Colosse de marbre et d'acier.
Page 2 sur 2
Page 2 sur 2 • 1, 2
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Fureur et Tempérance
Le clapotis de la marée montante résonnait comme un orchestre de tambours, de cuivre et d’harmonies étranges. Sur toute la longueur de la berge, les galets roulaient sur eux même, ballotés, sans prises et sans accroches.
Comme les hommes.
Cette image étrange, s’il en est, fit sourire Valerian. A moitié allongé dans le sable, nu, débarrassé de sa lourde armure de guerre, c’était la une vision bien singulière. Plus encore aux yeux de ceux qui le connaissait, et donc qui savait, que même durant son sommeil il ne quittait pas cette seconde peau d’acier, comme une partie de lui-même. Plus encore, même, puisque que les deux années à bord du brise ciel, sans jamais de nuit complète, toujours prêt à monter sur le pont, avait développé en lui l’habitude de dormir avec ses jambières et sa pansiere de plaque.
Non loin de lui, tout de même, la batarde d’acier si semblable à son maître, couchée au sol, comme dans un repos amplement mérité. Son fil aiguisé reflétait les quelques rayons du soleil déclinant, comme une ultime bravade, dernière passe d’arme vaine, plus par fierté qu’autre chose. Au loin derrière ce paysage, les remparts blancs de Stormwind apparaissaient tel un mirage, à l’orée des songes.
Une longue inspiration, sentir l’air chargé des sels marins et du sang frais, déclenchant une explosion d’arômes et de saveurs, une cacophonie de sons stridents et sourds, une cascade furieuse d’image aveuglante. Un frisson monta le long de l’échine du guerrier, ses mains se crispant presque par instinct sur la poignée de l’arme hors de porté, laissant ses doigts plonger dans le sable humide. Après de longues minutes à savourer les tremblements imperceptible de son corps repu mais toujours furieux, il rouvrit doucement les yeux, et porta son regard ardent sur le corps pâle de l’Augur. Alors que ses yeux d’un gris semblable à celui du fer de son épée parcouraient avec délice les marques de fouets et autres châtiments et blessures sur les épaules, la nuque, et le dos de la femme, il sentit au plus profond de lui ce brasier à peine éteint quelques minutes auparavant se ranimer d’une flamme nouvelle.
La fille de Lordaeron se trouvait à genou au bord de l’eau, portant ses mains en coupe à son visage, pour rincer son visage maculé du sang mêlé des Wrynn et des Menethil. Dans cette position, on eut cru qu’elle priait, prostrée avec humilité, ses vêtements éparpillés sur la berge ne lui laissant que ses cheveux en cascade pour couvrir ses frêles épaules marquée par la fureur du - non, des - duels.
Le Colosse de la Marche se dressa sur ses genoux, et lentement, implacable, inexorable, s’avança doucement, dans un silence tout relatif vers l’Augur. Qu’elle l’ai entendu ou non, elle ne bougea pas, effigie immobile d’un autre âge, le corps tendu et le souffle rapide. Ce ne fut que quand Valerian glissa ses doigts sur les cicatrices, zébrures sombres sur la peau de satin, qu’elle frissonna, et porta la main à la garde imaginaire de son arme, elle aussi couchée plus loin. Le guerrier d’Azeroth se colla contre elle, ses bras puissants enlaçant la taille de la Croisée de Lumière, dans un geste étrange mélangeant tendresse et possession, une mélodie sur les lèvres. Par instinct, ou pour autre chose, elle posa sa main pâle sur l’avant-bras qui l’enserrait, comme pour se convaincre de sa réalité.
Ainsi, intrigant tableau que ce Lion et ce Rapace ainsi ancrés, ce à quoi l’image la plus proche étant celle du Noble Griffon, hybride majestueux et terrifiant, dont les ailes imposantes s’étendent dans les courants chaud du nord pour le porter par-delà les nuages.
Ils restèrent ainsi de longues minutes, plus peut être, leur respiration couverte par les bruits marins et les plaies ouvertes de leurs visages et de leurs gorges laissant couler de fins filets de sang sur le sable, comme une mesure étrange d’un temps s’écoulant au ralentit.
Ainsi, sans bouger, l’esprit de Valerian se prit à s’élever, chose qu’il répugnait normalement, mais comme naturel en cet instants, cherchant peut être, malgré lui, à comprendre pourquoi donc le Lion se complaisait ainsi, portant lui-même son visage sous les serres de l’Augur, en laissant ses crocs sur sa gorge offerte, mais sans ouvrir ses chairs et répandre son sang acre sur le sol poussiéreux.
Et d’entendre la voix, ce sombre murmure, tapis dans les méandres de son esprit, empreint du goût acide des glaces gelées du nord, cette voix qui susurre aux égarés et à ceux qui errent par-delà les flammes vacillantes des phares solitaires.
Elle l’a vue…C’est une évidence…elle l’a vue, et l’a sentie dans ses chairs et dans son âme…cette chose qu’ils craignent et que tu cultive, inlassable et omniprésente, sans jamais transparaitre…Elle a posé son regard sur les portes scellées qui la couve, mais là ou d’autres la contemplèrent avec effroi ou dégout, elle, elle brisa les chaines de bronze, et en libéra cette vertu et ce vice… De tous ceux qui chaque jour en hument les relents, mélangent de curiosité et d’intrigue, quand à cette chose que tu portes comme une valeur et une force, mais que tu sais être tout autant être la faux acerbe qui te fera chuter… ce fut elle, cette Augur hautaine et arrogante, cette peste fanatique sans aucune Foi sinon celle de sa propre image…qui l’exalta, qui osa – courage ou folie – se saisir de cette chape de plomb et la jeter au sol, pour se dresser, fière et seule, face au cœur grondant du fils de Carmelian Nasgard..
Et alors qu’elle la vit transparaitre sur ton visage, et qu’indubitablement, la confiance aveugle fit place au doute, puis à la peur, la simple peur d’être mise à mort… elle agrippa de toutes ces forces cette pierre embrasée dont seule les formes se laissent deviner sur le masque impassible du quotidien, et elle s’y accrocha comme si sa vie en dépendait, ce qui était le cas, pour ne pas chuter et sombrer dans les limbes obscures de l’oubli. Et pour cela, c’est plus du respect que tu lui porte, plus que ces liens faibles et sans saveur, que cette plate convention que sont les normes imposées.
…Ce ne fut non pas ton âme, guerrier de la marche, qu’elle contempla…
…Mais ta Fureur…
Reprenant une grande goulée d’air, comme après une apnée, le lieutenant frissonna et enlaça plus avant l’Augur. Intriguée, elle tourna son visage marqué vers lui, plongeant son regard vers lui. Elle se mordit doucement les lèvres, portant sa main sur la joue du guerrier, dans un geste tendre, sans qu’elle parvienne à parler, car malgré ce lien, malgré ces doutes qui la tiraillait sur elle, sur lui, sur ce que cela impliquait, elle restait Perod l’arrogante, Perod la forte, Perod….
Il se pencha vers elle pour l’embrasser, puis descendit à son cou, mordant sa gorge offerte, alors qu’elle ronronnait doucement, se cambrant lentement, fermant les yeux. Valerian la porta contre lui et l’allongea dans l’herbe, chassant de son esprit ses pensées, car tout deux n’étaient pas de ces êtres qui élèvent les mots fades et sans saveur tout en laissant la place au doute et à la faiblesse, non, ils étaient des brasiers, des flammes ardentes qui consumaient ce qu’elles ne pouvaient soumettre.
Tempérance, oui.
Mais bien plus encore.
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Nous sommes Son sang
La ruelle qu’on nommait communément « La descente des fous », du fait de l’ancien hospice d’aliéné qui y faisait place avant la Chute –et dont le nom était resté, symbole de mémoire- était bondée. Il est bon de préciser, qu’a cette heure du jour, quand le soleil décline au delà des toits de la cité au Lion, que les commerçants ferment boutique, que les soldats et les marins de tout horizon viennent dilapider leur solde dans les bras des filles des bas quartiers, les masquent tombaient, et un autre visage de Stormwind se révélait. Bien loin du donjon et ses parures d’or et d’azur, hors de porté des pavés de la cathédrale et de ses murs immaculés, se réveillait lentement cette vie de nuit, comme un être étrange, sommeillant parmi les landes et prenant lentement vie, par à-coup. Petits frappes, canailles en tout genre, prostitué de la première heure, marchand douteux, toute la fange et la misère de la plus grande agglomération des trois continents se retrouvait dans les rues couverte de purins et de vomit plus ou moins frais. Dans les ruelles les plus sombres, les filles de Robertha faisait leur travail à la va-vite, pour les clients pressés, tandis que certains citoyen trop richement vêtu, ou trop téméraire, se faisaient détrousser à l’abri des regards.
Discret au mieux, ce qui est peu, le Colosse fendait lentement la foule, portant sur ses épaules et son visage une lourde cape bordeaux, qui dissimulait ses traits aux yeux des quelques passant faisant preuve d’interrogation quand à ce géant qui avançait d’un pas sûr, sans pour autant bousculer les pétions. L’immense guerrier marcha pendant vingt bonnes minute, s’attardant auprès d’un vieillard courbé et échangeant quelques propos à voix basse avant de lui remettre une petite bourse alors que l’ancêtre le gratifiait d’un sourire édenté. Reprenant sa route, il ne réagit pas aux appels des catins qui roucoulaient et faisaient part de leurs charmes pour attirer ce client potentiel, et ses traits obscurcit par sa capuche ne révélaient aucune attention du fils de Westfall. A un moment, un vide-poche tenta même de subtiliser la dague du guerrier, prétextant une fausse collision et multiples excuses pour faire passer la pilule, mais hélas, alors qu’il percuta Valerian, celui-ci agrippa d’une main ganté le poignet du voleur à la tire, et d’un mouvement sec brisa l’os du malandrin, avant de le jeter de bas-côté, sans même s’arrêter ou porter un regard sur le pauvre homme qui hurlait sa douleur dans l’ignorance la plus totale de la part des passants.
