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Fragments de vie.

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Message par Waldemarr Ven 23 Sep 2011 - 14:59

Premier jour du huitième mois de l’an 31.

Le tram était tel à son habitude : bourdonnant et bruyant, glissant et salissant. Le paladin était seul avec son épais sac à dos de cuir, contemplant un tuyau d’où s’échappait par un interstice une vapeur blanche sifflante. Les rouages produisaient un brouhaha constant, si élevé qu’il vint à s’en demander si avec toutes ces technologies, les gnomes n’avaient réellement point trouvé le moyen de réduire les nuisances sonores, ou de construire des robots pour nettoyer les tâches d’huile qui constellaient le sol et le rendaient traître un peu plus à chaque pas. Les gnomes étaient ainsi, avides d’aller vers l’avant et peu désireux de regarder vers le passé. Ce qu’on pouvait rapprocher à la catastrophe de Gnomeregan, d’un certain point de vue, et expliquer l’échec de la première mission d’investigation.
Un sifflement strident interrompit les pensées du vieil homme, qui se leva d’un bond pour observer le tram sortir des ténèbres et s’arrêter dans un crissement de métaux s’entrechoquant. En descendit un seul et unique passage. Il marchait avec allure, les jambes légèrement écartés à la manière des membres de la cavalerie légère, sa cape élégamment rattaché au col de sa chemise. Un regard dédaigneux de sa part sur le paladin, et il disparu derrière un pilier. Seul restait le bruit de ses pas, insistant, et faiblissant jusqu’à ce que le tram retrouve ses sons bien connus, et les garde jalousement.
L’homme au sac à dos grimpa dans le tram, et s’assit sur une banquette le temps de la traversée. Il avait choisi l’ingénierie gnome plutôt que les prouesses aériennes afin d’éviter de perdre sa quête prématurément : Deux aventuriers avaient vu leurs griffon piquer vers le sol et s’écraser à l’attaque de vautours des steppes ardentes. Ils n’avaient rien pu faire, ne sachant comme maîtriser un griffon paniqué en colère.
Oui, l’ingénierie gnome était plus sécurisée, malgré tous les maux qu’on puisse en dire. On devait bien leur reconnaître ceci.
Le voyageur changea de position, en dégrafant sa cape rouge pour la plier à la manière telle qu’à la Seconde Guerre, et appuya sa tête contre la banquette. Récemment engagé dans la Garde de Sa Majesté, il avait sauté sur l’occasion pour s’absenter, conscient d’avoir un point d’ancrage à son retour. Il avait fait grave un badge représentant le Lion Hurlant de Hurlevent et l’inscription « Garde Arenberg » sur ce dernier. Il était conscient qu’il n’était que recrue, mais si on retrouvait l’insigne sur son corps, on ne saurait prêter au vieil homme en armure ce grade de débutant.
Il avait spécifié à ses collègues partir « une vingtaine de jours » pour « des raisons familiales ». Et, à ce qui voulait l’entendre, qu’un membre de sa famille était décédé. Le vieil homme gloussa à ces pensées, conscient de la véracité morbide de la chose. Peu d’humains survivaient au Nord, au-delà des villages protégés par des forces armées. Et encore : Southshore avait été envahi et détruit. Le dernier bastion humain du Nord était tombé sous la coupe des réprouvés, comme tant d’autres avant lui. Enfin ! Ce n’est pas la peine de s’embarrasser avec telles idées alors que je vais revoir ma famille depuis si longtemps perdue de vue. Alors il gloussa de nouveau, seul dans le wagon, tandis que le tram commençait lentement à s’enfoncer dans les entrailles de la montagne.

Huitième jour du huitième mois de l’an 31.

Le bélier s’engagea avec circonspection dans la pente. Elle était rude, et même si certains avaient tenté de boucher les nids de poule qui faisaient si souvent chavirer les carrioles, la monture typiquement montagnarde avait du mal à trouver son chemin. Elle glissa sur une pierre, et un garda hurla au vieil homme de faire attention, sans quoi on le ramasserait en bas, les os rompus, dans la cuvette.
Ainsi était le refus de l’Ornière. Le vieil homme ne s’y attarda pas, conscient qu’il n’y était pas le bienvenu. On le trouvait trop jeune pour perdre la raison, trop vieux pour être un pillard en fuit. Ainsi il n’y passa qu’une nuit, mangeant à la table des soldats, expliquant de façon humoristique les batailles qu’il avait vécues dans les Hautes-Terres d’Arathi. Notamment celle qu’on nommait « La bataille des bouses », où les armées humaines avaient ramassés les contenus des latrines des camps orcs abandonné pour leur renvoyer à force de catapulte, sur leurs lignes déjà fragiles. Les soldats rirent de bon cœur en entendant le paladin raconter la façon dont il avait projeté des excréments dans les yeux de son ennemi pour l’aveugler. Les plus expérimentés autour de la table riaient en essayant de se faire passer pour intelligents, à moitié conscients que ce n’étaient que des mensonges destinés à distiller une bonne ambiance, tandis que les plus jeunes ouvraient des yeux gros comme des œufs, soudain emplis d’un respect profond envers cet homme dont ils se moquaient voilà quelques heures, alors qu’il avait du mal à descendre la pente. Et ainsi, le voyageur vers le Nord put se coucher, sachant ses affaires en sécurité. Il voyagerait désormais de jour. En effet, peu lui importait de risquer de se faire repérer par quelques bêtes. Il était préférable de se sentir en sécurité, le soleil éclairant sa route. Ne pas se faire prendre par les mort-vivants.

Onzième jour du huitième mois de l’an 31.

La rame montait, puis retombait, éclatant en une dizaine de morceau l’astre diurne qui se reformait quelques secondes après, une fois les vaguelettes établies dans l’immensité de l’océan. Ce dernier était couché à sa gauche, calme. De l’autre côté, les légendaires terres de l’Ouest, aux mythes et aux légendes réservées aux heures tardives des tavernes et autres lieux propices aux histoires. A sa droite, les montagnes. Mais au milieu de celles-ci, un creux invisible, dans lequel se dressait un manoir de la même couleur que la roche. Deux tours aux toits pointus encadraient le bâtiment principal, carré, dont la grande baie vitrée reflétait la lumière du soleil. Il paraissait vide et abandonné, aussi un début de déception se fit une place dans le cœur du paladin. Ce dernier continua de ramer, son baudrier entre les jambes, au cas où un mort-vivant sortait des profondeurs invisibles de l’eau pour l’entraîner par le fond. Heureusement, aucun incident ne survint, et c’est les gestes libres et légers qu’il débarqua sur le ponton.
La puanteur le saisit immédiatement. Elle venait des écuries. Le vieil homme savait ce qu’il y trouverait, aussi il se contenta de les contourner, et par la même occasion évita de croiser son regard avec celui d’un fort et courageux destrier mort, les yeux rongés par les vers et le ventre par les goules.
Les goules. Il n’en avait, à sa grande surprise, toujours pas aperçu. Le Manoir le dominait désormais de toute sa magnificence, la porte négligemment ouverte. Le vieil homme raffermit sa poigne sur la garde de son épée, et entra dans le bâtiment, impatient d’échapper à la morsure du soleil qui chauffait son armure de plaque. Il n’en eu pas le temps. Devant lui, un soldat de la cause mort-vivante le regardait avec de grands yeux fixes, noirs, terribles. Il semblait surpris et souriait de manière ironique – à moins que ce ne soit le coup d’épée qui lui a déformé le visage. Le paladin leva son arme, impatient d’en découdre. Il avisa la besace lacérée que le monstre tenait entre ses doigts, et le soleil éclairant par la porte la scène du combat, Waldemarr Arenberg chargea en poussant un cri rauque.

Oui, pensa-t-il en ce moment précis. Oui, je suis bien venu les enterrer.
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Message par Waldemarr Dim 2 Oct 2011 - 13:12

[HRP : Je m'excuse platement si des détails sont déformés ou compromis, utilisant uniquement la timeline de JugheHype et Wowwiki et non les livres, ne les ayant pas lu. [/HRP]

An 1.

Le jeune soldat se tenait vaillamment sur les remparts. Il était serré, balloté, mais tenait le mur de pierre avec force, accoudé sur celui-ci. Autour de lui, c’était l’effervescence. Les guerriers se bousculaient, couraient en tout sens, ramassant ici une épée abandonnée, mettant là là des repousses. C'étaient de longs bâtons se divisant en deux au bout, dans le but de pouvoir accrocher les échelles afin de comme le nom l’indique, les repousser.
Un officier cria le nom d’Arenberg, mais le jeune homme ne bougea pas d’un pouce, les yeux agrandis par la terreur.
Au devant lui, la forêt semblait être en feu. De la fumée s’élevait d’entre les arbres, provenant des camps de la Horde. Des centaines de tentes abritaient les orcs à peau verte. C’était la première fois que Waldemarr les voyait, dégoulinant de rage, des défenses pointues sortant de la bouche de certains, poussant des hurlements porcins tandis qu’ils se poussaient et se frappaient pour prendre place dans une des trois tours de siège.
Elles étaient énormes, de bois recouvert de cuir trempé. Les flèches enflammées qui s’y fichaient retomber au sol ou se fichaient dans le revêtement mouillé de la tour, ne faisant plus d’effet qu’une pierre. Les roues cerclées de fer étaient encore immobiles, et la Horde se préparait, hors de portée de la plupart des archers.
On cria de nouveau son nom, et Waldemarr se retourna juste assez pour voir une main gantelée s’écraser sur son visage. Un casque lui cria sa position avant de le repousser par mépris, et son propriétaire alla remuer d’autres jeunes gens dont la foi vacillait.
Car la plupart savaient qu’aujourd’hui, ils allaient mourir. Alors ils cherchaient dans leur esprit le courage, se représentant les premiers hommes grimpant les échelles à l’assaut d’un quelconque château, hommes qui allaient bien entendu mourir sans pouvoir poser le pied sur le but de leur attaque.
Waldemarr regarda autour de lui, observant la première muraille de la cité. Elle était large, coincée entre les collines. Large, et noire de monde sur tout son long. Cependant, déjà se répandait le bruit de la mutinerie : La muraille du Donjon était bien plus étroite et facile à défendre. A la droite du jeune soldat, un homme repoussa un officier et s’enfuit dans la foule, laissant choir au sol bouclier et lame. Parsembleu, en voilà un qui a de l'esprit.
Soudain, un son fort et lointain déchira ses pensées. C’était la corne des orcs, et alors se mit en marche leur armée, qui devança les trois tours de siège qui peinaient à avancer.
« Allez les gars ! C’est que le croisement d’un porc et d’une feuille de salade ! »
Waldemarr sourit à la boutade anonyme. Il sentait au coin de sa bouche, le sang de ses lèvres et le pu de ses abcès, éclatés par la gifle gantée de l’officier casqué. Cela le mit mal à l’aise de sentir son propre fluide vital avant même le début de la bataille. Il cherche à reculer derrière les lignes, mais elles étaient trop compacts, aussi se contenta-t-il de saisir un repousse avec trois autres gars et d’attendre.

Alors que l’armée ennemie avançait, un léger bruit désarticulé de corde se fit entendre. Il observa la flèche s’envoler, puis retomber au milieu des rangs orcs. Ce fut le silence. Et soudain, les verts se mirent à courir en poussant des hurlements, tandis que les oreilles de Waldemarr furent mise à mal par le vrombissement des cordes des archers. Le ciel un instant bleu se couvrit de noir, et la vague meurtrière retomba au sol, poursuivie par le hurlement de joie et d’encouragements des humains, qui voyaient du haut des remparts les lignes ennemies se déformer. Et ainsi, cinq fois, le vrombissement se fit entendre, et cinq fois les flèches décimèrent les envahisseurs. Ceux-ci se rapprochèrent enfin trop du rempart, et les arcs furent mis de côté pour tirer au clair les lames.
Waldemarr se pencha et regarda en bas. Le pont-levis menant à la cité était toujours abaissé. Même s’ils ne voyaient pas ce qu’il s’y passait, il était au courant du plan prévu : Les orcs étaient censés courir vers la porte ouverte. Là, les attendait trois rangées d’arbalétriers qui allaient tirer par deux fois, jusqu’à ce que les peaux-vertes s’engagent sur le pont. Il s’effondrerait alors, et la herse se fermerait.
C’était un bon plan ; l’armée humaine avait de fins tacticiens dans ses rangs.
Alors l’échelle frappa le mur de pierre.
« On va leur zog zoger la face, à ces enfoirés ! »
« Pour le Roy Llane ! Pour Hurlevent et le royaume d’Azeroth ! »
Les soldats levèrent le repousse, et le calèrent entre les barreaux. Ils repoussèrent l’échelle, qui fut bientôt à la verticale, puis qui retomba au milieu des guerriers. Un cri parcouru les remparts, et bientôt ce furent cent échelles qui raclèrent la pierre. Waldemarr saisit son propre bâton, et à l’aide des gars à côté de lui, tenta de repousser une échelle. Ils y arrivèrent, ployèrent leur muscle, mais bientôt le bois du repousse céda. Alors l’échelle retomba contre la muraille, et le faciès dégoulinant de salive et de rage du premier orc fit son apparition. Il portait une hache, et était protégé par une armure de cuir. Trapu, des cheveux sales sur le haut de son crâne vert se battant entre eux, il hurla et se jeta sur l’humain le plus proche de lui, soit le jeune soldat à peine sorti de la puberté, au visage effrayé et à la poigne incertaine, Waldemarr. Ce dernier leva son bouclier pour parer la hache mortelle, puis sans voir, donna un grand coup d’épée au hasard devant lui. Il ferma les yeux en s’attendant au prochain assaut - c’était ce que l’on apprenait à l’école militaire -, assaut qui ne vint jamais. L’orc s’était effondré, la gorge ouverte, un flot de sang s’y échappant. Déjà qu’on le félicitait, et qu’un deuxième, puis un troisième guerrier tentèrent de prendre pied sur les murailles. Ils furent sévèrement repoussés, et retombèrent sur leurs collègues qui tentaient d'escalader les échelles.

Ainsi était la guerre. Waldemarr voyait sans voir, entendait sans entendre. Les coups donnés étaient mécaniques, il levait son bouclier en sachant précisément ce qui l’attendait, effectuant les techniques longtemps répétées et apprises tel un automate. Il défonça un casque en peau de chèvre ici, esquiva une massue là, et enfin riposta par un arc de cercle vicieux et mortel.
Autour de lui, les héros combattaient. Ils étaient hommes issus de grandes familles, promis à un destin radieux. Certains avaient donné des noms à leurs armes par orgueil, ou bien encore portaient des pièces d'armure forgées spécialement pour eux. Ils n’étaient pas dans le rang, et ne se servaient pas des repousses. Armes levées, poussant des cris de guerre persuadés qu’ils empliront de courage le cœur des soldats, ils se contentaient de se rendre là où la ligne semblait flancher, là où les ennemis posaient un pied sûr au-delà des échelles. Le jeune soldat au faciès purulent les méprisait.
Alors que Waldemarr poussait hors des remparts un orc à la peau brune par un coup de bouclier puissant, la corne de brume orc se fit de nouveau entendre.C'était un son profond, creux, effrayant. Les combats s’arrêtèrent, et tous se retournèrent pour regarder les trois tours de sièges. Elles étaient presque à portée des murs, désormais. Seulement, celle en bout de ligne avait perdu une roue, qui s’enfuyait en travers du camp orc, écrasant les tentes. Alors la tour vacilla, puis bascula sur l’autre, et bientôt les trois s’effondrèrent dans un vacarme épouvantable au sol. Un épais nuage de poussière s’éleva, et ce fut le chaos. Waldemarr s’agenouilla, son bouclier sur sa tête, les yeux aveuglés. On lui marcha dessus, et alors qu’il gémissait, un coup de massue lui désangla son casque et l’envoya vers des cieux plus compatissants.

A son réveil, il se trouvait dans l’hôpital de fortune du quartier commerçant. Il apprit rapidement la fin de la bataille, et l’entre-déchirement des clans orcs qui s’accusaient mutuellement du désastre sur lequel avait débouché la première grande bataille de la Première Guerre. Alors il sourit, au milieu des cadavres, des blessés, de tous ces gens qu'il ne connaissait pas. Il s'assit sur son lit, en massant son crâne sur lequel il sentait une belle bosse. A peine entendit-il les trompettes, qu'il était déjà debout, tentant de resangler son armure.
Les orcs lançaient un nouvel assaut.
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Message par Waldemarr Ven 11 Nov 2011 - 14:22

Lordaeron, jour P.

