Affiches en villes

Jean René était fatigué. Fatigué d'errer dans les Maleterres comme un zombi pour dévorer des crânes et de la chair tendre, fatigué de rester éveillé 24h sur 24 pour ne rien gagner du tout et travailler à la gloire de ses maitres non mort. Fatigué d'être traité comme du bétail par ces nécromanciens et Chevalier de la Mort. Fatigué de voir sa banshee de femme être intangible et ne pas pouvoir l’étreindre. Fatigué de voir les cerveaux de ses 8 enfants flotter dans le formol. Bref, fatigué d'être Jean René le mort-vivant.

Jean René savait que son existence aurait pu être différente, mais Jeune, il répondit à l'appel d'un homme lui promettant le pouvoir via l'Ombre. Stupide qu'il était, il pensait avoir un destin, devenir un héros, être protégé par l'ombre. Mais le chant du coq le rappela à la dure réalité de ce monde : C'était l'aube, il devait aller traire les vaches et avait encore fait un rêve stupide. Toutefois, en ville, Jean René lu une affiche qui changea sa vie...

Citoyen,

Cela fait longtemps que tu souffres en Scylence. Cela fait longtemps que tu subis sans broncher les injustices. Cela fait longtemps que tu as compris que tu n'étais rien pour l'ombre. Tu en a marre d'avoir les mains fourrées dans des entrailles chaudes ? Tu en a marre d'être une goule décérébrés errant sur le champs de bataille à la recherche de chair fraiche ? Tu en as marre d'être un Chevalier de la Mort haïe par tous et esclave d'une volonté supérieure qui ne te laisse même pas le choix quand à ton destin ?
Voici la vérité que l'on veut te cacher : Devient pêcheur. Ceux qui deviennent Pêcheur de Hurlevent auront gloire, richesses et nourriture à volontés. Moi, Bob le Pêcheur, Seigneur des Saumons-Empereurs, Lauréat du plus beau sourire Hurleventois, Grand maître Kaluak de la Pêche par temps froids, je vous invite à prendre votre destin en main et à me rejoindre.

Signé : Bob.

Jean Réné, fonça ensuite dans un magasin de pêche afin d'acheter du matériel ainsi que du papier à lettre.

"Monsieur Bob...."

Le Baron Von Tarkin aurait bien rit s'il avait eu de l'humour, malheureusement il n'en avait pas. Aussi, il appela un de ses chevaliers la mort et lui ordonna:

"Toi, tu vas me trouver ce Bob, lui arracher la langue, les oreilles et les yeux. Ensuite tu forceras ce mangeur de poisson pané à avaler des tripes à la mode de Norfendre. Fait en sorte d'éviter qu'il vomisse sur toi car cela risquerait de tacher les crânes de ton armure. Une fois que cela sera fait, tu lui découperas un à un les doigts de pieds, tu l'empaleras comme il se doit durant une demi-journée et tu lui arracheras le coeur. Tu me trouveras ensuite des loups galeux - on doit trouver ça du coté de Gilnéas - et tu leur donnera les restes de Bob comme pitance."

Le chevalier de la mort remercia le Baron pour cette sympathique mission qui sans aucun doute propulserait sa carrière dans l'armée du fléau et s'en alla tout guilleret en chantant une douce comptine.

"La mort chevauche..."

Non.

"Installe toi mon gars et laisse moi te raconter une histoire. L'histoire de monsieur tout le monde. L'histoire de Bob."

La tavernier s'adressait à un client curieux, lavant une de ses choppes avec un chiffon qui ne devait plus vraiment être propre.

"Bob, mon ami, et bien Bob est un collectif, une idée. Je suis Bob, tu es Bob, le gars dans la rue là bas est Bob. C'est une manifestation de la volonté collective tu vois. Parfois, quand ton ventre cri famine, tu te retrouve avec un seau de poisson avec une signature de Bob. Quand tu te fais dépouiller par un bandit et que la garde ne fait rien, un tir de fusil vient estropier le malheureux qui abandonne son  butin."

Le tavernier fait glisser la choppe vers son interlocuteur qui en prend une gorgée.

"Mais c'est un peu un justicier ce Bob à ce que tu me dis là ? La garde le voit d'un bon oeil ce type qui veut faire leur travail ?"

Le tenancier ria de bon coeur, retournant à sa vaisselle

"Ce n'est pas un justicier mon bon ami, c'est un fantôme, une présence flou, à la fois tout le monde et personne. Il est le gardien silencieux de la Ville, il est le soutien des opprimés et des nécessiteux. Il est un modèle de bon sens, un Chevalier de l'Ombre, un vrai ! Il est le héros dont Hurlevent mérite. Nous sommes les Héros de Hurlevent !".

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Plus que jamais, en ces jours troublés où les citoyens honnêtes d'Hurlevent étaient, disons-le très clairement, emmerdés par de succinctes missives venues d'un Enfer analphabète et probablement psychotique, plus que jamais donc, Bob était aux abois. Tout le gratin de la merde des bas quartiers ne parlait que de ça : un Tarkin par là, une tartine par ci, partout la psychose. On avait signalé en divers endroits des chevaliers de la mort peu à cheval sur les règles en vigueur. Puis, on les avait retrouvés très à cheval sur des tas de purins. Ligotés et bâillonnés par un épais merlan dans le gosier. Seul leur état de non-mort les sauvait de celle-ci, et grâce à la Lumière, leur honneur était déjà enterré avec leur loyauté impie dans la tombe béante du Baron Tarkin.

Bob était partout, et Bob veillait.

Bob était cet homme louche derrière vous. Bob était ce pêcheur sympathique qui vous vendait chaque matin vos poissons. Bob, c'était aussi votre voisine qui crie toujours trop fort. Bob, c'était le facteur qui bien vite ne distribuait plus les tracts honnis, voir vidait les boites de lettres de ceux-ci. Bob ralentissait la marche des tueurs dans les rues, Bob n'ouvrait jamais sa porte aux encagoulés sinistres. Il était l'expression sourde d'une ville aux rues dangereuses, remplies de héros incontrôlables et de méchants impossibles. Il était la réaction naturelle à un monde où la normalité et la banalité sont absurdes.

Bob refusait le non-sens, il réfutait le mal absolu, il était la voix de ceux que l'on fait parler à tort pour les faire rejoindre les rangs des morts.

Et jamais, non, jamais, Bob ne laisserait von Tarkin et ses sbires foutre le bordel dans sa ville chérie.