Échos d'innocence
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Échos d'innocence
"Mais dépêche-toi, on va encore être en retard!"
La fillette, blonde comme les blés, courrait en avant. Sa main droite tenait un minuscule panier d'osier tandis que la gauche essayait vainement de retenir son jupon qui se soulevait au rythme de sa course.
Pour toute réponse, elle n'obtint qu’un vague "boah..", quelque part dans son dos. Comme il pouvait être agaçant parfois! Elle était pourtant bien incapable de lui en tenir rigueur. Ne l'était-elle pas tout autant à ses yeux?
Ses yeux...elle tourna les siens vers lui, pivotant sa petite tête vieille d'environ six ans par dessus son épaule. Blond comme elle. Un peu plus grand et une tête de bon petit diable.
Le garçonnet finit par cligner des yeux, ses pommettes se dessinant nettement alors qu'il affichait un sourire encourageant et non dénué de malice.
"On fait la course?" fit-il, en penchant sa juvénile frimousse sur le côté pour la regarder.
La fillette hésita. Elle se pencha en avant, venant masser sa cheville qui semblait soudainement lui faire mal. Ce n'est pas qu'elle le craignait à la course non, mais elle n'aimait pas courir en jupe, elle avait toujours peur qu'on puisse voir sa culotte.
Il s'approcha d'elle, la regardant s'occuper de sa cheville. Ses petits sourcils étaient froncés, sans doute de contrariété car si elle avait mal, ils ne pourraient pas jouer.
"Ça va? Qu'est-ce que t'as à..."
Il ne pût terminer sa phrase, car déjà la blondinette s'était envolée, son jupon fermement tenu. Le petit panier qu'elle tenait venait parfois heurter les passants sur son chemin. Ceux-ci ne se privant d'ailleurs pas pour faire remarquer à voix haute combien les enfants étaient mal élevés de nos jours.
"Hé! Tricheuse!" lança le petit garçon, avant de partir à sa poursuite. Ses deux mains étaient libres et il était habillé de façon si confortable qu'il la rattrapa bientôt.
Les deux enfants se jaugèrent du regard, les yeux plissés, coude à coude. L'école était en vue et ils entendirent bientôt sonner la cloche annonçant le début de la classe.
Tout deux accélèrent. Cependant, passant en trombe devant l'étal du poissonnier, la petite dérapa et glissa. Elle aurait sûrement troué ses bas blancs ainsi qu'écorché son genou si son camarade ne l'avait pas retenue in-extremis par le bras.
"Ouf, merci." dit son regard, car ses lèvres, elles, restèrent scellées en un sourire radieux qu'il aimait tant. Ils avaient beau être en compétition sur tout et n'importe quoi, même sur la vitesse à laquelle ils taillaient leurs crayons, les deux petits diables n'en demeuraient pas moins tendrement attachés l'un à l'autre, amis depuis leur tout jeune âge.
Leur course reprit et il la gagna. Mauvaise perdante, la petite fille fit mine de bouder quelques minutes, tandis qu'ils montaient la volée de marches menant à l'école. Ils arrivèrent juste au moment de l'appel et s'asseyerent, se jetant régulièrement des coups d'oeils entendus.
Entre-temps, caresses et promesses de partager le goûter avaient eu raison de l'humeur contrariée de la blondinette.
"...Claermoore Iris...?"
"Présente!" fit-elle, levant derechef son petit doigt en l'air afin d'être bien vue de la maîtresse. Cette dernière hocha la tête et fit une croix sur sa liste, avant de reprendre.
Quand le nom du blondinet fut appelé, il se tut avec malice, n'attendant que le dernier moment pour se déclarer présent. L'institutrice soupira. C'était toujours le même.
La fillette, blonde comme les blés, courrait en avant. Sa main droite tenait un minuscule panier d'osier tandis que la gauche essayait vainement de retenir son jupon qui se soulevait au rythme de sa course.
Pour toute réponse, elle n'obtint qu’un vague "boah..", quelque part dans son dos. Comme il pouvait être agaçant parfois! Elle était pourtant bien incapable de lui en tenir rigueur. Ne l'était-elle pas tout autant à ses yeux?
Ses yeux...elle tourna les siens vers lui, pivotant sa petite tête vieille d'environ six ans par dessus son épaule. Blond comme elle. Un peu plus grand et une tête de bon petit diable.
Le garçonnet finit par cligner des yeux, ses pommettes se dessinant nettement alors qu'il affichait un sourire encourageant et non dénué de malice.
"On fait la course?" fit-il, en penchant sa juvénile frimousse sur le côté pour la regarder.
La fillette hésita. Elle se pencha en avant, venant masser sa cheville qui semblait soudainement lui faire mal. Ce n'est pas qu'elle le craignait à la course non, mais elle n'aimait pas courir en jupe, elle avait toujours peur qu'on puisse voir sa culotte.
Il s'approcha d'elle, la regardant s'occuper de sa cheville. Ses petits sourcils étaient froncés, sans doute de contrariété car si elle avait mal, ils ne pourraient pas jouer.
"Ça va? Qu'est-ce que t'as à..."
Il ne pût terminer sa phrase, car déjà la blondinette s'était envolée, son jupon fermement tenu. Le petit panier qu'elle tenait venait parfois heurter les passants sur son chemin. Ceux-ci ne se privant d'ailleurs pas pour faire remarquer à voix haute combien les enfants étaient mal élevés de nos jours.
"Hé! Tricheuse!" lança le petit garçon, avant de partir à sa poursuite. Ses deux mains étaient libres et il était habillé de façon si confortable qu'il la rattrapa bientôt.
Les deux enfants se jaugèrent du regard, les yeux plissés, coude à coude. L'école était en vue et ils entendirent bientôt sonner la cloche annonçant le début de la classe.
Tout deux accélèrent. Cependant, passant en trombe devant l'étal du poissonnier, la petite dérapa et glissa. Elle aurait sûrement troué ses bas blancs ainsi qu'écorché son genou si son camarade ne l'avait pas retenue in-extremis par le bras.
"Ouf, merci." dit son regard, car ses lèvres, elles, restèrent scellées en un sourire radieux qu'il aimait tant. Ils avaient beau être en compétition sur tout et n'importe quoi, même sur la vitesse à laquelle ils taillaient leurs crayons, les deux petits diables n'en demeuraient pas moins tendrement attachés l'un à l'autre, amis depuis leur tout jeune âge.
Leur course reprit et il la gagna. Mauvaise perdante, la petite fille fit mine de bouder quelques minutes, tandis qu'ils montaient la volée de marches menant à l'école. Ils arrivèrent juste au moment de l'appel et s'asseyerent, se jetant régulièrement des coups d'oeils entendus.
Entre-temps, caresses et promesses de partager le goûter avaient eu raison de l'humeur contrariée de la blondinette.
"...Claermoore Iris...?"
"Présente!" fit-elle, levant derechef son petit doigt en l'air afin d'être bien vue de la maîtresse. Cette dernière hocha la tête et fit une croix sur sa liste, avant de reprendre.
Quand le nom du blondinet fut appelé, il se tut avec malice, n'attendant que le dernier moment pour se déclarer présent. L'institutrice soupira. C'était toujours le même.
Belle- Citoyen
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Age : 29
Date d'inscription : 07/01/2014
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Re: Échos d'innocence
"Hé, ça fait combien trois plus neuf?"
"...et là il y avait un magicien tu vois, et il faisait des boules de feu, bam bam avec ses mains comme ça! Et puis après..."
"Ça fait onze ou douze? Je sais plus."
Assis l'un en face de l'autre, attablés à l'une des tables de l'une des salles à manger que comprenait la demeure du garçonnet, les enfants étaient tout à leurs devoirs...ou presque.
La blondinette, parchemin étalé devant elle et extrémité de sa plume à la bouche, réfléchissait. Le blondinet, lui, était très occupé à lui conter le rêve qu'il avait fait pendant la classe d'arithmétique, l'après-midi même. Son parchemin à lui était implacablement vierge de tout écriture, a contrario de celui de la fillette, couvert de brouillons d'opérations simples comme bonjour mais qui lui posaient problème.
"...et ça faisait shprouuuh et braaaom, parce que là, il avait invoqué un gros orage tu vois! Et même que..."
"Dis...on est toujours copains...?"
Le garçonnet s'interrompit, coupé et déstabilisé dans son élan par cette question aussi soudaine qu' étrange. Il cligna des yeux.
"Ben oui! Pourquoi?" demanda-t-il, incrédule.
"Ça fait combien, trois plus neuf...?" fit en retour la petite voix fluette de son amie.
Il bomba le torse et se redressa fièrement sur sa chaise, afin de déclarer comme s'il s'était agit de la plus claire des évidences:
"Ça fait treize."
Iris rosit de plaisir et le remercia vivement, n'hésitant pas à louer son intelligence et ses facilités en arithmétique. La fin d'après-midi se déroula sans incident notable autre qu'un verre de lait renversé sur la table, qui avait inondé et rendu illisible la copie enfin remplie du garçonnet.
"Flûte de zut, je vais tout devoir recopier!"
Sourcils froncés et moue aux lèvres, levant le parchemin trempé à hauteur de son visage. Il chercha des yeux sa nourrice qui venait de leur apporter leur goûter, mais elle était déjà repartie vaquer à ses ouvrages.
"Mais non! Donne-moi ça, je le recopierai au propre à la maison, je te le donne demain matin tu veux?" proposa la fillette avec gentillesse.
Le garçon opina du chef et se balança sur sa chaise, les bras croisés derrière sa nuque, séducteur de cour d'école. Cela eut l'effet escompté car la blondinette posa son coude sur la table, le menton dans sa main et le dévora des yeux sans retenue, avec toute l'innocence que l'on entretient encore à cet âge là. Elle le trouvait beau, simplement.
"Tu veux bien...finir de me raconter ton rêve?"
"...et là il y avait un magicien tu vois, et il faisait des boules de feu, bam bam avec ses mains comme ça! Et puis après..."
"Ça fait onze ou douze? Je sais plus."
Assis l'un en face de l'autre, attablés à l'une des tables de l'une des salles à manger que comprenait la demeure du garçonnet, les enfants étaient tout à leurs devoirs...ou presque.
La blondinette, parchemin étalé devant elle et extrémité de sa plume à la bouche, réfléchissait. Le blondinet, lui, était très occupé à lui conter le rêve qu'il avait fait pendant la classe d'arithmétique, l'après-midi même. Son parchemin à lui était implacablement vierge de tout écriture, a contrario de celui de la fillette, couvert de brouillons d'opérations simples comme bonjour mais qui lui posaient problème.
"...et ça faisait shprouuuh et braaaom, parce que là, il avait invoqué un gros orage tu vois! Et même que..."
"Dis...on est toujours copains...?"
Le garçonnet s'interrompit, coupé et déstabilisé dans son élan par cette question aussi soudaine qu' étrange. Il cligna des yeux.
"Ben oui! Pourquoi?" demanda-t-il, incrédule.
"Ça fait combien, trois plus neuf...?" fit en retour la petite voix fluette de son amie.
Il bomba le torse et se redressa fièrement sur sa chaise, afin de déclarer comme s'il s'était agit de la plus claire des évidences:
"Ça fait treize."
Iris rosit de plaisir et le remercia vivement, n'hésitant pas à louer son intelligence et ses facilités en arithmétique. La fin d'après-midi se déroula sans incident notable autre qu'un verre de lait renversé sur la table, qui avait inondé et rendu illisible la copie enfin remplie du garçonnet.
"Flûte de zut, je vais tout devoir recopier!"
Sourcils froncés et moue aux lèvres, levant le parchemin trempé à hauteur de son visage. Il chercha des yeux sa nourrice qui venait de leur apporter leur goûter, mais elle était déjà repartie vaquer à ses ouvrages.
"Mais non! Donne-moi ça, je le recopierai au propre à la maison, je te le donne demain matin tu veux?" proposa la fillette avec gentillesse.
Le garçon opina du chef et se balança sur sa chaise, les bras croisés derrière sa nuque, séducteur de cour d'école. Cela eut l'effet escompté car la blondinette posa son coude sur la table, le menton dans sa main et le dévora des yeux sans retenue, avec toute l'innocence que l'on entretient encore à cet âge là. Elle le trouvait beau, simplement.
"Tu veux bien...finir de me raconter ton rêve?"
Belle- Citoyen
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Re: Échos d'innocence
Les beaux jours était arrivés. C'était bientôt la fin de l'école le temps de quelques semaines, afin que les enfants se reposent un peu. À la rentrée il y aurait des nouvelles têtes, mais il était peu probable de perdre des camarades.
La vie s'écoulait paisiblement en Lordaeron, et même s'il pouvait y avoir des exceptions, les gens se contentaient très bien de ce calme, peu importe leur classe sociale.
C'était l'heure de la pause déjeuner. La plupart des élèves étaient rassemblés par groupe de trois à cinq, chacun dans leur coin, entrain de dévorer le casse-croute qui avait été préparé pour eux au préalable par leurs parents ou leurs nourrices.
Une tradition étrange voulait que les filles et les garçons mangent séparément. S'ils pouvaient tout à fait jouer ensemble lors des autres recréations, le déjeuner dérogeait à cette règle. C'était l'occasion pour les fillettes de discuter poupées, carnets de note et premiers coups de cœurs.
Les garçons n'étaient pas en reste. Outre leurs exploits sportifs et les histoires grivoises qu'ils entendaient de leurs pères, lorsque ceux-ci étaient persuadés que leur progéniture dormait, ils passaient également beaucoup de temps à parler des filles. Ils allaient même jusqu'à les noter.
Iris babillait plus ou moins joyeusement, assise sur un banc de pierre en compagnie de ses amies. Elle en était à son dessert, se régalant d'une pomme bien rouge et prenant garde de ne pas faire couler de jus sur sa jolie tunique blanche. Sa chevelure blonde soigneusement nattée augmentait cette apparence de petite fille modèle.
Une heure, pendant une heure, elle devait ne plus penser à lui. Du reste, elle le retrouverait bien certainement après la classe, comme tous les jours depuis leurs cinq ans. Ils en avaient huit à présent. Pourtant...la fillette ne pouvait s'empêcher de de se demander ce qu'il faisait. De quoi il parlait. Pensait-il à elle en retour?
Il le faisait. Ses pensées semblaient être le parfait miroir de celles de la blondinette, à cet instant précis. Lui s'était éloigné de son groupe d'amis afin de boire à la pompe, un peu plus loin.
Le garçon souriait, riait et n'était pas le dernier à ajouter sa contribution aux anecdotes qui fusaient de tous les côtés, mais depuis quelques minutes, c'était au gros Corilas de parler. Sa grosse voix résonnait dans toute la cour, de sorte que tout le monde pouvait l'entendre fanfaronner.
Après avoir bu, il se redressa et essuya sa bouche du revers de sa manche. Il serait bien resté là jusqu'à la reprise de la classe, mais une certaine fierté le poussait à repŕendre la place qui était la sienne parmi ses camarades. Il se disputait le poste de "leader" avec Corilas. Cette grosse brute qui ne devait tout qu'à l'argent et aux connaissances de son père. Le blondinet le détestait, mais il se força à revenir au milieu du groupe.
C'est là qu'il l'entendit.
"...Iris? Boah. Je lui mets neuf sur dix. Elle est moins souvent en jupe que les autres, c'est nul. Mais bon. Quand on sera mariés elle et moi, je la forcerai à en mettre!"
Corilas conclut d'un rire gras, bientôt repris par l'ensemble des garçons.
Le blondinet lui, sentait les veines de ses tempes battre frénétiquement. Ses oreilles bourdonnaient. Et lorsque le gros lourdeau insista, insinuant qu'il l'embrasserait bientôt sous le Chêne-aux-amoureux, il ne chercha pas à se retenir, laissant libre cours à sa colère.
D'un bond, il se jeta sur Corilas et le plaqua au sol, commençant à le marteler de petits coups de poings rageurs. Autour d'eux, un attroupement se forma. Les garçons encourageaient, riaient, pariaient.
Les filles, elles, criaient et certaines les suppliaient d'arrêter tandis que les deux adversaires roulaient dans la poussière.
Le blondinet garda le dessus tout le long de la bagarre, car si l'autre était de plus forte carrure, son embonpoint le desservait. Les deux garçons se trouvèrent bien vite couverts d'écorchures et de marques qui vireraient bientôt au bleu. Ce fut l'intervention de passants, bon samaritains, qui mît fin au pugilat.
Ils en furent quitte pour une réprimande dans le bureau de la maîtresse. Les vêtements en lambeaux, l'un avait la piteuse mine du vaincu tandis que l'autre ne semblait guère s'inquiéter du sermon à venir.
Il semblait plutôt chercher quelqu'un des yeux. Lorsqu'il l'aperçut enfin, elle revenait tout juste des petits coins des filles. Iris ouvrit des yeux ronds en constatant l'état dans lequel était son ami.
Ce dernier, les cheveux en bataille et le visage couvert de crasse, lui lança un sourire triomphant à travers la poussière qui ne gâchait en rien ses traits. Il leva simplement le pouce, et s'engouffra dans l'école.
La vie s'écoulait paisiblement en Lordaeron, et même s'il pouvait y avoir des exceptions, les gens se contentaient très bien de ce calme, peu importe leur classe sociale.
C'était l'heure de la pause déjeuner. La plupart des élèves étaient rassemblés par groupe de trois à cinq, chacun dans leur coin, entrain de dévorer le casse-croute qui avait été préparé pour eux au préalable par leurs parents ou leurs nourrices.
Une tradition étrange voulait que les filles et les garçons mangent séparément. S'ils pouvaient tout à fait jouer ensemble lors des autres recréations, le déjeuner dérogeait à cette règle. C'était l'occasion pour les fillettes de discuter poupées, carnets de note et premiers coups de cœurs.
Les garçons n'étaient pas en reste. Outre leurs exploits sportifs et les histoires grivoises qu'ils entendaient de leurs pères, lorsque ceux-ci étaient persuadés que leur progéniture dormait, ils passaient également beaucoup de temps à parler des filles. Ils allaient même jusqu'à les noter.
Iris babillait plus ou moins joyeusement, assise sur un banc de pierre en compagnie de ses amies. Elle en était à son dessert, se régalant d'une pomme bien rouge et prenant garde de ne pas faire couler de jus sur sa jolie tunique blanche. Sa chevelure blonde soigneusement nattée augmentait cette apparence de petite fille modèle.
Une heure, pendant une heure, elle devait ne plus penser à lui. Du reste, elle le retrouverait bien certainement après la classe, comme tous les jours depuis leurs cinq ans. Ils en avaient huit à présent. Pourtant...la fillette ne pouvait s'empêcher de de se demander ce qu'il faisait. De quoi il parlait. Pensait-il à elle en retour?
