongeait une main manucurée dans la bassine, éclaboussant son corps sculpturale d'une eau écarlate.
Il dénota finalement une lourde porte en bois incrustée dans le mur, presque invisible au premier coup d’œil. Il s'y dirigea à la lueur de la bougie murale qui rendait ses derniers soupirs, et posa sa main contre le montant en hêtre. Le bois était humide, et couvert de moisissures dans les coins. Il en déduit qu'il devait se trouver profondément sous la terre, la ou l'humidité imprégnait murs et sols. Un court instant, Learn craignit d’être enfermé dans une sorte de cellule, mais une simple poussée fit grincer les gonds en bronze, ouvrant la lourde porte sur un couloir sombre. Après un dernier regard à la chambre vide, il s'engagea dans le dédale ténébreux, tâtonnant d'une main contre le mur pour se guider, pas à pas. Bientôt, il rencontra une seconde porte, qu'il dût cette fois pousser de toute ses forces pour qu'après quelques instants, elle s'ouvre dans un craquement sinistre.
- J'ai bien cru que vous n'alliez pas vous réveiller. Vous fûtes tant vigoureux cette nuit.. tant plein de... ressources.
Elle lui tournait le dos, nue, tournée vers un grand bac en bois remplit d'eau. Sans sembler vouloir y plonger, elle observait la surface lisse avec attention. Sa peau pâle était couverte d'une fine couche de sueur, et d'autres marques que laissent les ébats passionnés ou tourmentés. Peu à peu, alors qu'il regardait ce corps sublime, Learn Tanek en vint à se rappeler quelques bribes de souvenirs éparses. Le parfum, la boisson et...
Il grimaça, et secoua la tête. Après une éternité, il s'avança vers elle, la respiration lente, comme par peur de réveiller une bête dormante. Elle passa ses doigts le long de la surface, provoquant quelques rides en échos, un murmure se levant des ténèbres et combla le silence le temps d'un battement de cœur.. avant que tout bruit ne cesse de nouveau.
Awena reprit la parole, tout aussi langoureuse que durant leur nuit.
- Apportes moi ce que je désir. Et tu seras récompensé. Tout ce que ton cœur espère. Et j'ai vu.. oui, j'ai vu...
Elle sourit à la simple pensé des sentiments enfouis, des hontes et des rêves, révélés avec tant d'aisance pour une femme de son talent.
Learn tremblait de tous ses membres, tête basse, mais gardant un fond de fierté, se refusant à fondre en larme ou se jeter à genoux. Il se contenta de se retourner vers la table basse, et de repasser ses vêtements en cuir d'un bleu sombre. Il termina en enfilant le tabard au lion rugissant, et épingla l'insigne de soldat urbain, le tout sans qu'un seul mot ne soient échangés entre la sorcière et l'homme. Finalement, il recula de nouveau vers l'entrée de la pièce qui lui rappelait de plus en plus les sombres cachots de sa jeunesse dans l'armée. Il resta ainsi, plusieurs minutes, jusqu’à ce qu'enfin, elle laisse échapper dans un souffle délicieux, un miasme de stupre malsain.
- Et rapporte moi de la chair vierge. Il faut de la viande rouge, pour appâter les animaux.
Learn sortit en fermant derrière lui, alors que Dame Sheppard plongeait une main manucurée dans la bassine, éclaboussant son corps sculpturale d'une eau écarlate.
Tanek- Citoyen
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Re: Le prix de l'ambition
Mal de crâne, raideur au niveau des cervicales qu’elle tâta du bout des doigts. Avec une grimace Ventis constata qu’elle aurait droit à un bel hématome sous peu.
Les souvenirs revinrent avec une surprenante netteté. L’alerte d’agression, la sortie en monture avec la recrue… sur place il n’y avait qu’un chariot bâché. Avec le bruit qu’elle avait prit soin de provoquer avec les sabots ferrés de la jument pour effrayer les gredins, elle avait fort à parier que les agresseurs se cachaient en dessous.
