Récit d'un Ange - Chez Robertha
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Récit d'un Ange - Chez Robertha
Chez Robertha.
Hurlevent, huitième jour, second mois de la vingt neuvième année.
Quelque part dans les bas quartiers.
La pancarte avait été installée par feu l'époux de la propriétaire éponyme de l'établissement. C'était un homme brave et travailleur, mais la maladie l'avait emporté au cœur de l'hiver, laissant son épouse esseulée à la tête du "commerce de famille". Mais loin de se laisser déborder par le chagrin ou le poid de ses nouvelles responsabilités, Robertha avait mené leur petit tripot de déconvenue en réussite, jusqu’à en faire un lieu que nul ne pouvait ignorer dans les plus basses strates de la société.
Et même si les maigres recettes récoltés à la sueur du front et des cuisses des filles, l'auberge avait résisté au passage du temps, alors que bien d'autres établissements plus prestigieux s'étaient clos sous les affres des affaires impitoyables. Car au delà de sa pauvre clientèle dont la plupart se résignait à partager leurs chopes entre deux ou trois gaillards (pas de crédit, c'était la devise de la maison), jamais les services des taxes ne lui avaient causés de soucis.
Robertha n'était pas une femme idiote, malgré son éducation sommaire. L'esprit vif, elle avait rapidement compris que les petites gens comme elle ne pouvaient réussir leurs entreprises que sous la houlette des fortunés, des influents. Aussi, lorsque l'ami de feu son époux était venu la voir avec son étrange proposition, elle avait accepté rapidement, bien qu’inquiéte. Le lendemain, une porte avait été faite dans le mur du fond, et la pièce du sous-sol réaménagée. Dès lors, les hommes en bleus étaient venus, parfois seuls, parfois en groupe. Le carré des personnalités, dont le nom était ensuite devenu "L'Antre de Pentighast" , était devenu sa principale source de revenu. En plus d'une rente coquette que lui versait les hommes en bleu, ceux-ci n'étaient pas avare sur la consommation d'alcool et de fille. Et à chaque fin de mois, ils laissaient discrètement une petite somme d'argent en plus à Robertha pour "la discretion".
Un marché qu'elle avait tenu pendant près de quinze ans. De jeune veuve un peu naïve, elle était devenu une matrone aimée et tendre, la mère des désœuvrés. Malgré son statut de maquerelle qui lui fermait bien des portes, elle se rendait chaque semaine à l'église, à l'orphelinat, et participait activement aux diverses œuvres caritatives qui animaient la ville d'Hurlevent. Jamais les hommes en bleu ne lui avaient apportés de problème, même si certains lui faisait froid dans le dos. Tant que leurs affaires n'étaient pas illégales et qu'ils ne faisaient pas de mal à ses filles, Robertha ne trouvait rien à redire à leur présence. Et c'était très bien comme ça...
Or ce jour, quatre d'entre eux se trouvaient dans ce sous-sol éclairé à la bougie. Deux autres gardant l'entrée, chose rare qui démontrait qu'ils ne voulaient pas être dérangés et que l'heure n'était pas à l'amusement. Les quatre individus n'avaient rien de commun, tout les opposant diamétralement. Trois d'entre eux étaient assis sur des chaises autour de la grande table, et la seule femme du groupe se tenait debout, derrière l'un d'eux.
Celui qui se tenait tout à droite était un homme à l'ossature sèche, portant une robe couleur de nuit , élégamment brodé de dorures d'argent. Sa chevelure de feu nattée derrière sa nuque encadrait un visage aquilin, ses yeux rapaces fixant le reste des convives d'un air froid et distant. Ses lèvres fines constamment pincés dans une moue réprobatrice, comme s'il craignait d'attraper quelqu'on que maladie en ces lieux. Sur sa robe était accrochée un insigne de Hurlevent usé , écaillé par le temps. Il observait son voisin de gauche avec une moue circonspecte, comme on observerait un animal répugnant, mais non moins dangereux.