Finalement, et après ces quelques péripéties presque banale dans ce bas-quartier qui défigurait Stormwind tel une pustule grossier en plein visage, mais qui pourtant faisait partie d’elle, dilemme connu et reconnu par ses habitants, qui sans le désavouer ou s’en réjouir, l’acceptait tout simplement. Le soldat de Westfall s’arrêta donc devant un bâtiment à la façade en piteux état, aux volets clos et à la porte basse visiblement fermée. Malgré cela, il s’en approcha – il était d’ailleurs l’un des seuls à le faire, comme si les passants faisaient en sorte de ne pas approcher du bâtiment, par un magnétisme opposé- et leva le bras, frappant deux coup sec, puis trois coups rapides. Quelques instants s’écoulèrent, puis un cliquetis, et dans un grincement sourd, la porte s’ouvrit vers l’intérieur. Sans attendre, Valerian se baissa, et pénétra dans la pénombre du bâtiment, alors que derrière lui se refermait la porte en chêne dans un claquement sourd ; comme ordonnance et mise en garde à l’égard des quelques badauds qui osaient de temps à autre porter le regard sur la façade.
Le colosse détacha sa cape et la jeta d’un geste négligeant sur un meuble bas, à sa droite, sans même jeter un regard, comme s’il connaissait par cœur la disposition de la pièce.
D’ailleurs, c’était le cas. Et rien n’avait changé depuis sa dernière venue, trois semaines auparavant. La même table en frêne en son centre, les mêmes tabourets à trois pieds, bancals bien sûr, le comptoir en ruine au fond de la pièce, et la porte conduisant à la cave sur la droite. L’homme qui avait ouvert la porte retourna s’asseoir, sans un regard vers Valerian. Il reprit place sur son tabouret, resservit un verre d’alcool et l’englouti cul sec, avant d’enfin se retourner vers le Colosse pour lui adresser un sourire en coin.
Ses long cheveux blonds, encadrant son visage juvénile aux traits fins et séducteurs, son eternel sourire immaculé mettant en valeur son regard bleu clair, et ce petit air d’être toujours à son aise, pan faisait sans cesse sa roue qu’il exhibait avec un talent rare. Portant des vêtements en soie et en lin dont la qualité laissait prévaloir qu’ils valaient presque autant que le bâtiment dans lequel ils se trouvaient, aux couleurs vives, et gracieusement mis en avant. Il se prit à faire un clin d’œil au Garde, sachant pertinemment à quel point ses petits jeux exaspérait le fils de Carmelian Nasgard.
-Bonjour Val’, toujours aussi charmant. Lui lança-t-il d’un air amusé.
En réponse, un grognement, accompagné d’un vague :
-Yvain. Toujours aussi détestable.
Et au jeune homme à la chevelure d’or de sourire plus encore, séducteur, plus amusé encore. Valerian ne parvenait pas à savoir si son air suffisant lui venait de ses dizaines d’amantes, et d’amants –centaine d’après Méléagant- un peu partout dans la cité et le royaume, ou si à l’inverse, ses conquêtes si nombreuses que les énumérer reviendrait à compter les grains de sable de Tanaris à la main, lui avait donné cette confiance en lui, cette volonté de séduire encore et toujours, arborant son visage et son corps finement taillé, presque féminin, comme une arme de chair à laquelle peu résistait. Des filles de joie des bas quartiers, jusqu’aux femmes des conseillers royaux, en passant par les sœurs, frères, mères, pères, filles et fils de chaque catégorie des sujets du Roy, aucune strate n’était exempt de ses charmes, et au creux des reins ou dans les baisers, hommes et femmes se perdaient et se donnaient à lui.
A sa droite, un homme plus vieux, proche d’une cinquantaine d’année visiblement. A l’inverse d’Yvain, rien de séduisant chez lui. Un air bourru, des cheveux en bataille, mal entretenus, des vêtements en cuir grossier. Tout chez cet homme montrait le manque de propre sur lui et l’indifférence à l’image qu’il montrait à son entourage. Malgré cela, ses yeux verts luisaient d’une lueur attentive, toujours en mouvement, comme s’il était constamment perdu dans ses pensées. Le plus discret des quatre, mais le plus sage, le plus réfléchis et tempéré. Leur père, si ce n’est de sang, alors d’âme. Malgré cela, il sourit au Colosse ; un sourire franc et sincère, se levant même pour lui tendre son avant bras, détaillant en quelques instants le Garde.
-Valerian. Fidèle à toi-même. Comment va notre bien beau régiment urbain ?
Sans répondre à la gentille boutade, le guerrier prit l’avant bras de l’homme et le serra vigoureusement, en un salut martial millénaire, un sourire se dessinant malgré lui sur son propre visage.
Enfin, le dernier homme, assez bien bâtit, bien que ne rivalisant pas avec la carrure du fils de la marche, se leva et s’avança pour saluer à la même manière. Portant des vêtements simple, une paire de botte en cuir, un pantalon et une chemise à manche courte en tissu gris, dévoilant ses bras musclés et totalement imberbe ou s’entrelaçaient des tatouages aux formes complexe et étrange pour le néophyte. Morwen, puis ce que c’était son nom, était de ces hommes qu’on peu côtoyer dix années durant, sans pour autant le connaître plus qu’un simple passant dans la rue. Son visage, bien que banal, intriguait par son absence total de pilosité, et de traces ou marques quelqu’on que. On aurait dit au premier abord qu’il portait sur lui un masque de cire, seul ses deux yeux constamment à l’affut donnait à l’expression de l’homme un semblant de vie. Il salua Valerian sans un mot, simplement souriant, ce à quoi le guerrier de Westfall lui rendit son sourire, avant de prendre place sur le quatrième tabouret, et se faisant servir un verre d’alcool de houblon. Il prit le temps de savourer le feu qui coulait dans sa gorge, fermant même les yeux, avant de claquer sa langue contre son palet, et de soupirer d’être enfin confortablement, ou presque, installé.
Les trois autres l’observait, patients, savourant eux même leur propre verre. On eu reconnu la, que même sans paroles échangées, de nombreuses choses se disaient, ou non, gage d’un groupe d’ami, de frère, et bien plus encore, se retrouvant dans une harmonie et une satisfaction simple. Le premier à briser ce faux silence fut Yvain, bien entendu, son eternel sourire narquois sur le visage.
-Garde ou crève ?
Sans répondre tout de suite, Valerian se servit un autre verre, le tourna entre ses mains, passant sa langue sur ses lèvres, avant de s’énoncer.
-Garde ou Crève. Et vu que je suis encore en vie….
-Les amis de la Runique n’ont toujours pas réussi ? Ces tue-honneur sont décidément…décevant… Intervint Méléagant, grimaçant légèrement, avant de soupirer.
-La jeune Barov les tients en respect. Répondit le colosse.
Yvain souri plus largement, et intervint sur un ton narquois.
-Par contrainte ? Par obligation, ou par regret de n’avoir pas eu suffisamment de toi…bien qu'elle en a déjà eu beaucoup...trop peut être ?….
-Ferme la… lui lança sèchement le guerrier de Westfall, avant d’éclater de rire, rejoint par les trois autres comparses.
Après plusieurs instants, tandis que se calmaient les éclats de rire, il continua tout en refaisant sa natte.
-Qu’ils viennent encore, et encore. A chaque geste de leur part, ils me…ils nous donnent raison. Et quand aux autres, amateurs des six-coups…Tsah… Aucune volonté. A peine le sang coule, qu’ils se terrent sous les pierres. Ou es donc la force d’âme ?
-Tu te pose vraiment la question ? Lui sourit Méléagant.
-Non…c’est vrai… Et le sourire de Valerian revint, lentement, le laissant un instant pensif.
Morwen passa ses ongles sur les entrelats tatoutés sur son poignet, et enchaina :
-Et l’Augur ?
Les poings de Valerian se crispèrent légèrement, d’eux même, et le crissement d’acier n’échappa pas à Yvain, qui se prit à sourire de plus belle, mélange immonde d’arrogance et d’hypocrite, saveur qu’il maitrisait à la perfection.
Valerian inspira une fois, puis deux, et répondit d’une voix neutre, implacable, sans laisser la place au doute sur ses paroles.
-L’Augur est à moi. Je veille sur ses actes avec plus d’assiduité que tous. C’est ma lame qui ouvrira ses chairs…
-Pour ce qui est d’ouvrir ses chairs et t'y repaître, nous avons confiance…. Dit Yvain, d’un ton mielleux. Mais…pour ce qui est de faire ce qui est juste ?
Valerian plissa les yeux, puis afficha un large sourire, passant sa langue sur sa lèvre ouverte.
-Oses tu douter de ma…conviction d’agir pour notre Roy ?
La phrase fit l’effet d’une brise glaciale. Le jeune homme blond perdit son sourire assuré, et les deux autres se crispèrent légèrement.
