Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
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Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Début de l'an 34.
Cled Netty était vêtu d'une armure d’apparat, le tout sobrement dissimulé par un long manteau brun. Un long capuchon couvrait sa tête.
Estoc, son destrier, foulait les pavés terreux du chemin qui menait à Comté-du-Nord. Il levait régulièrement ses iris bleus sur la forêt et ses alentours. Une once d'inquiétude pesait sur les épaules du blond.
Ses mains se crispaient lentement sur la bride d'Estoc. Voilà qu'il achevait son court périple nocturne, pour pénétrer enfin dans le Comté. Il descendit de sa monture, prestement.
Il leva son capuchon, et fit un signe de salut respectueux, aux gardes locaux. Ceux-ci parvinrent à le reconnaître sans grand mal, lui qui fut durant un temps un habitué de l'abbaye.
Il passa dans le grand hall, dans un cliquetis métallique. Son regard vagabondait sur les murs froids décorés des beaux lions d'ors sur fond bleu. Il leva le menton, dignement, alors qu'il passait dans la salle à mosaïque, le centre de l'abbaye. Il s'agenouilla, lentement, et posa sa lame sur le sol orné de motifs mystiques.
Il revoyait son Maître, agenouillé là, qui priait à ses côtés. Il récita à voix basse, sans que son regard ne puisse se décrocher de la place à laquelle le mentor se tenait voilà quelques semaines.
Il se releva, et accrocha sa lame sur son ceinturon. Il s'enfonçait dans les quartiers plus discrets de l'abbaye. Montant marches, traversant couloirs et vestibules discrets, il songeait, il était autre part.
"Netty, vous voilà enfin." fit un prêtre, sans même se retourner.
Netty hochait la tête, secouant aux passages ses quelques mèches dorées, acquiesçant sans trop d'hésitation notable. Il se concentra.
Le prêtre vint à lui, d'un pas solennel. Il ouvrit un coffret qu'il tenait dans ses mains, pour dévoiler l'objet que Netty était venu chercher.
Un magnifique diadème, à la fois sobre et majestueux, terne et grandiose. Cled ne voulait pas cet objet pour l'apparat, non.
Il était venu jusqu'à ce diadème pour sa fonction d'artefact.
" Gare à vous, Cled Netty. N'utilisez jamais votre don à mauvais escient. Cet objet est puissant, et lorsqu'il embrasse un front, il peut vite rendre trop confiant ou téméraire certains chevaliers de lumière."
Le blond opina à nouveau. Il avait entendu mille fois ces avertissements, et il était parfaitement conscient de tout cela, en son âme tumultueuse d'apprenti délesté.
Il prit à deux mains le diadème, et le plaça sur son front. Le métal tiède écarta sa chevelure, et se colla à son front.
Il remercia le prêtre et celui-ci le bénit brièvement. Il replaça le capuchon sur sa tête, puis sortit avec impatience de l'abbaye. Il se dirigea vers les mannequin d'entraînement, dégaina vivement, puis incanta à voix haute. Ses paroles brisèrent un instant le silence fortuit de la forêt faiblement éclairée par les rayons lunaires.
Sa paume droite levée, il termina son incantation. Paupières closes, il plissa ses lèvres, inspira à pleins poumons.
Un puissant et spectaculaire flot de lumière fondit sur le bonhomme de bois, brisant un instant l'atmosphère de calme plein de l'endroit. Il rouvrit une seconde ses yeux, pour observer avec stupéfaction le déferlement de son nouveau pouvoir, l'efficacité indéniable du diadème qui ornait son front glacé.
Un sourire triomphal étirait ses lèvres bleutées par le froid mordant de cet Hiver rude en émotions.
Il leva son épée vers les myriades d'étoiles. Celle-ci s'illumina d'une flamme pure et vive, franche et sans craintes.
Tandis que la Lune berçait son visage et le diadème de ses doux rayons, il annonça à haute voix :
"Par la Foi, la Loi, le Roi."
Cled Netty était vêtu d'une armure d’apparat, le tout sobrement dissimulé par un long manteau brun. Un long capuchon couvrait sa tête.
Estoc, son destrier, foulait les pavés terreux du chemin qui menait à Comté-du-Nord. Il levait régulièrement ses iris bleus sur la forêt et ses alentours. Une once d'inquiétude pesait sur les épaules du blond.
Ses mains se crispaient lentement sur la bride d'Estoc. Voilà qu'il achevait son court périple nocturne, pour pénétrer enfin dans le Comté. Il descendit de sa monture, prestement.
Il leva son capuchon, et fit un signe de salut respectueux, aux gardes locaux. Ceux-ci parvinrent à le reconnaître sans grand mal, lui qui fut durant un temps un habitué de l'abbaye.
Il passa dans le grand hall, dans un cliquetis métallique. Son regard vagabondait sur les murs froids décorés des beaux lions d'ors sur fond bleu. Il leva le menton, dignement, alors qu'il passait dans la salle à mosaïque, le centre de l'abbaye. Il s'agenouilla, lentement, et posa sa lame sur le sol orné de motifs mystiques.
Il revoyait son Maître, agenouillé là, qui priait à ses côtés. Il récita à voix basse, sans que son regard ne puisse se décrocher de la place à laquelle le mentor se tenait voilà quelques semaines.
Il se releva, et accrocha sa lame sur son ceinturon. Il s'enfonçait dans les quartiers plus discrets de l'abbaye. Montant marches, traversant couloirs et vestibules discrets, il songeait, il était autre part.
"Netty, vous voilà enfin." fit un prêtre, sans même se retourner.
Netty hochait la tête, secouant aux passages ses quelques mèches dorées, acquiesçant sans trop d'hésitation notable. Il se concentra.
Le prêtre vint à lui, d'un pas solennel. Il ouvrit un coffret qu'il tenait dans ses mains, pour dévoiler l'objet que Netty était venu chercher.
Un magnifique diadème, à la fois sobre et majestueux, terne et grandiose. Cled ne voulait pas cet objet pour l'apparat, non.
Il était venu jusqu'à ce diadème pour sa fonction d'artefact.
" Gare à vous, Cled Netty. N'utilisez jamais votre don à mauvais escient. Cet objet est puissant, et lorsqu'il embrasse un front, il peut vite rendre trop confiant ou téméraire certains chevaliers de lumière."
Le blond opina à nouveau. Il avait entendu mille fois ces avertissements, et il était parfaitement conscient de tout cela, en son âme tumultueuse d'apprenti délesté.
Il prit à deux mains le diadème, et le plaça sur son front. Le métal tiède écarta sa chevelure, et se colla à son front.
Il remercia le prêtre et celui-ci le bénit brièvement. Il replaça le capuchon sur sa tête, puis sortit avec impatience de l'abbaye. Il se dirigea vers les mannequin d'entraînement, dégaina vivement, puis incanta à voix haute. Ses paroles brisèrent un instant le silence fortuit de la forêt faiblement éclairée par les rayons lunaires.
Sa paume droite levée, il termina son incantation. Paupières closes, il plissa ses lèvres, inspira à pleins poumons.
Un puissant et spectaculaire flot de lumière fondit sur le bonhomme de bois, brisant un instant l'atmosphère de calme plein de l'endroit. Il rouvrit une seconde ses yeux, pour observer avec stupéfaction le déferlement de son nouveau pouvoir, l'efficacité indéniable du diadème qui ornait son front glacé.
Un sourire triomphal étirait ses lèvres bleutées par le froid mordant de cet Hiver rude en émotions.
Il leva son épée vers les myriades d'étoiles. Celle-ci s'illumina d'une flamme pure et vive, franche et sans craintes.
Tandis que la Lune berçait son visage et le diadème de ses doux rayons, il annonça à haute voix :
"Par la Foi, la Loi, le Roi."
Dernière édition par Cled Netty le Sam 22 Mar 2014 - 17:18, édité 2 fois
Cled Netty- Citoyen
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Nom de famille: Netty
Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Journée d'aventure, 5ème jour du premier mois de l'an 34.
Touché au flanc.
Netty n'avait pas pris le temps de regarder cette vilaine blessure, qui bavait désormais un sang pourpre sur son armure poussiéreuse. Ce fut un coup d'épée vif, une feinte illuminée, qui avait entamé la peau de sa hanche droite, tranchant son armure à cet endroit-ci. Il chancela.
Dans toute cette agitation, il ne se souvenait même plus des causes de ce duel. Pour quels enjeux l'homme l'avait défié, ou pourquoi lui-même avait accepté.
Un homme brun, barbe longue, un véritable air farouche, trapu, bien que larges d'épaules. Son visage était marqué par trentaine d'années, approximativement.
Les spectateurs ne dépassaient pas la dizaine par leur nombre, et il formait une ronde autour du duel, se reculant d'une distance respectable des deux hommes lumineux, pour éviter d'essuyer une frappe perdue.