Ventis avait ordonné à la recrue de soulever la bâche mais elle ne sut jamais ce qui se cachait en dessous, le coup à la nuque l’avait assommé pour de bon.
La pièce était sombre, fraîche, probablement une annexe en sous sol, peut être une cave qu’on avait vidé pour l’aménager en cellule. Il n’y avait pour tout meuble qu’un lit, propre, à peu près confortable selon les critères d’un prisonnier.
Si Tanek avait aussi été capturé, elle ne pouvait qu’espérer qu’il soit enfermé dans des conditions aussi saines. S’il a pu s’enfuir… et bien la cavalerie ne tarderait sans doute pas à arriver.
Ventis procéda à un inventaire de ses possessions, ses vêtements n’avaient pas été touchés, sa robe à peine froissée, son tabard en place, même le mouchoir brodé demeurait dans sa poche. Il manquait sa dague, ses clefs, son com et son insigne…
La porte s’ouvrit sur un homme en armure, portant tabard à l’effigie d’un aigle bicéphale argent sur champs noir. Son regard vide et sa tenue négligée éloignèrent cependant les soupçons du sergent envers les Sombrecoeur. Il se plaça sur le côté mais l’obscurité anormale qui régnait au-delà de l’entrée empêcha Ventis de détailler ce qui devait être le couloir.
« - Nom, grade, matricule » articula la voix atonale de l’homme.
« - Si vous m’expliquiez d’abord les raisons de ma présence ici… » répondit Calirae, d’une voix dénuée de tension ou d’agressivité.
« - Nom, grade, matricule » persista la voix désincarnée, laissant penser à une coquille vide, sans âme.
« - Ventis, Sergent. Nous n’avons pas de matricule… »
~ Du moins nous n’en avons pas, nous ne sommes pas des numéros ~ songea t-elle sans l’exprimer à voix haute.
« - Il manque de manières n’est-ce pas ? Il faudra l’en excuser… »
La voix suave, chargée de vice, satura la pièce comme un goudron épais. La Dame en Noir fit son apparition, avançant d’un pas plein d’assurance, ses talons aiguilles s’ancrant dans le sol comme s’ils devaient écraser quelque parasite inopportun. Son aura étouffait toute lumière en ces lieux, physique ou morale, au point où Calirae se sentit si démunie qu’elle aurait voulu fondre en larmes.
La Foi, l’Espoir, le Bien flétrissaient et se desséchaient en une poussière âcre en son cœur. On lui avait apprit à voir le Bien en chaque homme et en chaque chose mais ici il n’y avait plus que l’obscurité, la noirceur, la laideur des désirs inavouables.
Ce que demanda Awena Sheppard, Calirae le fit. Ventis coucha sur papier tout ce qu’elle savait du major Hellenlicht et de l’ex lieutenant Manus, puisant un maigre soulagement au fait qu’elle ne savait pas grand-chose. Leurs habitudes de travail à la Caserne, guère plus… ce qui était tout aussi bien car la culpabilité n’aurait pas manqué de ronger Ventis si elle avait eu connaissance de détails cruciaux.
Plus tard, sans qu’elle ne puisse déterminer si le soleil était couché ou levé, la jeune femme pu s’enfouir sous ses draps. Le tissu n’atténua pas l’impression persistante d’être épiée. Ventis tenta de prendre un peu de repos, certaine que la Dame en Noir reviendrait la tourmenter.
Repos qui lui fût refusé alors que revint la hanter la manière dont la Dame l’avait convaincue de coopérer.
Ventis du alors se résoudre à soulager son corps des tensions induites par la venimeuse créature avant de réussir à trouver le sommeil.
Les souvenirs revinrent avec une surprenante netteté. L’alerte d’agression, la sortie en monture avec la recrue… sur place il n’y avait qu’un chariot bâché. Avec le bruit qu’elle avait prit soin de provoquer avec les sabots ferrés de la jument pour effrayer les gredins, elle avait fort à parier que les agresseurs se cachaient en dessous.