-Non. Je n’en doute pas, sinon je te tuerais.
Les rôles désormais inversés, Valerian souriant légèrement, amusé, sûr de lui, et Yvain grimaçant, presque colérique de s’être ainsi laisser avoir par le jeu de la rhétorique.
Méléagant, le sage comme il était appelé dans une autre époque, lointaine, qui aujourd’hui était enseignée dans les livres d’histoire, croisa les mains sur la table, et parla d’une voix claire, presque douce, cherchant à apaiser ses deux frères de sang.
-Nul ici ne doute d’un autre. Notre détermination, à l’image de l’égide de Lothar, ne souffre aucune trace, aucune rayure ou marque. Notre inflexibilité est certaine, et celui qui la remet en cause doit ici et maintenant appeler de ses vœux la mort.
Il laissa le silence qui suivi confirmer ses paroles, avant de reprendre.
-Nous ne sommes pas la pour bâtir d’autres barrières. Mais pour rappeler à ceux qui l’oublient, ce qu’est Hurlevent, ce qu’est le Royaume d’Azeroth, et surtout, qui est Wrynn. En l’occurrence, assez de vos chamailleries, et faites ce qui doit être fait. Morwen, retourne à Âtreval. Ne cesse le contact sous aucun prétexte. Yvain, retourne à Theramore. Et trouve ce maudit nain, quel qu'en soit le prix, compris ? Quand à toi, Valerian, œuvre pour notre Monarque au sein de la Garde Urbaine, quoi qu’il t’en coûte…et quoi qu’il en coûte à ton rapace.
Les trois autres hochèrent la tête, les mots de Méléagant embrasant en leur cœur la flamme commune qu’ils partageaient, la passion et l’ardeur, qui embrase les hommes, pour les exalter par delà leur simple être.
-Pour le Roy
-Pour Wrynn
-Pour notre Monarque
-Pour notre Souverain
Ils levèrent leurs verres, et les vidèrent d’un trait, pour appuyer l’hommage.
Valerian se pinça les lèvres, et parla d’une voix calme, apaisé.
-Et toi ? Tu as eu le temps de…voir pour ce dont je t’ai parlé ?
Méléagant le fixa, hocha la tête avant de répondre, aussi apaisé.
-Oui. Elle travaillait à l’orphelinat, pieuse, madame tout le monde…en apparence. Futile masque, cachant un zélote.
-Zélote ? Croisée ?
Méléagant secoua la tête.
-Non, Stormwind. Je creuse la piste des lames de Benedictus, même si je doute, au vu du peu de protection des indices. Je te tiens au courant…comme promis.
Valerian hocha légèrement la tête, notant mentalement, avant de se resservir un autre verre. Ses pensés s’égarèrent quelques instants, avant de reprendre, légèrement, comme une anecdote.
-L’arathienne relève le défis. Mais pas de mort. Chair et sang, mais pas de cadavre dans le canal.
Méléagant sourit, et fit un clin d’œil à Morwen, qui sourit à son tour, plus par mimétisme qu’autre chose.
Les quatre comparses restèrent ainsi, une bonne partie de la nuit, buvant et discutant à voix basse, à la lueur de la bougie, évoquant les dernières nouvelles, des fronts, de la vie de la cité, des actes futiles ou non, des chairs des femmes désirées, du sang des hommes attendus. Du froid d’Icecrown, dont le feu bleu manquait à l’esprit et au corps. Des hurlements des mourants, et des gémissements des amantes. Du fer mordant, des marques du fouet. Des collines verdoyantes, et des villages en cendres. De la guerre, bien sûr, mais aussi du fils de Varian. Des inquiétudes, car c’est bien le seul sujet sur lequel elles sont acceptables, et des convictions. Morwen évoqua les vapeurs verdâtres qui défiguraient les forêts du nord, et Yvain les odeurs nauséabondes du marécage d’Âprefange au petit matin. Méléagant, silencieux comme toujours, se contenta d’écouter et de donner de tant à autre son avis toujours éclairé. Et Valerian, le Garde, le fils de la Marche, leur conta les anecdotes d’une caserne qui faisait aujourd’hui autant partie de lui que lui d’elle, comme une relation fusionnelle, lui rappelant avec amusement la chaumière de son enfance. Les visages, certains toujours semblables, d’autres changeant. Ceux qui venaient, et qui partaient. Ceux qui portaient des masque, et ceux qui devrait penser à le dissimuler de temps à autre. Les téméraires, et les hésitants. Les Tempérés et les ardents. Du bal de Theramore, de l’amusement que cela lui procurait. De la Comtesse de rien, des promesses de guerre. Il leur parla aussi des Rochenoires, et du goût de leur sang. De la fange de Faol, qui s’affichait avec arrogance, et qui ne portait sur leurs épaules que honte et opprobre. De l’Augur, encore, toujours l’Augur. Son sang, poison délicieux. Mais avant tout, leur sang mêlé. Dans la haine et la violence. Par la lame et la chair. Ces regards entendus, ces défis constant, cette volonté de toujours, plus loin, plus fort. Ces nuits torrides sans fin et sans début. Repousser les limites du corps et de l’esprit.
S’exalter.
Et tandis qu’au dehors, les bonnes gens d’Hurlevent vivaient simplement, ballotés par les aléas d’une existence simple et banale, laissant leur destin guider leurs choix et leur route malgré eux ; quatre hommes, quatre fils de Wrynn, contaient le sang qui coulait dans leurs veines, le devoir rubicond qui leur donnait vie, et auréolés par leur devoir infaillible, levèrent leurs verres avec entrain jusqu'au lever du jour, le nom des Wrynn aux lèvres, et un brasier ardent à la place du cœur.
Nous sommes les fils de Wrynn. Nous sommes les Lions, les Furieux. Nous sommes le sang et la chair d’Hurlevent, les lames et les égides de Stormwind.
Nous sommes tout cela, et bien plus encore.
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Descendance
Les épis de blés se couchaient presque sous les rafales du vent d’ouest, qui soulevait des volutes de poussière aride. On eut cru à un ballet étrange, ou quelques broussailles étaient baladées ça et là, le bruissement des feuillages des chênes à peine couvert par la brise qui soufflait sur la terre sèche de la Marche. Au loin, les collines donnaient l’impression d’un géant endormi. Quelques chiens de prairies filaient entre les ronces, pour se cacher, comme apeurés par la tempête naissante. Si les teintes ocres et beiges ne quittaient jamais cette terre, elle était en revanche marquée du renouveau de du printemps, les branchages des frênes et des hêtres portant un voile vert, comme une chape posée la par la nature, en récompense d’un hiver rude.
En cette onzième heure du matin, Valerian était déjà à couper du bois depuis plusieurs heures, à l’arrière de la petite maison nichée non loin des falaises. Du haut de ses quinze années, et de ses six pieds de haut, il se tenait à moitié courbé, la sueur perlant sur son torse nu, encore vierge des marques de la guerre, bien que portant les signes d’une éducation ferme et martiale, par le fouet et le bâton. Il se tenait la, une hache au tranchant du bronze à la main, à sa droite une impressionnante pile de bûche de bois sec, et à sa gauche, le fruit de son labeur, des monceaux de bois découpés, rangés méthodiquement, une habitude prise dès son plus jeune âge, pour éviter qu’elles ne se forment en tas désordonné, et donc plus difficile à stocker par la suite. Il avait aussi pris soin, par habitude toujours, d’attacher ses cheveux qui atteignaient à présent ses épaules en un catogan serré, pour ne pas être gêné dans son travail. Le soleil tapait sans relâche la peau tendu sur les muscles en effort, et si les premières années il souffrit de brulure dû à l’exposition trop longue a la morsure de l’astre ardent, il était à présent suffisamment habitué pour ne plus avoir à la craindre ; ou du moins parvenait-il à en faire totalement fit, pour se concentrer sur son pénible travail.
Ce ne fut pas la porte de la maison qui claqua, ni la démarche reconnaissable entre mille de son père qui le sorti de sa torpeur ; mais bien un crissement, tellement connu, tellement attendu et espérer, celui qui fait frissonner dans la nuit, et qui hante les rêves.
D’instinct, il fit un pas de côté, et cela lui sauva la vie quand l’acier froid de l’épée se planta dans la buche qui se tenait la. L’attaque foudroyant fut suivie d’une réplique non moins violente, quand Carmelian dégagea l’arme d’un geste sec et frappa d’estoc vers son fils. Guidé par ses reflexes, le jeune homme opposa le manche de la hache de bucheron, qui si elle empêcha le fer de lui ouvrir les chairs, ne résista pas à la force de l’attaque et fut brisé en deux.
Valerian fit un pas en arrière, et se baissa pour éviter le nouvel assaut qui visait cette fois son visage. Le patriarche Nasgard ne cessa pourtant pas sa volée de coups, et un rictus déforma son visage marqué de rides.
A quarante deux hivers, il en faisait pourtant dix de plus. C’était la un trait propre à cette famille de guerrier, que les mâles ne faisaient rien pour prôner la jeunesse et l’immaculé. Au diable les traits épurés et net, les joues imberbes et les cheveux courts. Carmelian portait lui ses cheveux détachés, tombant sur ses épaules comme un voile grisâtre, couronne d’expérience et d’âge avancé. Son menton carré et ses yeux gris, qu’il avait légué à son fils, lui donnait un air sévère et froid, aussi gracieux qu’un bloc d’acier aux bords tranchants. Une large balafre lui traversait le visage de part en part, lègue étrange de la première guerre, et si il existait en ce monde une Némésis de l’homme chaleureux et jovial, il semble qu’elle fut incarné dans le père du Colosse. Bien moins grand que son fils, il tenait son mètre quarante vingt six sur deux pieds fermement ancrés au sol, héritage d’une vie passé à tenir le rang et à porter une lourde armure de guerre. Bien que sa démarche était entaché d’un boitage dut à la masse d’un ogre durant la bataille de Rochenoire, il gardait sa démarche sûr, de l’homme qui s’avance sur terre conquise et connue, et qui ne souffre ni du doute ni de l’hésitation.
