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Message par Tebestian Terend Mer 26 Jan 2011 - 18:44

Du haut de sa couchette, Tebestian somnole avec un petit sourire satisfait. La mer est d'huile, aucun souffle n'anime les voiles. Le navire se traîne misérablement sur les étendues de l'océan en direction de Menethil.

- Terend !

Arrivant dans les quartiers de l'équipage, le second se dirige vers la pile de lits et se dresse devant lui, les sourcils froncés, la moustache frémissante.

- La flotte n'est pas faîte pour les traîne-queue dans votre genre, Terend ! Alors bougez votre graisse et votre maille de là et filez sur le pont !

De mauvaise grâce, Tebestian ouvre un œil paresseux qui fixe l'homme avec le plus profond ennui. Lentement, il parle avec sa manie d'avaler les lettres quand il évoque les grades. Cela énerve ses supérieurs et il le sait.

- Du calme, lieut'nant. Z'allez vous faire du mal. Je suis pas un de vos gars qui trime pour bouger votre petit tas de bois. Moi, je protège et c'est tout.
- Dernier avertissement, Terend, ou je fous par dessus bord avec la bénédiction de votre capitaine !

Tebestian ouvre son second œil et se laisse tomber à bas de sa couchette sans le moindre entrain, puis il se dirige vers le pont en chuchotant assez fort pour être entendu : "Essaie un peu".
Sur le pont, à défaut d'écume contre la coque, ce sont des vagues de chaleur qui heurtent les marins au corps brûlé par le soleil. Inutiles, vérifiés et revérifiés, les cordages semblent pendre tristement tandis que les voiles restent parfaitement verticales. Pourtant, l'équipage reste actif, briquant le pont ou transportant quelque lourd fardeau sous les ordres d'un capitaine qui ne veut à aucun prix que la lassitude et l'inaction s'installent à bord. Éparpillés parmi la masse des marins, une dizaine d'hommes et de femmes suent abondamment dans leurs lourdes armures marquées de l'emblème Tirassien. Pour "forger" ses soldats, le capitaine les oblige à porter l'armure à tout moment, exception faîte du casque qu'il a eu la bonté d'autoriser à quitter.
Toujours aussi apathique, Tebestian se présente à lui et n'a d'énergie que pour le salut.


- Soldat Terend. Je veux de la tenue.
- On me l'a déjà dit ça...

Le gantelet du capitaine s'écrase sur sa joue, ce qui le précipite sur le bois du pont. Avec un goût de sang dans la bouche, Tebestian se relève et hésite un instant. Il est interdit de s'opposer ou de frapper un supérieur, ni même de lui manquer de respect. Quand on est en mer, le soldat n'a qu'un droit : la fermer. Tebestian se masse la mâchoire avant de prendre une pose plus militaire.

- Pardonnez moi, mon capitaine.
- Allez faire votre travail comme les autres.

La journée s'écoule sous les rayons du soleil jusqu'à ce que ce dernier décline et disparaisse derrière l'horizon. A ce moment, l'équipage et les gardes réintègrent leurs quartiers tandis que quelques guetteurs viennent prendre leur place. L'odeur dégagé par les soldats n'est même pas écœurante. L'on ne sent que la chair et le cuir bouilli, et le fer chaud. Avec des gestes empreints de fatigue, chacun se débarrasse de son armure et avale sa maigre ration avant de se coucher. Des chuchotements et des regards hostiles leur parviennent du reste de l'équipage mais pas un n'y prête attention et les marins ne s'approchent pas. Chaque fois, c'est la même chose : l'équipage ne supporte de voir d'autres ne pas participer aux manœuvres.
Tebestian s'en fout et attrape un carnet ainsi qu'une plume déjà bien entamée et un pot ne contenant que peu d'encre, et écrit quelques notes sans intérêt avant de reposer le tout et de s'endormir, non pas de fatigue mais d'ennui.
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Message par Tebestian Terend Ven 28 Jan 2011 - 16:26

L'arrivée à Menethil est un soulagement après tant de temps passé en mer.

- A croire que tous les vents ont décidé de nous éviter sur ce coup-là ! Grommelle un soldat. On n'a même pas un petit mage pour nous pousser ce rafiot !
- Au moins, on est quand même arrivés. Et puis, peut-être qu'on aura une meilleure fortune au retour.

