L'épée sans nom

par Aspée Lun 1 Avr 2013 - 12:47

Je précise à l'avance que les personnages de ce texte ont tous un lien -direct ou indirect- avec Roland, qui sera d'ailleurs sans doute cité par la suite, car je compte diviser le texte en plusieurs parties. Le protagoniste étant une épée dotée de conscience (aussi invraisemblable que cela puisse paraître), j'ai eu un peu de mal à transmettre ses pensées, j'éditerai sûrement à l'avenir (histoire de corriger des détails). Bref, bonne -ou mauvaise- lecture.

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I - Naissance et Solitude

Tout a commencé avant la grande fracture.. dans une magnifique cité remplie d'elfes, ils se faisaient appeler bien-nés, Quel'dorei dans leur langue. Dirigés par la plus belle des reines, ils atteignaient le summum du ravissement et du développement grâce notamment à l'étude de la magie et du puits d'éternité. Parmi les plus grands sorciers de Zin'Azshari se trouvait Phindor Elensar, un elfe doté d'un certain charisme et d'un réel don pour la création d'artefacts. Comme une bonne partie de ses pairs, il était complètement sous le charme de sa souveraine et lui cédait toutes ses nouvelles créations.. Des bagues enchantées aux diadèmes brillants à la lumière de la Lune, il était prêt à mourir pour mettre en valeur la beauté de celle qu'il admirait et respectait.

Un jour cependant, il serait bien impossible de situer exactement la date, il décida de donner naissance au plus magnifique artefact jamais crée. Il s'enferma chez lui et y réfléchit pendant des jours.. au point qu'il en oubliait de se nourrir, certains s'inquiétaient et venaient toquer, mais il les renvoyait chez eux, proprement. S'il offrait à la Reine un tel objet, elle le considèrerait sans doute comme un frère ! « Un artefact amplifiant les pouvoirs ? » Non.. trop facile.. « Capable de former des illusions alors ? » Trop basique. Alors qu'il désespérait, l'idée lui vint naturellement : « Pourquoi pas un objet doué de conscience ? » En effet bien que cela revenait à jouer au dieu, la Reine apprécierait sûrement ! Ses connaissances en rune lui permettaient de tenter sa chance. Il sortit de chez lui et se rendit chez un forgeron elfe renommé, lui demandant de sculpter la plus belle des épées.

Des jours passèrent.. des semaines peut-être même, mais il avait tout son temps, il avait l'éternité pour attendre. Lorsqu'il retourna voir le forgeron, il la trouva parfaite. Une lame sombre certes, mais une présence alors même qu'il n'avait pas encore ajouté sa patte. Deux ailes grises ornaient le manche, un cristal bleuté trônant entre celles-ci.. En rentrant chez lui, il s'attela à la tache, saisissant tous les ingrédients favorables à l'enchantement, il baigna continuellement l'épée dans l'énergie arcanique pendant trois jours et trois nuits. Lorsqu'il estima que c'était suffisant, il orna lui-même la lame d'une rune, habituellement utilisée pour transmettre l'énergie vitale, lui cédant une partie de son âme.. Le destin ferait le reste. Après cette épreuve, l'épée se mis d'elle-même à vibrer.. une réussite ? Phindor plaça sa main contre la lame.. la caressant comme s'il s'agissait d'un être vivant à part entière. Il pu entendre un murmure, de peur qu'il s'agisse du vent, il continua.. toujours le même bruit, comme un ronronnement d'appréciation, elle vivait ! En cet instant, il compris qu'il ne pourrait confier son chef-d'œuvre à la Reine, elle-même ne pourrait sans doute pas concevoir une telle beauté.

* * *

Des années s'étaient écoulées je pense, difficile à dire en fait, il continuait à me décrire le monde, les gens, tout en me complimentant. J'aimais bien lorsqu'il me parlait, moi je ne pouvais pas lui répondre. Grâce à lui j'apprenais à me servir moi-même de l'énergie dans laquelle j'avais été baignée . Je ne suis qu'une épée et pourtant il ne cessait de s'occuper de moi, comme s'il avait peur que je disparaisse, je ne peux pas marcher, ni voler pourtant. J'espérais que cela dure éternellement, mais un jour.. Quelqu'un est venu frapper à la porte, il voulait que Phindor sorte, j'entendais des cris et des craquements, mais je ne comprenais pas ce qui se passait. Un flash.. une explosion.. Et plus rien. J'appris des millénaires plus tard qu'il s'agissait de la grande fracture durant laquelle Azeroth se divisa en plusieurs continents et que Phindor était mort en essayant de me préserver lors de la destruction du puits d'éternité.

Le temps passa, des heures, des jours, des années, des siècles, des millénaires. Les fonds sous-marins étaient devenus une prison pour moi jusqu'à ce que je m'échoue sur une plage du Royaume de l'est. Alors que je croyais que la marée reviendrait me chercher et me condamnerait à nouveau à des années d'errance et de solitude, on me saisit. Il s'agissait d'un vieil homme, je n'en avais jamais vu de tel, en effet il était bien différent de Phindor qui, malgré son âge avancé, conservait sa jeunesse physique. J'observais un humain pour la première fois, des rides, une barbe grise, des yeux fatigués. C'était un spectacle pour le moins singulier. Il s'avéra que le vieil Erathes était professeur de magie dans une espèce d'école. Comprenant rapidement ma nature, il m'emmena avec lui.

Erathes n'était pas aussi attentionné que Phindor, mais sa compagnie restait enrichissante et j'en apprenais beaucoup sur les humains et leur mode de vie chaque jour. Nous nous trouvions près d'un grande cité, au nord du Royaume de l'Est, Lordaeron. Etant toujours attachée à sa ceinture, je voyais par les yeux du vieux mage, il était sévère mais bienveillant envers ses élèves. C'est triste à dire, mais notre cohabitation n'a pas duré, en effet il est parti un jour avec son disciple le plus doué afin d'aider la milice locale à stopper un gang de malfrats qui sévissaient dans la région. Le pauvre a été rattrapé par son âge avancé et succomba à un coup de couteau dans le dos.. Sa mort ne me frappa guère car après tout, je ne suis qu'un artefact.. Mais il en était tout autre pour son élève qui me saisit et se débarrassa rapidement de tout le reste des bandits, se servant de moi comme d'un catalyseur. Terminant son œuvre, il me déposa au sol, c'était la première fois que je voyais quelqu'un pleurer.. Il était jeune, l'enfance semblait encore si proche, ses cheveux et ses yeux avaient une couleur argentée irréelle. Je me souvenais des paroles de Phindor, oui, j'étais capable de communiquer, par la pensée..

« Pourquoi pleures-tu petit ?
Parce que la mort nous guette tous.. et j'ai peur.. M..mais qui es tu ?
.. Je n'ai pas de nom, je suis juste l'épée.
Tu n'as pas de nom ? C'est triste.. Je suis Plutos. »

par Aspée Ven 5 Avr 2013 - 19:39

II - Plutos

Plutos était quelqu'un de clairvoyant et d'altruiste. Il était notamment doté d'une capacité de jugement incroyable. Il avait appris à toujours prendre les meilleures décisions. Ainsi, lorsque sa famille l'avait forcé à suivre des études de magie, de par sa condition de fils le plus jeune, aussi afin de rendre le patrimoine familial plus étendu, il s'était acquitté de sa tâche avec fierté, non pas sans tristesse bien-sûr, mais il savait qu'il rendait service et cela lui suffisait. Il voyait Azeroth, non pas comme -le lieu où il vivait-, mais comme un ensemble de différentes populations et cultures pouvant sans aucun doute coexister un jour. Non seulement c'était quelqu'un de bon et plein d'espoirs, mais c'était aussi un mage exceptionnellement talentueux qui, dès le début de son initiation, avait été considéré comme, de loin, le plus doué de l'établissement. Si on pouvait lui trouver un seul véritable défaut, c'est qu'il était doté d'une paranoïa affirmée, le rendant plus méfiant à chaque expérience, qu'elle soit positive ou négative.

« Ce monde est si triste.. »

Pour en revenir à la famille.. Plutos appartenait à la noblesse Lordaeronnaise. Les Ciayter géraient un territoire proche de la cité, mais quelque peu isolé de par sa végétation chaotique. Ils avaient cependant gagné en prestige grâce à une légende concernant le chef de famille. Le Vicomte Fiacre Ciayter était un vaillant guerrier et il croisa un jour sur sa route un immense dragon aux écailles argentées. Après un long combat, il était parvenu, à l'aide de son épée fraîchement forgée à décrocher la tête du dragon, se baignant dans son sang. Ses cheveux et ses yeux auraient pris une couleur argentée ce jour là. C'est ainsi que dès lors, cette caractéristique avait rendu cette famille célèbre et le dragon argenté était devenu leur emblème. Bien-sûr ce n'était sûrement qu'une histoire pour enfant, mais Plutos y croyait dur comme fer et me l'avait racontée des dizaines de fois. Après tout, Fiacre était son père, et il est vrai que cette couleur était assez singulière, même pour moi.

« L'argent perce les ténèbres est notre devise. »

J'aimais beaucoup discuter avec Plutos. D'ailleurs.. nous parlions en permanence, il avait toujours des choses à me raconter. J'avais toujours été entretenue avec soin par Phindor, puis par Erathes, comme un objet. Un artefact doué de conscience certes, mais sans sentiment. Avec Plutos, je compris ce que signifiait « amitié ». D'ailleurs, j'étais aussi sa première amie.. Il m'avait promis qu'il ne me laisserait jamais seule. Ensemble nous avons beaucoup voyagé dans le Royaume de l'Est, il allait de village en village, rendant service comme il le pouvait. En effet il voulait me combler, et après les millénaires de solitude que j'avais dû endurer, sa présence était rassurante. C'est dans cette idée de me rendre heureuse (ou autant qu'un simple artefact puisse l'être) que tout a commencé.

« Je ne t'abandonnerai jamais. »

Je lui avais parlé de Zin'Azshari et du puits d'éternité. Je lui avais parlé de Phindor et des bien-nés. Je lui avais parlé des magies incroyables qui existaient en ce monde et que ses simples livres d'études ne pouvaient ne serait-ce que sous-entendre. Un jour Plutos décida, afin de pouvoir rester avec moi, de chercher un moyen pour vivre sans interruption. Ce qui le différenciait des simples mégalomanes orgueilleux, c'est qu'il ne le faisait pas pour lui, mais pour moi, uniquement. J'avais réellement peur de le perdre, comme ça avait été le cas pour mon créateur. C'est dans cette impression, de tout mon égoïsme, que je l'ai soutenu, que je l'ai conseillé.

« Restons ensemble pour toujours, mon amie »

Il n'existe beaucoup de choses permettant de rendre la vie plus longue... L'arcane par exemple, ou bien tout simplement les origines elfiques. Malheureusement, la plupart des sources sont soit inatteignables, soit trop peu efficaces, soit bien trop risquées. J'encourageais Plutos à trouver de nouvelles idées. Nous traversions le continent en long, en large et en travers, collectionnions de splendides ouvrages. Mais sans succès.. Nous savions heureusement qu'il existait d'autres contrées, je lui avais dit. Mais c'est bien avant de songer à emprunter un bateau que nous l'avons croisé. Un enfant, je lui aurais mis huit ans, tout au plus. Plutos qui n'en avait alors qu'une vingtaine paraissait immense à côté de lui. Des cheveux blonds si longs qu'ils traînaient au sol, des habits de prince.. une voix douce et pleine de malice.. mais malgré ça, il émanait de lui une sensation étrange.. Je ne saurais pas l'exprimer par des mots. Nous étions sur la route menant à Austrivage lorsqu'il s'était planté devant nous, bien droit.

« Moi, je peux te donner l'immortalité que tu convoites »

par Aspée Mer 17 Avr 2013 - 14:35

III - Descente

C'était tout bonnement improbable. De nombreuses questions s'imposaient d'elles-même : Que faisait-il ici ? Etait-ce un enfant ordinaire ? Comment savait-il pour notre objectif ? Disait-il vrai ? Le pire dans tout ça, c'est qu'il avait l'air parfaitement sérieux. Je suggérais à mon partenaire de vérifier s'il ne s'agissait pas d'une quelconque illusion.. mais c'était bien un enfant qui se tenait devant nous. Plutos a alors engagé la conversation. Il buvait les paroles de cet enfant démon, était-il sous l'emprise d'un maléfice ? Il fallait décidément que nous écourtions notre rencontre. Je tentais de l'y forcer mais il ne m'écoutait pas, rien à faire, il lui faisait confiance et je me suis d'autant plus inquiétée lorsque l'enfant saisit un long couteau.

« La douleur ne durera qu'un instant, approche. »

Il planta profondément la lame dans la poitrine de mon partenaire, son cœur était désormais percé. Le temps s'était comme arrêté, je n'y croyais pas, c'était si soudain, ridicule. Serions nous séparés ainsi ? Mais je me trompais, l'enfant sourit en observant le corps inanimé de Plutos et se mis à incanter longuement dans une langue qui m'était familière. J'eus le temps de discerner un tatouage singulier sur le front de ce démon avant qu'il ne se relève. Nous étions sans doute aussi stupéfaits l'un que l'autre.. Et je sentais que quelque chose avait changé chez mon ami.

« Appelle cela la non-mort, je t'en fais cadeau. »

Comprenant finalement de quoi il s'agissait, Plutos entra dans une rage telle que je ne l'avais jamais vu ainsi, il me saisit et perça le nécromancien, qui s'écroula, baignant dans son sang. Il savait qu'obtenir la vie éternelle n'était pas sans risque, mais il ne voulait pas devenir un simple mort-vivant pour autant.. son cœur ne battait plus, il n'avait plus rien d'humain. Il avait réagi impulsivement, comme envoûté par la douce voix de ce démon. Le tuer avait semblé si facile qu'il s'était forcé à vérifier.. mais il était bien mort. Quoi qu'il en soit, il ne serait plus possible de revenir en arrière.

« Qu'est-ce que j'ai fait ? »

Cela faisait bientôt dix ans que nous nous étions rencontrés, désormais habitués à cette situation. Depuis que Plutos était devenu un non-mort, sa peau était d'une pâleur effrayante. Il avait cependant gardé sa jeunesse et son charme car il avait été ressuscité l'instant suivant sa mort et pouvait donc paraître tout-à-fait normal (il était même épargné par la puanteur, seule une cicatrice au niveau du cœur était visible). Il décida un jour de retourner en Lordaeron, chez les membres de sa famille, ne serait-ce que pour les saluer après tant d'années. J'étais moi-même très excitée à l'idée de les rencontrer après toutes les histoires que mon ami m'avait racontées.

« Cet endroit m'a tant manqué. »

C'était exactement comme il me l'avait dit. Au milieu de la forêt, dans une large clairière, à l'entrée de l'immense bâtiment se trouvaient deux statues de dragons se tenant sur deux pattes. L'intérieur était encore bien plus impressionnant, mais c'est sans compter leur immense bibliothèque, cela me prendrait bien trop de temps pour décrire. Plutos a appris par son frère aîné Shneizel que Fiacre était décédé quelques années plus tôt. L'aîné ressemblait beaucoup au cadet mais avait, contrairement à lui, une barbe, bien mise en évidence et était marié à une jeune femme splendide, Cunegonde. Ils avaient même eu un enfant, Pathos, âgé alors d'une dizaine d'années.

