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Un trouble passé

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Message par Invité Lun 19 Juin 2017 - 18:20

Un trouble passé Coma10
« Nous ne savons… Déjà un an… Stable… Maigre espoir... ». Ces mots dénués de sens résonnaient aux oreilles de la petite fille, au moins une fois par mois. Plongée dans ses songes depuis maintenant un an, Alyne ne pouvait réagir à ces propos, ne les comprenant même pas… S'accrochant aux maigres paroles que son cerveau assimilait du mieux qu'il pouvait, il lui fallait se diriger vers cette lumière. Alyne avait déjà tentée, maintes fois, de tendre son bras pour agripper cet espoir, mais en vain. Elle avait déjà tentée de courir, y mettant de toutes ses forces: mais elle faisait du surplace, incapable d'avancer. Ce temps était révolu. Toutes ces tentatives aboutissant à un échec étaient dues à une seule chose: son manque d'espoir... Peut-être était-ce à cause des paroles qui lui frappaient l'ouïe chaque mois: pourtant vivante, l'homme qui semblait être médecin condamnait déjà l'enfant. Elle ne pouvait accepter cela; il fallait se battre, et c'est ce qu'elle allait faire.

« Elle se réveille, médecin, regardez ! » s’exclama une voix féminine, aux notes trahissant un certain âge. La femme à la quarantaine d’année s’empressa de saisir la main de la jeune fille, lui serrant délicatement les doigts. Déposant ses lèvres sur son front, elle l’incitait à se réveiller, par des encouragements : « Allez ma chérie, réveille-toi, tu peux le faire, je t’en prie ».

Alyne émergeait au fur et à mesure des ovations, son corps totalement engourdit. Après un an alité, ses muscles ne répondaient plus, ni mêmes ses sens outre l’ouïe. Inspirant puis expirant longuement, donnant l’impression de ne pas avoir respiré depuis des lustres, les paupières de la fille  se mirent à trembler. Ouvrant lourdement ses yeux, Alyne fixait droit devant elle, ne voyant que des formes floues : comme si un tissu était posé sur son faciès l’empêchant de discerner correctement ses alentours.

« Alyne ! » se fit entendre, voix bourrue d’un homme trapu. Frappant aux tympans de l’alitée, elle tourna son regard vers sa droite, intriguée par cette interpellation. Elle ne reconnaissait ni cette voix, ni celle de la femme lui tenant sa main. A vrai dire, Alyne ignorait ce qu’elle faisait là ; ignorait où est-ce qu’elle se trouvait ; ignorait même sa propre identité… C’est pourquoi elle fut prise de panique. Sa respiration allant crescendo, trahissant son état de turpitude, elle entrouvrit ses lèvres. Souhaitant hurler, un faible son aiguë s’échappa de sa gorge, bouche asséchée et pâteuse. Pourtant, la petite fille insistait, sans relâche, bruits ridicules comme seule communication en un an d’absence. Ceci l’énervait, et la colère grimpait davantage en elle en entendant les adultes rire avec tendresse. Alyne ne comprenait pas pourquoi ils étaient heureux : elle ne pouvait plus parler, et n’avait aucun souvenirs ! S’empourprant à son paroxysme, elle cessa de garder espoir, se laissant tomber dans un silence lourd...Il valait mieux cela que de se ridiculiser.

« Ma puce, tu as eu un terrible accident il y a un an… Nous t’avons retrouvée sous un tas de pierres, nous pensions que tu étais morte… Cela fait un an que tu es dans le coma...Ô, comme tu savais à quel point nous nous sommes fait du sang d’encre… Nous av-...Priez la Sainte de te venir en aide...Et, elle l’a fait, tu...Tu es de retour ma fille… Ma tendre fille... » sanglota la femme, lui embrassant les joues, front, ainsi que le menton à multiples reprises. Une main ferme se posa sur l’épaule de la mère, la reculant avec poigne. « Ça ne vas pas, de tout lui dire d’un coup, maman?!  Elle se réveille à peine, laisse lui le temps de comprendre ce qu’il se passe ! » pesta le jeune homme. Saisissant sa mère dans ses bras, il la réconforta néanmoins, alors que cette dernière fondait en larmes.

Alyne clignait vivement des yeux, sa mémoire lui jouant des tours. Elle ne se souvenait rien de tout cela. Déposant ses yeux à la teinte bleu-roi sur sa « Mère », la fille ne se gênait guère pour la détailler. Petite d’un mètre soixante-deux, la femme possédait un teint blanc comme neige, alors qu’une longue chevelure blonde cascadait jusqu’au creux de ses reins, ne laissant aucun doute quant aux soins apportés aux cheveux. Avachit contre son fils, la mère – alias Catherine – portait des vêtements d’une certaine qualité, bijoux en or et pierres précieuses ornant doigts et cou. Le fils, quant à lui, était le portrait craché du père. En effet, les deux hommes mesuraient dans les un mètre quatre-vingt dix, la musculature saillante, habillés de chemise en soie noire. Cheveux coupés courts, mais élégamment, ils étaient aussi sombre que la nuit. Yeux noisettes, ils avaient un regard tranchant, comme s’ils ne connaissaient ni compassion, ni tendresse. Fermement plantés sur leurs pieds, dressés comme des piliers au milieu de la chambre – du moins pour le père ne supportant pas contre lui la mère -, leurs regards étaient tournés vers Alyne. Un malaise soudain fit tourner la tête de cette dernière, comme si elle assimilait seulement toutes ces informations. Fermant ses paupières, elle espérait se réveiller de ce cauchemar, de retrouver sa vie d’antan… Bloquant sa respiration, fronçant le nez… « Je ne me souviens pas...Je ne me souviens de rien… Je deviens folle » pensa-t-elle, ses mots ricochant désagréablement dans son esprit. Expirant d’une manière saccadée, elle devait se faire une raison : pourquoi ne pas croire les personnes lui faisant face ? Relevant ses cils, ouvrant ses yeux, elle fit entendre un rauque raclement de gorge… « Bonjour, Maman, papa...Mon frère... » s’extirpa des lèvres d’Alyne, sur un ton aussi doux que les soieries qu’ils portaient tous.

Peut-être que la mémoire allait lui revenir, mais elle était sûre d’une chose : à peine âgée de onze ans, elle avait toute sa vie devant elle pour se reconstruire. 


Illustration de la mère, Catherine:

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Illustration du père, Auguste:

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Illustration du frère, Jarod:

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Dernière édition par Alyne Bennett le Jeu 6 Juil 2017 - 14:19, édité 1 fois

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Message par Invité Mar 20 Juin 2017 - 15:18

L'éveil d'une vie
Un trouble passé Cathyd10

Alyne regardait autour d'elle, plaquée contre le mur. Capuche camouflant ses cheveux à la teinte particulière, la jeune fille alors âgée de 12 ans s'immisca dans la cathédrale. Elle se sentait écrasée par la grandeur de ce lieu saint. Une étrange sensation l'envahissait: alors qu'elle se sentait apaisée en premier lieu, un sentiment de malaise lui prenait les tripes ensuite. Bennett releva ses yeux, ébahit par l'architecture de l'édifice. Retirant ses gants, elle laissa ses doigts suivre chaque pierres qui formaient le mur; chaque décorations embelissant le lieu... Fermant ses yeux, Alyne avait l'impression de se sentir chez elle...

<< Que faites-vous ici, mon enfant ?>> se fit entendre, chaque mots articulés avec précision. Sursautant, Alyne fit face au prêtre du haut de ses un mètre trente. Clignant vivement des paupières,  l'enfant entrouvrit ses lèvres, prête à argumenter sur sa présence qui avait alors été interdite par son père. Néanmoins, aucune parole ne se fit entendre, si ce n'est un son aiguë. Les mots se bloquaient au fond de sa gorge, ses joues s'empourprant au même moment... "Timidité maladive" fut les termes utilisés par le médecin étant venu voir Alyne, deux semaines plus tôt. Elle avait été fascinée par cet homme, par son professionalisme, par sa façon de parler. Certes, la fille ne comprenait aucun mot scientifique qu'il avait pu dire à ses parents, mais elle avait fait semblant du contraire. La petite tête à la chevelure noire aux reflets bleutés divaguait dans ses pensées, oubliant totalement le vieux prêtre, ce qui – apparemment – ne plaisait guère à l'homme. Se faisant empoigner par son col, au niveau de la nuque, Alyne se retrouva sur le parvis de la cathédrale en un rien de temps. Ecarquillant ses yeux enfantins, l'enfant croisa ses bras en affichant un air bougon, descendant les marches menant au lieu sacré tout en frappant de ses petons.

<< Ce n'est pas juste, je ne comprends pas pourquoi père m'interdit ce lieu ! Il est merveilleux, je m'y sens...Si bien... J'aimerai le visiter, mais si je suis incapable de parler, je me ferai mettre à la porte à chaque fois !>> martela-t-elle dans sa tête, dodelinant sa tête à droite puis à gauche au fil de ses pensées, expressions faciales accompagnant ces dernières. Ses esprits furent néanmoins chamboulés lorsqu'elle se heurta aux jambes d'une personne. Tombant sur son fessier, relevant ses yeux vers l'individu, Alyne fut alors prise d'un cri d'effroi... A l'aide ses jambes et de ses mains, le souffle saccadé, la jeune fille se reculait au sol telle une araignée, souhaitant fuir à tout prix ce qu'elle voyait. Un homme, bourru, n'avait su l'éviter. Il avait une particularité choquante pour une enfant de l'âge d'Alyne: sa peau se décrochait, et semblait pourrir à certains endroits. D'un pas incertain, démarche tremblante, il respirait difficilement tout en s'avançant vers Bennett, main tendue pour chercher de l'aide... Trébuchant, le lépreux s'affala sur la pauvre enfant. Cette dernière se débattait vivement, fondant en larmes sous l'intense peur qui l'envahissait... Mais ses coups de mains finissaient par se calmer, puis s'arrêtaient.

<<Monsieur...? Monsieur, répondez-moi...? MONSIEUR !>> hurla Alyne, une nouvelle crise d'angoisse la submergeant. L'homme était mort, gisant sur elle. Inspirant longuement, sa timidité maladive ne l'empêchait pas de s'exprimer cette fois... << AU SECOOOOOURS !>> retentissa sur toute la place Faol. Rapidement, le même prêtre qui l'avait mise dehors arriva au petit trot, tandis qu'un garde dégainait son épée, prêt à en découdre avec un malandrin. En voyant la petite fille giser au sol, un mort l'écrasant, les deux homme la sortirent de cette position fort peu confortable. Mains tremblantes, perles salées sur ses joues roses, regard terrifié, Alyne se fit relever par le prêtre, qui lui tenait alors les bras. Les lui frottant, il tentait de réconforter cette petite chose affolée. C'est alors qu'il guida l'enfant jusqu'à la cathédrale, l'emmenant dans l'une des nombreuses alcôves. Aidant Bennett à se mettre assise, il se chargea de lui récouvrir les épaules d'un plaid, lui préparant par la suite un lait chaud. Posant son dos douloureux contre le dossier d'une chaise, le prêtre fixait Alyne...Il attendait que les sanglots de l'enfant se calment, voire s'arrêtent avant de l'interroger. Ce fut le cas, au bout de vingt minutes...

<< Il va falloir me raconter ce qu'il s'est passé, mon enfant... Tu es en état de choc, mais tu dois m'en parler...>> chuchota-t-il, posant un regard doucereux sur Alyne. Cette dernière essuya ses joues d'un revers de manche rapide, reniflant en opinant du chef. Sa petite voix perçante fit trembler les tympans du vieillard: << J'ét...J'étais dans mes pensées... Je ré..réfléchissais, quand...Quand je me suis heurtée aux jambes du monsieur... Je souhaitais m'excuser pour... Ne pas avoir fait attention...J'ai donc relevé mes yeux, mais... Sa peau pendouillait, il...Il était tout pourri, le monsieur !>> sanglotta Alyne, triturant nerveusement ses ongles. Se relevant lourdement, le vieil homme fronça ses sourcils, l'inquiètude s'inscrivant sur son faciès. La lèpre n'avait plus sévit depuis un petit moment, et voilà qu'un homme en meurt sur une jeune fille... Il ne savait que penser de cela: ce qui était sûr, est qu'il devait prévenir ses supérieurs, et il devait également s'assurer que la petite n'était pas entrée directement en contact avec la peau du lépreux.

Alyne, de son côté, fixait la table de l'alcôve. De lourds grimoires étaient posés dessus, semblant l'écraser sous le poids de multiples connaissances. Inspectant les bouquins, la jeune fille fut interpellée par le titre de l'un : "Chirurgie et médecine". Penchant sa tête à droite, puis à gauche, vérifiant que le prêtre se triturait encore les pensées, Alyne leva ses petites mimines vers le livre. Le tirant, lourdement, laissant les autres s'étaler sur la table, la jeune fille le feuilleta... Les mêmes mots qu'avait utilisé le médecin étaient inscrits sur les pages du grimoire. Entrouvrant sa bouche, formant un "o" de surprise avec, la jeune fille s'impregna de ces mots insensés, toute son intention se portant alors sur l'ouvrage. Au fur et à mesure de sa lecture, le souvenir de l'homme mort de la lèpre lui revenait en tête. Se remémorant sa peau se décrocher, ses yeux livides la fixer, son souffle nauséabond s'échapper de son nez... La jeune fille inspira longuement, fronçant ses sourcils d'une façon contrariée...Elle aurait voulue l'aider, au plus profond d'elle, elle le savait...

Une fois sorti de ses pensées, le prêtre s'apprêtait à questionner la jeune fille, une nouvelle fois...Mais en la voyant ainsi, émerveillée par le livre sur lequel elle s'était penchée, il ne pouvait la s'obstiner à la déranger.

C'est ainsi, qu'à 12 ans, Alyne Bennett savait quelle voie suivre. Celle de la médecine.

Illustration du vieux prêtre:
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Message par Invité Jeu 22 Juin 2017 - 2:33

Une autopsie presque parfaite

Un trouble passé Muscle11

<<Bistouri>> ordonna l’homme, alors que sa main était tendue vers l’arrière, gardant son regard sur le défunt. Une frêle main déposa l’outil médical dans la paume rêche du chirurgien, ce dernier refermant ses longs doigts longilignes sur le manche en bois, la lame en acier se dirigeant dangereusement sur le ventre de la personne morte.
<<Définition du bistouri>> questionna-t-il, d’un ton sec et condescendant. Alyne, inspirant légèrement du nez, fit entendre sa voix aiguë : « Le scalpel est un objet tranchant à lame fixe, fine et acérée. Il est utilisé pour la dissection, c’est donc pour cela qu’il ne faut pas le confondre avec le bistouri. Alors que le scalpel est utilisé sur les cadavres, le bistouri quant à lui est utile pour faire des incisions, donc sur des personnes en vie>> affirma la jeune fille. Un sourire se dessinait sur son faciès, fermant à demi ses yeux. Néanmoins, son rictus se fana lorsque son professeur l’interrogea de nouveau, sa tonalité davantage durcie : <<Et donc ?>>. Écarquillant ses grands yeux enfantins, la petite Bennett papillonna des yeux, se trifouillant ardemment la mémoire : qu’a-t-elle oublié ? Subitement, une lampe-torche apparu au dessus de sa tête, le détail manquant lui revenant en tête. <<Et bien, le bistouri est stérilisable, tandis que le bistouri ne l’est pas !>> s’exclama-t-elle, sautillant à pieds joints sur le sol propre de la piètre salle d’opération, aménagée dans la maison même du professeur. Ce dernier opina du chef. Certes, ce qu’il lui posait comme question était d’une évidence certaine : mais Alyne n’allait avoir que 13 ans, il fallait lui inculquer les bases avant tout… Et puis, elle ne pourrait pas procéder à une opération sur un être vivant avant ses seize ans. La jeune fille observait son professeur, d'un air presque émerveillé.

Grand d'un mètre quatre-vingt, Henry Mercy était un homme à la stature surprenante. En effet, lorsqu'on parlait de médecins, les idées se tournaient davantage vers un homme fétiche, voire le dos courbé, masque représentant un corbeau sur la tête. Henry, lui, était tout l'inverse. D'une musculature entretenue, si ce n'est développée, il arborait une chevelure au roux flamboyant, plaquée élégamment en arrière, tandis qu'une élégante barbe affinait son visage. Ce dernier, aux traits durs, était traversé d'une séquelle de guerre, difficile à ignorer. Les yeux sombres, inquisiteurs, il avait le don de lire les gens, comme s'ils étaient des livres ouverts. Henry ne se détachait jamais de son bâton sobrement sophistiqué, ne dégageant néanmoins aucune aura. Bien qu'Alyne ne connaissait rien du passé du chirurgien, elle disait de lui qu'il était de la noblesse.

Secouant sa tête afin de chasser ses pensées, le médecin s’apprêtait à ouvrir le ventre du décédé en deux. Alors qu’il appuyait le bout du scalpel sur la chair, il arrêta son geste en relevant son nez, fixant droit devant lui. Une fraction de seconde plus tard, sa main était tendue vers Alyne, le scalpel alors tenu par la pointe dangereuse. D’une voix monotone, comme à son habitude, le chirurgien proposa à la petite fille de tailler elle-même la peau. Affichant un air surpris, bonheur se lisant au fond de ses yeux, Bennett s’approcha d’une démarche frêle...Elle donnait l’impression, de par sa carrure, de pouvoir s’effondrer d’un moment à l’autre au sol. Plus petite que la moyenne des enfants de son âge, ainsi que plus maigre, elle semblait être en sous-poids. Pourtant, Alyne était dotée d’une bouille assez ronde, ses joues volumineuses lui donnant un air candide. Ce dernier était rehaussé lorsque ses pommettes s’empourpraient, en somme ce qui arrivait souvent.

Saisissant le scalpel de ses doigts graciles, Alyne se haussa sur un tabouret en bois. Posant la pointe de l’objet médical au niveau du sternum, elle fit une légère pression afin de déchirer la peau en un petit trou presque indécelable. Lentement, la jeune fille fit glisser le scalpel jusqu’à la zone pelvienne. Quelle fut sa surprise lorsqu’un jet jaunâtre lui éclata au visage… Ce liquide séreux résultant d’une inflammation : en outre, du pus. Sautant pieds-joints au sol, attrapant à la volée un seau, Alyne y plongea sa tête. Dans un gargouillis écœurant, Bennett laissa son estomac se vider : elle vomissait, encore et encore, d’autant plus que l’odeur nauséabonde du seau l’incitait à davantage vomir. C’est alors qu’un rire moqueur lui parvint aux oreilles. Son professeur, Henry Mercy, médecin renommé à Hurlevent, s’esclaffait ouvertement, main sur l’estomac. Mais cela ne dura pas bien longtemps. Vingt secondes après, il reprit la tâche, à savoir inspecter les organes du défunt.

Une fois rentrée à sa demeure, Alyne fut accueillie par une délicieuse odeur de mirabelles, bouillonnantes dans une marmite afin d’en faire de la confiture. Le ventre de la petite fille fit entendre un gargouillement, laissant supposer qu’elle était affamée...Contre toute attente – du moins pour la mère d’Alyne-, ce fut un énième vomissement comme récompense à cette fragrance naturelle. Inquiète pour son « petit bout de chou », comme elle se plaisait à l’appeler, Catherine Bennett se précipita à genou devant elle, posant ses lèvres sur son front. S’assurant de sa température, la mère souleva son enfant dans ses bras, prenant le chemin de sa chambrée. Délicatement allongée sur son lit, Alyne fut prise d’un frisson de froid lorsqu’un gant de toilette trempé d’eau gelée se déposa sur son front.

L’enfant se questionnait sur ses capacités ; sur son futur. Comment pouvait-elle devenir médecin, si la moindre vue du pus lui octroyait des rejets gastriques ? Fronçant son petit nez, Alyne tournait dans son lit sans réussir à trouver le sommeil. S’obstinant dans son choix, elle déposa ses petons habillés de chaussettes en laine sur le parquet de sa chambre, se glissant délicatement de son lit afin d’éviter de faire grincer le bois. Sur la pointe des pieds, telle une fouine se faufilant là où il ne le faut pas ; ou tel un gobelin préparant un mauvais coup, Alyne se dirigea vers son bureau, grimpant sur sa chaise. Allumant une bougie avec l’aide d’une allumette, la jeune fille tira un bouquin épais de son bureau, le feuilletant alors. « Chirurgie et médecine » : elle avait eu le droit d’emprunter cet ouvrage à la cathédrale, sous condition qu’il soit redonné en parfait état. Durant des heures, et des heures, Alyne s’imprégna de chaque chapitre ; chaque paragraphe ; chaque ligne ; chaque mot du grimoire, annotant sur un petit carnet ce qu’elle comprenait, et ce qu’elle ne comprenait pas. Henry Mercy était son professeur, et elle comptait bien être une digne élève, en étant curieuse.

Aux quatre heures du matin, la petite fille souffla sa bougie, alors qu’elle entendait du bruit dans la maison. Sa mère se levait, sûrement pour faire son travail, à savoir couturière. Se glissant tout aussi discrètement dans son lit qu’elle en est sortie, elle fit monter le plaid jusqu’à son nez.

Fixant le plafond, d’un air morne, Alyne se perdait dans les contemplations de sa conscience… Sa mère n’avait aucune idée de ce qui tracassait sa fille, et il était mieux qu’elle ne le sache pas…

Illustration du chirurgien, Henry Mercy
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Message par Invité Ven 23 Juin 2017 - 18:48

L'entraînement

Un trouble passé 62dad111

Allongée sur le dos, bras sur son visage afin de camoufler ses yeux de toute source de lumière, Alyne dormait paisiblement. Vêtue d'un pyjama en lin blanc, la jeune fille de 13 ans rêvait d'un avenir radieux, et surement de son prince charmant. Quel fut son dégoût lorsque son père tira brusquement les rideaux en soie rouge, faisant entrer les premiers rayons de soleil avec brutalité. Grognant en se roulant sur le flanc, Alyne releva la couette sur son visage, souhaitant encore dormir.
<< Il est l'heure, Mademoiselle Bennett ! Les oiseaux chantent, le soleil se lève, les paysans foulent déjà les champs ! Et nous avons notre premier entraînement !>> chantonna l'homme. Tirant le plaid de l'enfant, il s'approchait dangereusement en agitant ses doigts abîmés par l'effort physique. Un rire cistallin se fit entendre dans la chambre, Alyne se levant avec précipitation: << Père, non, pas de chatouilles aux pieds ! Je me lève, promis !>> ria-t-elle en se plaquant dans un coin de sa chambre, sûrement pour se protéger. Inclinant la tête, Auguste le père étira un fin sourire, le rendant davantage charmant, puis s'en alla de la chambre afin de laisser un peu de pudeur à son enfant.

Sautillant jusqu'à son bac d'eau, Alyne détacha sa chevelure alors retenue en un vague chignon. Ses mèches, noires aux reflets bleutés, s'écoulèrent sur ses épaules, en de légères ondulations. Tournoyant sur elle-même, sa robe en lin fouettant l'air, l'enfant étira un fin sourire, la bonne humeur la saisissant des le matin. << Alyne, cesse donc de faire ta princesse ! Dépèche-toi, le déjeûner est servi !>>. Son père la connaissait si bien: il savait ses moindres faits et gestes sans même être dans la même pièce qu'elle. Pouffant de rire, Alyne était néanmoins obéissante, et commença donc sa toilette. Frottant minutieusement son corps frêle, une odeur de savon à la lavande s'élevant dans les airs, l'enfant s'habilla ensuite d'une tenue simple. Pantalon en lin noir, chemise blanche recouvrant la totalité de son corps, mais également une ceinture avec lanières pour retenir l'épée courte que son père lui donnera. Enfilant ses bottes – trop grande pour elle car il était difficile de trouver des souliers à sa taille-, la petite fit mine de ranger sa chambre, comme elle devait le faire tous les matins. Soulevant les draps de son lit, elle fit glisser ses vêtements sales sous la couchette, ni vu ni connu. Ouvrant ensuite la fenêtre, Alyne ferma ses yeux, et inspira longuement. Les effluves de la mer lui montaient au nez, mélange d'odeur salée et de poissons. Alyne avait de la chance: en effet, sa chambre était située face à la mer. Tous les matins, elle admirait cet horizon bleuté, alors que les vagues s'entrechoquaient violemment contre les rochers qui maintenaient son balcon. Mais ce matin, elle n'en avait point le temps, et s'empressa de sortir de sa chambre.

Après avoir prit son petit déjeûner, composé de céréales, d'un verre de lait et d'un oeuf au plat, Alyne fut entrainée par son père dans les bois d'Elwynn. Après une randonnée d'une trentaine de minutes, le père et sa fille – cette dernière déjà épuisée de la marche - arrivèrent à un camp d'entraînement abandonné. Auguste décrocha les sangles à son dos, retirant un premier fourreau d'une taille ridicule. Sans plus attendre, il le donna à sa fille, tandis qu'il dégainait sa propre épée bien plus gigantesque. Alyne agrippa le fourreau de ses deux mains, tentant d'en sortir l'épée courte – ou la longue dague - , mais en vain. << Père, Epine est bloquée ! >> soupira-t-elle, sautillant sur place en espérant que cela changerait quelque chose. << Epine ? interrogea-t-il. Oh, je vois, tu as donc déjà donné un nom à ton épée>>, tout en dégainant l'épée de sa fille.
<< Bien, tu dois d'abord apprendre à tenir correctement ton arme... Ce que tu ne fais pas. Il est inutile de la tenir par le bout du manche, tu n'auras aucun équilibre, et ton épée ne fera que planter le sol, au lieu de planter tes agresseurs. Soit concentrée, Alyne... Non, Alyne, ça ne sert absolument à rien d'agiter ta lame vers le haut... Outre couper l'air, tu ne feras pas grand chose... Cesse donc de bouder, nous sommes là pour t'apprendre à te battre ! Redresse le menton, recule tes épaules, crampe toi sur tes talons ! Je n'élève point une pleurnicharde !>>
répèta sans cesse Auguste, tandis que sa fille appliquait ses conseils à la lettre, malgré quelques larmes d'énervement lui montant aux yeux. Son père ne plaisantait pas: il était maître d'arme, et donnait des leçons à des enfants de nobles et de bourgeois. Il avait combattu toute sa vie, et maintenant qu'il avait les cheveux – ainsi que la barbe – grisonnant, il transmettait son savoir et son art. Car, oui, il disait danser avec ses lames, être en harmonie avec elles; que ses lames étaient la continuité de ses bras. C'est pourquoi il était aussi sévère avec son propre enfant, et il avait été tout aussi strict avec son fils aîné. Lui apprenant des coups d'estoc, les façons de contrer une attaque frontale, et bien plus encore, l'entraînement avec sa fille perdura jusqu'au zénith. Ne laissant qu'un court répit à Alyne pour se substenter, Auguste tortura les muscles de son enfant jusqu'au couché du soleil par la suite.

Lorsque les derniers rayons du soleil frôlaient la peau porcelaine d'Alyne, cette dernière était affalée au sol, la terre s'ancrant dans sa chevelure. Epuisée, muscles endoloris par des heures et des heures d'entraînements intensifs, elle se sentait incapable du moindre mouvement. Pourtant, il fallait rentrer: la forêt était dangereuse la nuit, du moins c'est ce qu'elle pensait. Tous les soirs, sa mère lui racontait des contes se transmettant de mères en mères, et beaucoup incluaient des fantômes ou sorcières rôdant dans les bois. Expirant longuement, l'enfant Bennett se releva, rangeant son fourreau à sa ceinture: << Père, allons nous rentrer ?>> questionna-t-elle, tandis qu'elle ébouriffait sa chevelure. Aucune réponse ne se fit entendre, ce qui intrigua Alyne. Relevant son petit nez, elle tourna ses yeux à droite, puis à gauche, inspectant de fond en comble ses alentours, du mieux qu'elle pouvait. Le froid de la pénombre remplaçait la chaleur du jour au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient, ce qui fit frémir la jeune enfant de peur. De plus, son père ne donnait aucun signe de vie, et elle ne savait comment rentrer, ayant oubliée le chemin qu'ils avaient empruntés. Inspirant longuement, se saisissant du peu de courage qu'elle avait, Alyne s'effaça dans les bois sombres, prête à retrouver son père, et à vaincre les grands monstres avec Epine. Auguste lui avait apprit à se guider grâce aux étoiles... Mais les arbres, et leurs grandes branches, cachaient le ciel, et tout espoir pour Alyne de retrouver son chemin s'envolait. Durant de longues minutes, l'enfant se déplaçait dans ce territoire inconnu, au petit bonheur la chance. A plusieurs reprises, elle retournait sur ses pas, afin de prendre un autre embranchement, pour finalement se rendre compte qu'elle s'éloignait de son objectif: son père, et sa maison. Elle s'apprêtait à abandonner lorsqu'un grognement se fit entendre, roulant dangereusement jusqu'à son ouïe... Figeant tout son corps, tournant lentement sa tête, Alyne fit face à un loup...Sûrement l'alpha de la meute, au regard de sa corpulence. D'une main hésitante, la jeune fille dégaîna Epine, cette dernière prise de tremblements, eux-même apportés par la peur de Bennett. Alyne faisait un mètre quarante au maximum, taille du garot de ce loup...Du moins, c'est ce qu'elle se disait, et la peur lui faisait exagérer les proportions.

<< Gentil loup, tu ne vas ... Pas me manger, hein... ? Si, il va me manger... Père, où êtes-vous !>> hurla Alyne. Une fraction de seconde après, le loup s'était jeté sur elle, agacé par son cri strident. Alors que sa mâchoire s'ouvrait en grand, haleine fétide donnant des nausées à Alyne, l'animal sauvage fit voir ses longs crocs tachés de sang séché, prêt à lui arracher la carotide. Fermant ses yeux, l'enfant fit entendre un dernier sanglot. Yeux clos, elle attendait la mort, le froid de la nuit lui paralysant ses membres... Ou l'effroi. Des couinements de douleur parvint aux oreilles de la fillette, puis plus rien. Ouvrant grand ses yeux, le loup fixait l'enfant, d'un regard mort. Son souffle s'accélérant à une vitesse grandiose, Alyne cria de toutes ses forces, sanglottant toutes les larmes de son corps. L'adrénaline retombait, et ses émotions revenaient au galop, bien qu'ils étaient décuplés.

<<  Alyne, cesse d'hurler, tu vas attirer le reste de la meute ! Tais-toi !>> ordonna une voix masculine, différente de celle d'Auguste. L'homme poussa la carcasse du loup, libérant la jeune fille, l'aidant ensuite à se relever. Clignant vivement des yeux, en se retenant de cracher ses poumons, Alyne reconnaissa rapidement l'homme. Se blotissant au creux des bras de son frère, elle se fit porter par ce dernier, ne tardant pas à s'endormir.

Lorsqu'elle se réveilla, Alyne était dans son lit, vêtue de ce même pyjama en lin. Rideaux fermés, son père n'était pas venu la réveiller ce matin-là... Car il avait disparu.

Illustration de l'épée courte, Epine
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Message par Invité Dim 25 Juin 2017 - 14:20

Un anniversaire particulier

Un trouble passé Lagrim10

Alyne était au balcon de sa chambre, fenêtre grande ouverte. Sa chevelure lui fouettait le faciès du fait d'un puissant vent, alors qu'une pluie battante l'avait totalement trempée... Mais la femme ne semblait pas prendre cela en considération, restant ainsi: mains sur le balcon, perchée sur ses talons,  elle avait perdu son regard sur les vagues meurtrières giflant les rochers depuis un bon moment. Depuis toute petite, et chaque jour, Alyne se positionnait à son balcon et réfléchissait, sur tout et rien en temps normal. Elle s'interrogeait sur les sens des mots; sur l'importance de la politique; sur les guerres faisant rage aux quatre coins d'Azeroth... Mais ce jour là, Bennett ne faisait guère jaillir de questions dans son esprit. Pour cause, elle pensait à son père. Alors âgée de dix-neuf ans, cela faisait six ans qu'Auguste n'avait pas fait entendre sa voix au sein des murs de la demeure... Cela faisait six ans qu'Alyne prenait un moment dans la journée pour lui accorder une pensée, cherchant – en vain – où il pourrait se trouver. Au lendemain de la disparition, Alyne et son frère partirent à la recherche de leur père, fouillant chaque coin de la Forêt d'Elwynn, parfois en se mettant dans des situations délicates. Intrusion sur des terres privées; interrogatoire de fermiers; affront contre des murlocs... Tout cela n'avait servi à rien, si ce n'est honorer la possible mémoire d'Auguste.

Alors que chaque goutte d'eau plaquait davantage sa robe en lin contre son corps, Alyne ferma ses yeux en prenant une longue inspiration, s'imprégnant des odeurs de la mer. Elle se souvint de la promenade avec son père sur les côtes, ce dernier lui racontant alors des histoires de marins partant à l'aventure sur des navires aux noms multiples. Elle se souvint des baignades, et des piques-niques sur la petite plage se situant non-loin de leur demeure. Une sorte de crique que peu de personnes ne connaissaient. Puis, vint le souvenir de son aventure avec son professeur, Docteur Mercy, qui avait accepté de l'aider à retrouver son père. C'est alors qu'elle retomba en enfance, à l'anniversaire de ses quatorze ans.

C'était une journée d'été particulière, puisque la plus forte canicule écrasait les citoyens du royaume sous les vagues de chaleur. Alyne ne souhaitait pas fêter son anniversaire, car son père n'était pas présent. Elle n'avait jamais souhaitée d'anniversaire sans Auguste. Pourtant, sa mère et son frère souhaitaient lui faire une surprise; qui n'était plus vraiment une surprise, puisqu'Alyne se doutait de leur tour. En rentrant de son étude, auprès du Docteur Mercy, Alyne fut accueilli par les clamations de sa famille: <<Joyeux anniversaire Alyne !>> crièrent-ils en choeur, sa mère supportant un gâteau à deux étages dans ses mains. Esquissant un fin sourire, l'enfant de quatorze ans fit l'effort d'apprécier cette mise en scène, même si ses esprits se tournaient vers son père. Elle avait réussi à duper son frère, ainsi que sa mère...Mais pas son professeur. Après que la fête se soit calmée; après que les rires se soient extenué, Alyne s'était rendu à son balcon – comme à son habitude -, son regard se perdant dans les méandres de ses pensées. Peut-être vingt minutes, voire trente s'étaient écoulées avant qu'une main chaleureuse ne se pose sur sa frêle épaule. Henry Mercy avait suivi son élève, se doutant bien de son état mental.

<< Tu dois tourner la page, Alyne. Tu ne peux pas gâcher ta jeunesse, même si je puis parfaitement partager ta souffrance... Mon père aussi, m'a été enlevé tôt. J'avais huit ans, lorsqu'il est mort d'une pneumonie. C'est pour cela que j'ai décidé de devenir...Ce que je suis. Mais, tu le sais déjà, je te l'ai déjà raconté >> intima-t-il, se positionnant aux côtés de son élève sur le balcon. Inspirant du nez, il passa un doigt distrait sur son visage tuméfié, avant de reprendre dans sa lancée. << Que dirais-tu d'une chasse au trésor...? Et le trésor serait de retrouver ton père...Qui sait, peut-être avons nous mal  cherchés... Il faisait nuit, et il reste environ trois heures avant que le soleil ne se cache. Je n'aime pas te voir ainsi, Alyne...Et puis, ça se repercute sur tes études, tu es moins concentrée...Allons, va préparer tes affaires, nous partons des maintenant >> ordonna-t-il, confiant. Redressant son menton,  Bennett regardait son professeur, yeux humides par des larmes. Partagée entre joie et tristesse, elle opina vivement du chef, la pointe de son nez rougit. Se détournant, foulant son parquet de ses petons, Alyne était motivée à retrouver son père, davantage le jour de son anniversaire. S'agenouillant, prenant un sac en tissu tressé, elle déposa sa main sur le fourreau d'Epine. Réprimant un sanglot, elle se souvint que son père lui avait offert pour ses deux ans. Accrochant son épée courte à sa hanche, à l'aide de sangles en cuir, dressant un chapeau sur sa tête, Alyne était fin prête pour l'aventure... Oh, mais elle avait oubliée une flasque d'eau ! Accourant à sa cuisine, elle se hissa sur la pointe des pieds pour remplir ladite flasque au point d'eau.

<< Où vas-tu, Alyne ? >> fit retentir son frère avec force dans la salle. Main sur les hanches, traits sévères et regard inquisiteur, il lorgnait sa petite soeur avec insistance. Clignant vivement des yeux, cette dernière entrouvrit ses lèvres, laissant entendre sa voix fluette: << Monsieur Mercy ... M'a proposé une chasse aux trésors, pour mon anniversaire...>> confia-t-elle... Son esprit chauffait à cent à l'heure, elle devait lever les soupçons: << Si tu veux, tu peux venir avec moi, ce sera marrant ! >> s'exclama-t-elle de sa voix aiguë, agressant les timpans de son frère. Jarod secoua négativement la tête, bien que ses yeux restaient plissés, se méfiant. Il avait de quoi: Henry Mercy était connu pour partir en aventure avec des confrères...Mais ces derniers ne revenaient jamais avec le docteur. Expirant longuement du nez, Jarod avait fini par se faire une raison: Alyne n'avait jamais eu de problèmes avec son professeur, et elle avait tant étudié à ses côtés, en si peu de temps. C'est pourquoi il donna l'autorisation à sa petite soeur de partir. << Mais ne prévient pas maman ! souffla-t-il discrètement. Tu sais qu'elle va se faire du mouron le reste de la journée, si elle le sait !>> poursuiva Jarod. Embrassant son frère sur sa joue, Alyne rejoignit son professeur à l'arrière-cour de la demeure. C'est ainsi qu'ils partirent à la recherche d'Auguste, à la forêt d'Elwynn.

Cela faisait une heure qu'Henry et Alyne foulaient l'herbe asséchée d'Elwynn. Quelque feu s'étaient déclarés à plusieurs endroits de la forêt, sous la chaleur la plus forte depuis des années: heureusement, les fermiers et citoyens avaient su prendre en charge rapidement ces incendies, minimisant au maximum la mort de vaches et des végétations. La jeune fille et son professeur avaient apporté leur aide du mieux qu'ils pouvaient, avant de reprendre la recherche du trésor tant convoité par l'enfant. Retournant sur le piètre camp d'entraînement, Henry demanda à son élève de lui relater – encore une fois – les faits.

<< Il m'avait accordé une pause. Il est allé à la rivière, non-loin d'ici, pour remplir nos flasques d'eau. Je l'ai laissé partir, m'allongeant sur le sol, à fixer le ciel... Je me suis perdu dans mes pensées, et lorsque je revins les pieds sur terre, il faisait nuit. Ce qui m'a sortir de mes nuages était le bruit d'une branche écrasé, puis d'une autre. C'était un bruit de pas, et je pensais que c'était père... Mais non. Le reste n'est pas important, et je n'ai pas vraiment envie d'en reparler...>> expira-t-elle, triturant ses mains. Le docteur Mercy fixait son apprentie, tentant de décéler un quelconque mensonge: en effet, Alyne avait la qualité  -ou le défaut en fonction de votre philosophie – de rougir lorsqu'elle mentait, permettant ainsi de déjouer ses tentatives... Mais Alyne ne mentait pas, son visage restant d'un teint blanc immaculé, voire albinos. Tournant son menton à la barbe drue vers sa droite, Henry ferma ses yeux... Après un moment de concentration, isolant chaque son provenant de la forêt, il pu entendre le doux écoulement de la rivière. Bifurquant le reste de son corps dans la même direction, il réentama la marche, suivi de près par Bennett. Ecartant un buisson en deux de ses larges mains, il traversa un fourré avant d'arriver à la rivière.

<< C'est bien ici que nous avons retrouvé la cape de ton père, n'est-ce pas ? >> questionna Henry. Bien qu'il connaissait la réponse – à savoir oui -, il faisait fonctionner le système limbique de son apprentie. Le système limbique, incrusté au centre du cerveau, est composé de zones cérébrales impliquées dans le fonctionnement des émotions. Néanmoins, une partie de ces zones sont utiles pour la mémorisation, quelques formes de mémoires stockées dans quelques zones du système limbique. C'est notamment le cas de la mémoire topographique. En outre, la mémoire des lieux. Triturant son cerveau avec insistance, Alyne remontait ses souvenirs jusqu'à l'an passée, son petit nez pointé vers le ciel. Opinant vivement du chef, elle confirma le lieu: << Oui, la cape fut même retrouvée à cette petite branche >> désigna-t-elle de son doigt de pianiste. Fier d'elle, Henry ne se sentait pas capable de la faire travailler en même temps que de rechercher son père. L'aidant à traverser la rivière, en partie asséchée par la canicule, ils reprirent leur marche.

Le soleil commençait à se coucher lorsqu'ils découvrirent une grotte, légèrement ensevelie sous un éboulement de rochers. Etrangement, Alyne fut prise d'un large frisson d'effroi, ignorant totalement pourquoi... Ce n'est pas pour autant qu'elle n'aida pas son professeur à retirer les petits rochers, usant de toutes ses forces physiques...Bien qu'elles soient faibles. Perle de sueur coulant le long de son cou, l'enfant fut surprise en voyant un camp de fortune trôner au milieu de la grotte. Se mettant à genoux, Henry frotta délicatement ses doigts contre le feu de camp qui avait été installé. << Cela n'est pas récent, le feu a dû être fait il y a un mois minimum >> confirma-t-il, frottant les cendres de ses doigts. Un maigre espoir naissait chez Alyne, faisant apparaître dans son regard des étoiles d'espérance: << Ca veut dire que mon père était là ! >> hurla-t-elle, sautillant sur place. Mais elle se fit calmer tout de suite par son professeur, qui plaqua une main sur sa bouche. Il lui fit signe de se taire, doigt sur ses propres lèvres, écoutant attentivement... Un bruit de pas se faisait entendre, lourd, des cailloux s'entrechoquant brutalement. Ceci n'annonçait rien de bon...

Restant figés sur place, Alyne commençait à avoir son rythme cardiaque rapide, la peur lui nouant les entrailles. Soufflant longuement du nez, humidifiant la main de son professeur, elle fut prise d'un élan d'adrénaline lorsqu'un homme apparu à l'entrée de la grotte. Chevelure d'un noir de jaïs, mais aussi grasse que les maquerelles des maisons de joie, l'homme arborait un visage disproportionné. Front étroi, mais menton large, une large moustache, ainsi que barbe, obstruait la vue de ses lèvres et de ses dents noires. Son regard vitreux n'inspirait guère confiance, ni même la dague qu'il tenait en main. Pourtant vêtu d'une tenue en tissu, débraillé néanmoins, Mercy fut frappé d'un détail marquant: un foulard rouge pendouillait à la ceinture de l'homme.

<< ALYNE ! Cache toi derrière-moi, c'est un défias ! Bon sang, ils ne sont pas morts ?! >> ragea Mercy, saisissant son bâton en main.
<< Herg herg herg, crâcha l'homme de peu de confiance, t'penses v'r'ment m'faire d'mal avec ton p'tit bâton qui va m's'rvir à m'curer l'fion ?>> pouffa le "défias". S'avançant dangereusement, d'un pas loin d'être discret, il agitait sa dague dans sa main, comme si ce n'était qu'un simple jouet. Il se fit néanmoins projeter en arrière: Mercy avait tendu son bâton vers lui, une onde arcanique repoussant le malautru en arrière. Alyne, pendant ce temps, tremblait de peur. Elle n'arrivait pas à suivre les mouvements de son professeur, restant clouée près du feu de camp. Tétanisée, elle devint de plus en plus blême. Bennett était néanmoins étonnée: elle ne savait guère que son professeur manipulait cette magie. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine.

<< Je ne veux point vous tuer, bougre, alors filez avant que je ne vous explose en milles morceaux !>> souffla le docteur entre ses dents, muscles de sa mâchoire saillants. Raillant d'un rire gras, crachant un molard au sol, le semblant de défias ne semblant guère être impressionné par les menaces. C'est alors qu'un long combat eu lieu entre les deux hommes: l'un souhaitait piller l'autre; l'autre souhaitait faire fuir l'un. Assénant de violents coups de bâton derrière les genoux du défias; dans sa mâchoire; sur son crâne, Henry Mercy semblait maîtriser l'art du combat, se mouvant avec agilité. Il semblait danser, le bâton semblait être la continuité de ses bras... Fixant son professeur, Alyne se disait cela, et se souvint de son père, tout aussi gracieux au maniement de l'épée... Fâcheuse tendance à se perdre dans ses pensées, Alyne n'eut le temps de voir une dague filer jusqu'à elle, sifflante au fur et à mesure de sa course. Hurlant de douleur, sorti brusquement de ses pensées, Alyne baissa le regard sur sa cuisse. Déglutissant, elle se laissa choir au sol. Henry, de son côté, fou de rage de n'avoir su protèger son apprentie, leva son bâton au dessus de lui. Tendant son autre main vers le défias, un cercle d'arcane se forma dans sa paume, avant qu'un jet bleu - aux teintes violette – ne s'éjecta sur le défias, l'expulsant avec brutalité de la grotte. Le sorte en lui-même ne fut pas mortel; mais la chute du bandit le fut. Nuque brisée, l'homme au faciès dérangeant gisait au sol.

Se précipitant vers Alyne, son professeur inspecta la gravité de la blessure. La dague était plantée à moitié dans sa chair, empêchant de ce fait le sang de s'écouler... Et, même s'il y allait avoir une flaque de sang au sol quelques minutes plus tard, Bennett ne le saura pas... Puisqu'elle perdit conscience.

Illustration du défias
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Message par Invité Jeu 29 Juin 2017 - 21:05

L'épidémie
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Passant un doigt distrait sur sa cuisse, Alyne admirait sa cicatrice, repensant à cette dague éjectée par le défias. Cela faisait maintenant deux ans que cette histoire avait eu lieu, et pourtant la jeune femme continuait à y penser. Pourquoi n'avait-elle pas réagit ? La peur, assurément. Elle s'en voulait, à chaque fois que son regard se posait sur ses jambes. Alyne détestait son caractère, qui lui a causé quelques moqueries de camarades puérils. "Bébé"; "Peureuse"; "Faiblarde" retentissaient à ses oreilles en permanence, railleries ingrates poursuivant ces propos injurieux. Expirant du nez en fermant ses yeux, elle décrocha ses mains de son balcon, fermant la baie vitrée avant de pénétrer dans sa chambre.

Aujourd'hui, elle devait accompagner Henry Mercy aux Carmines. Une rumeur d'épidémie s'était propagée dans les rues d'Hurlevent, mais laquelle ? Le Docteur Mercy l'ignorait, et se devait de se rendre sur place pour voir de ses propres yeux la réalité. Ainsi, il proposa à la jeune Bennett de s'y rendre avec lui, afin de la mettre face à une situation d'urgence. Empaquetant ses affaires, Alyne réfléchissait à ce qui l'attendait là-bas. Elle se rappelait de ce lépreux qui était mort sur elle: était-ce la lèpre qui frappait les Carmines ? Secouant vivement sa tête, la jeune femme tentait de dissiper cette image d'horreur...Cette peau s'arrachant... Du pus s'écoulant des yeux... L'haleine fétide...
Inspirant longuement de ses narines, elle fit entendre un "urg" de dégoût, mais se retint d'aller vomir. C'était un pas en avant, pour elle: ne plus vomir à la moindre pensée dégoûtante.

<< Nous partons dans vingt minutes, Mademoiselle Bennett, dépèche toi les griffons ne vont pas nous attendre ! >> hurla Mercy, occupé à la cuisine à préparer des sandwichs de fortune. Depuis toutes ces années, cela était devenu une habitude que son professeur entre et sort de la demeure comme il le souhaitait. Alyne soupçonnait une relation entre Mercy et sa mère, mais elle avait tendance à ne pas vouloir y penser par respect pour son père – toujours porté disparu, et sûrement mort...-. Prenant son barda sur son dos, sanglant les lianes en cuir de son sac à son torse, Bennett affronta ce qui allait l'attendre avec bravoure...

... Jusqu'à qu'il faille monter sur les griffons. Faisant un pas de recul en aperçevant ces majestueuses bêtes au bec acéré, Alyne fit entendre un bruit faisant transparaître sa peur : un "glurp". Elle ne savait monter qu'à cheval – à la perfection cela dit -, mais jamais n'avait-elle pensée à devoir monter un jour sur un griffon. Après tout, cela ne devait pas être si différent... Positionnée à gauche de l'animal, Alyne posa sa senestre sur l'aile du griffon, posant son pied dans l'étrier. Alors qu'elle prenait un élan en poussant sur sa jambe droite pour enjamber la selle, l'animal déploya ses ailes brusquement, ce qui eût pour effet d'envoyer paître la jeune femme au sol. Faisant un saut de l'ange parfait, Alyne retomba la face contre le sol, dégustant le délicieux goût de la terre fraîchement mouillée par une pluie d'automne: en somme de la boue.
<< Keuhf..Keuhf... Nous y allons à che-...Haa ! Un ver de terre !>> hurla Bennett, crachant au sol pour se nettoyer la bouche. Main posée sur son ventre, son professeur Henry Mercy s'esclaffait face à la scène, lui-même perché fièrement sur son griffon depuis un petit moment. Ce dernier refusant d'y aller à cheval, Alyne due faire trois essais minables avant de pouvoir poser son fessier sur la selle en cuir. Enfin pouvaient-ils s'envoler dans les cieux, pour rejoindre les Carmines... Du moins, en hypothèse. Dans les faits, la jeune femme aura manquée plus qu'une fois de tomber de cet animal, pestant sa colère contre ses gestes trop vifs; ses bifurquements trop brutaux; ses piaillements ressemblant fortement à des railleries.

C'est environ au bout d'une heure de vol que les griffons posèrent leurs griffes affutées sur le sol asséché des Carmines. La tempête de pluie n'avait pas eu lieu, ici, la terre se craquelant par endroits du fait d'un manque d'eau.
<< Vos identités, voyageurs>> fit vriller les oreilles d'Alyne. Un homme, en armure de plaque portant les couleurs du Royaume, s'était avancé vers eux pendant qu'ils décrochaient leurs affaires des animaux. Sous cet accoutrement se devinait une musculature saillante, alors que le casque laissait entrevoir des traits burinés, asséchés par des heures et des heures passées au soleil. Il n'avait pas l'air cordial, et ceci se confirmait au ton sec qu'il avait employé.
<< Je suis le médecin Henry Mercy, et voici mon apprentie Alyne Bennett. Nous venons suite à une rumeur d'épidémie foudroyante. Nous aimerions en connaître la cause, sa nature, ainsi qu'aider >> avança le docteur, alors qu'il s'apprêtait à sortir un parchemin de sa besace. Mais il se fit prestement couper par le Garde: << Bien, vite, venez ! Dépèchez-vous, nous n'avons plus de temps à perdre ! >> pesta l'homme, les incitant à le suivre d'un geste pressé. Coopérant, Alyne et son professeur prirent la marche avec hâte, traversant le pont reliant les deux bouts de terres. Une odeur putride se dégageait de la ville, alors que cette dernière était dénuée de toute activité. Portant un masque à son nez – qu'il sortit de sa besace - , Alyne en fit de même, tandis que le Garde était protégé par son heaume. Une fosse avait été creusée en arrière de la ville, alors que quelques citoyens décédés y avaient été entassé. Certes, le nombre ne dépassait pas les cinq morts, mais la puanteur d'un corps se désséchant et pourissant sous la chaleur restait aussi intense.

<< Je vais vous emmener à l'infirmerie, nous sommes dépassés >> intima le Garde, alors qu'il poussa une porte en bois d'une petite maisonnée. A l'ouverture de cettedite porte, des lamentations de patients se faisaient entendre, ainsi que des toux grasses, voire des bruits de vomissements. Réprimant son dégoût, Alyne restait silencieuse tout en suivant son mentor. La scène était effroyable. Une dizaine de victimes de l'épidémie se trouvaient sur des lits de fortunes, paille comme principal matelas. Teint livide, joues creusées, résidu de vomi sur leurs haillons, ils ressemblaient à des cadavres. Il ne leur restait qu'un frêle souffle de vie en eux...Plus aucun espoir n'était à développer pour ces âmes s'éteignant. Le médecin ne prit même pas la peine de prendre leur poul; d'écouter leur respiration. D'un ton morne, dénué d'émotion, il déclara: << Nous ne pouvons rien pour eux. Ils sont condamnés. Ce soir, ils seront de l'autre côté >>. Pinçant sa lèvre inférieure, ses mains tremblantes, Alyne fit demi-tour en pointant son nez dehors. Espérant respirer un air frais, elle réprima un relan de son repas du midi. C'est alors qu'elle laissa rouler les perles salées sur ses joues, sanglottant discrètement. La vue de ces cadavres vivants l'avait bouleversée au plus haut point, faisant ressortir toutes ses émotions qu'elle s'était efforcée de réprimer au fil des années dans le cadre de ses études. Posant son dos contre le mur de la maisonnée, elle se fit glisser jusqu'au sol, posant ses paumes de main sur son front. Pendant ce temps, Henry Mercy posait multiples questions au Garde, afin de connaître la source de cette épidémie. Suite aux réponses de l'homme, il était indéniable que tout ceux allant mourir dans la soirée avaient bu l'eau du lac.

N'y avait-il vraiment rien à faire ? Pourquoi Mercy ne daignait même pas s'approcher d'eux pour déterminer la cause de cet état ? C'est alors qu'un déclic se fit entendre dans la tête de la jeune femme. La médecine était limitée; elle ne pouvait arranger tous les maux, ne pouvait faire face à toutes les situations. Fermant ses yeux, la petite tête à la chevelure bleutée se souvint de ce jour où elle avait assistée à des soins, à la Cathédrale d'Hurlevent...

Ses yeux s'illuminant, une idée lui vint en tête.

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Message par Invité Jeu 6 Juil 2017 - 14:22

Le pacte

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Henry Mercy et son apprentie, Alyne Bennett, s'étaient rendus à l'unique auberge des Carmines. Ils connaissaient la cause de cette épidémie, mais l'heure était bien trop tardive pour qu'ils puissent faire quoi que ce soit. Debout, face à la fenêtre de sa chambre, l'apprentie en médecine portait son regard vers cette triste scène. En effet, ils étaient morts: les patients agonisant à la salle d'infirmerie de fortune ont donnés leurs derniers souffles... Comme cela fut prédit par Henry Mercy. Ce dernier ne put qu'apaiser un temps soit peu les souffrances de ces condamnés, à coup de piqures d'antidouleurs... C'est pourquoi les corps furent jetés dans la fosse, tandis qu'à deux pas de cette dernière, les villageois pleuraient leurs défunts, tout en émettant des paroles tremblantes d'hommages. L'indignation s'était levée dans la journée: certains souhaitaient que les corps soient enterrés, d'autres – par peur que ces foyers épidémiques ne propagent leur maladie à la terre, puis aux plantations, puis aux citoyens, puis à la terre... - souhaitaient qu'ils soient brûlés dans la fosse commune. Sous le joug du maire, un vote à main levé fut fait, le choix se tournant alors vers la dernière solution. Les flammes léchaient les corps décharnés des morts, tandis que le brasier illuminait cette nuit sombre. La lune même semblait se cacher derrière les cimes des arbres; comme si elle offrait le deuil aux familles et amis.
Tout en observant ce sinistre spectacle, Alyne continuait à faire germer cette fameuse idée dans sa tête. Au fond d'elle, la jeune femme était détruite de n'avoir rien pu faire pour sauver ces malades. Surtout en connaissant la cause de l'épidémie... Elle s'accablait, et ne supportait pas cela.

Glissant ses graciles pieds dans des chaussons donnés par l'auberge, Alyne traîna ses pattes jusqu'à la chambre de son professeur. Fermant les doigts de sa dextre, levant sa main, elle fit entendre un faible "toc, toc, toc", frappant avec délicatesse pour éviter d'importuner les autres habitants de l'endroit. Après une minute de patience, la poignée de la porte se tourna lentement, un "clic" brisant le calme de la nuit. Porte s'ouvrant, Henry Mercy apparaissait sous les yeux de la jeune femme. Il semblait mécontent de s'être fait réveiller, sourcils froncés. Entrouvrant sa bouche, il s'apprêtait à hurler sur l'importuneur... Puis adoucissa son visage d'un fin sourire en reconnaissant son apprentie. Vêtu d'une simple robe de chambre en lin, il tenait une lanterne dans sa senestre. Se mettant en biais, l'autre main sur la porte, il invita Alyne à entrer... Elle savait pertinemment bien que réveiller le Docteur Mercy était dangereux pour son intégrité physique: de ce fait, Henry se disait qu'elle venait pour quelque chose d'important. A petits pas de souris, Alyne fit son entrée dans la chambre de son professeur. Bien plus vaste que la sienne, il s'était fait plaisir !

<< Que veux-tu, Alyne ? Tu devrais te reposer, la journée de demain ne sera point de tout repos. J'ai besoin de toi en pleine forme; je ne pourrai assumer tout le travail seul >> chuchota-t-il, sur un ton doucereux pour éviter de brusquer ce petit bout de femme fragile. Triturant ses doigts meurtris par des coupures de scalpels et bistouris; de multiples cicatrices gâchant la beauté de ses mains; Alyne mordillait sa lèvre inférieure, soufflant longuement du nez... Elle appréhendait la réaction de son professeur. Il avait tant fait pour elle; pour l'aider à réussir; voire pour sa famille. Il avait soutenu Catherine Bennett lors de la disparition de son mari; il avait continué à poursuivre l'apprentissage de l'épée courte à Alyne; il l'avait émerveillé – enfant – avec des tours de magie; il avait échangé quelques joutes avec son frère... La jeune femme avait peur de lui inculquer un sentiment de trahison.

Prenant son courage à deux mains, l'adolescente malingre fit entendre sa tendre voix.
<< Voilà, j'espère ne pas vous blesser en vous...Parlant de cela, professeur, mais... Enfin... soupira-t-elle, ne trouvant guère les mots adéquats. Je pense que nous aurions pu sauver ces malheureux, ce soir... Je suis profondément bouleversée de voir autant de morts subitement; cela ne m'est jamais arrivé, quand bien même je sais qu'il y a pire sur Azeroth... Mais je reste persuadée que nous aurions pu les sauver... C'est pourquoi j'ai longuement réfléchi, et... Je viens vous annoncer, en cette tardive heure, avec l'espoir que vous me donniez votre consentement... Que j'aimerai me tourner vers la Lumière, et devenir prêtresse. Je suis sûre que la Lumière aurait pu les sauver... >> souffla-t-elle lourdement, affaissant ses épaules. Baissant son regard vers ses pieds, Alyne n'osait soutenir le regard de Mercy. Elle se faisait écraser par son autorité; par son naturel charisme. Alors qu'elle s'attendait à des éclats de rire; ou à des éclats de colère, une simple main ferme se déposa sur son épaule. Glissant un doigt sous son minois, Henry lui fit relever la tête, tandis qu'un air paternel traversait ses traits abîmés. S'agenouillant pour être à sa hauteur – Alyne n'atteignant difficilement que les un mètre cinquante-cinq -, Henry Mercy opina brièvement du nez.

<< Pourquoi as-tu eu aussi peur de me le dire ? Je m'en doute depuis un moment, tu sais. A chaque fois que nous passons devant la Cathédrale d'Hurlevent, voire devant une simple église, tes yeux brillent d'émerveillement. Mais, je veux que tu sache que même la Lumière, aussi puissante soit-elle, n'aurait rien pu faire pour ces gens. Il était trop tard; elle n'aurait pu qu'endormir leur douleur... Enfin, je ne suis guère prêtre, mais je ne pense pas qu'Elle aurait pu quoique ce soit >> conforta-t-il, alors qu'il glissait ses bras puissants autour de "son" enfant. La serrant dans ses bras, Alyne se sentait d'abord perdue. C'était la première fois qu'il faisait preuve d'une telle tendresse à son égard... Et cela faisait longtemps qu'elle n'avait guère eu l'impression d'avoir un père... Fermant ses mimines sur les épaules d'Henry, l'adolescente se mit à trembler des jambes. Yeux clos, front posé contre le pectoraux de son professeur, les larmes finirent par rouler sur ses pommettes encore rondes. Pleurant toutes les larmes de son corps, laissant ses sentiments l'envahir comme une troupe d'orc envahissant Hurlevent, la jeune femme ressentait pour la première fois une douleur intense.

Ancré au centre de sa poitrine, ressentant une sorte de vide douloureux, Bennett hâletait difficilement en essayant de se calmer. La même incompréhension qui l'avait prise lors de son réveil du coma la saisissait, lui faisant perdre tous ses moyens. Elle ne savait pas comment l'expliquer; et détestait ce drôle d'effet.
<< Je suis sûr que tu feras une bonne prêtresse... Tu ressens la moindre peine autour de toi; tu es si sensible à ton environnement... Mais il va falloir apprendre à te modérer, cela va finir par te détruire...Tu dois t'endurçir, Alyne...>> s'inquiéta Henry, alors qu'il l'a détachait lentement de lui. Déposant un baiser protecteur sur son front, il essuya ses perles salées à l'aide d'un chiffon en soie. Alyne calmait au fur et à mesure ses pleurs, retrouvant – étrangement – rapidement son calme. Fronçant ses sourcils, le constat était néanmoins certain: cela lui avait fait du bien.
<< Demain, nous faisons ce que nous avons à faire. Nous avons une épidémie à enrayer. Une fois ceci-fait, nous retournerons à Hurlevent... Et tu iras à la Cathédrale. Je suis sûr qu'un prêtre sera apte à te prendre sous son aile >> intima-t-il difficilement. Il était douloureux pour lui, de se dire qu'Alyne n'allait plus être son appr-... << Mais, je continuerai à vous assister, professeur, je réussirai à allier mon apprentissage en médecine, et mon apprentissage en prêtrise... Je vous en fais la promesse >> opina Alyne, étirant un chétif sourire. Rassuré, Henry se releva avec fierté. Cette petite femme savait ce qu'elle voulait, et semblait prendre confiance en elle; bien que ce ne soit pas flagrant.

Lui sommant d'aller dormir, l'apprentie retourna dans sa chambre, le coeur allégé de ses tourments. Refermant sa porte, Henry Mercy passa ses mains rugueuses sur son faciès tiraillé de marques, laissant entendre un lourd souffle. Se dirigeant jusqu'à sa fenêtre, l'ouvrant en humant cette horrible odeur que laissait échapper la fosse brûlée, le Roux releva ses yeux vers le ciel dénué d'étoiles.
<< Je suis désolé, Auguste. Je te l'avais promis... Mais elle est décidée, et je ne peux m'opposer à son choix. Elle en a besoin, la Lumière l'attend...>> murmura Henry.
Le pacte avec le père d'Alyne fut brisé le soir là.

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Message par Invité Sam 8 Juil 2017 - 22:32

Aweurglaweurglglglglwargl

Un trouble passé Fanart11

Les premiers rayons de soleil traversaient la fenêtre, offrant de douces caresses au minois d'Alyne.
Réveillée par un son sourd – qui n'était qu'autre qu'un poing frappant à sa porte -, la jeune femme souffla du nez. Dépitée d'être arrachée de son rêve, elle ne tarda néanmoins pas à glisser ses pieds dans ses chaussons.

C'était un grand jour, du moins pour Bennett. Ce jour là, elle allait affronter son premier ennemi... Henry Mercy ayant refusé de lui donner plus de détails sur la nature du responsable de l'épidémie, l'apprentie s'attendait à faire face à un orc; voire à un grand dragon crachant désolation dans son sillage. Toute excitée – certes apeurée -, elle fit sa toilette, avant de se vêtir de son armure en cuir. Son professeur lui avait offert pour son quinzième anniversaire: même si, à l'époque, elle ne pouvait la porter car trop maigrichonne. Formant un vague chignon avec sa chevelure bleutée, elle s'empressa d'ouvrir la porte, faisant face à Henry Mercy.
<< Bien, tu es déjà préparée ! Ton petit déjeûner t'attends en bas. Deux oeufs au plat, cela devrait faire l'affaire >> murmura Mercy, passant sa main au dos de la petite pour la faire avancer. Suivant ce dernier, Alyne ne se faisait guère prier, allant avaler sans plus attendre ses oeufs.

<< ... C'est une mauvaise blague, professeur ? Vous vous moquez de moi, c'est cela ? C'est une tradition de se moquer des gens, à telle date, aux Carmines ? >> rouspeta Bennett, alors qu'elle se tenait debout devant l'auberge, sac fièrement dressé à son dos bien qu'il semblait l'écraser plus qu'autre chose. Menton fièrement dressé vers Mercy, la jeune femme fronça ses sourcils, apposant ses poings sur ses hanches. Bien qu'elle était sérieuse, en étant en colére, sa position – via sa frêle carrure – était ridicule. Amusé, son professeur secoua négativement la tête.
<< Non, Alyne, ce ne sera ni un orc,  ni un dragon. Nous allons faire face à des murlocs >> ria l'homme, posant une main sur son épigastre. Alyne se décomposait, dépitée d'avoir été ainsi trompée. Des murlocs ?! Responsables d'une épidémie ?! Alyne n'y croyait tout simplement pas, préférant se dire qu'il ne souhaitait point lui faire peur ! N'étaient-ils pas passifs, les murlocs, sauf s'ils se sentaient agressés ? Roulant des yeux, elle gonfla de ses joues comme une enfant le ferait, suivant son professeur en traînant des pieds.

Les dix heures du matin commençaient à arriver, alors que le soleil frappait déjà à grands coups de rayons cuisants. En sueur, Alyne épongeait son front fréquemment avec un chiffon en soie, semblant avoir du mal à suivre les grandes enjambées de son professeur. Lorsqu'il lui avait annoncé que la majorité du chemin serait une pente descendante, Bennett avait étirée un sourire satisfait... Quelle fut sa déception, en se rendant compte de la – énième – mauvaise blague d'Henry Mercy. De plus, l'apprentie portait tous les sacs ! "C'est pour te muscler, ma petite" avait-il clamé haut et fort, affublé de son bâton.

<< On en a pour combien de temps, encore ? >> souffla Alyne, agacée du temps que cela prenait. Il lui avait dit, peu de temps avant, que les murlocs se trouvaient proches du village. Et pourtant, elle avait l'impression que cela faisait deux heures qu'elle souffrait !
Lui faisant signe de se taire, d'un geste de main brusque, il lui fit signe de s'agenouiller. Heureuse – pensant avoir un peu de repos -, Bennett se laissa choir au sol, assise sur ses mollets.
<< Regarde, en bas de la falaise. Ils sont là !>> désigna Mercy. Déposant un regard ennuyé sur le contrebas, Alyne cligna vivement des yeux, prise alors d'un étourdissement. Posant sa main au sol, expirant longuement du nez, elle tentait de reprendre ses esprits... "Ce n'est pas la première fois que je vois cet endroit..." pensa-t-elle, "pourtant... Je ne suis jamais venue aux Carmines, auparavant, c'est impossible..." se raisonna-t-elle, alors que son esprit se libérait de cette sensation de déjà-vue.

C'est enfin qu'elle aperçevait les murlocs. Evidemment petits, courbés vers l'avant, la plupart avaient la même couleur d'écaille: des reflets turquoise miroitaient sur un ensemble bleuâtre, tandis que des touches de violet et de rose faisaient leur apparition au sommet du corps. Des sortes de branchies constituaient leurs crânes, s'agitant nerveusement au moindre bruit. Alors qu'Alyne avait pu lire, dans certains ouvrages, que les murlocs étaient "fainéants" et aux gestes lascifs, l'opposé se présenta ici. En effet, les murlocs agissaient nerveusement, se bousculant entre eux sans même s'en rendre compte. Intrigué par leur comportement peu anodin, Henry Mercy décrocha une longue-vue de sa hanche. La déroulant, posant son oeil droit contre, il passait le camp en revue dans sa totalité. Les maisons miteuses, simplement formées de bouts de bois s'ébranlant au moindre coups de vent, s'étendaient tout du long de la plage. Plus son regard suivait ces maisonnées, et plus les murlocs se faisaient dense en quantité. C'est enfin que sa longue-vue pointa une sorte de trône, constitué de pierres et planches en bois, crânes servant de décoration d'intérieure. La chose qui se tenait dessus était – encore une fois – un murloc, mais son apparence était différente. Un peu plus grand que la moyenne murlocienne, son corps était parsemé de tâches verdâtres, ressemblant à de la pourriture, ou a de la corruption. La "population" semblait déposer des présents aux pieds du trône, des "Mrglglg" et "Mrlmrllmrl" grimpant la colline pour venir ricocher à l'ouïe des deux espions.

<< Aweurglaweurglglglglwargl ! >> clama haut et fort le chef murloc, brandissant une branche de bois vers le ciel. Ses esclaves, levant les bras aussi haut qu'ils le pouvaient, s'activaient à saisir des caisses fermées éparpillées dans le camp. Les ouvrant, ils vidaient le contenu desdites caisses dans le lac menant tout droit à Comté-du-Lac. Rapidement, des morceaux d'humains s'éparpillèrent dans l'eau, coulant rapidement jusqu'au fond du lac.
<< Que font-ils, professeur...? >> souffla Alyne, observant la scène avec dépit...
<< Ils contaminent le lac, Alyne. Ils jettent des morceaux...D'humains, je gage que ce sont des morceaux contaminés par une maladie. En grande quantité, forcément, l'eau du lac devient infâme, causant cette épidémie... Ce qui m'inquiète le plus, est: comment ont-ils trouvés tous ces morceaux ?>> pesta Henry Mercy, posant la main sur son bâton.
<< Nous n'allons pas les affronter que nous deux, si ? >> s'affola Alyne, le regardant saisir son arme.
<< J'ai pu quérir l'aide de certains gardes, ainsi que...D'amis, dirons-nous. Ils – normalement – encerclent la plage à droite, et à gauche. Un, deux...>>. Henry Mercy se fit couper par une clameur générale: "A L'ATTAAAAQUE !". S'attendant à un champ de bataille sanglant, Alyne fut envahit de déception en voyant trois paysans arriver à gauche, et quatre gardes arriver à droite. Passant une main lourde sur son visage, elle fit trembler ses lèvres dans un souffle. "Ils vont gagner, ce sont des murlocs..." s'intima-t-elle, posant son séant au sol.

Surprise ! Les murlocs se défendaient bel et bien, guidés par le chef d'orchestre Murloc. Agitant ses bras en l'air, comme s'il était le marionnettiste, et eux les pantins, le chef Murloc se donnait corps et âme pour repousser les assaillants. Ecarquillant ses yeux, Alyne ne put s'empêcher de débouler de la falaise, lorsque l'un des paysans fut touché par lance à la cuisse. Glissant sur son fessier, elle retomba lourdement sur ses pieds avant de s'élancer vers le blessé, agrippant sa sacoche de soin tout en glissant sur ses genoux.
<< V'direz à m'femme, que... Que j'l'ai... V'direz à m'femme que..J'l'ai j'mais aimé, p'tain... C'tait un môriage forcé ! J'voulais po d'ça moa, j'v'lai m'marier à la couturière d'lo ville ! >> hurla le paysan, en se trainant ridiculement au sol. Alyne était perdue: c'était du grand n'importe quoi ! Des murlocs, guidés par un autre s'improvisant chef d'orchestre, repoussant l'assaut de grands gaillards comme eux ?! Ce paysan, simplement touché à la cuisse, jouant une scène de théatre au milieu du champ de bataille ?!

"Awrglmglweur ! Bastoooon ! A droite, Pôtrick ! Un m'r'loc ! RETRAIT SOLDATS ! Aweurglaglrglrglr !" furent les paroles jaillissant sur ce ridicule champ de bataille. Vivement secouée, alors qu'elle enroulait la jambe du paysan avec un bandage – faisant au préalable un garrot -, Alyne releva brusquement la tête, surpassée par les événements: << QUOI ?! >> hurla-t-elle avec force, écumant de rage, alors que ses yeux s'ouvraient.
<< Et bien, il ne faut jamais te sortir de ton sommeil, Alyne, je prends note ! Nous sommes arrivés chez toi. Tu ne voulais pas te réveiller, je suis donc allé m'occuper de cet épidémie seul. Ne t'en fais pas, je ne t'en tiens pas rigueur. Repose toi: l'apprentissage va être long, si tu veux devenir prêtresse >> s'amusa Henry Mercy, alors qu'il déposait la fragile chose sur son lit. Frottant lourdement ses yeux, les plissant ensuite, Bennett grogna en frappant son front de sa paume de main. Tout ça n'était qu'un mauvais rêve...


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Message par Invité Lun 10 Juil 2017 - 18:38

Une voie douloureuse

Un trouble passé Cathyd10

Assise, Alyne remettait ses cheveux en place, s'observant dans le miroir de sa coiffeuse. Mèches se rebellant, elle tentait – en vain – de faire tenir sa tignasse en une queue de cheval simple mais efficace. Expirant longuement du nez, tapotant du pied au sol, le stress envahissait la jeune femme. Âgée de seize ans, elle avait un rendez-vous important ce matin. Elle allait rencontrer son possible futur tuteur. Son professeur, Henry Mercy, était allé s'informer si l'apprentissage de la prêtrise pouvait commencer à l'âge de seize ans. En effet, en général, les personnes étaient adoubées paladin ou prêtre à leur dix-huit ans. En somme, Alyne avait énormément de retard. La Cathédrale étant un lieu souhaitant aider son prochain, en les guidant vers la Lumière, une réponse positive fut donné au père de substition.
Se relevant, habillée d'un pantalon noir et d'une chemise fermée jusqu'au cou blanche, Alyne avait optée pour une tenue discrète afin de faire face au Père Roland. Personnage souvent nommé au sein de la Cité Blanche, le Père Roland était connu pour sa sévérité agrémentée d'une légère touche de miséricorde. Néanmoins, respectant Respect; Ténacité; Compassion, le Père Roland était un prêtre de confiance, en qui la Lumière brillait intensément.

Pointant le bout de son nez en dehors de sa demeure, la future prêtresse – ce dont elle ne se doutait pas encore – était attendue par son professeur, fièrement dressé sur son cheval. Il tenait les rênes d'un second équidé, aussi amorphe que l'est un mort. Grimaçant, posant pied à l'étrier, Bennett s'hissa sur le canasson, faisant de légères pressions sur ses talons afin de le prévenir qu'il fallait avancer. Canelle – c'est ainsi que s'appelait le cheval – fixait le sol, l'encolure baissée vers le sol. Mâchant lascivement des bouts d'herbes traînant par ci et par là, il ne fit que dresser ses oreilles à la pression ressentie sur ses flancs...Puis, retourna brouter le sol. Exaspérée, Alyne n'osait lui donner de grands coups, par peur de le blesser.
<< Bon sang, fait le avancer Alyne, tu as rendez-vous dans une trentaine de minutes >> ricana Mercy, tandis qu'un simple mouvement de rêne fit avancer son propre destrier. C'est alors que Canelle daigna suivre son camarade de route, grapillant des morceaux d'herbes par ci et par là... Un papy cheval, en somme.

La famille Bennett – du moins ce qu'il en restait – n'habitait guère trop loin de la Cathédrale. A cheval, il fallait dix minutes pour se rendre à ce lieu sacré au galop: ce qui fut le cas. Posant pied à terre, laissant les chevaux accrochés à un arbre proche, Alyne releva son regard. Se sentant écrasée par la grandeur de ce bâtiment, la jeune femme était émerveillée. Le soleil, à son zénith, prenait place au dessus du dernier pic soulevant la Cathédrale jusqu'au ciel. C'était magnifique. Une pression de main sur son épaule lui fit comprendre qu'il était temps de grimper les marches, et d'aller rencontrer son tuteur...

<< Mais, il y a une messe en cours, professeur... >> chuchota Bennett, aussi discrète que possible. Henry Mercy opina du chef, sans plus donner d'explications.
Un prêtre, d'une soixantaine d'année, se trouvait derrière l'autel, grimoire ouvert sous ses yeux. Grand d'environ un mètre quatre-vingt, il n'était pas le stéréotype du prêtre: cheveux blanc mais parfaitement coiffés, il avait un visage imberbe de quelconque poil. Sa tenue d'apparat était sans plis, ni tâches, alors que sous ce vêtement religieux se cachait un corps encore bien préservé pour son âge. Sa voix résonnait avec puissance: en effet, l'architecture de la Cathédrale – à savoir un plafond haut pour se rapprocher le plus possible de la Lumière – permettait aux voix de ricocher contre les murs, formant un écho presque divin.


<< Sainte Lumière nous confions à ta miséricorde les hommes dans la difficulté, les orphelins de guerre. 
Nous te prions.

Pour celles et ceux qui, dans ton Église, se mettent au service de leurs frères et sœurs défavorisés, pauvres ou malades.
Nous te prions

Que ta grâce les pousse à aller jusque vers les plus méprisés : les hommes accablés par le péché, les exclus.
Sainte Lumière nous te prions. 

A Hurlevent, des personnes sont éprouvées par la maladie ou le deuil et se sentent abandonnées par la Lumière. 
Que les trois vertus, nous donne la force d’être tes messagers et porteurs de ta présence auprès de nos frères. Nous te prions.

Les sans-abris, les sans-familles, les sans-rien ont souvent la dernière place dans notre société. 
Que notre prière nous aide à manifester au monde que ce sont eux, les bienheureux dans le Royaume. 
Pour ceux qui crient vers la Lumière et attendent sa réponse, qui cherchent un sens à leur vie, qui se sentent isolés ou perdus, puissions-nous trouver le moyen de leur rappeler qu’ils sont aimés. 
Prions le Sainte Lumière.

Pour toutes les familles, et spécialement pour celles qui souffrent d'une perte. 
Qu’elles trouvent la force et l aide pour aller de l’avant, prions la Sainte Lumière. 
Prions pour toutes les personnes faibles et malades.

Sainte Lumière comble les coeurs des personnes seules et malades, de ceux qui ont perdu un proche et ceux qui sont désespérés.

Sainte Lumière aide nous à être, auprès de tous, de vivants témoins de ta joie et de ta paix
>>.

Alyne avait écoutée avec attention, notant chaque mot dans sa petite tête. Les paroles avaient fait naître en elle une foi déjà immense. Son esprit était avivé par un désir intense de se vouer corps et âme à la Lumière. Pourquoi n'avait-elle pas pensée à rejoindre la voie de la Lumière plus tôt ? Elle s'en voulait de ne pas l'avoir fait, mais il n'était point question de s'accabler. En effet, le prêtre qui se tenait auparavant à l'autel s'avançait maintenant d'un pas silencieux, sa robe traînant au sol alors que les chaînes sur sa tenue n'émettaient qu'un petit cliquetis. Mains croisées et dissimulées sous les larges manches de sa bure, il inclina poliment la tête vers Mercy.

<< Voici donc la jeune fille qui souhaite devenir prêtresse. Mmh... >> affirma le Père Hellin, inspectant Alyne de haut en bas. Décroisant ses bras, il glissa un doigt rêche sous son menton, le lui redressant tout en tournant son faciès à droite et à gauche. Le prêtre donnait l'impression de regarder une vache que l'on achète, vérifiant sa santé. Puis, il planta son regard d'acier dans celui de Bennett, le soutenant durant un long moment.
Mal à l'aise, Alyne ne savait comment réagir... Fallait-il baisser les yeux ? Soutenir son regard ? Prendre la parole ? Donner ses motivations...?
<< Tu te questionnes trop, mon enfant >> conclua le Père. Il redressa son échine lentement, se tournant ensuite vers Henry Mercy. Puis, il continua sa phrase, sans même daigner regarder la petite chose frêle. << Mais la curiosité te mènera loin, à condition que tu ne t'aventures pas vers les chemins obscurs >> piqua-t-il d'un ton sybillin.

Le professeur Mercy tourna alors le dos, en affaissant ses épaules. Sans adresser un seul regard à sa protégée, il s'en alla de ce lieu sacré... Fronçant ses sourcils, Alyne fut prise – pour la première fois – d'une tristesse profonde...

<< Il va falloir laisser de côté cet aspect sentimental, Alyne >> chuchota le Père Hellin, apposant une main censée rassurer sur son épaule. Bennett écoutait à moitié son tuteur, regard rivé sur la sortie de la Cathédrale...

Illustration du père Hellin
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Message par Invité Sam 15 Juil 2017 - 19:14

Le quotidien

Un trouble passé C55cce10

La cloche de la cathédrale faisait entendre ses douces notes au sein de la Cité Blanche, annonçant alors les six heures du matin. Les badauds s'étaient déjà afférés au quai, transportant caisses de marchandises d'un point A à un point B. Les marchands détalaient leurs étales, y apposant viande; pain; poissons; alors que les clameurs s'élevaient dans les airs. "Pain frais !"; "Poisson pêché ce matin !"; "Viande tendre et moelleuse !". Le mélange d'odeurs s'ancrait sur les vêtements des civils faisant leurs emplettes, alors que les gardes commençaient déjà à patrouiller: chaque matin, des voleurs se faisaient attraper.
A la Cathédrale, les bruits de robe caressant le sol commençaient à résonner entre les murs, tandis que des murmures berçaient les fines oreilles. La messe était prévue pour les huit heures du matin, mais les prêtres devaient donner l'école aux apprentis. En général, trois ou quatre apprentis se partageaient le même professeur: or, ce n'était guère le cas d'Alyne. En effet, cette dernière était la seule élève du Père Hellin. Ayant commencée son apprentissage plus tardivement qu'à l'accoutumée – à savoir 16 ans au lieu de 12 ans -, elle devait avoir des cours spécifiques, ayant certaines connaissances que les plus jeunes n'avaient point.
Retirant le drap de son corps, glissant ses pieds sur le sol gelé en carrelage blanc, l'apprentie frotta ses yeux en retenant un baîllement tout en se relevant mollement de son lit. Traînant ses petons jusqu'au point d'eau, elle fit sa toilette. Ses pensées se tournaient vers son passé, et surtout sur le fait que, de ses 12 ans à 17 ans, elle n'avait été qu'apprentie. Certes, de médecine puis en prêtrise, mais cela lui donnait l'impression de ne pas avancer. Depuis un an, Alyne passait des journées folles: entre l'apprentissage de la Lumière; la poursuite de ses cours avec Henry Mercy; et son bénévolat à l'orphelinat, elle n'avait guère de penser à elle. En soi, cela ne la dérangeait pas: mais la jeune femme s'en voulait de ne pas être plus présente pour sa mère. Cette dernière était en deuil depuis la perte de son fils, bien que les circonstances de sa mort étaient inconnues d'Alyne. Catherine Bennett avait refusée de lui donner quelconque détail, ce qui avait le don d'agacer sa fille.

Ses pensées continuaient à défiler, de minutes en minutes, atteignant rapidement l'heure. Alyne fit un sursaut lorsqu'une main puissante frappa trois coups secs contre la porte de son alcôve...Elle reconnaissait ses "toc...toc...toc...". C'était le Père Hellin. "Sainte, je n'ai pas vu l'heure passer ! Il va encore m'engueuler ! Il m'agace à s'acharner ainsi sur moi !" paniqua-t-elle intérieurement, réajustant sa robe au niveau de sa poitrine...Nombre de fois ou le Père Hellin lui fit la remarque que sa robe était trop ouverte, laissant voir cette "abomination d'attribut féminin" (se plaisait-il à dire). Ainsi, Bennett fermait sa robe jusqu'au cou: elle étouffait, mais au moins, elle évitait ses reproches incessants. C'est que cela devenait gênant, au bout d'un moment. Remettant ses cheveux en place, à savoir en queue de cheval basse, Alyne inspira longuement du nez...Et ouvrit la porte. Derrière elle se tenait le Père Hellin, cheveux bien plus grisonnant qu'à leur première rencontre. Mains sur ses hanches, il posa un regard d'acier sur son apprentie. Le mécontentement – et sûrement la colère – se dessinait sur son faciès, commençant à se rider sous l'âge.
<< Tu es ENCORE en retard, Bennett, je commence à en avoir assez de ton manque de ponctualité. J'ai accepté de te prendre sous mon aile, malgré ton âge avancé pour l'apprentissage, et c'est ainsi que tu me remercies ? Heureusement pour toi que je reste les trois vertus. Tiens, quelles sont les trois vertus, insolente ? >> piqua-t-il avec vivacité, déblatérant chaque mot à une vitesse affolante.
Ouvrant en grand ses yeux, Alyne fut prise de court, mouvant son nez à droite puis à gauche tel un lapin s'affolant. D'une voix tremblante, elle donna la réponse: << Respect; Ténacité; Compassion >>. Mais cela ne semblait guère convenir au Père Hellin. Gardant sa position, il toisait Alyne avec sévérité. << Mon père...>> ajouta Bennett, gonflant ses joues. Opinant du menton, il passa sa main au dos de son apprentie – sans la toucher – l'invitant à prendre la route de la bibliothèque.

En ouvrant la porte du lieu cachant jalousement tout un savoir, une odeur de vieux parchemins montait au nez d'Alyne. C'était sûrement – pour elle – le meilleur moment de ses journées. Des bougies faisaient danser les ombres sur les grimoires ornant chaque compartiment de la bibliothèque. Le soleil commençait à laisser s'infiltrer quelques rayons au sein de la bibliothèque, mais ces derniers ne pouvaient attendre les plus vieux grimoires: en effet, ces derniers étant trop fragiles, étaient coupés de tout contact avec la lumière naturelle qui risquait d'abîmer les pages jaunies par le temps. Le lieu était silencieux; mais ce n'était pas l'un de ces silences gênant. Non, c'était un silence réconfortant. Se dirigeant vers une table en bois massif, Alyne prit place sur une chaise haute, alors que son professeur en fit de même.
<< Tu devais écrire – du moins tenter d'écrire – une prière de soin pour aujourd'hui. J'espère que tu l'as fais, Alyne >> souffla le Père Hellin. Au sein de la bibliothèque, il était un autre homme: sa voix caressait les oreilles au lieu de les agresser, alors que son regard s'adoucissait de compassion.
<< Oui, mon Père >> opina la jeune femme. Lui faisant signer de continuer, Alyne déplia alors un papier de sa besace, prenant la parole.

<<Nous t'implorons en ce jour,
Pour que tu apportes ton amour,
A ton enfant, tombé.
Chair meurtri, esprit tourmenté,
Permet moi de le revigorer,
Permet moi de le sauver.
Ô Sainte Lumière,
Permet lui de ressentir ta chaleur,
Pour reprendre les armes avec vigueur.
Ô Sainte Lumière,
Répond à mes appels,
Pour dissiper sa peine.
Ô Sainte Lumière,
Nous avons foi en toi,
Berçe le dans tes bras.
>>

Gardant ses yeux clos, le Père Hellin fit entendre un petit son d'approbation, mains croisées sous son menton. Inspirant de ses narines, il lui fit signe de réciter une nouvelle fois. Haussant ses deux sourcils, Alyne était étonnée de ne pas avoir été coupée durant sa prière, ni même d'avoir quelconque critique sur la formulation de celle-ci. Obéissant, la jeune Bennett psalmodia une nouvelle fois ces saintes paroles, prise d'une foi immense.
<< C'est parfait, Alyne... Je suis fier de toi. Tu as trouvé les mots exacts pour prouver ta foi en Elle. Mais n'oublie pas, la Lumière est une philosophie, et non une divinité >> affirma-t-il, redressant son dos contre le dossier de sa chaise.
<< Alors pourquoi l'implorer; pourquoi l'appeler "Elle"; si ce n'est pas une divinité ? Si ce n'était qu'une philosophie, la Lumière serait présente chez tout ceux croyant en Elle. Or, il faut suivre un apprentissage pour pouvoir la faire briller dans nos mains >> questionna-t-elle, relevant son petit nez vers son professeur.
<< Tu te questionnes trop, mon enfant... Ne remet point en doute tout ce que tes frères et soeurs ont construit >> fit-il entendre, dans un murmure respectant le lieu. Penchant sa tête, Alyne opina du chef, n'osant poser plus de questions. Elle se souvenait des premières paroles du Père Hellin: "Mais la curiosité te mènera loin, à condition que tu ne t'aventures pas vers les chemins obscurs". En se promenant, durant ses heures de liberté, à la bibliothèque, Alyne avait pu tomber sur un ouvrage contant la vie de Natalie Seline. Prêtresse de la cathédrale d'Hurlevent, Natalie Seline souhaitait allier l'Ombre à la Lumière; trouver un équilibre entre les deux extrêmes. Mais, au fur et à mesure de ses recherches, Seline avait laissée son esprit glisser vers la voie sombre...Au point d'avoir en sa possession une arme redoutable: Xal'atath. Cette dernière aurait été taillée dans la griffe d'un Dieu très ancien, et possédait une volonté propre...Ainsi, elle murmurait des choses abominables à l'esprit de Natalie Seline, ainsi qu'à ses camarades qui avaient acceptés de croire en son projet. Retournant ces derniers contre Seline, elle fut assassinée, Xal'atath promettant pouvoir et puissance. Alyne avait été horrifiée par cette histoire, se demandant si cela s'était vraiment passé ou non. Certains affirmaient que oui; d'autres que non. Bennett, elle, y croyait. C'est au moment où son regard lisait les derniers mots de l'ouvrage qu'Alyne se prometta une chose: ne jamais batifoler avec les ombres.
C'est pourquoi Alyne cessait de questionner le Père Hellin.

<< Demain, un ami qui fut blessé il y a peu va venir à la cathédrale. Tu vas tenter de le soigner, je crois en toi >> souria le Père Hellin, posant sa paume de main sur l'épaule d'Alyne.
<< Aujourd'hui, nous allons étudier les autres cultures. Les Naaru's pour les Draeneï; Elune pour les Kaldorei; et plus encore >> fit-il entendre d'une voix sibyllin.

Emerveillée, Alyne passa sa matinée en ce lieu quiet, nourrissant sa soif de savoir en fouinant à droite et à gauche au sein de la bibliothèque.

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Message par Invité Ven 21 Juil 2017 - 21:47

Ô Lumière

Un trouble passé 2fcd7610

Le soleil était à son zénith, alors que les cloches de la cathédrale annonçaient l'heure du repas. Les badauds remontaient le port afin de déjeûner ensemble, à base de sandwichs et d'alcool. Les marchands abaissaient les toiles sur leurs étales, annonçant la brève fermeture des ventes. Alyne, quant à elle, se trouvait sur les hauteurs du port, mains posées contre la murette en pierre. Son regard se portait au large, alors que la chaude brise de l'été soufflait sa chevelure, quelques mèches balayant son doux minois. Elle devait aller déjeûner aussi, surtout si elle reprenait bientôt son service en tant que Garde d'Hurlevent. Mais son esprit était trop occupé, voire trop tourmenté pour qu'elle puisse se décider à aller apaiser sa faim...

Cette Corneille, et tous les événements qui l'entouraient, tracassait au plus haut point la prêtresse. Triturant nerveusement son châpelet, Alyne n'avait guère perdue espoir: ô non, loin de là...Sa foi était – à ce jour – à son paroxysme. Alardeël Chanteramure, qui avait répondue à la place de la Gardienne des parchemins, avait assurée que "Seule la Lumière nous permettra de triompher de nos ennemis et de venir en aide à ceux qui sont à nos côtés ". Alyne le savait, et se le répétait sans cesse...Mais elle avait peur. Cet effroi fit son apparition lorsque la Garde fut enlevée aux contrebas du port...Incapable de se défendre et d'agir; oppressée par cette aura dont la nature ne pouvait être définie... Inspirant longuement du nez, Alyne secoua sa tête à droite puis à gauche afin de chasser ces sombres pensées. Elle était traumatisée, mais tentait tant bien que mal de rester souriante face à ses collègues. Cette situation avec ladite Corneille lui donnait une impression de déjà vue, du moins d'un ressenti déjà connu...Celui d'être dans l'incapacité de contrer ce problème.

