Attente
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Attente
par Khaltée Mar 9 Sep 2014 - 14:25
C’était la première fois qu’elle se retrouvait du mauvais côté des barreaux et l’expérience se révélait aussi inconfortable et humiliante que possible. Les geôles étaient vides, et c’est seule qu’elle passa la nuit, recroquevillée contre le mur. Une position plutôt inconfortable car son armure de garde l’empêchait de réellement trouver le sommeil, lui laissant le loisir d’entendre sonner chaque quart d’heure aux cloches de la ville.
Les yeux fermés elle revoyait le Capitaine Stolen debout devant elle, fou de rage, la traitant d’idiote et lui expliquant que la fuite de Stif avait porté un énorme coup à la chasse à la Clef, surtout que celle-ci avait réussi à s’échapper de la grange qu’ils avaient encerclés un peu plus tôt. Elle espérait que la rage du Capitaine allait retomber et qu’il lui pardonnerait son erreur de la veille… Elle espérait aussi que le griffon n’était pas sérieusement blessé, la pauvre bête ayant subi de plein fouet aussi la rencontre avec l’arbre qui les avait jetés à terre, l’assommant à moitié au passage.
D’un geste prudent, elle tâte les ecchymoses sur ses bras et sa joue. Ses doigts glissent ensuite dans ses cheveux et elle grimace en sentant la bosse qui s’est formée quand son casque a rencontré une des plus grosses branches de l’arbre, cabossant le métal et lui faisant voir trente-six chandelles. Elle soupire et entreprend d’ôter une à une les épingles de son chignon, libérant ainsi sa chevelure et réduisant les tensions de son cou. La masse soyeuse s’écroule sur ses épaules tandis qu’elle se mord la lèvre inférieure pour ne pas geindre de douleur.
Elle se surprend à soupirer au souvenir des mains qui l’ont soigneusement massé la veille, prenant le temps de dénouer ses muscles tendus tandis que l’eau chaude apaisait les tensions de la journée. Elle donnerait tout pour revenir vingt-quatre heures en arrière et oublier le désastre de la soirée…
Le petit matin la trouvera toujours assise contre le mur, en train d’attendre la décision du Capitaine. La journée serait longue…
Les yeux fermés elle revoyait le Capitaine Stolen debout devant elle, fou de rage, la traitant d’idiote et lui expliquant que la fuite de Stif avait porté un énorme coup à la chasse à la Clef, surtout que celle-ci avait réussi à s’échapper de la grange qu’ils avaient encerclés un peu plus tôt. Elle espérait que la rage du Capitaine allait retomber et qu’il lui pardonnerait son erreur de la veille… Elle espérait aussi que le griffon n’était pas sérieusement blessé, la pauvre bête ayant subi de plein fouet aussi la rencontre avec l’arbre qui les avait jetés à terre, l’assommant à moitié au passage.
D’un geste prudent, elle tâte les ecchymoses sur ses bras et sa joue. Ses doigts glissent ensuite dans ses cheveux et elle grimace en sentant la bosse qui s’est formée quand son casque a rencontré une des plus grosses branches de l’arbre, cabossant le métal et lui faisant voir trente-six chandelles. Elle soupire et entreprend d’ôter une à une les épingles de son chignon, libérant ainsi sa chevelure et réduisant les tensions de son cou. La masse soyeuse s’écroule sur ses épaules tandis qu’elle se mord la lèvre inférieure pour ne pas geindre de douleur.
Elle se surprend à soupirer au souvenir des mains qui l’ont soigneusement massé la veille, prenant le temps de dénouer ses muscles tendus tandis que l’eau chaude apaisait les tensions de la journée. Elle donnerait tout pour revenir vingt-quatre heures en arrière et oublier le désastre de la soirée…
Le petit matin la trouvera toujours assise contre le mur, en train d’attendre la décision du Capitaine. La journée serait longue…
Khaltée- Citoyen
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Re: Attente
par Khaltée Sam 20 Sep 2014 - 4:07
La jeune femme regardait d’un œil morne depuis des jours et des jours les quelques feuilles de parchemin que le Capitaine Stolen avait laissé dans sa cellule au début de son emprisonnement. Elle n’y avait pas touché. Elle n’avait pas voulu y toucher de peur de lâcher sur le papier tout ce qu’elle avait sur le cœur, tout ce qu’elle avait caché, et tout ce qui avait changé.