"Apprenti du Sire Ozrik, Apprenti du Sire Ozrik...Quelqu'un doit te remettre à ta place ! criait son adversaire, en faisant tournoyer sa grande lame dans les airs, en direction du blond blessé, qui semblait en mauvaise posture.
Son sang coulait le long de ses cuissards, alors que les secondes paraissaient minutes, et les minutes paraissaient heures. Cled se replaça comme il le put, c'est à dire douloureusement, et avec une lenteur qui ne pourrait pas le pardonner.
La lame de l'autre paladin voltigeait à nouveau, dans sa poigne vigoureuse. Il le frappa à l'épaule. Netty pencha de côté, sous le choc qui entaillait sévèrement sa clavicule gauche. Pas même un cri de rage, de douleur, Netty était calme. Mais mieux vaut se méfier de l'eau qui dort, n'est-ce pas ?
Un flash lumineux, trois coups secs sur l'arme de son ennemi, puis c'est un déferlement de puissance lumineuse qui s'abattit sur l'homme qui défiait Cled. Impossible dans cette tempête divine de distinguer la lame qui abattait son courroux. Y'en avait-il plusieurs ? La Lumière matérialisait-elle d'autres lames enflammées ? Aucun observateur ne parvint à le voir, tant le flash lumineux fut un retournement de situation inattendu. Le diadème de l'apprenti rayonnait d'une lumière blanche pâle, Netty se redressait, l'armure ensanglantée, tandis que l'individu qui avait subit sa tempête chutait lourdement au sol, son arme avec lui.
Trois énormes entailles déchiraient son plastron. Des blessures profondes et calcinées étaient distinguables.
Cled lui-même se demandait si c'était bien lui qui avait provoqué cette tumulte de coups flamboyants. La douleur anéantissait le goût de la victoire.
Les spectateurs se ruèrent sur l'adversaire au sol. Celui-ci semblait entre vie et mort, les lèvres tachées par un sang abondant.
"Lui laissez-vous la vie sauve, Sire Netty ? C'était un duel à mort, il ne vous aurait pas épargné, s'il avait été à vôtre place. fit un écuyer du coin, tout en tapotant les blessures ensanglantées du blond, à l'aide d'une étoffe, superficiellement.
- Soignez-le si vous le pouvez. Jamais ma lame n'a souhaité tuer un chevalier de lumière." fit Netty, entre quelques vacillements.
Sa tête tournait, ses jambes tremblaient. Certains prêtres accoururent pour soigner le vainqueur. Mais rien n'y fit. Cled refusait toutes sortes de soins, tant les bandages que les soins sacrés. Il fit volte-face, monta sur Probité, la monture de son vénérable maître, le tout après avoir fait un salut d'honneur. Il continuait son voyage. Cette pause-déjeuner s'était muée en un duel farouche et hargneux. Mieux valait l'oublier, bien que la victoire fut sienne.
Son sang tachait Probité, ce destrier qu'il respectait tant. Il se baissa un instant, pour amener sa main à quelques éclaboussures, essuyant l'armure magnifique de la monture du Sire Ozrik, alors que celle-ci était en plein galop.
Ses veines bouillonnaient, les blessures semblaient s'ouvrir. Au lieu de se redresser sur sa selle, Cled ferma les yeux. Il chuta lourdement, dans un fracas tonitruant, inconscient. Probité stoppa net. Son cavalier était au sol, au milieu du chemin. Son armure couverte de poussière et de sang.
Cled Netty venait de tomber.
Duel au Comté
Touché au flanc.
Netty n'avait pas pris le temps de regarder cette vilaine blessure, qui bavait désormais un sang pourpre sur son armure poussiéreuse. Ce fut un coup d'épée vif, une feinte illuminée, qui avait entamé la peau de sa hanche droite, tranchant son armure à cet endroit-ci. Il chancela.
Dans toute cette agitation, il ne se souvenait même plus des causes de ce duel. Pour quels enjeux l'homme l'avait défié, ou pourquoi lui-même avait accepté.
Un homme brun, barbe longue, un véritable air farouche, trapu, bien que larges d'épaules. Son visage était marqué par trentaine d'années, approximativement.
Les spectateurs ne dépassaient pas la dizaine par leur nombre, et il formait une ronde autour du duel, se reculant d'une distance respectable des deux hommes lumineux, pour éviter d'essuyer une frappe perdue.
"Apprenti du Sire Ozrik, Apprenti du Sire Ozrik...Quelqu'un doit te remettre à ta place ! criait son adversaire, en faisant tournoyer sa grande lame dans les airs, en direction du blond blessé, qui semblait en mauvaise posture.
Son sang coulait le long de ses cuissards, alors que les secondes paraissaient minutes, et les minutes paraissaient heures. Cled se replaça comme il le put, c'est à dire douloureusement, et avec une lenteur qui ne pourrait pas le pardonner.
La lame de l'autre paladin voltigeait à nouveau, dans sa poigne vigoureuse. Il le frappa à l'épaule. Netty pencha de côté, sous le choc qui entaillait sévèrement sa clavicule gauche. Pas même un cri de rage, de douleur, Netty était calme. Mais mieux vaut se méfier de l'eau qui dort, n'est-ce pas ?
Un flash lumineux, trois coups secs sur l'arme de son ennemi, puis c'est un déferlement de puissance lumineuse qui s'abattit sur l'homme qui défiait Cled. Impossible dans cette tempête divine de distinguer la lame qui abattait son courroux. Y'en avait-il plusieurs ? La Lumière matérialisait-elle d'autres lames enflammées ? Aucun observateur ne parvint à le voir, tant le flash lumineux fut un retournement de situation inattendu. Le diadème de l'apprenti rayonnait d'une lumière blanche pâle, Netty se redressait, l'armure ensanglantée, tandis que l'individu qui avait subit sa tempête chutait lourdement au sol, son arme avec lui.
Trois énormes entailles déchiraient son plastron. Des blessures profondes et calcinées étaient distinguables.
Cled lui-même se demandait si c'était bien lui qui avait provoqué cette tumulte de coups flamboyants. La douleur anéantissait le goût de la victoire.
Les spectateurs se ruèrent sur l'adversaire au sol. Celui-ci semblait entre vie et mort, les lèvres tachées par un sang abondant.
"Lui laissez-vous la vie sauve, Sire Netty ? C'était un duel à mort, il ne vous aurait pas épargné, s'il avait été à vôtre place. fit un écuyer du coin, tout en tapotant les blessures ensanglantées du blond, à l'aide d'une étoffe, superficiellement.
- Soignez-le si vous le pouvez. Jamais ma lame n'a souhaité tuer un chevalier de lumière." fit Netty, entre quelques vacillements.
Sa tête tournait, ses jambes tremblaient. Certains prêtres accoururent pour soigner le vainqueur. Mais rien n'y fit. Cled refusait toutes sortes de soins, tant les bandages que les soins sacrés. Il fit volte-face, monta sur Probité, la monture de son vénérable maître, le tout après avoir fait un salut d'honneur. Il continuait son voyage. Cette pause-déjeuner s'était muée en un duel farouche et hargneux. Mieux valait l'oublier, bien que la victoire fut sienne.
Son sang tachait Probité, ce destrier qu'il respectait tant. Il se baissa un instant, pour amener sa main à quelques éclaboussures, essuyant l'armure magnifique de la monture du Sire Ozrik, alors que celle-ci était en plein galop.
Ses veines bouillonnaient, les blessures semblaient s'ouvrir. Au lieu de se redresser sur sa selle, Cled ferma les yeux. Il chuta lourdement, dans un fracas tonitruant, inconscient. Probité stoppa net. Son cavalier était au sol, au milieu du chemin. Son armure couverte de poussière et de sang.
Cled Netty venait de tomber.
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Accalmie
La chute fut dure et Netty était arrivé en piteux état à la caserne. Il avait demandé au Caporal-chef quelques soins et s'était fait recoudre l'épaule.
Le voilà reparti pour Comté-du-Nord, mais cette fois-ci, il décida de consacrer sa journée à de longues heures de lectures. Les ouvrages de son défunt Maître étaient particulièrement intéressants, bien qu'à chaque ligne parcourue, il regrettait de plus en plus les entraînements de celui-ci.
Dans l'impossibilité de combattre pour quelques temps, suite à ses blessures et ses points de suture, il avait décidé de profiter plus sereinement de ce que le Capitaine Trias appelait "congé forcé".
Il restait ainsi sur un banc, adossé contre le mur, à tourner les pages des grimoires avec une faim de savoir sans fin. Il testera la pratique tôt ou tard, s'était-il dit.
Après la chute, certaines craintes quant à ses blessures s'étaient révélées redondantes. Il pensait que ce fut un signe, et qu'il avait perdu l'usage de son don qu'il vénérait tant. Après de multiples vérifications, illuminations de paumes et mots de gloire, il tenta de se persuader que la mésaventure avec Probité n'était rien d'autre que le fruit de sa faiblesse physique à cet instant-ci.
Une parcelle de doute l'harassait, tandis qu'il lisait. Il s'inquiétait.
Lorsque la lecture trop intensive le lassait, il allait aux écuries de l'Abbaye, pour tisser quelques liens avec la monture de son défunt mentor.
Il avait nettoyé une vingtaine de fois son armure, de peur que le sang ne la tache. Petites promenades, passages à la brosse, Netty s'en occupait comme s'il s'agissait d'une bête terriblement fragile, bien que la carrure et l'armure imposante du destrier contredisait ses précautions obstinées.
Il saluait régulièrement le Seigneur de Castellange, d'une inclinaison respectueuse. Il le croisait souvent, et Netty tâchait d'entretenir de brèves discutions avec l'homme, lorsqu'il passait de Probité à ses lectures, se permettant quelques pauses avec un homme qui, lui aussi, admirait inexorablement le Sire Ozrik.
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Concessions
La brise matinale secouait la cape blanche du blond lumineux.
Un visage crispé par la douleur, l'amertume, la rancœur, le tout couvert par quelques mèches rebelles.
Aureola, Halo des aspirants, le diadème magique qui lui fut donné et qui éclairait il y a peu ses traits d'une lumière pure, restait tristement terne, faible. Cela le vieillissait. La douleur ne lui réussissait vraiment pas, et à deux reprises, il avait reçu solide coup sorti de nulle part, à l'annonce de décès arrivés trop tôt.
Il serrait la bride de Probité, galopant à toute vitesse vers la Cathédrale de Hurlevent.
Il attacha son vénéré destrier à un lampadaire, sommairement, puis pénétra dans l'édifice sacré, d'un pas rapide, avec hâte.
Il revoyait près des piliers son maître, les gens présents à l'oraison. Il leva le menton, jusqu'alors baissé avec humilité.
Il distinguait des formes, des esquisses de spectres, une vision macabre. Il secoua la tête, tout en redressant ses mèches gênantes. Il délirait, la fatigue aurait raison de lui. Il avança vers les catacombes. Ses bottes de plaques résonnaient dans de grands fracas rythmés, dans les cryptes sacrées. Il fixa un long instant les gantelets de son maître, qu'il portait désormais. Sa marche n'était pas altérée pour autant. Il n'avait nul besoin de regarder où il posait ses pieds, il avait descendu ces marches ô combien de fois.
Il faisait articuler ses phalanges tremblantes. L'esprit embrumé. Il laissa choir ses bras le long de son corps, qu'il dissimula sous sa cape aux couleurs immaculées.
Ses lèvres s'entrouvraient, l'émotion le prenait, au fur et à mesure qu'il avançait vers la tombe du Sire Ozrik.
Lorsque, enfin, il l'aperçu, il plia le genou droit, et dirigea ses deux iris bleus vers les pavés sombres.
Il pria, longuement. Deux heures, voire trois. Il ne se souciait plus du temps qu'il perdait, il divaguait, proche de l'errance. Ses craintes n'avaient pas été épargnées, malgré le rêve détruit que les gardes avaient éradiqué pour le sortir du coma.
"Vous ne progresserez jamais, Netty." ,
"Qu'avez-vous fait, ce soir ? Rien."
"Rappelez-moi comment votre Maître est mort, Netty ?" raillait Ventis.
"Vous avez le sang chaud. Vous ne passez pas loin d'un second blâme, et c'est par ma clémence. La prochaine fois, c'est un renvoi." lui disait Trias.
"Notez, Netty...vous serez mon héritier, moi, Geoff de Landecendre."entendait-il, le revoyant sur son lit de blessé.
"Le Caporal Husserl est mort ?" demandait la voix de Gulivann, dans sa tête.
"Vous êtes le pire Garde du régiment."
"Espèce d'écarlate."
"Taré...Vous êtes taré." articulait lentement Frantz.
Des larmes glacées entamaient ses joues, faiblement éclairées par deux cierges qu'il avait placé autour de la tombe. Un élan d'espoir saisissait son âme, tentait de le relever.
Il redirigea ses pensées vers les êtres qu'il chérissait, en qui il avait confiance. Il repensa à Gulivann, son frère d'arme. Il voyait Amell, Thrynne, puis Watshell, lui sourire.
Les voix reprenaient.
"Je t'aime." lançait une voix féminine. Celle de Shola.
Le visage de Veldrin, semi-masqué, apparaissait. Il le regardait, des deux lueurs que produisaient ses pupilles elfiques. Il tenta de lui sourire, en vain.
"Vous êtes le seul, ici, qui peut le mériter..." annonçait le Comte.
"La Lumière est avec nous. Je parle de vous, Cled Netty." susurrait Meribeth, à l'oreille du blond.
Ces flash-backs torturaient son âme, l'étiraient en des sentiments de mélancolie, de rage, puis d'espoir et de bonheur.
Soudain, une voix perça ses tympans. Sa fatigue allait jusqu'à lui causer de la douleur. Ses nuits de sommeil oubliées avaient leur revanche. C'était une phrase émise à l'unison, par les gens qui, il y a quelques secondes, l'insultaient sans vergogne. Un seul cri, qui secoua son corps d'un spasme de douleur.
"La Lumière est grande...
MAIS VOUS NE L'ÊTES PAS."
MAIS VOUS NE L'ÊTES PAS."
Netty se coucha près de la tombe, les yeux fermés, les joues humides, pâle.
Allongé dans la crypte, aux côtés de son défunt maître, lui, placé dans la tombe, et lui, couché à côté de celle-ci, il resta figé, d'un sommeil forcé par son esprit tourmenté.
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Castellange était de nouveau à Hurlevent.
Il y avait déjà maintenant quelques temps qu’il avait décidé de quitter la capitale pour s’adonner à la spiritualité et à la condition martiale qu’un Chevalier se devait de préserver.
Pourtant, il avait déjà rompu cet exil une fois. Ainsi, il était déjà par une fois revenu pour se recueillir auprès du feu Paladin Ozrik. Longtemps, de nombreux individus avaient conseillé au Seigneur de Castellange de rencontrer le Sieur Ozrik tant il dégageait une aura de piété et de bienveillance. Pour le peu, malheureusement, qu’il l’ait connu, le Paladin lui était en effet apparu comme Clairvoyant, Sage, Déterminé et Vaillant, ces qualités précieuses que le jeune chevalier savait apprécier.
Aujourd’hui, il rapportait ses godillots de métal à nouveau en ville. Cycliquement, donc, Castellange se voyait revenir en Hurlevent et ce n’était jamais le fait d’une bonne nouvelle. Il s’était rendu cette fois auprès du Caporal Husserl dans le Donjon Royal où il n’était guère resté longtemps -ce n’était pas tant parce qu’il le connaissait peu mais plutôt parce qu’il fuyait encore la foule ; Cependant, il était naturel d’aller rendre un dernier hommage à l’une des figures incorruptibles de la cité-. Cette qualité, entre toute, le Seigneur savait sa valeur tant elle était devenue rare et par conséquent notable en Hurlevent. C’est l’hypocrisie ambiante qui l’avait d’ailleurs poussé à quitter la civilisation.
Il s’était encore rendu au chevet du Sieur Ozrik dans l’optique de demander à ce dernier, vénérable paladin, de veiller sur le Caporal Husserl dont la vie aurait pu et aurait du être encore longue et parsemée de moments de joie. Il n’en était plus rien à présent.
Alors que le Seigneur de Castellange méditait à ce sujet, il parvint déjà au mausolée du regretté Chancelier et ce n’était pas une tombe seule et déserte qu’il découvrit mais bien un caveau et deux morts tant le jeune Netty était sinistrement diaphane, le visage cerné par la nervosité et la rage.
Le Chevalier s’approcha d’un pas lourd du jeune Paladin et se mit à genou dans l’optique de,bien entendu, s’assurer que le jeune homme n’avait pas fait un malaise sérieux. Leyland le regarda longuement en secouant la tête, affligé par un tel état de désespoir et de peine avancé. Les yeux rouges et cernés par la fatigue du disciple d’Ozrik creusaient un visage humide et cadavérique. Si le caveau ne contenait pas déjà un macchabée, l’on aurait pu croire que la mise en bière allait bientôt commencer. Le Seigneur de Castellange soupira enfin, brisant le silence solennelle de la crypte. Sa conscience, finalement, lui dicta de ne pas réveiller le tourmenté. Tout naturellement, il empoigna le corps endormi entre ses bras délicatement et le remonta à la surface, à l’air libre.
