Echo.
Page 1 sur 1
Echo.
[Musique]
Partie 1
Desert de Tanaris, an 24. Territoire des Chacals de Baroza.
La nuit commence à tomber.
Une silhouette féminine grimpe lentement les marches du promontoire.
Un guerrier vêtu de rouge et d'or est sur ses talons, tenant une hache à deux mains aux motifs exquis. Quelques mètres derrière, trois femmes encadrent un homme aux mains liées derrière le dos.
La Reine des Flammes lève une main et le silence se fait. Le vent cesse de souffler, et les bruits du désert s'arrêtent.
Elle retire sa capuche, dévoilant une chevelure de jais aussi soyeuse que sa peau. Le prisonnier cesse quelques instants de se débattre pour la dévisager tandis qu'elle fait un signe au guerrier qui la suit. Celui-ci s'avance et déclare d'une voix forte :
«Moi, Khassim Ibn Hichem Al-Rakim, Porte-Flamme, Fils de l'Immuable et de Nadjiba, Haut Prêtre du Culte de la Sainte Flamme, m'exprime aujourd'hui au nom d'Izabal, Reine des Flammes du Clan des Cendres, première et unique héritière du désert de Tanaris et Grande Prêtresse du culte de la Sainte Flamme.
Déclare que le clan Baroza a été reconnu coupable des crimes suivants :
-Rebellion contre la Sainte Marche Exaltée
-Commerce avec la Légion Ardente
-Crime contre l'espèce humaine
-Violation de territoire
-Assassinat d'un émissaire du Clan des Cendres.
Au nom d'Izabal -Louée soit son équité et sa justice-, le clan Baroza est condamné à l'oblitération totale. »
La Reine des Flammes sourit quelques secondes, avant de déclarer d'un ton glacé :
« Porte-Flamme. La sentence. » Recouvrant à nouveau ses cheveux, elle s'en va. On met le prisonnier à genoux. En désanglant sa hache, il ne peut s'empêcher de regarder les vingts autres prisonniers.
Dernière édition par Khassim le Jeu 6 Déc 2012 - 17:17, édité 2 fois
Khassim- Citoyen
- Nombre de messages : 1121
Lieu de naissance : Tanaris
Age : 27
Date d'inscription : 11/10/2009
Re: Echo.
[Musique]
Partie 2 - Maleterres de l'Est, an 29
Le soldat cramoisi arpentait les plaies suppurantes de Lordaeron depuis quelques jours, déja. La neige de l'hiver agonisant laissait place à la boue printanière. Un pinson volète d'un arbre mort à un autre. Le cavalier sourit. Tout n'est pas perdu, ici. Il suffit d'un peu d'eau et de courage pour refleurir un monde.
Un cri.
«Sortez de ma maison !»
Un coup de feu. Un second. L'homme approche au trot.
Trois goules sont en train de manger quelque chose par terre. A côté, un fusil tordu, le canon encore fumant. Le cavalier démonte. L'un des monstres relève son museau ensanglanté et siffle comme un serpent. Ne touche pas à mon repas.
«Bonsoir. Une tasse de thé pour un voyageur fourbu ?» déclare le nouvel arrivant tandis que le non-mort se jette sur lui, avant de l'attraper au vol par la trachée.
Le corps désarticulé atteint le sol au moment ou la lame bénite traverse la nuque de la seconde goule, la clouant au sol. La troisième lève les yeux juste à temps pour apercevoir la botte qui lui brisera le crâne.
«Quelle déception.»
Il donne les derniers sacrements à celui qui est tombé, puis relève le nez, fronçant légèrement les sourcils. Le cavalier n'est pas seul, ici. Une enfant le regarde, une poupée de porcelaine dans les bras, les yeux rougis par les larmes. Elle se colle contre le mur quand le guerrier s'approche d'elle.
«Quel est votre nom, mon enfant ?
-Elizabeth, monsieur, parvient-elle à articuler entre deux sanglots
«Qui êtes vous ?
-Je suis le Croisé Al-Rakim, jeune fille. De la Sainte Croisade Ecarlate.» Il sourit, rassurant, puis se met à genou,sort un mouchoir de ses affaires et étreint l'enfant pour la rassurer. Sa peau est glacée.
«C'est fini. Vous êtes en sécurité.»
Séchant ses larmes, il en profite pour la débarbouiller légèrement. Son sourire se crispe légèrement en découvrant les premiers tissus nécrosés.
«Elisabeth. Je vais t'emmener loin d'ici.