Il le faisait. Ses pensées semblaient être le parfait miroir de celles de la blondinette, à cet instant précis. Lui s'était éloigné de son groupe d'amis afin de boire à la pompe, un peu plus loin.
Le garçon souriait, riait et n'était pas le dernier à ajouter sa contribution aux anecdotes qui fusaient de tous les côtés, mais depuis quelques minutes, c'était au gros Corilas de parler. Sa grosse voix résonnait dans toute la cour, de sorte que tout le monde pouvait l'entendre fanfaronner.
Après avoir bu, il se redressa et essuya sa bouche du revers de sa manche. Il serait bien resté là jusqu'à la reprise de la classe, mais une certaine fierté le poussait à repŕendre la place qui était la sienne parmi ses camarades. Il se disputait le poste de "leader" avec Corilas. Cette grosse brute qui ne devait tout qu'à l'argent et aux connaissances de son père. Le blondinet le détestait, mais il se força à revenir au milieu du groupe.
C'est là qu'il l'entendit.
"...Iris? Boah. Je lui mets neuf sur dix. Elle est moins souvent en jupe que les autres, c'est nul. Mais bon. Quand on sera mariés elle et moi, je la forcerai à en mettre!"
Corilas conclut d'un rire gras, bientôt repris par l'ensemble des garçons.
Le blondinet lui, sentait les veines de ses tempes battre frénétiquement. Ses oreilles bourdonnaient. Et lorsque le gros lourdeau insista, insinuant qu'il l'embrasserait bientôt sous le Chêne-aux-amoureux, il ne chercha pas à se retenir, laissant libre cours à sa colère.
D'un bond, il se jeta sur Corilas et le plaqua au sol, commençant à le marteler de petits coups de poings rageurs. Autour d'eux, un attroupement se forma. Les garçons encourageaient, riaient, pariaient.
Les filles, elles, criaient et certaines les suppliaient d'arrêter tandis que les deux adversaires roulaient dans la poussière.
Le blondinet garda le dessus tout le long de la bagarre, car si l'autre était de plus forte carrure, son embonpoint le desservait. Les deux garçons se trouvèrent bien vite couverts d'écorchures et de marques qui vireraient bientôt au bleu. Ce fut l'intervention de passants, bon samaritains, qui mît fin au pugilat.
Ils en furent quitte pour une réprimande dans le bureau de la maîtresse. Les vêtements en lambeaux, l'un avait la piteuse mine du vaincu tandis que l'autre ne semblait guère s'inquiéter du sermon à venir.
Il semblait plutôt chercher quelqu'un des yeux. Lorsqu'il l'aperçut enfin, elle revenait tout juste des petits coins des filles. Iris ouvrit des yeux ronds en constatant l'état dans lequel était son ami.
Ce dernier, les cheveux en bataille et le visage couvert de crasse, lui lança un sourire triomphant à travers la poussière qui ne gâchait en rien ses traits. Il leva simplement le pouce, et s'engouffra dans l'école.
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Re: Échos d'innocence
"Tu crois qu'on va se faire gronder pour ça?"
Dix années. Dix jeunes années et déjà aventureux comme pas deux. Si fait, comme deux. Ils étaient toujours inséparables.
Étendus dans l'herbe de la Clairière de Tirisfal, ils rêvassaient. Les bras croisés derrière la tête pour blondinet, et sa petite capeline blanche assortie à sa robe roulée en boule pour servir d'oreiller à sa nuque pour sa camarade. Ils fixaient les nuages, s'amusant parfois de leur drôle de forme.
Il y avait classe aujourd'hui pourtant, l'école avait repris il y avait déjà trois jours de cela. Mais le garçonnet avait eu une envie d'escapade pour la journée, et n'y aurait vu aucun intérêt s'il n'avait pu le partager avec elle.
C'est ainsi qu'au petit matin, il l'attendit près de chez elle, un peu en retrait. Lui qui se pressait toujours pour partir de chez lui où il s'ennuyait parfois, ne comprenait pas qu'elle puisse mettre autant de temps à sortir. Il faut dire qu'Iris prenait toujours bien soin d'embrasser père, mère, grande sœur, sans oublier le chat de la famille, une ignoble boule de poil répondant au nom de "Poulet".
Oui, c'était étrange.
Toujours est-il qu'il la vit enfin. Elle ajustait ses nattes avant de prendre bien sagement le chemin de l'école. Elle se serait certainement arrêtée devant chez lui pour l'attendre et qu'ils fassent route ensemble, si le blondinet n'était pas déjà là, à la guetter.
Il approcha par derrière et lui toucha l'épaule du bout du doigt, préparant déjà l'index de sa main libre sur sa bouche, pour lui intimer de se taire.
Iris se retourna et ouvrit de grands yeux. Elle ne posa cependant pas de questions tandis qu'il lui prenait la main pour l'entraîner vers de nouvelles aventures.
Déjà malin et dégourdi, le garçonnet avait déjà mis au point tout un plan pour pouvoir quitter la ville sans éveiller les soupçons. Deux gamins qui erraient dans les rues et tentaient de sortir de la Cité auraient vite fait d'être repérés, surtout s'ils étaient seuls. Aussi leur fallait-il trouver des...parents.
À proximité des portes, dissimulés derrière un tonneau, ils attendaient. La blondinette n'avait aucune idée de ce qu'ils attendaient au juste, mais avait une telle confiance en lui que s'il lui avait demandé de se jeter dans les flammes en assurant que ça ne ferait pas mal, elle n'aurait pas hésité.
Le garçon les repéra enfin. Ils étaient parfaits. Un homme et une femme, fin de la trentaine, blonds comme eux. La petite main potelée d'Iris toujours dans la sienne, il se glissa derrière le couple. Ils marchaient un peu en retrait, comme des enfants dans la lune derrière leurs parents. Ceux-ci ne s'aperçurent de rien, continuant à deviser entre eux de choses d'adultes auxquels les petits diables n'entendaient rien.
Les factionnaires qui gardaient les portes ne cillèrent pas en regardant passer cette famille. Les enfants se ressemblaient tant qu'ils auraient facilement pu être jumeaux, d'ailleurs. Si ils savaient...
Une fois en dehors de la Cité, les deux petits blonds s'éclipsèrent bien vite à la première occasion. Leur cœur battait à tout rompre tant ils étaient excités. Oh bien sur, ce n'était pas la première fois qu'ils sortaient mais alors, ils étaient toujours accompagnés d'un chaperon quelconque. Tantôt les parents d'Iris, tantôt Rycélia -qu'ils nommaient Célia- et qui était la nourrice du blondinet.
C'est ainsi qu'après avoir joué à chat, s'être mutuellement tiré par les vêtements et être allés chatouiller les naseaux des vaches avec des brins d'herbe, les deux petits diables se reposaient.
"Mh. On verra. On s'en fiche, c'était marrant." répondit-il en tournant la tête vers elle. Il avait gardé un petit brin de herbe qu'il avait glissé entre ses lèvres. Il avait vu un grand faire ça un jour et avait trouvé ça classe.
La fillette hocha la tête et se redressa un peu.
"...quoi? T'as pas trouvé ça drôle, toi?" demanda-t-il en faisant de même, les sourcils froncés.
Le garçonnet s'adoucit cependant en la voyant doucement secouer la tête.
"Si, mais j'ai froid."
"Bah. Remet ta cape."
"Non. Après j'aurais mal à la nuque pour m'allonger."
Il n'avait pas pensé à cela. Songeur le temps d'un instant, il s'illumina cependant. Tendant ses petits bras vers elle, il saisit sa capeline roulée en boule et la déplia soigneusement, avant de la lui glisser sur les épaules. Il se rallongea ensuite, gardant le bras gauche tendu dans l'herbe.
"Viens." lui dit-il simplement.
Ce qu'elle fit bien certainement, quoiqu'un peu hésitante au début. Les filles de l'école s'étaient mises à se moquer souvent d'elle et à dire qu'elle avait une grosse tête. Iris craignait donc que cette grosse tête en question n'écrase le petit bras de son camarade de jeux.
Il n'en fut rien, et c'est blottie ainsi contre lui, la nuque sur son bras, qu'elle laissa le temps filer. Les enfants somnolèrent, leurs doux visages caressés par des rayons de soleil. Une petite brise évitait qu'ils aient trop chaud. C'était idéal. Un moment parfait.
La blondinette s'approchait peu à peu du sommeil lorsqu'elle entendit, à voix très basse, le garçon demander, avec une décontraction qui lui était propre et qu'il ne perdrait sans doute jamais:
"...si on se mariait?"
Iris ouvrit un œil, qu'elle plissa aussitôt, le soleil lui faisant mal.
"Euh...plus tard tu veux dire? Quand on sera grands?"
"Non non! Maintenant. Tu vas voir, attend-moi là."
Et sans laisser le temps à la petite fille de répondre, il dégagea son bras, se releva, et fila en direction d'une ferme qui avait pour réputation de constituer d'excellents bouquets de fleurs.
La blondinette attendit, assise dans l'herbe. Sa robe blanche porterait sûrement les stigmates de cette fugue mais peu lui importait. Elle se demandait qu'elle idée bizarre avait germé dans la tête du garçon.
Ce dernier reparut enfin dans son champs de vision. À l'aide de grands signes, il l'invita à le rejoindre sous le grand arbre dont l'ombre le rafraîchissait.
"Le Chêne-aux-Amoureux" se dit-elle, tandis qu'avec sa docilité habituelle -lorsqu'ils n'étaient pas en compétition- elle arrivait à sa hauteur.
Tournés l'un vers l'autre, les deux enfants s'observèrent presque solennellement. Le garçonnet défit les nattes de sa copine, d'une seule main, car la deuxième était cachée dans son dos.
La fillette ne bronchait pas, c'est tout juste si elle clignait des yeux. Leurs regards bleus cristallin se fondaient l'un dans l'autre.
"Ferme les yeux..." chuchota-il.
Elle s'exécuta et il sortit enfin ce qu'il dissimulait jusqu'alors. Une magnifique couronne de fleurs blanches, comme sa robe et sa capeline. Sérieux, grave, il déposa l'ornement floral sur la chevelure blonde de la fille qui lui faisait face.
Qu'est-ce qu'elle était jolie...
Iris rouvrit les yeux juste à temps pour voir le visage du garçonnet s'approcher et s'approcher encore. Tout deux gardèrent les paupières ouvertes, papillonnant maladroitement tandis qu'ils partageait leur premier baiser. Un baiser d'enfant, maladroit et mignon comme tout, avec tout ce que cela implique. Deux jeunes bouches sucrées et innocentes pressées l'une contre l'autre. Deux petits cœurs battant à l'unisson. Deux anges blonds unis sous un Chêne.
Leurs initiales rejoignirent bientôt les nombreuses autres qui figuraient déjà sur l'écorce. Ils auraient voulu que seuls leurs noms soient gravés sur ce tronc mais il ne faisait aucun doute que leur amour supplanterait de loin ceux des gens passés avant eux.
Ce serait un amour fort, unique. Un lien incassable d'où ils tireraient leur courage. Une idylle éternelle qui durerait plus encore qu'eux, survivant au delà du corps et de l'esprit. Ensemble, pour toujours.
Dix années. Dix jeunes années et déjà aventureux comme pas deux. Si fait, comme deux. Ils étaient toujours inséparables.
Étendus dans l'herbe de la Clairière de Tirisfal, ils rêvassaient. Les bras croisés derrière la tête pour blondinet, et sa petite capeline blanche assortie à sa robe roulée en boule pour servir d'oreiller à sa nuque pour sa camarade. Ils fixaient les nuages, s'amusant parfois de leur drôle de forme.
Il y avait classe aujourd'hui pourtant, l'école avait repris il y avait déjà trois jours de cela. Mais le garçonnet avait eu une envie d'escapade pour la journée, et n'y aurait vu aucun intérêt s'il n'avait pu le partager avec elle.
C'est ainsi qu'au petit matin, il l'attendit près de chez elle, un peu en retrait. Lui qui se pressait toujours pour partir de chez lui où il s'ennuyait parfois, ne comprenait pas qu'elle puisse mettre autant de temps à sortir. Il faut dire qu'Iris prenait toujours bien soin d'embrasser père, mère, grande sœur, sans oublier le chat de la famille, une ignoble boule de poil répondant au nom de "Poulet".
Oui, c'était étrange.
Toujours est-il qu'il la vit enfin. Elle ajustait ses nattes avant de prendre bien sagement le chemin de l'école. Elle se serait certainement arrêtée devant chez lui pour l'attendre et qu'ils fassent route ensemble, si le blondinet n'était pas déjà là, à la guetter.
Il approcha par derrière et lui toucha l'épaule du bout du doigt, préparant déjà l'index de sa main libre sur sa bouche, pour lui intimer de se taire.
Iris se retourna et ouvrit de grands yeux. Elle ne posa cependant pas de questions tandis qu'il lui prenait la main pour l'entraîner vers de nouvelles aventures.
Déjà malin et dégourdi, le garçonnet avait déjà mis au point tout un plan pour pouvoir quitter la ville sans éveiller les soupçons. Deux gamins qui erraient dans les rues et tentaient de sortir de la Cité auraient vite fait d'être repérés, surtout s'ils étaient seuls. Aussi leur fallait-il trouver des...parents.
À proximité des portes, dissimulés derrière un tonneau, ils attendaient. La blondinette n'avait aucune idée de ce qu'ils attendaient au juste, mais avait une telle confiance en lui que s'il lui avait demandé de se jeter dans les flammes en assurant que ça ne ferait pas mal, elle n'aurait pas hésité.
Le garçon les repéra enfin. Ils étaient parfaits. Un homme et une femme, fin de la trentaine, blonds comme eux. La petite main potelée d'Iris toujours dans la sienne, il se glissa derrière le couple. Ils marchaient un peu en retrait, comme des enfants dans la lune derrière leurs parents. Ceux-ci ne s'aperçurent de rien, continuant à deviser entre eux de choses d'adultes auxquels les petits diables n'entendaient rien.
Les factionnaires qui gardaient les portes ne cillèrent pas en regardant passer cette famille. Les enfants se ressemblaient tant qu'ils auraient facilement pu être jumeaux, d'ailleurs. Si ils savaient...
Une fois en dehors de la Cité, les deux petits blonds s'éclipsèrent bien vite à la première occasion. Leur cœur battait à tout rompre tant ils étaient excités. Oh bien sur, ce n'était pas la première fois qu'ils sortaient mais alors, ils étaient toujours accompagnés d'un chaperon quelconque. Tantôt les parents d'Iris, tantôt Rycélia -qu'ils nommaient Célia- et qui était la nourrice du blondinet.
C'est ainsi qu'après avoir joué à chat, s'être mutuellement tiré par les vêtements et être allés chatouiller les naseaux des vaches avec des brins d'herbe, les deux petits diables se reposaient.
"Mh. On verra. On s'en fiche, c'était marrant." répondit-il en tournant la tête vers elle. Il avait gardé un petit brin de herbe qu'il avait glissé entre ses lèvres. Il avait vu un grand faire ça un jour et avait trouvé ça classe.
La fillette hocha la tête et se redressa un peu.
"...quoi? T'as pas trouvé ça drôle, toi?" demanda-t-il en faisant de même, les sourcils froncés.
Le garçonnet s'adoucit cependant en la voyant doucement secouer la tête.
"Si, mais j'ai froid."
"Bah. Remet ta cape."
"Non. Après j'aurais mal à la nuque pour m'allonger."
Il n'avait pas pensé à cela. Songeur le temps d'un instant, il s'illumina cependant. Tendant ses petits bras vers elle, il saisit sa capeline roulée en boule et la déplia soigneusement, avant de la lui glisser sur les épaules. Il se rallongea ensuite, gardant le bras gauche tendu dans l'herbe.
"Viens." lui dit-il simplement.
Ce qu'elle fit bien certainement, quoiqu'un peu hésitante au début. Les filles de l'école s'étaient mises à se moquer souvent d'elle et à dire qu'elle avait une grosse tête. Iris craignait donc que cette grosse tête en question n'écrase le petit bras de son camarade de jeux.
Il n'en fut rien, et c'est blottie ainsi contre lui, la nuque sur son bras, qu'elle laissa le temps filer. Les enfants somnolèrent, leurs doux visages caressés par des rayons de soleil. Une petite brise évitait qu'ils aient trop chaud. C'était idéal. Un moment parfait.
La blondinette s'approchait peu à peu du sommeil lorsqu'elle entendit, à voix très basse, le garçon demander, avec une décontraction qui lui était propre et qu'il ne perdrait sans doute jamais:
"...si on se mariait?"
Iris ouvrit un œil, qu'elle plissa aussitôt, le soleil lui faisant mal.
"Euh...plus tard tu veux dire? Quand on sera grands?"
"Non non! Maintenant. Tu vas voir, attend-moi là."
Et sans laisser le temps à la petite fille de répondre, il dégagea son bras, se releva, et fila en direction d'une ferme qui avait pour réputation de constituer d'excellents bouquets de fleurs.
La blondinette attendit, assise dans l'herbe. Sa robe blanche porterait sûrement les stigmates de cette fugue mais peu lui importait. Elle se demandait qu'elle idée bizarre avait germé dans la tête du garçon.
Ce dernier reparut enfin dans son champs de vision. À l'aide de grands signes, il l'invita à le rejoindre sous le grand arbre dont l'ombre le rafraîchissait.
"Le Chêne-aux-Amoureux" se dit-elle, tandis qu'avec sa docilité habituelle -lorsqu'ils n'étaient pas en compétition- elle arrivait à sa hauteur.
Tournés l'un vers l'autre, les deux enfants s'observèrent presque solennellement. Le garçonnet défit les nattes de sa copine, d'une seule main, car la deuxième était cachée dans son dos.
La fillette ne bronchait pas, c'est tout juste si elle clignait des yeux. Leurs regards bleus cristallin se fondaient l'un dans l'autre.
"Ferme les yeux..." chuchota-il.
Elle s'exécuta et il sortit enfin ce qu'il dissimulait jusqu'alors. Une magnifique couronne de fleurs blanches, comme sa robe et sa capeline. Sérieux, grave, il déposa l'ornement floral sur la chevelure blonde de la fille qui lui faisait face.
Qu'est-ce qu'elle était jolie...
Iris rouvrit les yeux juste à temps pour voir le visage du garçonnet s'approcher et s'approcher encore. Tout deux gardèrent les paupières ouvertes, papillonnant maladroitement tandis qu'ils partageait leur premier baiser. Un baiser d'enfant, maladroit et mignon comme tout, avec tout ce que cela implique. Deux jeunes bouches sucrées et innocentes pressées l'une contre l'autre. Deux petits cœurs battant à l'unisson. Deux anges blonds unis sous un Chêne.