Ledit voisin était l'exact opposé du noble aux manières froides. C'était un géant engoncé dans une armure d'un bleu acier, au visage défiguré par tant de cicatrices que ses traits originaux n'étaient plus reconnaissable. Son sourire malsain s'accordait à un regard agité ou brûlait une folie sans nom. Ses mains tremblaient , serrant ses gantelets et ajustant les sangles de son armure avec une manie digne d'un alcoolique en manque. Là ou l'homme en robe faisait preuve de retenue, le géant semblait à chaque instant sur le point d'exploser, d'éclater de rire ou de leur sauter à la gorge pour les étriper. Même assis, sa stature gargantuesque avait quelque chose de déraisonner, comme si un être de cette corpulence ne pouvait décemment pas appartenir au genre humain.
Derrière le géant, l'unique femme du groupe se tenait bras croisés, avec le sourire d'une enfant qui s'amusait beaucoup. Svelte, son physique androgyne gainé dans une armure de cuir souple avait quelque chose de filou, malicieux. Les cheveux coupés court aux teintes granit, elle avait cette manie de s'humecter les lèvres, non par séduction, mais comme pour sensibiliser ses babines. Cette renarde qu'on pouvait aisément prendre pour un homme au premier abord avait l'air de s'amuser à taquiner le géant, par des gestes ou des paroles acides. Ce qui donnait l'impression de voir une enfant jeter des pierres au visage d'un ours enragé.
Dans cette assemblée étrange, le dernier homme était en apparence le plus saint d'esprit. Lui aussi portait une armure complete en plaque, d'un bleu profond. Bien que moins tape à l'oeil que celle de son voisin démesuré, c'était bien là un instrument de guerre, et non l'une de ses tenus d'apparat que l'on voyait bien souvent en ville. Il était le seul à être casqué, et ses hochement de tête s'accompagnaient souvent d'un grincement d'acier dont il ne se formalisait pas plus que cela. Les mains croisés sur la table, sa voix grave et calme accentuait l'impassibilité que lui offrait son heaume fermé. Sur son épaule, une cape bleu marine, accrochée à l'aide d'une broche représentant l'insigne de Hurlevent écaillé.
Leurs échanges durèrent toute la nuit, tendus, mais sans qu'aucun n'en vienne au mains. Du moins sans que le géant ne bondisse sur un de ses voisins pour le réduire en charpie. A l'issu de cette longue nuit, l'homme en robe se releva le premier, saluant d'un noble geste le reste de l'assemblé.
"Je vous laisse terminer cette nuit en vous saoulant comme des cochons. J'ai pour ma part bien mieux à faire"
Le géant éclata de rire, ce qui ressemblait d'avantage à un cri gutturale.
"C'est ça ! Vas donc t'épiler les narines, petit Duc ! Et torches toi bien, tu as encore du sable dans le froc si j'en crois ta tronche par les couilles de Lothar !"
Amon grimaça, et fusilla le monstre du regard. Malgré cela, il s'inclina dans une marque de respect forcée, se jurant intérieurement de lui faire ravaler sa langue dans l'avenir. L'homme casqué se contenta d'un hochement de tête, avare de mot, et la femme fit un clin d'oeil accompagné d'un délicat doigt d'honneur, ce qui déclencha un nouvel éclat de rire de la part du berserk. Une fois le Duc parti, il grogna d'un ton sec vers l'androgyne d'aller chercher à boire. Ce qu'elle fit bien sur après une réplique cinglante remettant en cause ses orientations sexuelles.
Les deux hommes se retrouvèrent seul dans la pièce, avec comme seule ambiance la respiration rauque et chaotique du géant, et le silence presque religieux du guerrier casqué.
"Et maintenant ?" Grogna comme toujours le colosse. "Que vas tu faire ?"
L'Ange tourna le casque vers l'immense combattant, gardant le silence quelques instants avant de répondre.
"Carmines. Marais des chagrins. La treizieme brigade."
Le géant éclata de rire, infligeant à son comparse une accolade qui manqua de lui déboiter l'épaule.
"Enfoiré va ! Pendant que certains vont récolter les plaintes de gisèle et henriette, d'autre vont s'éclater à rtancher des gorges d'orc ! Fils de putain, te voilà bien chanceux, bientôt dans le sang jusqu'aux genoux !"
Pour la première fois depuis le début de la nuit, l'Ange grimaça sous son casque. Instinctivement, ses mains se serrèrent sur le rebord de la table, alors qu'un goût cuivré emplissait sa bouche. Son regard se voilà, et il lui fallu toutes ses forces pour s'extirper des mains froides qui venaient enserrer son âme.
"Question de point de vue" Parvint-il à lacher, la gorge nouée. Après quoi, il se releva, rajustant sa cape.
"Et ben, tu ne reste pas picoler et faire gueuler quelques poulettes ?"
L'homme casqué secoua la tête. "Sans moi, Premier. Merci de ... l'invitation."
Le colosse grogna, et se contenta d'un geste agacé de la main.
"Alors vas au diable, chérubin"
"C'était bien mon but, Premier"
Sur ces paroles, l'homme casqué s'inclina à son tour, puis quitta l'Antre de Pentighast. Il n’eut aucun regard pour l’androgyne qui revenait avec plusieurs pintes, ni pour Robertha ou ses filles. L'Ange sorti du tripot alors que le soleil se levait paresseusement sur la ville, et sans un regard par dessus son épaule, il s'engagea sur son chemin déjà tracé.
Hurlevent, huitième jour, second mois de la vingt neuvième année.
Quelque part dans les bas quartiers.
La pancarte avait été installée par feu l'époux de la propriétaire éponyme de l'établissement. C'était un homme brave et travailleur, mais la maladie l'avait emporté au cœur de l'hiver, laissant son épouse esseulée à la tête du "commerce de famille". Mais loin de se laisser déborder par le chagrin ou le poid de ses nouvelles responsabilités, Robertha avait mené leur petit tripot de déconvenue en réussite, jusqu’à en faire un lieu que nul ne pouvait ignorer dans les plus basses strates de la société.
Et même si les maigres recettes récoltés à la sueur du front et des cuisses des filles, l'auberge avait résisté au passage du temps, alors que bien d'autres établissements plus prestigieux s'étaient clos sous les affres des affaires impitoyables. Car au delà de sa pauvre clientèle dont la plupart se résignait à partager leurs chopes entre deux ou trois gaillards (pas de crédit, c'était la devise de la maison), jamais les services des taxes ne lui avaient causés de soucis.
Robertha n'était pas une femme idiote, malgré son éducation sommaire. L'esprit vif, elle avait rapidement compris que les petites gens comme elle ne pouvaient réussir leurs entreprises que sous la houlette des fortunés, des influents. Aussi, lorsque l'ami de feu son époux était venu la voir avec son étrange proposition, elle avait accepté rapidement, bien qu’inquiéte. Le lendemain, une porte avait été faite dans le mur du fond, et la pièce du sous-sol réaménagée. Dès lors, les hommes en bleus étaient venus, parfois seuls, parfois en groupe. Le carré des personnalités, dont le nom était ensuite devenu "L'Antre de Pentighast" , était devenu sa principale source de revenu. En plus d'une rente coquette que lui versait les hommes en bleu, ceux-ci n'étaient pas avare sur la consommation d'alcool et de fille. Et à chaque fin de mois, ils laissaient discrètement une petite somme d'argent en plus à Robertha pour "la discretion".
Un marché qu'elle avait tenu pendant près de quinze ans. De jeune veuve un peu naïve, elle était devenu une matrone aimée et tendre, la mère des désœuvrés. Malgré son statut de maquerelle qui lui fermait bien des portes, elle se rendait chaque semaine à l'église, à l'orphelinat, et participait activement aux diverses œuvres caritatives qui animaient la ville d'Hurlevent. Jamais les hommes en bleu ne lui avaient apportés de problème, même si certains lui faisait froid dans le dos. Tant que leurs affaires n'étaient pas illégales et qu'ils ne faisaient pas de mal à ses filles, Robertha ne trouvait rien à redire à leur présence. Et c'était très bien comme ça...
Or ce jour, quatre d'entre eux se trouvaient dans ce sous-sol éclairé à la bougie. Deux autres gardant l'entrée, chose rare qui démontrait qu'ils ne voulaient pas être dérangés et que l'heure n'était pas à l'amusement. Les quatre individus n'avaient rien de commun, tout les opposant diamétralement. Trois d'entre eux étaient assis sur des chaises autour de la grande table, et la seule femme du groupe se tenait debout, derrière l'un d'eux.