-C'est vrai ?
-Oui. Mais il va falloir être très courageuse, d'accord ?
-Je vais...essayer.»
Le Vaillant lui caresse les cheveux, avant de faire glisser son pouce et son majeur de part et d'autre de sa nuque.
«Qu'est-ce que vous faîtes, monsieur ?
-Je sauve votre âme.», lui murmure-t-il à l'oreille.
Un cavalier s'en va vers le nord, laissant derrière lui une ferme calcinée.
Dernière édition par Khassim le Jeu 6 Déc 2012 - 17:07, édité 6 fois
Khassim- Citoyen
- Nombre de messages : 1121
Lieu de naissance : Tanaris
Age : 27
Date d'inscription : 11/10/2009
Re: Echo.
Les deux lunes étaient hautes, cette nuit-là, nimbant le désert d'une clarté irréelle.
Cela faisait désormais des heures qu'il gravissait cette montagne, et dans son souvenir, l’ascension était loin d'être aussi longue. Mais il continuait à avancer tout de même ; Il fallait bien.
De temps en temps, il croisait quelqu'un qui redescendait. Certains étaient recouverts de bandages de la tête au pied, ou au contraire présentaient leurs chairs calcinées sans la moindre pudeur. D'autres encore portaient des armures couvertes de cendres et de poussières. Ils avaient tous les mêmes yeux, cela dit, le même regard éteint, résigné. Il évita soigneusement de le croiser, de peur que sa propre résolution vacille.
C'est à quatre pattes qu'il termina son trajet. Un brouillard âcre baignait le sommet de la montagne et lui brûlait la gorge, laissant un goût de fer sur sa langue qu'il n'arrivait pas à chasser. Autour de lui, des statues de cendre, immobiles et paisibles, figées dans une dernière posture. Certains étaient à genoux et priaient, d'autre étaient debout et regardaient devant eux. D'autres avaient tentés de fuir et avaient été stoppés net, une jambe encore levée.
Il fronça les sourcils. Il manquait quelque chose, ou quelqu'un, il ne savait pas qui ou quoi, mais il manquait. Il regarda à ses côtés, puis derrière lui, mais il n'y avait personne. Son regard se reporta sur la Bouche du Dragon et y vit une silhouette indistincte qui avançait vers lui à travers le brouillard. Quelque chose n'allait pas, mais il ne savait pas quoi. La créature le releva avec fermeté, d'une main, malgré son armure, pour planter son regard rouge dans son regard vert et le tirer de force vers l'entrée de la grotte. Un bruit sourd se fit entendre à l'intérieur, comme le grondement du tonnerre suivi de crépitements, et le fond de la grotte s'illumina, puis son centre. Il observa la créature, et il lui sembla que, l'espace d'un instant, elle avait le regard bleu nuit et les cheveux couleur de miel.
Tout allait bien, désormais.
Il sourit,
et l'entrée de la grotte s'illumina
alors que la colonne de flamme
le frappa de plein fouet.
Khassim- Citoyen
- Nombre de messages : 1121
Lieu de naissance : Tanaris
Age : 27
Date d'inscription : 11/10/2009
Re: Echo.
Voir l'eau salée gonfler petit à petit les pages du libram avait quelque chose d'étrangement apaisant. Il retira ses gants avant de les jetter devant lui, sans regarder, avant de commencer à dessangler son épaulière droite. Deux mains menues et munies de mitaines (ou était-ce des manicles ?) l'aidèrent à défaire la gauche. Il les regarda couler, pensif.
Le soleil se reflétait sur l'ondée. Ou la lune, peut-être. Il ne parvenait pas à faire la différence, maintenant qu'il avait vu leur bal infini de bout en bout. Ainsi y'avait-il des choses qui ne s'arrêtaient jamais, pensa-t-il, et il avait du mal à y croire.
«Vous trouverez les réponses dans l'eau, Jeune Maître, lui dit une voix sèche. Ca n'était visiblement pas le propriétaire des doigts qui l'avaient aidé plus tôt. Ces mains là étaient fines et féminines, mais leurs paumes étaient recouvertes de cal, à la façon des gens d'arme.
-Ah ! Voilà qui est délicieusement cryptique. J'aurai espéré que mon inconscient fasse preuve d'un peu plus d'originalité, me voilà déçu.
-Le Jeune Maître fait là une remarque judicieuse. Le Jeune Maître devrait, peut-être, se demander s'il n'aurait pas, lui aussi, déçu son inconscient.»