« Plutos, mon frère, tu n'as vraiment.. pas changé »

En effet, Plutos était resté le même, seule sa peau était désormais d'une blancheur cadavérique. Shneizel n'hésita d'ailleurs pas à le lui faire remarquer. Mon partenaire jouait avec les mots, évasif, afin d'éviter de révéler le secret de sa « jeunesse ». Les questions fusaient, après tout ils avaient beaucoup de choses à se raconter. L'aîné n'en démordait pas.. il voulait vraiment en savoir plus. Plutos las, finit par tout lui dire, il ne se rendit pas tout de suite compte de son erreur. Il ne chercha pas à se défendre et expliqua dans les détails sa rencontre avec l'enfant nécromancien. Lui et son frère ne se cachaient rien d'ordinaire.. et bien que devoir en parler l'énerve, il lui faisait confiance. Or.. tout ne se passa pas comme prévu, les traits du visage de Shneizel étaient désormais déformés par la rage, ou bien le dégoût.

« Non, Plutos est mort, tu n'es qu'un monstre. »

Les évènements semblaient s'enchaîner si rapidement.. le frère de Plutos avait saisit une épée posée contre la cheminée et avait fait signe à sa femme et à son fils de sortir de la salle à manger, nous laissant ainsi seuls, à trois, si j'ose dire. Mon partenaire n'arrivait pas à croire ce qu'il avait entendu, Shneizel lui-même l'avait renié. Il se contentait de parer les coups d'épée de son frère. Il était facile de deviner que celui-ci n'était pas un combattant à l'origine car ses mouvements étaient trop brouillons et irréguliers. Finalement, lorsque Plutos se décida, tout se finit en un instant, la tête de l'aîné roula au sol.

« Certaines personnes ne méritent pas d'être aidées.. ce monde est profondément injuste en réalité »

par Aspée Lun 29 Avr 2013 - 13:48

Je préviens qu'à partir de maintenant, ça va devenir quelque peu.. hardcore ! Ça risque d'aller très vite aussi, afin que cette partie ne dure pas trop.
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IV - Déification

A partir de cet instant, tout changea. Plutos était déterminé, il voulait changer le monde, ou -au moins- le plus possible. Il avait bien conscience de n'être qu'un grain de sable dans l'immense désert qu'est Azeroth. Que pouvait-il faire exactement ? Au mieux il n'était qu'un non-mort aux pouvoirs limités. Il avait peut-être obtenu le droit de ne plus vieillir, mais il n'en demeurait pas moins un être mortel. De toute manière, même un être multi-millénaire, une fois la tête décrochée de ses épaules, est bel et bien mort, qu'il soit elfe ou dragon. Seul quelques créatures disposaient d'une réelle immortalité, une existence au delà de l'entendement car même privés de corps, ils sont capable d'agir sur le monde, des êtres supérieurs qu'on aime à nommer « dieux », dont la seule citation -en général- suffit à imposer le respect. Trop de malfrats peuplent Azeroth, et certains n'assument même pas leur propre péchés, restant parfaitement humbles vis-à-vis du reste de la population. Que pouvait-on faire exactement ? La mort était-elle une punition suffisante pour un égorgeur d'enfants ? Un violeur ? Non, ils n'en avaient sûrement que faire. C'est dans cet optique là qu'il imagina cet endroit.. un lieu régit par le dieu qu'il avait décidé de devenir, même s'il ne s'agissait que d'une faible image. Pour lui trouver un nom, il mélangea un certain nombre de mythes et de langues différents : Les Enfers.