Pinçant sa lèvre inférieure, la prêtresse se détacha de la murette, défroissant sa robe de ses mains. Il était temps pour elle d'affronter la vie telle qu'elle était, et d'abandonner ses états d'esprits tourmentés... Mais c'était une vaine tentative. Alors que – machinalement – ses jambes dirigeaient la femme jusqu'à la caserne, ses pensées quant à elles s'envolèrent dans un trouble passé...

Alyne avait dix-neuf ans. Son avancée à la cathédrale était certaine; elle était l'une des plus assidue des apprenties. Bien qu'un certain écart d'âge séparait la femme des autres, elle passait outre cette différence. Aujourd'hui allait être un jour lambda: prières, étude, déjeûner, prières, entraînement, prières, dîner... Du moins, c'est ce qu'elle pensait.

<< Un...Un blessé ! A la taverne du Cochon Siffleur ! J'vous en supplie, v'nez nous aider, il s'vide d'son sang ! C'mon compagnon d'route, j'peux pas partir sans lui ! >> hurla le bougre au milieu de la cathédrale, troublant les prières des frères et soeurs, ainsi que les confessions de citoyens. Du sang recouvrait sa chemise déchirée par ci et par là, tandis que sa capuche recouvrait partiellement un crâne à la chevelure grasse. L'air abattu, le paysan provoqua un sentiment intense de peine chez l'apprentie Bennett.
<< ...Bien, emmenez-moi là-bas, Sieur ! >> ordonna Alyne, bien que le Père Hellin n'était point au courant de son initiative qui -pour sûr- lui déplaira. Relevant sa bure de ses mains, afin que le tissu ne se frotte pas au sol en y récupérant des saletés, l'apprentie se fit emmener par le paysan jusqu'à ladite taverne. Au pas de course, Bennett détenait un souffle rapide... Elle n'avait pas pour habitude de faire des exercices physiques, bien que par chance cela ne se voyait pas sur son corps. Posant ses pieds sur le plancher craquelant de la taverne, elle écarquilla ses yeux en apposant ses mains devant sa bouche.

Au sol gisait un homme, une flaque de sang l'entourant tel un halo.  Trois flèches étaient ancrées dans son buste, alors qu'un souffle saccadé fut le seul indice de son restant de vie. Son teint blafard faisait peur à voir, ses yeux exorbités de terreur foudroyant les environs... Aucun présent ne possédait d'arcs: le responsable de cette atrocité devait s'être enfuit, passant entre les mailles du filet. Alyne se précipita à genoux à côté du blessé, épongeant la flaque rouge avec sa bure, ne la considérant visiblement plus. Ses mains tremblantes se déposaient autour des flèches, avant de les retirer, puis de les remettre... Elle ne savait que faire: les arracher, puis implorer la Lumière ? L'emmener à la Cathédrale ? Non, il risquerait de décéder en chemin... L'achever...? Alyne en était incapable. Saisissant fermement les flèches, elle les arracha une par une, faisant ainsi hurler l'homme de douleur. S'empressant de compresser les blessures avec ses mains et un pendant de sa bure, l'apprentie prêtresse se mit à psalmodier à voix haute.
<<Nous t'implorons en ce jour,
Pour que tu apportes ton amour,
A ton enfant, tombé.
Chair meurtri, esprit tourmenté,
Permet moi de le revigorer,
Permet moi de le sauver.
Ô Sainte Lumière,
Permet lui de ressentir ta chaleur,
Pour reprendre les armes avec vigueur.
Ô Sainte Lumière,
Répond à mes appels,
Pour dissiper sa peine >>



Esquissant un fin sourire suite à cette prière, Alyne ouvrit ses yeux, s'apprêtant à voir un torse comme neuf; plaies refermées et homme ne craignant plus la mort. Mais rien ne fonctionnait comme prévu: la Lumière s'était échappée de ses mains; s'était précipitée vers les blessures de l'homme...Mais celles-ci restaient béantes, son état s'aggravant au fur et à mesure que les secondes s'écoulaient. Prise de panique, son souffle s'accélérant sous une angoisse croissante, Alyne tenta de le sauver via une autre prière... Peut-être s'était-elle simplement trompée ?


<< Ô Sainte Lumière,
Observe ses vaillants soldats,
Et ouvre leur tes bras.
Se combattant avec ambition et détermination,
Accorde leur ta bénédiction.
Ô Sainte Lumière,
Toi qui chérit tes enfants,
Nous t'implorons bienveillamment.
Que leur armure soit ta force,
Que leur épée soit ta justice,
Que leur heaume soit ta protection.
Ne laisse pas ses hommes et femmes,
Glisser vers une voie infâme >>



Fondant en larmes, rien n'y faisait. Frappant violemment le sol de ses mains, la prêtresse hurla de douleur. Serrant et desserrant nerveusement ses poings, passant outre la douleur qu'elle pouvait infliger à l'homme, la jeune femme plaqua ses mimines contre son buste. S'obstinant, invoquant la Lumière sans cesse, cette dernière se formait en dôme par-dessus ses doigts. De cedit dôme sacré s'échappaient des fluxs sacrés: tels des serpents, ils se glissaient vers les blessures de l'homme, et s'ancraient comme des sangsues sur la chair meurtrie. Mais aucune régénération ne se faisait voir... Alyne ne comprenait pas ! L'homme ne semblait guère réceptif à la Lumière ! Mais tout le monde aimait la Lumière, tout le monde était croyant ! ... Alyne se répétait ces mots dans sa tête, se détestant de ne rien pouvoir faire... Elle était inefficace... Si la Lumière ne pouvait rien pour l'homme, la médecine basique ne pouvait rien non plus... Le bougre étant venu chercher de l'aide avait dû mettre trop de temps; l'homme mourant au sol rendait ses derniers souffles, trop de sang s'étant écoulé de son corps.


Se laissant tomber sur son fessier, Alyne sanglottait en passant des doigts ensanglantés sur la joue de l'homme... Elle était faible. Elle était nulle. Elle n'avait servi à rien... Crispant sa mâchoire, faisant grincer ses dents, elle puisa dans ses dernières ressources, forçant la Lumière à lui obéir... Ce fut le cas. Une vive aura lumineuse enveloppa les mains de l'apprentie, alors que l'homme semblait reprendre des couleurs... Etait-ce une illusion ? Non, c'était bien réel, mais... Le blessé bascula de sa tête vers la droite, alors qu'un fin soupir parvint aux oreilles de Bennett. Il était mort. Et au même moment que l'homme rejoignait l'autre monde, la douce lumière qui se dégageait des mains d'Alyne changea de couleur: d'un jaune tirant davantage vers le blanc, la Lumière devint rapidement plus foncée.
Hurlant de rage, des flammes sacrées prirent place autour des avants-bras de l'apprentie, la brûlant dans un crépitement effrayant, alors qu'une odeur de chair brûlée commençait à envahir l'air ambiant. Ecarquillant ses yeux, geignant de douleur en se roulant au sol, la prêtresse supplia les alcooliques notoires de lui venir en aide. Ces derniers se lancèrent des regards, déboussolés par la scène qui se déroulait sous leurs yeux. L'un d'eux se précipita aux cuisines, malgré l'interdiction. Saisissant un seau, le remplissant d'une eau claire, il revint au petit trôt. Ejectant tout le contenu du seau sur l'apprentie, les flammes finirent par s'éteindre. Haletant difficilement, Alyne mordait fortement sa lèvre inférieure en sanglottant de douleur et de peine, une pointe de colère intense venant agrémenter le tout.


<< ALYNE ! >> se fit entendre avec puissance dans l'auberge. Le Père Hellin fut mit au courant de l'initiative de son apprentie...Et la voir ainsi au sol, avants-bras entièrement brûlés au 3ème degré profond, fit naître au vieil homme un fort sentiment de culpabilité et d'inquiétude. Il le savait pertinnement bien: elle allait finir par le savoir...Et c'était le cas, mais pas comme il le souhaitait.
<< Ma pauvre enfant, qu'as-tu fais... Qu'as-tu fais Alyne ! >> s'inquiéta le Père Hellin.
<< Apportez moi des seaux d'eau, il faut nettoyer la plaie avant d'y mettre de l'onguent ! >> ordonna-t-il d'un ton de voix sévère. Les bougres n'osèrent aller à l'encontre d'un ordre "divin" – comme ils se plaisaient à le dire -, apportant le maximum de seau qu'ils pouvaient. Faisant couler l'eau froide sur les brûlures de son apprentie, Hellin la regardait trembler au sol avec tristesse... Elle allait garder ces marques, et ce durant toute sa vie. Aussi pâle que l'homme mort à ses côtés, Alyne tentait de rester consciente... Mais l'air agressait ses brûlures, la douleur étant accentuée par l'eau se faisant gicler sur sa chair crâmée. Ses yeux se fermant petit à petit, les mots du Père Hellin résonnèrent en ricochet dans sa tête: << Je suis désolé, mon enfant... >>.


Se réveillant à la cathédrale, la jeune femme laissa des larmes perler sur ses joues rosées. Elle n'avait cessée de cauchemarder de ce qu'il s'était passé... Bien qu'elle s'efforçait à garder la foi, celle-ci s'ébranlait en son fort intérieur.

Cela lui avait servi de leçon. La Lumière ne pouvait vaincre tous les maux; et ne pouvait encore moins contrer une mort inévitable.


Ceci était le dernier souvenir qu'Alyne avait de son père, Auguste Bennett. Un homme percé de trois flèches, baignant dans son propre sang tel un animal égorgé.

Représentation du paysan:
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Message par Invité Mar 25 Juil 2017 - 18:17

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Un trouble passé Coc_0110

L'air était froid, glaçant les os de la prêtresse. Un vent violent giflait son faciès, alors qu'une simple robe en lin recouvrait sa peau de porcelaine. Elle était effrayée. Un hurlement de loup montait dans les airs, tandis qu'une envolée de corbeau fit trembler les branches d'arbres semblables à des pattes d'araignées. Aucune feuille n'embelissait les centenaires de la nature, aucun rayon de soleil ne transperçait cette forêt morne. Une brume grisâtre glissait au sol, serpentant autour des jambes de la jeune femme, comme si elle cherchait à l'attraper. Avançant à pas de souris, Alyne souffla dans ses mains, alors que ses dents claquaient les unes contre les autres malgré elle.

Elle ignorait la raison de sa présence aux Bois de la Pénombre. Alors que son avancée était lente mais certaine, Bennett pesta lorsque son pied se heurta à "quelque chose"... Ou quelqu'un. Baissant son regard vers ses petons, elle chassa la brûme de sa dextre en plissant ses yeux. Un long frisson se mit à parcourir l'échine de la jeune femme, son souffle s'accélérant drastiquement. Secouant sa tête à droite, puis à gauche, Alyne refusait d'y croire. Pourtant, le squelette se trouvait bel et bien devant elle, son pied écrasant le fémur du défunt. Le brouillard se fit alors moins dense, se dispersant lentement à reculons, laissant apparaître de multiples stèles: un cimetière naissait sous les yeux du Soldat. La brume semblait inviter Alyne à la suivre, ce que cette dernière fit sans même savoir pourquoi. Enjambant les tombes, certaines ouvertes, la jeune femme ne tarda guère à se trouver face à l'entrée d'une crypte. Cette dernière se dressait fièrement au milieu de ce paysage, renforçant l'effroi de la demoiselle. La grille en métal frappa contre le mur dans un grincement sinistre, comme si quelqu'un venait tout juste de la pousser. Redressant son menton, Alyne écoutait attentivement... Au bas des escaliers se faisant entendre des chants lointains, paroles sans queue ni têtes... Prenant son courage à deux mains, la prêtresse s'aventura dans le caveau à l'aveugle. Aucune lumière ne lui permettait de se guider; et sa Lumière ne semblait lui répondre. Glissant le bout de ses doigts transis par le temps contre  les murs, Alyne s'imprégnait des lieux, laissant les gravures des pierres faire travailler son imagination. La femme était sûre de n'être jamais venue en ce lieu: pour cause, elle n'était jamais allée aux Bois de la Pénombre. Pourtant, son corps se mouvait vers une destination précise, n'hésitant à aucun moment quant à quelle embouchure prendre. Après une longue marche faisant ricocher le bruit de ses pas aux quatre coins de la crypte, des murmures plus distincts se firent entendre.

"Rejoins nous"; "Ne marchent que les morts dans la cité endormie"; et d'autres choses incompréhensibles pour Alyne. Et plus les murmures caressaient son ouïe, plus Alyne pressait son pas. Traversant une herse brisée par le temps, la prêtresse déboucha dans une large salle. Au fond de celle-ci s'ancrait un trou noir à même le sol, les échos de voix semblant tout droit sortir de ce ténébreux puits. S'élançant en avant avec une envie irrépréssible de sauter au fond de cet abîme, Alyne tentait de lutter corps et âme contre cet affreux désir. Soulevant sa jambe droite par-dessus la cavité, le corps de la prêtresse se pencha dangereusement au dessus du puit, et...

Alyne ouvrit subitement ses yeux en se redressant précipitamment du fond de son lit. Le souffle haletant, sa robe en lin blanc lui collait contre la peau, ce drôle de rêve lui ayant provoqué une fièvre nocturne. Passant la paume de ses mains sur ses yeux, Bennett croisa ses jambes en tournant son regard vers Thorwel, qui se reposait encore. Ce n'était pas la première fois qu'elle faisait ce rêve, et n'en pouvait plus d'ailleurs. Se penchant pour déposer un doux baiser sur la tempe de l'homme, elle se releva par la suite. L'entraînement matinal allait bientôt débuter, il ne fallait guère perdre plus de temps.
Alors que ses jambes bougeaient machinalement jusqu'au point d'eau pour le brin de toilette, son pied fit crisser un objet au sol. Grimaçant en lançant un regard derrière elle, s'assurant que le Stromgardien dormait toujours, elle s'agenouilla pour chasser d'un revers de main l'ob-... Alyne se figea. Prenant la chose du bout des doigts, elle se donna un coup de main contre la tête. Encore ?! Elle tenait une sorte de grigri, qu'Alyne confectionnait elle-même à chaque fois que ce rêve trahissait son doux sommeil. Ce qui était le pire pour la prêtresse, est qu'elle ne se rendait pas compte sur le moment qu'elle construisait cette chose censée écarter les mauvais esprits. Broyant les bouts de bois fébrilement accrochés les uns contre les autres, la prêtresse n'eût aucun remord à détruire cet objet de malheur. Chassant ces idées en secouant sa tête, attachant sa chevelure aux reflets bleutés avec un ruban rouge en soie, elle fit glisser ses doigts de pianistes dans l'eau gelée du bac. S'expulsant ladite eau contre le faciès, la brume qui embrouillait son esprit se dissipa instantanément. Elle était prête pour la journée.

Sortant de la maisonnée, Alyne prit le chemin de la caserne, remontant les rues les unes après les autres avec habitude. Pinçant sa lèvre inférieure, elle fit demi-tour...Après tout, comme à chaque matin, elle était en avance de trente-minutes, elle pouvait s'accorder un petit temps libre... Qui se consacra à l'orphelinat. Glissant sa douce carrure le long des canaux du Quartier des nains, Alyne traversa le pont en saluant un ex-patient de la Cathédrale. Après avoir échangé de brèves paroles sur le temps et les blessures de l'homme, ce dernier remercia la prêtresse pour sa bonté et sa constante bonne humeur. Inclinant respectueusement du chef, un fébrile sourire se broda sur les lèvres de la femme. Il ignorait que tout cela n'était qu'une facade, ces derniers jours...Mais cela voulait également dire qu'Alyne était une bonne actrice pour cacher ses ressentis. Ce qui n'était guère le cas avant son entrée à la Garde de Hurlevent. Un franc rictus fit son apparition sur son joli visage, alors que ses pensées se tournèrent vers le passé.

La prêtresse n'était – justement – qu'une prêtresse. Elle ne revêtissait pas encore la tenue bleue chaque matin: non, la bure se reposait sur son dos. Alors qu'elle revenait d'un enterrement, en ayant fait l'office, Alyne nettoya ses mains au fond de son alcôve. Regardant son visage dans le miroir, des larmes perlaient le long de ses joues... "Idiote, tu es trop sensible" se répétait-elle à chaque fois. Que ce soit des messes; des enterrements; ou des mariages (lesquels elle évitait d'officier); Alyne laissait ses émotions l'envahir, fondant en larmes. Expirant longuement du nez, se mouchant d'ailleurs sans grande élégance, la prêtresse étira un large et faux sourire, tandis que ses yeux s'illuminèrent de joie. Là était la clé pour survivre à Hurlevent: ne pas paraître faible. Pourtant, cela avait été le cas plus d'une fois pour Bennett, lui ayant causé des préjudices. Soit, si les adultes n'étaient point capables de la comprendre: elle ferait sans.
Son sourire devint plus vif lorsque son esprit se tourna vers les enfants. Eux seuls pouvaient la réconforter. Ces bouilles innocentes, pleines de vie, ne cherchant qu'à être adoptés par des parents aimants. Certes, ils enquiquinaient la Directrice Shellene en lui faisant milles et unes farces... Mais elle pardonnait vite ces têtes brûlées, lorsque celles-ci lui offrait des sourires, des bisous sur la joue, des colliers de cailloux... Alyne fut victime de ces drôleries, également. C'était une sorte de bizutage: elle s'en était sortie haut la main, ayant été adoptée par les enfants ! Sortant de son alcôve, sa cape fouettant l'air, elle salua ses frères, soeurs, pères d'un sourire aimable qui était tant apprécié au sein de l'Eglise de la Lumière.

Descendant les marches du lieu saint en sautillant, le soleil caressait son jeune visage. Âgée de 21 ans, Alyne aimait la vie malgré tout, mais aimait surtout la vie des autres... Oh non, pas dans le sens "je suis une comère, j'aime tout savoir des autres". La prêtresse aimait protéger les autres; les réconforter; leur donner des conseils. C'est pourquoi – suite aux événements de l'homme aux trois flèches -, elle s'était rendue à l'orphelinat pour proposer son aide à la Directrice. En simple bénévole, ne souhaitant guère être rémunérée. Posant sa senestre sur la clenche de porte, Alyne fut surprise lorsqu'elle celle-ci s'ouvrit brusquement.
<< ALYNE ! >> se fit entendre en choeur, les enfants s'aglutissant autour de ses jambes pour lui offrir un calin. Le coeur se réchauffant sous ces vagues d'amour enfantines, Alyne salua chaque bonhomme et minette en déposant un baiser sur les fronts.
<< Aujourd'hui, les enfants, vous allez m'aider à coudre des gilets pour les pauvres gens à la rue ! Attention avec les aiguilles, ne vous blessez pas...>> ordonna-t-elle d'un ton doucereux, tout en distribuant les pelottes de laine. Les enfants préféraient jouer dehors, mais ils aimaient faire plaisir à cette madame, que certains appelaient parfois "Maman".

Alors que les travaux avançaient à fière allure, la Directrice Shellene fit signe à Alyne de s'approcher. Déposant son gilet – presque terminé – sur sa chaise, la prêtresse frotta sa bure avant de se relever, s'approchant d'un pas léger vers sa "patronne".
<< Nous allons accueillir un nouvel enfant, aujourd'hui, Alyne. Le portrait que l'on m'en a fait est...Spécial >> avoua Shellene, esquissant un fin sourire contrarié. Haussant un sourcil, fronçant l'autre, Alyne balaya le vent de sa main.
<< Spécial ou non, il ou elle reste un enfant, et nous saurons l'aider au maximum >> prôna la jeune femme. Shellene crispa son sourire, n'insistant guère plus face à ce bout de femme candide.

Quelques heures plus tard, un coup sec retentit trois fois contre la porte en bois massif de l'orphelinat. La Directrice fit un hochement de tête à Alyne, comme pour la prévenir. Opinant du chef, la candide femme se redressa, croisant ses mains gantées – afin de cacher ses marques de brûlures – dans son dos. Ouvrant la porte, Shellene échangea quelques mots avec un vieil homme recourbé. Ses doigts squelettiques poussèrent une petite silhouette au sein de l'orphelinat, alors qu'une voix nasillarde fit grésiller les tympans de la prêtresse: c'était le Père Beaudrat. Refermant lourdement la porte, un lourd silence écrasa la salle de jeux. Tous les enfants fixaient le nouveau venu... Ce qui interloqua la prêtresse. Habituellement, ils s'aglutinaient tous autour du nouveau ou de la nouvelle afin de l'accueillir comme il se doit. Mais cette fois, ils semblaient avoir peur.
Peinée d'un tel rejet – s'y retrouvant dans cette situation lorsqu'elle était jeune -, Alyne s'approcha lentement de l'enfant. Glissant ses genoux sur le parquet grinçant, elle glissa un doigt sous le menton de l'enfant, le lui redressant. Le forçant à la regarder, Alyne lui glissa un doux "bonjour", alors qu'un fin sourire s'esquissa sur ses lèvres. L'enfant semblait avoir – tout au plus – treize ans, ce qui était déjà un détail important. En effet, la tranche d'âge de l'orphelinat était entre les 4 – 9 ans. Il était rare qu'un adolescent soit accueillit au sein de ce lieu, généralement voués à la rue. Alyne comprit néanmoins rapidement pourquoi il fut accepté. L'adolescent possédait une chevelure châtain, coupée mi-court. De celle-ci se dégageait des oreilles particulières: plus longues que les humains, elles se terminaient en une pointe, s'agitant nerveusement au gré des différents bruits. La carrure fragile, les épaules étroites, il était bel et bien un demi-elfe... En ce temps, ces derniers étaient tolérés, mais peu appréciés au sein de la capital. Ainsi, un adolescent demi-elfe, abandonné à la dure loi de la rue...? Il ne ferait point long feu. C'est pour cela qu'il fut accepté à l'orphelinat: sa vie était en danger. Alyne avait déjà pu entendre des mendiants – certes touchés par la folie – psalmodier nerveusement que les oreilles elfiques avaient des vertus magiques. C'était idiot, mais les mendiants parlaient entre eux...Et s'ils n'étaient guère rusés, ces fausses croyances s'ancraient en eux jusqu'à leur dernier souffle.

Secouant sa tête pour reprendre pieds sur terres, Alyne questionna le petit bonhomme.
<< Comment t'appelles-tu ? >> glissa Alyne en se redressant, posant sa main sur l'épaule du demi-elfe.
<< Arthur, m'dame... >> répondit-il timidement, se sentant écrasé sous le regard inquisiteur des autres enfants. Une petite chose s'approcha de l'adolescent. Elle se faisait surnommer Boucle d'Or au sein de l'orphelinat. Pas plus haute que trois pommes, Elise était âgée de 6 ans, de grands yeux vert regardant le monde avec une tendre curiosité. Sussottant sa tétine dans un bruit distinct, tenant sa peluche entre ses bras, elle se planta fièrement devant le demi-elfe. L'inspectant de haut en bas, s'arrêtant sur ses oreilles, Elise releva brusquement ses bras vers la trogne du nouveau, lui tendant son "Boubou". Tournant son regard fuyant vers Alyne, cette dernière fit un hochement de tête vers Arthur. Saisissant le doudou entre ses doigts, des cris de joies éclatèrent au sein de la pièce, alors que les enfants s'éjectèrent sur le demi-elfe. Des garçons – souhaitant agir comme les adultes – lui donnèrent des tapes brusques dans le dos, tandis que les petites essayaient de toucher ses oreilles particulières.

Shellene avait observée la scène avec appréhension... Mais ne douta plus des talents d'Alyne avec les enfants. Elle était une aide précieuse. Mais elle ignorait du tout au tout que, au retour à la Cathédrale, Alyne laissait de nouveau les larmes perler sur ses pommettes. L'arrivée du demi-elfe l'avait bouleversé au plus haut point, faisant mariner et ressurgir de douloureux souvenirs chez la prêtresse.


Le rejet. Elle l'avait connue, et l'avait encore expérimentée il y a peu, avant son entrée à la Garde. Aujourd'hui, Alyne portait fièrement sa tenue de "bleusaille". Ayant enfouit sa sensibilité à grand coups de marteaux au fond d'elle, elle avait réussi à se faire une place au régiment.

Représentation du Père Beaudrat:
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Représentation d'Arthur, le demi-elfe:
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Message par Invité Lun 14 Aoû 2017 - 22:21

La Bataille

Un trouble passé Orc12

La bataille faisait rage. Des hurlements d'encouragement s'emportaient dans les airs, alors que les lames s'entrechoquant les unes contre les autres vrillaient les oreilles par un son strident. L'homme se traçait un chemin, tel un danseur, parmi ces brutes qu'étaient – et sont – les orcs. Certes, ces derniers étaient des bêtes de muscles et de violence, écrasant les crânes dans leurs mains rudes: mais Henry Mercy avait l'avantage de son agilité, ainsi que de sa magie. Il avait ordonné à son apprentie de rester en arrière, afin d'accueillir les blessés les plus graves pour les soins vitaux. Il ne pouvait laisser ces hommes vert envahir ses terres, et tout détruire...Encore une fois. Fermant ses yeux, encerclant fermement le manche de son épée avec ses doigts, il expira du nez pour contrôler sa colère... Les souvenirs l'envahissaient. Il se souvint de la mort de sa femme, d'une beauté inégalable...Jusqu'à qu'elle se fasse percer les yeux par les doigts boudineux d'un orc. Il se souvint de la torture faite à son fils, alors jeune mais vaillant combattant, rendant son dernier souffle sous des coups d'estoc incessants d'un énième orc. Hurlevent tomba, ce jour là, sous l'assaut des "gris". Tout n'était que cendres, ruines et désolation. Une boucherie.

Se faisant brutalement bousculer par un coup d'épaule, Mercy retomba les pieds sur terre. Affaissant ses genoux en penchant son buste vers l'avant, une lâme lui passa juste au dessus de la tête, lui faisant comprendre que se perdre, ainsi, sur un champ de bataille, amenait à une mort certaine. Redressant son corps, en sautant d'un pas agile vers l'arrière, il fit tourner son épée dans sa dextre avant de trancher l'épigastre de l'orc. Il espérait l'achever en un coup; mais ces fichus orcs avaient un cuir résistant. Certes bien amoché au niveau du ventre, l'orc ne baissa point les bras pour autant. Un combat acharné s'entama alors entre l'Epéiste et la Brute, entre le Silencieux et le Hurleur. Le poing de l'orc percuta violemment la joue de Mercy, le faisant lourdement tomber au sol, alors que ses esprits s'embrumaient. Ses oreilles sifflaient alors que son souffle se coupait, ses yeux se posant difficilement sur ses alentours. "Rhoaaaar !" le fit sursauter, alors que l'orc se précipitait vers lui, mains en avant afin de lui écraser le crâne. Se traînant au sol comme un ver, sa lame se trouvait non-loin, s'étant éloignée du fait de sa brusque chute... Dans un râle de désespoir, Henry Mercy étendit son bras droit dans la terre boueuse, saisissant du bout des doigts le pommeau de son épée. Dans un geste vif, Henry redressa brusquement la pointe de l'épée devant lui, fermant ses yeux en implorant la Lumière de l'accueillir auprès d'elle. Quelle fut sa surprise lorsqu'un filet de bave et de sang s'éjecta à son visage, alors que le rochenoire glissait lentement le long de l'épée, empalé au niveau du torse. Avec l'aide de ses jambes et de ses biceps, Mercy repoussa l'orc sur le côté dans un grognement de rage, se relevant en soufflant longuement du nez. Le chaos saisissait le champ de bataille: quand bien même ses frères soldats se défendaient bien, ils tombaient comme des mouches...

Alyne se tenait en arrière, piétinant sur place alors qu'elle accueillait les blessés graves pour les soins vitaux. Cette fois-ci, un soldat entièrement brûlé sur tout le côté gauche du bras rampait jusqu'à elle. Le tirant vers un brancard, l'y accrochant, elle l'entraîna jusqu'à l'infirmerie provisoire qui s'était formée à l'entrée des Carmines. Quelle idée de ne pas porter d'armure en plaque ? Alors qu'une infirmière faisait doucement couler de l'eau froide sur la peau, Alyne se chargeait de retirer les morceaux de tissus collés contre la chair brûlée. Le jeune homme, ne dépassant pas la vingtaine d'âge, geignait de douleur en suppliant de l'achever. Bennett pinça sa lèvre inférieure, alors qu'elle finissait de retirer le dernier morceau de lin. Saisissant un pot d'onguent à base de doulourante et de pacifique, l'apprentie chirurgien plongea sa main dans la crême, afin de l'étaler délicatement sur la brûlure après avoir désinfecté. Son souffle se coupa un instant, alors qu'elle s'apprêtait à appliquer le soin sur le bras: les souvenirs l'envahissaient. Elle se rappelait ce jour-là, où son père mourut sous ses mains brûlées par sa propre Lumière. Elle ne pouvait que trop comprendre la douleur que ressentait le jeune soldat...Puis expira, le temps reprenant son cours normal. Ajoutant ensuite des compresses sur le bras écrêmé, Alyne lui fit un large bandage.

C'était la énième fois qu'elle faisait cela, aujourd'hui...Les orcs se plaisant à utiliser les flammes pour repousser leurs "ennemis". Mais Alyne n'en pouvait plus, de rester en arrière, à accueillir les soldats réussissant à se traîner jusque là... Elle voyait tant d'hommes et femmes tomber au sol, vivant mais incapables de revenir... Parfois, se faisant achever par des orcs. Relevant son petit nez curieux vers ses alentours, s'assurant que cette Georgette l'infirmière de cinquante années n'était pas dans les coins pour la brîmer... Elle saisissa Epine, prenant un casque en plaque d'un garde en repos.
S'élançant sur le champ de bataille, Alyne avait l'avantage d'être petite, ne dépassant pas les 1m50...Ainsi, il était peu probable qu'un orc atteignant facilement les deux mètres puisse se sentir menacer par cette petite bête. Tant mieux, se disait-elle, ne cherchant pas à se battre contre une Brute Grise. Elle n'avait que 14 ans, après tout, et n'était même pas censée se trouver au milieu de cette bataille. Pourtant, têtue comme une mûle, la jeune fille souhaitait apporter sa pierre à l'édifice.

Henry Mercy continuait sa percée dans le camp ennemi. Abattre le chef de cette petite armée était son but. Il ne pouvait se permettre de retourner en arrière, si près du but...Jusqu'à qu'un cri perçant, aiguë, et si familier, lui vrilla les tympans. Se retournant prestemment, balayant la colline de son regard, il ne mit point longtemps à poser ses mirettes sur son apprentie. Celle-ci se reculait avec l'aide ses pieds, fessier au sol, en arrière. Un orc se trouvait devant elle, frappant sa hache contre son bouclier afin d'effrayer la gamine. Un air sadique crispait ses traits de bourins, ses épaules roulant nerveusement au fur et à mesure que ses larges panards retournaient la terre du sol. Le Mage-lame porta un bref regard à son arrière...Le chef se trouvait à quatre enjambées, maximum... Une fraction de seconde, il hésita: et une fraction de seconde plus tard, il se détesta de s'être interrogé. Alyne et sa vie, ou le Chef rochenoire et sa mort ? La première solution l'emporta sur la seconde. Dévalant la pente, pied droit en biais devant le gauche pour diriger sa folle course, il se propulsa en l'air en poussant de son pied gauche sur la terre. Brandissant sa dextre en avant, en psalmodiant une incantation, une décharge arcanique se heurta avec force contre le dos de l'Orc harcelant son élève. Celui-ci, hurlant de rage, détourna son attention de l'enfant, fulminant de haine alors que sa chair se faisait mordre par la magie du mage. Haussant et déhaussant ses épaules, le rochenoire souleva son bras droit, hache en main, prêt à l'expédier au milieu des yeux d'Henry Mercy...Celui-ci, en effet, se tenait face à l'orc, la fin de sa chute l'ayant quelque peu déboussolé... Avant que la hache n'atteigne le crâne de Mercy, le rochenoire s'effondra au sol, tête la première dans la boue. Une fine épée était ancrée au milieu de sa nuque, ressortant au niveau du cou dans un filet de sang abondant. Alyne se trouvait sur un rocher, mains fermées tandis que ses bras étaient tendus devant elle: elle donnait l'impression de toujours tenir Epine. Choquée. Elle était choquée. C'était la première fois qu'elle tuait un être vivant...Certes point un humain, mais malgré la haine qu'elle pouvait nourir à leur encontre: les orcs étaient des êtres-vivants. Son professeur fit descendre l'enfant de son perchoir, lançant alors le dos de sa main, contre la joue d'Alyne. Dans un bruit sec et soudain, Alyne se prit une gifle qui lui fit écarquiller les yeux.
<< Idiote ! Je t'ai dis de rester en arrière ! Il allait te tuer ! IL ALLAIT TE TUER ! >> hurla Henry Mercy en secouant la petiote de ses deux mains, sa tête se balançant à droite et à gauche. Fondant en larmes, Alyne ne savait que répondre. Posant ses grands yeux bleus sur l'orc au sol, elle sanglotta davantage. Elle avait du sang sur les mains, et dans les deux sens du termes.

Cela faisait trois jours que les orcs rochenoires et les humains carminois se livraient une bataille acharnée les uns contre les autres... Mais l'Alliance – par vengeance pour Hurlevent – aura gagnée ce combat. Les jours suivant la mort de l'orc par les mains d'Alyne, cette dernière aura continuée à apporter son aide à l'infirmerie, bien que son esprit se tournait en permanence vers le souvenir des yeux écarquillés de l'orc. C'était elle; ou lui, mais étrangement, la jeune fille culpabilisait. Elle se fit engueuler pour cela, également, par Henry Mercy: s'en vouloir pour la mort d'un envahisseur ? Qui risquait de tuer enfants, femmes et vieillards, voire pire ? Il lui avait dit:
<< Cesse de penser à lui, et concentre toi sur tes opérations. Tu vas m'assister pour une fracture ouverte du fémur, et je vais avoir besoin de tous tes neurones. C'était une brute, Alyne Bennett. C'était toi, ou lui, qui allait passer de l'autre côté. Tu n'aurais jamais due venir sur ce champ de bataille... Mais, j'admire ta bravoure... >> confia-t-il, caressant la chevelure cobalt de son élève. Alyne savait qu'il avait raison, mais cela était dans sa nature. Elle était une jeune idéaliste: à 14 ans, l'apprentie ne souhaitait qu'une chose. La paix et l'amour. Certes, c'était à l'eau de rose, mais elle espérait cela de tout son coeur de frêle fille.

L'herbe brûlait encore sous les flammes meurtrières des rochenoires. Plus aucun son de bataille ne se dégageait du sinistre spectacle. Quelques geignements montaient dans les airs, avant de s'étouffer dans un dernier souffle de vie. L'infirmerie repliait sa tente, alors que les blessés les plus graves étaient transportés aux dispensaires d'Hurlevent. Bennett aidait à cette tache, heureuse que la guerre se soit finie...Puis attristée par toutes les pertes, que ce soit du "bon" ou du "mauvais" côté. Alors qu'elle enroulait des draps tâchés de sang entre ses bras, un mouvement attira son regard vers sa gauche. Au loin se tenait une fille, à peine plus âgée qu'elle, fermement postée devant deux pics...Plissant ses yeux, Alyne se dirigea vers elle. Chevelure auburn, en une queue de cheval haute, corps plus musclé que la moyenne des filles de son âge, l'adolescente avait son regard fixé sur deux têtes empalées sur un pic.


Ouvrant ses yeux, Alyne observait la blessée sur son lit d'infirmerie. Elle avait frôlée la mort, et la Prêtresse avait due faire usage de sa Lumière tout au long de la nuit pour contrôler son état. Frottant lourdement ses yeux, la Garde Bennett releva ses yeux, se trouvant à l'infirmerie de la Garde de Hurlevent. Elle avait encore rêvée de ce qu'elle avait vécue, il y a quelques années: le traumatisme ne passait pas. Portant ses yeux sur Camatielle, Alyne eut un mouvement de recul, se retenant de vomir dans un sceau.

Celle qui avait observé les têtes empalées, il y a environ douze ans, était Camatielle Ingalls. Et celle qui se trouvait actuellement sur le lit d'infirmerie, au bord de l'abîme, avait longuement regardé la tête de ses parents, déchirés par un pic en bois tandis que le cœur de l'orpheline fut percé de douleur.

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Message par Invité Mar 10 Oct 2017 - 18:51

Le Changement

Un trouble passé 78952110
La tête se trouvait au bas des escaliers. Le faciès était déchiré par la peur et la douleur. Les yeux étaient écarquillés, comme si – l'homme – avant sa mort avait vue une abomination. Une tâche de sang formait un cercle autour de la tête démembrée: la Couronne de la Mort. Enjambant ladite tête en ravalant sa salive, la femme saisissa sa robe entre ses mains, la surelevant légérement afin de ne pas la tâcher de cette substance rouge. Grimpant les marches unes par unes, avec une appréhension du spectacle qui l'attendait encore, elle s'arrêta devant une première porte. Posant sa fébrile main sur la poignet, elle l'enclencha tout en faisant pression de son épaule sur le bois. A l'intérieur se trouvait la partie manquante du corps. Poignets et pieds liés par des cordes, le corps de l'homme était à moitié avachi, comme s'il avait tenté de se relever avant de se faire couper la tête. Réprimant un sanglot de terreur, la Prêtresse recula précipitemment contre le mur, fermant ses yeux. Il lui fallait reprendre ses esprits, bien que la situation ne l'aidait guère.
Inspirant et expirant longuement, bloquant sa respiration entre temps, la femme glissa son corps en dehors de la chambre. Il lui en restait deux à visiter: elle ne pouvait se permettre de s'enfuire, alors qu'ils étaient sous sa responsabilité avant leur mort. Et quand bien même leurs esprits avaient rejoint la Sainte, Alyne avait toujours un sentiment de protection envers eux... Le temps de sa réflexion, elle était arrivée face à la seconde porte. Prenant son courage entre ses deux mains; du moins les miettes de courage qu'il lui restait, Bennett poussa une nouvelle fois la porte en bois. Cette fois, il s'agissait d'une femme, et au moins elle avait toujours sa tête sur ses épaules. Celle-ci était basculée vers l'avant, visage dissimulé par une chevelure tâchée de sang recouvrant chaque parcelle de sa peau. Au même titre que le premier défunt, ses poignets et chevilles étaient liés. Une large entaille laissait voir ses tripes à son épigastre: le coup fut net mais puissant, à n'en point douter. La souffrance avait due être ignoble: la Mort fut accueillie comme une douce caresse par les morts... L'arrêt de la douleur pour un vide, un oubli. S'approchant de la femme décédée, Alyne lui fit fermer ses paupières à l'aide de son index et de son majeur gauche... Des larmes roulaient sur les pommettes de la Prêtresse, sans même qu'elle ne puisse s'en rendre compte: elle était trop occupée à mesurer l'ampleur des dégats; l'ampleur de sa culpabilité. Reculant à nouveau, elle s'empressa de sortir de la chambre pour monter les marches; s'arrêter face à la nouvelle chambre; pousser une nouvelle fois la porte. Un grand homme, à la musculature fortement travaillée, était dans la même position que ses précédents "amis". Ligotté, et mort d'un coup net au cou: une entaille avait tranché sa jugulaire, le sang ayant refait la tapisserie et la couleur du tapis au sol. Plus rien ne s'écoulait de la blessure. Comme ses camarades, il était doté d'un teint blâfard: le teint de ceux cotoyant l'Ange de la Mort. Alyne ne pensait pas que cette bête de muscle ne se serait laissé faire: il n'avait sûrement pas eu le temps de voir le coup venir. L'affreuse personne ayant fait ces meurtres ne devait pas être à son premier coup d'essai.
La dernière chambre était celle d'un dénommé Akhal. Alyne avait prit soin de lui, à la demande de ses camarades. La Prêtresse avait acceptée avec bonté. L'homme était, comme le dit le langage courant, un "légume". Suite à des événements auxquels Alyne ne souhaitait guère repenser, il avait totalement perdu la tête: incapable de manger, ni de boire seul, voire même de parler, Akhal était devenu dépendant des autres. Néanmoins, quelques jours avant sa disparition, il avait commencé à remarcher, et cela avait réchauffé le coeur de Miss Bennett. Aujourd'hui, ce même coeur était froid, dénué de la chaleur de son amour presque maternel. Il était gelé: aussi froid que les cadavres dispersés dans les trois chambres. Dévalant les escaliers, passant trois marches par trois marches, Alyne avait besoin de prendre l'air. Son regard azuréen se posait sur les parois de la maison: saccagées, du sang séché en guise de décoration. Les meubles étaient sans dessus-dessous, lorsqu'ils n'étaient pas brisés. La respiration de la Garde s'accélérait au fur et à mesure, prise d'une crise d'angoisse puissante. Sanglottant, elle se mit à crier plusieurs prénoms, en espérant que les propriétaires de ceux-ci apparaissent comme par magie pour la réconforter... Ce qui fut le cas, mais d'une façon accroissant davantage la panique de la Prêtresse. Se trouvant au rez-de-chaussée de la maison saccagée, Alyne glissa son regard à ses pieds: à ceux-ci se trouvaient les corps de ceux qu'elle considérait comme ses amis. Clyde, Clarice, Oscar, Adusa, Beharl, et compagnie... Respectivement éventré; démembrée; brûlé de la tête aux pieds; dépecée; étranglé... Le teint de la femme devint aussi blanc qu'un linge fraîchement lavé, et un hurlement de terreur s'échappa de sa gorge. Le souffle bloqué, sa tête se mit à tourner... Ou alors, la maison tournait: Alyne ne pouvait différencier, tant son effroi la paralysait sur place. Au fur et à mesure, un sombre voile recouvrit ses yeux. Clignant vivement de ceux-ci pour tenter de rester éveillée, ce fut en vain: la femme tombait peu à peu dans l'inconscience... Et alors que le sommeil forcé s'immisca en elle, un bruit de pas lourd fit grincer le parquet. Le son d'une lame se faisant lentement dégaîner parvint jusqu'aux oreilles de l'Aumônier, et...


Alyne ouvrit brusquement ses yeux, son buste prit d'un soubresaut instinctif, comme si elle s'assurait que son corps était intact. Se redressant lentement assise sur son lit, une sueur froide perlait le long de son front, une perle suivant la cicatrice qui barrait son visage. Expirant longuement en agitant ses mains, prises de fourmillements, Alyne se parlait à elle même.
<< Il va falloir te calmer, ce n'est pas de ta faute... Tu serais aussi morte si tu étais restée dormir la nuit là...Et tu as vu tes amis le soir d'après. Ils vont bien, pour le moment...>>. La femme tentait de se rassurer du mieux qu'elle pouvait, mais elle n'avait pu s'empêcher de remarquer la déception imprimée chez ses caramades lors de sa lugubre annonce. Faissant glisser la soie faisant guise de drap sur ses jambes, Bennett posa ses pieds au sol de sa chambre. Prenant la montre à gousset qui trônait sur sa table à chevet, elle regarda l'heure: 06h14. Elle devait s'activer: Alyne ne pouvait se permettre de rater un seul entraînement matinal; de plus elle avait rendez-vous avec son oncle, Ingus Bennett. Quand bien même la femme ne l'avait jamais appréciée, elle était obligée de répondre à sa convocation: il se prenait pour un important bourgeois, se permettant de "convoquer" les membres de sa famille pour la réunion annuelle. Traînant son corps jusqu'à sa salle d'eau, Alyne fit sa toilette, avant d'enfiler son armure de Garde, ce qui lui prit un certain temps: fichues sangles. Aux alentours de 06h35, après avoir croqué dans une pomme en guise de petit déjeûner, Alyne fit face au froid matinal, la rosée perlant sur les fleurs de son jardin. Esquissant un sourire, la Prêtresse était fière de son travail: elle avait réussie à redonner de la valeur à la demeure Bennett. Des rayons de soleil s'immiscaient entre les branches, caressant le faciès de la femme agréablement. Même si la nuit fut mauvaise, Alyne fut encouragée à passer une bonne journée.
Sanglant son cheval, un fier étalon d'un mètre quatre-vingt au garrot, Bennett s'assura que la selle et les brides ne gênaient pas Brume. C'était le nom qu'elle avait donné à son cheval: sa robe était d'un bai grisonnant, couleur semblable aux brumes du matin. Passant son pied gauche à l'étrier, car telle était la règle (toujours monter du côté gauche, et jamais du droit), elle se hissa avec légéreté sur Brume, le cuir de la selle grinçant. Faisant pression sur les rênes, de ses pouces, le cheval prit alors sa marche, avant de descendre le chemin sinueux menant à la demeure Bennett au petit trot.
Alyne Bennett se trouvait à une vingtaine de minutes de la caserne, à cheval. Le temps de voyage augmentait à quarante minutes, lorsque la Prêtresse se plaisait à prendre de petites rues, afin d'apprécier le bruit des sabots contre les dalles. Ce matin là, elle fit choix du plus court chemin, sans quoi elle se ferait taper sur les doigts par le Lieutenant MacLane pour son retard.

L'entraînement journalier et matinal se déroula – encore une fois – parfaitement. Aisée avec son bâton, autorisé par le même Lieutenant cité précédemment, la femme était redoutable avec cette arme. En armature de métal, décoré par ci et par là d'ornements en or, le bâton avait l'avantage d'être également un réceptacle de ressource pour l'utilisation de sa Lumière.
Tours de terrain; combat amical avec des collègues; exercices de musculature; Bennett affrontait chaque exercice avec une certaine joie, ce qui avait l'inconvénient – ou l'avantage – d'en agacer plus d'un. Grand bien leur fasse, ils moureront bien avant elle à tout le temps ronchonner. Exceptionnellement, la femme ne donna pas son cours d'équitation. Cette fois, elle se fera taper sur les doigts par son oncle, mais c'était bien moins grave que par un officier du Guet Urbain. Filant aux douches de la caserne – prenant un temps mort, où aucune autre personne ne s'y trouvait -, elle s'extirpa de son lieu de travail dans une robe morne. Noire, avec des nuances de rouge, elle donnait l'impression de se rendre à un enterrement... Pourtant, elle allait avoir à faire avec des gens bels et biens vivants ! ...Physiquement, du moins.

A dos de cheval, Alyne prit la route menant à la Forêt d'Elwynn. Son oncle, Ingus, détenait une "modeste demeure" selon lui en bord de lac. Pourtant, ladite demeure s'élevait sur trois étages, et de nombreux serviteurs s'affairent en tout temps au maintien des jardins; de la maison. Manoir en vue, la femme expira de dépit... Elle détestait ces réunions, encore plus depuis que sa mère ne l'accompagnait plus.
<< Alyyyyne ! >> se fit entendre rapidement, d'une voix criarde et désagréable. Une vieille femme au port néanmoins suffisant s'approcha de Brume et de sa propriétaire, un sourire de "faux-cul" dévoilant ses dents jaunis. <<Ca fait plaisir de te voooir ma Petite ! Ô tu as bien grandis ! Grossis aussi hein ! >> ria la grand-mère de Bennett. Elle avait toujours le chic de relever des détails gênants...C'était sa marque de fabrique.
<<Ce sont des muscles, grand-mère... Je crois>> se força à répondre Alyne, un sourire crispé à ses lèvres. Posant pied à terre, laissant un serviteur mener Brume aux écuries, la Garde se fit prendre le bras par sa grand-mère: Huguette Bennett. Elle possédait une chevelure aussi blanche que la neige, du fait de sa vieillesse. Elle était sûrement octogénaire, mais pourtant détenait une forme olympienne. Des rides déformaient sa peau entretenue par de nombreux onguent. Huguette Bennett gardait néanmoins une certaine classe, propre aux femmes de la bourgeoisie. Alyne se fit traîner sous les effluves de parfum fort de sa grand-mère jusqu'au sein du Manoir, parcourant de nombreuses pièces avant d'arriver dans la salle à manger, alias la Salle du Malaise pour Alyne. Lorsque son pas léger se posa sur le parquet de la pièce censée être conviviale, toutes les têtes se tournèrent vers elle, et sa grand-mère. Un profond sentiment de malaise cloua Bennett sur place...D'où le surnom de la salle.
<< Alyne ! Tu as trouvé le chemin, je te félicite >> s'éleva par-dessus le brouahaha de la pièce. La voix était hautaine, voire cassante. Ingus Bennett, cet éternel "chieur". Oui, Alyne utilisait ce mot pour le désigner, et c'était bien rare. Hochant la tête, avec ce même sourire crispé, la femme à la chevelure bleutée prit place entre un oncle bedonnant, et sa femme à la moustache plus drue que le premier. Roulant des yeux, le dîner allait être long...

<< Abordons les affaires familiales, voulez-vous bien ? >> prôna Ingus, en frappant une cueillère contre sa coupe de vin doucement. Les exclamations de voix se calmérent en de doux murmures, afin qu'un lourd silence tombe sur la pièce.
<< Encore une fois, Alyne, nous te présentons nos plus sincères condoléances pour la mort de ta mère. Quand bien même nous sommes aussi tous affectés de cette perte, nous savons à quel point tu l'aimais. Mais un lourd sujet doit-être abordé, et tu le sais. La demeure dans laquelle tu vis, encore au nom de ta mère pour le moment, est d'une rareté certaine. Tu vis seule, tu possèdes trois fiers étalons, et une magnifique jument. Je suis sûr et certain que tu n'es pas capable d'entretenir cette magnifique propriété...C'est pourquoi je me propose de te la racheter, à un prix familial évidemment >> clama Ingus, sourire en coin aux lèvres. Auparavant, Alyne se serait écrasée, et aurait opinée du chef en signe de demi-consentement. Ingus Bennett espérait cela: il était porté sur les finances et les propriétés à racheter, mais oubliait totalement de s'informer sur les conditions des membres de sa famille. Inspirant longuement du nez, essuyant ses lèvres en tapotant celles-ci d'un chiffon en soie brodé d'or, Alyne plia ledit chiffon sur la table. Posant ses mains brunâtres par les brûlures sur la table, se relevant avec toute l'élégance qu'elle puisse faire; chaise grinçante au sol; la Garde et Aumônier se tenait fermement sur ses deux jambes. Toussotant afin d'éviter un brin de voix ridicule, Alyne fit répercuter ses intonations aux quatre coins de la salle à manger, douces et agréables à l'ouïe.
<< Mon cher oncle. Comme vous êtes le seul à ne point le savoir, je vais vous aiguiller. Moi, Alyne Bennett, fait partie de la Garde de Hurlevent depuis maintenant trois mois. Ne vous inquiétez pas pour mes finances, elles sont suffisantes: vous devez le savoir, vous qui souhaitiez à tout prix avoir la main mise sur l'héritage de ma mère. Quelle fut votre déception, lorsque le spécialiste vous a dit que j'étais la seule légitime héritière de sa fortune. Mes chevaux se portent à merveille, ainsi que la demeure: des constructions sont même en cours, pour retaper la façade ! Vous avez déjà énormément de demeures, une de plus ne vous servirai à rien, si ce n'est de vous vanter face à vos vieilles femmes bourgeoises sentant à des kilomètres le parfum de bas goût. Mais, ne vous en faites pas, je penserai à vous si j'ai un jour besoin de conseils pour l'entretien. Vous vous faites bien entretenir par votre femme>> termina Alyne, en reposant son fessier sur l'agréable coussin de son siège. Tous regardaient la jeune femme, avec des yeux écarquillés. Ingus Bennett, quant à lui, gardait un sourire vexé sur son visage décharné par le temps. Hochant simplement la tête, en se remettant assis, il posa un regard froid sur sa nièce...

Alyne ignorait, en s'affirmant ainsi pour la première fois face à un homme de la trempe d'Ingus, que cela allait lui attirer plus d'ennuis que de faveurs... Comme tout mauvais bourgeois se respectant, Ingus préparait une froide vengeance.

Représentation de Huguette Bennett:
Spoiler:

Représentation de Ingus Bennett:
Spoiler:


Dernière édition par Alyne Bennett le Dim 12 Nov 2017 - 2:40, édité 1 fois

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Message par Invité Lun 23 Oct 2017 - 23:47

Folie


Un trouble passé Goule11

<< Qui peut se résoudre à la folie, peut aussi se résoudre à la sagesse >> - Père Hellin, an 34.

La lumière vacillait, et se faisait de plus en plus trouble. Le bruit d'un souffle difficilement pris fit trembler davantage cette source lumineuse. La réalité revenait au galop, chassant les doux songes de la personne. Alors qu'il tentait d'ouvrir ses yeux, des hurlements perçants fit dresser les poils sur ses bras, l'invitant à retirer promptement sa couette en lin d'un mouvement incertain. Un vent glacial le gelait sur place, alors qu'une tempète de neige semblait faire rage en dehors de sa tente: les parois de celles-ci tremblaient sous la violence de la nature, mais les piques en bois tenaient le coup. Ceci n'était pas ce qui préoccupait le plus Horin, fier nain de Forgefer. Plaçant son heaume sur sa tête, saisissant sa lourde masse en contractant ses muscles, il prit son courage à deux mains et balaya le battant de son camp de fortune. C'est alors qu'il écarquilla ses yeux: une vision d'horreur s'offrait à lui, et peut-être tel un lache, il laissa le volet de la tente le camoufler à moitié. Les autres campements de ses camarades étaient soit au sol, soit tâchés de sang, lorsque ce n'était pas un pied ou un bras qui venait servir de décoration. Son regard aussi bleu que le Norfendre offrait comme vue se posa sur son camarade Melin. Tombant au sol lourdement sous l'attaque de la goule, celui-ci se fit arracher la jugulaire par les dents pourris de l'abomination, alors qu'un hurlement de douleur transit Horin sur place. Le camp était sans-dessus dessous, les goules affluaient en nombre. Certaines étaient au sol, écrasées par les lourdes massues, ou déchiquetées par les haches des alliés: et pourtant, les membres de ces monstres continuaient à se traîner au sol, cherchant à tout prix à aller chercher le repas.

Horin fit un pas en arrière, fronçant ses sourcils...Il était évidemment petit pour les normes humaines, mais était grand pour ceux de sa race. Sa longue barbe rousse était tressée en deux parties, alors que des décorations naines s'éparpillaient sur cet attribut masculin. Aussi musclé que peut l'être un nain, avec une bedaine aussi imposante que le permet leur bière, le nain avait le visage strié de cicatrices en tout genre, alors que son nez busqué prouvait qu'il fut brisé de maintes fois. Traits durs en temps normal, ceux-ci étaient au ce moment de la scène, figés dans la crainte. Il était partagé en l'ardent courage d'aller aider ses camarades, en sachant pertinemment qu'il rendrait l'âme sous la faim des monstres.

C'est alors qu'un éclat attira son regard, d'une couleur noirâtre tirant légérement sur le violet. Le nain fit tourner ses yeux terrifiés vers cette source de mauvais augure. Au loin se tenait une forme courbée, mains squelettiques tenant un bâton vibrant de magie noire en pleine neige. Elle semblait être épargnée par la tempète de neige, une sorte de dôme recouvrant ladite forme. Le réprouvé avait perdu ses deux yeux, alors que sa mâchoire était pendante, langue s'extirpant par moment de l'os troué. Les phalanges de sa main libre s'agitaient dans le vide, reculant parfois sa main, comme s'il guidait les goules comme un marionnetiste. Alors qu'il braquait sa main vers la droite; les goules se tournaient brusquement vers la droite. Alors qu'il fermait ses phalanges; les goules se jetaient sur les alliés. Un rictus facétieux se crispait sur le faciès décharné du réprouvé, alors que les alliés d'Horin tombaient comme des mouches. Grondant de colère, le nain sortit de sa cachette en hurlant de rage, agrippant fermement sa masse en main. Enfonçant davantage ses lourdes bottes en plaque à chaque pas, Horin tentait de courir aussi rapidement que sa tenue le lui permettait. Le réprouvé – du moins en avait-il l'impression – releva sa tête, alors que son sourire s'élargissa sadiquement. De sa main décharnée, il donna l'ordre aux goules de tourner leur attention sur le nain. Celles-ci, dans des bruits d'os s'entrechoquant, trainèrent leurs jambes pourries lentement mais sûrement jusqu'à lui.
<< CREVEZ, 'SPECE DE RACLURES D'BAS FONDS ! PAR MA BARBE, J'VAIS VOUS EXPLOSER L'POERE ! >> cracha Horin. Levant sa masse en l'air, il fit exploser l'arme sur la tête d'une goule, celle-ci s'écrasant sous le lourds poids, dans un bruit de craquelements et de cerveau se transformant en purée. C'était l'heure de la vengeance: les mouches étaient maintenant les abominations mortes-vivantes. Horin avait eu l'avantage de pouvoir s'équiper, sa tente s'étant faite étrangement épargnée: effectivement, ses camarades furent tués durant leur sommeil, ou peu après la sortie de leur songe, en tenue "de chambre". Cela aurait pu, dans d'autres circonstances, être amusant: lorsque les goules n'étaient pas enfoncées comme des clous dans la neige, elles volaient en l'air avant de s'écraser lourdement dans la neige, décapitées sous la force du coup. Mais la situation actuelle ne permettait aucun trait d'humour. Reçevant des coups de griffes au faciès, se faisant attraper par la jambe par des goules résistantes, le nain n'en continuait pas moins sa course. Alors qu'il arrivait à proximité du Sorcier noir, il se fit arrêter net par une force inconnue. Subitement, Horin lâcha sa masse au sol en hurlant de douleur, apportant ses mains bourrues à sa tête. Un mal immense frappait l'intérieur de sa tête, lui faisant plier l'échine. Jambes frêles, il tomba à genoux, forcé de fermer ses yeux: la tempète de neige, et la clareté de la plaine enneigée lui agressait davantage la vue. Un vombrissement se fit entendre à ses oreilles, lui faisant perdre tout sens de l'équilibre. Lourdement, et du fait du poids de l'armure, le nain s'affala dans la neige, continuant à se contorsionner sous la douleur subit. Alors que l'inconscience le prenait de plus en plus, il vit – du moins le pensait-il – une boule de feu crépitante s'expulser tout droit sur le Sorcier réprouvé. Des cors de bataille familiers montèrent crescendo, alors que des ordres en commun furent donnés:
<< Récupérez Horin ! Archers, bandez vos arcs ! Front, à l'attaque ! >> ordonna l'officier en charge de la troupe. Un bref sourire apparu sur les lèvres du nain, avant de tomber dans les abîmes de l'inconscience.

Le dos se faisait douloureux, comme s'il venait de passer trois jours entiers sur une paroi en pierre. Grognant faiblement, il avait hâte de se réveiller pour voir ses camarades vivants, et expliquer la situation à l'officier qui – évidemment – voulait des comptes. Un étrange gargouillement fut chuchoté à son oreille, alors qu'un lugubre ricanement se répercutait dans les quatre coins de la pièce. Une douleur vive piqua le pied droit d'Horin, lui faisant ouvrir en grand les yeux. Agitant ses jambes dans tous les sens, il respira de plus en plus vite...Pour la première fois, des larmes montaient aux yeux de l'homme. Lui qui espérait se réveiller au sein d'une infirmerie chaleureuse, il sortit de ses songes pour rejoindre un réel cauchemar. "Ploc...Ploc...Ploc...": il plissa les yeux, quelque chose s'écoulait sur sa tête. Relevant celle-ci, il fit entendre un bruit de déglutissement. Un humain portant les couleurs de l'Alliance était suspendu, accroché par les pieds, tête vers le bas. Eviscéré, les tripes servaient de décoration, celles-ci se reposant contre la cage d'Horin. Le sang continuait d'affluer en abondance, preuve que le pauvre fut tué récemment. Il ne pouvait se permettre de pleurer la mort de cet inconnu, quand bien même celle-ci lui nouait la gorge. Se redressant sur ses deux jambes – tremblantes – il agrippa les barrières de sa prison, regardant à travers les barreaux. La salle était sombre, ne laissant qu'entrevoir des scènes toutes autant horribles que les autres. Les murs de la pièce semblaient être fait en crânes empilés les uns sur les autres, alors que le sol était peint de sang et de viscères. Un mouvement attira le regard d'Horin: un geist se trouvait devant la cage, griffant le sol en semblant fixer le pied de son "collocataire": cette chose était la cause de la douleur, ayant tenté de le grignoter. Se reculant dans sa cage, comme un lion fouetté par le dresseur, les larmes froides coulèrent sur les joues d'Horin. Il ne pouvait sortir d'ici, et son sort était déjà jeté.

Son ventre gargouillait et se tordait douloureusement sous la faim qui s'accroissait d'heures en heures. Cela faisait maintenant trois jours qu'Horin était bloqué dans cette cage, et sa mort n'était toujours pas venue. Plaquant son visage au sol, étirant son cou, il lécha les dalles afin de récupérer l'eau nauséabonde qui en suintait du fait de l'humidité du lieu. Déshydraté, perdant l'esprit, le nain attrapait le moindre cafard qui passait pour le dévorer. Les yeux écarquillés, il lançait des regards noirs à ses alentours, alors qu'il riait nerveusement lorsqu'un énième allié hurlait sous la douleur des tortures. Le Sorcier qu'il avait souhaité affronter venait parfois dans cette prison: levant son doigt squelettique, il semblait s'amuser à jouer au "pic et pic et colégram" afin de choisir sa proie. Lorsqu'une âme fut trouvée, la personne était sortie de geôle par un geist, ce dernier en profitant pour arracher des morceaux de chair. Attaché sur une table en pierre, l'homme ou la femme subissait de multiples vices provoqués soit par la magie noire, soit par des instruments plus "traditionnels". Puis, chaque victime se faisait ouvrir le ventre, vivante ou non. Le Sorcier prenait un malin plaisir à destituer le corps des intestins, les déroulant lentement en les enroulant autour de son coude et main, comme un marin le ferait. Arrachant par la suite le foie, la râte, le coeur... Il en faisait des repas personnels. Bien que vomissant à chaque fois sous l'atrocité de l'acte, Horin ne pouvait s'empêcher de regarder la scène.
<< LAISSE M'POTE 'CULE D'SORCIER ! J'VAIS SORTIR ET T'ETRIPER LA COUENNE ! >> aura-t-il hurlé le premier jour.
<< NON ! PAS LUI ! PRENEZ MOI A SA PLACE ! >> aura-t-il imploré le deuxième jour.
Au troisième jour, aucune plainte ne se fit entendre d'Horin. A bout de force, et l'esprit consumé par la folie, il riait même du sort de ses camarades. Puis, se fut le trou noir: perdant conscience, à bout de force, Horin pensait que son heure était venue...Douce Mort, libératrice de cette torture mentale.

Puis, se fut le moment tant désiré dans le passé: se réveiller au sein d'une infirmerie; être chouchouté par "les'infirmières aux gros seins" comme se plaisait-il à dire. Pourtant, il n'en tira aucune joie: sa survie ne le fit que grogner. Fixant le sol, assis dans son lit après s'être nourrit d'un simple bout de pain, Horin passa des semaines entières à l'infirmerie de Dalaran. Les gens défilaient devant lui, comme si le temps était accéléré. Parfois, il se levait, mais il ne semblait pas s'en rendre compte. Il sortait; reçevait des visites; allait à Hurlevent... Sans réaliser tout ce qu'il faisait. Son âme le faisait vivre, mais son esprit était bloqué dans la cage au Norfendre. Sans vraiment comprendre pourquoi, Horin se retrouva à la Cathédrale de Hurlevent. Une Prêtresse se trouvait devant lui, mains posées sur ses tempes, alors qu'une aura lumineuse enveloppait les deux corps. Lui, fixait le sol, de son regard vide, se laissant faire.

La lumière vacillait, et se faisait de plus en plus trouble. Le bruit d'un souffle difficilement pris fit trembler davantage cette source lumineuse. La réalité revenait au galop, chassant les doux songes de la personne. Alyne Bennett fit revenir son esprit à elle, s'extirpant de celui du nain et de ses souvenirs. Blême, elle venait d'assister en spectatrice fantôme aux événements atroces du Norfendre, alors qu'elle n'y avait jamais posée les pieds.
<< Alors, Prêtresse ? >> demanda le factionnaire de la Garde de Hurlevent, bras croisés.
<< Un traumatisme de guerre...>> souffla-t-elle en fronçant tristement ses sourcils, observant le visage tuméfié de marques d'antan du nain.
<< Il est bon pour Dalaran, celui-là. Merci, Prêtresse >> opina le factionnaire, emmenant le nain avec lui, menotté. Il avait confondu une personne avec une goule, et s'était jeté dessus pour le marteler de coups au visage.

Encore une fois, fixant le sol, assis dans son lit après s'être nourrit d'un simple bout de pain, Horin passa des semaines entières à l'hôpital de Dalaran. Les gens défilaient devant lui, comme si le temps était accéléré. Parfois, il se levait, mais il ne semblait pas s'en rendre compte...


Dernière édition par Alyne Bennett le Dim 12 Nov 2017 - 2:41, édité 1 fois

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Message par Invité Dim 12 Nov 2017 - 2:40

Arts occultes

Un trouble passé A2f9ad10

Ingus Bennett observait les flammes danser au sein de la cheminée. Celles-ci léchaient les pierres lascivement, crépitements se faisant parfois entendre dans le lourd calme de la demeure. Verre de vin blanc en main gauche, il jouait de sa chevalière de l'autre main, index faisant tourner le bijou lentement. Depuis la rencontre familiale ayant lieu tous les ans, où Alyne Bennett avait osée s'opposer à lui, les pensées de l'Oncle ne cessaient de fulminer. Comment se venger ? Car tel était le mot d'ordre d'Ingus: la vengeance. Il avait pensé au pire qu'il puisse faire, mais même s'il était un personnage abominable, il cherchait un autre moyen d'obtenir satisfaction... Mais face à sa cheminée, affalé dans son divan, il ne voyait aucun autre chemin possible. Terminant cul-sec son vin blanc, râclant sa gorge par la suite, il déposa le verre sur la table de chevet. Frappant doucement les accoudoirs de son fauteuil, il se releva, jouant de sa maxilaire. Repositionnant correctement sa cape sur ses épaules, l'homme tourna le dos aux flammes, celles-ci s'éteignant alors par magie. La pièce était plongée dans le noir, si on passait outre le rayon de Lune qui donnait une allure effrayante au crâne d'un orc, fièrement posé sur son promontoire. Ingus fit déplacer sa silhouette rachitique le long de la salle principale, tel un fantôme errant un manoir abandonné. Tel était le cas: l'Oncle Bennett vivait seul. Pour cause, il possédait un caractère des plus particulier: suffisant, il était un manipulateur narcissique. Jamais n'avait-il aimé qui que ce soit, bien qu'il lui fallut faire penser l'inverse pour obtenir ce qu'il pouvait désirer. Somme toute, Ingus Bennett s'accrochait déséspérement aux restes de noblesse qui lui restait: il était renié par les autres nobles de la cité, à cause de pratiques qui lui étaient attribuées... Dont il avait nié l'existence de nombreuses fois, mais les esprits étaient marqués. A tenter de garder la tête haute face aux accusations, qu'il qualifiait de fausses, Ingus Bennett avait développé une haine certaine pour toute autre forme de vie que la sienne. Un homme très sympathique ! Physiquement, Ingus était passé d'une silhouette travaillée de muscles à un corps décharné, peau sur les os... Pourtant, contre toute attente, il tenait toujours debout, et ne semblait pas être faible. Chevelure délavée, donnant l'impression d'être constamment sale, ses joues étaient creusées, les yeux froids de tout sentiment positif.

Arrêtant ses pas, l'homme tourna sa tête vers une porte en bois, massive et frappée de gravures diverses. Portant la main à son cou, tirant une clé accrochée à une fine corde, il inséra ladite clé dans la serrure de porte, et ouvrit lourdement celle-ci. Des escaliers en pierre, raides, s'enfonçaient dans la noirceur de la cave: ils semblaient interminables. D'un claquement de doigt, il fit naître des flammes au bout d'une chandelle: la décrochant du mur, il entama sa descente, fermant la porte derrière lui dans un grinçement sinistre. Les pas de l'homme résonnaient, percutant l'ouïe séchement... Cinq...Dix... Quinze... Vingt marches plus tard, il arriva à la fin des escaliers. Lorsque ses pieds frolèrent le sol de la cave lugubre, une faible lueur illumina la pièce. Accrochant le chandelier au mur, Ingus fit tomber sa cape au sol, frottant ses mains en tournant son regard meurtrier sur son laboratoire. Trois armoires en bois de hêtre se trouvaient le long des murs, plein à craquer de bouquins tous plus vieux les uns que les autres. Une table de chevet supportait des ballons d'alchimiste en verre, alors qu'un coffre se tenait non-loin de là. Un bureau était simplement posé au milieu de la pièce, parchemins et machine à écrire prenant toute la place sur le meuble. Tout cela était recouvert de poussière, une odeur de "vieux" et désagréable picottant les narines de l'homme. "J'aurai peut-être du la garder en vie, cette potiche de femme de ménage, finalement..." rouspeta Ingus mentalement, roulant des yeux. Ecrasant un cafard qui passait devant ses pieds, Ingus vint se positionner devant le coffre. Posant son regard dessus, il semblait hésiter à l'ouvrir...Cela faisait longtemps. Puis, haussant les épaules, il posa sa main rêche sur le battant du meuble, et l'ouvrit d'un coup brusque. Un sifflement se fit entendre, ressemblant davantage à un cri strident. << Oui, hurlez si vous voulez... >> souffla l'homme, esquissant un sourire en coin. Plongeant ses mains dans le coffre, il fit une prise ferme sur un lourd grimoire à l'apparence douteuse. Le sortant difficilement, biceps tremblant sous le poids de l'ouvrage, Ingus vint le poser lourdement sur son bureau. L'imposant bouquin possédait une couverture en cuir sombre: celle-ci bougeait anormalement, comme si quelque chose luttait en dessous. Les pages étaient jaunies par le temps. Ingus décrocha la lanière en cuir qui reliait les deux extrémités du grimoire, et l'ouvrit dans un froissement de feuille: pour cause, certaines s'effritaient au moindre contact, mais Ingus semblait passer outre. Posant ses doigts râpeux sur la table, il observait la page sur laquelle il s'était arrêté. Dessus était représenté une sorte de pentagramme, triangles s'entremêlant en donnant une forme générale farfelue. Longtemps, son regard resta fixé sur cette forme dessinée sur son bouquin. Les pensées de l'homme se dissipaient vers son passé... Finalement, les rumeurs à son encontre étaient réelles, mais il se devait de sauver les apparences, pour simplement éviter de passer à la potence. Il pratiquait les magies interdites, et pour son propre compte: les démonistes et autres pratiquants qui vouaient leur pratique à l'Alliance connaissaient une sorte de clémence, sous condition évidemment. Mais lui n'en aurait aucune: il n'avait su faire que du mal à ses alentours, et ceci ne lui déplaisait guère. Et ce jour-là, face à ce grimoire se débattant sur le bureau pour laisser échapper les âmes emprisonnées, il hésitait à plonger une nouvelle fois dans ces arts occultes. Lorsqu'il pratiquait ces arts, il avait eu l'occasion de se maintenir une forme physique agréable à la vue: siphonner la vie des autres améliorait la sienne. Aujourd'hui, il n'était plus qu'une carcasse vide... Priver la vie d'autrui fut jouissif à l'époque pour Ingus, mais en payait les conséquences dorénavant. Ses pensées furent interrompues lorsqu'une voix familière caressait son esprit, provoquant des frissons à l'homme. Les paroles se firent entendre par l'homme dans un murmure dont la provenance était incertaine... Elle était là.
<< Venge toi, Ingus... Tu dois te venger, ne laisse pas cette idiote te faire perdre le peu que tu as >> souffla le vent. Une forme blanchâtre se matérialisa face à Ingus. Une femme à la peau d'albâtre, et aux joues creuses lui faisait front, transparente. "Non, elle est morte...Cesse de penser à elle..." s'intima l'Oncle, fermant ses yeux en crispant ses phalanges dans un craquement sinistre.
<< VA T'EN ! >> hurla-t-il avec force, fermant brusquement le grimoire. Il s'empressa de le remettre dans le coffre, le fermant en se mettant assis dessus par la suite. Le grimoire bougeait avec ferveur au sein dudit coffre, comme s'il cherchait à s'extraire de sa prison. Reprenant son souffle, Ingus enfonça sa tête entre ses mains, ses doigts tirant nerveusement sa chevelure. Celle-ci se décrocha sans grand mal, en touffe, de son cuir chevelu. Il fut pris de sanglots sourds, son corps maigre tremblant sous le poids des émotions qui l'étouffaient. Plus aucun murmure ne soufflait dans la salle, la présence fantomatique s'étant évaporée...Mais fut elle réellement présente à un moment ? N'était-ce pas un tour de ses peurs, de sa honte ? Redressant lentement son corps, Ingus Bennett inspira longuement du nez: "Cesse de laisser place aux sentiments, idiot" s'intima-t-il, râclant sa gorge en faisant mine que rien de tout cela ne s'était passé. Alors qu'il s'apprêtait à remonter les marches pour sortir de cette sinistre cave, il fut pris d'un spasme. Portant la main à la gorge, celle-ci lui brûlait intensément, alors qu'un mal intense lui vrillait le crâne. Tombant à genoux, enfonçant ses doigts décharnés dans la terre, il essayait de rester conscient. Il connaissait plus que trop bien cette sensation infâme... Ce manque lui faisait perdre la tête. Il avait réussi à passer outre, à vivre sans cette source de magie durant des années...Mais entrer en contact avec le grimoire, qui lui regorgeait des méfaits qu'il avait pu commettre à cause de ladite magie lui avait fait renaître cette petite flamme mortelle au creux de sa poitrine. Crispant sa mâchoire en poussant un râle de colère, il fit trembler sa main jusqu'à sa besace. Saisissant une fiole au contenu verdâtre, il l'avala cul-sec, manquant de vomir le contenu tant le goût était immonde. Sa chevelure lui retombait sur son visage, camouflant ses yeux injectés de sang: les mèches semblaient davantage s'éclaircir, comme s'il vieillissait à une vitesse affolante. "Non... Non, non ! J'avais réussi, tu n'avais pas le droit !" gueula-t-il dans ses pensées. Un rire fit écho dans la salle, semblant venir de partout et de nul part. Elle se jouait de lui. Elle l'avait entraînée vers cette voie obscure; elle lui avait fait perdre les pieds... Elle l'avait fait aimer, et aujourd'hui il le regrettait. Subitement, la douleur disparue. Les rires cessaient de le tourmenter, et l'air était à nouveau respirable. Il n'avait plus cette impression d'étouffer, et de brûler de l'intérieur. Retirant ses doigts maintenant sales de la terre, il se redressa difficilement sur ses – trop – fines jambes. A peu de chose près, ses mollets faisaient la taille d'un avant-bras. Bougeant sa maxilaire à droite et à gauche, craquement se faisant entendre, il passa sa dextre dans sa chevelure, comme pour se redonner contenance... Avant de remonter les marches, sortant de cette salle des horreurs.

Alyne fixait les dernières sangles de ses épaulières, face à son miroir géant. Souriante, comme toujours depuis ces derniers jours, elle ne se doutait point ce que son Oncle venait de subir... Après tout, cela lui importait peu.

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Message par Invité Mar 20 Fév 2018 - 21:53

Victoire

Un trouble passé Poupee10

La Prêtresse, maintenant Caporal au sein de la Garde de Hurlevent, s'était levée. L'horloge venait de faire sonner les cloches pour annoncer la sixième heure de la matinée. Vêtue d'un pantalon en lin et d'une chemise de même matière, le tout étant brun, Alyne s'observait dans son miroir géant. Passant sa main gauche, à l'aspect brûlé, sur son visage défiguré par des cicatrices, elle frôlait de son index ses pommettes. Les joues rondes, qui lui offraient un air parfois enfantin, étaient encore il y a peu creusées. Baissant son regard sur ses formes, elle vint tâter ses hanches afin de constater qu'elle étaient présentes, et en fit de même pour son fessier. Expirant du nez, Bennett était fière de sa reprise de poids. Un frisson glacial lui parcourut l'échine, alors que ses souvenirs se tournaient vers cette période difficile. La femme venait tout juste de perdre sa mère, alors décédée au sein du manoir dans lequel elle habitait actuellement. C'était le coeur bien plus lourd qu'il ne le fallait qu'Alyne avait préparé les funérailles: car outre devoir enterrer celle qui l'avait élevé, la Prêtresse faisait face aux jalousies de la famille, membres de celle-ci souhaitant à tout prix se partager les biens qui avaient appartenu à Catherine Bennett. Or, n'avaient-ils jamais pensé que le tout revenait à Alyne ? Non, jamais, et lorsque la nouvelle leur était parvenue, la colère s'était faite entendre...Surtout de Ingus Bennett. D'autant plus que sa nièce avait osé se rebeller contre lui. Fermant ses yeux, Alyne inspira du nez en mordillant sa lèvre inférieure. Le goût de la trahison familiale lui laissait encore un goût amer, quand bien même tout cela était terminé... L'entraînement ne commençait qu'une trentaine de minutes plus tard, ainsi s'installa-t-elle au sol, en tailleur, laissant ses idées vagabonder.

<< Alyne, tu as perdu énormément de poids. Regarde ! On voit tes côtes, sans même que tu lèves tes bras. Tu dois consulter, va voir un médecin ! >> fit entendre un homme à la voix basse. Le Père Hellin venait de finir sa messe, et une tête à la chevelure bleutée l'intriguait: un air vaguement familier, mais un corps si décharné... Il avait écarquillé les yeux en se rendant qu'il ne s'agissait là que de son ancienne élève, Alyne. << Je sens en ta Lumière une chose trouble. C'est difficile à déterminer l'origine, mais je suis sûre que cela a un lien avec ton état actuel. Ma Lumière ne suffit même pas à te redonner de l'énergie: cette chose te tue à petit feu ! >> gronda-t-il en fronçant ses épais sourcils broussailleux. Son port altier, il ne perdait aucune once de charisme malgré son âge. La Prêtresse n'osait répondre: elle n'en avait de toute façon pas la force. Le souffle lent, sifflant, la femme avait du mal à rester debout. Et pourtant, elle accélérait la dégradation de son état en portant l'armure bleue tous les jours. Lorsqu'on lui disait de prendre du repos, elle clamait haut et fort: << Si je ne peux pas faire face à une maladie, je ne peux pas faire face aux citoyens récalcitrants ! Je vais bien ! >> puis tournait le dos. Elle mettait évidemment les formes si c'était un supérieur hiérarchique qui lui disait cela... Il était vrai qu'Alyne sentait quelque chose de perturbant en son for intérieur. Sa magie répondait difficilement, et s'en épuisée de plus en plus rapidement: à ce jour, un simple soin pour fermer une petite coupure l'épuisait. Bennett tentait de rester la tête haute, mais l'évidence était là: un problème, et de poids, écrasait ses épaules. Leyra Finegann, Sergent du Guet Urbain, fut bien la première à se rendre compte que quelque chose clochait. Sûrement pensait-elle, au début, qu'Alyne était devenue anorexique, ou qu'un ver solitaire lui faisait perdre l'appétit... Une solution logique, plausible, somme toute ! Jusqu'à voir le derrière du crâne de l'Aumônier de la Garde: une mèche blanche prenait place dans la chevelure, tant bien que mal dissimulée. Et le lendemain, une deuxième mèche prenait place. D'autant plus que le Garde Thorwel Lewer, ayant des bases en Lumière, avait lui même ressenti ce trouble dans l'aura de la jeune femme. Nier davantage était inutile, et Alyne le savait... Et savait également qui était le – peut-être – coupable de sa décrépitude.

<< Connaissez-vous quelqu'un qui vous souhaite du mal, Alyne ? >> questionna Finegan, le ton sévère. Non pas sévère pour punir Alyne, mais d'inquiétude.
<< Non, je l'ignore Sergent... Je passe mon temps à la caserne: un citoyen mécontent d'avoir été appréhendé, peut-être ? >> tenta la Prêtresse, mais en vain. Le Sergent fixait Alyne, dubitative. Mentait-elle ? C'est alors que le chevalier se décida à prendre la parole :
<< Alyne a assisté à un repas de famille, dernièrement. Suite à la mort de sa mère, précisément. Les oncles, tantes, cousins et cousines, ainsi que la grand-mère, s'y trouvaient. Alyne était contente en rentrant, sautillant partout car elle avait su répondre à son oncle – Ingus Bennett – et que celui-ci s'était décomposé devant sa rebellion >> précisa-t-il.
<< Comment il pourrait me rendre ainsi, hein ? >> marmonna la malade, posant sa tête sur le dossier de sa chaise.  Des sueurs froides saisissaient le corps amaigri, tandis que des pertes de connaissance menaçaient en permanence. Un chiffon, imbibé d'eau chaude se reposait sur son front, tandis qu'un plaid en laine recouvrait ses frêles épaules.
<< Tu sais très bien de quoi il est capable, Alyne >> fit tonner le chevalier. Leyra haussa un sourcil, en interrogeant ce dernier du regard.
<< Nous n'avons aucune preuve, mais nous soupçonnons l'oncle d'Alyne, Ingus, de manipuler les arts noirs. Il a été banni de la noblesse pour ces mêmes soupçons, et serait devenu de plus en plus aigri depuis ce jour >> confia l'homme, son regard d'acier planté dans celui de braise de Leyra.
<< C'est...C'est idiot ! Tu, je, tous les lumineux le sentiraient, si sa magie noire était active sur moi. Il ne peut pas la cacher >> tenta Alyne, mais d'une voix basse, molle. Un silence pesant commençait à s'installer, alors que des solutions tentaient d'être trouvées. Après une vingtaine de minutes, à dorloter la Prêtresse et en la réveillant si jamais elle osait fermer ses yeux, l'homme claqua des doigts.
<< Ton oncle est déjà allé en Strangleronce, n'est-ce pas ? Alyne opina du chef, faiblement Et il s'était sois-disant fait enlever par des trolls, et est comme par hasard le seul survivant de la troupe enlevée, non ? >> Dubitative, la Prêtresse acquiesca une nouvelle fois. Où voulait-il en venir ?
<< Lui avez-vous laissé un objet, Bennett ? >> interrogea le Sergent. Visiblement, cette dernière venait de comprendre le raisonnement du chevalier, tandis que le cerveau de la Prêtresse étant en mode "DESACTIVE".
<< Je... Je ne crois pas... Mh... Je crois y avoir laissé... Mon châle, crême oui...>> répondit Alyne, en chuchotant. Finegan et le chevalier s'échangèrent un regard, lourd de sens.
<< Alyne, ton oncle s'est initié aux arts des trolls, comme un idiot. Il ne peut pas contrôler un tel pouvoir, tout du moins dans le temps. Il le sait, et te le fait payer avant que son erreur ne le tue. J'ai déjà pu entendre parler des "poupées" vaudou >> termina l'homme, fronçant ses sourcils.

Il avait fallu une bonne trentaine de minutes pour que la Prêtresse reprenne ses émotions. Ingus Bennett, initié aux arts sombres des trolls ? Impossible ! Cela dépassait l'entendement. Et pourtant, devant le fait accompli, Alyne réfléchissait de plus en plus à cette hypothèse. Se relevant en se tenant à sa chaise, il avait été décidé qu'une seule personne était apte à déterminer la réalité des choses: Martha Bauregard. Ainsi, Finegan, Bennett et le chevalier prirent le chemin du quartier de la Vieille Ville, en vue de rencontrer la vieille mais talentueuse mage. Leyra fut la première à s'arrêter devant des escaliers, qui menaient... à un mur. Sourcils haussés, Alyne et l'homme s'échangèrent un regard.
<< Bauregard ? C'est le Sergent Finegan ! J'ai besoin de vous parler au plus vite ! >> cria la blonde cendrée, posant ses mains sur ses hanches. Vêtue de sa tenue rouge et noire, le Sergent imposait le respect. C'est alors qu'un picottement magique éveilla les sens de la Prêtresse: l'arcane s'activait derrière le mur, dans un vombrissement seul perceptible par les utilisateurs de la magie. Puis, une porte fit son apparition, s'ouvrant. Le majordome de Bauregard se tenait à l'encadrement de la porte. Le dos droit, le menton redressé, il posa ses yeux sur le Sergent:
<< Madame Bauregard n'est guère apte à reçevoir du monde pour le moment >> ajouta-t-il. Ainsi, Finegan expliqua la situation, en présentant Alyne du menton. Dubitatif, le majordome était prêt à refermer en s'excusant, lorsque la voix de Martha se fit entendre :
<< Ca ira, je m'en occupe ! >> lança-t-elle à son majordome, prenant sa place. La vieille femme demanda à Alyne de lui tendre sa main, après avoir aperçu sa chevelure tirant de plus en plus sur un blanc pur. La Prêtresse retira ses gants, dévoilant une chair à l'effet "cartonné" et brunâtre, preuve de brûlures anciennes. Ses doigts tremblaient nerveusement, ainsi que le reste de sa main. Ses ongles se coupaient en deux, tandis que des tâches un peu plus brunes prenaient place sur la peau. Martha Bauregard comprit alors immédiatement le problème. Sans plus tarder, elle fit entrer le trio, les invitant à aller prendre place dans la salle principale. Alyne se fit installer sur un siège douillet, tasse de thé et petits gâteaux faisant leur apparition sur la table de chevet. Pendant ce temps, Martha Bauregard faisait usage de sa magie, afin de comprendre ce qui rendait ainsi la Prêtresse. Posant ses doigts défraichis sur les tempes de la jeune femme, Martha fit plonger ses sens magiques. Durant de longues minutes, Bauregard continuait son processus. Alyne, étrangement, se sentait dépérir de plus en plus rapidement. Enfin, la mage retira ses mains, et se tourna vers les deux autres protagonistes:
<< Un homme, la cinquantaine d'année si ce n'est plus. La barbe blanche, le corps frêle, le sourire vicieux. C'était assez flou, mais c'est ce que j'ai pu voir. Il est coupable de son état >> clama Bauregard. Le chevalier pris alors la parole, confiant qu'il s'agissait bel et bien là d'Ingus Bennett. C'est alors qu'Alyne se sentit défaillir davantage. Tout se mettait à tourner autour d'elle, tandis que des crampes abominables lui vrillaient l'estomac. Blémissant à vue d'oeil, la Prêtresse s'effondra sur le côté dans un bruit sourd, tasse de thé se brisant au sol.
<< Vite ! Vous devez le trouver et l'arrêter ! Il puise son énergie vitale, s'en nourrit, il va la tuer ! >> lança froidement Martha, soutenant difficilement la Prêtresse. L'installant au milieu de la place, le chevalier et le Sergent s'en allèrent quant à eux en Elwynn, là où se trouvait la demeure "hantée" d'Ingus. Pendant le temps du voyage, la Vieille Mage tentait d'affronter la chose qui tourmentait Alyne, en se plongeant dans son esprit. Dans son subconscient, Martha se fit brutalement bousculer par une forme féminine, mais fantomatique, rire en écho se faisant entendre. Cette même forme qui avait tourmenté Ingus, et qui continuait à le tourmenter lorsqu'il osait se rendre à son sous-sol. Martha Bauregard comprit alors rapidement: Ingus Bennett avait terminé par se laisser manipuler par ce spectre. Grâce au châle de la Prêtresse; grâce aux techniques des trolls, il avait réussi à lier le fantôme à Alyne... Il y avait, selon Martha, un soupçon de nécromancie derrière tout cela: remplacer Alyne en lieu et place du fantôme.

<< Je vois une lumière rougeâtre dans le sous-sol >> souffla Leyra dans son communicateur. Le chevalier, éloignait d'elle, répondit par un "reçu".
<< Il faut l'arrêter au plus vite, Martha nous dit qu'Alyne ne respire plus ! >> poursuivit le Sergent. Alors, à deux, ils enfoncèrent la porte en bois massif de la demeure, qui tomba dans un son lourd, la poussière d'un sol non lavé depuis belle lurette s'élevant dans les airs. Toussant face aux nuages, le chevalier tendit son épée vers la porte du sous-sol, qui était entrouverte. Sans même attendre l'ordre du Sergent Finegan, il y fonça en déboulant les escaliers, faisant rapidement face au bureau inquiétant de l'Oncle Bennett. Leyra, quant à elle, avait chargé son fusil, se tenant en retrait après l'avoir rejoint. Ingus Bennett se tenait devant une table, une poupée devant lui. Le châle d'Alyne enroulait ladite poupée, tandis qu'un spectre féminin voletait autour de l'homme. Ce qui fut impressionnant est le rythme par lequel l'homme reprenait de la force. Main portée au dessus de ladite poupée, un lien verdâtre lié le jouet maléfique au vieillard: il aspirait l'énergie vital de la Prêtresse.
<< Tes invités sont là, mon amour >> ricana le fantôme. Ingus, saisissant sa dague, la planta dans la cuisse de la poupée: au même moment, via communicateur, se fit entendre Bauregard qui paniquait, perte de sang conséquente en cours chez Alyne.
<< Tu vas crever, raclure ! >> hurla le chevalier, sa main vibrant d'une Lumière vindicative. A peine a-t-il eu le temps de finir d'incanter, que le démoniste projetait un éclair rouge vif vers lui: il eût le temps de se projeter au sol, souffle coupé sous le poids de l'armure et du choc. Le même sort fut tenté, mais cette fois sur Leyra, qui évita agilement. Retenant son souffle, posant la crosse du fusil à son épaule, le Sergent plissa un oeil. Visant Ingus, le fusil émetta un son vif, alors que la balle perça la cuisse d'Ingus. Sous la douleur et l'accoup, ce dernier relâcha la poupée au sol. Le fantôme, éprit d'une colère noir, tenta tant bien que mal à se dégager du lien qui le tenait bloqué à la Prêtresse, mais en vain. Alors qu'Ingus était occupé à tenter de récupérer la poupée, le chevalier se releva lourdement. Agrippant fermement sa claymore, il vint frapper violemment le visage de l'homme avec, en lui tranchant la mâchoire. Le sang gicla avec vivacité, tandis qu'un hurlement de douleur étouffé par le sang s'échappa dans tout Elwynn. Eclair de Lumière en main, ce dernier fusa rapidement sur le grimoire qui trônait sur la table, le faisant prendre feu dans un crépitement inquiétant... Inquiétant car au même moment, les fondations de la demeure tremblaient, pierres du plafond retombant lourdement au sol en s'écrasant et se brisant en milles morceaux.
<< On le ramène à la caserne, pour l'interroger ! >> hurla Leyra. Le fantôme, quant à lui, avait disparu au même moment où le grimoire avait pris feu, comme si sa présence en était liée. Alors qu'il s'apprêtait à agripper les bras de l'homme pour le porter, l'homme ne pu qu'attraper du vide: au sol ne restait qu'une bure grise, tâchée de sang, tandis que des cendres remplaçaient le corps d'Ingus. Grognant lourdement, Leyra ne semblant pas comprendre non plus un tel événement, les deux s'en retournèrent. Prenant tous deux la fuite, l'un plus lent que l'autre du fait de son armure en plaque, ils réussirent néanmoins à sortir indemne de la demeure. Alors qu'ils posaient leur dernier pied dans l'herbe fraîche par la nuit d'Elwynn, la demeure s'écroula dans un tremblement lent, oiseaux s'envolant des arbres en ayant peur pour leur vie paisible.

Alyne respirait à nouveau. Elle avait cessé de le faire pendant une bonne minute, l'âme se rendant suite à la torture subit. La blessure à la cuisse avait été compressée tant bien que mal par Martha, tandis que le fantôme avait subitement disparu de son esprit. Tout était fini: Alyne était en vie après un massage cardiaque, bien qu'en piteux état.


Le Caporal ouvrit ses yeux, faisant face à ses formes devant le miroir. Esquissant un sourire, elle se tourna vers son armure de Garde de Hurlevent, l'observant intensément. Elle aimait son travail, et ne le rendrait pour rien au monde, pas même face à la mort.

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