Car elle avait changé. Si son visage et son corps n’en portaient aucune trace visible, son âme et son cœur, eux, avaient évolués, avaient même grandi sans qu’elle ne puisse contrer ce changement. Mais l’avait-elle souhaité ? Elle était incapable d’expliquer ou d’exprimer la douceur qui l’avait saisi en se rendant compte que la Garde formait un groupe uni autour des même idéaux.
Idéaux qu’elle avait allégrement piétiné, trahissant son serment de Garde, trompant ses camarades et ses supérieurs qui s’étaient pourtant montré si bienveillant avec elle ! Jamais elle n’avait connu ce sentiment de faire quelque chose pour le bien de tous. Elle avait beau clamer que LaClef lui avait redonné l’espoir, qu’elle se battait contre l’injustice, au fond d’elle, elle avait toujours su que ce qu’ils faisaient n’était pas réellement le bien.
Cette prise de conscience n’était encore qu’un embryon quand elle avait libéré Sif. Quand elle l’a entendu lui dire de jeter le griffon sur la grange, qu’il allait faire tout sauter là-bas, qu’il fallait que LaClef s’en sorte coûte que coûte. Une de ses pensées avait été « Mais et les gardes ? Ceux qui ne font que leur travail, qui veulent juste protéger la population ? » Pensée jugée impie sur l’instant qu’elle avait chassé d’un mouvement de tête en libérant le Postier.
Puis les visites de Talhin, presque chaque jour, qui cherchait à lui faire dire ce qu’elle pensait tout bas. Ses yeux se sont désilés un peu plus à chacun de ses passages, le masque qu’elle s’efforçait encore de porter se fendillait mais elle luttait. Ô combien elle avait lutté, contre son âme et son cœur qui se meurtrissaient un peu plus à chaque battement quand elle avait réalisé l’ampleur de son aveuglement !
Khaltée inspire un grand coup et tend la main pour se saisir de la liasse de parchemins et du crayon posé par-dessus. Du plat de la main elle étend soigneusement le papier craquant et commence à écrire.
Elle prend ensuite un autre parchemin et écrit rapidement :
Car elle avait changé. Si son visage et son corps n’en portaient aucune trace visible, son âme et son cœur, eux, avaient évolués, avaient même grandi sans qu’elle ne puisse contrer ce changement. Mais l’avait-elle souhaité ? Elle était incapable d’expliquer ou d’exprimer la douceur qui l’avait saisi en se rendant compte que la Garde formait un groupe uni autour des même idéaux.
Idéaux qu’elle avait allégrement piétiné, trahissant son serment de Garde, trompant ses camarades et ses supérieurs qui s’étaient pourtant montré si bienveillant avec elle ! Jamais elle n’avait connu ce sentiment de faire quelque chose pour le bien de tous. Elle avait beau clamer que LaClef lui avait redonné l’espoir, qu’elle se battait contre l’injustice, au fond d’elle, elle avait toujours su que ce qu’ils faisaient n’était pas réellement le bien.
Cette prise de conscience n’était encore qu’un embryon quand elle avait libéré Sif. Quand elle l’a entendu lui dire de jeter le griffon sur la grange, qu’il allait faire tout sauter là-bas, qu’il fallait que LaClef s’en sorte coûte que coûte. Une de ses pensées avait été « Mais et les gardes ? Ceux qui ne font que leur travail, qui veulent juste protéger la population ? » Pensée jugée impie sur l’instant qu’elle avait chassé d’un mouvement de tête en libérant le Postier.
Puis les visites de Talhin, presque chaque jour, qui cherchait à lui faire dire ce qu’elle pensait tout bas. Ses yeux se sont désilés un peu plus à chacun de ses passages, le masque qu’elle s’efforçait encore de porter se fendillait mais elle luttait. Ô combien elle avait lutté, contre son âme et son cœur qui se meurtrissaient un peu plus à chaque battement quand elle avait réalisé l’ampleur de son aveuglement !
Khaltée inspire un grand coup et tend la main pour se saisir de la liasse de parchemins et du crayon posé par-dessus. Du plat de la main elle étend soigneusement le papier craquant et commence à écrire.
« Commandant,
Je sais qu’il est trop tard pour me repentir de ce que j’ai pu dire et pu faire. Même si je ne l’ai pas montré et si j’ai été maladroite dans mes propos, je voulais que vous sachiez que la Garde m’a apporté plus d’espoirs et de satisfaction en un mois et demi que LaClef en presque deux ans en sa compagnie.
Oui j’étais aveuglé par elle, oui je savais qu’elle était prête à tout pour ce qu’elle estime juste. Non je n’étais pas d’accord avec tous ses agissements et non je n’ai jamais souhaité la mort d’innocents. J’étais aussi horrifié que vous tous quand j’ai appris ce qu’elle avait fait livrer les têtes de jeunes filles innocentes dans un panier. Et que dire quand j’ai appris la mort d’Escarina Stolen, à l’opiniâtreté légendaire ?
Entre l’horreur de ses actes, et la terreur que je ressentais, je n’ai pensé qu’à une chose. Ne pas me faire prendre. Garder ma place dans le rang, faire mon travail. Car je ne l’ai dit à personne, mais j’ai aimé être Garde. J’ai aimé travailler avec mes camarades, aller en patrouille, partir en intervention. Pour la première fois de ma vie, je me suis senti… à ma place. Personne n’aurait pu être plus fière que moi quand je suis passée de recrue à soldat. Quelqu’un avait pris le temps de noter mes progrès et m’en félicitait ! Pour une fois j’étais jugée apte à faire quelque chose, moi l’orpheline, la va-nu-pied, la gamine pleine de peur, de rage et d’incompréhension face à un monde hostile…
J’avais un rêve… Un pauvre rêve, une chose impossible… Qu’on m’oublie là, et que je puisse rester Garde sans plus prendre part aux actes de LaClef. Elle a pourtant été mon amie… Et tout le monde m’en veut pour ça, mais comprenez-moi… C’est elle qui m’a donné envie d’aider les autres. C’est grâce à elle que j’ai acheté des graines et des outils pour des amis dans le besoin qui habitent la Marche de l’Ouest. Grâce à elle, oui, car sans elle, je n’aurais jamais postulé à la Garde, je n’aurais jamais eu assez d’argent pour survivre par moi-même et aider les autres.
J’ai trahis mon Serment, j’ai trahis la Garde alors que j’aurais voulu l’honorer comme il se doit. Je suis coupable, vous avez raison. En écrivant ceci, en vous livrant mes pensées, je trahis aussi LaClef. Mais cette seconde trahison, au lieu de m’enfermer dans un carcan de mensonges me libère étrangement. Sans doute que l’ombre de l’échafaud me permet enfin de vous dire ce que je n’ai pas su exprimer. Ni à la Cours, ni à ceux qui ont voulu m’aider…
J’ai été maladroite et lâche. J’ai refusé certaines mains tendues car je n’en étais pas digne. Vous m’avez condamné à mourir, j’accepte cette sentence. Mais sachez que mon âme pleure pour chaque acte vil que LaClef a commis. Car je n’ai pas su l’en empêcher. Et ce sentiment d’impuissance me poursuivra jusque dans la tombe.
Qu’Elle vous garde.
Khaltée Raven
PS : S’il vous plaît, n’en voulez pas à Talhin qui a tenté tout ce qu’il a pu pour me sortir de là. Il ne le sait pas, mais si j’ai les idées claires désormais, c’est grâce à lui et au Sergent MacLane. Ils sont venus chacun leur tour pour tenter de me faire prendre conscience de l’horreur de mes actes et de ceux de LaClef.
Elle prend ensuite un autre parchemin et écrit rapidement :
« A tous ceux que j’ai considéré comme mes camarades, aux Gardes, aux Officiers,
Merci d’être ce que vous êtes. Merci d’être la Garde, le dernier rempart devant le crime et l’abomination.
Je vous demande pardon. J’aurais aimé rester pour vous celle que vous avez côtoyée et j’aurais aimé que vous ne sachiez jamais que j’ai trahis mon serment.
Qu’ Elle vous garde.
Khaltée Raven
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