Ventis avait ordonné à la recrue de soulever la bâche mais elle ne sut jamais ce qui se cachait en dessous, le coup à la nuque l’avait assommé pour de bon.
La pièce était sombre, fraîche, probablement une annexe en sous sol, peut être une cave qu’on avait vidé pour l’aménager en cellule. Il n’y avait pour tout meuble qu’un lit, propre, à peu près confortable selon les critères d’un prisonnier.
Si Tanek avait aussi été capturé, elle ne pouvait qu’espérer qu’il soit enfermé dans des conditions aussi saines. S’il a pu s’enfuir… et bien la cavalerie ne tarderait sans doute pas à arriver.
Ventis procéda à un inventaire de ses possessions, ses vêtements n’avaient pas été touchés, sa robe à peine froissée, son tabard en place, même le mouchoir brodé demeurait dans sa poche. Il manquait sa dague, ses clefs, son com et son insigne…
La porte s’ouvrit sur un homme en armure, portant tabard à l’effigie d’un aigle bicéphale argent sur champs noir. Son regard vide et sa tenue négligée éloignèrent cependant les soupçons du sergent envers les Sombrecoeur. Il se plaça sur le côté mais l’obscurité anormale qui régnait au-delà de l’entrée empêcha Ventis de détailler ce qui devait être le couloir.
« - Nom, grade, matricule » articula la voix atonale de l’homme.
« - Si vous m’expliquiez d’abord les raisons de ma présence ici… » répondit Calirae, d’une voix dénuée de tension ou d’agressivité.
« - Nom, grade, matricule » persista la voix désincarnée, laissant penser à une coquille vide, sans âme.
« - Ventis, Sergent. Nous n’avons pas de matricule… »
~ Du moins nous n’en avons pas, nous ne sommes pas des numéros ~ songea t-elle sans l’exprimer à voix haute.
« - Il manque de manières n’est-ce pas ? Il faudra l’en excuser… »
La voix suave, chargée de vice, satura la pièce comme un goudron épais. La Dame en Noir fit son apparition, avançant d’un pas plein d’assurance, ses talons aiguilles s’ancrant dans le sol comme s’ils devaient écraser quelque parasite inopportun. Son aura étouffait toute lumière en ces lieux, physique ou morale, au point où Calirae se sentit si démunie qu’elle aurait voulu fondre en larmes.
La Foi, l’Espoir, le Bien flétrissaient et se desséchaient en une poussière âcre en son cœur. On lui avait apprit à voir le Bien en chaque homme et en chaque chose mais ici il n’y avait plus que l’obscurité, la noirceur, la laideur des désirs inavouables.
Ce que demanda Awena Sheppard, Calirae le fit. Ventis coucha sur papier tout ce qu’elle savait du major Hellenlicht et de l’ex lieutenant Manus, puisant un maigre soulagement au fait qu’elle ne savait pas grand-chose. Leurs habitudes de travail à la Caserne, guère plus… ce qui était tout aussi bien car la culpabilité n’aurait pas manqué de ronger Ventis si elle avait eu connaissance de détails cruciaux.
Plus tard, sans qu’elle ne puisse déterminer si le soleil était couché ou levé, la jeune femme pu s’enfouir sous ses draps. Le tissu n’atténua pas l’impression persistante d’être épiée. Ventis tenta de prendre un peu de repos, certaine que la Dame en Noir reviendrait la tourmenter.
Repos qui lui fût refusé alors que revint la hanter la manière dont la Dame l’avait convaincue de coopérer.
Ventis du alors se résoudre à soulager son corps des tensions induites par la venimeuse créature avant de réussir à trouver le sommeil.
Calirae Ventis- Officier supérieur de la Garde
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Lieu de naissance : Elwynn
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Date d'inscription : 25/06/2011
Re: Le prix de l'ambition
Le marquis d'Urgot trainait son ventre rond avec peine, soufflant comme une chaudière. Il tenait fermement un dossier rouge sous le bras, ses doigts boudinés crispés sur la reliure. Le riche homme traversa le vestibule sans répondre aux salutations de son personnel. Si d'habitude, il prenait soin de se pomponner et de se faire beau avant de sortir (sait-on jamais), il semblait depuis quelques jours un peu plus.. négligé. Sa calvitie naissante était à peine couverte de sa maigre chevelure pâle, en désordre.
Il avait constamment l'air effrayé.
La demeure de Gustav d'Urgot elle aussi semblait subir la marque de la nouvelle résidente. De lourds rideaux pourpres avaient été ajoutés, et restaient la plupart du temps fermés. Le grand salon et les salles de vie, autrefois sous la lumière de chaque aurore, étaient à présents plongés dans une constante pénombre, épaisse, qui étouffait les bruits de couloirs et les murmures.
Après avoir traversé le petit salon, il frappa d'une main tremblante à la porte du grand bureau, puis pénétra dans la pièce en grimaçant.
Awena Sheppard l'attendait, sirotant un verre de vin en regardant par la grande fenêtre. Bien qu'elle ne tourna pas le visage vers lui, Gustav sentit sa sombre aura se répandre comme la toile d'une araignée, l'encercler délicatement, prête à le broyer au moins signe de contrariété de la part de la débauchée.
- Je..j'ai.. fais tout ce que vous...
- Tout ce que je vous demandais, mon cher, oui. Exactement tout. Vous pouvez envoyer ces bilans frauduleux à qui de droit. Hellenlicht devra rendre des comptes, elle, les siens et son honneur trainés dans la boue de la honte publique...
Elle en vint à sourire, ses ongles ébréchant le verre qu'elle tenait en main, puis elle continua d'une voix basse, menaçante.
- Mais ce ne sera pas suffisant. Je lui cracherai au visage les débris de son pitoyable travail. En commençant par la pucelle. Cette petite prêtresse arrogante espère-t-elle vraiment me résister ? Je ravagerais son corps, j'asservirais son âme, elle me suppliera de lui venir en aide... APPELEZ MOI CET IDIOT DE SORKER !
Son cri fit éclater le verre qu'elle tenait, sans qu'elle ne réagisse. Gustav d'Urgot tremblotait, notant mentalement chaque ordre de sa maitresse, qui serait accomplit scrupuleusement... il y veillerais. Après avoir déglutit, il s'osa à demander d'un petit couinement.
- Et pour.. le..le.. chevalier Manus ?
La voix de la sorcière était devenu un sifflement à peine audible.
- Lui.. il comprendra qu'aucune fuite au delà de l'océan ne le sauvera. Rapportez moi ce petit chien sans honneur.
- ma...madame.. envoyer des hommes jusqu'en Kalimdor risque de... couter extrêmement cher et...
Sa supplique s'étrangla dans sa gorge, alors que les ombres de la pièce s'étaient faites liens de ténèbres, s'enroulant sur son corps rond comme un serpent constrictor, jusqu'a enserrer sa gorge boursouflée. Awena Sheppard se tourna vers lui, dans son regard dansait une flamme de vice sans borne, un abysse odieux qui s'était creusé dans les hurlements de ses amants et de ses victimes.
- Et quel serait le prix de ton âme, petit marquis ? Combien de pièces d'or mettrais tu en jeu pour que je ne te dévore pas, et que je ne te recrache pas dans le néant ?
Gustav tenta de gargouiller de plates excuses, en vain. Alors qu'il perdait conscience, les serments d'ombres le relâchèrent, et il s'écrasa au sol, en se massant la gorge. Il répondit entre deux hoquets sanglotant.
-Oui.. maitresse... bien maitresse... je.. selon vos désirs..
Trainant sa masse bedonnante hors de la tanière de la ténébreuse, il en vint à prier la Lumière de lui apporter le salut.
Mais au cœur du repaire de la vénéneuse Awena, aucune supplique divine, aucune prière ne perçait le voile de son ombre, et la seule réponse qu'il obtint fut le silence de ses propres tourments.
Il avait constamment l'air effrayé.
La demeure de Gustav d'Urgot elle aussi semblait subir la marque de la nouvelle résidente. De lourds rideaux pourpres avaient été ajoutés, et restaient la plupart du temps fermés. Le grand salon et les salles de vie, autrefois sous la lumière de chaque aurore, étaient à présents plongés dans une constante pénombre, épaisse, qui étouffait les bruits de couloirs et les murmures.
Après avoir traversé le petit salon, il frappa d'une main tremblante à la porte du grand bureau, puis pénétra dans la pièce en grimaçant.
Awena Sheppard l'attendait, sirotant un verre de vin en regardant par la grande fenêtre. Bien qu'elle ne tourna pas le visage vers lui, Gustav sentit sa sombre aura se répandre comme la toile d'une araignée, l'encercler délicatement, prête à le broyer au moins signe de contrariété de la part de la débauchée.
- Je..j'ai.. fais tout ce que vous...
- Tout ce que je vous demandais, mon cher, oui. Exactement tout. Vous pouvez envoyer ces bilans frauduleux à qui de droit. Hellenlicht devra rendre des comptes, elle, les siens et son honneur trainés dans la boue de la honte publique...
Elle en vint à sourire, ses ongles ébréchant le verre qu'elle tenait en main, puis elle continua d'une voix basse, menaçante.
- Mais ce ne sera pas suffisant. Je lui cracherai au visage les débris de son pitoyable travail. En commençant par la pucelle. Cette petite prêtresse arrogante espère-t-elle vraiment me résister ? Je ravagerais son corps, j'asservirais son âme, elle me suppliera de lui venir en aide... APPELEZ MOI CET IDIOT DE SORKER !
Son cri fit éclater le verre qu'elle tenait, sans qu'elle ne réagisse. Gustav d'Urgot tremblotait, notant mentalement chaque ordre de sa maitresse, qui serait accomplit scrupuleusement... il y veillerais. Après avoir déglutit, il s'osa à demander d'un petit couinement.
- Et pour.. le..le.. chevalier Manus ?
La voix de la sorcière était devenu un sifflement à peine audible.
- Lui.. il comprendra qu'aucune fuite au delà de l'océan ne le sauvera. Rapportez moi ce petit chien sans honneur.
- ma...madame.. envoyer des hommes jusqu'en Kalimdor risque de... couter extrêmement cher et...
Sa supplique s'étrangla dans sa gorge, alors que les ombres de la pièce s'étaient faites liens de ténèbres, s'enroulant sur son corps rond comme un serpent constrictor, jusqu'a enserrer sa gorge boursouflée. Awena Sheppard se tourna vers lui, dans son regard dansait une flamme de vice sans borne, un abysse odieux qui s'était creusé dans les hurlements de ses amants et de ses victimes.
- Et quel serait le prix de ton âme, petit marquis ? Combien de pièces d'or mettrais tu en jeu pour que je ne te dévore pas, et que je ne te recrache pas dans le néant ?
Gustav tenta de gargouiller de plates excuses, en vain. Alors qu'il perdait conscience, les serments d'ombres le relâchèrent, et il s'écrasa au sol, en se massant la gorge. Il répondit entre deux hoquets sanglotant.
-Oui.. maitresse... bien maitresse... je.. selon vos désirs..
Trainant sa masse bedonnante hors de la tanière de la ténébreuse, il en vint à prier la Lumière de lui apporter le salut.
Mais au cœur du repaire de la vénéneuse Awena, aucune supplique divine, aucune prière ne perçait le voile de son ombre, et la seule réponse qu'il obtint fut le silence de ses propres tourments.
Angron Manus- Citoyen
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Date d'inscription : 13/05/2011
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