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Lions et loups

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Message par Angron Manus Jeu 27 Déc 2012 - 12:48

Hautes ruines. Le nom me plait. La Bête le souffle à mon oreille, de ses mots grondants, de sa voix rauque et charbonneuse. Le chuintement propre aux monstres qui vivent sous les lits des jeunes enfants, personnifiés dans une entité échappant au raisonnement, à la logique propre aux créatures douées de la conscience raisonnable.



Hautes ruines.



La procession s’avance, d’un ridicule effrayant. Deux douzaines d’êtres chétifs, trottinant au milieu des avenues pavés délabrés, entre les vestiges des maisons. A notre tête, avance la femme au sang bleu, encadrés par les deux protecteurs élémentaires, gardiens vigilants de celle qui mène le groupe. La comtesse de Bayle guide ainsi ses invités dans la partie la plus sûre de la ville, un district entier tenue par des hommes en armure, bardés de rouge et de blanc, observant les arrivants avec peu d’enthousiasme. Personne ne semble le bienvenue, en ces murs désolés. Parmi la foule, quelques visages connus. Des gens d’Hurlevent, des soldats, des civils, et quelques créatures étranges. Nous traversons un pont, jusqu’a arriver devant une chapelle en ruine, dont les murs sont recouvert de lierre, les vitraux autrefois éclatant sont noyés nous la crasse, et le délabrement des lieux attire de nombreux regards.



Ma voisine me souffle à l’oreille les noms des présents, m’indique leur provenance, leur lignage. La plupart des mots se mêlent et s’étouffent, et je n’en retiens presque aucun. Je suis peu attentif, la conscience de la Bête rôdant non loin, frottant ses griffes à mon dos, ses râles près de ma nuque.



Isys me le désigne alors, l’homme que je cherchais du regard. Il se tient au milieu d’un groupe qui l’encadre sans le masquer. Il se tient étrangement, et sa jambe de bois me saute aux yeux. Malgré son handicap, il garde le dos droit, le port de la noblesse s’accorde aux traits de son visage, l’expression qui sied aux gens de son rang. Son armure n’est pas celle de la guerre, c’est une tenue d’apparat brodée, comme le pan qui expose ses couleurs.

La comtesse de Bayle s’avance sur le perron de la chapelle. Elle ouvre les bras, et entame un discours, dont je ne capte que de vagues sonorités, les sens de ses mots m’échappant. L’auditoire est attentif, la plupart figés dans une posture contemplatrice. Lui bombe le torse, l’unique soldat de son escorte gardant un œil vigilant sur les alentours. La Bête s’agite, nerveuse, voulant se rapprocher. Je me dois de la raisonner, sans la moindre chance de réussite, alors je me décide à me déplacer dans la foule. Restant prudent, mes pas me rapprochent du seigneur de Lordaeron. Le parfum de son eau de toilette ne masque pas la sueur qui goutte le long de son échine, pas plus que l’odeur de son cheval, qui colle à son armure. Je reste aux abords de son groupe, tapis dans son ombre, retenant mon souffle. Je parviens à dénoter les moindres notes de son essence, gravant dans ma mémoire les détails de son visage, ces rides qui ornent le coin de ses yeux. Alors je me rends compte de leur ressemblance, lui aussi seigneur du nord il y a mainte année. La même couleur de cheveux, le même air de faciès. Ma respiration s’emballe, un instant de panique qui…







L’homme faiblit. Je le supplante sans peine, m’ébrouant dans cette atmosphère pesante. La foule me presse, et le moindre contact me rend furieux. Le passé et le futur s’étiolent, s’affaissent, et ne reste que le présent. Mon présent. Je suis la Bête, au milieu des moutons. La faim me tenaille, l’ordre ambiant me crispe. Soudain, la foule s’ébranle, et suivant la même femelle aux cheveux de jais, se remet en marche parmi la forêt de pierre. Je guette l’instant pour m’évader, mais décide finalement de suivre le flot. Je me déplace sur mes appuis, prêt à bondir, refrénant à grand peine les tremblements de mes pattes. Il ne manque qu’une étincelle, pour enflammer le bûcher, mais elle ne vient pas. J’observe les humains qui m’encerclent sous un autre jour, mais eux ne me voient pas. Ils ne voient que la forme de ce corps à la peau pâle, guindé dans ce faux pelage rude cliquetant à chaque mouvement.

Moi aussi je m’imprègne du visage du Lion, de son odeur. L’envie irrépressible de me jeter sur lui, de grogner, de marquer ma dominance sur ce jeune boiteux, le sentir trembler sous mes crocs, uriner de peur en appelant à l’aide. Je m’ébroue de nouveau, me rendant alors compte de ma faiblesse. Je suis seul, Elle n’est pas présente. Je suis un demi-être, isolé parmi ceux qui ne sont pas les miens. Sa présence, son contact me manquent, et me limitent plus qu’il ne pourrait en être possible. Alors je rentre les épaules, au moment ou nous croisons une meute de loups. Je reconnais le pelage de…








L’aigle a perdu de son plumage de nuit. Le ton d’un bleu frappant me revient en mémoire, vestige d’un passé amer. La troupe de cavalier en armure se démarque du reste, eux sont les guerriers, les gens d’arme. Ils nous rejoignent, sans que je ne quitte des yeux le seigneur au Lion, dont la petite troupe semble rivale des loups. Etrange et funeste mise en scène, alors que le vainqueur ne fait aucun doute. Je sens la Bête nerveuse de la tension qui règne, malgré les discours et l’étrange ambiance instaurée par la comtesse – archimage. Frustrée, aussi, de se savoir aussi vulnérable en l’absence d’Heliven, alors que les loups et les Lions s’affrontent en regard et paroles, chacun tentant de donner la meilleur impression. Le seigneur boiteux s’oppose presque au loup grisonnant, l’un est extravagant, l’autre renfrogné. Le premier arbore avec fierté sa crinière, montrant à tous de quel noble lignage il est fait, alors que le second ne sourit pas, engoncé dans la lourde armure ébène. Encadré par des hommes de mort, sa place est aussi peu la sienne ici qu’elle est la mienne.



La tension monte encore, et je n’ai plus rien à y voir. Le visage du boiteux gravé dans mon esprit, je fuis la foule et la forêt de pierre, les ruines de la citée.



Mes pas me mènent dans les collines, une foulée rapide. Bientôt, les festivités ne sont plus qu’un mirage à l’horizon, et la nuit ne s’achève qu’une fois lové contre le flanc d’Heliven, appréciant la chaleur de sa peau, son odeur dont je m’imprègne, et son souffle qui me berce. Pas de haut mur, ni de porte d'acier. Aucune tour de garde, et pas de chemin de ronde. Et pourtant, je siege sans crainte dans la plus imprenable des forteresses, celle qu'aucune armée ne peut prétendre conquerir.

Le sommeil m'emporte enfin, sans ombre à l'orée des songes.
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Message par Angron Manus Ven 8 Fév 2013 - 11:23

L'odeur du marais l'imprègne. Le pelage du loup est propre, mais garde les fragrances de son habitat, malgré les jours passés. Mes mains passent contre son flanc, sentant les muscles puissants rouler sous la peau, les os secs. Il tourne sa gueule vers moi, entrouverte, la respiration calme. Son regard est d'or, il m'inspecte, sans animosité. Il semble attendre de moi que je lui montre par ou aller, retrouver sa maitresse, mais je ne peux pour l'instant que sourire, frotter mon visage contre sa truffe.

Je me vois dans son regard. Je me fais face à moi même, alors qu'il me juge, me jauge, agitant parfois une oreille.


Ou est le chevalier ? Ou est la noblesse ? Ou sont les manières et la vertu ? Que sont devenus les prières, les louanges, l'honneur ?

Je m'ébroue. Les souvenirs glissent sur moi, sans trouver d'accroche. L'humanité n'est qu'un vêtement d'apparat, ou rien ne porte, une sorte de tissu qui me couvre les épaules. Je tourne la tête, et c'est Aubiane que je m’attends à trouver. Elle surgit des méandres de mon esprit, et je fronce les sourcils. Mais je suis seul dans la clairière, ou presque. Mon compagnon lupin est sagement assit sa queue velue battant l'herbe.

Un gout de bile me vient en bouche, sans que je ne discerne la cause de mon mal être. "Quelque chose ne va pas." Cette remarque, ce n'est pas moi qui l'énonce, mais le chasseur du marais, le compagnon de Mathilde. Ses yeux jaunes ne me quittent pas, alors que je gratte du bout des doigts son pelage grisâtre.

"Je sais"

Je soupire. Ce ne sont pas des remords, non.

~ Il n'y a pas de remords à avoir d'être en paix ~

Cette fois, je gronde, montrant les crocs. Imité par Loup, puis ce que c'est son nom, dont l'échine se hérisse. Heliven me rassurerait, mais les questions demeurent. Je tente de calmer les battements de mon cœur, me débarrasser de cette étrange sensation. Ou est la boite en fer blanc à Cookies ? Ou sont-les...

Je m'éveille. L'esprit embrouillé de l'homme cède, presque rassuré. Il ne soit dans ma conscience, disparait, alors que je le dévore. Le Loup comprend le changement, se redresse sur ses pattes, aux affuts. Mon grondement est le signal, et nous fendons de concert les buissons de la forêt, pour nous perdre dans ses méandres, trainant avec nous la carcasse de l'homme.
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