La démarche d’un vieux Lion.
Valerian ne pouvait qu’esquiver les coups furieux de son père, réduit à reculer lentement pour ne pas être touché, car il savait au plus profond de lui, que comme à chaque fois, son père frappait non pas pour blesser, mettre à terre, ou humilier. Non, il frappait pour tuer. Ses attaques étaient précises, furieuses, nettes. Toute l’expérience d’une vie de guerre, uniquement ralentie par le passage du temps sur le corps.
Le fils se jeta de côté, roulant sur lui-même, alors que la pointe de la lame mordait son épaule et y laissait une estafilade sanglante que le jeune Nasgard étouffa dans un grognement de douleur. Le père se jetta une nouvelle fois sur son fils, abatant sa lame vers son visage, et ce fut le crissement de l’acier sur le bronze qui sauva la vie de Valerian, qui avait profité de sa roulade pour récupérer la partie supérieur de la hache de bucheron, la tendant au dernier moment entre lui et son bourreau.
Le père et le fils s’observèrent quelques instant, deux Lions se défiant. Puis le ballet reprit, chacun frappant tour à tour, avec toute la Fureur de leurs êtres, poussant des hurlements rageurs, le nom du Roy aux lèvres, le cœur bouillonnant de colère. Durant près d’une heure, tantôt avançant, tantôt reculant, les deux guerriers frappaient encore et encore, sans relâche et sans répits, uniquement guidés par la violence de leur bras. A bouts de souffles, plusieurs entaille sur les bras et le torse, ils continuaient, encore et encore, faisant pleuvoir un déluge d’acier l’un sur l’autre. Et quand la lame de Carmelian plongea dans le flanc de son fils, le temps sembla s’arrêter. La respiration sourde, le jeune homme tomba à genoux, et porta une main à sa plaie, grimaçant…avant de sourire à son père. Le vieil homme haussa lentement un sourcil avant de….
Douleur
….tourner lentement le regard vers son bras gauche, sectionné au niveau du coude, le sang coulant à torrent de la plaie. Au sol, l’avant-bras de Carmelian, crispé sur la lanière d’un bouclier invisible. Les deux hommes se regardèrent une nouvelle fois, alors que le père tombait à son tour à genoux face à son fils. Ils restèrent ainsi prostrés, quelques instants, se jaugeant presque du regard.
Et pour la première fois de sa vie, Carmelian Nasgard tendit son unique bras vers son fils, et l’enlaça, murmurant à peine dans la douleur :
-Je suis fier de toi, mon Fils.
--------------------------
Valerian ouvrit soudainement les yeux, couvert de sueur. Sa respiration semblait si forte qu’il crut se retrouver près des moteurs du brise ciel, alors que ses yeux s’habituaient à la pénombre. Mais non, pas de coursives du bâtiment volant, et pas de ferme de Westfall. La petite chambre aux murs nus de la cathédrale, presque familière maintenant. Sur le flanc, la couverture à sa taille, il se redressa sur son coude. Contre lui, lui tournant le dos, il senti la jeune femme bouger doucement. Elle murmura quelque chose dans son sommeil, mais rien qu’il ne comprenne. Le fils de Westfall reprit doucement son souffle, cherchant presque à se calmer en même temps que sa respiration. Etonnamment, il senti rapidement son cœur calmer sa chevauché frénétique, et sa vue devint nette. Il se recoucha lentement, tachant de faire le vide dans sa tête, encore brouillé par ses songes. L’Augur bougea doucement, et vint se pelotonner contre lui, cherchant la chaleur de son corps, ou la présence de son esprit.
Le guerrier se colla à elle, embrassa sa nuque puis son épaule, passant ses bras autour de sa taille, camisole étrange. Inspirant et expirant lentement, pour tenter de retrouver ce sommeil espéré et nécessaire, il croisa les deux mains sur le ventre pâle de la jeune fille de Lordaeron, et senti ses propres mains venir se poser sur celle du fils de Westfall.
Qu’est ce qu’un Griffon, Valerian ?
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Ainsi naissent les Fauves
Le hurlement perça la nuit, comme une pointe de bronze traverse la peau pâle pour s’enfoncer dans les chairs tendres. Le ciel d’ébène, ou nul nuage ne venait troubler le voile d’encre tacheté des astres lointains, transcendait le paysage qui s’étalait de la côte jusqu'à l’orée de la forêt. La lune pleine tendait son visage d’albâtre vers les herbes folles qui dansaient sous la caresse de la brise d’automne. La fraicheur nocturne ne semblait pas adoucir les ardeurs des quelques brochetripes qui venaient fouiller de leurs groins épais les buissons bas où proliféraient les champignons grisâtre, mets favoris des suidés. Mais à ce cri où résonnait la douleur, la faune frémit et quelques museaux se tournèrent vers la source de l’appel de souffrance.
La faible lueur qui traversait le carreau opaque semblait trembler, comme balloté par une tempête qui eut lieux dans la chaumière. Si les volets n’étaient pas clos, la porte elle semblait presque barricadée. Un nouveau gémissement de douleur résonna, plus aigu, plus long.
A quelques pieds du mur de la demeure, un puissant chêne centenaire, si vieux et si sage qu’il avait vu passer sur ses racines les pères de ceux qui affrontèrent la Horde Noire, et leurs pères avant eux. Suivant le cycle naturel des choses, il avait échangé la fougue de sa jeunesse perdue pour une stature imposante, épaisse, véritable forteresse de bois et de feuillages, une montagne vivante qui surplombait ses semblables, et prodiguait de l’ombre quand le soleil frappait, et un abri quand la tempête hurlait. Nulle tourmente, nulle tornade et nul orage n’avait réussi à le mettre au sol, à faire plier cet avatar de ténacité. Toujours, il se dressait, ses ramures élancées vers le ciel, comme un symbole, un défi, de grimper plus loin et plus haut encore. Force et protection, car ses branchages épais offraient à plusieurs familles de mésanges, de rouge gorge et de pies des lieux propices à la construction de leur nid. Ainsi sont les choses, le fort n’existe pas que pour vaincre le faible, mais aussi pour protéger et élever ceux qui savent se placer sous son aile. Béhémot bicéphales de la vie, exposant toute la puissance de ses bois noueux et toute la vie qui dégorgeait de son feuillage. En quelques sorte - et là est la preuve que nulle chose n’arrive par hasard- le parfait témoin de la scène se déroulant à quelques mètres de lui.
Un témoin sourd, aveugle et muet.
Dans la pièce centrale de la chaumière, toute l’austérité d’une vie faite de privations souhaitées et désirées. Quelques meubles en hêtre grossier, l’âtre d’une cheminée ou nul feu ne brulait, tapissée d’une fine couche de cendre grise, comme un voile léger posé sur le visage d’un mort. Un tapis fait à partir de la peau d’un ours brun de Westfall comme unique décoration, et au centre, une grande table, où se tenait sur le dos, appuyée sur ses coudes, une femme. Face à lui, un homme d’une bonne trentaine d’années, le dos courbé comme plongé vers les cuisses écartées de sa compagne. Elle ne portait qu’une robe de lin grossière et rapiécée, son ventre largement déformé par une grossesse à terme. Son visage maculé de larme et transcendé par une douleur profonde, était encadré par des cheveux bruns rendu poisseux par la sueur. Ses traits, qui avaient autrefois été si beaux que les hommes se tournaient vers elle en la croisant, lui offrant sourires charmeurs et clins d’œil complices, ce à quoi elle répondait par une petite mimique amusée, sûre de son charme et de sa beauté. Elle se tenait sur ses coudes, écartant au mieux les jambes en respirant péniblement, sa robe en piteux état relevé sur ses genoux. Ses cris devinrent rapidement des gémissements de douleurs, puis des gargouillis étouffés. Des larmes, encore des larmes.
Face à elle, l’homme à la chevelure d’acier, son visage marqué maculé du sang de son épouse, ses avant bras découverts entre ses cuisses pour tenter de la libérer enfin du fruit de la douleur. Son visage fermé n’affichait que de temps un autre un rictus de colère quand le sang se faisait plus abondant. Le fluide cramoisie coulait lentement sur la table en bois massif, puis goutait vers le sol comme un compteur, mesure du temps qui passe, de la vie qui s’enfuit.
L’unique chandelle qui éclairait ce spectacle semblait peiner à apporter sa faible lueur à la pièce, dansant péniblement, comme si elle cherchait à fuir, a s’éteindre et disparaître.