Il ne trouva rien d'intelligent à répondre à cela et préféra se taire. Grand bien lui en fasse, on ne l'écoutait déjà plus. Les mains gantées s'occupaient de sa cuirasse, qui alla rejoindre le reste de son armure dans ses flots. L'air marin se glissa sous sa chemise rouge et or dans un frisson, caressant ses cicatrices avec des gestes cent frois répétés.
«Il est étrange, dit-il à personne en particulier, de se dire que l'on aura peut-être plus jamais chaud.»
Les doigts gantés remontèrent le long de ses reins, puis traversèrent son dos pour saisir son coeur et l'extirper de sa cage thoracique afin de lui montrer l'organe encore battant.
«Est-ce une manière subtile de me dire que mes artères sont dans un état déplorable et que je devrais faire plus d'exercice et manger moins de croissants au miel ?»
Une douleur aigüe l'étreignit alors que son coeur se pétrifiait et tombait en morceaux dans l'océan. Puis un bon coup de pied dans les côtes le ramena sur les docks d'Hurlevent. Des silhouettes passablement patibulaires formaient un cercle autour de lui. Un homme s'avança, vêtu d'une redingote usée, d'un haut de forme troué et d'une rapière qui aurait probablement du mal à percer autre chose qu'une feuille de papier.
«Bonsoir, noble Seigneur. Vous êtes sur le territoire des terribles Lagomorphes Anthropophages d'Hurlevent, dont j'ai l'insigne honneur d'être le représentant. Je vous invite à vous acquitter d'une taxe de sécurité qui vous garantira un passage sûr jusqu'à votre domicile.
-C'est bien aimable à vous, Monsieur, mais je paye déjà trop d'impôt.
-Le patron veut que tu lui donnes ton or, lui expliqua patiemment un second bougre, agitant une barre de fer et manquant d'éborgner son voisin dans l'opération.
-Vous n'avez qu'à venir le chercher.
-Avec plaisir, noble Seigneur. Messieurs, c'est l'heure de la collecte.»
Le Porte-Flamme fit volter sa cape devant lui, frappant aussitôt à travers pour atteindre la gorge d'un des assaillant, saisit le poignet d'un second agresseur et accompagna son mouvement pour le projeter sur un troisième, avant d'envoyer un coup de pied fouetté dans la rotule d'un quatrième, la brisant net dans un hurlement de bête. Il se retourna et porta vivement sa main à sa hanche pour saisir son sabre et parer le coup du brigand, avant de se rendre compte qu'il avait été désarmé. Quelque chose lui heurta la tempe et le monde devint flou. Il cligna des yeux pour reprendre ses esprits et un barreau de chaise le frappa derrière le genou, le faisant tomber à terre.
Une main lui attrapa le col, puis une autre le frappa au visage, avant de l'envoyer rouler au sol Il ne se souvint pas exactement du reste, mais il lui sembla que les minutes qui suivirent durèrent des heures.
Khassim- Citoyen
- Nombre de messages : 1121
Lieu de naissance : Tanaris
Age : 27
Date d'inscription : 11/10/2009
Re: Echo.
"Pourquoi me faut-il vous connaître ? Pourquoi m'être apparu ?
Pourquoi
Mon essence éternelle éprouve-t-elle l'effroi
De voir et contempler ces horreurs nouvelles ?
Saturne est tombée/Dois-je tomber à mon tour ?
Me faudra-t-il quitter ce havre de repos/
Ce havre de ma splendeur/ce climat/
Le luxe calme d'un bonheur de Lumière
Les pavillons cristallins/Les temples purs
De tout mon lumineux Empire ?
Le voici désert et vide, inhabité de moi
Les flammes, la splendeur et la symétrie
Se dérobent à mes yeux/Je ne vois que du noir/la mort/et puis du
noir."
Khassim- Citoyen
- Nombre de messages : 1121
Lieu de naissance : Tanaris
Age : 27
Date d'inscription : 11/10/2009
Sujets similaires
» [L'Écho de la Cité - Mensuel de Hurlevent]
» Affiches faisant écho à de la propagande
» [Campagne communautaire] L'Écho de la Citadelle
» [Campagne communautaire] L'Écho de la Citadelle
» [L'Écho de la Rade - Bimensuel de Kul Tiras]
» Affiches faisant écho à de la propagande
» [Campagne communautaire] L'Écho de la Citadelle
» [Campagne communautaire] L'Écho de la Citadelle
» [L'Écho de la Rade - Bimensuel de Kul Tiras]
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum