Les rêves qui les hantent, au large de Strangleronce...

Plus vraiment d'intérêt ni de saveur... Ces endroits n'ont de choses à offrir qu'à ceux qui ne cherchent rien. Pas même un semblant de réponse. L'oisiveté et l'errance ne sont pas les armes pour s'affronter soi-même. Pas les miennes, en tous cas.
Ici plus grand chose ne me semble vraiment utile... Je ne peux pas dire que rien ne m'amuse, puisque je ne cherche de toutes façons pas à m'amuser. Simplement... C'est comme si j'avais pressé tout le jus d'un fruit et qu'il n'en restait que la peau, fripée, et le noyau, solide et solitaire. Je ne suis pas du genre à replanter le trognon en espérant un plus bel arbre. J'ai mangé les fruits que j'ai trouvés ici et le sol est maintenant jonché de noyaux difformes. Je n'ai plus rien à faire ici.
Mais je reviendrai. Il y a un fruit qui a toujours sa saveur, toujours sa chair, et que je ne peux pas apporter avec moi. Alors je reviendrai. Je ne mourrai pas, où que j'aille. Ce n'est pas encore mon moment. Je reviendrai, plus fort, plus riche, plus grand, je reviendrai et je prendrai ce que je veux prendre.
Je reviendrai...

Cette nuit du sixième mois, une silhouette fut aperçue au bord de l'eau, en train de lire et de relire le même papier. L'homme l'aura finalement roulé en boule et jeté à la mer, ne glanant comme lecteurs que les poissons et les sirènes.
Au petit matin, le navire de la Belle Veuve quittait la Baie-du-Butin, des rumeurs parlant d'un voyage vers des profondeurs inconnues dans son sillage.