Légèrement en retrait derrière l’homme, une porte entrouverte, ou apparaissait à peine deux visages, dissimulés dans la pénombre. L’un contre l’autre, les deux jeunes garçons s’enlaçaient, fixant la scène, les yeux grands ouverts, la gorge sèche et la bouche pâteuse. L’un sans l’autre, ils n’auraient pas tenu debout longtemps, leurs jambes flageolantes les tenant à peine debout. Le plus âgé, qui devait avoir sept ans, bien plus grand que son frère, agé de cinq années., tenait celui-ci par les épaules, l’empêchant à peine de trembler, tout en le forçant et se forçant lui-même à rester, pour voir, contempler la vie et la mort qui se côtoyaient ainsi. Le jeune frère, le visage fin, ses yeux verts d’habitude pétillant de malice et de joie de vivre, étaient ce soir figé dans une torpeur morbide, comme couvert d’une fine pellicule de givre. L’ainé, lui, paré du même regard gris acier que son géniteur, serrait tant ses mains sur les épaules du cadet que les articulations de ses mains blanchissaient à vu d’œil. Tachant de respirer le plus lentement possible pour ne pas être entendu ; bien que le père fut bien loin de cela, les deux jeunes garçons serraient les mâchoires avec force, comme partageant la souffrance de leur mère.
Je suis un Lion, un semeur de mort. Un fils de Wrynn sans compassion. Regarde moi m’exalter de ta souffrance, te briser entre mes crocs, fouiller tes chairs et me repaitre de ton sang. Mon Royaume est la frontière que tu dresses entre vie et trépas. J’en suis le passeur, l’Empereur Nocturne. Contemple moi répandre la destruction et récolter les cadavres souillés par mes lames.
Mais si quand je cultive la mort, les pierres tremblent et les cieux frémissent, alors observe moi donner la Vie, car c’est mon sang qui renait.
La femme laissa sa tête partir en arrière en poussant un dernier hurlement aigu, cassant ses ongles sur le bois de la table alors qu’elle donnait enfin naissance, dans un bruit de sang et de chairs ouvertes. Après la tempête, ce fut le silence. Le silence. Pesant. Impitoyable. Ni un cri, ni un souffle, rien. La femme ouvrit les paupières, exténuée, sonnée, comme brisée par une bataille de trop. Carmelian restait courbé en avant, ses mains tenant à peine le corps sans vie du nouveau né, de sa fille morte avant de vivre. Les deux jeunes garçons cessèrent de respirer, comme pour accompagner l’arrêt du temps qui semblait avoir eu lieux au-dedans de la demeure de brique. La femme poussa un râle sourd, se laissant tomber sur la table, les bras en croix, sa poitrine se soulevant et s’abaissant alors qu’elle tentait de happer l’air comme un poisson hors de l’eau. Le père de Valerian regarda le mort-né durant de longues minutes, le visage figé dans une expression d’incompréhension, puis, lentement, un rictus de colère- Non, de Fureur- naquit sur ses traits marqués par la guerre. Le futur Colosse de Westfall et son jeune frère se collèrent encore plus l’un à l’autre si ce fut possible, les yeux presque douloureux à force de ne pas ciller, comme si clore un instant les paupières aurait fait disparaître leur monde dans une tornade d’éclats de verres tranchants.
Carmelian regarda une dernière fois sa fille mort-née, puis, alors que la Rage s’emparait lentement de lui, il resserra un instant les mains…avant de lâcher le corps de l’enfant, qui tomba au sol dans un bruit à peine audible, comme une poupée de chiffon. Morgane Nasgard cligna des yeux, la tête penchée de côté sur la table, comme si la scène lui semblait impossible, une simple brume dans un cauchemar, avant de lever le regard vers son époux, et que la fatigue disparut au profit de la peur…ou plutôt…
…. De la terreur.
La main de Carmelian s’empara de la lampe en verre à l’intérieur de laquelle la chandelle tentait toujours de s’échapper malgré elle, comme fuyant la Colère du zélote de Wrynn. Il la leva au dessus de sa tête, son regard foudroyant Morgane, uniquement guidé par sa Fureur profonde, sa Rage et sa Hargne, devant les regards de ses deux jeunes fils, qui contemplaient cela sans vraiment comprendre, ou sans vouloir le voir.
Puis d’un geste sec, il abattit l’arme improvisée vers le crane de la jeune femme, dans un craquement sonnore, implacable, semblable au maillet du juge qui conduit le prévenu à la potence. Une fois. Deux, puis trois. Et plusieurs fois encore, sans un mot, le bruit du cuivre se tordant sur le crâne fracturé de la femme comme un hurlement spectrale, prenant la place des pleurs et des râles de douleur.
Combien de temps passa, nul ne saurait le dire. Des secondes, des minutes ou des heures. Qu’importe au final, alors que les deux descendants de Carmelian Nasgard contemplaient toujours la pièce, la porte s’étant ouverte d’elle-même, comme pour réveler toute la folie et la haine du sang. Le géniteur, une main sur la table, observait le cadavre de sa compagne, comme perdu dans ses pensés, repus du sang et de la mort. Son visage se tourna lentement vers ses fils, clignant des yeux, comme s’il se rendait compte à cet instant du lieu, du sang, et des deux corps sans vie.
Le regard du Lion se posa sur sa progéniture. Sa crinière sombre maculée de sang frais, les crocs luisant dans la nuit noire de l’automne, sa fourrure, magnifique apparat, réfléchissant à peine la lueur de la bougie au sol, épargnée par la flaque de sang qui s’étendait à présent sur la pierre.
Et alors, quand le Lion, le fils de la Marche, le plus fidèle parmi les fidèles de Wrynn, examina ses deux jeunes fils qui avançaient dans la pièce, leurs propres regards empreint d’une terreur sans nom, d’une colère sans limite, et d’un respect sans borne…
...Il leur sourit. Et ils le lui rendirent.
Et Ainsi naissent les Fauves
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Ce qui est précieux
A perte de vue, le manteau blanc de l'hiver étendait son joug, couvrant les roches, les arbres, gelant les ruisseaux, et forçant les animaux à rester au fond de leurs terriers. Malgré le soleil qui éclairait de paysage étrange d'une lueur presque aveuglante, la neige ne fondait pas, recouvrant largement le sol, et dont le voile immaculé n'était troublé que par les empreintes de quelques rongeurs aventureux. Au loin, on entendait quelques chèvres, qui grattaient de leurs sabots le sol gelé pour tenter de trouver de quoi manger. Sur les branches hautes ou la neige n'avait pas tenue, quelques mésanges collées les unes aux autres, pour s'apporter un peu de chaleur.
Un étrange tableau. Banal.
A quelques dizaine de mètre de là, une grande clairière dégagée offrait un spectacle tout autre. En son centre, un gigantesque griffon, au plumage accordé au manteau de l'hiver, claquait du bec. Ses pattes avant et arrière étaient maintenues au sol par de lourdes chaines de bronze terminées par des anneaux solides, qui enserraient la créature ailée, la tenant au sol. Le Majestueux poitrail du maitre des cieux était souillé par les empennages de quelques figés figée dans son cuir épais, même s'il ne semblait pas en faire fit, poussant ses cris puissants, de colère et d'indignation.
Tout autour de lui, formant un cercle qui pour l'instant restait à distance, une quinzaine d'homme d'arme tenaient place. Portant des tenues de cuirs et de maille, certains agrippant des lances, piques et épieux. D'autre, quant à eux, tenaient au flanc de l’arbalète pointée sur le puissant hybride.
Même si le cercle se refermait lentement, centimètre par centimètre, c'était de la crainte et de la peur, dans les yeux des hommes. Cette crainte inspirée par cet avatar furieux et noble, qui malgré ses chaines, n'en demeurait pas moins un Roi parmi les Rois, qui défiait les lois du possible et de l'imaginable. Etait-ce pour son plumage, qu'ils voulaient le mettre à mort ? Pour son bec, ses os, sa chair, ses muscles et sa peau ? Etait-ce pour se parer de l'exploit d'avoir abattu cet être ? Ou bien encore, était-ce pour éteindre à tout jamais ce qu'il représentait, cette union étrange, dérangeante ?
Lentement, les hommes avançaient, sans courage, sans hardiesse, simplement en sentant leurs voisins avancer eux même. L'imposant Griffon tournait de gauche à droite son majestueux poitrail immaculé, claquant son bec en poussant des cris sourd, comme une sentence envers ses bourreaux. L’un d’eux épaula alors son arme, et visa le poitrail de la créature. Laissant son doigt glisser lentement sur la détente, il ferma un œil et...
...un cri puissant parvint des cieux. A peine les braconniers eurent le temps de lever les yeux au ciel qu'un puissant rapace plongea en piqué sur l'arbalétrier, et planta ses serres dans les yeux de l'homme, qui lâcha son arme et tomba à genoux en poussant un hurlement de douleur. L'oiseau de proie remonta rapidement, avant de repiquer vers un homme, lui griffant sauvagement le visage. La panique des premiers instants laissa place au doute, puis l'un d'eux s'empara de son arme et tira sur le prédateur aérien, sans succès toutefois. Les humains armés d'arme de jet tentaient en vain d'abattre leur agresseur, qui filait habilement entre chaque tir, esquivant les quelques tentatives de l'abattre, pour plonger de temps à autre sur un malheureux et de labourer ses chairs de ses serres acérées.
