Un worgen à terre...

La cloche de la cathédrale sonne la troisième heure, la ville est enfin silencieuse. Un chat miaule quelque part. Un ivrogne braille et vomit longuement dans la ruelle. Le pas de deux chevaux claque sur les pavés, une patrouille de la Garde sans doute.

Seule dans le lit de la petite chambre qu'elle avait loué hier soir, Ambre ne trouvait pas le sommeil. Incapable de chasser le souvenir du corps de Rislon disloqué en bas des murailles, elle se retournait sans cesse entre des draps trop fins et rapiécés.
Certes, Rislon avait beaucoup d'ennemis, c'était aussi sa fierté, celle du travail bien accompli. Certes, Rislon était beaucoup critiqué pour l'usage qu'il faisait, ou ne faisait pas, de tout le savoir qu'il récoltait patiemment mais Ambre ne pouvait s'empêcher de sentir encore Ismérie tremblante contre elle, choquée.

Essayant de chasser toute cette folie meurtrière qui balayait la ville, écrasant sans pitié des innocents, Ambre se dit qu'elle devait absolument présenter ses excuses à Leizen pour son comportement. Déjà qu'on ne la prenait pas pour un modèle d'équilibre, son arrivée paniquée à la caserne n'avait pas dû arranger les choses... Devait-elle lui parler de l'incompétence crasse de l'autre humaine qui l'avait reçue ? Non, sans doute. Leizen était respectée et loin d'être idiote, elle devait sûrement connaître ses subordonnées sur le bout des doigts.

Demain, faire des excuses, demain...

Ce matin, après une courte nuit de sommeil, je suis allée voir Rislon.
Je l'ai trouvé profondément endormi. Seul, absolument seul. J'aurais pu danser une polka endiablée avec Nina.
J'ai attendu - longtemps - qu'on viennent me relayer à son chevet. J'en ai profité pour caresser doucement sa crinière. C'est tout doux.

"La Cathédrale est l'endroit le plus sûre dans cette ville." m'ont-ils répétés comme à une enfant stupide. Ben tiens, je préfère pas imaginer comment sont les autres endroits parce que ça a pas raté ! Tentative d'empoisonnement en début d'aprem, et assassin quelques heures plus tard...

Pour une fois, je me suis sentie un peu utile.