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Un séjour aux Carmines

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Message par Linnet Thrynne Mar 8 Juil 2014 - 15:04

(J'ignore totalement si un sous-officier d'Hurlevent pourrait être envoyé aux Carmines pour former un instructeur, mais cela me permet d'expliquer en rp mon absence dû à la mort de mon ordi)


Presque dix ans avaient passé, mais elle revoyait encore le regard rempli d’espoir de Damien alors qu’il lui promettait de l’épouser une fois adulte. Elle eut un sourire en regardant le sommet de la petite colline : de là-haut, on avait une vue imprenable sur le lac, à condition de supporter la chaleur du soleil de plombs et l’absence totale d’ombres.
Avançant dans la bourgade, elle se promit d’y retourner un soir afin de renouer avec ses vieux fantômes. Son emploi du temps ne serait pas aussi chargé qu’elle l’avait craint en premier lieux : elle avait été dépêchée à Comté-du-Lac pour former en urgence un nouveau sous-officier. Ils avaient connu des pertes dernièrement après une attaque orque assez violente, et leur Commandant avait fait appel à la Capitale pour pouvoir être apte à promouvoir quelques gardes afin de remplacer les officiers tombés au combat. Linnet s’était portée volontaire : rien ne valait un retour aux sources, surtout par ces temps de grosse chaleur et le rythme effréné qu’elle menait ces derniers jours.
Elle était suffisamment sérieuse pour ne pas prendre ce séjour comme des vacances, mais savait pourtant qu’ici, le rythme serait beaucoup moins soutenu qu’à Hurlevent. Elle aurait probablement de nombreux moments de libre où elle prendrait le temps de souffler et de faire un peu le point.

Faire le point… Sa vie avait connu de nombreux rebondissements ces derniers mois, autant sur le plan professionnel que personnel. La jeune fille qui avait quitté Comté-du-Lac avait disparu, et celle qui revenait ne savait plus vraiment qui elle était réellement. Un Garde avant tout ? Une femme en premier lieu ? Une amie, une amante, une sœur ?
Son départ avait été motivé par la volonté de se chercher elle-même : force était de constater, plus de trois ans après, qu’elle ne s’était toujours pas trouvée.

Ses yeux remontèrent vers la petite butte au loin et elle sentit confusément qu’elle avait besoin d’y retourner. Pas uniquement pour la vue qu’elle offrait, mais pour tenter de retrouver un peu cette gamine qui s’était allongée là autrefois et qui avait tant évolué depuis.


En réalité, elle ne grimpa sur la petite butte que trois jours après son arrivée, quand le Capitaine Beauchamp la laissa souffler un peu. En femme de pouvoir, elle semblait avoir mal réagi à l’arrivée d’un caporal féminin sur son ‘territoire’, mais devant la gentillesse et le calme avec lequel Linnet réagissait toujours en période de stress, elle avait fini par l’accepter et par la regarder différemment.
Toujours est-il que Thrynne bénéficiait de son premier moment de repos depuis trois journées consécutives où le travail avait déferlé à toute allure : qui aurait cru que former un garde à l’instruction lui aurait demandé autant d’efforts ? Davis était pourtant un homme intelligent et volontaire, mais Linnet avait dû déjà intégré toutes les différences entre Hurlevent et Comté-du-Lac avant de commencer : tout avait tellement changé en trois années… Beauchamp avait apporté beaucoup de modifications, notamment concernant les allées et venues des citoyens dans la Bourgade encore trop souvent attaquée. Une main de fer dans un gant de velours…

Profitant de cette pause bien méritée, Linnet retrouva les gestes d’antan, ceux qui lui permettaient de grimper au sommet des plus hautes buttes sans jamais glisser : ses pieds étaient formés à trouver les endroits solides et à éviter les amas de poussières traîtres. Une fois en haut, elle se redressa et retint son souffle en découvrant le vaste Lac Placide qui s’étalait devant elle, aussi majestueux et serein que dans ses souvenirs. Il dormait comme toujours sous un soleil de plomb, supportant sans broncher les assauts continus de ses rayons comme pour mieux narguer l’impuissance de l’astre solaire.
Quand ses yeux s’habituèrent à la vue –si toutefois on pouvait réellement s’y habituer – elle poussa alors un soupir de pur contentement. L’impression fugace de rentrer chez elle traversa son cœur et lui arracha un sourire.