Celui qui se tenait tout à droite était un homme à l'ossature sèche, portant une robe couleur de nuit , élégamment brodé de dorures d'argent. Sa chevelure de feu nattée derrière sa nuque encadrait un visage aquilin, ses yeux rapaces fixant le reste des convives d'un air froid et distant. Ses lèvres fines constamment pincés dans une moue réprobatrice, comme s'il craignait d'attraper quelqu'on que maladie en ces lieux. Sur sa robe était accrochée un insigne de Hurlevent usé , écaillé par le temps. Il observait son voisin de gauche avec une moue circonspecte, comme on observerait un animal répugnant, mais non moins dangereux.
Ledit voisin était l'exact opposé du noble aux manières froides. C'était un géant engoncé dans une armure d'un bleu acier, au visage défiguré par tant de cicatrices que ses traits originaux n'étaient plus reconnaissable. Son sourire malsain s'accordait à un regard agité ou brûlait une folie sans nom. Ses mains tremblaient , serrant ses gantelets et ajustant les sangles de son armure avec une manie digne d'un alcoolique en manque. Là ou l'homme en robe faisait preuve de retenue, le géant semblait à chaque instant sur le point d'exploser, d'éclater de rire ou de leur sauter à la gorge pour les étriper. Même assis, sa stature gargantuesque avait quelque chose de déraisonner, comme si un être de cette corpulence ne pouvait décemment pas appartenir au genre humain.
Derrière le géant, l'unique femme du groupe se tenait bras croisés, avec le sourire d'une enfant qui s'amusait beaucoup. Svelte, son physique androgyne gainé dans une armure de cuir souple avait quelque chose de filou, malicieux. Les cheveux coupés court aux teintes granit, elle avait cette manie de s'humecter les lèvres, non par séduction, mais comme pour sensibiliser ses babines. Cette renarde qu'on pouvait aisément prendre pour un homme au premier abord avait l'air de s'amuser à taquiner le géant, par des gestes ou des paroles acides. Ce qui donnait l'impression de voir une enfant jeter des pierres au visage d'un ours enragé.
Dans cette assemblée étrange, le dernier homme était en apparence le plus saint d'esprit. Lui aussi portait une armure complete en plaque, d'un bleu profond. Bien que moins tape à l'oeil que celle de son voisin démesuré, c'était bien là un instrument de guerre, et non l'une de ses tenus d'apparat que l'on voyait bien souvent en ville. Il était le seul à être casqué, et ses hochement de tête s'accompagnaient souvent d'un grincement d'acier dont il ne se formalisait pas plus que cela. Les mains croisés sur la table, sa voix grave et calme accentuait l'impassibilité que lui offrait son heaume fermé. Sur son épaule, une cape bleu marine, accrochée à l'aide d'une broche représentant l'insigne de Hurlevent écaillé.
Leurs échanges durèrent toute la nuit, tendus, mais sans qu'aucun n'en vienne au mains. Du moins sans que le géant ne bondisse sur un de ses voisins pour le réduire en charpie. A l'issu de cette longue nuit, l'homme en robe se releva le premier, saluant d'un noble geste le reste de l'assemblé.
"Je vous laisse terminer cette nuit en vous saoulant comme des cochons. J'ai pour ma part bien mieux à faire"
Le géant éclata de rire, ce qui ressemblait d'avantage à un cri gutturale.
"C'est ça ! Vas donc t'épiler les narines, petit Duc ! Et torches toi bien, tu as encore du sable dans le froc si j'en crois ta tronche par les couilles de Lothar !"
Amon grimaça, et fusilla le monstre du regard. Malgré cela, il s'inclina dans une marque de respect forcée, se jurant intérieurement de lui faire ravaler sa langue dans l'avenir. L'homme casqué se contenta d'un hochement de tête, avare de mot, et la femme fit un clin d'oeil accompagné d'un délicat doigt d'honneur, ce qui déclencha un nouvel éclat de rire de la part du berserk. Une fois le Duc parti, il grogna d'un ton sec vers l'androgyne d'aller chercher à boire. Ce qu'elle fit bien sur après une réplique cinglante remettant en cause ses orientations sexuelles.
Les deux hommes se retrouvèrent seul dans la pièce, avec comme seule ambiance la respiration rauque et chaotique du géant, et le silence presque religieux du guerrier casqué.
"Et maintenant ?" Grogna comme toujours le colosse. "Que vas tu faire ?"
L'Ange tourna le casque vers l'immense combattant, gardant le silence quelques instants avant de répondre.
"Carmines. Marais des chagrins. La treizieme brigade."
Le géant éclata de rire, infligeant à son comparse une accolade qui manqua de lui déboiter l'épaule.
"Enfoiré va ! Pendant que certains vont récolter les plaintes de gisèle et henriette, d'autre vont s'éclater à rtancher des gorges d'orc ! Fils de putain, te voilà bien chanceux, bientôt dans le sang jusqu'aux genoux !"
Pour la première fois depuis le début de la nuit, l'Ange grimaça sous son casque. Instinctivement, ses mains se serrèrent sur le rebord de la table, alors qu'un goût cuivré emplissait sa bouche. Son regard se voilà, et il lui fallu toutes ses forces pour s'extirper des mains froides qui venaient enserrer son âme.
"Question de point de vue" Parvint-il à lacher, la gorge nouée. Après quoi, il se releva, rajustant sa cape.
"Et ben, tu ne reste pas picoler et faire gueuler quelques poulettes ?"
L'homme casqué secoua la tête. "Sans moi, Premier. Merci de ... l'invitation."
Le colosse grogna, et se contenta d'un geste agacé de la main.
"Alors vas au diable, chérubin"
"C'était bien mon but, Premier"
Sur ces paroles, l'homme casqué s'inclina à son tour, puis quitta l'Antre de Pentighast. Il n’eut aucun regard pour l’androgyne qui revenait avec plusieurs pintes, ni pour Robertha ou ses filles. L'Ange sorti du tripot alors que le soleil se levait paresseusement sur la ville, et sans un regard par dessus son épaule, il s'engagea sur son chemin déjà tracé.
Mendrion- Citoyen
- Nombre de messages : 44
Lieu de naissance : Quelque part
Age : 30
Date d'inscription : 19/12/2013
Récit d'un Ange - Les frères quatre bras
En grandissant, la majorité des hommes franchissent les étapes de la vie avec succès. Premiers amours, conflits de famille, réussites ou échecs professionnels. A chaque jalon, ils engrangent l’expérience et les souvenirs, progressant le long de leur chemin. Tous ne sont pas droit, et bien souvent les virages les plus abrupt s'accompagnent de chutes douloureuses mais heureusement pas mortels.
Quoi qu'il en soit, après la pluie vient le beau temps. La plupart du temps.
Mais pas pour Etheos et Garven.
Les deux frères étaient nés dans une petite ferme d'Elwynn, sans trop savoir quand exactement. Cadets d'une famille de neuf enfants, parents paysans. Un labrador, une carriole modèle espace, et deux semaines par ans au bord de la mer. Le cadre idéal d'une famille modèle de la basse campagne du royaume, en quelque sorte. A l'exception du fait que les deux frères avaient quelque peu échoués au test du syndrome d’œdipe. A l'âge respectif de seize et quinze ans, ils abattirent leur père de sang froid dans la forêt pour selon leur dire "avoir maman rien que pour eux". La pauvre mère subit elle aussi les atrocités de ses deux plus jeunes fils avant que ceux ci ne soient arrêtés et envoyés au bagne à vie.
Bien entendu, il ne faut guère espérer que dans ce genre d'endroits, les vices de tels individus se résorbent, bien au contraire. Ils passèrent une quinzaine d'année à casser des pierres à la pioche, subissant le rude quotidien de l'enfer sur terre. Si en entrant dans ce calvaire il restait en eux la moindre parcelle d'innocence, elle fut profondément enfouie sous les montagnes de gravât de roche grisâtre. Aux alentours de leur trentième anniversaire (ils avaient depuis longtemps perdu le compte de leur âge respective), ils furent libérer pour bonne conduite, sous l'influence d'un riche noble de la ville qui souhaitait leur enseigner les valeurs saines de la morale et du travail. Officiellement, l'un et l'autre furent envoyer sur un navire marchand appartenant à leur sauveur, le Duc de Edenblow, afin de se ré-adapter à la vie en collectivité au sein d'un équipage de gentilhomme.
La vérité sur leur sort était tout autre. Suivant les conseils de leur estimé bienfaiteur, ils en vinrent à œuvrer pour lui, dans les sombres tavernes de Hurlevent, la ou se rassemblaient les âmes crasseuses des soldats ou anciens soldats. Ils devinrent la voix et l'oreille, la langue agile et l’œil perçant. Ils trouvèrent aisément leur place parmi le cercle des habitués de Chez Robertha, se liant d'amitiés avec d'autres fervents. Et rapidement, ce qui était une solution de dernière chance devint une véritable famille pour eux. Loin de les couvrir d'affection, au moins, ils gagnèrent leur respect à force de labeur.
Luther et Faust, puis ce que c'étaient leurs nouveaux noms, se taillèrent une place solide, à coup de poings et de démonstration de zèle. Parfois sous la ceinture, mais il faut souvent faire mal pour se faire entendre. Si l'un d'entre eux fit rapidement carrière dans l'armée, l'autre préféra le monde des ombres et des ruelles sans sortie. Peu à peu, ils devinrent membre à part entière du groupe, sans que jamais leurs anciens démons ne s'efface totalement de leurs âmes tourmentés.
Et ni la fin de la guerre, ni la mort de leur ancien bienfaiteur ne soufflèrent leur nouvelle dévotion, qui brûle depuis lors comme la plus vive des flammes.
Quoi qu'il en soit, après la pluie vient le beau temps. La plupart du temps.
Mais pas pour Etheos et Garven.
Les deux frères étaient nés dans une petite ferme d'Elwynn, sans trop savoir quand exactement. Cadets d'une famille de neuf enfants, parents paysans. Un labrador, une carriole modèle espace, et deux semaines par ans au bord de la mer. Le cadre idéal d'une famille modèle de la basse campagne du royaume, en quelque sorte. A l'exception du fait que les deux frères avaient quelque peu échoués au test du syndrome d’œdipe. A l'âge respectif de seize et quinze ans, ils abattirent leur père de sang froid dans la forêt pour selon leur dire "avoir maman rien que pour eux". La pauvre mère subit elle aussi les atrocités de ses deux plus jeunes fils avant que ceux ci ne soient arrêtés et envoyés au bagne à vie.
Bien entendu, il ne faut guère espérer que dans ce genre d'endroits, les vices de tels individus se résorbent, bien au contraire. Ils passèrent une quinzaine d'année à casser des pierres à la pioche, subissant le rude quotidien de l'enfer sur terre. Si en entrant dans ce calvaire il restait en eux la moindre parcelle d'innocence, elle fut profondément enfouie sous les montagnes de gravât de roche grisâtre. Aux alentours de leur trentième anniversaire (ils avaient depuis longtemps perdu le compte de leur âge respective), ils furent libérer pour bonne conduite, sous l'influence d'un riche noble de la ville qui souhaitait leur enseigner les valeurs saines de la morale et du travail. Officiellement, l'un et l'autre furent envoyer sur un navire marchand appartenant à leur sauveur, le Duc de Edenblow, afin de se ré-adapter à la vie en collectivité au sein d'un équipage de gentilhomme.
La vérité sur leur sort était tout autre. Suivant les conseils de leur estimé bienfaiteur, ils en vinrent à œuvrer pour lui, dans les sombres tavernes de Hurlevent, la ou se rassemblaient les âmes crasseuses des soldats ou anciens soldats. Ils devinrent la voix et l'oreille, la langue agile et l’œil perçant. Ils trouvèrent aisément leur place parmi le cercle des habitués de Chez Robertha, se liant d'amitiés avec d'autres fervents. Et rapidement, ce qui était une solution de dernière chance devint une véritable famille pour eux. Loin de les couvrir d'affection, au moins, ils gagnèrent leur respect à force de labeur.
Luther et Faust, puis ce que c'étaient leurs nouveaux noms, se taillèrent une place solide, à coup de poings et de démonstration de zèle. Parfois sous la ceinture, mais il faut souvent faire mal pour se faire entendre. Si l'un d'entre eux fit rapidement carrière dans l'armée, l'autre préféra le monde des ombres et des ruelles sans sortie. Peu à peu, ils devinrent membre à part entière du groupe, sans que jamais leurs anciens démons ne s'efface totalement de leurs âmes tourmentés.
Et ni la fin de la guerre, ni la mort de leur ancien bienfaiteur ne soufflèrent leur nouvelle dévotion, qui brûle depuis lors comme la plus vive des flammes.
Mendrion- Citoyen
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Lieu de naissance : Quelque part
Age : 30
Date d'inscription : 19/12/2013
Récit d'un Ange - Sommeil agité
Lorsqu'il s’éveilla, il ne sentait plus ses jambes. Allongé quelque part, sans doute sur de l'herbe à en croire le contact frais dans son dos. Ses ailes le démangeaient horriblement, mais elles restaient détendues autour de lui, comme celles des grands oiseaux en plein vol. Il voulu bouger, et la facilité déconcertante du mouvement le fit comprendre qu'il n'avait plus son armure.
Cette pensée lui arracha une grimace. Ils pouvaient voir son visage (même s'ils ne verraient jamais ses ailes, se dit-il). Alors, l'Ange se redressa en position assise. Il se trouvait au bord d'un point d'eau, une étendue douce dont les berges se refermaient en arc de cercle à une vingtaine de mètre. Sur sa gauche, un muret de pierre à moitié effondré se voyait envahit par du lierre, et des racines épaisses rappelant des bras noueux.
La chaleur du soleil sur son visage calma la douleur de ses épaules. Le temps d'un battement de cœur, il inspecta ses bras, son ventre, et rougit de sa propre nudité. Aucune trace de son armure, ni de son heaume. Il pria que personne ne se trouve dans les parages, il ne voulait pas être vu ainsi. Alors il rassembla ses forces et se mit à genoux en grognant. L'effort lui couta plus qu'il ne l'imaginait de prime abord, et sa tête tourna, des étoiles brillantes dansant devant ses yeux, clignotant pour l'alerter de son manque d'équilibre. Mais l'Ange les chassa d'un revers de l'esprit, et avança à quatre patte vers le bord de l'eau , comme l'aurait fait un nouveau né.
A la surface du lac, il vit les contours de son reflets. Son corps nu, les épaules voutés, les cheveux noués sur sa nuque. Et ses ailes, d'un blanc immaculée, largement ouverte dans son dos. Si bien qu'elle masquait presque l'azur du ciel, éclatant en cette journée d'été.
Une unique goutte de sang tomba sur son reflet, troublant la surface d'huile de ridules concentriques. Son visage lui apparut alors, les muscles à vifs, dénué de peau. Ses traits écorchés goutant de plus en plus, une pluie écarlate troublant la surface de l'eau et...
L'Ange s’éveilla en sursaut, de nouveau, mais dans son lit cette fois. Couvert de sueur, le cœur battant la chamade. Autour de lui, les dortoirs étaient calmes, un silence de cathédrale à l'exception de quelques ronflements ça et là. Mendrion inspira profondément, se frottant le visage à deux mains. Un instant, il pensa être frappé par la douleur de ses paumes sur ses muscles faciaux dénudés, mais le contact de sa peau l’apaisa. Son visage ne lui avait pas été volé, non.
Il se rallongea, pour chercher en vain le sommeil. Tremblant dans son lit moite de sueur, il resta ainsi toute la nuit, laissant ses pensées dérivées. Avec insistance, il chercha à se concentrer sur autre chose, l’élection prochaine, savamment agencée, la rencontre avec le futur chancelier, le visage de Meribeth marqué par l'étonnement...
Le bien commun prévalait, elle et lui ne pouvaient qu'être d'accord, pour une fois.
Mendrion- Citoyen
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