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Les délires d'un pauvre type

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Les délires d'un pauvre type Empty Les délires d'un pauvre type

Message par Finn Lampard Lun 9 Avr 2018 - 23:01



Seul.

A quel moment me suis-je retrouvé si seul ? Avec ces murs délabrés pour seule compagnie. Populaire, je l'étais. Beau ? J'ai eu ma période. Une vie paisible, oui et non. Mais avant tout. Avant tout j'ai eu l'être aimé, qui accompagnait chacune de mes décisions stupides. Stupide ? Complètement à la masse, même. Me voilant derrière des côtés bourrus et méchants. Non, la vérité est loin. Bien loin.

Dans un effort inhumain j'arrache ma carcasse du siège. Les jambes me font mal. Mon corps devenu si disgracieux et laid me fait mal. Renversant quelques cadavres de bouteilles, je titube vers la porte d'entrée. Un grincement et l'air frais frappe mon visage rendu joufflu et rougi par les méfaits de l'alcool. Alcool. Oui, j'ai besoin de sentir mon corps brûler, de sentir la douleur qu'il offre à mes tripes. Pour oublier. Oublier à quel point je suis seul.

Je dois faire peine à voir. Mais j'en ai plus rien à foutre. Ce quartier pourri, il me fait gerber. L'odeur de souffre, mélangée à celle de la pisse. Il n'y a pas pire coin que le Quartier des Nains. La taverne. Vite. Je peux encore arrêter de penser, cesser ce flot de pensées abjectes. J’aperçois le propriétaire sur le pas de la porte. Merde.

"- Ah. Caporal."

Rah. Si vous pouviez seulement sentir tout le mépris qui dégouline de ce petit homme. Qu'a t'il de mieux que moi ? Sa journée se résume à servir des pauvres gus... Comme moi. Dans cette ville... La Capitale Blanche, qu'ils l'appellent. Laissez-moi rire. Passez la barrière de tous ces beaux gosses lisses et leurs grognasses lubriques. Tombez le masque des hypocrites et venez vous enfoncer. Enfoncez vous dans les ruelles sombres, là où on ne voit que misère et désolation. Le tout camouflé par des jolis Paladins complètement jetés du parvis. Tu parles. "Caporal". Caporal mon cul, oui. Guet Royal. Je suis qu'un pauvre planqué qui a voulu fuir, rien de plus.

Bordel, je recommence. Il me faut cette bouteille pour arrêter de penser. Il me la faut.

"- Lester. Vous pouvez bien aller me chercher un peu de whisky. N'est-ce pas ?"

Ma voix n'est qu'une plainte. J'ai limite l'impression de le supplier. Supplier un pauvre type comme lui. Tout ça pour... Faire taire cette putain de voix.

"- Allons Caporal... Je rentre là. Ma femme et les enfants dorment déjà... Je ne peux pas..."

Il me montre son gros cadenas à la con et les serrures. C'est bien, je sens un peu de crainte dans sa voix, c'est que je suis pas si fini que ça.

"- Et honnêtement, vous ne devriez pas... Ca...poral."

Pour qui il se prend. Pour qui, putain de merde, il se prend ? Un pas lourd, non assuré m'emmène jusqu'au vieux proprio. Alors que je vais pour le saisir au col, j'entends ce bruit si familier d'un chien qui s'arme. Et une voix dans mon dos, que je ne connais que trop bien également. Elvir. Le gorille qu'il a engagé pour éviter que des miséreux comme moi ne fassent de l'esbroufe. Ce type est un monstre.

"- Tu ferais mieux de te barrer, gros-lard."

Pas le choix. Je n'ai plus qu'à ravaler le semblant de fierté qui me reste et de me casser. Je découvre mes dents jaunies dans un sourire mauvais et tire ma révérence sans un mot de plus. Sans mon remède, j'erre. Je vais et je viens entre les ruelles, fuyant la désolation qui me ronge. Je pensais qu'un nouveau départ à Hurlevent me ferait du bien. Me ferait oublier la perte de Gale. Mais non, encore une fois, j'ai été trop con. S'il eût un temps où j'étais heureux en faisant mon travail, celui-ci est révolu. Quelques enquêtes intéressantes ont réussi à me passionner. Quelques liens d'amitié m'ont permis de tenir le coup. Commencer à remonter la pente. Mais aujourd'hui, je ne suis entouré que par une bande d'hypocrites lubriques, qui ne pensent qu'à monter en grade pour la plupart... Je suis fatigué d'observer leurs sales gueules de loin, du haut de ma rampe, les rares fois où je quitte le placard qui me sert de bureau. L'ambiance même de cette ville me fait penser à une grande pomme. Pétillante et rouge aux premiers abords. Rongée par les vers et brunie en son intérieur.

Tais-toi. Par pitié, ferme-la. En quoi suis-je différent d'eux tous. Je suis le même déchet, le même ver qui ne pense qu'à se gaver. De profiter des autres. Je suis même pire. Faiblard et menteur. Ambitieux, derrière mon air détaché. J'ai tout foutu en l'air. Et maintenant je lambine en me lamentant sur mon sort ? "Bouhou, je suis seul."

Un craquement. Trop tard, gros-tas. Le temps de me retourner, un petit con m'arrache la bourse et prend la fuite. C'est pas aujourd'hui que je serais capable de le rattraper. Un mouvement faussement vif et... Je glisse sur une bouteille vide. La mienne, qui sait ? J'ai laissé tellement de déchets et de choses inachevées derrière moi, que ça serait bien possible. J'étais prêt à embrasser les pavés, pour aller corriger ce petit merdeux ensuite, seulement, au lieu de la pierre, voilà que je sens la flotte glaciale. Puis la douleur vive au niveau du crâne. Bats des bras, vite. Remonte, abruti. Le courant me cogne lourdement contre les grilles des canalisations et je crie. Un cri sans résonance, perdu dans les méandres de la nuit, me faisant seulement avaler le goût fétide de l'eau des canaux. Tant de choses inachevées, oui... Je force sur le débris qui me sert de corps. Mais rien n'y fait. Me battre, encore et encore, non. Je suis coincé contre cette foutue grille. Non. Non ! Je ne veux pas ! Hors de question. Ça me vrille les tempes, la rage m'aveugle dans cette eau déjà trop trouble. L'instinct de survie me pousse à chercher l'air puant que je ne trouve pas. Je ne trouve... Pas...

Soudain. La résignation. Encore toi. Toi et ta fichue voix. Une mort ridicule, pour un type ridicule. Je n'ai pas besoin de me battre. Non, pourquoi ? Pourquoi, je te le demande. Et puis... Ce froid me paraît si réconfortant au final. Le noir a pris le pas sur toutes mes couleurs...

Seul...

A quel moment je me suis-je retrouvé si... Seul...

Finn Lampard
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