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Histoire grasse d'un combat en Pandarie

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Histoire grasse d'un combat en Pandarie Empty Histoire grasse d'un combat en Pandarie

Message par Frédéric Husserl Dim 27 Oct 2013 - 1:58

Wallerand gouvernait une petite localité située à l'extrême-est des Carmines. Il s'agissait d'un village et de deux mines de fer enclavés entre les montagnes ocres et asséchées de la Région. Le vent chaud des Steppes Ardentes installait là-bas un climat assoiffant, d'où certainement le caractère prospère de la fabrique d'hydromel  qui, si elle n'exportait pas, abreuvait au moins tous les habitants de la localité en alcool bon marché. Quelques ruches parsemaient le versant des collines tourné vers le Sud, et ce afin d'éviter une contamination trop importante du miel par les minéraux des régions volcaniques du Nord.  
Le village lui-même n'était pas très grand : il s'agissait en réalité d'une vingtaine de bâtiments, qui abritaient tous entre deux et dix personnes. Certains avaient au rez-de-chaussée diverses échoppes : le comptoir d'hydromel, le magasin d'un chasseur-pêcheur-cueilleur, ou bien encore une modeste auberge - qui vendait elle aussi ce foutu hydromel. Et enfin, au Nord du village, séparé de celui-ci par un imposant jardin gardé, se trouvait la demeure de Wallerand. Le brave homme qui approchait de la dernière danse aimait en organiser dans l'imposante longère qui servait d'hôtel de ville, de mairie, de résidence du maire et de salle de spectacle. Ce soir-là, c'était un simple dîner avec les notables de la ville.

La table était dressée de façon très simple : la dizaine d'individus étaient répartie équitablement tout autour de la table ronde. il y avait une nappe, dans laquelle les hommes s'essuyaient les doigts - ils n'avaient pas de couvert - ou se mouchaient. Le plat principal était simple ; il s'agissait de viande de porc arrosée de sauce aux girolles - et d'hydromel - servie sur de larges tranches de pains qui servaient d'assiette puis qui seraient dévorées à la fin ; rien ne se perd. L'hydromel coulait à flot, mais dans un seul gobelet : chacun buvait dans le même récipient, respectant ainsi une vieille tradition née de la peur de l'empoisonnement.

Wallerand discutait évidemment des affaires du Royaume auquel il appartenait. Certes son village était riche grâce à l'autosuffisance et aux exportations de fer. Les jardins étaient tout neufs et resplendissants, et les agents des impôts redoutaient le voyage épuisant jusqu'aux montagnes de la petite localité, et n'était pas très regardant sur la tenue des comptes. Quelques pièces dans une poche alors qu'on en traîne une centaine dans un coffret peuvent être d'une grande aide, de ce côté-là.
Wallerand avait convoqué ce soir-là à la longère les plus éminents habitants du hameau, qui étaient devenus riches grâce à l'appui généreux du maire. En effet, gagner de l'influence économique était facile, il suffisait juste de tirer sur les bonnes ficelles. Ils étaient tous amis.
Wallerand leur parlait en des termes qui paraissaient flous mais beaux ; comme le reflet vicié d'une jeune fille au travers d'un vieux miroir. Il parlait d'indépendance, de richesse, de cacher des choses. Personne ne comprenait grand chose mais tous approuvaient vigoureusement : personne n'irait venir se perdre jusque chez eux pour mettre au point quelques broutilles qui représentent un bout d'ongle du géant qu'est le Royaume de Hurlevent. Tout cela avait commencé il y a quelques mois, où les comptes de l'hydromellerie avaient été falsifiés pour permettre à la communauté la construction de ruches supplémentaires. Ensuite, c'était la route qui avait été rendue impraticable afin de mettre à mal le projet d'installer un poste de soldats auto-suffisant pour surveiller la frontière Nord. Quelques critiques avaient fusé, vite éteintes par la perspective d'avoir une dizaine de soldats ivres grouillant chaque soir dans les rues du village.
Aujourd'hui, le sujet était d'une importance toute autre. Il s'agissait, en échange de l'assurance de ne pas être dérangé et d'un certain nombre de pièces d'or - la somme était encore à définir - de laisser passer et de préparer l'avancée de raids orcs dans les Carmines, afin de faire jonction avec les camps déjà installés au fond de la cuvette. La discussion avait bien avancé au fil des vivres consommés et des mets bruyamment régurgités contre les murs. Un homme se moucha entre les doigts et rit de bon cœur à une blague de Wallerand, humour alimenté par une perspective de richesse pour la communauté. Toute la nuit, la fête allait battre son plein.

Lorsque les hommes de cuir pénétrèrent la longère silencieuse en retirant la lourde barre qui fermait la porte depuis l'extérieur, l'aube allait poindre. En poussant la porte, une forte odeur de viande fumée se heurta à leurs masques bruns. L'un d'eux se détacha du groupe qui fouilla le bâtiment plongé dans l'obscurité, et alla vérifier l'état des cadavres. Le gobelet commun avait parfaitement rempli son rôle, et chacun des convives avait le visage violacé et la langue noirâtre et affreusement gonflée. Wallerand avait la main tendue vers le pichet, n'ayant pas pris conscience que la source même du mal. Les autres étaient étendus un peu partout dans la pièce, aplatis contre les murs, les fenêtres ou les différentes portes qui avaient toutes été verrouillées depuis l'extérieur.
L'homme nota le mouvement de panique qu'avaient eu les convives devant le premier empoisonné puis en prenant conscience qu'ils avaient tous été condamnés par ce qui était censé les préserver de l'arme des femmes, comme on disait à Hurlevent. Une voix le fit se retourner :
"- Monsieur, appela un soldat en cuir en s'avançant vers celui qui semblait être son chef, les domestiques se sont retranchés dans leurs quartiers, on leur a mis la main-dessus. Il y avait deux empoisonnés avec eux ; ils ont dû boire dans le pichet pour goûter. Qu'est-ce qu'on en fait ?"
- L'objectif est de faire passer ce crime pour ce qu'il n'est pas, répondit l'homme. L'empoisonnement est l'arme des faibles, les orcs ne sont pas connus pour ça. Faîtes emmener le corps, et on fait comme on a dit."

Il sortit suite à cela, et fit signe à ceux qui surveillaient l'extérieur d'emmener le corps du nécromancien à l'intérieur. Les populations du visage n'étaient pas forcément éduqués, et le poison venant de secrets herboristes du Nord du Viaduc de Thandol allait facilement être confondu avec un sort d'une magie bannie et condamnée ; l'aspect horrible des cadavres suffisait à provoquer la peur qui embrumerait leur sens de la réflexion. On lui avait toujours dit que la peur était bonne car elle stimulait les réflexes et l'intelligence ponctuelle, alors que la terreur était mauvaise car provoquait un engourdissement physique et intellectuel. Cependant, il avait pu s'apercevoir que cette théorie était bonne individuellement, mais que la peur en effet de groupe avait les propriétés de la terreur, car tous puisaient dans la peur de l'autre pour alimenter la leur.
Il entendit les cris et les bruits désagréables du fer s'enfonçant dans la chair. Quelques minutes après, les hommes sortirent et se dirigèrent sans un mot de là où ils étaient venus, dans les montagnes, prenant bien soin de camoufler leur passage et de mettre à sac la demeure - avec grand fracas.
Les lumières des maisons s'allumèrent. Le chef du groupe passa la tête dans l'entrebâillement de la porte, et avisa la scène de chaos : tout avait été détruit, les cadavres empoisonnés gisaient dans leur horrible posture et les domestiques avaient été sauvagement assassinés.  Les soldats avaient bien pris soin de laisser quelques indices, en plus du cadavre de nécromancien orc, laissant deviner une intrusion de peaux-vertes depuis les collines du Nord. Satisfait de ce travail de boucher-chirurgien, il rejoignit le groupe qui disparaissait dans les collines avant qu'elles ne soient éclairées par le soleil éphémère naissant.  

De retour dans la cabane d'où il recevait ses ordres de mission, le chef du groupe se prépara un repas simple, fait d'un lapin fraîchement chassé et d'une pincée de sel qu'il considérait comme la juste récompense du travail de reconnaissance et d'action qui l'avait occupé plusieurs semaines dans le climat hospitalier de la frontière entre les Steppes et les Carmines. Désormais, Wallerand ne constituait plus une menace pour l'intégrité du Royaume et les habitants du village allaient apprendre à se méfier des orcs, voire à les chasser : Wrynn avait encore gagné contre la dissidence et la région était sauve pour un bon bout de temps ; de plus l'exemple du massacre commis par les orcs sera rapidement relayé par les médias qui diaboliseront les créatures en présentant Wallerand comme un chef de communauté mature et accompli, fervent patriote. Ainsi, beaucoup réfléchiront  à deux fois avant de s'allier avec ces sauvages.

L'on frappa à la porte. L'homme alla ouvrir pour trouver à ses pieds une naine bourrue, qui le poussa sur le côté alors qu'elle entrait pour enlever ses bottes et réchauffer ses pieds aux senteurs hasardeuses. Le discours qui en suivi fut bref, et adepte du secret. Elle lui laissa un choix, et alors qu'il lui ouvrait la porte au sortir, elle plongea sa main dans son veston et en sortir un petit objet puant.
L'homme l'attrapa entre ses doigts gantés et le retourna sous toute les coutures, laissant son invitée s'en aller. Il s'assit dans l'herbe givrée et observa les montagnes enneigées qui tranchaient le drap céleste.
Le temps passa. Il s'endormit, puis se réveilla frigorifié, alors il rentra pour raviver le feu et il s'endormit à nouveau.
Le lendemain matin, il sortit pour récupérer l'objet puant laissé au sol. Il sentait toujours aussi mauvais.
Frédéric écrasa avec conviction le bout de cigare aux champignons verdâtre, et alla rassembler ses affaires. Il ne laissa qu'un mot sur son lit au cas où un voyageur trouvait la cabane. Le mot n'était ni désagréable, ni accueillant : les phrases n'étaient pas espacées, le style était pataud et les coquilles nombreuses : qu'importe, ce n'était qu'un message.

Il sortit avec deux sacs sur le dos - un sur chaque épaule.

Frédéric Husserl
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Message par Frédéric Husserl Mer 6 Nov 2013 - 13:14

"Nous ne nous préoccupons pas du changement, des transformations bénéfiques ou non, de l'évolution de ce que nous défendons, car une société qui n'évolue pas est condamnée à l'échec. En revanche, nous nous en préoccuperons si cela conduit à un risque significatif de systémolyse."

Le pied de l'homme s'était coincé entre deux racines dissimulées par la neige molle. Il avait plu en fin d'après-midi, et au lendemain matin, tout le paysage était couvert d'une espèce de mélasse désagréable recouverte d'une fine couche de poudre blanche due aux légères précipitations du début de journée. Il continuait de neiger, de plus en plus fort, mais l'homme continuait d'avancer : l'on avait besoin de lui plus au Sud, et lui avait très certainement besoin d'eux.

"Nous ne nous préoccupons pas des batailles de pouvoir. Qu'importe qui nous donne les ordres, l'important est qu'ils soient accomplies. En revanche, nous nous en préoccuperons si cela conduit à un risque significatif de systémolyse."

Après avoir dégagé son pied du nœud de bois, la marche reprit. Sur son dos, il n'y avait qu'un sac : l'autre avait été happé par une crevasse impromptue, engouffrant par la même occasion la moitié de ses vivres. Au moins le trajet se faisait-il avec plus d'aisance désormais, si l'on ne comptait pas la sensation nauséeuse tenace qui occupait sa poitrine, les grognements colériques de son estomac et les batailles livrées par ses intestins tiraillés par la faim, ou bien cette faiblesse de plus en plus présente dans ses jambes.

"Nous ne nous préoccupons pas des intérêts personnels de chacun. Cela ne nous concerne pas, car tout le monde cherche à avoir un avantage. En revanche, nous nous en préoccuperons si cela conduit à un risque significatif de systémolyse."

Au loin, derrière cette lignée de sapins orgueilleux dans la façon dont ils se dressaient, retentirent de longs hurlements lupins. L'homme ne s'en préoccupa pas, car ils étaient trop éloignés pour représenter un danger immédiat. Néanmoins, il étreignit machinalement le fusil solidement sanglé à son dos, comme pour se rassurer de sa présence. L'arme le suivait depuis la guerre contre le Fléau et la fuite de Lordaeron ; sa disparition aurait signifié la fin de tout un monde de sentiments et de symboles et la venue d'un autre univers plus froid, plus pragmatique, plus impitoyable.

"Nous ne nous préoccupons pas de ce qui ne nous est pas ordonné de faire. Nous n'avons pas la capacité réflexive nécessaire pour savoir ce qui est bien, ou mal, car là est notre combat : Nous travaillons pour le bien, représenté par le Lion de Wrynn. Et en cela, nous devons lui obéir et seulement lui obéir. En revanche, nous nous préoccuperons de ce qui n'est pas spécifié seulement et seulement si cela conduit à un risque évident de systémolyse. Et j'insiste sur le critère de l'évidence, messieurs."

L'homme accéléra le rythme alors que les flocons se faisaient plus agressifs. Son visage, protégé par un châle noué solidement, ne sentait pas la morsure cristalline des intempéries mais subissait à grosses gouttes les changements brutaux de température à chaque fois qu'un obstacle naturel brisait l'élan du vent, dans ce paysage inégal, déchiqueté par un climat qui aurait pu façonner cet espace en le croquant d'une bouchée monstrueuse. Il n'était pas aisé d'y progresser, car les congères étaient nombreuses et chaque pas risquait d'entraîner l'individu dans une crevasse, un abîme inexploré et définitif, ou bien dans la tanière d'une bête sourde et définitivement trop dangereuse pour l'homme.

"Préoccupez-vous des ordres que vous recevez. En revanche, ne vous en préoccupez pas s'ils conduisent à un risque significatif de systémolyse."

Lorsque le grognement le prit par surprise, l'homme se tourna immédiatement sur sa gauche, balayant la neige du pied droit, de façon à se placer face au danger, le fusil déjà dans les mains. La sensation douloureuse du métal froid sur sa peau fut annihilée par ses gants de cuir rapiécés, alors qu'il abaissait le chien de l'arme de façon méthodique, ses yeux cherchant encore à distinguer dans cet enfer blanc la menace immédiate dont il allait avoir à se défendre. Rapidement, il repéra la forme nerveuse et colérique, griffes dehors, le pelage immaculé si ce n'est de taches noires sur les flancs : l'animal était une femelle, et le voyageur devait avoir marché trop près de son espace domestique aussi inconfortable ait-il pu être.

"Préoccupez-vous du danger. Ne faîtes jamais rien de stupide. En revanche, ne vous en préoccupez pas si ce danger conduit à un risque significatif de systémolyse."

L'homme visa les nuées et appuya sur la détente. La détonation éclata à ses oreilles, brisant le silence sourd qui régnait dans cette partie gelée d'Azeroth. La bête s'enfuit sans demander son reste, effrayée par le feu et le bruit semblables à l'arrivée d'un quelconque Dieu sur la terre des mortels. Le tireur tituba un peu et tomba dans la neige, se relevant avec une nausée décuplée qui n'hésita pas à colorer la neige à ses pieds. Il resta là un moment, le sac ayant glissé au sol, le fusil dissimulé dans la poudre blanche qui l'avait accueilli à sa chute.

"Avez-vous des questions ?"

Une rafale de vent changea encore une fois le paysage. On n'entendait plus rien, si ce n'est le son artificiel des suites et conséquences de l'explosion. Rien n'osait bouger, si ce n'est les arbres qui tremblaient, la terre qui se modifiait sans cesse. Le monde semblait basculer, hésitant de quel côté tomber. L'homme tremblait.

"Oui. Qu'est-ce que la systémolyse ?"

Il tombe à genoux et ouvrit son sac. A l'intérieur, de la viande séchée trempée dans des bocaux de miel - sa nourriture depuis quatre ou cinq jours, il ne se souvenait plus très bien quand l'autre sac avait sombré - fit encore une fois office d'une maigre collation. En se relevant, le soleil semblait de nouveau à sa place, le monde s'était arrêté de tourner. Il était plat et immobile dans la moiteur hivernale, comme il devait l'être. Une grande respiration plus tard, la marche reprit. Et quelques pas plus loin, une autre détonation retentit, plus éloignée ; la balle l'atteignit en plein visage.

"C'est la mort du système".

Il s'effondra.

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Message par Frédéric Husserl Ven 27 Déc 2013 - 14:39

La jeune femme avançait dans un paysage idyllique, lentement, sa robe effleurant avec la délicatesse de la soie les fleurs aux larges boutons jaunes qui parsemaient le champ. Le ciel était d'un bleu pur et limpide et trônait en son centre le soleil, large boule de lumière qui réchauffait et éclairait les vivants. Au loin, des montagnes foncées traduisaient la présence de collines boisées et leurs sommets blancs appelaient à des jeux enneigés suivis de moments de réconfort et de repos dans la chaleur moite d'habitations en bois.
La jeune femme, elle, restait floue. Si ses gestes étaient précis et splendides, son apparence était jaunie, tachée, encrassée par le temps qui passe. Elle était imprécise mais restait un parangon de beauté et de superbe, ne répondant plus aux critères esthétiques des vivants. Dans cet univers, elle était magnifique aux yeux de tous.
Et elle l'était particulièrement aux yeux de l'homme qui la regardait, immobile. Il portait une armure de cuir et un fusil dans le dos, mais il avait du mal à voir : ses yeux étaient couverts d'un voile écarlate dû à la blessure qui avait emporté une partie de son visage. Il tendait les bras, conscient du paradis qui s'étendait autour de lui et de la promesse qui s'avançait, mais ne saisissait aucune précision. Il était juste heureux et resterait ici, saoul d'un bonheur simple.
Le temps passait, inextinguible et inaltérable, et la neige des sommets fondait puis faisait place à de nouvelles couches ; le soleil semblait se coucher, mais remontait inexorablement pour recommencer le même manège à un autre point cardinaux, illuminant la plaine fleurie d'une lumière douce et bienveillante à chaque moment. Les fleurs bourgeonnaient sans interruption, répandant un parfum agréable aux narines même des plus odieux, et la jeune femme s'approchait de l'homme immobile.
Lorsque, ce qui semblait des années plus tard, elle l'avait atteint, elle se serra contre lui et le soldat crut mourir de bonheur.

Et c'est à cette mort spirituelle qu'il s'éveilla en hurlant, dans une cabane simple, sombre et silencieuse. Il secoua la tête pour disperser ses souvenirs embrumés de sommeil, et tente d'agripper son fusil, mais sa main ne rencontra que les poils doux de la peau de chèvre sur laquelle il était couché, à même le sol. Ne reconnaissant pas l'endroit, il le parcouru rapidement des yeux en notant les détails importants : l'endroit était composé d'une pièce unique agrémentée d'une cheminée où l'âtre était éteint mais encore fumant ; les seuls meubles étaient un lit bas dénué de matelas - composé d'une simple couverture et de paille - une table et sa chaise, deux armoires grossièrement fabriquées à l'aide de planches et un râtelier situé à côté de la porte où trônait son ceinturon avec ses lames, son fusil ainsi qu'un arc courbe et son carquois. Il n'y avait pas de fenêtre, aussi l'homme se leva-t-il pour atteindre la cheminée et pencher la tête pour espérer apercevoir un raie du lumière. Seulement, en se levant, la tête lui tourna et il s'effondra au sol, renversant la chaise au passage. Tout s'assombrit dans son esprit à peine réveillé, et une douleur sourde l'atteint au visage, tétanisant ses muscles et faisant papillonner ses yeux. Sa dernière vision de la réalité fut celle de la porte qui s'ouvrait, inondant la cabane de lumière.

Lorsqu'il se réveilla, ce fut pour saisir la vision d'un gros homme poilu, accroupi au-dessus d'un seau, qui s'essuyait le postérieur avec des feuilles trempées. Les deux individus se regardèrent, et le plus occupé finit tranquillement sa besogne avant de jeter le papier mouillé inutilisable dans le récipient qu'il mit dans un coin, avant de prendre la parole.
"- J'ai lu les feuilles - les rapports. Vous savez, je sais lire mais ce que je lis habituellement, je le connais par cœur. C'est qu'il n'y a pas beaucoup de bibliothèques, à la ronde. Et comme je sais désormais ce qu'il y avait d'écrit sur ces feuilles - nous n'en parlerons pas, promis - j'ai décidé de les faire disparaître de manière utile. Les gens pensent que la papier brûle, mais immergé dans de l'eau pendant plusieurs heures, puis séché et enfin mouillé à nouveau, il fait un très bon papier pour s'essuyer le derrière. Moi je n'en ai pas, la ville la plus éloignée étant à deux jours de cheval au moins. Et je n'ai pas de cheval. Je ne sais pas bien qui vous êtes, et je ne cherche pas à le savoir : je ne suis pas venu ici par curiosité, vous vous en doutez bien.
- Oui, réussit à balbutier le blessé, un peu étourdi par le débit de parole et la voix fluette inimaginable qui sortait du gosier de ce stéréotype vivant de coupeur de bois nordique.
- Vous souhaitez savoir comment je vous ai trouvé ?"
Il hocha la tête.
"- Vous étiez allongé dans la neige, juste en dessous de la grotte - c'est ma grotte ici, les planches de bois sont juste là pour l'isolation, et me faire moins ressembler à un ours, déclara-t-il avec un rire gras contrastant avec la légèreté de sa voix. Et, et puis, vous vous êtes esquinté le visage sur une pierre, en tombant, je suppose. Je vous ai soigné - vous inquiétez pas, c'est juste une écorchure, la chair de la joue est partie. La joue gauche. J'ai fait de mon mieux, ça présentait pas bien mais c'est en cours de guérison.
- Oui ", articula de nouveau le blessé.

Il s'endormit à nouveau, et rêva encore, puis se réveilla, se coucha à nouveau, et les jours passèrent.

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