Tracts irrévérencieux...

Se promenant dans les rues en soirée, Primelys s'arrêta devant le premier tract sur le Vicomte d'Eleos, ne dissimulant pas son étonnement. Elle enleva délicatement la première affiche et continua sa marche, avant de rencontrer celui sur le duchesse d'Ellesmere, de plus en plus circonspecte, qu'elle décrocha aussitôt. Terminant sa promenade, elle finit par croiser celui sur la duchesse d'Edenblow et l'arracha aussitôt, ne prenant même plus la peine de le lire avec attention, visiblement inhabituée à ce genre de méthode. Elle jeta les affiches arrachés dans l'un des nombreux feux de joies du solstice.

La jeune Duchesse n'aurait pu rester ignorante très longtemps. C'est au détour d'une promenade matinale, alors qu'elle profitait du soleil encore doux et du vent frais, que la belle cité blanche se réveillait peu à peu, qu'elle sut. C'est lorsque que le bruit des cliquetis de maille de son garde du corps s'arrêta qu'elle prit le temps de s'arrêter, et de se retourner. Gwinvere se releva alors, les sourcils froncés et l'air moins affable que d'ordinaire, elle s'approcha de la démarche lourde typique de ces guerriers lourdement harnachés et armés, pour incliner sobrement la tête, en contrition.

"Votre Grâce."

La gardienne lui tendit deux tracts, les deux premiers : celui sur elle-même et sur son amie la duchesse de Edenblow. Un sourcil se leva.

"Oui ? -- oh."

Un instant de silence pesant, lourd. Et un léger éclat de rire de la part de la jeune femme, sincèrement amusée. Pendant ce temps, Gwinvere s'affairait à ramasser ceux qu'elle trouvait, puis donna le troisième à sa maîtresse, fixant les alentours d'un regard mauvais. Elle grinça des dents.

"Nous le retrouverons, Votre Grâce. La Maréchale fera son possible pour cela, et ce petit idiot sera puni. Pendu, oui ! Il sera pendu pour l'affront, c'est une honte."

"Allons, nul besoin d'être si véhémente, Ellis. C'est même plutôt drôle, quoique jonché d'erreurs. Regardez les horribles joues qu'ils ont fait au Vicomte : ça, c'est une honte, ses bajoues sont bien plus gracieuses en réalité. J'avoue être un peu vexée qu'ils confondent divorce et veuvage, cependant ; vous remarquerez d'ailleurs qu'ils me prêtent un remariage déjà fait, et pourtant, ils disent d'Aldorey qu'il est l'amant d'Ashley."

Elle retourna le tract concerné.

"Ah, il n'y a que quatre noms. Elle a du en rire aussi, j'en suis sûre."

Un sourire égaya ses lèvres et illumina son visage. Elle mira ses prunelles violettes sur son garde du corps, qui pestait toujours autant.

"N'ayez crainte, je le ferais trouver. Et ensuite, je lui enverrais des idées pour les personnes qu'il a délaissé..."

Et elles reprirent leur marche, la vieille guerrière occupée à ramasser tous les bouts de papier irrespectueux qu'elle trouvait sur le chemin. Elle marmonna encore pendant quelques minutes à propos de l'affront fait à des illustres nobles de la cité, puis oublia lorsque la Duchesse s'affaira à lui parler d'autre chose.