Bien que la contrariété put se lire sur son visage, le Seigneur de Castellange plaça Netty sur Probité, harnacha le jeune paladin et traina la monture par la bride à sa suite, le pas déterminé et la démarche assurée.
Leyland de Castellange allait ramener cet être égaré à l’abbaye de Comté du Nord en repos et bien que le Chevalier ne fusse particulièrement érudit, il entendait bien enseigner au jeune homme à faire place nette dans son esprit pour ne pas que ses tourments ne se métamorphosent en pathologie mentale. Il en avait besoin pour son propre salut. Mais avant tout, il avait besoin de calme.
De calme,
De méditation,
De prières…
Il y avait déjà maintenant quelques temps qu’il avait décidé de quitter la capitale pour s’adonner à la spiritualité et à la condition martiale qu’un Chevalier se devait de préserver.
Pourtant, il avait déjà rompu cet exil une fois. Ainsi, il était déjà par une fois revenu pour se recueillir auprès du feu Paladin Ozrik. Longtemps, de nombreux individus avaient conseillé au Seigneur de Castellange de rencontrer le Sieur Ozrik tant il dégageait une aura de piété et de bienveillance. Pour le peu, malheureusement, qu’il l’ait connu, le Paladin lui était en effet apparu comme Clairvoyant, Sage, Déterminé et Vaillant, ces qualités précieuses que le jeune chevalier savait apprécier.
Aujourd’hui, il rapportait ses godillots de métal à nouveau en ville. Cycliquement, donc, Castellange se voyait revenir en Hurlevent et ce n’était jamais le fait d’une bonne nouvelle. Il s’était rendu cette fois auprès du Caporal Husserl dans le Donjon Royal où il n’était guère resté longtemps -ce n’était pas tant parce qu’il le connaissait peu mais plutôt parce qu’il fuyait encore la foule ; Cependant, il était naturel d’aller rendre un dernier hommage à l’une des figures incorruptibles de la cité-. Cette qualité, entre toute, le Seigneur savait sa valeur tant elle était devenue rare et par conséquent notable en Hurlevent. C’est l’hypocrisie ambiante qui l’avait d’ailleurs poussé à quitter la civilisation.
Il s’était encore rendu au chevet du Sieur Ozrik dans l’optique de demander à ce dernier, vénérable paladin, de veiller sur le Caporal Husserl dont la vie aurait pu et aurait du être encore longue et parsemée de moments de joie. Il n’en était plus rien à présent.
Alors que le Seigneur de Castellange méditait à ce sujet, il parvint déjà au mausolée du regretté Chancelier et ce n’était pas une tombe seule et déserte qu’il découvrit mais bien un caveau et deux morts tant le jeune Netty était sinistrement diaphane, le visage cerné par la nervosité et la rage.
Le Chevalier s’approcha d’un pas lourd du jeune Paladin et se mit à genou dans l’optique de,bien entendu, s’assurer que le jeune homme n’avait pas fait un malaise sérieux. Leyland le regarda longuement en secouant la tête, affligé par un tel état de désespoir et de peine avancé. Les yeux rouges et cernés par la fatigue du disciple d’Ozrik creusaient un visage humide et cadavérique. Si le caveau ne contenait pas déjà un macchabée, l’on aurait pu croire que la mise en bière allait bientôt commencer. Le Seigneur de Castellange soupira enfin, brisant le silence solennelle de la crypte. Sa conscience, finalement, lui dicta de ne pas réveiller le tourmenté. Tout naturellement, il empoigna le corps endormi entre ses bras délicatement et le remonta à la surface, à l’air libre.
Bien que la contrariété put se lire sur son visage, le Seigneur de Castellange plaça Netty sur Probité, harnacha le jeune paladin et traina la monture par la bride à sa suite, le pas déterminé et la démarche assurée.
Leyland de Castellange allait ramener cet être égaré à l’abbaye de Comté du Nord en repos et bien que le Chevalier ne fusse particulièrement érudit, il entendait bien enseigner au jeune homme à faire place nette dans son esprit pour ne pas que ses tourments ne se métamorphosent en pathologie mentale. Il en avait besoin pour son propre salut. Mais avant tout, il avait besoin de calme.
De calme,
De méditation,
De prières…
Leyland de Castellange- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Regain d'espoir
Régulièrement, Netty revenait au Comté-du-Nord, tirer savoir et sagesse de quelques discussions avec Le Seigneur de Castellange, puis pour se plonger dans la lecture des innombrables ouvrages d'enseignements que lui avait légué le testament du Sire Ozrik.
Il s'asseyait sur le même banc, ouvrait un grimoire, puis lisait, inlassablement. Il y passait ses nuits, et, la plupart du temps, il oubliait de revenir aux dortoirs de la Caserne, pour s'offrir quelques heures de sommeil mérité.
Dans la pénombre, il ne s'éclairait qu'à l'aide d'une petite bougie, à la flamme vacillante. Il affectionnait particulièrement ces moments de solitudes, en tête à tête avec les éruditions d'Ozrik, qu'il assimilait avec une facilité déconcertante, pour le moment. Un jour il en viendra à des ouvrages plus complexes, des lignes moins aisées à retenir, des prières plus longues et des incantations plus intenses.
Il était néanmoins heureux d'avoir pu appliquer l'imposition des mains, car il l'avait réussie, bien que ce sortilège lui avait fait perdre conscience. Non seulement ce fut une réussite, mais cette satisfaction était d'autant plus grande, puisqu'elle fut appliquée sur un homme la méritant, un homme qu'il commençait à connaître et qu'il estimait en tant que frère d'arme et honnête homme.
Les pages tournaient, au gré d'une main qu'il se surprenait à observer, tant elle était, du jour au lendemain, vieillie. Ses traits s'animaient d'un sourire. Peu importe si son corps se dégradait, jamais sa foi ne faiblirait, pensait-il.
Quelques clercs passaient ici et là, et reconnaissaient le garde blond, non pas par son visage, mais par sa présence quasi-quotidienne dans l'abbaye, à étudier.
Il leur offrait un simple sourire, semi-effacé. Celui-ci élargissait ses lèvres, entamait ses joues, mais était tout autant discret. C'est son regard absent qui affichait ses vœux de progression.
Netty cheminera probablement toute sa vie sur les voies d'une quête de puissance. Ses pouvoirs s'étaient très largement manifestés, en l'espace de longues semaines. Il devait probablement cela à son défunt père.
Il le remerciait, sans la moindre once de tristesse, si ce n'est un peu de nostalgie.
Ménérel Netty, vénérable paladin, frappé par la peste alors qu'il était dans ses derniers retranchements. Son respect pour son paternel était d'autant plus fort, maintenant qu'il réalisait que ces lectures, qui, jadis, lui paraissaient barbantes et très franchement rébarbatives, s'avéraient être l'aube d'un don récemment apparu, que le Sire Ozrik avait su faire bourgeonner, naître.
Il referma le grimoire, pria d'une voix claire, qui retentissait dans l'espace vaste de la salle. Sa voix solennelle se tut, il referma le grimoire, souffla sur la flamme errante des vestiges de la bougies, qui n'était désormais qu'une petite flaque de cire sur un socle de cuivre.
Et il se mit à sourire.
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Pérégrinations d'âme
Netty, cloué dans son lit, le corps ravagé par les effets d'une seconde imposition des mains, laissait divaguer son sommeil au-delà des forêts d'Elwynn, bien loin du temps et de la Garde. Régulièrement, il rencontrait Iris, dans les Clairières qu'il connaissait si bien. De longues discussions, au pied d'un chêne aux branches vigoureuses, aux tronc taillé d'inscriptions lourdes de sens.
Mais bientôt, il comprit que ce temps n'était pas perdu. Petit à petit, il se détachait du plan de repli de la prêtresse, pour errer en un endroit où il n'était jamais allé.
Il marchait en des terres qui lui étaient inconnues. De la terre rougie par la corruption, des ruines, des morts. Une forêt ravagée par le passage de la mort elle-même. C'est dans la flaque d'un sang putride qu'il contempla son visage avec surprise. Il tâta son visage, du bout de ses mains gantées.
Bien que son corps actuel était terriblement vieilli et amoindri de ses forces, Netty, lui, dans ses rêves, paraissait bien plus jeune. Bien plus qu'en cette période où il avait rejoint son aimé régiment.
Il était Cled Netty, à l'époque où il n'était qu'un écuyer quelconque. Il dégaina, tout en se regardant dans la flaque verdâtre, qui, peu à peu, paraissait translucide.
Il fixa un long instant cette épée qui lui paraissait familière. Dans le reflet de son ancienne lame, il observait ses traits rajeunis.
Il fut également étonné par la sérénité de sa propre âme. En cet instant, il maudissait le diadème lumineux, qui l'avait attiré vers la vengeance pure, celle qui supplantait la soif de justice humble, pour laisser place à une brutalité, une rage, une vindicte non-permise.
Les Maleterres. Il était dans les maleterres. Il se souvint, d'après les ouvrages, l'état actuel des forêts, des tours. Il vit l'ombre d'une d'elles derrière lui. Il reconnaissait l'endroit.
Quel âge devait-il avoir, dans ce rêve ? Dix-sept ? Vingt ? Comparant brièvement sa taille à un pin marqué par la désolation, il estima la jeunesse de son corps à quelques années avant la vingtaine.
Découvrant le paysage avec curiosité, il rengaina, puis s'aventura dans une direction hasardeuse, sans même tenir compte d'un chemin ou d'un itinéraire tracé. S'il était dans ce rêve, avec cette enveloppe, et sans son artefact, c'était bien pour une raison. Mais laquelle ?
Il leva son menton, redressa le regard. Voilà seulement quelques minutes qu'il marchait, et le voilà arrivé à ce qui semblait être son point final. Était-ce bien la légendaire Chapelle de l'Espoir de Lumière ? Il resta ainsi figé. Un regard entre solennel et admiratif se posait sur le Chapelle. Non pas pour sa modeste taille, mais pour les dépouilles des Héros qui y reposent.
Les Héros qui y reposent. Sa pensée dérivait bien vite vers le Sire Ozrik, il repensait à son corps, dans la Cathédrale de Hurlevent. Il secoua vivement la tête.
Il lui restait quelque chose à faire ici, avant qu'il ne se réveille.
La Chapelle était entourée de quelques preux chevaliers de lumière. Prêtresses, paladins, écuyers, ou simples maîtres-chiens, palefreniers ou bûcherons rescapés, et c'est une cinquantaine de personnes qui était attablée autour de grandes tables longiformes, couvertes de mets placés dans des couverts de fortune.
Il se mit à sourire. Cette image d'espoir inexorable frappait son esprit. Voir tant de paladins expérimentés, ainsi réunis autour d'un dîner modeste le troublait. Agréablement surpris, par un tel symbole de cohésion, de cause commune, de ralliement, il attarda longuement son observation globale sur les tabards qui, à l'instar des armures de plaques des combattants, était épargnés par la boue et la poussière des Maleterres. L'Aube d'Argent était fière et faisait preuve d'une ténacité à toute épreuve, même après la chute du Roi déchu.
Il restait ainsi droit sur ses jambes, fasciné devant le spectacle, comme si le temps avait figé ses membres d'adolescent. Une voix le ramena bien vite aux enjeux de son rêve.
"Cled, par la Lumière !..."faisait une voix féminine.
Il tourna la tête vers le bout de table, attiré, intrigué par ce si brusque appel. Comment une femme de l'Aube d'Argent pouvait-elle connaître son nom ? Il n'était qu'un apprenti, loin d'être accompli, et bien qu'ayant œuvré six années aux côtés du Vicomte Desemprast, qu'il avait vu mourir à ses pieds, en conclusion d'un duel perdu, puis trois mois avec le Sire Ozrik, qui s'était éteint bien trop tôt, il était bien loin d'avoir une quelconque renommée parmi ce cercle.
Il chercha la voix du regard. Il cherchait un sens à ce rêve. Un signe, une allégorie quelconque. Ce n'était ni un rêve prémonitoire, ni un talent d'augure. Il rêvassait.
Mais pourquoi ? Quel but ? Quel savoir allait-il obtenir ? Ce repos était-il vraiment bénéfique ? N'était-ce pas un cauchemar ? Pourquoi était-il si jeune, et, encore, pourquoi n'avait-il pas l'artefact enchanté sur son front ?
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Pérégrinations d'âme II
Il était à nouveau dans le rêve. Contrairement aux rêves habituels, qui sont peu "récupérables", Netty, lui, venait de parvenir à reprendre le fil du rêve interrompu par une cataracte de questions.
Il cherchait la voix du regard. Il était à nouveau déterminé, et cette fois-ci, il se laisserait porter par le saugrenu rêve, peu importe l'issue.
"Cled, par la Lumière !... faisait une voix féminine.
Il la voyait.
Une grandiose et majestueuse armure, d'un gris pâle luminescent. Quelques mèches d'un blanc immaculé, cachées sous un capuchon blanc, un tabard de l'Aube... Elle le dépassait d'une tête. Démarche droite, militaire, la silhouette elle-même semblait être imprégnée par la rigueur.
Il plissa le regard, tâchant d'apercevoir quelques traits du visages du messager de son rêve. Il crispa un instant son visage juvénile, pour, au final, distinguer des traits inconnus.
Non, il ne connaissait pas cette femme. Et pourtant, il est impossible pour le cerveau humain d'inventer des visages. Ceux-ci ne sont que des "reconstitutions" de certains faciès que l'individu en question croise ou entrevoit. Alors...D'où lui venait ce visage ? Une passante de Lordaeron ? De Hurlevent ?
Pas le temps. Plus de temps.
Le gantelet droit de la femme, d'une poigne très sévère, attrapa l'avant-bras de Netty.
-Que...Hey ? lâchait simplement Cled, lui-même surpris par sa voix, d'un timbre bien plus doux qu'aux temps actuels.
La femme ne lâchait pas son bras. Les talons de Netty raclaient contre le sol, et lui, tel un pantin, était tiré par le bras. Il ne se débattait pas comme s'il n'osait pas faire offense à son propre rêve. Ou peut-être ne voulait-il pas blesser la femme ?
- As-tu toujours été aussi niais, Cled ? Ô apprenti simplet. sifflait la grande femme entre ses dents.
Netty haussa un sourcil. Il remercia un instant la Lumière de l'avoir privé de l'artefact. Peut-être celui-ci lui aurait ordonné de s'insurger violemment.
Mais il laissa passer la raillerie. Il laissa le cuir de ses bottes s'entamer sur la terre humide. Le bout de sa -jadis- longue chevelure blonde touillait parfois dans la boue. Un beau tableau pittoresque.
-Où allons-nous ? fit Cled, d'une voix faible, faisant abstraction de son moyen de transport "à la traîne".
-Pauvre gamin suintant l'arrogance. Tu as vu tes deux maîtres périr et tu oses exiger de la dignité ? Un peu de respect ? Tu ne vaux RIEN. Nous arriverons quand le moment sera opportun. grogna la femme en armure.
Sa voix douce contrastait avec des paroles cinglantes, des propos virulents. Netty commençait à comprendre où ce rêve allait le mener.
- Ce rêve a-t-il un sens ?... se demandait Netty, tout haut, pendant que ses mollets s'écorchaient contre les cailloux. La route paraissait longue, et, à son propre jugé, il lui semblait que cela faisait déjà une dizaine de minutes qu'il était ainsi tiré par le bras.
-Alors comme ça tu te permets de faire ta propre justice ? Jamais je n'ai vu une conduite aussi déplorable, Cled. Je sais parfaitement qu'il ne s'agit pas de toi, mais de ce diadème de prêtre. Mais tu es faible, mon Netty. Terriblement faible.
La furibonde lui tordait sèchement le poignet, par lequel elle le tirait désormais, le traînant tel une carcasse, un gibier.
Les brouillards appesantis sur les forêts de pins nus déglutissaient peu à peu leurs deux silhouettes.
Elle lâcha Cled, laissant le torse du jeune écuyer chuter lourdement dans une flaque de boue.
-Lève-toi. Debout. Six années et trois mois, et regarde ce que tu donnes. Un pauvre blondinet affalé dans la boue, dupé par un artefact digne d'une princesse adepte des pique-niques princiers. Allons, Cled. Je vais te montrer comment te comporter humblement, pauvre ramassis d'arrogance, masse d'orgueil immonde.
Cled s'extirpa de la boue et se leva, plus ou moins dignement.
Elle leva son capuchon, et, de ses iris gris, elle fixa Cled, d'un regard froid.
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Pérégrinations d'âme III
- Lancer cette musique, puis lire ! :
Les sangles de l'épée de la femme tombaient lourdement au sol.
Netty cilla, puis dégaina instinctivement. Il regardait autour de lui, de sorte à savoir si l'endroit était vraiment propice à un duel. Une clairière, un ciel gris, de la terre humide, quelques rochers, ici et là...Il hocha la tête pour lui même.
Une musique, venue d'on-ne-sait-où, retentissait, telle une mélopée venue d'entre les pins noirs.
La brume se dissipait, tandis que son adversaire rayonnait d'un sourire malingre.
"Quand tu reçois un coup, tu t'excuses auprès des gens avec qui tu t'es mal comporté. Compris ? faisait la femme aux cheveux blancs. Elle chargeait, sans même que Netty puisse opiner.
Une frappe d'estoc, directement. La femme était franche, une vertu appréciable, certes. Cled reculait, durant une parade hésitante, pendant laquelle les chevelures semblaient être happées l'une par l'autre.
Il connaissait la musique. Une auberge. Lordaeron. Son enfance. Il avait dansé avec une jeune femme blonde, sur cet air de baroudeur téméraire.
Trois frappes, cette fois-ci sacrées, mettaient Netty en mauvaise posture. Deux parades, puis, la troisième frappe, horizontale, cogna l'armure du jeune Cled, dans un tintement douloureux.
-Je m'excuse, Major, pardonnez-moi. C'était le deuil, c'était l'artefact. J'étais irrespectueux. fit Cled, en grimaçant.
Un léger sourire de satisfaction étirait les lèvres de la femme, qui cognait toujours la garde de Netty avec férocité. Un regard distrait fit remarquer à Netty la présence d'Oliver, appuyé contre un pin. Le Caporal moustachu gardait son panache, même dans le rêve. D'un air impassible, il observait le duel, tout simplement.
"Crack", fit l'épaulière de Netty. Un autre coup, qui entailla la maille sous la protection de plaque que lui fournissait l'armure d'apprenti.
- Pardonnez-moi, Capitaine Trias. Je n'ai jamais voulu être si insolent, je me suis laissé emporter, je me suis comporté comme un pauvre faible. décocha Netty, comme dans un réflexe.
La femme frappait, frappait encore. Netty était attentif, mais bientôt, il fut distrait à nouveau, par l'apparition de Lauriana, accompagnée par Izuru. Il esquissa un sourire, tandis que le duo le salua. Les deux étaient assis sur un rocher, en spectateurs, tout comme Shephard. Il ne cernait vraiment pas ce que signifiait le rêve, mais au moins était-il rassuré de les voir. Il se sentait mieux. Les excuses, leurs présences.
Sur la même lancée, l'autre duelliste frappait, frappait à nouveau, tandis que le tabard de l'Aube s'agitait au rythme du vent embrassé par la brume environnante. Elle était vive, solide, ses bras vigoureux, son armure impénétrable. Netty se risqua à quelques attaques, vite transformées en ripostes furieuses, qui le frappèrent aux cuissards.
-...Humpf. Désolé, Frantz, pardon. Peu importe si je suis un débile, ou même le pire garde, peu importe ce que tu penses de moi, Hansfelt. Je suis ton frère d'arme, et je te demande pardon. grogna Cled, entre deux chocs d'épées illuminées.
Cled, s'engageait dans une série de mouvements secs, méthodiques, tandis que, entre les branches d'un arbre, il distingua un garde qu'il connaissait bien. "Mentor", qu'il l’appelait. Johnson, Gary Johnson. L'instructeur, en tabard du lion doré. Il ne put s'empêcher de sourire, en voyant le garde lever son pouce pour lui, perché sur une branche épaisse.
Il prenait peu à peu le dessus sur la femme, qui, elle, semblait s'égailler d'un grand sourire de bienveillance, entre quelques voltiges de sa longue lame.
Cliquetis d'armures et grincements d'épées se mêlaient aux acclamations de Johnson, qui, bientôt, était rejoint par le Sergent Watshell. Celui-ci était assis contre le tronc de l'arbre, et, comme à son habitude, affichait un air paisible, serein. Netty vit son sourire dans le reflet de sa lame, qui, elle s'agitait durant de solides esquives.
La lame ennemie cogna son genou, entaillant l'armure nettement.
- Pardonnez-moi, Sire Ozrik, pardonnez-moi, Veldrin, pardon, pardon à tous, j'ai fauté.
La femme lâchait un gloussement, puis un hochement de tête approbateur, entre ses quelques nouveaux assauts.
Voici le Caporal Carter Amell qui s'extirpait de l'ombre d'un rocher, aux côtés de Linnet Thrynne, illuminée d'un discret sourire curieux, amenant son enthousiasme avec elle.
Tous le regardaient, certains bras croisés, d'autres main dans la main, pour les couples. Netty laissait glisser une larme sur sa joue tachée de boue. Non, ce n'était pas la douleur, mais bien l'émotion. Un rêve formidable, comme il n'en avait pas fait depuis des lustres.
Tandis que le vent sifflotait l'air de la musique, un petit vrombissement fit apparaître Husserl et Ozrik. Les deux hommes, côte à côte, au bord de la clairière, se saluaient mutuellement, d'une tape sur l'épaule entre hommes de valeur. Cled, lui, parait, esquivait, puis contre-attaquait, tout en gardant un œil frappé d'émotion, sur les deux arrivants.
Gulivann et Rain, eux, coupaient quelques branches gênantes, du bout de leurs lames, pour pénétrer dans la clairière, se joignant au cercle des spectateurs. Rain baissa sa capuche, pour afficher un sourire fraternel, tandis que Gulivann, lui, allumait sa petite lanterne, qui le suivait partout, à l'époque où il était recrue. Claad observait, Emmagan était plus loin, en tailleur. Les Stolen emboîtaient le pas.
C'est un Leyland fort pimpant qui se plaçait épaule à épaule avec Ozrik, formant désormais un trio d'hommes que Cled admirait sans artifices.
Sa lame fendit l'air, et frappa enfin l'adversaire, passant outre sa garde d'acier. C'est sous des yeux stupéfaits que Cled vit l'adversaire disparaître, à la manière d'un Obi Wan Kenobi vaincu, d'un "pouf" de défaite.
Il entendit des pas, derrière lui, alors que son regard vagabondait sur les nouveaux venus. Robby balançait des boulons sur Johnson, pour le détrôner de sa branche, tandis que Dji' riait de bon coeur, à moitié appuyé sur la robe de cérémonie de Meribeth Sombrebrume. Shola, elle assise sur un rocher non loin, glissait quelques regards tendres à Netty.
Les pas dansants d'Iris s'épargnaient de la boue mélangée à la terre. Elle s'avançait vers Cled, de haut de ses treize ans, pour lui glisser un bracelet autour du poignet, comme on remettrait une écharpe à une Miss Monde qui ne veut pas de guerre dans le monde.
Un bref clignement des yeux, et tous disparurent, comme s'ils n'avaient jamais vu le duel. C'était certain, jamais ils ne le verraient, puisque, après tout, ce n'était qu'un doux rêve. Il se retrouvait ainsi, seul, au milieu de la clairière.
- Suis-je en retard ? fit une voix malicieuse. Cette voix, il la connaissait. C'était celle d'un elfe. Un elfe, oui, Veldrin, en personne. Monté sur sa grue aux longues pattes, il regardait Cled, alors que les deux lueurs qui singularisaient son regard s'illuminaient d'un air amusé.
Veldrin claqua des doigts, puis Netty fit un sourire de contentement.
Il aurait aimé que ce rêve soit réel.
Cled Netty- Citoyen
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Appel et préparatifs
La Chapelle de l'Espoir de Lumière. Il l'avait vue en rêve, et il voulait la voir telle qu'elle était de nos jours. Il voulait connaître de nouveaux paladins. Il voulait connaître encore et plus, il voulait pardessus tout être adoubé.
Et si les ambitions d'un blondinet oublié paraissent absurdes ou insignifiantes, les méninges de Cled elles, étaient en ébullition.
Probité avançait lentement vers le Quartier des Nains. Entre les chocs de marteaux et les bruits de fonderies, on percevait les quelques discussions des courts-sur-pattes bavards. Netty, le regard voilé par sa longue capuche blanche, laissait son regard vagabonder sur les fumées qui s'insinuaient au bout des cheminées qui agrémentaient les toitures hurleventoises.
Glissant de la selle du destrier, il posa prestement pied à terre. Quelques secondes plus tard, certains purent apercevoir la cape blanche du blond s'engouffrer dans une bâtisse marchande.
"Claaaaiiid Naitti. Rravi de t'voir, mon grand épi d'blé. La commande, c'est ça ?" fit le forgeron, secouant sa barbe couverte de suie au rythme de ses paroles.
En guise de réponse, pas plus qu'un "Mh-mh". Un hochement de tête, les lèvres plissées. Cled n'était pas d'humeur à venir lui tapoter l'épaule avec toutes ces formules d'amitié joviale. Rapide et efficace, le nain arriva avec un énorme sac brun, qu'il peinait à porter. Des cliquetis métalliques et des raclements de métaux accompagnaient sa marche. Il déposa le lourd colis sur le comptoir, et, sans même regarder l'intérieur du sac, Cled glissa la somme demandée sur le bois terni.
- Hé bêh ? Tu regardes pas, gamin ? Tu t'fiches de c'que j'te vends ? s'étonna le nain.
- Je te fais simplement confiance, l'ami. lui répondit Netty, tandis qu'un sourire effacé étirait ses lèvres à peine visibles sous le capuchon blanc immaculé.
Il chargea le lourd sac sur son épaule, et franchit la porte, sans un mot de plus. Il accrocha avec précaution le paquetage sur le flanc droit de Probité. Il savait la monture robuste, mais malgré le temps passé à ses côtés, il ne pouvait s'empêcher de la traiter comme s'il s'agissait d'un château de cartes. Alors qu'il grimpait sur la monture dorée, la porte derrière lui s'ouvrit brusquement.
- Mais t'pars en voyage sans m'le dire ? Et t'emmènes Clarémoure ? 'Pis tu vas où ? Pourquoi ? Mon armure va t'servir à t'battre ? lui demandait le forgeron sur le seuil de sa porte.
- Je reviendrai.
Frustré de cette réponse plus qu'évasive, le nain rentra dans son commerce en grognant dans sa barbe des paroles inaudibles : "Grmblbl...Ramasser à la p'tite cuillère...Aventures...Grmbl.". Le blond traça son chemin. Équipé et approvisionné, tout était prêt. Absolution, Probité, une nouvelle armure, son libram, de nouveaux parchemins, les gantelets de son défunt maître...
Il fallait maintenant annoncer le départ à sa dulcinée.
- Réaction Cledique:
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Prémices
Cled regardait les vitraux de la cathédrale avec un certain scepticisme. Non, son désarroi ne venait pas de la cathédrale hurlenvetoise, mais bien du fruit de ses réflexions. Si le blond brillait la plupart du temps par sa motivation inexpugnable, et ses ambitions florissantes, il arrivait parfois que, derrière sa frimousse agréable, ses méninges entrent en ébullition. Il considérait plus sérieusement les raisons de son voyage. Un rêve ? Il s'agissait seulement d'un rêve, oui.
Cled promena son regard hagard sur l'intérieur de l'édifice religieux, à la recherche d'une tête connue. Personne. Seulement des passants blessés, ou bien des aspirants qui venaient cultiver leur foi. Il serra les mâchoires, tandis que sa passade de réflexion dérivait. "Si je dois m'entraîner pour devenir plus puissant et plus droit, et si je dois voyager pour tuer des immondices, ne devrais-je pas aller à Norfendre ? Non. Iris ne serait pas en sécurité, là-bas. Et puis moi non plus. Quoique...Iris sait se défendre ? Et moi aussi ? Non. J'irai aux Maleterres. J'y trouverai des hommes que la lumière baigne. Et ils m'apprendront."
Il fit volte-face et se dirigea vers la sortie. Alors qu'il empruntait le petit couloir d'entrée, un homme encapuchonné, dans une armure de plaques brunes, lui tapota l'épaule. Cled stoppa net sa marche, et considéra l'individu, interloqué.
"Coupe-moi ces cheveux. On part bientôt et je ne veux pas un convoi de doubles princesses blondes derrière moi." fit l'homme, d'un ton sec.
Netty cilla. Comment savait-il, pour le voyage ? Et puis à quoi rimait cette remarque sur sa chevelure ? Il plissa les yeux, à la recherche d'un visage familier, sous ce capuchon. Mais en cette nuit déjà entamée, les chandelles de la cathédrale laissaient seulement voir une barbe brune, sous cette capuche grise.
"Allons bon, à qui ai-je l'affaire ?" répondit Netty, peu enchanté par une telle apostrophe.
"Tu as grandi. Seulement tu es encore trop fin, mon brave. Bref. Tiens-toi prêt, ne fais pas de bêtises, et coupe-moi ces cheveux, gamin." rétorqua son interlocuteur.
A ces mots, l'inconnu lui tapota l'épaule à nouveau. Un sourire franc apparu une fraction de seconde, sous sa moustache. Netty, ébahi, restait pantois, figé.
Son père était mort, sa mère présumée disparue, il n'avait ni frère ni soeur, pas de cousins, pas d'oncle, pas de neveu...Alors qui aurait pu le connaître enfant ?
A peines ces interrogations venues, l'homme était rentré dans la Cathédrale. "Je le suis ? Non. Si...M'oui. Non. Iris m'attend. Et...peut-être que mes cheveux sont trop encombrants. Qui sait...?" La douleur du ventre du blond le tiraillait. A force de rester debout avec une armure pesante, et une lame si longue dans le dos, Netty regrettait presque sa sortie d'infirmerie. "J'aurais peut-être mieux fait de rester là-bas. Quoique. Tout ce que je vis en ce moment semble m’appeler pour ce voyage. J'y vais, point. Si certains gardes ont pu partir en formation, alors je peux y aller aussi, n'est-ce pas ? Ce n'est pas comme si j'allais être promu, ou quoi que ce soit d'autre, ahem." La promotion. Ce gentil terme allait et venait dans l'esprit du jeune homme ambitieux. Il avait abandonné l'idée depuis deux mois. Faute de bon comportement, durant une période sombre. Un peu trop, d'ailleurs. "Diadème de mes c*******...(censored.)"
Il emboîta le pas. Il lui fallait désormais s'entretenir avec ces gobelins aux ciseaux habiles.
Il grimpa sur Probité, puis se dirigea vers le Quartier Commerçant.
"Un sacrifice à faire, dirait-on."
Dernière édition par Cled Netty le Sam 22 Mar 2014 - 17:16, édité 1 fois
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
"Tâter le mort"
Il regardait à droite, à gauche, sans trop comprendre où il s'était embarqué.
Le voyage aux Maleterres avait fait de lui un apprenti prometteur, et son tuteur, Dialam L'Oracle, paladin quelque peu farfelu, aux penchant psychorigides et à l'enseignement impitoyablement strict et brutal, avait fait de Cled ce qu'il nommait en bon fanfaron un "Tue-goules".
Rapidement admis puis apprécié dans les rangs argentés, Netty n'avait vécu jusqu'alors aucune péripétie à la fois si lointaine et enrichissante, hormis les enseignements d'Ozrik, si l'on enlevait le "lointain".
Dialam avait vite, presque un peu trop vite, cerné l'esprit vif et trop téméraire du blond. Malgré de nombreux assagissements, il avait su forger l'âme de Cled, qui demeurait trop "tumultueuse", selon lui. Outre certains traitements trop douloureux, et de courtes convalescences, le blondinet avait relevé haut la main la plupart des défis de son nouveau mentor. Il n'en demeurait pas moins surpris par le fait qu'il connaisse à la fois son enfance et parfois même son "futur". Cled voyait parfois en Dialam un illuminé trop...illuminé. Cependant il ne s'était jamais réellement permis de remettre en doute les compétences somme toute colossales du vieux brun.
Et le voici embarqué au Norfendre, sous l'impulsion d'Iris et le soutien du Maître. Le voyage fut éprouvant, aussi long qu'ennuyant, et il fut obligé d'acquérir une certaine résistance intestinale à la houle, faute d'avoir le pied marin.
12ème jour du troisième mois de l'an 34.
"On y va. fit le Maître, en enfilant le tabard, tout en gardant un oeil sur l'horizon bleu-gris.
- Où ça ? répondit innocemment Cled, en sanglant les derniers morceaux d'armures qui couvrait son corps jusqu'à présent tétanisé par le froid.
-Tâter le mort." siffla le vieux entre ses lèvres, elles même légèrement étirées par un sourire presque nerveux.
Cled n'était pas du genre à blêmir. D'ailleurs il ne blêmit pas. Il se contenta de déglutir, tout en opinant faiblement. De nature courageuse, bien que cela aille parfois au-delà de l'inconscience, le paladin savait parfaitement ce que lui réservait la brutale caresse d'une abomination puante, comme celles qui foulent les sols verglacés qui jonchent les terres destinées à être purgées.
Accompagnés par une quinzaine de guerriers, paladins et autres prêtres ainsi qu'hommes de Lumière, l'apprenti et son maître firent route jusqu'au champ de bataille. Pas un mot. Pas un chant. Pas un remontant alcoolisé, pas une prière. L'heure était au silence. C'est ce que son mentor appelait "L'avant-goût".
Dans un fracas horriblement assourdissant, ils chargèrent. Mais que chargeaient-ils ? Un homme à désarmer ? Un va-nu-pieds trop excité ? Un pouilleux révolutionnaire ? Ou bien un assassin débile ?
Non. Ce matin-ci, ils attaquaient les morts.
Par quarantaine, tout du moins. Leur effectif d'unité ne leur permettait pas de renverser des légions entières, mais au moins pouvaient-ils compter sur des renforts rapides, et peut-être même des interventions de ce que les croisés appellent "La cité mauve d'en-haut."
Netty savait où se placer. Netty savait où frapper. Netty savait ce qu'il fallait esquiver, parer, ou bloquer. Il avait été formé avec une rigueur marquante, et il savait s'en servir.
Seulement cette journée ne débuta pas comme il le pressentit.
Entre cris de guerre et grognements de douleur, on entendait parfois Absolution enflammer les cadavres animés, dans des fracas mémorables. Une chose était sûre : Si Cled ne maîtrisait pas un répertoire de sortilèges et de soins très varié, au moins avait-il la formation pleine et parfaite d'un guerrier, avec la force qui peut aller avec.
Il vit plusieurs de ses compagnons de table chuter lourdement. Il vit certains prêtres rompre leurs incantations pour traîner des frères d'armes démembrés. Le spectacle était horrible, vomitif. Un théâtre d'horreur, une scène sanglante, pour sûr.
"CLED ! COURROUX ! DE SUITE !" hurla Dialam, dans un souffle rauque, qui tordit son visage tout éraflé par les éclats d'os.
Le plan était simple, et la combinaison était aussi dévastatrice que plaisante à regarder. L'apprentissage d'un sortilège si épuisant avait été pour lui long, très long. Mais maintenant qu'il savait le maîtriser, il avait apprit à sourire en voyant ses ennemis se carboniser sous les flammes lumineuses.
Netty saisit Absolution à deux mains. Ses yeux se fermèrent. Grosse erreur pour le blond. Un énorme hachoir d'abomination ouvrait verticalement son armure aux couches épaisses, détruisant l'acier, la fourrure, ainsi que la chemise.
Cled grimaça. Il savait que son courroux prenait du temps à incanter, faute d'expérience, mais il savait pertinemment qu'il ferait payer tout cela dans les secondes qui suivent.
Dialam vit deux grandes volutes lumineuses lécher son dos, entourer ses bras, ses mains, sa lame. Son maître, en cet état de semi-transe, s'amusait lui aussi. Il prenait plaisir à déployer autant de pouvoir. Peut-être le double, voir le triple, que celui de son apprenti, cela le fascinait, l'absorbait.
Et ce fut enfin au tour de Cled. Deux énormités divines éclairèrent son dos, alors qu'il balayait ses ennemis dans une revanche bien méritée.
Bénis par de nombreux prêtres, qui canalisaient leur puissance sur les deux guerriers de lumière, Cled et son maître voyaient le reste du groupe ennemi voler en éclats, en miettes et en cendres, et ce, dans des déploiements de puissance bien-aimée qui soulevaient son manteau de peaux.
Alors que Netty, vainqueur mais incroyablement épuisé, ployait le genou, puis tombait sur la masse de cadavres ennemis, son mentor vint le relever, avec un de ses rares sourires.
"C'est comme cela qu'on tâte le mort, gamin."
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Au trou
"Peu importe, le temps est perdu, autant en faire quelque chose de constructif" ...ou pas.
Les heures paraissaient des jours, les jours des mois, et vice-versa. Netty avait cessé de se repérer au bruits environnants. Il évitait de distinguer journée et nuit, quitte à endurer pleinement sa sanction.
Chose particulièrement démotivante, puisqu'il se mettait à volontairement ignorer le monde extérieur. Bruits de plaques, coups sur mannequins, il tâchait de passer au dessus. Penser à l'extérieur ne faisait que l'enrager davantage, il se sentait inutile, et, pour lui, le plus cruel était les heures d'entraînement qu'il perdait, tout comme le contact avec ses informateurs, qui deviendrait des plus instables, suite à un silence radio de quatre longues journées.
Déshydraté, plongé dans l'obscurité, le paladin priait la plupart du temps à voix basse. Il demeurait assis, jambes à moitié pliées, la seule position que lui permettait son séjour puant.
Outre ses prières, le blond cogitait, non sans une certaine once de mélancolie, dans laquelle il se laissait divaguer durant des heures entières. La frustration de rester inactif aussi longtemps était pour lui l'un des plus grands supplices.
La soif le tiraillait, bien plus que la faim, qui, elle, s'attaquait aux quelques réserves de graisses, qui furent bien vite brûlées par un tel manque de ration.
C'est au bout de vingt-quatre heures qu'il décida de fixer un point, et ce, jusqu'à ce que le sommeil l'assomme. Les mâchoires serrées, la tête embrouillée par trente-six pensées turbulentes, le corps douloureux, et la gorge sèche, il ouvrit les yeux dans l'obscurité, et ne les referma plus.
Il attendrait son heure.
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
Adieu, Probité
"Probité a rejoint les cieux. Qu'elle galope dans des plaines illuminées, qu'elle trace sa route sur des plateaux célestes. Adieu, comète, adieu, Probité."
Aussi longtemps qu'il vivra, Cled se souviendra de cette belle bête, qui l'aura suivi durant bien des aventures. "Voilà une monture qui connaît tout les pavés de faol."
Aussi longtemps qu'il vivra, Cled grimacera, repensant, en grimpant sur une autre monture que son bel étalon, à l'endurance et à la vélocité remarquable qu'elle possédait.
Outre de la tristesse et de la mélancolie trop dramatique, c'est la perte d'un fidèle compagnon qui tiraillera un peu plus l'esprit du paladin. En elle-même, la perte de Probité était pour lui frustrante, rageante. Celle-ci s'additionnait au fait qu'il s'agissait d'un héritage de son vénérable maître. Par conséquent, son attachement pour cet étalon n'en était que plus exacerbé, franc, pur.
Il se demandait régulièrement si Ozrik l'aurait réprimandé. Si Ozrik l'aurait tenu responsable de la mort de Probité. Était-ce vraiment de sa faute ? Cled ne pouvait s'empêcher de penser que oui.
S'il n'avait pas provoqué ce stupide duel devant la Caserne, il n'aurait pas passé quatre journées de torture. Il n'aurait pas enduré une nuit horrible, à sonder l'âme éteinte de son compagnon, juste à côté de lui, aux écuries.
La mort de la bête lui pesait sur la conscience, énormément. C'était lancinant, redondant, assommant. Il éprouvait une certaine rancœur envers le Capitaine, pour cela. Si la sanction eût été moins sévère, peut-être aurait-il pu intervenir ? Peut-être que cette nuit là, il se serait levé, pour aller l'aider ? Peut-être aurait-il pu au moins la regarder mourir ? Peut-être aurait-il pu la soutenir, ou même la bénir, lui offrir quelques derniers sacrements ?
Il se souvenait de la lumière qui parcourait son armure. Il se souvenait de ce regard vif, de ce galop fulgurant, de cette fierté qu'il éprouvait dès qu'il se plaçait sur la selle, et qu'il saisissait les brides, lorsqu'il l'éperonnait et qu'elle filait à toute allure.
Il s'en voulait, cruellement. Le remord le rongeait. Il tâchait d'éteindre sa rage, de l'enfouir au plus profond de lui-même.
Il se laissa lentement aller dans des songes de justice, de reconnaissance.
Cled Netty rêva de l'illustre monture du Sire Ozrik.
"Peut-être gambade-t-il sur son dos, désormais ? Je l'envie."
Cled Netty- Citoyen
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Re: Chemins et bifurcations d'une âme tempétueuse
La Quête du Renouveau
Détruit comme jamais, Netty, face contre terre, laissait le sang se frayer un chemin hors de ses lèvres pour tacher sa barbe blonde.
On l'avait démuni. Il avait perdu l'armure de Probité, il avait perdu sa propre armure, il avait perdu Absolution, sa claymore vénérée, et même les gantelets d'Ozrik... Il avait surtout perdu l'espoir de trouver enfin le fils.
Le torse percé en de multiples endroits, la paume de la main gauche trouée, Netty croupissait, dépérissait, seul, sans aucun espoir. Le paladin revivait sa torture, encore et encore. Il revoyait les horribles visages des tortionnaires, tandis qu'ils s'affairaient à triturer ses plaies.
Il songeait au sort du Seigneur de Castellange, si celui-ci l'avait suivi dès le début du voyage. A personne il ne souhaitait un tel sort, pas même à ses pires ennemis.
Il revoyait les réprouvés tirer sur lui, impitoyablement. Il imaginait trente-six autres options, il aurait voulu fuir.
Cled s'entendait dire la dernière parole qu'il avait pu articuler. A savoir un "HUARGHL" pas très harmonieux, tandis qu'il sentait les carreaux d'arbalète dévaster l'intérieur de son torse.
A demi-nu, sans armes, sans forces, blessé comme jamais il ne l'avait été, Cled Netty mourrait à petit feu. Il pensait à ses erreurs. A ce cuisant échec. Il s'était jeté dans la gueule de l'ennemi.
Et pourtant, il vivait. A moitié, oui, mais il vivait.
"Le Cercle..." susurrait-t-il entre ses lèvres couvertes du liquide écarlate.
Cled Netty- Citoyen
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