Les hautes herbes vertes et grasses recouvraient la terre arable. D’aussi loin que l’on puisse voir, des terres cultivées sans fin s’étendaient, dorés de blé et d’orge. Sur la droite, une profonde et mystérieuse forêt formait tel un tapis vert sombre surélevé. L’homme passa une main dans sa barbe, et pointa l’horizon. Son collègue acquiesça, et chacun talonna les flancs de sa monture avec des éperons d’argent. Ils commencèrent ainsi la descente de la colline, informité terrestre au milieu des Champs d’Agriculture du royaume nordique. Les chevaux lourdement chargés de sacoches et besaces prirent garde à ne pas laisser leurs sabots déraper sur quelque malencontreux rocher, et bientôt les
deux cavaliers poussaient leurs montures au petit galop au milieu d’un sentier plat et irrégulier.
Aucun d’eux ne parlait, chacun appréciant la caresse du vent dans ses cheveux, les odeurs
printanières emplissant leurs narines, et les muscles de leurs destriers se tendant et se détendant à un rythme soutenu. Enfin, celui de tête leva le poing, et ils ralentirent l’allure. Sur le chemin, devant eux, se trouvait une masure de brique au toit mêlé de paille et d’argile. Une charrette et des bœufs stationnaient devant la porte grande ouverte, et des éclats de voix pressés s’échappaient de l’intérieur. Les deux hommes mirent pied à terre, laissant les chevaux sur place, portèrent la main sur le pommeau de leur arme, prudents mais non inquiets. Ils durent plisser les yeux une fois sur le palier afin que ces derniers s’habituent à l’obscurité des lieux. La pièce était en désordre, et la table du centre était jonchée de sacs et malles. Deux jeunes garçons aidaient ceux qui semblaient être leurs parents à renverser sur le côté une lourde armoire de chêne, où était incrusté une vieille pendule
dont les aiguilles ne tournaient plus, telles arrêtées par un facétieux dragon encore inconnu. La famille mit un certain temps avant de remarquer les deux intrus, qui restaient immobiles. L’un des garçons les aperçut enfin, et poussa un glapissement strident à la vue de ces deux hommes en armure sombre et armurés. Celui de droite s’avança, et entreprit de les rassurer d’une voix apaisante mais néanmois emplie de fierté et d’orgueil.

« - Ola, camarades. Nous avons voyagé depuis l’est jusqu’aux Champs de Lordaeron, et avons remarqué votre charmante ferme depuis la colline. Nous ne demandons ni argent ni reconnaissance, mais simplement des draps pour la nuit et un repas pour la soirée.
- B’jour mon m’sire, salua le patriarche qui s’était avancé pendant la tirade. N’avons peu ou pas d’choses, bé, et pis on part là. Pouvez prendre c’qu’on laisse, bé. Mais j’vous conseillerais pas d’continuer vers l’ouest, c’chaos, nous on file vers le sud, bé. P’têt qu’les nains ou Arathi y nous sauveront, ouais.
- De quoi, mon ami ? questionna l’autre homme en armure, d’apparence bien plus sage et doté d’une barbe poivre et sel qui lui mangeait la moitié du visage. Vous sauver, de quoi ? Des bandits ?
- Lordaeron a été envahie par les mort-vivants qu’il a dit le p’tit père enterré derrière la maison. L’est mort en arrivant, ouais. Y’a dit qu’la ville, bé elle était en feu. Et pis son p’tit fils qu’est là y nous a tout raconté, ouais. »