Hurlevent était une ville magnifique et empreinte d’une majesté qui effrayait la plupart des paysans ou provinciaux qui s’y aventuraient. Elle était de l’ordre de l’impossible, du grandiose : une cité bâtie par la seule main de l’homme, et pour l’homme.
Mais jamais la capitale ne lui avait donné ce frisson singulier qui la traversait chaque fois qu’elle contemplait le Lac Placide. Dieu sait qu’elle aimait énormément cette ville qui l’avait adopté, mais seules les Carmines et leur beauté rouge avait le don de l’embraser de la sorte. On entrait dans le majestueux, le divin : un endroit entièrement façonné par la Nature Mère, et qui tolérait la présence humaine comme celle de centaines d’autres espèces. Ici, l’Homme n’était plus maître de rien : il apprenait à se dessaisir de son envie frénétique de contrôler toute chose. Ici, il admettait son impuissance et son ridicule.

Elle s’assit et resta là de longues minutes, ses yeux détaillant chaque recoin que la vue lui offrait : là, elle se rappelait avoir chassé le lièvre. A cet endroit, ils avaient installé avec des amis une petite cabane que le premier gros orage avait soufflée… Et là, elle avait tué son premier murloc, qui pensait l’avoir en surgissant de l’eau…
Et derrière ce champ qu’elle apercevait, elle avait reçu son premier baiser…

Un nouveau sourire naquit sur ses lèvres lorsqu’elle sentit le vent balayer ses mèches folles et venir caresser son visage.

« Bonjour toi… » murmura-t-elle.

Chassant ses cheveux de devant ses yeux, elle reposa ensuite sa main au sol… et au contact de la poussière rouge, une légère vibration traversa son corps, souvenir d’un ancien temps. Elle la sentit à peine, voire pas du tout, et se concentra sur le paysage… occultant la chaleur qui se développait sous sa paume comme en réponse à ses paroles.
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Message par Linnet Thrynne Mer 16 Juil 2014 - 15:39

Un dernier élan… et elle atteignit enfin le sommet du chemin escarpé qu’elle suivait depuis maintenant trois bonnes heures. Son pied resta ferme sur le sol alors qu’elle se retournait et contemplait la vue qui s’offrait à elle.
Il y avait là de quoi contenter le plus exigeant des peintres. Jamais les couleurs des Carmines ne lui avaient semblé aussi chatoyantes auparavant : de là où elle était, le bleu du lac tranchait vivement avec le rouge sang des collines, et au loin, elle apercevait les reflets du soleil sur les vieilles pierres du fort abandonné. L’ensemble tout entier vibrait d’une vie peu commune, de cette énergie qui effrayait souvent les simples voyageurs ou les marchands itinérants.
Elle voulut s’asseoir pour en profiter mais un bruit de pierres qui glissent attira son attention. Aussitôt, ses réflexes reprenant le dessus, elle s’accroupit au sol et balaya la zone autour d’elle du regard. Normalement les gnolls ne venaient jamais jusqu’ici : ils n’aimaient pas les sols trop escarpés et leurs pattes n’étaient pas faites pour grimper. Ils étaient davantage des coureurs de vitesse que des grimpeurs endurants… Encore qu’on n’était jamais trop prudent : certains d’entre eux étaient capables de se montrer suffisamment courageux pour aller s’aventurer dans des zones inconnues.
Et si ce n’était pas un gnoll, il y avait toujours la possibilité de tomber sur un orc espion de passage… Ou un charognard quelconque dont on dérangeait le festin.

Recroquevillée sur elle-même, elle attendit plusieurs minutes, le cœur battant la chamade mais la main fixée sur le pommeau de son épée.
Rien ne vint.
Soit la chose attendait elle aussi, soit elle n’existait pas. Prudemment, Linnet se redressa et s’avança de quelques pas, fouillant chaque recoin du regard, tentant de trouver parmi les ombres une forme qui n’aurait pas dû y être.

Rien. Lâchant un tout petit soupir de soulagement lui échapper, elle fit demi-tour… et aperçut l’énorme renard qui la guettait depuis une hauteur, posant sur elle un regard tranquille et dédaigneux.
Le bruit était venue de derrière elle, alors comment avait-il fait pour se faufiler jusqu’ici sans qu’elle l’aperçoit, ou même qu’elle l’entende ? En théorie, elle n’avait rien à craindre : les renards étaient des animaux peureux et rarement stupides. Il ne viendrait pas se frotter à une humaine qui semblait en pleine possession de ses moyens.

Un violent coup de vent la bouscula soudain et ses mèches rousses s’échappèrent du nœud qu’elle avait attaché sur sa nuque pour venir batifoler impunément  sur son visage.

« Ah ouiiii…. ? »


Elle chercha à ramener sa chevelure derrière ses oreilles pour avoir un minimum de visibilité, et sourit à peine alors que le vent sifflant à ses oreilles recommençait son étrange psalmodie. Il était courant qu’on entende ses sinistres chants ou murmures à travers les collines, notamment l’hiver où les pierres plus froides se prêtaient davantage au jeu. Mais il était rare qu’il prononce aussi bien les mots.

Le renard n’avait pas bougé. Il continuait de la toiser comme un duc observe a cour et se délecte de leurs pitreries.  Elle avait toujours trouvé à ces animaux un air noble, quoique teinté d’une ruse toute friponne, mais rarement encore elle avait pu observer un spécimen aussi dédaigneux.

« Allez ouste. Ne reste pas là. »


Non pas qu’il l’incommode ou l’inquiète, mais son regard était troublant. C’était comme si l’animal savait quelque chose qu’elle ignorait, et qu’il comptait profiter du spectacle quand elle le découvrirait.
Son geste de la main agacé ne l’intimida pas : au contraire, avec une paresse digne d’un monarque incontesté, il s’assit, sa jolie queue à la fourrure rouge se fondant sur la pierre de la même couleur. Ses yeux jaunes brillaient, perçants et tranquilles, toujours fixés sur elle.

« Déguerpis, allez ! Je ne sais pas ce que tu attends, mais tu n’auras pas le loisir d’…. »


Son pied glissa sur la poussière, lui faisant défaut pour la première fois depuis son escalade, et son corps suivit l’élan, se précipitant vers le sol… qui se déroba littéralement sous elle. C’était comme si la roche fragile n’avait attendu que cette fragile incitation pour céder enfin à la pression et s’effriter, accompagnant sa chute d’un millier de petits cailloux aussi rouges que le sang qui lui brouillèrent la vue.
Elle hurla et l’écho de ses cris lui parvint alors que son corps continuait de glisser, tombant dans ce trou suffisamment petit pour avoir résisté au temps, et suffisamment grand pour l’avaler toute entière.
Aucune prise où se retenir : ses doigts s’écorchèrent quand elle voulut s’agripper à la paroi, et ses genoux rencontrèrent violemment la paroi rocheuse, lui arrachant un cri de douleur. Brinquebalée, rebondissant entre les parois, elle s’enfonça à la vitesse de la lumière, disparaissant de la paroi en quelques secondes, comme si elle n’y était jamais montée.

Les oreilles du renard s’agitèrent brièvement quand ses cris se turent enfin, et ses yeux jaunes se tournèrent vers le lac.

« Enfiiiin…. »
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Message par Angron Manus Mer 16 Juil 2014 - 21:19

Les griffes de la bête raclaient la pierre friable de la falaise, produisant une poussière fine et volatile. S'agrippant à une racine, le worgen se hissa à la force de ses bras, se redressant sur la corniche pour observer les alentours. Le soleil se couchait déjà dans les collines qui surplombaient comté-du-lac, recouvrant le lac d'une étrange aura rougeoyante.

Se laissant guider par son odorat développé, Angron reprit l'ascension difficile du versant escarpé, s'accrochant à chaque prise pour grimper toujours plus haut. Ce n'était pas le chemin le plus accessible, mais par crainte de voir la piste refroidir, il avait entrepris de couper par le plus court : en gravissant les pans rocheux qui délimitait l'est de la région et les routes septentrionales.

Bien que mince, la piste restait encore exploitable pour le Belluaire, aidé par un oiseau au pelage immaculé qui décrivait des cercles dans les cieux, guidant son compagnon par ses battements d'ailes et ses pirouettes aériennes.

Arrivé au sommet, Angron contempla le précipice derrière lui, et il repoussa l'idée qu'il soit arrivé quelque chose de tragique à Linnet. Il en était convaincu, une fille des carmines ne pouvait être assez sotte pour faire une telle chute. De plus, sa trace olfactive continuait vers les sentiers qui serpentaient plus au nord. Là, il n'eu aucun mal à couvrir une grande distance en peu de temps, porté par les foulées amples de sa forme bestiale. Bondissant de pierre en pierre, franchissant sans peine les obstacles et les cours d'eau, il sorti du sous-bois et se rapprocha de la zone la plus sèche de ce coin de terres. Là ou crevasses et goulets parsemaient le paysage à foison.

