Le bruit et la fureur [/!\-12 ans]

[Attention ! le texte suivant contient des scènes violentes qui peuvent choquer les petits enfants qui liront.]

(--> Petite musique pour illustrer ! https://www.youtube.com/watch?v=TG9-j3eevL4)

"Dans ma tête, les champs de bataille brassés par les obus et la Horde, vibrent encore. Les images de l'enfer explosent entre mes tempes, et la guerre en Pandarie resurgit. Le ciel qui déchaine son orage d'acier décimant les troupes comme du blé sous une serpe, me serrent l'estomac. Nos chars à vapeur explosent, des formes en sortent, gesticulant, en flamme, leurs hurlements hérissent les poils de tout mon corps. Les déchargent explosives frappent au hasard, je vois mes camarades démembrés être projetés dans les airs comme des pantins désarticulés au rythme des explosions..."

Grimell fixe le fond de sa choppe dans une taverne d'Hurlevent, profitant de trois jours de permission. Il fixe, les larmes aux yeux. La guerre en Pandarie est une pieuvre qui, fixée derrière votre crâne, vous consume et ne vous lâche pas.

"Ouais je te l'ai dit ! c'était vraiment un gros tas hahaha..." crie un ivrogne au comptoir.

"Un tas...." Murmure Grimell, qui se repasse le mot encore et encore, la vision d'un charnier durant l'affrontement contre les Klaxxis. Un tas de corps morts, des troupes de l'Alliance, la plupart le visage déchiré, les membres arrachés, brûlés ou décharnés... des lances sont plantés dans les corps, des têtes gisent ça et là, vous fixant. Parmi la boue gluante qui ne vous lâche jamais, des formes.... On marche, essayant de ne pas laisser sa chaussure coincée. Ici, un visage humain sort du sol, les yeux fermés. Là, un bras tendu et rigide dépasse, les doigts crispés... des cadavres nourrissent la boue, et il n'est pas rare qu'un obus retournant la terre fasse jaillir des corps putréfiés..
Les Hommes brûlent les corps, Grimell s’assoit sur un tronc d'arbre déchiré, et regarde une jeune recrue à genoux, sanglotant, criant, maculé de sang et de terre, le jeune Wallace, méconnaissable.
Grimell n'entend rien, il est devenu sourd pendant la bataille... la tête entre ses mains, lui aussi, laisse quelques larmes dessiner une crevasse sur son visage boueux.

Le long d'une rivière, le peloton marche. La Horde aurait été vue, préparant du matériel. L'assaut sur eux devait avoir un effet de surprise, mais ce fut l'inverse... La Horde attendait déjà, mieux préparée et mieux armée. Les Orcs sur leurs loups jaillissent de la forêt pour se jeter sur les soldats, déchirant leur tête, arrachant la moitié de leurs corps en une seule morsure. On ordonne un ordre serré, parmi le massacre, l'opération est brouillon, personne n'entend, personne n'écoute.
Le fer se croise, les têtes volent, les bras tombent comme des branches mortes. Des cris, qui glacent le sang, puis la terreur, la fureur, la mort. Grimell voit le jeune Wallace, hurlant, se faire dévisser le crâne par un Tauren, puis se faire jeter comme une poupée de chiffon sur le côté dans un jet de sang. Le Tauren fonce sur Perseus, sa hache à la main. Il dépasse de deux tête la foule en guerre.

"Bon dieu... il est immense. Si puissant."

Le coup de hache à la verticale est esquivé, puis l'horizontale. Creusant la terre dans un tremblement et une projection de pierre aveuglante. Encore un coup, puis un autre, Perseus ne pourra esquiver à l'infinie, il tire une, puis deux, puis trois balle de son .700 nitro express, le Tauren encaisse, le sang gicle. Le foi a été touché, même si Perseus meure, le Tauren crèvera dans 20 minutes... le plat de sa hache percute Grimell qui s'envole contre un arbre, se fêlant 2 côtes et l'humérus, fendant son armure comme une vieille souche.
Une explosion de phosphore soulève la terre et les corps dans l'enfer du combat, le Tauren est séparé en deux, les morts comme les vivants prennent feu, Horde comme Alliance, c'est une hécatombe. Les Hommes se massacrent entre eux, il n'y a plus de règles. "Des bêtes sauvages..." Perseus est soufflé par l'explosion, la moitié du corps en flamme, et vient s'écraser sur les rochers en amont de la rivière...

Une équipe de secours viendra les chercher plus tard, et ils ne trouveront qu'une rivière rouge souillée par des corps, des boyaux, des cerveaux tachants les pierres et des crânes ouverts. La moitié supérieure du corps d'un Soldat humain gît sur le cadavre décapité d'un Troll. Le feu brûle une partie des corps, sous les arbres fendus, vomissant de la cendre. On retrouvera même un corps perché au sommet d'une branche... Un Nain, autrefois roux, marche comme un fantôme au milieu des corps, perdu, muet, sourd, les renforts lui parlent, l'ausculte, il fixe un corps au sol, amorphe... Il est le seul survivant.


Dans l'auberge, Grimell se tient la tête, et il sanglote doucement, car la pieuvre, elle, ne le lâchera jamais. Chaque mot qu'il entend est un prétexte inconscient pour repenser à l'enfer, chaque geste lui rappelle un mort, chaque visage celui d'un cadavre, chaque regard, celui d'un corps vitreux.

Un claquement de pétard est une explosion qui déchire le ciel et la terre lui crispant tous les muscles, cherchant à voir d'où vient le bruit comme un chien à l'affût d'un bruit suspect.

Une épée à la ceinture d'un Noble n'est qu'une lame qui attend de le transpercer, qui le fixe, menaçante.

Une monture volante n'est qu'un tueur le survolant pour vomir ses obus sur lui...



Le calme est angoissant, il est faux, il est vrai ? personne ne meure, pas de tir, pas d'explosion, Grimell ne dort plus la nuit, il attend le coup de sifflet pour monter à l'assaut. Au final, il est resté en Pandarie. C'est peut être ça, le traumatisme.