Les deux hommes au pas de la porte se lancèrent un regard inquiet. Lordaeron, les mort-vivants ? C’était impensable, incroyable, les morts ne pouvaient marcher avec suffisamment de vindicte et de force pour faire tomber le Joyau du Nord. De plus, il n’était qu’à deux jours de cheval, et ces terres semblaient propres et paisibles. Les deux hommes lancèrent quelques mots aimables et polies aux gens de l’intérieur, et allèrent voir la tombe à l’arrière de la maison.
Le nom de « Tombe » était bien gracieux pour une motte de terre surmontée d’une sainte croix montée avec deux pieds de chaise. La sépulture jouxtait la maison, si bien qu’on pouvait entendre les ruminements inquiets de la mère à propos de l’hypothétique statut de malandrins des grands chemins des intrus. Ces derniers l’ignorèrent, et Waldemarr grogna lorsque son mentor lui ordonna de saisir la pelle pour déterrer le corps. Il s’y employa cependant, jetant rapidement les pelletées de terre sur le côté, ne prenant pas la peine de retirer son armure, conscient de la rapidité qu’allait prendre la tâche. C’est ainsi qu’il s’appuya sur sa pelle au bout de cinq minutes, chancelant et le front dégoulinant de sueur, l’astre diurne nocturne frappant son armure implacablement. Alors qu’il jetait un regard noir à la boule jaune dans le ciel, la terre remua. Les deux hommes firent tomber leur regard sur la sépulture, qui remuait. Waldemarr lâcha la pelle et recula précipitamment, dégainant son arme. Le vieil homme qui l’accompagnait se contenta de faire deux pas en arrière, les mains dans le dos. Une gerbe fertile fut éjectée par une main en bon état de conservation, et bientôt, ce fut un corps entier qui s’extirpait de sa tombe sous le regard fasciné des voyageurs. Il restait droit, les bras le long du corps, regardant un point non défini à l’horizon. Etrangement, ses yeux étaient noirs sous un front exagéré. Une touffe de poils blancs faisait office de chevelure, et sa bouche entre-ouverte confondait des dents pointues. Tout à coup, le corps vacilla sous une rafale de vent, et après quelques oscillations, il retomba à terre, inerte. La brise charia l’odeur de putréfaction aux narines de Waldemarr, qui éclata d’un grand rire, tandis que l’autre homme plongeait sa lame dans la tête du mort qui ne l’était pas.

Lordaeron était tombée. Le Jour de la Peste était venu, inattendu et inopportun.

Le lendemain matin, six personnes, deux boeufs, deux chevaux et une charrette quittèrent la ferme vers le sud. Ils rejoignirent bientôt la Grand'route, et le duo armuré fit alors ses adieux, les laissant plonger dans le flot de réfugiés déjà contaminé.
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Message par Waldemarr Lun 19 Déc 2011 - 10:54

Clairières de Tirisfal, Lordaeron, an 7.

La forêt de Tirisfal avait perdu de son obscurité dès les premiers flocons. Petit à petit, les arbres sombres et le sol s’étaient recouverts d’un blanc immaculé, et chacun s’était extasié devant ce manteau de la couleur de la pureté sur lequel on pouvait retrouver les traces de tout animal ou humain. Ainsi, alors que l’Hiver sonnait généralement comme étant une période de disette et de famine, les chasseurs avaient débusqués les animaux non-infectés et un grand festin se préparait. Le Monastère avait même autorisé à ce que soient prélevés un dixième des récoltes, afin de fêter le nouvel an convenablement. Ainsi, le camp de réfugiés qui s’étalait sous le Monastère était en effervescence, une bonne centaine de feux faisant griller le festin du soir et réchauffant les survivants piégés de l’Armée ou les paysans ayant fui le massacre. En hauteur, le bâtiment saint de marbre et au toit de tuiles écarlates guettait l’horizon, prêt à sonner l’alarme afin de prévenir les croisés d’une attaque éventuelle. Isillien et Abbendis surveillaient les préparatifs avec un visage souriant mais soucieux car l’hiver représentait le début d’une nouvelle ère, celle qui allait voir les mort-vivants détruits par leurs soldats de Lumière. Les chefs de la Croisade passaient entre les réfugiés afin de répondre à leurs questions et de s’assurer de leur bien-être ; car c’étaient ces hommes, ces femmes et ces enfants qui allaient repeupler la grande Lordaeron une fois qu’elle serait débarrassée de la souillure impie que composaient les mort-vivants du Fléau.

