Lettre à la Garde de Hurlevent

par Egalité Lun 15 Sep 2014 - 21:45

C'est un jeune enfant naïf qui viendra s'adresser à la garde en ce début de soirée. Pauvret d'apparence, les cheveux tout en graisse et tout en nœuds, il apportera avec lui une missive soigneusement pliée et enrubannée d'un morceau déchiré de foulard rouge, tout à fait immaculé.

Si on l'interroge, l'enfant dira qu'on lui a donné de quoi se payer de bonnes chaussures et un peu d'avenir, et que c'est un homme qui lui a tendu l'écrit à livrer, lui-même portant le foulard et la capuche.

Garde urbaine de Hurlevent, c'est à toi que s'adresse ce message ! Lis vite, et soigneusement.

Voilà maintenant deux nuits que la personne répondant au nom d'Ethan Rosco est portée disparue. Ce ravissement n'a rien d'un acte divin, tu t'en doutes, Caserne. Ce n'est pas non plus un acte hasardeux. Pas plus un acte désespéré, ou un acte gratuit.

Cet enlèvement est et restera mérité. La personne d'Ethan Rosco, comme toute personne de notre communauté, comme toute personne de ce royaume, est soumise à l'égalité. Un donné pour un rendu.

Mais il serait malavisé de décrire chaque raison ayant amené à la disparition pour le moins musclée de monsieur Ethan Rosco. Toutefois, à l'heure où tu lis ce message, Garde, l'important n'est pas à l'enquête, mais bien à l'action. Car Garde urbaine, nous avons besoin de toi, et ce pli est une invitation à répondre à notre supplique.

Le seizième jour du neuvième mois de l'an de grâce 33, tu nous livreras, Garde de Hurlevent, sans attente et sans hostilité, la personne sous ton joug nocif répondant au nom de Khaltée Raven. Mais nous te connaissons. Toi et ton sens de l'honneur, de la droiture. Toi et ta morgue de fer et d'acier, azurée et dorée. Toi et ta fermeté, ton sens de la correction. Tu voudras agir, tu désireras réagir, Garde.

Ne fais pas cela. Ne souhaite pas même y songer. L'invitation n'en serait sitôt plus une. C'est pourquoi je propose deux scénarii plausibles.

La premier considérerait que tu n'es pas capable de respecter ton travail, Garde urbaine. Que tu ne saurais défendre ta population, que tu ne saurais la convaincre de sa sécurité, de ta force, de ta capacité. La premier, ce serait celui que je ne conseille pas. Une possibilité malvenue, qui se terminerait mal.

Personne ne souhaiterait que monsieur Ethan Rosco finisse morcelé dans toute la ville, que l'orphelinat et ses enfants découvrent la constitution d'un crâne ou que l'hôpital se transforme en boucherie, non. Personne ne le souhaiterait. Personne ne voudrait non plus que des documents circulent à propos de cette affaire dans toute la cité, expliquant combien la Garde n'a pu agir. Combien même son Chancelier, Khassim Al-Rakim, n'a su défendre la population, pourtant présent sur les lieux du ravissement. Quelle image cela donnerait, en prime d'un acte de barbarie gratuit ?

Toutefois, il y a aussi la seconde possibilité. Celle ou la Caserne ferait en sorte de nous motiver à libérer monsieur Ethan Rosco, en répondant convenablement à notre demande. Là, la Garde sauverait une victime -non innocente-, et se comporterait avec le sens des responsabilités, en groupe armé capable et efficace. En défenseur de cette cité, de cette grande ville. Elle ferait, en résumé, son travail avec brio. Monsieur Ethan Rosco retournerait à ses offices, auprès des siens, sauf, et nous, nous serions apaisés, contentés, de quoi laisser respirer le royaume un temps, jusqu'à ce que notre soif de justice intervienne à nouveau.

J'ai l'humeur sympathique de proposer ainsi un marché. Les modalités de l'échange seront partagées sous peu, afin de te tenir alerte, Garde de Hurlevent. Fais preuve de civilité, et soutiens Ethan Rosco en t'exécutant ainsi qu'il le sera demandé.

L'Ambassadeur