Leurs initiales rejoignirent bientôt les nombreuses autres qui figuraient déjà sur l'écorce. Ils auraient voulu que seuls leurs noms soient gravés sur ce tronc mais il ne faisait aucun doute que leur amour supplanterait de loin ceux des gens passés avant eux.
Ce serait un amour fort, unique. Un lien incassable d'où ils tireraient leur courage. Une idylle éternelle qui durerait plus encore qu'eux, survivant au delà du corps et de l'esprit. Ensemble, pour toujours.
Belle- Citoyen
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Re: Échos d'innocence
Quand aurait-il enfin fini? Iris déambulait dans les rues adjacentes à sa demeure en l'attendant. Deux heures plus tôt, elle était venue se hisser à la hauteur de sa fenêtre, escaladant comme elle le pouvait. Ce fut laborieux pour la jeune adolescente dont la robe arrivait aux genoux. Ses petits pieds chaussés de brodequins blancs ripaient et glissaient souvent. Toujours est-il qu'elle y était parvenue, glissant un coup d'œil à l'intérieur de la chambre.
Il était là, attablé à son bureau, entrain de potasser un épais ouvrage. De quoi s'agissait-il au juste? Elle n'en savait rien, mais au vu des réguliers soupirs poussés par le jeune homme, cela n'avait pas l'air passionnant. Du moins pour lui.
Elle s'assura un équilibre tout relatif pour pouvoir toquer à la vitre, et leurs visages respectifs s'illuminèrent tandis qu'ils se souriaient. Il vint ouvrir, discrètement, après un regard précautionneux par dessus son épaule et en direction de la porte fermée.
"Iris...tu m'attends? Je n'en ai pas pour longtemps. On ira faire un tour après, j'ai quelque chose à te donner."
Il chuchotait, de crainte que son père ne puisse l'entendre. C'était un homme d'âge mûr dont la renommée n'était plus à faire dans la Cité. Il prenait les études de son unique fils très au sérieux, et n'admettait guère que celui-ci puisse se faire ainsi déranger pendant ses révisions.
Iris était persuadée que le maître des lieux la méprisait. Il était poli mais sans plus lorsqu'ils étaient confrontés l'un à l'autre. Un peu froid, distant. Elle se demandait parfois si c'était car elle était née du mauvais sexe ou bien au sein de la mauvaise classe sociale. Sa condition était nettement inférieure à celle de son ami, mais peu leur importaient. Elle profitait des goûters servis par Rycélia, et lui en retour, prenait plaisir à apprendre les trucs et astuces qu'avaient pour habitude d'employer la famille Claermoore.
C'est ainsi que la jeune blonde se retrouva à errer dans les rues pavées de blanc de la Cité. Elle offrait sourires et mots aimables à ceux qu'elle croisait et connaissait. Les citoyens aimaient à se regarder mutuellement grandir, et ils avaient développé une tendresse particulière envers ce drôle de petit couple toujours fourré ensemble.
Tandis qu'une nouvelle demie-heure s'écoulait, l'attention d'Iris fut attirée par des couinements, suivis de cris d'allégresse et de rires. Ces bruits semblaient venir d'une ruelle toute proche de la demeure du blondinet. Intriguée, elle alla voir.
Exista-t-il plus grande indignation que fut celle de la jeune fille alors qu'elle découvrait une scène dont la cruauté lui donna la nausée? Autour d'une pauvre masse informe et sanglante, qui avait du -quelques instants plus tôt encore- être un chien, trois garçons s'esclaffaient.
Deux d'entre eux tenaient quelque chose. Le premier, une sorte de cruche en terre cuite, l'autre avait visiblement enroulé plusieurs pierres d'un torchon. Les deux objets portaient le sang frais du pauvre animal geignant, agonisant.
La fillette se précipita, repoussant brutalement le premier garçon qui arriva à sa portée. Son visage aux joues vermeilles était animé de colère, et le courroux du juste brûlait dans ses yeux.
"Qu'est-ce que vous faites? Vous êtes malades!" s'écria-t-elle, tandis qu'elle se jetait à genoux près de la pauvre bête, tâchant de l'essuyer comme elle le pouvait à l'aide d'un pan de sa robe blanche, qui ne le resta pas.
Les brutes avaient cessé de rire un instant, surpris qu'ils étaient d'avoir été interrompus. Cependant leur hilarité repris lorsqu'ils constatèrent que tous les efforts de la jeune fille étaient vains. L'animal ne s'en tirerait pas.
Les grands yeux bleus d'Iris commençaient à s'embuer de larmes de tristesse et d'impuissance. Elle était consternée de la méchanceté dont elle était témoin.
"Méchants enfants!" les apostropha-t-elle en se tournant vers eux, s'apprêtant à se relever. Ils étaient pourtant d'apparence plus âgés qu'elle. Peut-être autour des quinze ans, quand elle en avait presque treize.
"Bah quoi? C'était qu'un chien." répondit celui qui tenait le torchon agrémenté de cailloux, le meneur visiblement.
La jeune fille secoua lentement la tête de droite à gauche. Des mèches de cheveux venaient se coller à ses joues rouges et humides. Ses petits poings ensanglantés se refermèrent sur sa robe et serrèrent très fort, de même que ses mâchoires se contractaient. Elle fit de gros efforts pour se garder de le gifler, mais ne pût retenir une exclamation furieuse.
"NON! LES CHIENS C'EST VOUS!"
Un laps de temps infime après, la blonde poussait un cri et gémissait de douleur, une main posée sur la partie droite de son visage. Il l'avait frappée à l'aide de son arme improvisée. Toujours accroupie près du corps du chien, elle se retint à grand peine de fondre en larmes afin de ne pas leur donner satisfaction. Son œil gauche resta décidément ouvert, fixant son agresseur d'un regard d'azur glacial, implacable. De cette simple œillade elle le mettait au défi de recommencer.
Ce qu'il s'apprêta à faire sans trop se faire prier, tandis que ses comparses se reculaient. Sans doute eux avaient compris que les choses étaient entrain de pendre une tournure autrement plus grave. Il ne s'agissait plus d'un animal qu'ils voyaient se faire battre devant eux, mais d'une fillette qui ne manquerait pas d'aller tout répéter.
Le torchon rempli de pierres se leva une fois encore, dans l'élan caractéristique de celui qui s'apprête à frapper. Iris ne ferma pas l'œil pour autant, décidée à faire face jusqu'au bout. Elle attendait simplement la douleur fulgurante qui accompagnerait sûrement ce nouveau coup. Mais elle ne vint pas.
À contre-jour, il s'avançait. Lentement, inexorablement. Était-ce sa vision brouillée par ses larmes et sa peur qui, aux yeux d'Iris, le faisaient paraître plus grand et plus impressionnant qu'elle ne l'avait jamais vu être? Sans un mot, le souffle coupé elle l'observa, de même que les trois voyous.
Le plus vindicatif se tourna vers lui, les traits déformés par la joie malsaine qu'il éprouvait à brutaliser autrui, s'ils étaient plus faibles, naturellement. Le blond, car c'était lui, referma son poing autour du poignet du meneur. Ce dernier tenta de résister mais ce fut en vain, car bientôt le voici qui pliait, geignant de douleur, tandis que sa main laissait échapper l'arme avec laquelle il venait de frapper Iris.
Le blondinet le laissa se redresser, pour ensuite heurter sa mâchoire de son poing fermé. Sonné après ce premier coup, la brute épaisse recula. Il recula tant et si bien que son dos finit par se coller contre le mur extérieur d'une maison adjacente. Il grogna.
"T'es qui toi? Mêle-toi de tes affaires!"
D'apparence calme bien que la rage bouillonnait en lui, brûlant ses entrailles, tordant ses poumons, le blond répondit presque posément.
"Qui je suis ne te regarde pas. Et elle est mon affaire."
Tout en désignant Iris à la main toujours plaquée sur son visage endolori, qui le regardait pourtant de son unique œil rond.
Pris au piège, c'est une odeur rance et honteuse qui s'éleva bientôt des braies du meneur de la bande. Visiblement, il s'était uriné dessus. Cela fit esquisser un fin sourire moqueur au blond, en coin.
Il envoya son front fracturer le nez de son lâche opposant, et se détourna ensuite comme si ce dernier se révélait finalement indigne de son attention, ce qu'il aurait d'ailleurs été s'il n'avait pas eu cette idée saugrenue de lever la main sur celle qu'il aimait.
Le blond s'approcha d'Iris et la releva, faisant fi de ses vêtements et de ses mains ensanglantés qui risquaient de le salir à son tour. Il l'encercla de ses bras, se plaçant derrière elle pour faire face aux trois voyous. L'une de ses mains se posa sur la tête de la jeune fille, bientôt rejointe par son menton sur sa chevelure blonde. L'autre main posée sur le ventre d'Iris, il toisait du regard ceux qui avaient provoqué l'indignation de sa princesse, tenant cette dernière fermement contre lui dans une étreinte on ne peut plus protectrice.
Son cœur tambourinait dans sa poitrine, l'adrénaline retombait lentement mais sa colère restait vivace. Il inspira lentement, profondément, avant de déclarer:
"Si l'un d'entre vous...n'importe lequel...s'avise de l'approcher de nouveau...non...de même ne faire que la regarder...je le tue."
Il était là, attablé à son bureau, entrain de potasser un épais ouvrage. De quoi s'agissait-il au juste? Elle n'en savait rien, mais au vu des réguliers soupirs poussés par le jeune homme, cela n'avait pas l'air passionnant. Du moins pour lui.
Elle s'assura un équilibre tout relatif pour pouvoir toquer à la vitre, et leurs visages respectifs s'illuminèrent tandis qu'ils se souriaient. Il vint ouvrir, discrètement, après un regard précautionneux par dessus son épaule et en direction de la porte fermée.
"Iris...tu m'attends? Je n'en ai pas pour longtemps. On ira faire un tour après, j'ai quelque chose à te donner."
Il chuchotait, de crainte que son père ne puisse l'entendre. C'était un homme d'âge mûr dont la renommée n'était plus à faire dans la Cité. Il prenait les études de son unique fils très au sérieux, et n'admettait guère que celui-ci puisse se faire ainsi déranger pendant ses révisions.
Iris était persuadée que le maître des lieux la méprisait. Il était poli mais sans plus lorsqu'ils étaient confrontés l'un à l'autre. Un peu froid, distant. Elle se demandait parfois si c'était car elle était née du mauvais sexe ou bien au sein de la mauvaise classe sociale. Sa condition était nettement inférieure à celle de son ami, mais peu leur importaient. Elle profitait des goûters servis par Rycélia, et lui en retour, prenait plaisir à apprendre les trucs et astuces qu'avaient pour habitude d'employer la famille Claermoore.
C'est ainsi que la jeune blonde se retrouva à errer dans les rues pavées de blanc de la Cité. Elle offrait sourires et mots aimables à ceux qu'elle croisait et connaissait. Les citoyens aimaient à se regarder mutuellement grandir, et ils avaient développé une tendresse particulière envers ce drôle de petit couple toujours fourré ensemble.
Tandis qu'une nouvelle demie-heure s'écoulait, l'attention d'Iris fut attirée par des couinements, suivis de cris d'allégresse et de rires. Ces bruits semblaient venir d'une ruelle toute proche de la demeure du blondinet. Intriguée, elle alla voir.
Exista-t-il plus grande indignation que fut celle de la jeune fille alors qu'elle découvrait une scène dont la cruauté lui donna la nausée? Autour d'une pauvre masse informe et sanglante, qui avait du -quelques instants plus tôt encore- être un chien, trois garçons s'esclaffaient.
Deux d'entre eux tenaient quelque chose. Le premier, une sorte de cruche en terre cuite, l'autre avait visiblement enroulé plusieurs pierres d'un torchon. Les deux objets portaient le sang frais du pauvre animal geignant, agonisant.
La fillette se précipita, repoussant brutalement le premier garçon qui arriva à sa portée. Son visage aux joues vermeilles était animé de colère, et le courroux du juste brûlait dans ses yeux.
"Qu'est-ce que vous faites? Vous êtes malades!" s'écria-t-elle, tandis qu'elle se jetait à genoux près de la pauvre bête, tâchant de l'essuyer comme elle le pouvait à l'aide d'un pan de sa robe blanche, qui ne le resta pas.
Les brutes avaient cessé de rire un instant, surpris qu'ils étaient d'avoir été interrompus. Cependant leur hilarité repris lorsqu'ils constatèrent que tous les efforts de la jeune fille étaient vains. L'animal ne s'en tirerait pas.
Les grands yeux bleus d'Iris commençaient à s'embuer de larmes de tristesse et d'impuissance. Elle était consternée de la méchanceté dont elle était témoin.
"Méchants enfants!" les apostropha-t-elle en se tournant vers eux, s'apprêtant à se relever. Ils étaient pourtant d'apparence plus âgés qu'elle. Peut-être autour des quinze ans, quand elle en avait presque treize.
"Bah quoi? C'était qu'un chien." répondit celui qui tenait le torchon agrémenté de cailloux, le meneur visiblement.
La jeune fille secoua lentement la tête de droite à gauche. Des mèches de cheveux venaient se coller à ses joues rouges et humides. Ses petits poings ensanglantés se refermèrent sur sa robe et serrèrent très fort, de même que ses mâchoires se contractaient. Elle fit de gros efforts pour se garder de le gifler, mais ne pût retenir une exclamation furieuse.
"NON! LES CHIENS C'EST VOUS!"
Un laps de temps infime après, la blonde poussait un cri et gémissait de douleur, une main posée sur la partie droite de son visage. Il l'avait frappée à l'aide de son arme improvisée. Toujours accroupie près du corps du chien, elle se retint à grand peine de fondre en larmes afin de ne pas leur donner satisfaction. Son œil gauche resta décidément ouvert, fixant son agresseur d'un regard d'azur glacial, implacable. De cette simple œillade elle le mettait au défi de recommencer.
Ce qu'il s'apprêta à faire sans trop se faire prier, tandis que ses comparses se reculaient. Sans doute eux avaient compris que les choses étaient entrain de pendre une tournure autrement plus grave. Il ne s'agissait plus d'un animal qu'ils voyaient se faire battre devant eux, mais d'une fillette qui ne manquerait pas d'aller tout répéter.
Le torchon rempli de pierres se leva une fois encore, dans l'élan caractéristique de celui qui s'apprête à frapper. Iris ne ferma pas l'œil pour autant, décidée à faire face jusqu'au bout. Elle attendait simplement la douleur fulgurante qui accompagnerait sûrement ce nouveau coup. Mais elle ne vint pas.
À contre-jour, il s'avançait. Lentement, inexorablement. Était-ce sa vision brouillée par ses larmes et sa peur qui, aux yeux d'Iris, le faisaient paraître plus grand et plus impressionnant qu'elle ne l'avait jamais vu être? Sans un mot, le souffle coupé elle l'observa, de même que les trois voyous.
Le plus vindicatif se tourna vers lui, les traits déformés par la joie malsaine qu'il éprouvait à brutaliser autrui, s'ils étaient plus faibles, naturellement. Le blond, car c'était lui, referma son poing autour du poignet du meneur. Ce dernier tenta de résister mais ce fut en vain, car bientôt le voici qui pliait, geignant de douleur, tandis que sa main laissait échapper l'arme avec laquelle il venait de frapper Iris.
Le blondinet le laissa se redresser, pour ensuite heurter sa mâchoire de son poing fermé. Sonné après ce premier coup, la brute épaisse recula. Il recula tant et si bien que son dos finit par se coller contre le mur extérieur d'une maison adjacente. Il grogna.
"T'es qui toi? Mêle-toi de tes affaires!"
D'apparence calme bien que la rage bouillonnait en lui, brûlant ses entrailles, tordant ses poumons, le blond répondit presque posément.
"Qui je suis ne te regarde pas. Et elle est mon affaire."
Tout en désignant Iris à la main toujours plaquée sur son visage endolori, qui le regardait pourtant de son unique œil rond.
Pris au piège, c'est une odeur rance et honteuse qui s'éleva bientôt des braies du meneur de la bande. Visiblement, il s'était uriné dessus. Cela fit esquisser un fin sourire moqueur au blond, en coin.
Il envoya son front fracturer le nez de son lâche opposant, et se détourna ensuite comme si ce dernier se révélait finalement indigne de son attention, ce qu'il aurait d'ailleurs été s'il n'avait pas eu cette idée saugrenue de lever la main sur celle qu'il aimait.
Le blond s'approcha d'Iris et la releva, faisant fi de ses vêtements et de ses mains ensanglantés qui risquaient de le salir à son tour. Il l'encercla de ses bras, se plaçant derrière elle pour faire face aux trois voyous. L'une de ses mains se posa sur la tête de la jeune fille, bientôt rejointe par son menton sur sa chevelure blonde. L'autre main posée sur le ventre d'Iris, il toisait du regard ceux qui avaient provoqué l'indignation de sa princesse, tenant cette dernière fermement contre lui dans une étreinte on ne peut plus protectrice.
Son cœur tambourinait dans sa poitrine, l'adrénaline retombait lentement mais sa colère restait vivace. Il inspira lentement, profondément, avant de déclarer:
"Si l'un d'entre vous...n'importe lequel...s'avise de l'approcher de nouveau...non...de même ne faire que la regarder...je le tue."
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Re: Échos d'innocence
Le paysage défilait autour des deux jeunes amoureux. Montés ensemble sur le cheval que le blond avait reçu en cadeau de la part de son père, ils avaient profité d'une journée où tout deux n'avaient rien à faire, afin de passer du temps l'un avec l'autre, loin de la Cité.
Ils avaient treize ans, de ce fait, les classes étaient terminées. Libre à eux de choisir de suivre un apprentissage quelconque, ce qu'était destiné à faire le jeune homme. La blonde, elle, hésitait encore. En attendant de trouver sa voie, elle aidait sa mère à coudre des napperons qu'elles vendaient ensuite ensemble sur le marché. Rien de bien glorieux, mais cela lui plaisait.
Iris baissa les yeux sur la main du jeune homme posée sur son ventre. De l'autre, il tenait la bride. Au petit trot, ils devisaient, babillaient joyeusement de tout et de rien, de ce qu'ils voyaient et de ce qu'ils espéraient voir.
Ils pénétrèrent bientôt dans la Forêt des Pins-Argentés. C'était une forêt paisible alors, et l'ombre y était des plus agréable. Les jeunes s'arrêtèrent à proximité d'un petit cours d'eau.
Le blond mis pied à terre le premier afin de pouvoir tendre les bras à sa belle et l'aider à descendre. Cette dernière se pencha et posa ses petites mains blanches sur les épaules déjà robustes du jeune homme. Il l'attrapa par les hanches et la déposa doucement au sol. Un échange de sourire, et, main dans la main, s'enfoncèrent dans la forêt en laissant leur monture s'abreuver tranquillement.