Pourquoi un tel lieu ? Le jugement. En effet chaque personne qui y serait envoyée serait considérée en fonction de tout ce qu'elle avait pu commettre pendant sa vie -qu'elle soit longue ou courte- et serait envoyée dans une « prison » adaptée. Les assassins par exemple devraient subir des souffrances encore plus terribles que celles de leurs victimes, les voleurs devraient soulever le poids de tout ce qu'ils avaient dérobé, sans espoir de rédemption. Cependant, il ne s'agissait pas là d'un simple geste de cruauté car Plutos tenait à effrayer les vivants afin de faire naître la crainte chez eux, les empêcher de pécher, et ainsi les rendre meilleurs. Evidemment, quelques problèmes majeurs firent leur apparition : Comment créer un tel endroit ? Non seulement il faudrait une main-d'œuvre conséquente .. mais la mise en place prendrait aussi des années voire des siècles. Comment mettre en place un tel système ? En effet il s'agissait d'avoir une influence sur la mort elle-même.. Plutos devait acquérir du pouvoir, mais encore une fois, comment ? Il chercha dans les livres les différentes définition de « dieu ». Il retombait sur la généralité : « être immortel et indestructible ».. il lui fallait donc dépasser les limites de la chair avant même d'espérer mettre son plan à exécution.

L'âme est loin d'être un terme abstrait dans notre monde, en effet, plus qu'une balance à pureté, elle est devenue pour certains sorciers, à toutes époques, une véritable matière première. Ainsi la nécromancie, la felmagie même, reposent souvent sur un usage de la manipulation d'âme -d'un côté en la transférant dans un corps inanimé et de l'autre dans des réceptacles semblables à des cristaux-. Les recherches de Plutos avaient commencé dans ce sens là. Associant cette magie interdite au contrôle mental -accessible malgré la différence de vocation pour un virtuose comme lui-, mon partenaire avait mis en place une thèse afin de se désincarner et de pouvoir transférer son âme dans des corps, le tout s'apparentant à une possession très élaborée. Le seul inconvénient était que lorsqu'il usait d'un tel sortilège, primo, son corps était fortement exposé, secondo, tous les hôtes n'étaient pas adaptés pour recevoir son âme. Il appris rapidement que l'idéal serait d'utiliser un membre de sa famille, partageant le même sang. Pathos, son jeune neveu fut le premier véritable récipiendaire de l'âme de Plutos. Redoublant de prudence, il avait aussi enfermé son corps dans un tombeau, près de la résidence familiale. Avec de telles précautions, il était désormais -presque- intouchable.

Pendant ces dix années de voyage, nous avions rencontré et aidé des centaines de personnes, toutes plus ou moins reconnaissantes, bien qu'ignorant la véritable nature de Plutos. Celui-ci décida d'en profiter, nous avons refait tout ce chemin dans le sens inverse et c'est dans le corps de Pathos que mon partenaire s'est présenté comme l'avatar d'une divinité salvatrice. Une bonne partie le soutint, voyant en lui un guide capable de purifier ce monde injuste. Tout se déroulait comme prévu, saisissant les pioches et les pelles, tous ces ouvriers improvisés, poussés par le charisme de Plutos, commencèrent à creuser, partant du sous-sol d'une petite église perdue dans la forêt du domaine des Ciayter. Etait-ce une forme de manipulation ? Difficile à dire. Tandis que ce nouveau monde naissait lentement mais sûrement, mon partenaire ne cessait d'étudier, de chercher ses limites pour pouvoir les dépasser. Il s'était rendu compte que son statut de non-mort, même dans un autre corps, le rendait vulnérable face à certaines formes d'énergie, lumineuses notamment. C'est ainsi que dans sa quête, il s'était entouré d'un certain nombre d'alliés et avait même pactisé avec la Grande Ombre. Mais là n'étaient pas ses seules préoccupations, il lui fallait aussi faire perdurer sa famille et trouver un lieu plus stratégique et sûr pour cacher son corps d'origine.

