Les Feux de l'Espoir - Soirée Caritative

Cela avait été confirmé ce soir-même au Grand Marché : la plupart des vendeurs seraient de la partie, et proposeraient bien des produits intéressants.

Dragonash, le forgeron, s'était même engagé à fournir des articles non réclamés des commandes passées chez lui. Et d'aucun murmurait qu'à des prix plus qu'abordables, on pourrait trouver ce soir-là un lot d'armes en forgeacier, parmi d'autres petites merveilles...

(/HRP : Non, Karven, pas d'[Épée longue squelettique]...déso.)

Un morceau de tabac au coin du bec, je laissais voyager ma tête. Comme une escale avant de reprendre le travail...

Ca en faisait du boulot quand même, cette petite soirée... Toutes nos actions ont besoin d'un coup de pouce, oh.. trois fois rien, juste d'une chiquenaude pour les mettre en branle. Pour débuter notre guerre à la misère, voilà tout. Heureusement que la jeune Rosalie m'avait bien aidé, que je pensais, assis là sur les marches de la cathédrale. C'est qu'on allait avoir tout le Grand Marché. Ils vendraient leurs jolies camelotes au profit des miséreux et de nos rêves, afin que justement, de la misère, il n'en existe bientôt plus.

Il n'y a rien à redire : la ville est belle quand le soleil se décide à faire dormir ses rayons. Ça fait flamboyer les murs d'une lueur rougeâtre, profonde et chaleureuse. Hurlevent quitte pour quelques minutes ses vêtements immaculés et austères pour se fringuer comme un saltimbanque. Un saltimbanque qui dessinerait des formes abstraites aux couleurs vives ; ferait s'évaporer les odeurs de la journée, à la dérobée, comme une fugue vers le rêve, un testament pour ailleurs, sachant pourtant pertinemment qu'il devra céder sa place à la nuit.

Ouais, je pensais à tout ça, sur mes marches. Et c'était bien…

Ces derniers temps, on m'a fait comprendre pour la première fois que je n'avais pas ma place ici. J'ai cogité. Beaucoup cogité. Trop peut-être… à m'en faire douter, mais pas encore assez pour m'en faire perdre la foi. J'étais le bienvenu lorsque je restais à ma place. Nain bien docile. Piquant juste ce qu'il faut, comme un chat qui joue. Bonhomme, souriant, toujours fidèle, aussi droit que possible. Mais j'étais un indésirable quand je voulais aider. Quand je voulais faire entendre ma voix et celles de tous les autres. J'étais peut-être quelqu'un de pas très poli, qui ne respectait pas les convenances, que je pensais dans un sursaut de naïveté... Comme quelqu'un de passage qui viendrait se servir dans votre garde manger, sans y avoir été invité. Un sans gêne, en quelque sorte, toléré, rien de plus… J'avais pas l'impression de me reconnaître là-dedans. Non, moi ma principale faute, c'est que je venais juste du peuple, et d'un autre, par dessus le marché. Je me suis levé, j'ai remonté mon froc qui était descendu par action mécanique, et je me suis dirigé vers le port. Le soleil, lui, continuait de descendre entre deux toitures. Bientôt la nuit allait arriver, avec tout ce qu'elle transporte de mystère et de voleurs à la sauvette.

Demain, des feux de joie et d'espoir s'élèveront haut dans le noir, pour montrer aux vivants qu'ils n'y sont pas seuls. Ça ne sera rien de spécial, ça sera une fête, peut-être même un peu banale. Mais avant tout, ça sera un sursaut de vie. Une action contre le rien, une escarmouche contre tous ceux qui ne veulent pas voir les crèves-la-faim.

J'étais là, comme d'habitude, assis sur les marches de la cathédrale. J'avais mon petit carnet sur les genoux et mon crayon. C'est que ce n'est pas facile de remercier les gens après coup, que je me disais. Que dire de plus que ce petit discours improvisé… Il le fallait pourtant. Oui, bien sûr qu'il le fallait. La soirée n'aurait pas pu mieux se dérouler, tout le monde avait été prévenant. Je soupirais en me disant que mes petits mots n'auraient pas beaucoup d'importance et de sens face à tous les efforts qu'avaient été réalisés durant cette soirée. Et puis je me lançai. Une fois terminé, j'irai l'accrocher sur le petit tableau de liège à l'entrée de la la cathédrale.

Tout d'abord, je voudrais remercier une fois de plus les gentils donateurs et tous les participants de la première édition des Feux de l'Espoir. Aussi, il est à noter l'engagement formidable du Grand Marché pour avoir vendu leurs marchandises au profit de cette soirée. La contribution de tous et votre bienveillance vous honore et me vont droit au cœur. Sachez que la somme récoltée sera bien utilisée. En effet, une partie de cet argent viendra aider le Dispensaire actuellement en création de Slei Livingstone et Trasah Arrington. La deuxième partie, quant à elle, viendra financer une prochaine mission caritative dans les Marches de l'Ouest. En effet, les habitants déjà affaiblis ont vu leurs récoltes piétinées sous les invasions répétées de la Légion l'année dernière. Nous allons leur amener des vivres, des vêtements et de quoi passer l'hiver. De plus, ce n'était pas prévu, mais vous avez été tellement généreux que les enfants de l'orphelinat auront des jouets pour Noël. Un appel d'offre dédié aux ingénieurs sera lancé prochainement.

Je n'ai pas toujours eu les mots justes. Mais là, un seul s'impose : merci.

Bugli Brave-Tempête

Lors d'une de ses visites à l'orphelinat, Grimli accompagna certains des enfants, pendant son temps libre, dans une visite improvisée de la ville de Hurlevent, leur donnant quelques cours d'histoire par la même occasion, afin que jamais personne, n'oublie ce qui a été fait et sacrifier pour leur permettre d'exister. Il fût agréablement surpris, de voir la note du Père Bugli accrochée sur le petit tableau en Liège à l'entrée de la cathédrale, il regarda le mot, puis les enfants, en souriant, ému, puis continua sa visite avec plus d'enthousiasme que jamais. Au moins, les enfants aurons quelques instants de bonheur lors du voile d'hiver. "Peut-être devrais-je ressortir mon vieux Costume de Grand-père Hiver pour l'occasion" se dit-il.