Iris avait en tête de cueillir des fruits des bois. Elle et sa mère en feraient certainement de délicieuses confitures qu'elle partagerait avec lui. Du reste, Célia était très gourmande, et bien que la brave nourrice se prive souvent de douceurs afin d'en laisser davantage aux petits, comme elle continuait de les appeler, ils n'étaient pas dupes.
Le jeune homme lui, désirait grimper tout en haut d'un pin. Ils décidèrent ainsi de se séparer le temps que chacun satisfasse son envie, pour sans doute mieux se retrouver ensuite.
La blonde examinait les buissons, se penchait, tirant parfois sur ses braies ou sa tunique qui venaient se prendre dans des ronces. Elle s'avança tant et si bien dans les bois que bientôt, elle fut perdue. Une pointe de panique l'envahit. Allait-elle retrouver son chemin? Lui, la retrouverait-il? Y avait-il des loups, ici...? Oh, il y en avait sûrement.
À mi-voix d'abord, tout en effectuant quelques petits pas hésitants et apeurés, elle l'appela. N'obtenant pas de réponse, la jeune fille haussa la voix, se mettant à crier et même à presser le pas jusqu'à courir.
Son visage était blême, terrifié. Ses yeux hagards n'avaient de cesse de regarder tout autour d'elle, dans le vain espoir de reconnaître, de se souvenir...
Iris enjamba l'épaisse racine d'un arbre gigantesque et, se sentit soudainement poussée en arrière.
Un cri de frayeur s'échappa d'entre ses lèvres roses et charnues. Tombant à genoux dans ce qui semblait être un par-terre de mousse, elle ne s'écorcha pas même les mains en se réceptionnant. Comme si cela avait été fait...exprès.
Un rire familier s'éleva derrière elle et lui fit monter le rouge aux joues. Il ne s'en tirerait pas comme ça! Faisant volte-face, Iris s'agrippa brusquement aux jambes du blond, fier comme un coq de son mauvais tour. Il vacilla et finit par chuter, ne s'y attendant pas le moins du monde.
Leurs corps s'emmêlèrent maladroitement. Riants, c'était à celui qui parviendrait le premier à dégager un bras, une jambe...En attendant, ils faisaient mine de se mordre, tentaient de rouler pour prendre le dessus sur l'autre. Ils jouaient dans des chahuts d'enfants qui n'en étaient plus vraiment.
Le blond finit par réussit à faire basculer leurs corps sur le côté. Leurs jeunes corps pressés l'un contre l'autre et leurs bouches respectives dangereusement proches, ils se fixèrent, hésitants, frémissants et la gorge sèche.
Il commença par timidement goûter ses lèvres avant de gagner en assurance. Iris ferma les yeux et se laissa docilement faire, n'étant d'ailleurs pas en reste car sa main s'égarait dans le dos de son partenaire, jusqu'à aller flatter le bas de ses reins.
Ce fut lui qui prit l'initiative de mettre fin à ce baiser humide, indécent. Se redressant sur un bras tendu, sa main libre s'employa à faire glisser la bretelle de la tunique que revêtait la jeune fille.
Cette dernière avait le souffle court, son cœur tambourinait si fort contre sa poitrine qu'il semblait prêt à s'échapper. À jaillir.
"Tu as peur...?" lui chuchota-t-il en caressant sa joue vermeille du dos de sa main.
Iris hocha la tête, ne le lâchant pas du regard. Il esquissa un sourire tendre, amoureux, et enfouit son visage dans le creux de son cou....
Le chemin du retour se fit dans un silence inhabituel. Elle était montée derrière lui, se tenant sagement à ce qu'elle pouvait, au lieu de simplement s'accrocher à lui. À chaque fois que leurs mains s'effleuraient, que leurs cuisses se touchaient, les deux adolescents rougissaient à qui mieux-mieux.
Lorsqu'il la déposa devant chez elle, il ne l'aida pas à descendre, restant droit et altier sur la selle. C'est tout de même une œillade tendre qu'il coula vers elle tandis qu'elle poussait la porte de sa demeure relativement humble comparée à celle du jeune homme.
"À demain." dit simplement Iris, refermant la porte derrière elle sans le regarder.
Sans un mot pour sa famille, sans caresse pour Poulet le chat, la blonde alla se jeter sur son lit, enfouissant son visage dans l'oreiller. Respirant à plein poumon ce parfum familier, à contrario des effluves masculines qu'elle avait pu sentir quelques heures auparavant, elle finit par sourire.
Ils avaient pris la bonne décision. Furent raisonnables. Ce n'était que partie remise.
Ils avaient treize ans, de ce fait, les classes étaient terminées. Libre à eux de choisir de suivre un apprentissage quelconque, ce qu'était destiné à faire le jeune homme. La blonde, elle, hésitait encore. En attendant de trouver sa voie, elle aidait sa mère à coudre des napperons qu'elles vendaient ensuite ensemble sur le marché. Rien de bien glorieux, mais cela lui plaisait.
Iris baissa les yeux sur la main du jeune homme posée sur son ventre. De l'autre, il tenait la bride. Au petit trot, ils devisaient, babillaient joyeusement de tout et de rien, de ce qu'ils voyaient et de ce qu'ils espéraient voir.
Ils pénétrèrent bientôt dans la Forêt des Pins-Argentés. C'était une forêt paisible alors, et l'ombre y était des plus agréable. Les jeunes s'arrêtèrent à proximité d'un petit cours d'eau.
Le blond mis pied à terre le premier afin de pouvoir tendre les bras à sa belle et l'aider à descendre. Cette dernière se pencha et posa ses petites mains blanches sur les épaules déjà robustes du jeune homme. Il l'attrapa par les hanches et la déposa doucement au sol. Un échange de sourire, et, main dans la main, s'enfoncèrent dans la forêt en laissant leur monture s'abreuver tranquillement.
Iris avait en tête de cueillir des fruits des bois. Elle et sa mère en feraient certainement de délicieuses confitures qu'elle partagerait avec lui. Du reste, Célia était très gourmande, et bien que la brave nourrice se prive souvent de douceurs afin d'en laisser davantage aux petits, comme elle continuait de les appeler, ils n'étaient pas dupes.
Le jeune homme lui, désirait grimper tout en haut d'un pin. Ils décidèrent ainsi de se séparer le temps que chacun satisfasse son envie, pour sans doute mieux se retrouver ensuite.
La blonde examinait les buissons, se penchait, tirant parfois sur ses braies ou sa tunique qui venaient se prendre dans des ronces. Elle s'avança tant et si bien dans les bois que bientôt, elle fut perdue. Une pointe de panique l'envahit. Allait-elle retrouver son chemin? Lui, la retrouverait-il? Y avait-il des loups, ici...? Oh, il y en avait sûrement.
À mi-voix d'abord, tout en effectuant quelques petits pas hésitants et apeurés, elle l'appela. N'obtenant pas de réponse, la jeune fille haussa la voix, se mettant à crier et même à presser le pas jusqu'à courir.
Son visage était blême, terrifié. Ses yeux hagards n'avaient de cesse de regarder tout autour d'elle, dans le vain espoir de reconnaître, de se souvenir...
Iris enjamba l'épaisse racine d'un arbre gigantesque et, se sentit soudainement poussée en arrière.
Un cri de frayeur s'échappa d'entre ses lèvres roses et charnues. Tombant à genoux dans ce qui semblait être un par-terre de mousse, elle ne s'écorcha pas même les mains en se réceptionnant. Comme si cela avait été fait...exprès.
Un rire familier s'éleva derrière elle et lui fit monter le rouge aux joues. Il ne s'en tirerait pas comme ça! Faisant volte-face, Iris s'agrippa brusquement aux jambes du blond, fier comme un coq de son mauvais tour. Il vacilla et finit par chuter, ne s'y attendant pas le moins du monde.
Leurs corps s'emmêlèrent maladroitement. Riants, c'était à celui qui parviendrait le premier à dégager un bras, une jambe...En attendant, ils faisaient mine de se mordre, tentaient de rouler pour prendre le dessus sur l'autre. Ils jouaient dans des chahuts d'enfants qui n'en étaient plus vraiment.
Le blond finit par réussit à faire basculer leurs corps sur le côté. Leurs jeunes corps pressés l'un contre l'autre et leurs bouches respectives dangereusement proches, ils se fixèrent, hésitants, frémissants et la gorge sèche.
Il commença par timidement goûter ses lèvres avant de gagner en assurance. Iris ferma les yeux et se laissa docilement faire, n'étant d'ailleurs pas en reste car sa main s'égarait dans le dos de son partenaire, jusqu'à aller flatter le bas de ses reins.
Ce fut lui qui prit l'initiative de mettre fin à ce baiser humide, indécent. Se redressant sur un bras tendu, sa main libre s'employa à faire glisser la bretelle de la tunique que revêtait la jeune fille.
Cette dernière avait le souffle court, son cœur tambourinait si fort contre sa poitrine qu'il semblait prêt à s'échapper. À jaillir.
"Tu as peur...?" lui chuchota-t-il en caressant sa joue vermeille du dos de sa main.
Iris hocha la tête, ne le lâchant pas du regard. Il esquissa un sourire tendre, amoureux, et enfouit son visage dans le creux de son cou....
Le chemin du retour se fit dans un silence inhabituel. Elle était montée derrière lui, se tenant sagement à ce qu'elle pouvait, au lieu de simplement s'accrocher à lui. À chaque fois que leurs mains s'effleuraient, que leurs cuisses se touchaient, les deux adolescents rougissaient à qui mieux-mieux.
Lorsqu'il la déposa devant chez elle, il ne l'aida pas à descendre, restant droit et altier sur la selle. C'est tout de même une œillade tendre qu'il coula vers elle tandis qu'elle poussait la porte de sa demeure relativement humble comparée à celle du jeune homme.
"À demain." dit simplement Iris, refermant la porte derrière elle sans le regarder.
Sans un mot pour sa famille, sans caresse pour Poulet le chat, la blonde alla se jeter sur son lit, enfouissant son visage dans l'oreiller. Respirant à plein poumon ce parfum familier, à contrario des effluves masculines qu'elle avait pu sentir quelques heures auparavant, elle finit par sourire.
Ils avaient pris la bonne décision. Furent raisonnables. Ce n'était que partie remise.
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Re: Échos d'innocence
L'excitation avait gagné le cœur de chacun dans la Cité. C'était la Sanssaint, et ce soir, l'homme d'osier s'embraserait. Il était de coutume de venir accompagné, c'est pourquoi il n'était pas rare de voir des jeunes gens s'aborder les uns les autres afin de se trouver un partenaire, le temps d'une soirée.
Iris était bien loin de ces préoccupations futiles. Ou alors était-ce simplement que la question ne se posait même pas. Elle irait avec lui, comme chaque année.
Assise à la table familiale, située dans la cuisine, elle mettait la touche finale à la tenue qu'elle porterait ce soir. Une robe aux couleurs de l'automne, faite d'une étoffe légère. Aiguille en main, elle s'évertuait à broder quelques motifs au niveau de la ceinture, surveillant du coin de l'œil Poulet le chat, qui semblait on ne peut plus intéressé par la bobine de fil.
Autour d'elle, c'était l'effervescence habituelle. Son père effectuait divers allers-retours, outils en main, livrant et prenant commande. C'était un homme grand et à l'allure débonnaire, malgré sa moustache sévère et savamment entretenue. Il était ce qu'on pourrait qualifier de forgeron, créant et fournissant ainsi quelques pièces nécessaires à la consolidation d'armures lourdes. Il s'occupait également de ferrer les coursiers de la Cité.
Iris cessa un instant de coudre pour observer sa mère, du moins son dos, occupée sur le plan de travail. Traditionnellement, le soir de l'embrasement de l'homme de osier, madame Claermoore avait pour habitude de faire un petit plateau de muffins.
La jeune blonde esquissa un sourire. Il adorait ça. Un dernier coup d'œil sur sa gauche afin d'aviser sa sœur avec qui elle n'avait de commun que la blondeur, et elle reprit son ouvrage, concentrée au possible.
Quelques semaines s'étaient écoulées depuis cette escapade dans la forêt des Pins Argentés. Les deux adolescents avaient rapidement retrouvé leur éternelle complicité, ne mentionnant plus ce qui s'était -ou presque- passé. Cependant, il n'était pas rare que la jeune fille y songe de temps à autre. Inexorablement, elle se prenait à rougir et à vite se changer les idées.
Le jour commençait à baisser au dehors, cela fut le signal qu'elle attendait. Sa tenue était enfin terminée et Iris se précipita dans sa chambre afin de l'enfiler pour ensuite en admirer le résultat. Elle esquissa un sourire,visiblement satisfaite de l'image que lui renvoyait le miroir et, se précipitant dans la cuisine, embrassa sa famille, son chat, avant de quitter la maison, sans un mot de plus. Il était l'heure.
La jeune blonde allait gaiment, dans la rue, pressant tout de même le pas afin d'être un peu en avance. Quelle animation autour d'elle! Le plus souvent des couples, parfois des familles, tous se dirigeaient vers la sortie de la Cité afin d'admirer l'embrasement de l'homme d'osier. Iris ressentait une excitation particulière. C'était également l'occasion pour elle d'apercevoir la famille royale.
Riant et papotant joyeusement, les citoyens ne prêtaient pas grande attention à la blondinette qui le leur rendait bien. Encore une centaine de mètres et elle y serait enf...
La jeune fille s'illumina subitement. Elle venait de l'apercevoir, un peu plus loin, à l'arrêt. Elle se précipita vers lui et déposa deux grosses bises sur ses jours qui prirent aussitôt une étrange teinte cramoisie qui n'avait rien à voir avec une timidité quelconque.
"On y va?" lança-t-elle avec entrain tandis qu'elle se détournait en lui prenant la main, prête à l'entraîner à sa suite.
Iris tira mais quelque chose la fit ciller, cligner des yeux. Quelque chose n'allait pas. Il résistait.
La jeune fille tourna la tête par dessus son épaule, son expression proche de l'ahurissement en disant long sur sa surprise. Lui semblait raide, tendu, les mâchoires légèrement crispées. Les joues toujours rouges.
"Je...n'y vais pas avec toi cette année, Iris."
La blonde encaissa le choc en battant des paupières frénétiquement plusieurs fois. Elle se fendît d'un sourire hésitant, tirant de nouveau sur la main du jeune homme.
"Très amusant, aller viens, on va tout rater!"
"Iris...tu ne m'as pas demandé d'être ton cavalier...et quelqu'un d'autre l'a fait."
"Mais...c'était évident non...enfin...nous y allons ensemble chaque année et..."
Il la coupa, détournant les yeux du visage habituellement si joyeux de son amie d'enfance, à présent au bord des larmes.
"Peut-être que justement...il est temps de grandir et de...changer."
Elle ne pouvait pas croire ce qu'elle entendait. Nul doute qu'il devait plaisanter, mais c'était d'un goût tellement douteux! Cependant, lorsque la porte de la demeure devant laquelle il attendait s'ouvrit, elle réalisa.
Iris n'avait pas pris garde à l'endroit où elle venait de le trouver. Elle s'était imaginée qu'il était venu au devant d'elle mais elle compris enfin que non, il attendait en fait quelqu'un d'autre.
Un quelqu'un d'autre aux cheveux châtains proches du brun, et aux yeux noisettes. Vêtue on ne peut plus élégamment, sa robe étant autrement plus sophistiquée que celle d'Iris.
La nouvelle venue baissa les yeux sur cette scène étrange et arqua les sourcils. Après tout, voir son cavalier en compagnie d'une autre, qui semblait même le tirer vers elle et se retenir d'éclater en sanglots, avait de quoi intriguer.
Lentement, la jeune blonde défit l'étreinte de sa main sur celle de son ami, silencieux et la tête toujours détournée, comme s'il n'osait pas affronter l'immense tristesse qu'il venait de lui causer. Brisée, dégoûtée, Iris tourna les talons et s'enfuit, les dents serrées.
C'est assise dans son lit, toujours en tenue de fête, que sa sœur la trouva. L'adolescente avec les genoux repliés contre sa poitrine et ses bras les entouraient. Hagarde, elle fixait au travers de la fenêtre. N'ayant aucune idée précise de l'heure qu'il pouvait être, il lui semblait pourtant évident que les festivités étaient sur le pont de s'achever, si cela n'était pas déjà fait.
Elle ne broncha pas lorsque sa sœur se déshabilla et se mît au lit, en face d'elle, sans un mot. Sans doute respectait-elle le chagrin de sa cadette.
Cette dernière ferma les yeux tandis qu'une énième larme s'aventurait sur sa joue vermeille. Ses yeux rougis, gonflés, elle s'allongea également, enfouissant son visage malheureux dans l'oreiller grossier de sa couche. Remontant les couvertures par dessus sa tête pour sangloter silencieusement, elle repensa à ses dernières paroles.
De simples mots qui l'avaient transpercée comme l'auraient fait mille poignards. Et sans encore lui faire autant de mal.
En désespoir de cause, elle avait levé ses yeux suppliants vers le visage du jeune homme, ses mains s'agrippant à son bras.
"Qu'est-ce que je suis pour toi...?" avait-elle soufflé, larmoyante, indifférente au soupir exaspéré de sa rivale d'un soir.
Jamais alors elle n'avait cru que d'aussi jolies et douces lèvres, qu'elle aimait tant, pouvaient servir à la briser, à lui faire tant de mal qu'elle sentit un froid intense l'envahir, de ses orteils à son front, allant même jusqu'à lui couper le souffle.
Une magnifique bouche, s'articulant de quelques mots qui tombèrent comme la pire des sentences aux oreilles d'une jeune fille amoureuse.
"Tu es ma meilleure amie, Iris."
Iris était bien loin de ces préoccupations futiles. Ou alors était-ce simplement que la question ne se posait même pas. Elle irait avec lui, comme chaque année.
Assise à la table familiale, située dans la cuisine, elle mettait la touche finale à la tenue qu'elle porterait ce soir. Une robe aux couleurs de l'automne, faite d'une étoffe légère. Aiguille en main, elle s'évertuait à broder quelques motifs au niveau de la ceinture, surveillant du coin de l'œil Poulet le chat, qui semblait on ne peut plus intéressé par la bobine de fil.
Autour d'elle, c'était l'effervescence habituelle. Son père effectuait divers allers-retours, outils en main, livrant et prenant commande. C'était un homme grand et à l'allure débonnaire, malgré sa moustache sévère et savamment entretenue. Il était ce qu'on pourrait qualifier de forgeron, créant et fournissant ainsi quelques pièces nécessaires à la consolidation d'armures lourdes. Il s'occupait également de ferrer les coursiers de la Cité.
Iris cessa un instant de coudre pour observer sa mère, du moins son dos, occupée sur le plan de travail. Traditionnellement, le soir de l'embrasement de l'homme de osier, madame Claermoore avait pour habitude de faire un petit plateau de muffins.
La jeune blonde esquissa un sourire. Il adorait ça. Un dernier coup d'œil sur sa gauche afin d'aviser sa sœur avec qui elle n'avait de commun que la blondeur, et elle reprit son ouvrage, concentrée au possible.
Quelques semaines s'étaient écoulées depuis cette escapade dans la forêt des Pins Argentés. Les deux adolescents avaient rapidement retrouvé leur éternelle complicité, ne mentionnant plus ce qui s'était -ou presque- passé. Cependant, il n'était pas rare que la jeune fille y songe de temps à autre. Inexorablement, elle se prenait à rougir et à vite se changer les idées.
Le jour commençait à baisser au dehors, cela fut le signal qu'elle attendait. Sa tenue était enfin terminée et Iris se précipita dans sa chambre afin de l'enfiler pour ensuite en admirer le résultat. Elle esquissa un sourire,visiblement satisfaite de l'image que lui renvoyait le miroir et, se précipitant dans la cuisine, embrassa sa famille, son chat, avant de quitter la maison, sans un mot de plus. Il était l'heure.
La jeune blonde allait gaiment, dans la rue, pressant tout de même le pas afin d'être un peu en avance. Quelle animation autour d'elle! Le plus souvent des couples, parfois des familles, tous se dirigeaient vers la sortie de la Cité afin d'admirer l'embrasement de l'homme d'osier. Iris ressentait une excitation particulière. C'était également l'occasion pour elle d'apercevoir la famille royale.
Riant et papotant joyeusement, les citoyens ne prêtaient pas grande attention à la blondinette qui le leur rendait bien. Encore une centaine de mètres et elle y serait enf...
La jeune fille s'illumina subitement. Elle venait de l'apercevoir, un peu plus loin, à l'arrêt. Elle se précipita vers lui et déposa deux grosses bises sur ses jours qui prirent aussitôt une étrange teinte cramoisie qui n'avait rien à voir avec une timidité quelconque.
"On y va?" lança-t-elle avec entrain tandis qu'elle se détournait en lui prenant la main, prête à l'entraîner à sa suite.
Iris tira mais quelque chose la fit ciller, cligner des yeux. Quelque chose n'allait pas. Il résistait.
La jeune fille tourna la tête par dessus son épaule, son expression proche de l'ahurissement en disant long sur sa surprise. Lui semblait raide, tendu, les mâchoires légèrement crispées. Les joues toujours rouges.
"Je...n'y vais pas avec toi cette année, Iris."
La blonde encaissa le choc en battant des paupières frénétiquement plusieurs fois. Elle se fendît d'un sourire hésitant, tirant de nouveau sur la main du jeune homme.
"Très amusant, aller viens, on va tout rater!"
"Iris...tu ne m'as pas demandé d'être ton cavalier...et quelqu'un d'autre l'a fait."
"Mais...c'était évident non...enfin...nous y allons ensemble chaque année et..."
Il la coupa, détournant les yeux du visage habituellement si joyeux de son amie d'enfance, à présent au bord des larmes.
"Peut-être que justement...il est temps de grandir et de...changer."
Elle ne pouvait pas croire ce qu'elle entendait. Nul doute qu'il devait plaisanter, mais c'était d'un goût tellement douteux! Cependant, lorsque la porte de la demeure devant laquelle il attendait s'ouvrit, elle réalisa.
Iris n'avait pas pris garde à l'endroit où elle venait de le trouver. Elle s'était imaginée qu'il était venu au devant d'elle mais elle compris enfin que non, il attendait en fait quelqu'un d'autre.
Un quelqu'un d'autre aux cheveux châtains proches du brun, et aux yeux noisettes. Vêtue on ne peut plus élégamment, sa robe étant autrement plus sophistiquée que celle d'Iris.
La nouvelle venue baissa les yeux sur cette scène étrange et arqua les sourcils. Après tout, voir son cavalier en compagnie d'une autre, qui semblait même le tirer vers elle et se retenir d'éclater en sanglots, avait de quoi intriguer.
Lentement, la jeune blonde défit l'étreinte de sa main sur celle de son ami, silencieux et la tête toujours détournée, comme s'il n'osait pas affronter l'immense tristesse qu'il venait de lui causer. Brisée, dégoûtée, Iris tourna les talons et s'enfuit, les dents serrées.
C'est assise dans son lit, toujours en tenue de fête, que sa sœur la trouva. L'adolescente avec les genoux repliés contre sa poitrine et ses bras les entouraient. Hagarde, elle fixait au travers de la fenêtre. N'ayant aucune idée précise de l'heure qu'il pouvait être, il lui semblait pourtant évident que les festivités étaient sur le pont de s'achever, si cela n'était pas déjà fait.
Elle ne broncha pas lorsque sa sœur se déshabilla et se mît au lit, en face d'elle, sans un mot. Sans doute respectait-elle le chagrin de sa cadette.
Cette dernière ferma les yeux tandis qu'une énième larme s'aventurait sur sa joue vermeille. Ses yeux rougis, gonflés, elle s'allongea également, enfouissant son visage malheureux dans l'oreiller grossier de sa couche. Remontant les couvertures par dessus sa tête pour sangloter silencieusement, elle repensa à ses dernières paroles.
De simples mots qui l'avaient transpercée comme l'auraient fait mille poignards. Et sans encore lui faire autant de mal.
En désespoir de cause, elle avait levé ses yeux suppliants vers le visage du jeune homme, ses mains s'agrippant à son bras.
"Qu'est-ce que je suis pour toi...?" avait-elle soufflé, larmoyante, indifférente au soupir exaspéré de sa rivale d'un soir.
Jamais alors elle n'avait cru que d'aussi jolies et douces lèvres, qu'elle aimait tant, pouvaient servir à la briser, à lui faire tant de mal qu'elle sentit un froid intense l'envahir, de ses orteils à son front, allant même jusqu'à lui couper le souffle.
Une magnifique bouche, s'articulant de quelques mots qui tombèrent comme la pire des sentences aux oreilles d'une jeune fille amoureuse.
"Tu es ma meilleure amie, Iris."
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Re: Échos d'innocence
La nuit s'était achevée lentement, douloureusement, pour la jeune blonde en peine. Lorsqu'elle rouvrît les yeux et rabattit sa couverture pour de redresser, elle jeta un coup d'œil par la fenêtre.
Il faisait encore nuit noire mais elle savait pertinemment que l'aube approchait. Se frottant les yeux de ses poings délicats, elle s'apprêtait à se recoucher quand un bruit singulier attira son attention.
Tap tap.
Intriguée, elle regarda autour d'elle, leva même les yeux au plafond afin de vérifier que ce n'était pas un nuisible quelconque entrain de s'attaquer aux poutres apparentes.
TAP TAP.
Cette fois, la blonde tourna derechef la tête sur sa gauche, en direction de la fenêtre. Elle sursauta. Le blond, le responsable de cette nuit infernale était là, l'air anéanti, honteux, aussi peiné qu'elle.
C'est sans doute ce qui la poussa à ouvrir la fenêtre, le front plissé, prête à écouter ce qu'il avait à lui dire puis à aviser en fonction.
"Pardon princesse...pardon." fit-il piteusement.
La demeure des Claermoore étant de plein-pied, il se tenait simplement debout à l'extérieur, une main posée à plat contre la vitre, l'autre jusqu'ici dissimulée dans son dos. Lorsqu'il se décida à la ramener en avant, ce fut pour lui présenter un bouquet de fleurs sauvages fraîchement cueillies.
Bien que sur le point de se laisser attendrir, Iris détourna la tête, empourprée, souhaitant rester digne dans son chagrin.
"Pars..." lui souffla-t-elle sans plus le regarder. Elle espérait pourtant intérieurement qu'il n'en fit rien.
Le blond cligna des yeux, un peu contrarié mais compréhensif. Sa soirée n'avait pas été des plus agréables non plus. Il s'était montré distant, froid, renfrogné auprès de sa cavalière, et ce, pendant la totalité des festivités. Lorsqu'était venu le traditionnel baiser qui accompagne l'embrasement du bonhomme d'osier, le jeune homme avait détourné la tête afin que les lèvres hardies de la brune se posent sur sa joue.
Il avait alors baragouiné une excuse quelconque dont il n'avait même aucun souvenir, et s'était éclipsé, errant dans la clairière un certains temps avant de déambuler dans les rues de la Cité. La fête continuait de battre son plein dans les tavernes. C'est ainsi qu'il n'y tint plus. Il lui fallait la retrouver, s'excuser...
"Princesse...ma princesse...." chuchota-t-il en venant effleurer la joue, la tempe de sa belle, à l'aide de sa main jusqu'alors posée sur le carreau.
Iris sentait sa volonté flancher au gré des murmures et des caresses hésitantes. Chacun des doigts qui touchaient sa peau semblaient lui demander pardon, mais ce fut un regard dans celui du blond, attristé, qui eut raison de sa détermination à lui en vouloir.
La blondinette finit par esquisser un sourire et, se délestant des couvertures qu'elle laissa glisser au sol sans un regard, elle enjamba la fenêtre pour gagner l'extérieur, le rejoindre. Derrière elle, sa sœur endormie n'avait pas bronché.
Se saisissant du bouquet qu'elle porta à ses narines, elle réalisa finalement de la minable apparence qu'elle devait avoir. Ayant dormi habillée, sa jolie robe était maintenant toute froissée, et elle n'avait pas pris la peine de se coiffer un minimum. Elle en rougit mais ne dit mot, ouvrant simplement des yeux ronds quand elle se sentit inexorablement tirée en avant, par un blond résolu.
Pressant le pas afin de ne pas trébucher, elle lui lança un regard des plus étonnés lorsqu'il la poussa délicatement en avant, afin de lui faire passer la porte d'une auberge bien réputée de la Cité.
Les fêtards n'avaient visiblement pas envie de se montrer raisonnable et de rentrer rejoindre femmes et mouflets. Certains n'en pouvaient plus, endormis la joue posée contre le bois de la table qu'ils occupaient. Cela fit sourire un petit peu la blondinette mais l'inquiéta un peu. Était-ce là un endroit convenable pour deux jeunes gens comme eux?
C'est la question que semblaient se poser certains clients, ceux qui avaient encore assez d'esprit pour discerner les âges juvéniles des nouveaux arrivants. Ils se désintéressent cependant vite d'eux lorsque l'un d'eux, bien éméché, lança d'un ton joyeux et presque triomphant: "TOURNÉE GÉNÉRALE!"
Un brouhaha appréciateur s'éleva autour des deux adolescents qui, ravis d'être ainsi laissés tranquilles, se questionnèrent du regard quelques instants. Les saltimbanques engagés pour l'occasion arrivaient bientôt au terme de leur répertoire. Seuls restaient trois ou quatre airs à jouer avant qu'ils ne se retirent pour de bon.
Le jeune blond n'hésita pas plus longtemps. Il se saisit du bouquet qu'il venait d'offrir à sa belle et le déposa sur la table occupée par un homme de toute façon trop occupé à ronfler pour s'apercevoir et s'offusquer de quoique ce soit.
Il fit fermement pivoter Iris afin qu'elle lui fasse face, glissant une main sur sa taille tandis que l'autre saisissait l'une de celles de la jeune fille. Tout d'abord timide et hésitante, la blonde se prêta bien vite au jeu.
Ainsi guidée dans les bras de son blond adoré, elle oubliait. Oubliait tout. Son chagrin de la veille, sa morosité et sa rancœur. Ses soucis quotidiens, ses peurs et ses doutes. Une seule chose restait tangible, immuable. Lui. Eux.
Il n'était d'ailleurs pas en reste, venant régulièrement déposer un baiser tendre sur le front de sa partenaire. Sa main s'aventurait parfois le long de ses hanches, pour descendre un peu plus lorsqu'il se sentait téméraire.
Iris avait tout de même vite fait de remonter cette vile main aventureuse et de gratifier son propriétaire d'un regard faussement sévère. Ils savaient bien tout deux qu'il n'en était rien.
Grisés, la tête commençant à leur tourner, les deux adolescents ne cessèrent pourtant pas de danser. La jeune fille se pressait contre lui, la fragilité de son buste venant chercher la robustesse du torse de son cavalier. Il l'entourait alors de ses deux puissants bras pour ne la faire valser que plus encore.
L'euphorie du moment eurent bientôt raison de la réserve d'Iris. Un sourire étincelant aux lèvres, tout à fait réveillée à présent, elle leva le visage en direction de l'oreille du jeune homme afin de lui confier quelque chose d'important.
Il cligna des yeux sans comprendre, l'interrogeant d'un sourire encourageant. D'un doigt, il désigna les troubadours et claqua plusieurs fois de ses doigts auprès de sa propre oreille pour signifier qu'il n'entendait rien.
Iris inspira profondément, remplissant ses poumons d'air afin de pouvoir exprimer sa seule et unique pensée plus fort, de sorte qu'il puisse l'entendre cette fois.
Au moment où le premier son sortait d'entre sa bouche d'un rose très pale, la musique cessa. Le morceau était fini. Mais il était trop tard pour la pauvre jeune fille qui s'entendit elle-même crier dans une auberge relativement calme à présent, si ce n'étaient les divers bruits sourds des chopes qu'on repose un peu trop brutalement.
"JE T'AIME!"
...
Un lourd et pesant silence s'installa alors dans l'établissement. La jeune blonde, mortifiée, enfouit son visage dans la tunique que portait son cavalier, notant au passage la douceur de l'étoffe.
Autour des adolescents qui cessèrent de danser aussitôt, des chuchotements commençaient à s'élever. Certains jusqu'ici profondément endormis venaient de se réveiller et aillaient aux nouvelles en se penchant vers leur voisin afin de savoir qui ils étaient, et pourquoi elle avait crié si fort.
Le blond parcourut rapidement de son regard bleu vif l'assemblée peu reluisante mais perplexe. Il baissa ensuite les yeux sur sa blonde, qui agissait contre lui comme si elle cherchait à littéralement se cacher dans son corps pour échapper à sa honte.
Le jeune homme glissa une main dans sa poche, l'air de rien, et, avisant mentalement ce qu'il pouvait se permette d'user comme distraction, finit par s'exclamer:
"TOURNÉE GÉNÉRALE!"
...et le joyeux brouhaha repris, tandis que les clients prenaient le comptoir d'assaut afin de passer commande, se désintéressant ainsi de nouveau des deux adolescents.
Ceux-ci se regardèrent, entre le soulagement et l'amusement. Iris avait relevé sa mignonne frimousse embarrassée vers lui et s'excusait du regard de le forcer à tant faire pour les sortir de là.
Le jeune blond secoua doucement la tête et se pencha pour embrasser la bouche de la blonde du bout des lèvres, la pressant de nouveau très fort contre lui. Il ne dit mot mais le martèlement de son cœur contre la poitrine de la jeune fille suffit amplement à transmettre le message à cette dernière.
Le visage résolu, le regard enflammé et ardent d'un amour adolescent avec toute la passion que cela implique, Iris posa ses deux mains sur les joues du blond, venant lui rendre son baiser avec plus d'assurance qu'elle n'en avait encore jamais eu.
Elle qui pourtant était physiquement prisonnière de l'étreinte affirmée de son cavalier ne le laisserait pas non plus partir. Jamais. Tous deux à la fois geôliers et captifs, maniant à loisir leurs fers forgés dans le plus irraisonné des amours.
Ces chaînes qui ne cèderaient pas.
Jamais.
Il faisait encore nuit noire mais elle savait pertinemment que l'aube approchait. Se frottant les yeux de ses poings délicats, elle s'apprêtait à se recoucher quand un bruit singulier attira son attention.
Tap tap.
Intriguée, elle regarda autour d'elle, leva même les yeux au plafond afin de vérifier que ce n'était pas un nuisible quelconque entrain de s'attaquer aux poutres apparentes.
TAP TAP.
Cette fois, la blonde tourna derechef la tête sur sa gauche, en direction de la fenêtre. Elle sursauta. Le blond, le responsable de cette nuit infernale était là, l'air anéanti, honteux, aussi peiné qu'elle.
C'est sans doute ce qui la poussa à ouvrir la fenêtre, le front plissé, prête à écouter ce qu'il avait à lui dire puis à aviser en fonction.
"Pardon princesse...pardon." fit-il piteusement.
La demeure des Claermoore étant de plein-pied, il se tenait simplement debout à l'extérieur, une main posée à plat contre la vitre, l'autre jusqu'ici dissimulée dans son dos. Lorsqu'il se décida à la ramener en avant, ce fut pour lui présenter un bouquet de fleurs sauvages fraîchement cueillies.
Bien que sur le point de se laisser attendrir, Iris détourna la tête, empourprée, souhaitant rester digne dans son chagrin.
"Pars..." lui souffla-t-elle sans plus le regarder. Elle espérait pourtant intérieurement qu'il n'en fit rien.
Le blond cligna des yeux, un peu contrarié mais compréhensif. Sa soirée n'avait pas été des plus agréables non plus. Il s'était montré distant, froid, renfrogné auprès de sa cavalière, et ce, pendant la totalité des festivités. Lorsqu'était venu le traditionnel baiser qui accompagne l'embrasement du bonhomme d'osier, le jeune homme avait détourné la tête afin que les lèvres hardies de la brune se posent sur sa joue.
Il avait alors baragouiné une excuse quelconque dont il n'avait même aucun souvenir, et s'était éclipsé, errant dans la clairière un certains temps avant de déambuler dans les rues de la Cité. La fête continuait de battre son plein dans les tavernes. C'est ainsi qu'il n'y tint plus. Il lui fallait la retrouver, s'excuser...
"Princesse...ma princesse...." chuchota-t-il en venant effleurer la joue, la tempe de sa belle, à l'aide de sa main jusqu'alors posée sur le carreau.
Iris sentait sa volonté flancher au gré des murmures et des caresses hésitantes. Chacun des doigts qui touchaient sa peau semblaient lui demander pardon, mais ce fut un regard dans celui du blond, attristé, qui eut raison de sa détermination à lui en vouloir.
La blondinette finit par esquisser un sourire et, se délestant des couvertures qu'elle laissa glisser au sol sans un regard, elle enjamba la fenêtre pour gagner l'extérieur, le rejoindre. Derrière elle, sa sœur endormie n'avait pas bronché.
Se saisissant du bouquet qu'elle porta à ses narines, elle réalisa finalement de la minable apparence qu'elle devait avoir. Ayant dormi habillée, sa jolie robe était maintenant toute froissée, et elle n'avait pas pris la peine de se coiffer un minimum. Elle en rougit mais ne dit mot, ouvrant simplement des yeux ronds quand elle se sentit inexorablement tirée en avant, par un blond résolu.
Pressant le pas afin de ne pas trébucher, elle lui lança un regard des plus étonnés lorsqu'il la poussa délicatement en avant, afin de lui faire passer la porte d'une auberge bien réputée de la Cité.
Les fêtards n'avaient visiblement pas envie de se montrer raisonnable et de rentrer rejoindre femmes et mouflets. Certains n'en pouvaient plus, endormis la joue posée contre le bois de la table qu'ils occupaient. Cela fit sourire un petit peu la blondinette mais l'inquiéta un peu. Était-ce là un endroit convenable pour deux jeunes gens comme eux?
C'est la question que semblaient se poser certains clients, ceux qui avaient encore assez d'esprit pour discerner les âges juvéniles des nouveaux arrivants. Ils se désintéressent cependant vite d'eux lorsque l'un d'eux, bien éméché, lança d'un ton joyeux et presque triomphant: "TOURNÉE GÉNÉRALE!"
Un brouhaha appréciateur s'éleva autour des deux adolescents qui, ravis d'être ainsi laissés tranquilles, se questionnèrent du regard quelques instants. Les saltimbanques engagés pour l'occasion arrivaient bientôt au terme de leur répertoire. Seuls restaient trois ou quatre airs à jouer avant qu'ils ne se retirent pour de bon.
Le jeune blond n'hésita pas plus longtemps. Il se saisit du bouquet qu'il venait d'offrir à sa belle et le déposa sur la table occupée par un homme de toute façon trop occupé à ronfler pour s'apercevoir et s'offusquer de quoique ce soit.
Il fit fermement pivoter Iris afin qu'elle lui fasse face, glissant une main sur sa taille tandis que l'autre saisissait l'une de celles de la jeune fille. Tout d'abord timide et hésitante, la blonde se prêta bien vite au jeu.
Ainsi guidée dans les bras de son blond adoré, elle oubliait. Oubliait tout. Son chagrin de la veille, sa morosité et sa rancœur. Ses soucis quotidiens, ses peurs et ses doutes. Une seule chose restait tangible, immuable. Lui. Eux.
Il n'était d'ailleurs pas en reste, venant régulièrement déposer un baiser tendre sur le front de sa partenaire. Sa main s'aventurait parfois le long de ses hanches, pour descendre un peu plus lorsqu'il se sentait téméraire.
Iris avait tout de même vite fait de remonter cette vile main aventureuse et de gratifier son propriétaire d'un regard faussement sévère. Ils savaient bien tout deux qu'il n'en était rien.
Grisés, la tête commençant à leur tourner, les deux adolescents ne cessèrent pourtant pas de danser. La jeune fille se pressait contre lui, la fragilité de son buste venant chercher la robustesse du torse de son cavalier. Il l'entourait alors de ses deux puissants bras pour ne la faire valser que plus encore.
L'euphorie du moment eurent bientôt raison de la réserve d'Iris. Un sourire étincelant aux lèvres, tout à fait réveillée à présent, elle leva le visage en direction de l'oreille du jeune homme afin de lui confier quelque chose d'important.
Il cligna des yeux sans comprendre, l'interrogeant d'un sourire encourageant. D'un doigt, il désigna les troubadours et claqua plusieurs fois de ses doigts auprès de sa propre oreille pour signifier qu'il n'entendait rien.
Iris inspira profondément, remplissant ses poumons d'air afin de pouvoir exprimer sa seule et unique pensée plus fort, de sorte qu'il puisse l'entendre cette fois.
Au moment où le premier son sortait d'entre sa bouche d'un rose très pale, la musique cessa. Le morceau était fini. Mais il était trop tard pour la pauvre jeune fille qui s'entendit elle-même crier dans une auberge relativement calme à présent, si ce n'étaient les divers bruits sourds des chopes qu'on repose un peu trop brutalement.
"JE T'AIME!"
...
Un lourd et pesant silence s'installa alors dans l'établissement. La jeune blonde, mortifiée, enfouit son visage dans la tunique que portait son cavalier, notant au passage la douceur de l'étoffe.
Autour des adolescents qui cessèrent de danser aussitôt, des chuchotements commençaient à s'élever. Certains jusqu'ici profondément endormis venaient de se réveiller et aillaient aux nouvelles en se penchant vers leur voisin afin de savoir qui ils étaient, et pourquoi elle avait crié si fort.
Le blond parcourut rapidement de son regard bleu vif l'assemblée peu reluisante mais perplexe. Il baissa ensuite les yeux sur sa blonde, qui agissait contre lui comme si elle cherchait à littéralement se cacher dans son corps pour échapper à sa honte.
Le jeune homme glissa une main dans sa poche, l'air de rien, et, avisant mentalement ce qu'il pouvait se permette d'user comme distraction, finit par s'exclamer:
"TOURNÉE GÉNÉRALE!"
...et le joyeux brouhaha repris, tandis que les clients prenaient le comptoir d'assaut afin de passer commande, se désintéressant ainsi de nouveau des deux adolescents.
Ceux-ci se regardèrent, entre le soulagement et l'amusement. Iris avait relevé sa mignonne frimousse embarrassée vers lui et s'excusait du regard de le forcer à tant faire pour les sortir de là.
Le jeune blond secoua doucement la tête et se pencha pour embrasser la bouche de la blonde du bout des lèvres, la pressant de nouveau très fort contre lui. Il ne dit mot mais le martèlement de son cœur contre la poitrine de la jeune fille suffit amplement à transmettre le message à cette dernière.
Le visage résolu, le regard enflammé et ardent d'un amour adolescent avec toute la passion que cela implique, Iris posa ses deux mains sur les joues du blond, venant lui rendre son baiser avec plus d'assurance qu'elle n'en avait encore jamais eu.
Elle qui pourtant était physiquement prisonnière de l'étreinte affirmée de son cavalier ne le laisserait pas non plus partir. Jamais. Tous deux à la fois geôliers et captifs, maniant à loisir leurs fers forgés dans le plus irraisonné des amours.
Ces chaînes qui ne cèderaient pas.
Jamais.
- Spoiler:
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Date d'inscription : 07/01/2014
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Re: Échos d'innocence
C'est le frottement de quelque chose contre son nez qui fit lentement s'éveiller la jeune fille. Petit à petit, au gré de ce contact, elle sortait non sans une certaine paresse des brumes du sommeil. Fronçant son petit nez, elle finit par ouvrir à moitié ses yeux d'un bleu digne des plus beaux ciels d'été. Pour tomber nez-à-nez avec...deux perles d'azur comparables aux siennes.
Nez-à-nez. Oui, c'est le terme exact car elle réalisa que ce qui l'avait réveillée n'était autre que de multiples et insistants "baisers-esquimaux". Iris geignit pour se plaindre, détournant un peu la tête. Ses mains étaient enroulées autour du cou du blond dont elle partageait le lit.
C'était un privilège qu'ils s'accordaient clandestinement de temps en temps, surtout lorsque le père du jeune homme s'absentait. La brave Rycélia était quelque peu tombée des nues lorsqu'elle avait pénétré dans la chambre de l'adolescent afin de lui porter son petit-déjeuner. Mais comme elle était bonne femme, de celles qui n'oublient pas qu'elles ont un jour étés jeunes, elle avait simplement regagné les cuisines afin de préparer un second plateau.
Elle, mieux que quiconque, avait été le témoin privilégié de cette relation entre Iris et son jeune maître. Elle s'était attendrie de ces premiers émois, de ces tâtonnements amoureux. Ce n'était pour elle, que la suite logique des choses. Elle les remerciait cependant intérieurement de se montrer d'une discrétion infaillible.
Et pour cause, lorsqu'ils étaient ainsi ensemble, les deux amoureux ne faisaient vraiment que dormir. Peut-être leurs lèvres s'égaraient-elles quelque peu, et c'est sans grands doutes que certaines caresses déviaient sous les couvertures de belle facture, mais cela n'allait pas plus loin. Il ne désirait pas la brusquer.
Aussi se contentaient-ils de tendrement s'étreindre toute la nuit durant.
Ce matin-là, le soleil commençait déjà à poindre et à baigner la chambre d'une agréable et tiède lumière, promesse d'une journée des plus douces.
"Bonjour princesse..." susurra-t-il en pressant sa bouche contre la tempe de la blonde.
Elle gémit de nouveau, comme pour lui signifier de se taire, d'attendre, de la laisser dormir encore un peu.
"Bonjour chavalier..." finit-elle pourtant par répondre.
Cette simple phrase les fit sourire à l'unisson, complices. Chavalier était un terme qu'elle employait depuis de nombreuses années maintenant lorsqu'elle s'adressait à lui. Tout cela ne résultait que d'une erreur de prononciation enfantine qu'elle ne s'était pas décidée à oublier. Le pourrait-elle seulement un jour?
Il caressa un instant l'océan de boucles blondes qui s'étalait sur ses nombreux oreillers, puis se redressa d'une main tendue sur le lit pour la contempler plus à son aise. Elle rayonnait d'une jeune beauté tranquille, version six heures du matin.
Le jeune homme sourit en coin quand il la vit cacher son visage derrière ses petites mains encore un peu engourdies.
"Je veux pas y aller...tu ne veux pas t'enfuir avec moi?"
Elle écarta ses doigts afin de le regarder à travers, tout en posant cette étrange question à laquelle il répondit d'un sourire compatissant et d'un nouveau baiser, sur son front cette fois.
"Un jour, princesse. Nous nous enfuirons. D'ici là...nous avons chacun nos obligations. Je vais être occupé moi aussi."
"Je me doute bien, oui. Étudier, encore et toujours?"
Le blond massa un instant, de sa main libre, l'une de ses épaules nues et légèrement courbaturée. Il avait l'habitude et la courtoisie de laisser Iris s'étaler dans son propre lit, lui se retrouvant bien souvent à devoir se contorsionner afin de dormir plus ou moins confortablement. Davantage moins que plus, d'ailleurs. Mais au final peu lui importait, du moment que cet ange blond passait une bonne nuit.
"Mh. Sûrement mais il doit y avoir autre chose. Père avait l'air presque grave quand il m'a dit que nous aurions fort à faire aujourd'hui." répondit-il calmement tout en cessant son petit massage.
Elle le regardait avec une certaine inquiétude, soucieuse de savoir s'il avait vraiment bien dormi ou non. Et jamais il n'oserait lui avouer qu'outre le vif plaisir qu'il tirait de ces tendres mais chastes nuits, il s'en retrouvait également fort courbaturé au petit matin.
Il préféra embrayer afin de la distraire, utilisant sa main désormais inoccupée pour lui caresser le visage, le cou, la peau de ses épaules...
"Si nous finissons tôt je viendrai te chercher. Sinon...dans le pire des cas, on se verra demain, d'accord?"
"Demain...c'est tellement long jusqu'à demain."
"Ma petite princesse impatiente." s'attendrit-il en la serrant un peu plus fort contre lui.
La matinée était désormais bien entamée et Iris, entourée de sa famille au complet, s'était rendue à la chapelle afin d'écouter le sermon dûment écrit par le prêtre. Oh bien sur, elle croyait en la Lumière, mais n'y accordait pas tant d'importance que cela, se prenant même au jeu de se moquer gentiment à l'aide de sa sœur, de tous ces adorateurs un peu trop fervents et à la limite du fanatisme.
Tandis qu'ils quittaient le saint édifice, Iris plissa les yeux, mettant sa main en visière au niveau de ses arcades pour se protéger du soleil. La jeune fille n'avait eu de cesse de se demander ce qu'il était entrain de faire. Inspiraient-ils en même temps? C'était ce genre de questions un brin étranges qui se bousculaient dans son esprit distrait.
La blonde était mine de rien inquiète. Le jeune homme ne manquait jamais l'office, accompagné soit de son père, ou bien de Rycélia. Qu'avaient-ils de si important à faire pour qu'il puisse se permettre de manquer ça?
Un débat s'éleva bientôt parmi les siens, à propos de ce qui serait servi au déjeuner. Iris y pris part de bon cœur, gourmande qu'elle était.
La journée se passa sans grande animation, chacun vacant à ses distractions favorites. Lorsque vingt-heures sonnèrent, Iris glissa un coup d'œil à la fois soucieux et empli d'espoir par la fenêtre, comme si elle s'attendait à voir la silhouette de son blond favori s'avancer. Mais il n'y avait rien.
Un soupir et elle baissa la tête sur le livre qu'elle parcourait distraitement des yeux sans le lire depuis la fin de l'après-midi. Elle avait beau tenter de s'intéresser à l'intrigue, elle n'y parvenait pas, trop occupée qu'elle était à penser à lui.
La blonde s'ennuyait, poussant régulièrement de longs soupirs. Il lui apparut très clairement qu'elle n'arriverait à s'occuper correctement qu'en faisant quelque chose qui ait un quelconque rapport avec son amoureux.
Elle se redressa bien vite tandis qu'elle s'illuminait. Un petit tour dans l'armoire de ses parents, hissée sur la pointe des pieds afin d'atteindre l'étagère la plus haute, et elle fila s'enfermer dans sa chambre.
Posant sa main droite bien à plat sur sa table de chevet, la jeune fille, un bout de langue sortie en signe d'extrême concentration, s'employa à dessiner à même la peau de ses doigts, un cœur. Minuscule. Adorable. Une moitié sur l'index et l'autre sur le majeur. Le dessin se complétait parfaitement lorsque ces doigts se joignaient.
Iris était ravie. Elle tendit le bras au devant d'elle pour admirer le résultat, glissant en même temps une œillade au bracelet de cuir fin qui ornait son poignet gauche. Le bijou était gravé de l'initiale de son prénom, ainsi que de celle du blond. Elle l'avait définitivement dans la peau.
C'est ce qu'elle se dit tandis que, de nouveau guillerette, elle s'en allait trouver sa mère afin de lui montrer son joli tatouage éphémère qui partirait bien vite à l'eau.
Madame Claermoore, aussi blonde que ses filles, blêmit et commença à crier.
Iris ne comprit pas grand chose mais perçut quelques mots tels que "inconsciente" , "encre éternelle" et "grosse bêtise".
Lorsque son père eut vent de cette ânerie somme toute innocente pourtant, il vit rouge. Cela était allé trop loin, et il regretta de ne pas avoir interdit à sa fille de fréquenter le jeune voisin plus tôt. Entraînant la cadette dans l'autre pièce en la tirant sans douceur par le bras, il se défit rapidement de sa ceinture...et la corrigea. Pour la première fois.
...
Les reins d'Iris étaient meurtris et portaient encore les stigmates de cette correction que la jeune fille avait trouvée disproportionnée. Ses yeux étaient bouffis d'avoir pleuré et bouger la faisait souffrir mais elle n'en voulait pas à son père. Elle savait qu'il l'aimait tendrement et que cela devait sûrement être plus grave qu'elle ne le pensait pour qu'il ait réagi si durement.
Il était presque minuit maintenant, et la jeune blonde ne trouvait pas le sommeil. Encore choquée par sa punition et inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son chevalier, elle pris le parti d'aller voir ce qu'il en était. Du reste, elle le faisait souvent, sans forcément le lui dire.
Ce n'était pas rare qu'elle se glisse hors de sa chambre durant la nuit pour simplement aller se hisser à la hauteur de la fenêtre du blond, et le regarder dormir quelques minutes, avant de rentrer. Cela pouvait paraître bizarre, cela pouvait même peut-être faire un peu peur mais elle n'en avait cure. Qu'y avait-il de mal à vouloir s'assurer le bien-être de ceux qu'on aime?
C'est ainsi qu'un manteau sur les épaules dont la capuche rabattue masquait la blondeur de ses cheveux, et ses bottes aux pieds, Iris quitta sa chambre silencieuse où dormait sa grande sœur, afin d'aller se rassurer directement de visu.
Arrivant bien vite devant la demeure de son blond, elle grimaça en escaladant la façade jusqu'à se hisser à sa fenêtre. Ses mouvements étaient entravés par la douleur de ses reins. Plissant les yeux, elle ne vit rien d'abord. Elle pensa que l'obscurité rendait la tâche plus ardue, aussi vint-elle coller son front contre la vitre, pour regarder à l'intérieur...
...et elle manqua de se laisser tomber. Son corps entier se mît à trembler, son menton plus encore que ses mains. Elle ne comprenait pas. Ce n'était pas possible. Il y avait forcément une explication.
Reposant vivement les pieds au sol, elle contourna la demeure afin d'aller s'assurer que tout cela n'était qu'un malentendu. Mais le résultat était le même partout. Il n'y avait plus rien, plus personne. L'habitation cossue vide et abandonnée.
Le cœur au bord des lèvres, Iris fit de nouveau le tour de la propriété afin de faire face à la porte d'entrée. C'est alors qu'elle remarqua la lourde chaîne qui enserrait les poignées de la porte, maintenue par un impressionnant cadenas.
Ne s'avouant pas vaincue mais sans grande conviction pour autant, la jeune fille se rua sur la porte et en tira violemment la chaîne, plusieurs fois, les traits déformés par une colère aussi vive que soudaine. Aussi douloureuse que brûlante.
Elle vit bien vite que ses efforts étaient vains. Hagarde, terrifiée dans l'incompréhension totale qui l'étouffait, la jeune fille se mît à tambouriner de ses petits poings contre la porte, frénétiquement, allant même jusqu'à conclure d'où ou deux coups de pieds rageurs.
"Non...NON!" se mît-elle à crier. Cependant, elle se cache bien vite lorsqu'elle entendit une série de pas s'approcher de la demeure, côté rue. Deux hommes semblaient parler entre eux, et la jeune blonde haletante tendit l'oreille.
"...partis au matin, pendant que tout le monde était à l'église. Étrange non? Mais sans la nourrice, je crois qu'elle a déjà trouvé une autre place ailleurs. Comme quoi, c'était prévu de longue date. Enfin...ça te dit un tour à la taverne?"
Partis...parti.
Tournant les talons dans la nuit, Iris s'enfuit, blafarde et la vision brouillée par les larmes chaudes et salées qui lui brûlaient la rétine.
Menteur...
.
Nez-à-nez. Oui, c'est le terme exact car elle réalisa que ce qui l'avait réveillée n'était autre que de multiples et insistants "baisers-esquimaux". Iris geignit pour se plaindre, détournant un peu la tête. Ses mains étaient enroulées autour du cou du blond dont elle partageait le lit.
C'était un privilège qu'ils s'accordaient clandestinement de temps en temps, surtout lorsque le père du jeune homme s'absentait. La brave Rycélia était quelque peu tombée des nues lorsqu'elle avait pénétré dans la chambre de l'adolescent afin de lui porter son petit-déjeuner. Mais comme elle était bonne femme, de celles qui n'oublient pas qu'elles ont un jour étés jeunes, elle avait simplement regagné les cuisines afin de préparer un second plateau.
Elle, mieux que quiconque, avait été le témoin privilégié de cette relation entre Iris et son jeune maître. Elle s'était attendrie de ces premiers émois, de ces tâtonnements amoureux. Ce n'était pour elle, que la suite logique des choses. Elle les remerciait cependant intérieurement de se montrer d'une discrétion infaillible.
Et pour cause, lorsqu'ils étaient ainsi ensemble, les deux amoureux ne faisaient vraiment que dormir. Peut-être leurs lèvres s'égaraient-elles quelque peu, et c'est sans grands doutes que certaines caresses déviaient sous les couvertures de belle facture, mais cela n'allait pas plus loin. Il ne désirait pas la brusquer.
Aussi se contentaient-ils de tendrement s'étreindre toute la nuit durant.
Ce matin-là, le soleil commençait déjà à poindre et à baigner la chambre d'une agréable et tiède lumière, promesse d'une journée des plus douces.
"Bonjour princesse..." susurra-t-il en pressant sa bouche contre la tempe de la blonde.
Elle gémit de nouveau, comme pour lui signifier de se taire, d'attendre, de la laisser dormir encore un peu.
"Bonjour chavalier..." finit-elle pourtant par répondre.
Cette simple phrase les fit sourire à l'unisson, complices. Chavalier était un terme qu'elle employait depuis de nombreuses années maintenant lorsqu'elle s'adressait à lui. Tout cela ne résultait que d'une erreur de prononciation enfantine qu'elle ne s'était pas décidée à oublier. Le pourrait-elle seulement un jour?
Il caressa un instant l'océan de boucles blondes qui s'étalait sur ses nombreux oreillers, puis se redressa d'une main tendue sur le lit pour la contempler plus à son aise. Elle rayonnait d'une jeune beauté tranquille, version six heures du matin.
Le jeune homme sourit en coin quand il la vit cacher son visage derrière ses petites mains encore un peu engourdies.
"Je veux pas y aller...tu ne veux pas t'enfuir avec moi?"
Elle écarta ses doigts afin de le regarder à travers, tout en posant cette étrange question à laquelle il répondit d'un sourire compatissant et d'un nouveau baiser, sur son front cette fois.
"Un jour, princesse. Nous nous enfuirons. D'ici là...nous avons chacun nos obligations. Je vais être occupé moi aussi."
"Je me doute bien, oui. Étudier, encore et toujours?"
Le blond massa un instant, de sa main libre, l'une de ses épaules nues et légèrement courbaturée. Il avait l'habitude et la courtoisie de laisser Iris s'étaler dans son propre lit, lui se retrouvant bien souvent à devoir se contorsionner afin de dormir plus ou moins confortablement. Davantage moins que plus, d'ailleurs. Mais au final peu lui importait, du moment que cet ange blond passait une bonne nuit.
"Mh. Sûrement mais il doit y avoir autre chose. Père avait l'air presque grave quand il m'a dit que nous aurions fort à faire aujourd'hui." répondit-il calmement tout en cessant son petit massage.
Elle le regardait avec une certaine inquiétude, soucieuse de savoir s'il avait vraiment bien dormi ou non. Et jamais il n'oserait lui avouer qu'outre le vif plaisir qu'il tirait de ces tendres mais chastes nuits, il s'en retrouvait également fort courbaturé au petit matin.
Il préféra embrayer afin de la distraire, utilisant sa main désormais inoccupée pour lui caresser le visage, le cou, la peau de ses épaules...
"Si nous finissons tôt je viendrai te chercher. Sinon...dans le pire des cas, on se verra demain, d'accord?"
"Demain...c'est tellement long jusqu'à demain."
"Ma petite princesse impatiente." s'attendrit-il en la serrant un peu plus fort contre lui.
La matinée était désormais bien entamée et Iris, entourée de sa famille au complet, s'était rendue à la chapelle afin d'écouter le sermon dûment écrit par le prêtre. Oh bien sur, elle croyait en la Lumière, mais n'y accordait pas tant d'importance que cela, se prenant même au jeu de se moquer gentiment à l'aide de sa sœur, de tous ces adorateurs un peu trop fervents et à la limite du fanatisme.
Tandis qu'ils quittaient le saint édifice, Iris plissa les yeux, mettant sa main en visière au niveau de ses arcades pour se protéger du soleil. La jeune fille n'avait eu de cesse de se demander ce qu'il était entrain de faire. Inspiraient-ils en même temps? C'était ce genre de questions un brin étranges qui se bousculaient dans son esprit distrait.
La blonde était mine de rien inquiète. Le jeune homme ne manquait jamais l'office, accompagné soit de son père, ou bien de Rycélia. Qu'avaient-ils de si important à faire pour qu'il puisse se permettre de manquer ça?
Un débat s'éleva bientôt parmi les siens, à propos de ce qui serait servi au déjeuner. Iris y pris part de bon cœur, gourmande qu'elle était.
La journée se passa sans grande animation, chacun vacant à ses distractions favorites. Lorsque vingt-heures sonnèrent, Iris glissa un coup d'œil à la fois soucieux et empli d'espoir par la fenêtre, comme si elle s'attendait à voir la silhouette de son blond favori s'avancer. Mais il n'y avait rien.
Un soupir et elle baissa la tête sur le livre qu'elle parcourait distraitement des yeux sans le lire depuis la fin de l'après-midi. Elle avait beau tenter de s'intéresser à l'intrigue, elle n'y parvenait pas, trop occupée qu'elle était à penser à lui.
La blonde s'ennuyait, poussant régulièrement de longs soupirs. Il lui apparut très clairement qu'elle n'arriverait à s'occuper correctement qu'en faisant quelque chose qui ait un quelconque rapport avec son amoureux.
Elle se redressa bien vite tandis qu'elle s'illuminait. Un petit tour dans l'armoire de ses parents, hissée sur la pointe des pieds afin d'atteindre l'étagère la plus haute, et elle fila s'enfermer dans sa chambre.
Posant sa main droite bien à plat sur sa table de chevet, la jeune fille, un bout de langue sortie en signe d'extrême concentration, s'employa à dessiner à même la peau de ses doigts, un cœur. Minuscule. Adorable. Une moitié sur l'index et l'autre sur le majeur. Le dessin se complétait parfaitement lorsque ces doigts se joignaient.
Iris était ravie. Elle tendit le bras au devant d'elle pour admirer le résultat, glissant en même temps une œillade au bracelet de cuir fin qui ornait son poignet gauche. Le bijou était gravé de l'initiale de son prénom, ainsi que de celle du blond. Elle l'avait définitivement dans la peau.
C'est ce qu'elle se dit tandis que, de nouveau guillerette, elle s'en allait trouver sa mère afin de lui montrer son joli tatouage éphémère qui partirait bien vite à l'eau.
Madame Claermoore, aussi blonde que ses filles, blêmit et commença à crier.
Iris ne comprit pas grand chose mais perçut quelques mots tels que "inconsciente" , "encre éternelle" et "grosse bêtise".
Lorsque son père eut vent de cette ânerie somme toute innocente pourtant, il vit rouge. Cela était allé trop loin, et il regretta de ne pas avoir interdit à sa fille de fréquenter le jeune voisin plus tôt. Entraînant la cadette dans l'autre pièce en la tirant sans douceur par le bras, il se défit rapidement de sa ceinture...et la corrigea. Pour la première fois.
...
Les reins d'Iris étaient meurtris et portaient encore les stigmates de cette correction que la jeune fille avait trouvée disproportionnée. Ses yeux étaient bouffis d'avoir pleuré et bouger la faisait souffrir mais elle n'en voulait pas à son père. Elle savait qu'il l'aimait tendrement et que cela devait sûrement être plus grave qu'elle ne le pensait pour qu'il ait réagi si durement.
Il était presque minuit maintenant, et la jeune blonde ne trouvait pas le sommeil. Encore choquée par sa punition et inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son chevalier, elle pris le parti d'aller voir ce qu'il en était. Du reste, elle le faisait souvent, sans forcément le lui dire.
Ce n'était pas rare qu'elle se glisse hors de sa chambre durant la nuit pour simplement aller se hisser à la hauteur de la fenêtre du blond, et le regarder dormir quelques minutes, avant de rentrer. Cela pouvait paraître bizarre, cela pouvait même peut-être faire un peu peur mais elle n'en avait cure. Qu'y avait-il de mal à vouloir s'assurer le bien-être de ceux qu'on aime?
C'est ainsi qu'un manteau sur les épaules dont la capuche rabattue masquait la blondeur de ses cheveux, et ses bottes aux pieds, Iris quitta sa chambre silencieuse où dormait sa grande sœur, afin d'aller se rassurer directement de visu.
Arrivant bien vite devant la demeure de son blond, elle grimaça en escaladant la façade jusqu'à se hisser à sa fenêtre. Ses mouvements étaient entravés par la douleur de ses reins. Plissant les yeux, elle ne vit rien d'abord. Elle pensa que l'obscurité rendait la tâche plus ardue, aussi vint-elle coller son front contre la vitre, pour regarder à l'intérieur...
...et elle manqua de se laisser tomber. Son corps entier se mît à trembler, son menton plus encore que ses mains. Elle ne comprenait pas. Ce n'était pas possible. Il y avait forcément une explication.
Reposant vivement les pieds au sol, elle contourna la demeure afin d'aller s'assurer que tout cela n'était qu'un malentendu. Mais le résultat était le même partout. Il n'y avait plus rien, plus personne. L'habitation cossue vide et abandonnée.
Le cœur au bord des lèvres, Iris fit de nouveau le tour de la propriété afin de faire face à la porte d'entrée. C'est alors qu'elle remarqua la lourde chaîne qui enserrait les poignées de la porte, maintenue par un impressionnant cadenas.
Ne s'avouant pas vaincue mais sans grande conviction pour autant, la jeune fille se rua sur la porte et en tira violemment la chaîne, plusieurs fois, les traits déformés par une colère aussi vive que soudaine. Aussi douloureuse que brûlante.
Elle vit bien vite que ses efforts étaient vains. Hagarde, terrifiée dans l'incompréhension totale qui l'étouffait, la jeune fille se mît à tambouriner de ses petits poings contre la porte, frénétiquement, allant même jusqu'à conclure d'où ou deux coups de pieds rageurs.
"Non...NON!" se mît-elle à crier. Cependant, elle se cache bien vite lorsqu'elle entendit une série de pas s'approcher de la demeure, côté rue. Deux hommes semblaient parler entre eux, et la jeune blonde haletante tendit l'oreille.
"...partis au matin, pendant que tout le monde était à l'église. Étrange non? Mais sans la nourrice, je crois qu'elle a déjà trouvé une autre place ailleurs. Comme quoi, c'était prévu de longue date. Enfin...ça te dit un tour à la taverne?"
Partis...parti.
Tournant les talons dans la nuit, Iris s'enfuit, blafarde et la vision brouillée par les larmes chaudes et salées qui lui brûlaient la rétine.
Menteur...
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Re: Échos d'innocence
Ils chuchotaient autour d'elle, sans vraiment plus oser la regarder en face. Si d'aventure, leurs yeux croisaient ceux d'Iris, ils les détournaient aussitôt. Ne s'adressaient à elle qu'à voix infiniment basse, comme s'ils parlaient à une mourante.
Sa sœur elle-même répugnait à partager la même chambre, préfèrant désormais le confort rudimentaire de la banquette de la cuisine, plutôt que le moelleux d'un véritable lit. Cela faisait bientôt un mois que la blonde était alitée et d'une pâleur cadavérique.
Un épais pansement ornait sa tempe gauche. Elle subissait des saignées quotidiennes destinées à faire tomber une fièvre qu'elle n'avait pas. Iris n'était pas malade. Simplement malheureuse.
Elle ne daignait se nourrir que de bouillons que sa mère s'était résolue à lui porter midi et soir, surmontant la répulsion que lui provoquait désormais sa propre fille. La blondinette passait ses journées au lit, les traits tirés et les lèvres closes. Cela faisait des semaines qu'elle n'avait plus prononcé ne serait-ce qu'un mot.
Elle souffrait, elle souffrait tant et si bien que quiconque s'approchait un peu trop d'elle en venait à se sentir aussitôt abattu, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules. C'est pour cela que sa propre famille la tenait à l'isolement.
Des rideaux épais avaient été installés à l'unique fenêtre de sa chambre, afin d'éloigner les curieux. Curieux qui avaient été nombreux les premiers jours suivant ce que les Claermoore nommaient "son coup de folie".
Lorsqu'Iris avait encore assez de force et de volonté pour marcher, elle s'était longuement promenée, ne consacrant son temps et son énergie qu'à revisiter un à un les endroits qu'ils avaient pu un jour fréquenter. Ne serait-ce que pour une faire une halte.
Oh elle espérait sûrement l'y retrouver. Par hasard, par un coup habile du Destin. Il ne pouvait en être autrement. Ils étaient unis à tout jamais, par des mots, des actes et des sentiments. Par des promesses.
Menteur... se prenait-elle souvent à penser alors que son front se plissait, que ses yeux bleus ternissaient jour après jour.
C'est ainsi qu'elle se retrouva à errer dans la ruelle où il l'avait protégée de ces brutes, après qu'ils aient massacré ce pauvre chien, déclenchant l'indignation de la jeune fille. Ses mains blanches et tremblantes glissaient le long du mur de brique alors qu'elle fixait l'endroit précis où ils s'étaient tenus. Elle dans ses bras.
La bouche hésitante de la blonde s'entrouvrit, laissant filtrer une plainte, un appel...qui gagna en assurance au fur et à mesure, jusqu'à devenir de véritables hurlements.
"À l'aide...ils me veulent du mal...viens...reviens...aide-moi....AIDE-MOI JE T'EN SUPPLIE! REVIENS! JE SUIS...d-désolée..."
Un attroupement s'était vite formé autour d'une Iris tombée à genoux, tête basse, les cheveux cascadant par dessus sa nuque pour se répandre comme un voile autour de son visage. Prise de sanglots frénétiques et incontrôlables, elle se mettait à crier quand quelqu'un tendait la main pour la toucher. Surtout si ce quelqu'un était un homme.
Alerté par un voisin bienveillant et désirant éviter l'opprobre à un ami de longue date, le père Claermoore vint récupérer sa fille, se jurant de ne plus jamais la laisser sortir. Du reste, elle n'en montrait plus le moindre signe d'envie.
Perdue, coincée dans un monde bien à elle. Un monde dans lequel elle pouvait danser à loisir dans les bras d'un bel adolescent malicieux et protecteur.
Aux yeux de sa famille, d'"Iris", elle était passée à "l'autre". Elle leur faisait très clairement honte et en avait parfaitement conscience. Simplement...elle s'en fichait. N'arrivant qu'à se demander si c'était également par honte d'elle qu'il l'avait ainsi abandonnée?
Il était facile de déterminer à quels moments la blonde pensait à son premier et seul amour. Le pli de son front se creusait plus profondément tandis qu'elle commençait à montrer quelques signes d'agitation, elle qui d'ordinaire, restait amorphe dans son lit.
Elle revoyait ses yeux, son sourire. Sentait la tiédeur de ses mains, de son souffle sur sa peau et ses lèvres. Une idée lui vint bientôt. Une simple pensée d'abord, avant de devenir une véritable obsession.
Il ne l'avait pas abandonnée. Il n'avait pas eu le choix. Il était mort. Et cette morbide idée lui mît un étrange baume au cœur. Il ne l'avait pas abandonnée...oui, elle en était sûre maintenant. Il n'aurait jamais pu.
C'est à la stupéfaction générale qu'Iris quitta maladroitement son lit, chutant au sol lorsque ses pieds nus se posèrent pour la première fois depuis de longues semaines sur le parquet de bois rugueux. Les jambes tremblantes, elle enfila un simple tricot par dessus sa robe de nuit.
Elle ne prêtait pas attention aux exclamations offusquées de sa famille qui, trop abasourdis, la laissèrent quitter la maison. Iris marcha, puis courut en direction de l'Eglise dans laquelle elle se précipita sans autre forme de procès.
Chutant à plat ventre sur le sol de pierre froide et austère, la jeune blonde déboussolée leva les yeux vers les icônes représentant les Trois Vertus. Elle se redressa et se plaça comme elle le pût, à genoux, les mains jointes.
"Je n'ai...jamais été la plus fervente de vos fidèles. Je ne sais même pas si je vous étais fidèle...mais je croyais en lui. Je vous en prie, dites-moi que cela n'est qu'un test...pour voir si je suis digne de lui, de son amour..."
La jeune fille fondit en larmes, à son grand étonnement, car elle était persuadée qu'il ne lui en restait plus une seule. Sa voix était chevrotante mais elle ne s'interrompait pas.
"...j'étais bien trop heureuse alors vous avez voulu me l'enlever...pour me mettre à l'épreuve...je...si j'ai mal fait par le passé, je vous supplie de me pardonner...mais rendez-le moi..."
Elle essuya du dos d'une de ses mains, ses joues ruisselantes.
"...je promets de faire attention aux cavaliers en traversant la rue et...de donner aux pauvres...de ne plus jurer...je promets d'être bien sage à l'avenir mais...je vous en supplie...rendez-le moi..."
Ses paroles tombèrent petit à petit jusqu'à ne plus être que des murmures.
"...aidez-moi rien qu'une fois...rien que cette fois...s'il vous plait..."
Et Iris enfouit son visage ravagé par la douleur dans ses mains tremblantes. Tandis qu'elle pleurait, elle finissait par s'apaiser. Comme si ces larmes étaient finalement une sorte d'exutoire ici. Inspirant à plein poumons, elle se redressa, l'expression résolue.
Quittant l'église, elle marcha d'un pas plus assuré. Elle savait pertinemment où elle devait aller maintenant. Oui, elle le devait. C'était...une étape nécessaire à sa reconstruction en tant qu'être vivant et non plus en lamentable ombre d'elle-même.
Son souffle se raccourcit tandis qu'elle faisait face à l'ancienne demeure du blond. Personne ne l'avait encore achetée, le lourd cadenas toujours bien en place sur la porte. Comme en transe, sans même cligner des yeux, Iris contourna le bâtiment et, arrivant au niveau d'une fenêtre, donna un coup de coude affirmé dans le carreau qui vola en éclat.
Quelques autres coups eurent raison du reste de la fenêtre par laquelle la jeune fille se glissa à l'intérieur. Elle mît sa main sur sa bouche, se retenant de tousser à cause de la poussière. Cela sentait le renfermé, et c'est avec une nostalgie sans égale que la blonde se mît à parcourir les différentes pièces qui constituaient la demeure.
Certaines étaient totalement vide, d'autres l'étaient partiellement. La gorge nouée et l'estomac serré, elle le revit assis ici ou là. Faisant ceci ou cela. Son âme hurlait mais ses yeux restèrent secs tandis que ceux-ci convergeaient vers les escaliers menant à l'étage. À sa chambre.
Lentement, comme une condamnée qui monte à l'échafaud, Iris grimpa les marches en laissant sa main caresser la rampe de bois précieux. Cette maison qu'elle connaissait pourtant par cœur lui paraissait totalement inconnue aujourd'hui. Elle en venait même à se demander si elle avait un jour été habitée. Si ses souvenirs étaient bien réels. Si ce garçon avait vraiment existé.
Poussant la porte de la chambre qu'il occupait, elle retint son souffle avant d'expirer longuement. Elle caressa chaque mur, chaque objet, s'agenouillant au sol pour presser sa joue contre le tapis qui n'avait pas été emmené ni vendu.
Iris inspirait très profondément, comme à la recherche de ce parfum familier qu'elle aimait tant. Dont elle n'avait jamais imaginé devoir apprendre à se passer.
La chambre était tellement morne, triste, ainsi. Il restait le cadre du lit, le tapis ainsi que la table de chevet. La blonde parcourut tous ces vestiges de son passé du regard, avec un immense respect et un chagrin sans nom.
Elle s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'un éclat au sol attira son attention. L'adolescente ne l'avait pas remarqué jusqu'à ce qu'un fin rayon de soleil ne filtre à travers les carreaux poussiéreux, afin de le faire étinceler. Un signe...
Iris s'approcha, humblement, et se mît à genoux afin de récupérer ce qui lui apparaissait comme la plus précieuse des reliques. Il s'agissait d'un collier, du plus beau collier qu'elle ait jamais vu, même dans une vitrine.
Il était fait d'or et d'argent, un discret mais très raffiné saphir ornant le pendentif qui représentait une colombe en envol. La jeune fille sentit son cœur se serrer, prêt à imploser. Elle lui avait souvent dit s'identifier à cet oiseau libre et ravissant.
Ses doigts tremblants parcouraient le bijou et finirent par entrer en contact avec un bout de parchemin qui y était attaché. Les yeux plissés, levant la note visiblement manuscrite jusque dans le rayon de soleil pour pouvoir la lire, il lui sembla que son cœur venait de sauter un battement.
Elle porta sa main libre à sa bouche, prise d'un vertige tandis que dans le même temps, une étrange bouffée d'amour et de soulagement envahissait chaque cellule de son jeune corps. Au dos de la note, un simple mot qui en disait long. Qui en disait assez, qui en disait trop. Mais dont elle avait infiniment besoin.
Ravalant ses larmes pour esquisser un sourire triste en direction du ciel, elle finit par reposer ses yeux bleus sur les initiales de son amour. Déjà en cet instant elle le savait. Qu'il n'y avait eu et n'y aurait toujours que lui.
C.N.
Cled Netty.
Sa sœur elle-même répugnait à partager la même chambre, préfèrant désormais le confort rudimentaire de la banquette de la cuisine, plutôt que le moelleux d'un véritable lit. Cela faisait bientôt un mois que la blonde était alitée et d'une pâleur cadavérique.
Un épais pansement ornait sa tempe gauche. Elle subissait des saignées quotidiennes destinées à faire tomber une fièvre qu'elle n'avait pas. Iris n'était pas malade. Simplement malheureuse.
Elle ne daignait se nourrir que de bouillons que sa mère s'était résolue à lui porter midi et soir, surmontant la répulsion que lui provoquait désormais sa propre fille. La blondinette passait ses journées au lit, les traits tirés et les lèvres closes. Cela faisait des semaines qu'elle n'avait plus prononcé ne serait-ce qu'un mot.
Elle souffrait, elle souffrait tant et si bien que quiconque s'approchait un peu trop d'elle en venait à se sentir aussitôt abattu, comme s'il portait le poids du monde sur ses épaules. C'est pour cela que sa propre famille la tenait à l'isolement.
Des rideaux épais avaient été installés à l'unique fenêtre de sa chambre, afin d'éloigner les curieux. Curieux qui avaient été nombreux les premiers jours suivant ce que les Claermoore nommaient "son coup de folie".
Lorsqu'Iris avait encore assez de force et de volonté pour marcher, elle s'était longuement promenée, ne consacrant son temps et son énergie qu'à revisiter un à un les endroits qu'ils avaient pu un jour fréquenter. Ne serait-ce que pour une faire une halte.
Oh elle espérait sûrement l'y retrouver. Par hasard, par un coup habile du Destin. Il ne pouvait en être autrement. Ils étaient unis à tout jamais, par des mots, des actes et des sentiments. Par des promesses.
Menteur... se prenait-elle souvent à penser alors que son front se plissait, que ses yeux bleus ternissaient jour après jour.
C'est ainsi qu'elle se retrouva à errer dans la ruelle où il l'avait protégée de ces brutes, après qu'ils aient massacré ce pauvre chien, déclenchant l'indignation de la jeune fille. Ses mains blanches et tremblantes glissaient le long du mur de brique alors qu'elle fixait l'endroit précis où ils s'étaient tenus. Elle dans ses bras.
La bouche hésitante de la blonde s'entrouvrit, laissant filtrer une plainte, un appel...qui gagna en assurance au fur et à mesure, jusqu'à devenir de véritables hurlements.
"À l'aide...ils me veulent du mal...viens...reviens...aide-moi....AIDE-MOI JE T'EN SUPPLIE! REVIENS! JE SUIS...d-désolée..."
Un attroupement s'était vite formé autour d'une Iris tombée à genoux, tête basse, les cheveux cascadant par dessus sa nuque pour se répandre comme un voile autour de son visage. Prise de sanglots frénétiques et incontrôlables, elle se mettait à crier quand quelqu'un tendait la main pour la toucher. Surtout si ce quelqu'un était un homme.
Alerté par un voisin bienveillant et désirant éviter l'opprobre à un ami de longue date, le père Claermoore vint récupérer sa fille, se jurant de ne plus jamais la laisser sortir. Du reste, elle n'en montrait plus le moindre signe d'envie.
Perdue, coincée dans un monde bien à elle. Un monde dans lequel elle pouvait danser à loisir dans les bras d'un bel adolescent malicieux et protecteur.
Aux yeux de sa famille, d'"Iris", elle était passée à "l'autre". Elle leur faisait très clairement honte et en avait parfaitement conscience. Simplement...elle s'en fichait. N'arrivant qu'à se demander si c'était également par honte d'elle qu'il l'avait ainsi abandonnée?
Il était facile de déterminer à quels moments la blonde pensait à son premier et seul amour. Le pli de son front se creusait plus profondément tandis qu'elle commençait à montrer quelques signes d'agitation, elle qui d'ordinaire, restait amorphe dans son lit.
Elle revoyait ses yeux, son sourire. Sentait la tiédeur de ses mains, de son souffle sur sa peau et ses lèvres. Une idée lui vint bientôt. Une simple pensée d'abord, avant de devenir une véritable obsession.
Il ne l'avait pas abandonnée. Il n'avait pas eu le choix. Il était mort. Et cette morbide idée lui mît un étrange baume au cœur. Il ne l'avait pas abandonnée...oui, elle en était sûre maintenant. Il n'aurait jamais pu.
C'est à la stupéfaction générale qu'Iris quitta maladroitement son lit, chutant au sol lorsque ses pieds nus se posèrent pour la première fois depuis de longues semaines sur le parquet de bois rugueux. Les jambes tremblantes, elle enfila un simple tricot par dessus sa robe de nuit.
Elle ne prêtait pas attention aux exclamations offusquées de sa famille qui, trop abasourdis, la laissèrent quitter la maison. Iris marcha, puis courut en direction de l'Eglise dans laquelle elle se précipita sans autre forme de procès.
Chutant à plat ventre sur le sol de pierre froide et austère, la jeune blonde déboussolée leva les yeux vers les icônes représentant les Trois Vertus. Elle se redressa et se plaça comme elle le pût, à genoux, les mains jointes.
"Je n'ai...jamais été la plus fervente de vos fidèles. Je ne sais même pas si je vous étais fidèle...mais je croyais en lui. Je vous en prie, dites-moi que cela n'est qu'un test...pour voir si je suis digne de lui, de son amour..."
La jeune fille fondit en larmes, à son grand étonnement, car elle était persuadée qu'il ne lui en restait plus une seule. Sa voix était chevrotante mais elle ne s'interrompait pas.
"...j'étais bien trop heureuse alors vous avez voulu me l'enlever...pour me mettre à l'épreuve...je...si j'ai mal fait par le passé, je vous supplie de me pardonner...mais rendez-le moi..."
Elle essuya du dos d'une de ses mains, ses joues ruisselantes.
"...je promets de faire attention aux cavaliers en traversant la rue et...de donner aux pauvres...de ne plus jurer...je promets d'être bien sage à l'avenir mais...je vous en supplie...rendez-le moi..."
Ses paroles tombèrent petit à petit jusqu'à ne plus être que des murmures.
"...aidez-moi rien qu'une fois...rien que cette fois...s'il vous plait..."
Et Iris enfouit son visage ravagé par la douleur dans ses mains tremblantes. Tandis qu'elle pleurait, elle finissait par s'apaiser. Comme si ces larmes étaient finalement une sorte d'exutoire ici. Inspirant à plein poumons, elle se redressa, l'expression résolue.
Quittant l'église, elle marcha d'un pas plus assuré. Elle savait pertinemment où elle devait aller maintenant. Oui, elle le devait. C'était...une étape nécessaire à sa reconstruction en tant qu'être vivant et non plus en lamentable ombre d'elle-même.
Son souffle se raccourcit tandis qu'elle faisait face à l'ancienne demeure du blond. Personne ne l'avait encore achetée, le lourd cadenas toujours bien en place sur la porte. Comme en transe, sans même cligner des yeux, Iris contourna le bâtiment et, arrivant au niveau d'une fenêtre, donna un coup de coude affirmé dans le carreau qui vola en éclat.
Quelques autres coups eurent raison du reste de la fenêtre par laquelle la jeune fille se glissa à l'intérieur. Elle mît sa main sur sa bouche, se retenant de tousser à cause de la poussière. Cela sentait le renfermé, et c'est avec une nostalgie sans égale que la blonde se mît à parcourir les différentes pièces qui constituaient la demeure.
Certaines étaient totalement vide, d'autres l'étaient partiellement. La gorge nouée et l'estomac serré, elle le revit assis ici ou là. Faisant ceci ou cela. Son âme hurlait mais ses yeux restèrent secs tandis que ceux-ci convergeaient vers les escaliers menant à l'étage. À sa chambre.
Lentement, comme une condamnée qui monte à l'échafaud, Iris grimpa les marches en laissant sa main caresser la rampe de bois précieux. Cette maison qu'elle connaissait pourtant par cœur lui paraissait totalement inconnue aujourd'hui. Elle en venait même à se demander si elle avait un jour été habitée. Si ses souvenirs étaient bien réels. Si ce garçon avait vraiment existé.
Poussant la porte de la chambre qu'il occupait, elle retint son souffle avant d'expirer longuement. Elle caressa chaque mur, chaque objet, s'agenouillant au sol pour presser sa joue contre le tapis qui n'avait pas été emmené ni vendu.
Iris inspirait très profondément, comme à la recherche de ce parfum familier qu'elle aimait tant. Dont elle n'avait jamais imaginé devoir apprendre à se passer.
La chambre était tellement morne, triste, ainsi. Il restait le cadre du lit, le tapis ainsi que la table de chevet. La blonde parcourut tous ces vestiges de son passé du regard, avec un immense respect et un chagrin sans nom.
Elle s'apprêtait à faire demi-tour lorsqu'un éclat au sol attira son attention. L'adolescente ne l'avait pas remarqué jusqu'à ce qu'un fin rayon de soleil ne filtre à travers les carreaux poussiéreux, afin de le faire étinceler. Un signe...
Iris s'approcha, humblement, et se mît à genoux afin de récupérer ce qui lui apparaissait comme la plus précieuse des reliques. Il s'agissait d'un collier, du plus beau collier qu'elle ait jamais vu, même dans une vitrine.
Il était fait d'or et d'argent, un discret mais très raffiné saphir ornant le pendentif qui représentait une colombe en envol. La jeune fille sentit son cœur se serrer, prêt à imploser. Elle lui avait souvent dit s'identifier à cet oiseau libre et ravissant.
Ses doigts tremblants parcouraient le bijou et finirent par entrer en contact avec un bout de parchemin qui y était attaché. Les yeux plissés, levant la note visiblement manuscrite jusque dans le rayon de soleil pour pouvoir la lire, il lui sembla que son cœur venait de sauter un battement.
"À ma princesse. Je t'aime.
C. N."
Elle porta sa main libre à sa bouche, prise d'un vertige tandis que dans le même temps, une étrange bouffée d'amour et de soulagement envahissait chaque cellule de son jeune corps. Au dos de la note, un simple mot qui en disait long. Qui en disait assez, qui en disait trop. Mais dont elle avait infiniment besoin.
"Pardon."
Ravalant ses larmes pour esquisser un sourire triste en direction du ciel, elle finit par reposer ses yeux bleus sur les initiales de son amour. Déjà en cet instant elle le savait. Qu'il n'y avait eu et n'y aurait toujours que lui.
C.N.
Cled Netty.
Belle- Citoyen
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Lieu de naissance : Norfendre
Age : 29
Date d'inscription : 07/01/2014
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Échos d'innocence
- Thème à écouter de préférence avec la lecture !:
Cled Netty.
La gorge nouée, la boule au ventre, l'adolescent dardait quelques regards derrière sa monture.
Il espérait qu'elle allait être avertie, prévenue. Le remord le rongeait, le rongeait si fort que les dires du Vicomte lui rentraient d'une oreille pour sortir par l'autre, indubitablement. "Apprenti...Lumière...Blahblah...Noble, fier...Dur..."
Ravagé, ce fut le mot. Il l'était bel et bien. Il aurait espéré un baiser d'adieux, une embrassade, ou même un regard, deux phrases, un résumé, un condensé d’au revoir, quelques lettres, juste un "Je t'aime", sortit de la bouche de son amour d'enfance.
Le Vicomte Desemprast n'en avait cure. Il accablait le blond de ses longs discours d'introduction, et, petit à petit, il discerna l'horrible chagrin, le supplice qu'endurait le jeunot. Il fronçait lentement les sourcils, et, d'un air hautain, il s'interrompit.
Netty le regardait, le dos courbé, assis de manière bancale sur sa selle, vêtu de sa nouvelle armure d'apprenti, sa toute première arme glissée dans un fourreau. Il le regardait sans le voir, sans le comprendre, sans chercher à l'écouter. Quelques mèches blondes lui passaient en travers de son visage. Au-delà de l'impassible, l'adolescent était...vide. Comme sidéré, stoïque, frappé par la foudre, figé.
A chaque rues traversées, il voyait une petite Iris gambader à ses côtés. Il voulait l'arrêter, lui offrir des fleurs, la serrer dans ses bras, lui proposer une fugue, ou même une collation. Il voulait la rendre heureuse, la voir sourire.
Il voulait lui tenir la main. La garder près de lui. Il n'était pas comme les autres gamins, qui rêvaient de grandir, de devenir de grands chevaliers, qui languissaient leurs maturité. Lui voulait vivre à jamais aux côtés de la jeune fille. Il voulait, inlassablement, arriver en retard aux cours. Il voulait, inexorablement, taper à sa fenêtre à des horaires tardives. Il voulait, éternellement, l'étreindre, contre lui, le matin.
Les scènes défilaient sous ses yeux. Tout volait en éclats.
Son père l'avait défendu de tarder. Il l'avait soupçonné de l'avoir réveillé en retard pour l'empêcher de lui dire adieu. Il haïssait son paternel, pour cela. Il haïssait le Vicomte Desemprast, son nouveau maître, pour l'avoir attiré loin de Lordaeron...Loin d'Iris.
C'est lorsqu'ils franchirent les remparts de la cité de Lordaeron qu'il fondit en larmes, de manière pitoyable.
Jamais, ô grand jamais, il n'avait pleuré. Il souriait, il riait, il grognait, parfois. Mais jamais il n'avait véritablement pleuré de chagrin, de tristesse.
Pas même à sa naissance. Ce fut un cri, aussitôt tut par la mort de sa mère, lorsqu'elle lui donna vie.
Le blond, d'un bon vivant inaltérable, voyait pour la première fois de sa vie, son souffle s’accélérer.
Il sauta de son destrier, sous les yeux ébahis du Vicomte et de son père. Il courrait vers les remparts, il voulait rejoindre Iris, partir, loin, avec elle, en Tirisfal, aux Pins Argentés. Peu l'importait.
Il hurla, un cri grandiose, qui fit voleter plus loin une colombe. Une colombe. Sa colombe, Iris. Le collier. Il avait économisé toute une année, et n'avait même pas pu l'offrir. Il était faible, il était détruit, et peut-être l'avait-il détruite. Peut-être qu'elle ne l'aimait déjà plus ?
Il dépérissait, pendant sa propre course. Ses joues mouillées par des larmes abondantes.
"Arrêtez-le, gardes ! C'est mon apprenti, il s'enfuit et doit obéir ! criait Desemprast, avec autorité.
Un bras de plaques stoppa net Netty, qui chuta lourdement dans la boue, d'une manière pittoresque. Les gardes se regardèrent entre eux, comme choqués par la scène, comme si la tristesse du gamin avait déteint sur eux. Un sanglot se faisait entendre, mais le jeune blond ne bougeait plus, allongé, à plat ventre dans la terre humide.
Milles pensées se bousculèrent en sa tête. Il pensait à elle, à ce qu'elle deviendrait, ce que lui deviendrait. Il pria. Il pria peut-être comme jamais il n'avait prié durant ses études. Il pria, à voix basse, dans la boue, d'une voix tremblante, faible.
Une main gantée le saisissait par l'épaule, pour l'asseoir. Ses lèvres étaient séchées. Le Vicomte observa le visage du jeune homme, puis fut pris de stupeur. Durant un instant, il comprit. Il comprit à qui il enseignerait.
C'était un être terriblement sensible. Des pulsions de violences, parfois. Il cerna tout cela dans un seul regard, où il lui parut un instant qu'il le voyait à ses vieilles années. Il vit Cled
Netty, et ce qu'il deviendrait s'il ne reprenait pas en main.
Il vit son nouvel apprenti, couvert de boue, le regarder. Il vit le chagrin d'amour d'un gamin dévasté. Il vit la folie suppliante, dans un sourire mal approprié, de façade... Il lui imagina une barbe couverte de terre séchée. Il imaginait Cled, dans le même état d'esprit, avec quelques années de plus. Il fut pris de stupeur. Le visage suffisant et snobinard du paladin s'étira en un appel de détresse, alors qu'il fixait Cled.
"Redonnez-moi Iris, Vicomte. Redonnez-la moi. Maintenant."
Un jeune homme brisé. Cled Netty était brisé.
...Et le Vicomte le prendrait en main. Il lui ferait oublier Claermoore. Peu importe le moyen employé, il sauvera Netty. Un Netty au supplice.
Cled Netty- Citoyen
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