A toi, l'Amie disparue.

Seul le corps inerte dans les bras de Leizen ressortit du dépôt, en cette fraiche soirée de mars de l'an 30. Pourtant... elle, se réveilla dans la Grand'Salle. Celle-ci était éclairée. Ses amis un à un reparurent : Hëdwe, Leizen, Lianrhyn, Veldrin, Yerrick, Saell et tant d'autres.
Un brouhaha qu'elle connaissait bien s'installa. Mais très vite tous disparurent comme de simples illusions. Un voile obscure prit sa place dans la salle. Le bruit céda la sienne au néant. Mais dans sa tête, c'est une sinistre mélopée qui débuta. Elle reconnue cette voix : la Banshee. La gnome s'affala contre le mur de la caserne et se recroquevilla, la tête posée sur ses genoux, les bras croisés. Cette voix la clouait au sol, anéantissant toutes parcelles de volonté en elle.

En dépit de cela, elle sentait la présence de deux être chers qui avaient gardés un bout d'elle auprès d'eux.


"Va et vie, ne fait pas la même erreur que moi."

Sur ces mots, elle disparut sur les dernières notes de son instruments jouée par son amie.
Cela remonta à présent à plus de deux mois. Elle ne s'était pratiquement plus manifestée depuis auprès de la naine

L'ode funèbre de la Banshee semblait s'être dissipée, ne sachant pourquoi ni comment mais elle n'était plus. Elle se releva. La caserne était toujours sombre mais cela était simplement du fait de la nuit. Hésitante, elle se dirigea vers la sortie. La porte était ouverte. La cour était vide. Elle leva la tête vers le ciel et ferma les yeux. Comme elle souhaitait tant que tout cela cesse.
Elle posa la main sur l'endroit où le coup fatal lui avait été porté. Mais c'est du sang qu'elle sentit s'écouler entre ses doigts.

"Toi qui quémandait tant la liberté.. la voici.."

Les paroles de la Banshee faisaient échos dans la cour. L'amie tomba à genoux puis s'écroula au sol. Son sang s'engouffra dans les fissures des dalles. Des coups de cloches se firent entendre au loin. Ceux-ci s'intensifièrent, devenant un brouhaha informe et inaudible.

"Suffit !" s'écria-t-elle mais qui aurait pu l'entendre ?



Elle se réveilla en sueur. Elle posa sa main sur sa poitrine. Son cœur lui paraissait lourd et ses battements résonnaient forts en elle. Elle examina la pièce : une chambrette naine, le feu dans la chaudière brulait à vives flammes. Elle reporta son attention sur ses jambes et vit deux sortes d'attelles en fer.
Une mèche marron tomba. C'est là qu'elle aperçut ses longs cheveux.

Mais qui était-t-elle ? Elle même ne le savait plus.

Elle se rallongea, les battements de son cœur ralentissaient, la respiration devenait une épreuve. Dans sa tête, tant d'images, tant de visages, tant de noms se succédèrent mais tous sonnaient creux pour elle.

A toi l'amie disparue, te sens-tu prête à faire face de nouveau à la vie ?