par Aspée Jeu 2 Mai 2013 - 2:28

V - Terreur et Guerre

Plus d'un siècle s'était écoulé, Plutos ne devait pas bien se rendre compte de ce qu'il était en train de devenir, les hôtes s'étaient multipliés, tout comme son expérience. Sa paranoïa l'avait complètement transformé, il rendait justice lui-même, se renseignant en permanence sur le monde de ceux qu'il nommait désormais « mortels ». Il condamnait parfois des meurtriers ou des voleurs à des souffrances sans fin, en permanence surveillés par ses fidèles qui le vénéraient (certains étaient même nés aux Enfers). Afin de gagner en légitimité, mon partenaire avait aussi crée et offert des artefacts à ses sujets. Ceux-ci étaient directement liés à son âme : Un orbe de divination, un anneau de pouvoir et un casque capable de rendre invisible -par illusion- quiconque le portait. Il m'avait moi-même doté de nouveaux pouvoirs, et je devenais de plus en plus célèbre au sein des Enfers. Certains m'appelaient « épée invisible » car j'étais capable de disparaître et de réapparaître à ma guise, ou encore « épée des illusions » parce que je pouvais désormais prendre des formes selon les désirs de mon utilisateur.

«Parfois ce sentiment de terreur engendrée est exaltant, je dois l'avouer. »

Bientôt, cette renommée souterraine gagna la surface, en mal. Plutos, qui estimait être le seul guide de l'espoir déploya son armée afin de se débarrasser des autres cultes. Bien-sûr il les avais largement sous-estimés et c'est il y a deux-cent ans qu'une véritable guerre sainte eue lieu entre le clergé de la Lumière en Lordaeron et les troupes des Enfers, d'un côté dirigé par la grande Prêtresse Tyrcelia, une jeune femme pure et aimante, et de l'autre un Plutos avide de pouvoir. Après de longs mois d'affrontements -plus ou moins directs-, la prêtresse avait finit par libérer l'hôte de l'emprise de Plutos et avait mis fin à cette guerre en mettant en échec toute son armée. Ironiquement.. même si mon partenaire avait considérablement changé depuis son « ascension divine », il restait le même avec moi, et nous discutions toujours, même plongés dans les ténèbres. Après tout, ce n'était pas à moi de juger ses actes, il restera toujours mon unique ami.

« Après tout, je suis une épée et non une balance. »

Je sais bien que tu n'es pas, et que tu ne seras jamais Plutos, mais tout en toi me rappelle le jeune homme que j'avais rencontré il y a déjà plus de six siècles. Pur, sensible, peu sûr de lui. C'est peut-être pour cela que je suis resté avec toi, que j'ai cherché à te parler en te voyant pleurer devant ta propre œuvre, tu as résisté à la domination mentale de mon ami et peut-être qu'à ton contact, l'âme de Plutos changera, redeviendra comme avant, il est toujours possible de revenir en arrière. J'observerai ce combat qui t'oppose à la réincarnation de la Némésis de mon partenaire et à ses paladins et prêtres. Sache que même si tu te dois d'affronter ta propre sœur et ton ami d'enfance, tu n'es pas seul, tu pourras m'utiliser autant qu'il te plaira, tout comme tu disposes des forces de Plutos.

« Aie confiance en tes convictions.. Roland. »

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Notes importantes :

. Pour ceux qui n'auront pas compris, depuis le départ l'épée parlait à Roland, qui est resté un certain temps l'hôte de Plutos.
. Certains Lordaeronnais auront pu entendre parler de Plutos, et certains livres parlent de son histoire, mais le considèrent comme mort lors de son affrontement avec Tyrcelia, et il n'est vu que de manière négative.
. L'épée de Plutos est relativement connue -pour ceux qui auront entendu parler de celui-ci bien-sûr- mais personne n'est censé savoir qu'elle était douée de conscience.
. Plutos, dieu ou faux-dieu ? Si on considère qu'un demi-dieu est capable de vivre sans enveloppe charnelle et dispose d'une certaine influence sur le monde, même en tant qu'esprit, on pourrait le ranger dans cette catégorie, sinon, Plutos est juste un non-mort très influant.
. Une Guerre Sainte ? Où ça ? Quand ça ? Je dois avouer que j'ai pris une grosse liberté de ce côté.. enfin, ça n'était pas une véritable guerre de grosse envergure, juste quelques petits conflits sur une longue durée.

Bref, ce fut quelque peu délirant *tousse* je l'avoue, mais merci d'avoir lu !