De poussière et d'os
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De poussière et d'os
Marécage d'Âprefange, quatre années plus tôt.
"Iris....je crois qu'on devrait partir maintenant.."
"Une minute."
L'atmosphère était lugubre, voire étouffante. Pas étonnant pour ce qui s'apparentait à une crypte. Le sol de pierres défoncées, tranchantes comme des lames, était jonché de débris et d'ossements. Quelque fois, un craquement provenant d'on ne savait où. Mais cela ne perturbait pas plus que cela la dénommée Iris, dont la blondeur n'avait d'égal que son tempérament aventureux.
À ses côtés, un jeune homme à peine pubère. Il s'était porté volontaire pour l'accompagner, porter ses effets et surtout, tenir la torche. À en croire ses arguments, il souhaitait vraiment vivre au moins une fois dans sa vie quelque chose d'excitant, qui le ferait frissonner. Il était servi.
Nerveux à l'extrême, il n'avait de cesse de regarder autour d'eux en tremblant comme une feuille. Il tenta de se reprendre en avalant sa salive puis en inspirant à pleins poumons. Allons, c'était lui l'homme ici! Si Iris ne cillait pas, il n'avait pas de raisons de le faire. Après réflexion, si. Il en avait une, et une bonne. Il était trouillard.
Blême, il tendait l'oreille depuis leur arrivée dans la crypte. Attentif au moindre bruit, au moindre son, qu'il soit normal ou non. Il sursauta lorsqu'un rat lui courut sur le pied et après un rapide coup d'œil, se félicita que la blonde fut trop absorbée par ses notes pour le remarquer.
Iris Claermoore, blonde mais pas que, était effectivement concentrée sur ce qu'elle faisait, sur ce qu'elle voyait. Ses mains glissaient le long des murs pierreux et le bout de ses doigts s'insinuaient dans chaque fissure, chaque interstice qui se présentait à elle. Que cherchait-elle ainsi au juste? Le savait-elle elle-même? Rien n'était moins sur. La jeune femme de tout juste vingt ans semblait parfois vérifier quelque chose sur un parchemin qu'elle gardait tenu dans sa main libre. Il s'agissait visiblement d'une sorte de plan voire d'une carte au trésor, aux gribouillis et annotations illisibles.
Le Père Sanomin, qui officiait à Theramore, avait fait mention d'un objet qui, bien qu'égaré depuis des décennies, n'avait eu de cesse de faire jaser. Du reste, personne ne savait exactement de quoi il s'agissait et les spéculations allaient bon train. Une arme, un artefact puissant? Pourquoi pas un grimoire, refermant mille et une techniques jusque là inconnues? Une noble et magnifique armure? Mais tout cela pouvait aussi très bien n'être qu'un folklore parmi tant d'autres.
Pourquoi avait-elle choisi cette crypte en particulier? Difficile à dire, même pour elle. D'autant plus qu'il était de notoriété publique que ces lieux avaient déjà été fouillés en vain, et ce, de nombreuses fois. Son peureux partenaire d'aventure avait émit la possibilité que l'objet en question puisse avoir été découvert dans le passé mais que son propriétaire serait resté discret afin de ne pas susciter trop de jalousie et de convoitise.
Iris trouvait cela plutôt sage mais elle objecta que la nature humaine était ainsi faite. Les hommes avec un grand H étaient vantards, grandes gueules et vaniteux. Passer sous silence le fait de détenir un artefact qui alimentait les rumeurs les plus folles leur serait particulièrement difficile. Aussi était-elle sûre que toute la lumière restait à faire sur cette histoire.
Bien qu'elle puisse donner l'impression inverse, elle n'avançait pas à l'aveugle, mais savait plus ou moins ce qu'elle faisait. Ce n'était pas un hasard si ils étaient là, tous les deux dans cette crypte, en ce jour et cette heure. Percevoir ce qui ne devait en théorie pas l'être était devenu un phénomène récurrent pour la jeune blonde. Cela pouvait l'avantager dans certains cas, en particulier lorsqu'elle prenait son service à Ironclad, la Prison souterraine construite à même la roche de l'Ile de Theramore. Quelques fois aussi cela la desservait, dans ses rares relations amicales.
Plus qu'entendre, Iris savait écouter. Les signes, son corps et son instinct. Et pour elle tout se jouerait ici et maintenant, dans ce tombeau délabré, dans lequel erraient des plaintes lugubres, comme le chant triste du vent dans les branches dépourvues de feuilles d'un arbre désolé. Et si la jeune fille n'avait pas peur -tout juste une pointe d'appréhension au ventre- celui qui l'accompagnait tremblait suffisamment pour deux.
Le visage de la blonde était tiré, tendu, concentré. Elle continuait à tâtonner le mur assidûment. Les choses qui étaient encore brouillées dans son esprit s'étaient éclaircies au fur et à mesure qu'ils approchaient du mortuaire édifice. Ils n'avaient pas encore commencé à s'enfoncer dans les profondeurs obscures et froides des salles, que la jeune fille avait sut qu'elle était sur la bonne voie. Il y avait là une force, une puissance endormie et qui visiblement n'était pas des plus bienveillantes.
Ses doigts crépitaient très doucement tandis qu'elle effleurait les parois de ce mur en particulier. Proche...elle était si proche. Elle ne craignait pas les ténèbres, car elle savait son cœur pur et son âme nimbée de sérénité. Elle ferait face à ce qui s'opposerait à elle, fut-il humanoïde ou non. Vivant, ou mort.
"Iris...on devrait vraiment y aller maintenant..."
Elle s'apprêtait à lui conseiller de se greffer quelques suppléments d'attributs masculins mais quelque chose dans la voix du jeune homme lui fit tourner la tête, dans le cliquetis métallique des grosses boucles d'acier qui ornaient ses oreilles.
"Ho." fit-elle simplement, en avisant par dessus l'épaule de son compagnon de route, une créature des plus inesthétiques, sinon très clairement la plus moche qui lui eut été donné de voir.
Cela avait du être humain, auparavant. Dressé comme un homme, mais délesté d'un bras, l'être qui s'avançait vers eux avec une désavantageuse lenteur, n'était constitué que d'un amas de chair en lambeaux, dont la puanteur fétide faisait frétiller de dégoût les narines de la jeune fille.
Il laissait derrière lui -outre des petits bouts de lui-même- des traînées brunâtres d'aspect écœurant, et accompagnait chacun de ses pas laborieux d'un gémissement plaintif et lamentable, comme celle d'une bête à l'agonie qui réclamerait délivrance par la mort.
Iris papillonna de curiosité, son premier réflexe n'étant pas de chercher à s'enfuir ou de se saisir d'une arme afin de les défendre. Non, elle était plutôt occupée à observer la créature avec un intérêt certain. C'était la première fois qu'elle se retrouvait confrontée à un mort-vivant, en chair et en pourriture. Il fallut que le jeune pleutre livide crie son nom pour qu'elle sorte de sa torpeur.
Elle haussa les sourcils et, tandis que le non-mort avait déjà couvert une bonne parti de la distance qui les séparaient encore, se prit à sourire en coin, faisant abstraction de l'arôme putride qui lui chatouillait le nez. Un regard à son compagnon d'aventure et elle lui saisit la manche d'une poigne autoritaire, sans quitter la créature des yeux désormais. Sa main libre restait dans son dos, toujours contre le mur. Le bout de son pouce continua d'explorer les sillons de la paroi avant de s'immobiliser.
Le non-mort poussa une nouvelle plainte, plus stridente, et qui leur vrilla les oreilles à tout deux. Il commençait à tendre son unique main vers les deux aventuriers dont un tétanisé. Acculés et visiblement en très mauvaises postures, cela n'empêchait pas la blonde de conserver son demi sourire malicieux. Le temps d'un petit décompte mental et son pouce s'enfonça plus profondément dans la fissure.
Tout se passa très vite. Elle entendit son ami crier de panique en s'agrippant à elle. Par chance, il ne lâcha pas la torche lorsque le mur contre lequel ils étaient jusque là coincés bascula brusquement, les faisant chuter à la renverse avant de se refermer. Tout deux sur les fesses, quelque peu haletants, ils échangèrent un regard circonspect puis, Iris éclata de rire. Le déplacement de cette porte à l'activation du mécanisme avait fait chuter une véritable pluie de poussière qui les couvrait littéralement.
"C'était amusant, hein, Jan?" demanda-t-elle en s'employant à secouer sa chevelure désormais grise, afin de lui rendre son éclat doré habituel.
"Tu le savais...pourquoi tu m'as rien dit pour le mur?" répondit-il, un brin boudeur.
Elle se redressa et embrassa cette nouvelle salle du regard. Pas de nouvelles horreurs aux alentours, mais cela pouvait très bien n'être que temporaire. La blonde réfléchit un instant, le front plissé. Puis elle se tourna vers un Jan toujours au sol, enchantée.
"J'en savais strictement rien."
"Iris....je crois qu'on devrait partir maintenant.."
"Une minute."
L'atmosphère était lugubre, voire étouffante. Pas étonnant pour ce qui s'apparentait à une crypte. Le sol de pierres défoncées, tranchantes comme des lames, était jonché de débris et d'ossements. Quelque fois, un craquement provenant d'on ne savait où. Mais cela ne perturbait pas plus que cela la dénommée Iris, dont la blondeur n'avait d'égal que son tempérament aventureux.
À ses côtés, un jeune homme à peine pubère. Il s'était porté volontaire pour l'accompagner, porter ses effets et surtout, tenir la torche. À en croire ses arguments, il souhaitait vraiment vivre au moins une fois dans sa vie quelque chose d'excitant, qui le ferait frissonner. Il était servi.
Nerveux à l'extrême, il n'avait de cesse de regarder autour d'eux en tremblant comme une feuille. Il tenta de se reprendre en avalant sa salive puis en inspirant à pleins poumons. Allons, c'était lui l'homme ici! Si Iris ne cillait pas, il n'avait pas de raisons de le faire. Après réflexion, si. Il en avait une, et une bonne. Il était trouillard.
Blême, il tendait l'oreille depuis leur arrivée dans la crypte. Attentif au moindre bruit, au moindre son, qu'il soit normal ou non. Il sursauta lorsqu'un rat lui courut sur le pied et après un rapide coup d'œil, se félicita que la blonde fut trop absorbée par ses notes pour le remarquer.
Iris Claermoore, blonde mais pas que, était effectivement concentrée sur ce qu'elle faisait, sur ce qu'elle voyait. Ses mains glissaient le long des murs pierreux et le bout de ses doigts s'insinuaient dans chaque fissure, chaque interstice qui se présentait à elle. Que cherchait-elle ainsi au juste? Le savait-elle elle-même? Rien n'était moins sur. La jeune femme de tout juste vingt ans semblait parfois vérifier quelque chose sur un parchemin qu'elle gardait tenu dans sa main libre. Il s'agissait visiblement d'une sorte de plan voire d'une carte au trésor, aux gribouillis et annotations illisibles.
Le Père Sanomin, qui officiait à Theramore, avait fait mention d'un objet qui, bien qu'égaré depuis des décennies, n'avait eu de cesse de faire jaser. Du reste, personne ne savait exactement de quoi il s'agissait et les spéculations allaient bon train. Une arme, un artefact puissant? Pourquoi pas un grimoire, refermant mille et une techniques jusque là inconnues? Une noble et magnifique armure? Mais tout cela pouvait aussi très bien n'être qu'un folklore parmi tant d'autres.
Pourquoi avait-elle choisi cette crypte en particulier? Difficile à dire, même pour elle. D'autant plus qu'il était de notoriété publique que ces lieux avaient déjà été fouillés en vain, et ce, de nombreuses fois. Son peureux partenaire d'aventure avait émit la possibilité que l'objet en question puisse avoir été découvert dans le passé mais que son propriétaire serait resté discret afin de ne pas susciter trop de jalousie et de convoitise.
Iris trouvait cela plutôt sage mais elle objecta que la nature humaine était ainsi faite. Les hommes avec un grand H étaient vantards, grandes gueules et vaniteux. Passer sous silence le fait de détenir un artefact qui alimentait les rumeurs les plus folles leur serait particulièrement difficile. Aussi était-elle sûre que toute la lumière restait à faire sur cette histoire.
Bien qu'elle puisse donner l'impression inverse, elle n'avançait pas à l'aveugle, mais savait plus ou moins ce qu'elle faisait. Ce n'était pas un hasard si ils étaient là, tous les deux dans cette crypte, en ce jour et cette heure. Percevoir ce qui ne devait en théorie pas l'être était devenu un phénomène récurrent pour la jeune blonde. Cela pouvait l'avantager dans certains cas, en particulier lorsqu'elle prenait son service à Ironclad, la Prison souterraine construite à même la roche de l'Ile de Theramore. Quelques fois aussi cela la desservait, dans ses rares relations amicales.
Plus qu'entendre, Iris savait écouter. Les signes, son corps et son instinct. Et pour elle tout se jouerait ici et maintenant, dans ce tombeau délabré, dans lequel erraient des plaintes lugubres, comme le chant triste du vent dans les branches dépourvues de feuilles d'un arbre désolé. Et si la jeune fille n'avait pas peur -tout juste une pointe d'appréhension au ventre- celui qui l'accompagnait tremblait suffisamment pour deux.
Le visage de la blonde était tiré, tendu, concentré. Elle continuait à tâtonner le mur assidûment. Les choses qui étaient encore brouillées dans son esprit s'étaient éclaircies au fur et à mesure qu'ils approchaient du mortuaire édifice. Ils n'avaient pas encore commencé à s'enfoncer dans les profondeurs obscures et froides des salles, que la jeune fille avait sut qu'elle était sur la bonne voie. Il y avait là une force, une puissance endormie et qui visiblement n'était pas des plus bienveillantes.
Ses doigts crépitaient très doucement tandis qu'elle effleurait les parois de ce mur en particulier. Proche...elle était si proche. Elle ne craignait pas les ténèbres, car elle savait son cœur pur et son âme nimbée de sérénité. Elle ferait face à ce qui s'opposerait à elle, fut-il humanoïde ou non. Vivant, ou mort.
"Iris...on devrait vraiment y aller maintenant..."
Elle s'apprêtait à lui conseiller de se greffer quelques suppléments d'attributs masculins mais quelque chose dans la voix du jeune homme lui fit tourner la tête, dans le cliquetis métallique des grosses boucles d'acier qui ornaient ses oreilles.
"Ho." fit-elle simplement, en avisant par dessus l'épaule de son compagnon de route, une créature des plus inesthétiques, sinon très clairement la plus moche qui lui eut été donné de voir.
Cela avait du être humain, auparavant. Dressé comme un homme, mais délesté d'un bras, l'être qui s'avançait vers eux avec une désavantageuse lenteur, n'était constitué que d'un amas de chair en lambeaux, dont la puanteur fétide faisait frétiller de dégoût les narines de la jeune fille.
Il laissait derrière lui -outre des petits bouts de lui-même- des traînées brunâtres d'aspect écœurant, et accompagnait chacun de ses pas laborieux d'un gémissement plaintif et lamentable, comme celle d'une bête à l'agonie qui réclamerait délivrance par la mort.
Iris papillonna de curiosité, son premier réflexe n'étant pas de chercher à s'enfuir ou de se saisir d'une arme afin de les défendre. Non, elle était plutôt occupée à observer la créature avec un intérêt certain. C'était la première fois qu'elle se retrouvait confrontée à un mort-vivant, en chair et en pourriture. Il fallut que le jeune pleutre livide crie son nom pour qu'elle sorte de sa torpeur.
Elle haussa les sourcils et, tandis que le non-mort avait déjà couvert une bonne parti de la distance qui les séparaient encore, se prit à sourire en coin, faisant abstraction de l'arôme putride qui lui chatouillait le nez. Un regard à son compagnon d'aventure et elle lui saisit la manche d'une poigne autoritaire, sans quitter la créature des yeux désormais. Sa main libre restait dans son dos, toujours contre le mur. Le bout de son pouce continua d'explorer les sillons de la paroi avant de s'immobiliser.
Le non-mort poussa une nouvelle plainte, plus stridente, et qui leur vrilla les oreilles à tout deux. Il commençait à tendre son unique main vers les deux aventuriers dont un tétanisé. Acculés et visiblement en très mauvaises postures, cela n'empêchait pas la blonde de conserver son demi sourire malicieux. Le temps d'un petit décompte mental et son pouce s'enfonça plus profondément dans la fissure.
Tout se passa très vite. Elle entendit son ami crier de panique en s'agrippant à elle. Par chance, il ne lâcha pas la torche lorsque le mur contre lequel ils étaient jusque là coincés bascula brusquement, les faisant chuter à la renverse avant de se refermer. Tout deux sur les fesses, quelque peu haletants, ils échangèrent un regard circonspect puis, Iris éclata de rire. Le déplacement de cette porte à l'activation du mécanisme avait fait chuter une véritable pluie de poussière qui les couvrait littéralement.
"C'était amusant, hein, Jan?" demanda-t-elle en s'employant à secouer sa chevelure désormais grise, afin de lui rendre son éclat doré habituel.
"Tu le savais...pourquoi tu m'as rien dit pour le mur?" répondit-il, un brin boudeur.
Elle se redressa et embrassa cette nouvelle salle du regard. Pas de nouvelles horreurs aux alentours, mais cela pouvait très bien n'être que temporaire. La blonde réfléchit un instant, le front plissé. Puis elle se tourna vers un Jan toujours au sol, enchantée.
"J'en savais strictement rien."
Belle- Citoyen
- Nombre de messages : 681
Lieu de naissance : Norfendre
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Date d'inscription : 07/01/2014
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