Alors que l'un d'eux armait une nouvelle fois son arc, un grondement sourd se fit entendre derrière lui, dans les fourrés. Le pauvre se tourna légèrement, sentant son échine se hérisser, et un rugissement profond accompagna le bond d'un puissant fauve, qui éventra le chasseur d'un coup de patte puissant. Quelques hommes se tournèrent vers cette nouvelle menace, alors que le groupe semblait de plus en plus désorganisé, certains reculant même, visiblement apeurés. Le Lion bondit sur un nouvel agresseur, et lui agrippa la gorge dans sa mâchoire puissante, le secouant de droite à gauche comme une poupée de chiffon alors que son sang coulait à gros bouillon sur les crocs du prédateur. Un à un, les braconniers s'écroulaient dans la neige, qui prenait une teinte cramoisie, tombant sous les morsures féroces, et les serres mortelles. Bientôt, il n'en resta plus qu'un, acculé. Il portait sur lui une armure de cuir matelassé, un camail de cuivre et des bottes en peau de bélier. Une ceinture beige autour de sa taille, tenait ancré le fourreau d'une lame courte, et dans ses mains couvertes de gants en lin, la hampe brune d'une lance de chasse. Le visage du jeune homme, couvert des traces d'une quelconque maladie, n'en gardait pas moins un air séduisant, et ce malgré la terreur qui déformait ses traits. Il tenta vainement un coup de lance vers le fauve, alors que celui-ci plongeait sur lui, et l'éventrai sauvagement, laissant son sang couler abondamment. Le pauvre hère tomba à genoux, tentant de retenir ses intestins qui glissaient lentement au sol, et leva un regard embrumé de larmes et de souffrance vers le fauve qui le surplombait maintenant, et dans un souffle, un murmure, à la frontière du silence pensant, gémit:
- Pitié...
Le Lion contempla l'homme agonisant pendant de longs instants. Sa crinière maculée du sang des braconniers, ses crocs luisants faiblement à la lueur du soleil, le poitrail se soulevant et s'abaissant au rythme d'une respiration sourde et puissante. Ses babines se retroussèrent légèrement, et dans un rugissement tonnant, rivalisant avec la puissance du tonnerre, arracha le visage de l'homme de sa gueule avide.
Le Griffon, qui avait contemplé cela d'un œil attentif, s'ébroua légèrement, alors que les chaines de bronze tombaient en poussière, comme si elles n'étaient faites que de sable. Il gratta le sol quelques instants, posant son regard sur le rapace qui s'était posé non loin, puis sur le fauve couvert de sang, puis il étendit ses puissantes ailes, qu'il fit battre une ou deux fois, avant de donner une impulsion à l'aide de ses pattes arrière, et décolla.
Et sous le regard du sang des hommes, auréolé par la Lumière qui couve en son sein ceux qui ne souffrent ni le doute, ni l'angoisse de l'échec, marchant d'un pas certain et inflexible sur les chemins des Justes, le seigneur des cieux et du sol rejoignit son empire, par-delà les lignes de l'horizon, les collines et les forêts.
-----------------------------------------------
Les embruns claquèrent au visage du guerrier comme un fouet sur le dos d'un condamné. Ses nattes enserrées d'anneaux d'acier ballotaient sur ses épaules nues, alors qu'il portait depuis le ponton son regard sur la tempête qui naissait en mer. D'instinct, il pensa à Saig, l'homme de mer. Il devait être là, quelque part. Il reviendrait, un jour ou l'autre. C'était certain. Certain. Ses pensées vagabondèrent, de droite à gauche, comme glissant au gré du vent.
L'autre homme s'assit à côté de lui, son visage marqué par les années lui souriant, son éternel air serein et ses yeux verts contrastant avec le visage et le regard dur du fils de Westfall. Ils restèrent ainsi, plusieurs instants, à regarder la houle qui grossissait lentement, alors qu'au loin s'annonçaient de noirs nuages. Ce fut Méléagant qui parla le premier.
-La tourmente s'annonce.
Valerian dodelina de la tête, se mordillant l'intérieur de la joue.
-Elle est déjà sur nous.
-Tu le penses vraiment ?
-Oui. Nous sommes au cœur du Maelstrom. Depuis longtemps.
- C'est surement vrai. Faut-il réduire la voilure, ou remonter au près ?
Le colosse regarda son ami, réfléchit quelques instants, puis reprit.
-Nous ne craignons pas la fureur des cieux et de l'océan.
-Ne confond pas fierté et arrogance.
-Ce n'est pas le cas.
- Tant mieux. Méléagant sourit doucement, posant sa main sur l'épaule de celui qu'il considérait presque comme son fils.
- Il en faut plus pour me...pour nous faire chuter. Nous sommes les fils de Wrynn.
-Bien plus, oui. Mais nous ne devons pas que tenir debout. Nous devons soutenir ceux qui n'en sont pas capable, et qui le méritent. Le vieil homme lui sourit une nouvelle fois, se voulant presque rassurant.
-Morwen t'a parlé ?
-Oui. De toutes tes folies, c'est surement la...
-Ne me reproche rien.
- Je ne le fais pas.
Valerian soupira, puis lentement, en vint à sourire. La tempête s'annonçait furieuse. Non. Elle l'était. Il passa son tabard de Stormwind, puis inclina la tête vers son vieil ami.
-Nous retrouverons les autres bientôt, Yahn a des nouvelles.
-Il a toujours ce qu'il faut.
-Oui, et il aime le faire savoir.
Et sur un sourire entendu, le colosse de la marche salua, puis tourna les talons, remontant les ruelles de la ville, l'esprit affuté, et la lame aiguisée.
Vaillant dans la tourmente.
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Ni pitié, ni répit.
Valerian posa lourdement un genou à terre, et tenant la lourde batarde par la garde, une main de chaque côté, enfonça la lame dans le sol en inclinant la tête. Tout autour de lui, formant un cercle parfait, des hommes de haute stature se tenaient la, leurs armures de plaque couvertes par des capes bleu marine, et des capuches dissimulant leurs visage dans la pénombre. Si le fils de la marche était le plus imposant des hommes présents, il ne semblait qu’un enfant vulnérable au centre de cercle. Les regards des protagonistes, s’ils n’étaient pas visible, semblait toutefois tous rivés sur le Colosse, comme une douzaine d’épée de Damoclès, habilement pointées vers la nuque dénudée du guerrier.
La clairière était à peine illuminée par le croissant de lune, les bruissements des pins couvrant les grincements des armures quand les hommes se risquaient à bouger un bras, ou rouler une épaule. De longs instants passèrent, Valerian resta ainsi prostré, la tête baissée, les yeux clos, tenant fermement la garde de son arme dont l’acier s’enfonçait dans la terre meuble d’Elwynn.
Puis, toujours en silence, l’un des hommes sorti du cercle, et s’approcha d’un pas lourd du fils de Carmelian. Il abaissa sa capuche d’un geste, et porta son regard dur sur son camarade à genoux.
-Tu es bien jeune pour prétendre à ce titre, Nasgard.
Valerian déglutit, puis se redressa dans un grincement d’acier. Il dépassait aisément l’homme lui faisant face de plusieurs têtes, mais étrangement, c’était l’ainé qui semblait dominer. Son visage taillé au burin détaillait le colosse sans gêne, une légère moue au visage. Il finit par se détourner, lança un regard sur ses confrères, puis hocha la tête. Le fils de la marche resta ainsi, face à sa lame, attendant le verdict, le jugement ou….autre chose.
Finalement, les deux hommes en face de lui s’écartèrent, et un autre combattant en armure approcha, portant à bout de bras un pauvre hère au corps brisé, et au visage tuméfié, avant de le jeter au centre du cercle, au pied du guerrier de Westfall. L’ainé afficha un sourire en coin, et désigna l’homme au sol.
-Il a failli. Il n’a pas respecté son serment, et a laissé une injure sans sanction. Pour cela, tu connais la sentence. Soit le bourreau.
Valerian baissa le regard sur l’homme à terre, qui se redressait lentement sur ses genoux. Il leva son visage tuméfié vers le guerrier, bafouillant quelques mots de pitié. Ho, bien sûr ils se connaissaient, ils avaient déjà œuvré ensemble au service du Lion, côte à côte face aux abysses. Mais aujourd’hui, la situation était différente. L’un avait échoué a honorer son serment…l’autre avait l’occasion de prouver sa pugnacité et sa volonté à l’accomplir.
Le visage du combattant de la marche se crispa un instant dans un rictus de colère, et il arracha son arme du sol, avançant d’un pas vers l’homme affaibli. Le cercle s’agita doucement, alors que les Lions sentaient venir l’heure du sang et du verdict.
Levant haut son bras, Valerian contempla son ancien frère au sol, Il le foudroya du regard.
- Nul pitié, nul répit. Gloire à Wrynn.
Et d’un mouvement sec, abaissa son arme vers le cou de l’homme, déchirant sa chair, alors que la tête roulait dans l’herbe fraiche et que le cadavre tombait sur le côté. Le sang chaud gicla sur l’armure d’acier aux reflets bleutés, souillant la Gueule Hurlante du Fauve du fluide cramoisie.
Valerian passa la langue sur sa lèvre inférieure, récoltant une goutte du sang de son ancien camarade. Sa main droite tremblait légèrement d’excitation, alors que l’ainé s’approchait, affichant un large sourire. Il posa sa main sur l’épaule de celui qu’il considérait comme son fils, et susurra doucement.
-Tu es prêt…finalement…
Et tapotant l’épaule du colosse, le cercle se dispersa lentement, laissant le cadavre d’un lion au regard de la lune, et aux crocs des charognards nocturnes.
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Miséricorde
Il était amusant d'observer les reflets des quelques rayons du soleil qui filtraient au travers du rideau beige. La Lumière semblait rouler sur la peau de satin, comme la marée montante, se heurtant parfois aux marques plus sombres des cicatrices qui lézardaient dans le dos de la jeune femme. Elle ne dormait pas sur le ventre, comme à son habitude, mais de biais, la proéminence de plus en plus visible l'en empêchant. Elle bougea un peu, dernier soubresaut d'une nuit agitée, et pas uniquement par l'ardeur, mais aussi par quelques cauchemars nocturnes.
Le guerrier laissa glisser ses doigts sur les marques des crocs et des griffes avec un petit sourire amusé. Il se pencha sur la Lordaeronaise en ronronnant, et pinça sa nuque entre ses lèvres, recevant quelques grognements de satisfaction en réponse. Il passa sa main sur le ventre bombé, et un court instant, il eut l'image d'une autre femme, plus âgée, les cheveux noirs. Sa lame l'embrochant comme un misérable insecte, Il revit son visage empreint de terreur, ses yeux larmoyants et boursouflés, le sang a la commissure de ses lèvres quand la bâtarde d'acier plongea dans son estomac bombé par la grossesse presque à terme. Le -les- corps sans vie tombant sur le sol cendré. Le sang poisseux sur la terre noir. Odeur de chien crevé. Un délice.
Porter en princesse le cadavre, jusqu'à l'un des petits lacs de magma. Un Lion tenant dans sa gueule une grenouille au ventre percé. Juste châtiment pour ceux qui font couler le sang des fils de Wrynn. Une Pierre qu'on jette dans l'eau. Le bruit des éclaboussures, la douleur d'une projection de lave sur l'avant-bras. Veine vengeance de cette putain meurtrière de son frère d’arme. On récolte ce que l’on sème.
La vision se brouilla, le guerrier de Westfall revint à lui. La chambre d’Hurlevent, le corps de l’Augur. La chair tendre, le sang frais, les cheveux clairs. Ils avaient voulu le tester, son zèle, sa Foi dans le Lion, et son sens des priorités. Mais malgré le châtiment, impitoyable, ferme, souverain… impossible de refermer sa main sur la gorge pâle. Impossible de broyer cette nuque si fragile, de réduire en poussière ces os, d’écarteler ces chairs…
Puis enfin, le regard de Valerian se porta sur le ventre bombé. Un frisson naquit à l’orée de son bassin, et remonta jusqu’à sa nuque, foudroyant. Le sang des zélotes de Wrynn et des dignes fils de Menethil. Un nouveau palier, une nouvelle marche.
Une bannière hissée sur le corps de garde d’un bastion imprenable, au sommet de la plus haute des montagnes, bardée de piques d’aciers et de givre.
Nous sommes les furieux, les ardents. Et aux ténèbres nous opposeront notre sang.
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
A l'ouest, résonnent les tambours.
Le bruit de la pierre glissant sur la lame résonnait comme un doux murmure à l’oreille de Valerian. Le crissement aigu, qui allait et venait alors qu’il aiguisait le tranchant de son arme lui procurait quelques frissons le long de l’échine. De temps à autre, une étincelle solitaire jaillissait pour aller mourir sur les dalles de granit. Depuis combien de temps le guerrier se trouvait là, courbé sur son œuvre, l’esprit s’élevant paris d’obscures pensés, de celles qu’on refoule à la lumière du jour.
Les rayons de l’astre diurne éclairaient la pièce d’une lueur aveuglante, arrachant de temps à autre une grimace au masque du fils de Wrynn. C’était bien là une…
Et ils ne craignent ni l’aube ni l’aurore. C’est en plein jour qu’ils hurlent leur douleur.
… continuait à aiguiser son arme, avec des gestes lents et méthodique. Mainte fois exécutés, tant et tant pratiqué qu’ils étaient mécanique, a l’image de l’engrenage huilé d’une pendule. Les roucoulements du pigeon qui se reposait dans la petite cage en osier le firent sourire, se demandant le goût du sang de la créature…avant de soupirer. Sans cesser de glisser le silex sur l’acier, il fixa un court instant le vélin apporté par l’oiseau, une petite moue se dessinant sur son visage. Les mots de Kalwyna sur la situation de Westfall l’avait presque ennuyé, jusqu’à ce qu’il prenne à son tour un parchemin vierge, pour lui répondre succinctement. Qu’ils tremblent, les chiens qui désavouent Son nom, qui crache sur l’icône du Lion. Qu’ils tremblent, car nul blasphème ne restera impuni.
Déposant enfin l’épée au sol, avec un geste si méticuleux qu’il en était presque sacré, Valerian se saisit de son égide frappée du Lion de Stormwind, ainsi que d’un chiffon trainant à ses côtés, il entreprit de lustré la surface polie du bouclier, fredonnant tout bas une ballade aux accents teintés des vertes collines de son pays. L’heure passant lui rappela qu’il se devait d’être à l’heure pour passer le portail arcanique qui le mènerait en la cité de Theramore, aux côtés d’un contingent de Garde dans le but de participer à un entrainement aux côtés des fils de Menethil. Leurs paroles à propos des dangers du marécage qu’ils allaient devoir traverser l’avait presque fait sourire, tout en se doutant bien que si vindicative soit-elle la faune locale ne l’amuserait à peine, et aiguiserait si peu son appétit. S’y jeter corps et âme, peut-être pour sentir les griffes, les crocs, sentir son sang couler, les chairs se déchirer et les os se briser dans un concert de râle mêlant douleurs et plaisirs, grognements et….
Même ton batard a besoin d’un père.
Le colosse grimaça, révélant a la lueur de la Lumière ses crocs vierge de sang, mais le goût corsé de la chair du rapace collant a son palais ; poison mettant ses sens au supplice … d’en manquer. Odeur de soufre, relent de sueur. Celle qui vous colle à la peau, et qui vous hurle de plonger dans l’âtre de l’enfer. Valerian sentit son estomac se crisper, lâchant le bouclier qui tomba au sol dans un bruit sourd, avant de s’écrouler à genoux, le sang lui vrillant les tempes. Une série de tremblement le fit poser les mains au sol, le laissant prostré, et dans un râle de douleur, vomit un mélange de bile et de fluide gastrique, dans un bruit d’éclaboussure. Happant l’air comme un poisson hors de l’eau, cherchant vainement à reprendre ses esprits, son corps trembla encore, et une nouvelle fois il expulsa les restes de son maigre repas de la matinée.
Cadavres brisés. Sang chaud dans la neige. Gémissements des mourants.
Combien de temps resta –t-il ainsi, plusieurs minutes, plusieurs heures…qui sait. Graduellement, il reprit conscience de ses mains, puis ses avant-bras, ses jambes, son buste, et enfin son corps entier. Chaque nerf semblait vouloir s’extirper de son enveloppe charnelle, s’évader de sa prison physique, se délier enfin, et fuir.
Il en faut plus pour nous repaitre. Nous sommes les Lions, les Téméraires.
Le regard sorti de la brume. La douleur se fit plus sèche, lui arrachant quelques soupirs d’un plaisir malsain. La chambre cesse de tourner, les détails lui revirent. Les effluves de la flaque au sol lui fouettèrent le sang, et vague par vague, raz de marée inexorable, ses forces lui revinrent, coulant dans ses veines comme la lave dans le cœur du monde. Il se redressa, sa haute stature contrastant avec la pièce exigüe. Son regard se porta avec dédain sur l’Amat de ses fluides au sol, se détourna et fit quelques pas vers la pièce. Puis l’image, fugace mais violente, d’un aigle lui plantant ses serres dans le visage lui apparut, et soupirant, il se retourna et mit en œuvre de nettoyer la flaque au sol. Après quoi, ranger le reste de la chambre ne fut qu’affaire de quelques instants, pestant tout bas malgré tout.
Et enfin, jetant un dernier coup d’œil à l’ensemble, il ajusta la sangle de son gantelet, casque sous le bras, puis ferma la porte, s’élançant dans les rues pavés de la cité des Wrynn.
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Ceinwyn,
La nuit fut agitée. Des songes nimbés des erreurs d'un passé depuis longtemps éteint, mais pas oublié, ce sont emparés de mes rêves, pour les modeler lentement, en faisant des cauchemars pittoresque. J'ai eu la sensation de vivre une vie entière en une nuit, tandis que défilait devant mes yeux clos mes erreurs du passé, comme des marques faites par un fouet de ronces et de rancœur.
Je ne crains pas la douleur ou la souffrance, la solitude ou la tourmente.
Mais je crains le doute, l'hésitation, celle qui fait tanguer l'homme au bord du précipice, jouant avec sa vie comme un dieu moqueur, se riant du sort qu'il impose aux mortels. Toujours j'ai clamé haut et fort que les regrets rendaient les hommes faibles, les faisant contempler leur passé sans se soucier de leur futur, les transformant peu à peu en statue de granit et de marbre, éternellement figés dans la contemplation d'une époque révolue, tirant en vain sur les chaines d'un destin depuis longtemps écoulé, avec l'espoir fou d'en modifier les sentiers.
Mais est-ce le temps qui fait lentement son nid, ou l'œuvre des âmes de ceux qui j'ai mis à mort qui reviennent me hanter, fantômes pâles titubant et rampant sur les berges de galets et de sable épais. Des êtres aveugles, sourds et muets, mais qui hurlent - Mon dieu qu'ils hurlent - griffant la terre aride de leurs ongles crasseux, une odeur fétide s'échappant des pores de leur peau en lambeau, trainant derrière eux des guenilles puantes et moisies, comme un fardeau trop vieux.