L'endroit était réputé dangereux, et il le savait. Depuis qu'il était tout jeune, ses parents l'avait sensibilisé aux risques de venir crapahuter par ici, et plusieurs incidents tragiques avaient mit en garde Angron et son frère ainé, du temps ou les deux garçonnets aimaient venir jouer dans les collines.
Mais il n'était plus question d'un jeune garçon, et le worgen s'élança en avant. Sans le moindre effort, franchissant les crevasses de bonds puissants, il sentait la piste se réchauffer, se rapprochant peu à peu de l'odeur caractérise qu'il suivait.

Hargneux, le belluaire ne remarqua pas l'étrange renard qui se tenait non loin. Observateur silencieux, qui semblait afficher un bien étrange sourire, alors que le belluaire touchait presque au but.
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Message par Linnet Thrynne Jeu 17 Juil 2014 - 14:07

Ce ne fut ni le froid, ni la douleur qui la tirèrent de sa torpeur. Au contraire, quand son corps s’éveilla, elle regretta aussitôt la douce inconscience qui lui évitait d’avoir à subir cela.
Non, ce fut le bruit assourdissant qui se répercutait contre les pierres froides qui finit par avoir raison de son esprit endormi. Cela ressemblait au grondement féroce d’une immense ruche qu’on aurait dérangé en plein travail, ou encore à une cascade se jetant violemment sur les roches… Ses tympans en bourdonnaient et elle en gémit de douleur.

Très lentement, elle reprit ses esprits et se remémora ce qui l’avait amené ici. Sa chute… Oui, voilà, le sol s’était ouvert sous ses pieds et… Elle se rappelait vaguement des chocs répétitifs contre son corps alors qu’elle était ballotée de paroi en paroi, et puis… Plus rien. Si ce n’était ce bruit qui semblait ne jamais s’arrêter et devenait de plus en plus insupportable.

Lentement, se souvenant d’anciennes leçons de premiers secours, elle se mit sur le dos. Ses gestes furent lents et calculés : elle guetta chaque élan de douleur, chaque pic qui aurait pu lui indiquer une fracture ou une blessure sérieuse. Son genou droit lui arracha une grimace mais elle pouvait encore le bouger. Un de ses doigts devait avoir une entorse : la douleur se diffusait jusqu’à son poignet, et elle préféra ne pas en demander davantage à sa main gauche pour l’instant.

Elle reprit lentement sa respiration une fois sur le dos, et finit par ouvrir les yeux. S’attendant à être plongée dans le noir, elle fut presque déstabilisée de pouvoir apercevoir les roches au-dessus d’elle et sa propre main droite qu’elle avait levée : une lumière tamisée, très douce mais tangible, inondait la crevasse où elle était tombée. C’était très ténu et éclairait à peine les parois, mais suffisait à chasser l’obscurité.
Très loin au-dessus d’elle se dessinait un petit cercle de luminosité atténuée : probablement le trou par lequel elle était tombée ici… Sa porte de sortie, en d’autres termes, et si lointaine qu’elle lui arracha un gémissement de désespoir.

Comment allait-elle faire pour remonter jusque là-haut ? Sa main gauche serait incapable de s’agripper aux parois, et son genou l’élançait tellement qu’il serait probablement tout aussi inefficace.
Mais ne rien tenter, ce serait se condamner : elle n’avait prévenu personne du but de son excursion. Tout au plus avait-elle dit qu’elle partait se promener… Il leur faudrait déjà quelques heures avant de s’apercevoir de sa disparition, et ensuite… Combien d’heures, de jours, pour trouver sa piste et arriver jusqu’ici ? Les Carmines étaient tellement grandes, ils allaient chercher une aiguille dans une botte de foin.

Si elle avait été femme à s’apitoyer sur son sort, elle en aurait pleuré de dépit. En réalité, elle sentait déjà les larmes lui monter aux yeux : la douleur, sa situation, ce bruit infernal qui n’en finissait pas…

Ce bruit… D’où venait-il d’ailleurs ?
Elle cligna des yeux, se reprenant aussitôt. Et s’il provenait d’une source d’eau proche ? Elle n’aurait qu’à la suivre pour tenter de trouver une autre issue plus accessible ! C’était sa seule chance !

Retrouvant son courage et sa détermination, elle se redressa en position assise. Un haut le cœur la traversa et elle prit quelques minutes, attendant que la douleur reflue et que son corps s’habitue au changement. De sa main droite, elle effleura son genou : la lumière était trop assombrie pour qu’elle puisse réellement constater les dégâts qu’il avait subis, mais ses doigts touchèrent un liquide poisseux. Trop poisseux pour être frais… Si elle avait saigné, cela avait cessé : maigre consolation car cela signifiait toutefois qu’elle avait une plaie à vif, et accessible à toute sorte d’infection.