« Vive le voile, vive le voile, vive le voile d’Hiver, boules et boules de gomme, et bonne année grand-mère, hé ! »
La fenêtre ouverte faisait entrer vent froid, neige et chants à l’intérieur de la pièce située au dernier étage de la tour du Monastère. Le mobilier était simple et martial ; un lit de chêne, une armoire, quelques coffres et une grande table où étaient étalées divers papiers tels que des cartes, des lettres ou des listes d’intendance. Isillien regardait les réfugiés, loin en bas, tandis que les pas se pressaient dans l’escalier qui menait à sa chambre. La porte s’ouvrit enfin en fracas, et cinq hommes armés déboulèrent.
« - Mon seigneur, tout va bien ? Nous avons entendu des cris ! »
Leur regard tomba vers le lit. Là, un jeune homme au tabard écarlate gisait dans son propre sang, qui avait déjà imprégné les draps blancs qui portaient pour motif la fleur de Lys. Dans la main du cadavre, un poignard qui lui était vierge de fluide vital. Isillien se retourna vers eux, dévoilant son propre couteau couvert de sang.
« - Nous avons été trahis. Le page n’était autre qu’une de ces raclures impies de mort-vivants, un espion déguisé en homme preux. Nous avons été infiltrés, il faut placer le Monastère en quarantaine. »
Les cinq hommes se regardèrent, mal à l’aise. Un mort-vivant, déguisé en homme ? Voilà qui était pour le moins étrange. Si c’était vrai – et ça l’était assurément, la parole du Seigneur de la Croisade faisant force de loi et de foi – alors les croisés de Lordaron couraient tous un grave danger.
« - Toi, mon garçon. Isillien pointa l’épée vers un des hommes. Occupe-toi des réfugiés ; le danger vient très certainement d’eux. Qu’ils soient tous partis avant l’aube. Prends avec toi cinquante hommes, cent s’il le faut, ou plus. Les autres, condamnez les portes du Monastère et faîtes sonner l’alarme. »
Les cinq croisés hochèrent respectueusement la tête et saluèrent, puis quittèrent la pièce rapidement afin de laisser le Seigneur-Croisé Abbendis discuter avec son comparse des derniers évènements. Dix minutes plus tard, les portes du Monastère se refermaient sur une troupe de quatre-vingt hommes à cheval qui descendirent la pente qui menait au campement des réfugiés. Ces derniers ne comprirent pas les ordres et protestèrent, les plus sages d’entre eux argumentant que les mort-vivants ne possédaient pas un don pour la magie d’illusion si prononcé. Mais l’homme à la tête des croisés avait des ordres – ou alors, il tentait de s’en persuader afin de libérer la conscience des méfaits qu’il allait être obligés d’accomplir si ces crétins ne libéraient pas la place – et bientôt, les insultes fusèrent entre les deux camps. Les paladins s’indignèrent, car eux qui avaient fourni nourriture et biens à ces pauvres hères les voyaient désormais refuser de les écouter afin de préserver leur confort sommaire. Un des cavaliers, lancé au galop afin de donner le message dans tout le campement, renversa par inadvertance un enfant et fut jeté à terre par la foule en colère. Les hommes montés les plus tumultueux entreprirent de frapper de revers de gantelets en plaque les paysans ou gens d’armes déshérités les plus rebelles à obéir, et bientôt le premier sang coula. Un corps de chasse retentit, et les croisés chargèrent la foule, tailladant de leurs lames au hasard, renversant les feux de cuisson ou démontant les tentes d’un coup de masse. Les gens fuyaient en un brouhaha et en un désordre indescriptible, d’abord à travers le campement puis à travers la forêt. Le sang appelant les pires exactions, tout fut ravagé, les demoiselles ayant eu le malheur de vouloir rester afin de sauvegarder quelques biens furent prises par quelques soldats, et ceux qui s’étaient munis d’une vieille épée ou d’un bâton furent réduit en charpie sans aucune pitié. Les croisés tuaient tous ces hypothétiques espions du fléau, chacun ayant conscience des atrocités commises mais de la nécessité de celles-ci. Au lendemain matin, le camp n’était qu’un champ de ruines parsemé de cendres fumantes et de cadavres. Ces derniers furent enterrés dans des fosses communes bien vite sanctifiées et recouvertes d’une terre rougie par le sang. Le jeune soldat qui avait mené l’action fut convoqué au même endroit où il avait reçu ses ordres. Le Seigneur Isillien l’attendait à la fenêtre, le lit avait été nettoyé et le cadavre avait disparu.
« - Bien joué, mon garçon, le félicita le seigneur-croisé. Je savais que ces crétins n’obéiraient pas ; tu as fait ce qu’il fallait. Le Fléau est une menace absolue, et nous ne devons pas laisser retomber notre vigilance. D’où viens-tu ?
- Hurlevent, Seigneur, répondit le soldat.
- Ah, le royaume du Sud. La Cathédrale de la Très Sainte nous a promis maints hommes et maints vivres, mais rien n’est arrivé ; tu es la preuve du contraire. »
Isillien fronça les sourcils un instant, et reporta son attention sur les arbres enneigés du dehors. La forêt était calme.
« - Bonne année. »
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