Ils sont victimes, juges, bourreaux et messager. Ils sont les femmes, les enfants, les hommes. Ils sont les soldats, les pères, les fils. Ils sont ceux que ma lave avide de sang a fauché sans coup férir, tranchant membres, têtes, troncs, arrachant cœurs aux poitrines éclatés comme des fruits trop mûrs en été, ils sont ceux dont j'ai brisé les os comme des fétus de paille, me faisant leur fléau et le passeur de leurs âmes égarés.
Et aujourd'hui, je les sens, ces êtres morts de ma main, mais si vivant, rôdant dans mes songes les plus sombres, imprégnés d'un parfum aigre de vengeance, criant justice, hurlant de leurs gorges décharnées, les langues trop longtemps collés à leurs palais se détachant enfin, pour s'agiter dans un macabre balais sans fin, se tordant comme des serpents - Des serpents aux yeux d'ambres et aux crocs d'ébène- leurs poumons percés par mon acier s'emplissant d'air, comme animés par les arts noirs, et expulsant l'air dans leurs trachées encombrés par le pus et les vers, pour gémir, geindre, crier, râler, murmurer, souffler, et hurler leur désir de vengeance, de justice, me fixant au travers les brumes éparse d'un hiver bien trop rude, bien trop long, de leurs orbites depuis longtemps vidés d'yeux ayant trop pleurés. Leurs joues creusés par la douleur, la faim et la rancune affichants des couleurs d'une chair trop longtemps cachée des rayons du soleil, des cloques et des plaies béantes ou se meuvent sans fin des hordes de parasite, grouillant sous l'épiderme comme une nuée de sauterelle, faisant de leur hôte le réceptacle d'une multitude affamée et impossible à repaitre.
Les vents brumeux du nord apportent aujourd'hui les rumeurs de leur retour, et la terre frémit, car d'entendre au loin leurs pas hésitants, tâtonnant presque les sentiers pour en trouver l'aboutissement, ils luttent contre la chaleur insoutenable, le froid brulant, les pluies battantes, les tempêtes hurlantes, ils luttent encore, par-delà les armées des mortels et les dons des Dieux, rien n'arrêtant leur marche lente mais inexorable vers une vengeance trop longtemps mise au silence. Ils sont Légions, et malgré les lieux qui me sépare d'eux, malgré les vallées, les collines, les monts et les rivières, malgré les étendues d'eau et les chaines de montagne, j'entends leurs murmures, j'entends leurs voix presque éteinte, portées par les vents dansants.
Et c'est mon nom qu'ils murmurent.
Est-ce cela, les regrets ?
Valerian
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Colosse de marbre et d'acier.
Dans la tourmente
Le guerrier poussa un grognement de douleur en resserrant la prise sur la garde de son arme. Le sang qui coulait lentement le long de sa pansière formait sous lui une flaque de liquide cramoisie. Il inspira profondément, sentant l’air glacial lui emplir les poumons. Au prix d’un effort intense, il roula sur le côté, esquivant un nouveau javelot de glace qui se figea dans la terre. Levant son bouclier à temps pour bloquer un nouveau sortilège, l’impact lui secoua l’épaule déjà endolorie, et quelques éclats de givre lui lacérèrent le visage.
-Espèce de petite...
Le colosse se jeta en avant, poussant un rugissement de colère, et sa lame s’abattit avec fureur sur la femme au sourire carnassier. Mais un instant avant de trancher ses chairs, l’acier rencontra une barrière d’arcane et de givre. Grondant de frustration, il leva à nouveau son arme et délivra une volée de coups puissants sur la protection de la magus, partant d’un rire éclatant. Celle-ci reculait lentement, sa barrière fléchissant à chaque coup, mais la protégeant jusque-là des assauts furieux du fils de Westfall. L’arathienne grimaça, et tendit la main vers son adversaire, délivrant un nouveau javelot de givre, qui traversa la plaque d’armure, déchira les chairs et brisa l’os de l’épaule de Valerian, lui arrachant un cri de douleur. La souffrance lui paralysa le muscle, et son bouclier glissa au sol dans un bruit sourd, alors qu’il reculait d’un pas, son sang chaud giclant de la blessure par saccade. Son souffle s’accéléra, sa vision se brouilla un court instant, et il lui fallut tout sa volonté pour se jeter de côté alors que la femme aux cheveux d’argent projetait à nouveau un puissant sortilège de givre vers lui.
Inspirer, expirer. La pluie se mit à tomber avec force sur la cité du Lion, comme marquant un temps de répit entre les deux combattants. Ils se toisèrent quelques secondes, qui parurent à leurs yeux comme des jours entiers, leurs regards se faisant vecteur de colère, de désir et de haine. Dans la main de l’une, un halo pâle d’arcane de givre. Dans le poing ganté de l’autre, le manche d’une lourde batarde d’acier. Puis, le guerrier ouvrit la gueule, poussant un puissant rugissement, et se jeta en avant, propulsant son corps puissant, comme un fauve sur sa proie.
Une pluie d’écharde glaciale fusèrent vers le mastodonte, la plupart éraflant son armure, d’autres lui lacérant le visage. Mais le sortilège eu l’effet attendu, ralentissant suffisamment la charge du fils de Wrynn pour permettre à la mage de s’esquiver, détalant à l’opposé, filant dans la direction des marches qui menaient vers le corps de garde qui ceinturait le port.
Grondant d’une frustration à peine contenue, Valerian se jeta derrière son adversaire, montant les marches quatre à quatre, hurlant un cri de défis à l’attention du renard gris. Il darda son regard d’acier aux alentours, cherchant du regard l’Arathienne, et ce fut l’éclat d’un sort de givre à quelques pouces de son visage. Il foudroya de son œil unique la forme de la femme près du parapet.
Les rafales de vent étaient plus fortes que jamais, la pluie battante aveuglait presque les deux adversaires, qui malgré la tempête, se dressaient face à face, débordant de violence. Si Valerian, dans sa lourde armure, tenait sans peine ses appuis, l’arathienne elle, peinait à résister aux puissantes bourrasques qui balayaient sans vergogne le chemin de ronde. La pluie rendait la pierre glissante, et un seul faux pas les aurait projetés en contrebas, au pied du rempart, dans les flots écumants qui venaient se briser inlassablement, vision cauchemardesque d’une mâchoire monstrueuse prête à les engloutir à tout instant.
La femme joignit les deux mains au-dessus de sa tête, et proclamant des syllabes aux consonances étranges, comme sorties d’un millier de bouches, alors qu’un amas de cristaux de glace se formait entre eux. Le guerrier grimaça en levant son bras blessé, agrippant son arme à deux mains, et poussa un rugissement de fureur, chargeant lourdement sur l’étroit chemin de ronde. Ses solerets d’acier frappant lourdement la pierre à chaque enjambée, dans un bruit de tonnerre, alors que la pluie et le vent fouettaient son visage comme une pluie de lames acérées. Brianan arqua son dos, et dans un ultime râle d’incantation, projeta son sortilège vers le guerrier. Une pluie de pieux de givre s’abattit sur lui, mais sans freiner sa charge. Le premier projectile fut dévié par sa lame, alors que le second passa trop haut. L’impact à la hanche lui arracha un grognement sourd, et celui qui lui brisa le genou le fit s’écrouler lourdement, alors qu’encore et encore, l’acier cédait sous les piques de givre, la morsure brulante dévorant sa chair et effritait ses os.
A genoux, les mains au sol, le corps brisé, une multitude de javelots de glace enfoncée dans son armure, image étrange d’une effigie garnie d’épines de douleur et de souffrance brute. L’épée du guerrier gisait, ébréchée de tout son long, à l’image de son porteur. Le visage réduit à une multitude de plaies sanglantes, le poitrail traversé par une lance arctique, la respiration irrégulière, la vue se réduisant à chaque instant. Chaque parcelle de son corps réduit à un hurlement muet de douleur, il se força à lever le visage vers la magus, qui arborait un sourire malsain, les traits du visage tordu dans une expression de peine et de haine, la pluie battante masquant des larmes coulant sur ses joues. Elle leva la main face à elle, laissant la puissance arcanique se charger dans sa paume, légèrement tremblante, sans détacher son regard du guerrier brisé.
-Il... en faut bien plus…pour….
Une quinte de toux coupa Valerian, son sang cramoisi frappant le sol, avant d’être rapidement chassé par la pluie battante, ne laissant qu’une légère trace écarlate au sol, dilué sous les flots des cieux déchainés. L’Arathienne poussa à son tour un cri de colère, laissant la puissance s’accumuler au creux de sa paume, et levant le bras comme un couperet tranchant, visant le visage dénudé du Colosse de Westfall.
Une longue plainte de douleur jaillit de la gorge de l’homme, alors qu’au prix de ses dernières forces, il se jeta sur Brianan, massivement, et percutant de toute sa masse la femme, coupant de fait son incantation.
Les deux corps frappèrent le créneau du rempart, et emportés par la force de la charge, passèrent par-dessus, ne formant qu’une masse garnie des pieux de givre sanglant, chutant sans fin vers les flots rugissants, vers la fin et le commencement, l’achèvement d’une douleur sourde et brulante, faite d’une vie de haine et de colère.
Forgées dans le feu et le sang, la plus mortelle des lames sera plongée dans l’écume bouillonnante.
Dans le cœur de la tourmente.
Valerian- Citoyen
- Nombre de messages : 1427
Lieu de naissance : Marche de l'ouest
Age : 28
Date d'inscription : 04/08/2010
Feuille de personnage
Nom de famille:
Page 2 sur 2 • 1, 2
Page 2 sur 2
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum