Les Editions du Salon : Quel est le but de ce jeu ?, par J. Julia d'Arcelot dite Mademoiselle J
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Les Editions du Salon : Quel est le but de ce jeu ?, par J. Julia d'Arcelot dite Mademoiselle J
Mademoiselle J. a écrit:
Quel est le but de ce jeu?
Chers joueurs,
Voici venu le jour où le jeu s’arrêta.
A l’heure où j’écris ces mots je suis à l’hôpital, la première version de ce livre m’a été volée, j’ai donc décidé de l’écrire à nouveau. A quiconque qui trouvera ce livre qu’il s’assure qu’il soit disponible dans la plus grande bibliothèque de ce royaume en le remettant en main propre à Monsieur Kromann des éditions du Salon.
En effet, il y a encore quelques mois, je me présentais au Salon, afin de parler avec son représentant d’un concept novateur et peut-être un peu fou. Après discussion avec l’intéressé que je remercie grandement, le projet a été accepté à bras ouverts et si vous le lisez à ce moment même c’est qu’il a pu se concrétiser d’une quelconque manière. A toi ma sœur, Julyne, je ne remercierai jamais assez ta bonté et tes mensonges.
Mais alors quel est le but de ce jeu ?
La réponse est à la fois d’une simplicité enfantine, mais apportera sans doute des réflexions bien plus complexes. La réponse première se trouve ici, mais puisqu’il est de rigueur d’expliquer l’expérience, ce que j’ai appelé « le jeu », veuillez lire attentivement ce qui suit.
Le but de ce jeu consistait à peindre le portrait des joueurs.
Le but.
« Quoi ?! C’est tout ? » Me direz-vous. Oui, le but majeur était bien de vous dépeindre tel que vous êtes, un détail, une remarque, une attitude. Cette volonté de secret a été animée par la vision que l’on peut avoir de soi-même, et de l’intérêt que l’on se porte ou que l’on porte à autrui. Pourquoi ne pas faire comme la plupart des artistes, et vous convoquer dans une salle, vous faire assoir sur un trône et vous croquer dans vos plus beaux atours, sous votre plus beau jour ?
La spontanéité est la réponse. Vous veniez tel que vous étiez, sans penser à vous recoiffer, à vous regarder dans un miroir pour que le tableau soit le plus magnifique quand il sera accroché au-dessus de votre cheminée. Vous ne pensiez qu’à trouver une réponse, vous ne pensiez pas à ce que vous représentiez, ni à ce que vous étiez et vous êtes encore. On dit bien souvent, que la première impression que l’on a d’autrui est la bonne.
Si je vous avais révélé mon travail, mon intention, ou simplement le fait que j’étais peintre auriez-vous agi de la même manière ? Pas sûr. Devant le regard d’autrui on veut toujours paraitre sous notre meilleur jour, plaire, il était donc primordial que vous oubliez le fait que je puisse vous regarder.
Une simplicité cache souvent d’autres complexités.
Au-delà de toute la simplicité de ce but, il est évident de vous dire qu’au final vous avez tous gagné, et moi-même plus que vous tous, car même si le but concret n’a pas été découvert mais plutôt révélé, vous avez peut-être découvert celui ou celle avec qui vous jouiez, et j’ai pu me découvrir moi-même. Parfois vous ne vous connaissiez pas, parfois vous vous connaissiez que trop bien. Mais par de simples réponses vous étiez amenés à avoir des interactions ensemble. La discussion, réfléchir sur celui qui vous tournait le dos, le décrire, parfois par de simples mots, et même essayer de le comprendre, de me l’expliquer sans même le voir.
Pour constituer un portrait, il était important qu’une autre personne que moi me donne une vision de vous. Moi je n’ai fait que vous regarder, vous épier, mais votre partenaire de jeu a été plus loin, vous décrivant comme il le pouvait, ce qu’il savait ou non, comme pour appuyer ce que je voyais de vous. C’est au final votre partenaire qui a su m’orienter en toute innocence.
Le mensonge ?
Pourquoi accepter le mensonge et le non-dit lors du jeu ? Car on a tous un jardin secret, des blessures dont on ne souhaite pas parler, une méfiance même envers les inconnus, dont on ne va pas révéler la moindre explication. Je n’ai guère pu déceler un mensonge, vous seul savez la vérité, et il n’appartenait qu’à vous de vous dévoiler ou non. Les non-dits étaient peut-être bien plus forts, et même si certaines questions n’apportaient aucun sens réel au but propre du jeu, elles ont permis de voir votre degré de confiance et de méfiance envers une tierce personne.
Tous gagnants
Vous avez tous gagné, car le partage d’idées est un moment fort, dont on se rappelle. A chaque vie ses rencontres, et je ne regrette en rien d’avoir pu vous rencontrer. Vous avez tous dit une vérité, et peut-être trouvé une logique à ce jeu. Le mystère lié à l’initiative a pu également caresser votre imagination et votre réflexion personnelle. Pourquoi tout cela, quelle est la logique ? Existe-t-il même une logique ? Tant de questions auxquelles chacun de vous aviez raison au final, même si ce n’était pas la réponse concrète.
S’ouvrir aux autres est une chose difficile, mais sachez qu’il n y a pas que vous et votre entourage, il y a toutes ces personnes dont vous croisez le regard qui peut-être changeront un jour le cours de votre vie. Pensez-y, il n y a rien à perdre à apprendre et découvrir, il n y a rien à perdre à discuter et à réfléchir.
Les questions
Parmi les questions les plus fréquemment posées, il y avait toute une partie sur l’aspect physique de votre partenaire, comment le décrire en quelques mots, quels sont ses points forts ou points faibles, ce que l’on retient de lui. Votre partenaire a pris ma place le temps d’une réponse, me rappelant ce que je n’avais peut-être pas pu voir.
Il y avait également une partie lié à la richesse, comment considérer la richesse, étiez-vous naturellement avare ou préfériez-vous, vous nourrir de la richesse du jeu, du secret ou de l’interrogation. Abstrait ou concret ? L’interrogation planait, et les réponses ont été étonnantes.
Les peurs, les angoisses, et le passé, me permettaient de lire une émotion sur votre visage, peut-être même de ressentir votre malaise. Peu importe que vous l’ayez tut ou non, que vous ayez menti, vous y avez pensé, et le corps exprime bien souvent ce que l’on ne veut pas dire.
L’amitié, l’amour, le bonheur, tant de grands mots abordés par des moyens détournés. Les personnes joviales, d’une nature optimiste ou aimante arrivaient plus facilement à détendre l’atmosphère, à sourire, ou même rire. Il était important pour moi, de connaitre cette expression sur votre visage, même si elle peut prendre beaucoup de nuances.
Plus qu’un jeu, une promesse.
Ma mère peignait des portraits à longueur de journée, pour notre belle et dévouée reine. A chaque fois, elle pensait à peindre les gens du peuple, ceux qui constituent le royaume. Et à chaque fois on la rattrapait par de viles moqueries « Ne vous abaissez pas à travailler pour eux, ils ne vous apporteront rien. L’art n’est que pour ceux qui en ont les moyens. ». Toute ma vie j’ai été entourée de noblesse et enfermée dans ma maladie, et suite au suicide de ma mère je comptais lui faire la promesse de réaliser son vœu et expier ma faute. C’est chose faite si vous lisez ces lignes.
Symbolique
A toi personnel de l’hôpital qui a pris soin de moi, je t’offre l’or retenu au fond du puits, que cette expérience puisse guérir les âmes en peine et ouvrir le chemin de la guérison.
L’art de la liberté
Dans cette expérience, il n’était pas question d’aller au plus beau, de vous embellir ou vous noircir. Il était important pour moi d’aller à l’essentiel de ce que je pouvais retenir de vous en quelques minutes, de ce que j’allais emporter avec moi. L’art est complexe de par son explication d’intention, de par sa technique d’exécution, mais il ouvre des horizons pour le peu qu’on s’ouvre à lui.
Il était important pour moi de montrer que l’art est accessible au sein de notre royaume, qu’il peut être tout aussi éphémère qu’inexplicable, mais il existe bel et bien tout comme j’ai bel et bien existé. Il était important pour moi qu’il sauve mon âme de mes fautes passées, qu’il me procure la joie d’une liberté tant désirée. Et si j’ai mis fin à ce jeu, si je m’en suis allée loin ce jour précis, je sais que vous comprendrez sans doute cet acte avec le temps, avec ce livre, avec ces toiles.
Je disparais en pensant à chacun d’entre vous, en écrivant ce livre comme mon testament. Et peut-être sauriez-vous trouver ces tableaux avant qu’ « ils » ne mettent la main dessus. L'unique personne qui m’était la plus proche en détient deux, le reste dort quelque part. Sachez, et cela sera surement mes derniers mots mais… qu’une clé ouvrira toujours quelque chose.
Mademoiselle J, Julia d’Arcelot.
Editions du Salon- Citoyen
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Date d'inscription : 30/05/2014
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