Il lui fallut encore plusieurs minutes pour se redresser totalement et à défaut de pouvoir s’appuyer sur sa jambe gauche, elle put utiliser la paroi comme béquille.


La crevasse où elle avait glissé n’avait rien d’un puit étroit, bien au contraire. Elle était passée par un couloir qui débouchait sur une sorte de grotte souterraine, plutôt petite et entrecoupée de parois rocheuses qui s’enfonçaient de plus en plus loin. Le lit d’une rivière… Oui voilà, elle avait atterri dans le lit d’une ancienne rivière : l’eau était partie depuis longtemps mais avait eu le temps de creuser ces couloirs labyrinthiques à travers la roche.
Cela la conforta dans son idée que le bruit ne pouvait provenir que d’une source proche. S’appuyant contre la paroi, elle avança prudemment, redoutant une nouvelle trappe ou encore des reliefs traîtres au sol, qu’elle apercevait à peine.

La lumière diffusée n’était pas jaune, étrangement. Elle se parait d’un voile vert foncé : s’agissait-il de l’eau qui se reflétait sur les parois ? Un effet de phosphorescence ? Elle avait entendu parler d’algues qui étaient capables de produire une telle luminosité, ou encore de champignons qui s’illuminaient dans l’obscurité.

Avançant dans les couloirs rocheux, elle s’arrêta plusieurs fois pour reposer sa jambe gauche et tenter de décrypter le bruit qui se faisait de plus en plus assourdissant. C’était absolument infernal : ses tympans pulsaient douloureusement et une migraine commençait à pointer le bout de son nez sous son crâne. A moins qu’il ne s’agisse d’une autre séquelle de sa chute… A vrai dire, au fur et à mesure de sa progression, elle se sentait nauséeuse et palpitante. Son estomac se contractait douloureusement et sa tête lui faisait de plus en plus mal.

Et ce bruit… Douce Lumière, c’était inhumain d’entendre cela se répercuter contre les parois et venir directement frapper son cerveau fatigué ! Aucune pause dans ce vacarme, aucun repos pour son crâne torturé… Cela devenait excessif, presque… sadique.

Plus elle avançait, plus ses tympans accusaient le coup : si seulement la chute l’avait rendu sourde ! Si seulement…

« Douce Lumière ! »


Elle se figea de surprise en découvrant ce qui se cachait derrière le énième sillon qu’elle avait parcouru. Une salle souterraine, plus grande que les autres, s’étalait devant elle, toute entière nimbée par la même lumière d’un vert de plus en plus lumineux. Et contrairement aux autres salles, l’une de ses parois était entièrement constituée d’un sillon de malachite : c’étaient les reflets qui, en se miroitant sur la gemme pure, renvoyaient cette luminosité incroyable !
On aurait dit une veine mise à jour, une artère de cette terre des Carmines qui palpitait ici même, insufflant la vie à travers le réseau des galeries.

Et le bruit devint indécent, absolu. Vibrant au même temps que les reflets, s’accordant au rythme de la malachite. Et comme si on lui avait assigné le coup de grâce, Linnet tomba au sol : ce ne fut pas la douleur qui fusa dans son genou qui lui arracha ce cri de désespoir, mais le rythme insoutenable qui pulsait dans sa tête, son cœur, son corps tout entier, menaçant de réduire son âme en miette.

« ARRETEZ !! »
hurla-t-elle, les mains crispées sur ses oreilles dans l’espoir insignifiant de se protéger.

Elle y mit toute son énergie, épuisée mentalement et physiquement, expulsant là l’exaspération qui avait grandi en elle, rejetant en bloc cette énergie monstre qui s’imposait à elle en lui renvoyant la sienne propre.

Il y eut un dernier battement. Un dernier coup fatidique. Et la pierre se tut enfin. Plongeant la salle dans un silence réconfortant, alors même que les deux énergies se rencontraient, se croisaient… et se reconnaissaient.
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Message par Linnet Thrynne Ven 18 Juil 2014 - 17:17

Le silence se fit enfin. Terriblement déroutant après le vacarme qui avait résonné entre les parois.
Et si les oreilles de Linnet connurent enfin un apaisement certain, ce fut son cœur qui se mit à battre la chamade, bouleversé par ce qu'il découvrait là, enfoui aux creux des entrailles des Carmines.
Comme hypnotisée, elle s'avança jusqu'à la veine de malachite. Son genou ne flancha pas, mais elle en avait à peine conscience. La main tendue, le souffle court, elle se rapprocha et toucha enfin la gemme pure.

Les images en surgirent et prirent vie dans la petite cavité souterraine : qu'elles s'animent uniquement dans l'esprit de Linnet ou qu'elles soient réelles, leurs formes étaient d'une précision terrible et chaque détail sautait aux yeux comme si on avait pu le toucher.

Un orc surgit de la gauche de la pièce et sauta sur un groupe d'humains qui se mirent à hurler pour soutenir l'assaut. D'autres créatures vertes se dispersèrent autour d'eux, obnibulées par une unique motivation : répandre le sang.
La violence de la scène ne la fit ni sursauter ni reculer : tout au plus retint-elle son souffle alors que la gemme lui transmettait son enseignement. C'était un message confus et brouillon, mais nimbé d'un ressenti réel.

La rigole de sang qui fila jusqu'à elle trahit la fin tragique du groupe d'humains, qui avaient déjà disparu de la scène. Elle vit aussi nettement que s'il avait été présent dans la salle souterraine l'enfant qui se faufilait jusqu'au campement orc pour les espionner. Elle n'eut guère besoin de crier pour lui signaler le piège qui l'attendait... La scène se déplaça et survola son corps étendu dans l'herbe devenue rouge grâce à son sang.

Un gnoll hurla au loin... La tour apparut : cette tour maudite que tous redoutaient et refusaient d'approcher. La magie noire qui s'en dégageait émettait des filaments presque palpables, tous ressentis par la terre comme s'ils avaient été tangibles. L'empoisonnant lentement...
Puis elle aperçut les gnolls, ressentit en elle-même leur peur et la folie qui lentement s'emparait de leurs esprits.

Sa propre haine pour cette race tueuse n'existait plus en cet instant. Tout ce qui avait été vu ou entendu par Linnet n'avait plus de consistance. Elle n'était plus que spectatrice du triste spectacle qui annonçait la lente agonie d'une terre amoureuse de ses créatures. D'une terre qui se battait mais n'en pouvait plus, et qui lentement diluait ses dernières énergies dans le lac immense.


La forme de son père passa soudain devant elle, lui arrachant un battement de cils. Il se précipita tout droit vers les lances que tenaient les gnolls... Incapable de réagir, elle assista à ce qui allait être un massacre... quand la scène se coupa brutalement, lui laissant deviner ce qui était advenu de l'être humain.
Elle en aurait pleuré si seulement elle se souvenait de l'amour qu'elle portait à cet homme-là. Mais tout n'était plus que brouillard alors que la gemme continuait de lui transmettre le message.

Elle survola des corps de gnolls massacrés, l'arrivée d'une nouvelle cohorte d'orc encore plus assoiffés d'un sang que les Carmines n'étaient plus capable de donner. Son souffle s'apaisa mais pas son cœur : son tempo se calait sur celui de la pierre, absorbant froidement son énergie et s'en nourrissant.

Un bref instant, sa propre image apparut devant ses yeux. Une créature rousse qui semblait se chercher, mais la vision n'approfondit pas et passa alors en revue toutes les créatures dont les pieds foulaient la poussière rouge des Carmines. Si vite qu'elle n'en retint aucune, mais avec suffisamment de précision pour que l'énergie qui se déversait en elle les retienne.

« Nous allons nous reposer désormais... »

Elle ressentit l'écrasant poids du soleil et le mouvement lent du lac, l'écoeurement né du sang et le besoin enivrant de repos. Mais ses yeux refusèrent de se fermer alors que lentement, la gemme perdait de son éclat et abandonnait les images qui se dissipèrent dans l'air frais des sous-sol. Tout redevint à la normale...

Sa main se décolla de la pierre et elle sentit sa paume la brûler. La retournant, elle y aperçut un dernier éclat vert qui mlentement s'éteignit et s'effaça.
Et le silence retomba. Même s'il n'avait jamais vraiment quitté ces souterrains. C'était l'énergie pulsante qui avait vrombit aux oreilles de la jeune femme, cette énergie qui l'appelait pour lui transmettre son dernier tremblement.

La luminosité verte s'adoucit et elle sut exactement où elle devait aller pour sortir d'ici.
Elle ferma les yeux. Et Linnet disparut.
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