Accoudé à la rambarde dans une posture qui semble être attentive mais qui ne l'est pas, Tebestian scrute le port et les marins sur les quais qui se préparent à amarrer la Lame-de-Fond. Dès que la chose est faîte, lui et les autres gardes quittent le bord à la suite du capitaine en direction de la caserne la plus proche. Tout autour, sur le chemin, c'est l'effervescence des marchands et des passants.
A la caserne, il sont accueillis par un officier visiblement sur les nerfs.


- Enfin ! A croire que vous n'arriveriez jamais !
- Capitaine de régiment Melvin. Mes hommes et moi sommes à votre disposition le temps de notre escale.
- Je sais et c'est le mieux, on est en train de subir une belle vague de rapines dans la ville depuis quelques semaines. Alors je veux que vos soldats prennent leurs quartiers ici. Je vous envoie mon lieutenant, il vous expliquera les dernières nouvelles et vous donnera vos affectations.

.........

- Tu sais quoi, Tebestian ? Je crois que je préférai encore mourir d'ennui sur le navire que faire ça.
- T'as peut-être pas à faire le tour du lieu au pas quand tu arpentes un pont, McGuy, mais ici au moins t'as une vraie couchette qui t'attend et qui ne tangue pas. Sans compter les lieux comme celui-là.

De son doigt, Tebestian pointe une taverne en souriant. Le soir tombe et les Tirassiens terminent leur service. Après avoir répondu au rapport et avoir abandonné armes et armures à la caserne, les voilà rendus à la taverne, à user leur première solde perçue en boissons diverses mais toutes alcoolisées à l'extrême.

- A ces boissons qui nous consolent d'avoir tant vogué avec la flotte ! tonne McGuy.
- A ce foutu rafiot qui va encore nous balloter pour des mois et des mois ! Je bois à son naufrage dans ce port ! répond un autre.
- A nos familles qui nous attendent de l'autre côté des mers pendant qu'on boit ici ! poursuit un troisième.

McGuy se penche vers Tebestian entre deux gorgées.

- Et toi, tu bois à quoi ?
- A celles dont la beauté me fait oublier que Kul Tiras est loin. Répond Tebestian avant de vider sa chope d'un trait et de se diriger vers une des filles de l'établissement.
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Message par Tebestian Terend Lun 31 Jan 2011 - 12:16

Le réveil est douloureux le lendemain mais la force de l'habitude, et du capitaine, leur permet à tous de se tirer de leurs couchettes pour reprendre leur service. C'est monnaie courante la première soirée d'escale : marins et soldats écument les tavernes pour fêter le retour à la terre ferme et le temps de repos s'en ressent. Cette fois, il n'a pas du durer plus de deux heures.

- Du nerfs !

Ce que n'arrangent pas les vociférations rituelles des officiers qui résonnent comme des clairons dans les têtes mises à mal par l'alcool et la fatigue. Pour écourter ce pénible moment, chacun se démène pour enfiler l'armure le plus rapidement possible, la force de l'habitude toujours.

- Bien. Aux ordres du jour, vous aurez le port à l'œil. Clarissa, McGuy, Terend, les quais. Mendes, ...

.........

Vers midi, peu avant la courte pause qui les attend, Tebestian est adossé à une impressionnante pile de lourdes caisses, les bras croisés et surveille les portefaix qui débarquent le reste. Attentifs également, mais dans une posture plus sérieuse, McGuy et Clarissa passent au milieu des ballots pour en inspecter le contenu, leur œil exercé à cela malgré leur engagement encore récent dans l'armée. Comme Tebestian, juste quelques mois.
McGuy hèle ce dernier.


- Qu'est-ce qui disparaît déjà ?
- A peu près tout, mais pas mal de caisses d'armes. Cela tombe bien, y en a plein sur ce navire.

Tebestian pointe un imposant bâtiment de guerre amarré non loin qu'il surveille depuis tout à l'heure au point d'avoir vu monter et descendre plusieurs fois tous ce qui s'occupent de son déchargement, lorsqu'il aperçoit un nouveau venu, habillé comme les autres, arriver depuis l'autre bout du quai et se joindre au cortège de marchandises, attrapant une caisse sur son épaule.

- Hé...
- Quoi ?
- Attrape ton casque. J'en tiens peut-être un.
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Message par Tebestian Terend Sam 5 Fév 2011 - 1:03

Quand le portefaix suspect se sépare des autres et emporte la caisse bien loin du tas où il devrait la déposer, Tebestian et McGuy s'apprête à le suivre lorsque Clarissa les arrête d'un geste.

- Doucement, les garçons. Si on le suit comme ça, il ne va voir que nous, surtout vu votre discrétion. Termine-t-elle avec un sourire moqueur.
- Tu suggères quoi ? De rester ici pour le perdre de vue ?
- D'attendre simplement qu'il soit un peu plus loin. Réplique Clarissa et mettant son casque. Reste là, McGuy, et vois s'il n'y en a pas d'autres.

McGuy prend immédiatement un air ennuyé mais repose son casque et s'adosse aux caisses comme le faisait Tebestian. Ce dernier suit Clarissa à la suite du portefaix qui est déjà loin, atteignant le bout du quai. Il s'engouffre alors dans une rue déjà bondée, son fardeau sur l'épaule et avançant lentement. Derrière, les deux gardes prennent leur temps et regardent fréquemment les alentours pour avoir l'air naturel convenable à tout garde suspicieux et antipathique. Tebestian est très fort pour cela ; Clarissa, un peu moins. Il lui chuchote de casque à casque.

- Tu ne préfères pas qu'on l'attrape tout de suite, afin de gagner du temps ?
- Tebestian, si c'est bien un de ceux qu'on recherche, il va nous mener tout droit à d'autres. C'est une occasion.
- Tu sais, une petite discussion seul à seul et il nous y mènera de son plein gré...
- Épargne moi ces conneries. Avec toi, il faudrait déjà qu'il reste en vie.

Clarissa regarde subitement devant elle et ne voit plus l'homme.

- Il est passé où ? S'exclame-t-elle, nerveuse.
- La ruelle à gauche. Tu le saurais si tu faisais un peu attention au lieu de te dissiper.

Elle jette à Tebestian un regard assassin masqué par le casque et tous deux accélèrent le pas, retrouvant le portefaix qui continue sa marche sans avoir conscience d'eux, les menant au bout de plusieurs longues minutes jusqu'à une place plus dégagée et entourée d'entrepôts. Une fois arrivé, il passe sans soucis devant les gardes du lieu et disparaît à l'intérieur d'un des bâtiments. Tebestian et Clarissa le suivent le plus tranquillement du monde, facilement dissimulés par l'effervescence semblable à celle des quais qui règne à l'intérieur. Mais tous eux sentent leur pouls s'accélérer. Le navire transportait des caisses d'armes et cette entrepôt ne contient rien de cela, plutôt destiné aux fournitures minières en particulier. Le portefaix pose son chargement sur une pile déjà imposante et s'en retourne, revenant sur ses pas tandis que les deux Tirassiens s'écartent rapidement pour rester hors de vue derrière d'autres piles. Mais ladite caisse est bien vite enlevée de son tas lorsqu'un autre homme, après l'avoir inspecté et hoché la tête en silence, la pose sur son épaule et l'emporte.

- Voilà que ça se complique. Constate Clarissa. En temps normal, chaque pile reste intouchée jusqu'à avoir été complété, donc on a sûrement visé juste. Rattrape le faussaire, je suis celui qui a prit la caisse.
- Entendu. J'envoie quelques autres pour surveiller l'endroit. S'il y a encore un changement comme ça, il ne faudrait pas louper une autre transaction.

Elle acquiesce et repart donc tandis que Tebestian revient sur ses pas. Désormais, le portefaix, qui ne l'est pas, va certainement aller se perdre dans la ville afin de ne pas éveiller les soupçons en revenant au port. Donc, autant lui arracher tout ce qu'il sait. Sans plus attendre, et alors que l'homme passe entre deux rangées de caisses trop hautes pour voir autour, Tebestian le rattrape rapidement. Alerté par le bruit de l'armure, l'homme se retourne avec brusquerie mais a juste le temps de voir le gantelet tirassien fondre vers son visage. Un bruit sinistre se fait entendre lorsque le nez casse et il s'effondre au sol. Jouant toujours de finesse, Tebestian agrippe une bâche et le roule dedans en enserrant le tout d'une corde puis charge ce nouveau fardeau sur son épaule et se dirige tout naturellement vers la caserne.

Une fois là-bas, il passe devant les gardes étonnés et débarque en trombe dans la salle principale où se rassemblent soldats et sous-officiers et où il jette sans ménagement sa charge sur une table.


- Je t'ai ramené un gars à faire parler, Marc. Amuse toi bien dès qu'il sera réveillé. Les autres, j'ai du boulot pour vous !
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