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Les mésaventures Fabresques

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Message par Reed Fabre Ven 4 Aoû 2017 - 23:45

Les mésaventures Fabresques Les_mz10
La naissance d'une mésaventure, Chapitre I

L’ennui. Elle observait calmement les monts qui cachaient la cité de Lordaeron, capitale de son royaume où toute la haute noblesse séjournait. C’était un jour comme un autre dans la charmante bourgade de Andhoral, grenier des terres du roi, royaume de l’ennui où l’événement le plus important de l’année était la période des moissons. Pour le reste, l’ennui était une coutume et l’on récoltait la banalité comme le raisin pour en faire un breuvage sans saveur. Elle observait la cime des arbres, rêvassant, songeant à l’idée de retourner un jour à la plage avec ses deux frères et d’observer au loin les côtes des terres de Stratholme ou encore au plus loin, la terre qu’on disait appartenir aux elfes. Elle se redressa un peu, tenant sa robe pourpre à deux mains tout en reposant son livre qu’elle lisait depuis quelques jours : l’école de divination degré trois.

« Mademoiselle Marianne ! Votre père pensait vous voir directement à votre retour de la cité pourpre ! » Dit un homme, grand à la chevelure grise, portant une armure d’officier de l’armée. C’était le Lieutenant Christophe, le précepteur de ses deux frères qui les préparait à reprendre la direction de la maison. En effet, la jeune fille blonde, du haut ou plutôt du bas de ses un mètre cinquante, faisait parti d’une famille noble de la région. « Il vous attend avec votre fiancé Monsieur Beaurivage de Hauterive. »

« Wayne est là ? » Elle passa devant un miroir en repassant rapidement sa robe de ses deux mains. Elle avait gardé la même tenue depuis son retour de Dalaran. Cela faisait maintenant plusieurs années qu’elle ne vivait plus au domaine des De Méricourt. Elle ne revenait que pendant ses vacances, profitant de ces périodes pour revoir sa famille. De plus, elle avait appris depuis peu qu’elle avait été promise à un jeune homme du nom de Wayne Beaurivage de Hauterive, un noble venant d’un royaume d’outremer mais surtout, son meilleur ami.

« Oui, lui et le Vicomte vous attendent dans les jardins, sur la terrasse. Pour ma part, je dois m’occuper de vos deux frères. Dépêchez-vous, ils vous attendent vous et vos histoires enchanteresses. » Il souriait en l’accompagnant dans le grand manoir familial. L’homme était droit et juste, comme toujours. Il avait vécu la première guerre, connu les peaux vertes et savait à quoi ressemblait un véritable champ de bataille.

Elle arriva dans les jardins, tombant nez à nez avec son père : Le Vicomte George. C’était un homme d’une quarantaine d’année. Son blond avait depuis longtemps laissé place à un blanc neigeux qui était coupé court en une coiffure des plus militaires. Il était imposant par sa taille mais n’était pas si large d’épaules sans son armure. Il était presque frêle. En revanche, sa prestance et son charisme faisait qu’il rendait toutes les femmes de la Cour envieuses. Cette envie était renforcée par le fait que la dame du Vicomte était morte il y a de cela quelques années, laissant un vide dans cette famille. Marianne était donc la seule femme à traverser les couloirs du manoir qui n’était pas une domestique. Aux côtés de l’homme se tenait un jeune blond, fort en chair comme tout bon Tirassien. Wayne avait ce charme exotique d’un gilnéen ayant trop pris le soleil. Il avait poursuivi ses études à Dalaran mais avait réussi à s’offrir les services d’un professeur particulier, lui permettant de rentrer plus souvent en Boralus pour diriger sa famille. Il portait une barbe semblable à celle du vicomte, soubarov comme disaient les barbiers. Les deux hommes la toisaient tout en souriant, les deux étant heureux alors que derrière, dans les jardins, les deux frères se combattaient à l’épée.

« Wayne, voilà longtemps que je ne vous avais vu. » Elle s’inclina tout en tournant ensuite vers son père qu’elle gratifia d’un radieux sourire avant de venir lui baiser sa joue piquante. « Père, vous aussi vous m’avez manqué. » Elle s’inclina une deuxième fois avant de faire un pas en arrière, comme le voulait l’étiquette.

« Vous nous avez manqué à tous ici mon enfant. De plus, je suis bien content de vous voir revenir au domaine familial en ces temps de guerre. Nous n’en ressentons pas encore les coups mais les échos nous parviennent et les réserves de blé son fortement réduite depuis la venue des Hurleventois en réfugiés ici. » C’est vrai, elle avait entendu parler de ces invasions de peaux vertes dans le bas du royaume, que ces derniers avaient attaqué les terres elfiques et qu’ils avaient tenté de faire marche sur Lordaeron. Elle sourit doucement.

« Est-ce pour cela que nous avons autant de soldats dans les écuries Père ? »  Elle restait polie tout en venant lentement croiser les bras en son dos. Elle en profitait pour resserrer le nœud de sa robe, cette dernière devenant trop grande. Un soleil ardent frappait sur leurs têtes.

« En effet, le Roi Terenas II en a donné l’ordre : accueillir les Hurleventois comme des amis, des frères dans le besoin. C’est ce que nous faisons. Mais ne vous perdez pas à tenter de discuter avec eux mon enfant, ils sont pour la majorité des paysans sachant à peine lire, écrire ou encore compter. Rien qui ne doive altérer le bon état d’esprit de ma seule et unique fille. » Il l’a pris contre lui en la serrant. C’était étonnant car ce genre d’affection s’était fait rare depuis la mort de sa mère. Le père s’était enfermé dans une bulle de chagrin, de souffrance et de solitude en ne parlant à ces enfants que de mariages ou encore d’alliances. La guerre avait peut-être du bon ?

« Ne vous en faites pas Vicomte, je ne saurais tolérer de voir ma future femme se faire insulter par un rustre. En quel cas, je le changerais en mouton. » Wayne souriait, il blaguait évidement et disait surtout cela pour rassurer le père. Ce dernier rit et poussa les deux jeunes à se balader seul, prétextant un rendez-vous avec le Lieutenant Christophe.

« Te souviens-tu le nombre de partie de cache-cache nous avons pu faire dans ces jardin Marianne ? » Le jeune homme était plein d’entrain en marchant au bras de la jeune demoiselle, observant les fleurs, citant chacun de leurs noms et se ventant parfois même d’en connaître les vertus. Il était d’un naturel espiègle et farfelus, parfois même maladroit dans sa verve. Elle l’appréciait pour son franc parlé mais n’arrivait pas à s’imaginer être sa femme et tout quitter ici.

« Je m’en souviens oui, tu avais l’habitude de tricher en usant de l’illusion dès que tu avais appris comment faire. » Elle riait tout en le regardant un bref instant, le rouge venant aux joues du mage. Il secoue la tête et replaça sa cape tout en se passant ensuite une main dans sa chevelure blonde tirassienne, un mélange de roux et de blé, comme celle de la jeune fille en fin de compte mais tirant tout de même plus vers le roux.

« Je ne faisais qu’utiliser mes avantages. Ce n’est pas ma faute si vous n’aviez aucune idée de comment me retrouver toi et tes frères. Mais tu veux savoir ? Même sans je vous battrais. » Espiègle au possible, il lui jeta un regard de défis alors que la jeune femme hocha, se tournant contre un arbre et le regardant.

« Je relève le défi et si je gagne… tu devras avouer ta défaite devant Père et mes deux frères ! » Il écarquilla les yeux alors qu’elle se tournait pour se mettre face à l’arbre.

« Mais je- » Il fût interrompu par Marianne qui se mettait déjà à compter en riant. Il fila à vive allure en direction du manoir, voulant probablement lui tendre un piège dans une des nombreuses pièces de la bâtisse.

La jeune fille finit de compter après la centaine passée. Elle fila en direction des profondeurs du jardin, tournant dans le labyrinthe de haies tout en riant, la chaleur de l’été était si douce sur son visage. Soudainement, un grand choc froid arrêta son rire alors qu’elle fût projetée au sol, comme si elle venait de rentrer dans un mur. Elle releva la tête, décoiffée et la joue rougie alors qu’elle dévisageait ce qui avait pu la réduire ainsi au silence. Elle fronça les sourcils alors que la vision redevenait correcte. Elle vit un jeune homme approchant les deux mètres, avec des épaules d’une telle largeur qu’elle n’en avait jamais vu. Il avait l’air blasé alors qu’il fronçait ses sourcils noirs. Il avait les très durs, une barbe tout sauf taillée et une crinière de lion sauvage qui lui donnait un charme certain. Il sentait les bois et la sueur, n’ayant visiblement pas grand intérêt pour son apparence. Le guerrier portait une armure de plaque froide aux couleurs de Hurlevent, un marteau de forgeron pendant à sa ceinture qu’il… Qu’il refermait doucement tout en la toisant, remontant sa cuirasse et ses chausses. Il était d’un calme plat et son visage ne laissait paraître aucune émotion, impassible. Soudainement, un bref sourire se dessina sur son visage alors qu’il commença une phrase d’une voix chaude, autoritaire mais extrêmement séduisante.

« Il faut faire attention où vous mettez les pieds ma Dame, vous auriez pu vous faire mal en tombant ainsi. » Il toisait la constitution de la jeune fille, le ton un brin moqueur alors qu’il finissait de repasser sa ceinture dans ses sangles. Il semblait amusé de voir la fille en de telle disposition, il ne vînt même pas lui tendre la main.

« C’est vous qui m’êtes rentré dedans sire ! Et la moindre des choses serait de tendre la main quand on fait tomber une dame ! » Elle se releva assez rapidement, la robe cachant une femme agile. Cette dernière bondit donc sur ses deux pieds pour observer l’homme à la chevelure de jais. Il avait le teint bien bronzé et semblait encore plus bourru que le Lieutenant Théophile.

« Je n’ai foncé dans personne, j’étais planté là à arroser vos fleurs si vous voulez tout savoir ma Dame. Et vous avez deux jambes et des mains, vous pouvez donc vous relever de vous-même non ? A moins qu’une demoiselle telle que vous ait besoin d’un homme pour le faire pour elle ? » La voix aussi plaisante qu’une brise en été, il finit de refermer son ceinturon et vînt rapidement épousseter la robe de la dame de son gant de plaque, laissant des traces de suie. « Oh je… Navré pour ça. » Elle écarquilla les yeux en le fusillant du regard puis se ravisa en plongeant ses yeux dans le bleu acier qu’elle avait devant elle.

« Cha… Charmant. Et non en effet, je n’ai pas besoin d’un homme pour faire cela, je vous remercie de… De ne pas m’avoir aidée. Et cessez avec les : Dame. C’est Mademoiselle, je ne suis pas mariée. » Elle rougissait un brin en voyant qu’il ne la quittait pas des yeux. Normalement, les roturiers tournaient rapidement le regard en sa présence mais lui, il se contenta d’esquisser un sourire. « Ou Mademoiselle Marianne. »

« Moi je suis Halfred Fabre ! Enchanté ! » Il prit la main de la jeune femme et la serra avec une forte poigne. Visiblement il ne savait comment saluer une dame de son rang. Puis elle observa sa tenue, il était vrai qu’elle portait une robe d’été, faites pour crapahuter dans les champs et non pour mettre en valeur quoique ce soit. Elle sourit doucement en serrant donc la main puis en s’inclinant.

« Marianne de Méricourt. » Elle se releva doucement en massant sa main qui avait été malmenée. L’homme ouvrit un brin la bouche puis se mit à rire tout en se massant la nuque. Un rire si sincère et si peu retenu comme elle n’en avait jamais vu. Il reposa la main à son ceinturon tout en lui faisant un clin d’œil presque complice, l’autre main sur la fusée de sa lame.

« Si j’avais su que j’avais en face de moi la fameuse fille du Vicomte, j’aurais certainement fait une tout autre présentation. » Il reprit son air bougon tout en soufflant des nasaux par amusement. Elle sourit doucement en posant une main à sa propre hanche, faisant rapidement de même avec la deuxième.

« Et vous m’auriez certainement aidée à me relever ! » Elle riait.

« Non, vous avez toujours deux jambes et deux bras. » Il secouait la tête, comme si cela était tout à fait logique, roulant un bref instant des yeux tout en la toisant un moment. Couverte de suie et de terre, elle n’avait plus vraiment des allures de noble. Surtout vu l’état de sa crinière maintenant en bataille.

« Vous êtes d’un rustre. Et donc que faisiez-vous dans les jardins Sire Halfred ? » Dit-elle, à moitié amusée et vexée, venant finalement croiser les bras en faisant le tour du guerrier, pour observer à qui elle avait à faire. Il était bien grand, large d’épaule, poilu et devait probablement être une incarnation vivante de l’image de ce que l’on pouvait se faire d’un soldat sur un champ de bataille. Il devait probablement avoir des origines de Stromgarde. Elle remarqua au-delà de la maille un tissu blanc qui lui resserrait la taille. Une blessure qu’il avait probablement ramené du front.

« Je viens de vous le dire, j’alimentais le ruisseau. » Il fronça les sourcils en laissant la jeune fille l’inspecter. Elle rit, ne pensant pas qu’un homme pouvait faire preuve d’autant de sincérité devant une dame comme elle.

« Eh bien, je pensais que vous plaisantiez Sire Halfred. » Elle haussa les épaules en revenant face à lui, toujours aussi amusée par le soldat bougon.

« Pourquoi je le ferais ? Et c’est juste Halfred. Je n’ai pas de titre qui mérite une telle appellation. » Il restait aimable tout en gardant une certaine distance vis-à-vis de la jeune femme, comme si cette dernière risquait de lui exploser à la figure. Elle fronça les sourcils, visiblement elle comprit qu’elle avait face à elle un paysan.

« D’où nous venez-vous Halfred ? » Elle s’appuya doucement contre un arbre planté non loin de là, toujours dans le labyrinthe de haies. Elle souriait devant cette nouvelle connaissance qui changeait grandement de tout ceux qu’elle avait pu fréquenter. Il semblait plus naturel.

« Je viens du Val d’Est Mademoiselle. Proche de la cité de Hurlevent. Vous ne devez probablement pas connai- » Il se fit rapidement coupé par la jeune femme.

« Oui le camp de bûcheron, principale source de bois de Hurlevent. J’ai beaucoup lu sur la région. Il y fait bon vivre dit-on. » En effet, la culture générale de la jeune femme était grande, l’un des principaux atouts d’étudier à Dalaran. Elle avait lu beaucoup de choses concernant ce petit val qui foisonnait de vie, aux frontières de la forêt d’Elwynn.

« Exactement. Vous y êtes déjà allée ? » Il fronçait les sourcils puis sourit d’un air amusé. Il venait de s’imaginer la jeune femme qu’il avait devant lui, portant une hache au beau milieu de tous ces bûcherons qui faisaient trois têtes de plus qu’elle. Cette vision lui arracha même un rire nasal qu’il ne cacha pas.

« Non, j’ai simplement beaucoup lu de choses sur Elwynn comme je viens de vous le dire Halfred. Vous êtes donc dans l’armée pour la guerre ? Avançons vous voulez ? » Ils marchaient en direction du manoir, parcourant le labyrinthe ensemble. Il avait les mains à son ceinturon et elle croisée en dessous de sa poitrine.

« J’ai été enrôlé comme Intendant de la garnison du Val d’Est oui ! Sinon je suis le forgeron de la région, une affaire de famille. » Il semblait fier tout en parlant de son métier, hochant doucement alors qu’au loin se distinguaient les écuries.

« Vous devez en être fier non ? » Dit-elle doucement en soulevant l’évidence, observant un sourire radieux se dessiner sur l’homme qui rit tout en montrant son équipement.

« Les Fabre sont de bons forgerons, je suis fier d’être l’un des leurs. Il faut toujours être fier de ses racines non ? » Il haussa un sourcil tout en se tournant vers elle.

« Oui je pense que- » Elle fût coupée par une voix forte à l’accent d’outremer. Wayne la cherchait visiblement et elle se devait d’aller le trouver. Elle se tourna vers le forgeron en souriant. « J’aimerais beaucoup continuer cette discussion si vous voulez bien Halfred. » Il hocha doucement en la saluant d’un simple hochement de tête avant de lui donner une tape sur l’épaule.

« Passez aux écuries un de ces jours, j’dors avec les chevaux. » Il laissa pour la première fois une syllabe se faire dévorer par un accent qu’il savait parfaitement maîtriser visiblement. Il hocha doucement avant de partir en direction de ces dernières. Elle resta là, un moment, avant de se secouer un peu et filer dans le salon pour retrouver son futur mari. Cependant, l’image du paysan qui ne faisait attention aux apparences resta en elle, il était captivant.


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:09, édité 9 fois
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Les mésaventures Fabresques Empty La naissance d'une mésaventure, chapitre II

Message par Reed Fabre Sam 5 Aoû 2017 - 0:20

La naissance d'une mésaventure, Chapitre II

Le lendemain, la jeune fille étudiait calmement dans le bureau de son père. Ce dernier était parti à un énième rendez-vous à la capitale et ne serait pas de retour avant une semaine. Cela l’attristait un peu mais, l’idée d’avoir le manoir pour elle-seule, ne pas devoir être présentable ou autre, cela lui plaisait. Cependant, l’ombre de son futur mari rodait encore dans les couloirs du manoir. En effet, ce dernier allait séjourner ici le temps que le Vicomte revienne. Wayne avait pris à cœur sa tâche de gardien, donnant des ordres aux domestiques et allant de temps en temps saluer les troupes dans les écuries. Les écuries… Elle regardait depuis sa fenêtre les boxes des chevaux, jouant avec une mèche de sa chevelure en tentant d’apercevoir l’étrange Halfred. Elle souriait doucement à l’idée de l’imaginer brailler des ordres, après tout il en avait la carrure. Elle suivait du regard les quelques gardes et finalement, couché dans le foin à fumer calmement, il était là. Il avait l’air fatigué et sur le point de s’endormir, seul. Une occasion rêvée pour-

« Ah tu es là Marianne ! Je te cherchais. » Wayne débarqua dans la salle d’étude, le bras chargé de parchemins en tout genre. Il s’avançait rapidement en direction de sa promise, lui déposant un baiser sur la joue avant de regarder l’objet des convoitises de la jeune blonde. « Ah ces guerriers ! Tous des rustres ! J’ai tenté d’expliquer ce qu’étaient les arcanes à l’un et il m’a regardé comme si je parlais une autre langue. Ah je te dis, on ne peut avoir une conversation sensée avec eux. Ils sont bons à être sur le champ de bataille, moi je le dis ! »

« Je ne suis pas d’accord avec toi. Je pense qu’on peut avoir une très bonne discussion et même des plus profondes qu’avec certains officiers. Ils sont fiers et connaissent tout de la vraie vie, la vie de la terre et du travail. » Il cligna des yeux, c’était bien là l’une des premières fois que Marianne se permettait d’ouvertement lui dire qu’il avait tort. D’habitude, elle avait la sale manie de faire des sous-entendus mais là… La jeune noble semblait avoir la langue totalement déliée.

« Eh bien Marianne, on pourrait croire que tu fréquentes souvent ce genre de personne, tu oserais ? » Il fronça les sourcils. Il n’était pas méchant en soi mais il avait été élevé pour mépriser les travailleurs. Les affres d’un enfant né avec une cuillère en or sertie de diamants dans la bouche. Elle avait pourtant eu la même éducation que lui, pensa-t-elle. Voilà donc qui n’excusait pas un tel comportement.

« J’ai effectivement déjà parlé avec l’un d’eux. Et il était très gentil. » Elle ne sourit tout en ne quittant pas du regard le forgeron désormais endormi aux côtés de son cheval. Wayne vînt poser une main sur son épaule en riant, un brin espiègle.

« Oui, ils sont gentils. » Il ne le disait pas de la même manière, articulant le mot très lentement tout en gardant un ton soutenu. C’était une image pour dire simple d’esprit. Elle leva les yeux vers lui en fronçant ses sourcils. Elle était mécontente.

« Ne déforme pas mes mots Wayne. Ils sont bien plus sympathiques que la majorité des nobles que je connaisse. Ne deviens pas comme mon père, cela ne t’irait pas au teint mon cher ami. » Elle se releva en prenant son livre contre elle, un brin vexée en s’éloignant de lui pour aller s’asseoir calmement dans un canapé. Il soupira en se massant la barbe, secouant la tête, il approcha d’elle.

« Que t’arrive-t-il ma chère ? Tu sembles toute secouée depuis ton retour. Les choses vont mal à Dalaran ? C’est la guerre qui te met dans cet état ? » Il semblait véritablement préoccupé quand il s’agissait de cette chère Marianne. Il s’assit proche d’elle sans pour autant la coller. Il l’observait de ses yeux océans. Elle portait une robe simple aux couleurs de la mer, non pas la pleine mer mais les côtes azuréennes que l’on peut voir sur les bords des îles du Sud.

« Je vais très bien, merci de t’en inquiéter. Et ce n’est pas parce que quelqu’un contredit tes dires qu’il est forcément malade ou dérangé tu sais. » Dit-elle, moqueuse à souhait tout en reprenant sa lecture avant de fermer son livre et de sortir de la pièce.

« Où vas-tu ? » Dit-il tout en tendant la main vers elle, il semblait désireux de passer un moment avec sa future femme mais cette dernière ne semblait plus vouloir de lui pour la journée. Il la laissa partir alors qu’il reprit ses parchemins, répondant à ses vassaux.

Elle parcourait le manoir en fulminant, sortant de ce dernier pour atteindre les jardins. Elle marchait et marchait encore alors qu’elle atteignait les limites de la propriété, continuant dans un champ de blé. Sa robe se prenait dans les épis alors qu’elle détachait ses cheveux pour laisser le vent les transporter. Elle regardait le ciel bleu, rêvassant. Elle pensait aux terres du sud, aux mers plus profondes que tout.

« Je ne pourrai jamais épouser ce rustre. » Dit-elle soudainement en baissant les bras. Elle soliloquait doucement tout en prenant un brin de blé. « Il est un bon ami, mais je ne veux pas finir avec lui. Il est… Il est si hautain et irrespectueux, il ne pourrait me donner ce que je désire. Ma pauvre Marianne… »

« C’est exactement ce que je me disais en écoutant une fille parler toute seule. » Dit une voix familière en souriant, croisant les bras tout en la toisant. C’était Halfred, les cheveux aux vents, qui l’avait suivie. Il était toujours en armure, une main sur la hanche et fronçait les sourcils, un brin amusé. « Vous devez être bien seule pour ne trouver personne d’autre que vous-même comme confidente. »

« Vous jugez donc ma capacité à m’écouter ? » Elle lui rendit son sourire en se tournant pour lui faire face. Il s’appuyait maintenant sur son écu tout en la jugeant un peu avant de souffler des nasaux.

« J’oserais ? Cela serait mal venu d’un homme comme moi voyons. » Un brin moqueur tout en lui faisant un clin d’œil.

« Vous ne daignez même pas me tendre la main alors que je suis au sol, donc je pense en effet que vous en seriez capable Halfred. » Elle riait tout en venant rattacher ses cheveux, gênée à l’idée de se présenter ainsi devant un homme ou devant n’importe qui. Il s’avança tout en la doublant. « Où allez-vous ? »

« Suivez-moi et vous le verrez Marianne. Mais pour ça il faudrait quitter votre domaine ! » Dit-il en souriant, quittant le champ en direction de la forêt. Elle regarda en arrière, le manoir et se pressa en direction des lisières du bois. Elle tenait sa robe en tentant de rattraper cet homme.

La petite fourrée débouchait sur une clairière. Cependant, le forgeron traversait encore les bois, il ne semblait pas destiné à s’arrêter. Il s’éloignait à une vitesse presque animale, probablement habitué à la marche dans les bois. Il filait dans un brouhaha de cliquetis, visiblement peu gêné par son armure. Elle tenait sa robe entre ses mains, la tenue n’était vraiment pas faite pour courser un grand ténébreux au travers de la forêt. De plus, ses chaussures ne cessaient de se prendre dans les racines, les habits destinés à la noblesse n’avaient rien de pratique. Elle détestait son père à ce moment-là pour toujours la forcer à porter un corset. Soudainement, les buissons et les fougères s’espaçaient pour dévoiler une petite cascade avec un bassin d’eau fraiche. Elle ne dû pas chercher longtemps Halfred des yeux, ce dernier était assis sur un rocher, souriant à la jeune femme. Elle approcha doucement, tentant de replacer ses mèches pour avoir une apparence convenable, peine perdue.

« Il faut donc vous faire courir une dizaine de minutes pour enfin voir qui vous êtes vraiment Marianne ? » Il ricana tout en se levant, se tenant le dos, grimaçant de douleur. Il s’approcha et retira quelques mèches de devant son visage pour découvrir un visage à la beauté pure. Elle rougissait, le souffle court, les yeux tremblants et la sueur s’étant installée sur son front. Il ricana tout en lui prenant le bras pour l’amener sur le rocher et l’observer de son regard acier avant de lui tendre son outre. Elle la prit et en bu rapidement le contenu. « Attention c’est d- » Elle recracha le tout sur les bottes du guerrier. Il grimaça puis rit un petit peu.

« Du rhum par cette chaleur ? Mais vous n’allez pas bien ?! » Elle était essoufflée, observant l’homme qui ne pouvait s’empêcher de rire visiblement. Elle se tourna et se rinça longuement la bouche à l’eau de source. Ce qu’elle fit eue pour effet d’arrêter le rire nasal de l’Elwynnien. En effet, la fourbe avait vidé le contenu du rhum au sol pour remplir la bouteille d’eau.

« Mais vous êtes folle ! Il y en avait pour un argenté là-dedans ! » Il avait les bras écartés, observant le massacre alors que la fourbe Marianne se retournait en souriant telle une vainqueur, les cheveux ondulés par l’effort. Une vision assez plaisante pour le forgeron qui fût soudainement apaisé. Lui, attiré par une peigne-cul ? Il souffla en s’approchant pour s’asseoir, tenant à nouveau ses lombaires tout en lâchant un grognement.

« Je vous donnerai un whisky à mon père une fois de retour au domaine. » Elle reprit son souffle tout en observant l’arrière de l’homme qui le faisait souffrir. « Qu’avez-vous donc au dos ? » Elle tenta d’y jeter un œil mais l’homme se leva, défaisant son armure et retirant sa camaille pour finalement se retrouver en chemise. Cette dernière était tâchée de sueur et de sang. Il la retira rapidement et dévoila un torse des plus robustes. La musculature était bien présente, couverte d’une toison corbeau. Il avait, çà et là, des cicatrices ou encore des plaies qui tenaient encore avec des sutures. Mais le plus imposant était l’énorme bandage qui faisant le tour de sa taille. Il le retira lentement, déroulant le tissu couche après couche pour finalement dévoiler une brûlure encore vive et des bleus de partout. La peau était morte par endroit et par d’autres, des bulles de pue étaient prêtes à exploser. Elle grimaça tout en se relevant. « Comment ? »

« Un orc ou un troll, je ne sais plus vraiment. Nous étions en train de nettoyer une des dernières poches de la Horde dans le nord proche de Quel’Thalas quand soudainement, l’un de leur sorcier m’a jeté un sort qui me cloua au sol, calcinant ma peau. Nous avions pour ordre de nettoyer la région depuis que la majorité de leurs troupes sont revenues après la réouverture du portail. » En effet, ce que la jeune fille continuait d’appeler la Deuxième Guerre n’était qu’une prolongation de cette dernière. Le portail avait été refermés, la majorité des troupes enfermés dans des camps mais les orcs marchaient encore sur ces terres. On parlait de non-morts et autres choses abjectes traversant les terres du sud. De plus, tout avait changé ici, le Roi Grisetête avait quitté l’Alliance pour s’isoler derrière un mur de pierre, l’un des clans les plus célèbres des orcs avait été rasé et les dragons libérés. Mais des soldats du roi Wrynn, le seigneur de Hurlevent, continuaient d’aider dans le nord en remerciement à l’accueil de ses troupes.

« Et vous n’avez pas soigné la plaie ? Elle semble infectée. » Elle touchait cette dernière du bout des doigts en grimaçant avant de chercher çà et là des herbes. L’homme tourna la tête en haussant un sourcil tout en l’observant arracher de la feuillargent et des pacifiques pour directement les broyer entre deux caillasses.

« Je devais voir un prêtre une fois arrivé dans votre domaine mais, il est parti ce matin avec le Vicomte votre père. Alors j’attendrai. Vous faites quoi là-derrière ? » Il la sentait triturer son dos. C’était parfois douloureux et parfois plaisant. Il sentait la douceur de ses mains, des mains de nobles se dit-il. Elle lui nettoyait le dos et plaçait des feuilles trempées de feuillargent. Elle retira l’autre outre de l’homme et il écarquilla les yeux en devinant ce qu’elle allait faire. « Attendez ; vous n’allez pas- » Un cri puissant déchira le silence des bois, les oiseaux s’envolant des branches. Elle venait de verser le reste de son autre outre de rhum sur la plaie pour désinfecter le tout. Il se tenait à un rocher, les veines ressortant de ses tempes alors qu’il suait comme un bœuf.

« Il fallait tout de même prendre le temps de nettoyer la plaie Halfred, autrement vous seriez dans un bien mauvais état. De plus, vous êtes bien trop loin de chez vous pour mourir bêtement d’une fièvre liée à une plaie trop sale. En revanche, vu la profondeur de la chose… Vous risquez d’en avoir pour un bout de temps. » Elle sourit doucement en passant sa main sur les épaules larges du forgeron qui tourna lentement la tête, l’observant avec un sourire en coin. Il hocha doucement en tirant la petite main avec une de ses pattes d’ours. Il l’embrassa, laissant le piquant de sa barbe effleurer la peau pâle de la jeune femme. Elle rougissait.

« Merci Marianne… » Il l’observait doucement tout en se laissant masser. Elle rougissait mais se laissa aller à l’aventure, découvrant un corps robuste comme elle n’en avait jamais vu. Puis, alors que le soleil déclinait, elle se releva pour faire face au guerrier qui se tenait debout devant elle. « Je veux vous revoir demain. » Elle rougissait en nettoyant ses mains dans un pans de sa robe.

« Vraiment ? Je voudrais aussi vous revoir Halfred, j’aimerais beaucoup cela même. » Elle rougissait tout en le regardant, décoiffée et défait de son corset qu’elle avait retiré pour se mettre plus à l’aise. Il sourit puis secoua la tête pour reprendre un air un brin bourru.

« Oui car après tout, vous me devez deux outres de rhum bien remplies ! » Il rit pour essayer de détendre l’atmosphère qui devenait presque trop romantique pour lui. Il savait qu’il avait devant lui un interdit et elle était tout autant au courant de cela. Il la raccompagna au bord de la forêt en souriant.

« Vous ne venez pas au domaine avec moi Halfred ? » Elle fit la moue tout en s’essuyant le front. Elle observait le guerrier qui ne portait plus que sa chemise sur son dos. Il sourit brièvement tout en secouant la tête, sa crinière se ballotant en tous sens.

« Non, cela serait bien trop étrange pour vos domestiques, vous ne trouvez pas ? Et… J’ai besoin d’alimenter le ruisseau » Finit-il sur le ton de la confidence. Elle rit doucement tout en hochant vivement de la tête.

« Bien alors je vous laisse là. Disons demain même heure dans les bois ? » Elle pencha la tête alors que l’homme s’approcha d’un pas de loup pour déposer un doux baiser sur sa joue, proche de la commissure de sa lèvre. Elle rougit alors qu’il hocha tout en s’éloignant dans les bois. Elle resta là un moment. Elle ne savait vraiment que faire ou quoi penser, son cœur s’emballant. Elle pouvait donc ressentir quelque chose pour lui ? Elle sourit à cette idée en repensant à ce baiser, marchant d’un air songeur en direction du manoir entre les épis de blé. Elle se dirigea vers l’entrée de son jardin, se retournant pour voir Halfred sortir des bois. Il souriait et la salua d’une main. Elle lui rendit son salut avant de courir en direction de sa chambre pour se laver et redevenir présentable, pour son plus grand drame.


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Message par Reed Fabre Sam 5 Aoû 2017 - 0:56

La naissance d'une mésaventure, Chapitre III

Elle s’était couchée tôt pour pouvoir se lever aux aurores. Il faisait encore nuit alors qu’elle tentait de redresser un chignon sur sa tête, s’observant d’un air réprobateur dans son miroir. Soudainement, elle le relâcha et observa ses cheveux ondulés naturellement, hochant la tête en les laissant ainsi. Elle se releva et poussa toutes les robes de son armoire pour en trouver une simple, vert-bleue, qu’elle décida de rapidement enfiler. Pas de corset, pas de maquillage, rien. Elle voulait observer discrètement depuis la porte du jardin le bon vieux Fabre. C’est ce qu’elle fit, accrochée à la porte couverte de lierre tout en restant emmitouflée dans une large peau de loup. Il était avec ses camarades, se chamaillant, ils avaient parfois l’air de bêtes ou encore de brutes sans cervelle. Mais elle remarqua qu’il n’y avait ici aucune place pour l’hypocrisie ou encore une once d’irrespect. La sincérité était primordiale dans ce monde qu’était celui des non-nobles. Elle soupira en observant longuement la mâchoire carrée de Halfred, ses cheveux remontés en une queue de cheval, sa barbe. Elle ne pouvait l’approcher, c’était impossible entre eux. Elle retourna dans les jardins où elle fût surprise de trouver Wayne s’entraînant à un puissant sort de pyromancie. Les flammes calcinaient une cible en continu, comme un torrent de lave léchant la paille du mannequin.

« Wayne ! Quel spectacle de bon matin. » Elle était sincère, elle n’avait jamais été bonne dans les écoles élémentaires. Elle se contentait de faire quelques tours de passe-passe ou encore des projectiles arcaniques. Le mage se retourna en sueur, un sourire aux lèvres alors que les flammes quittaient ses mains. On disait qu’il était bien dur de créer un sortilège sans canalisateur mais le mage semblait être né pour cela.

« Il faut bien que je montre à tous ce qu’un homme comme moi est capable. Tout est une histoire d’apparence dans notre monde, ma chère. Et toi, que fais-tu levée si tôt ? » Il pencha la tête en rangeant ses mains dans son dos, posture militaire à nouveau. Elle chercha rapidement une excuse, une excuse qui pourrait aussi bien justifier sa tenue.

« Je n’arrivais pas à dormir, le bouquant des armures dehors m’a réveillée. » Elle avait menti. Elle savait le faire mais elle ne comprenait pas pourquoi elle avait ressenti le besoin de le faire à ce moment très précis. Wayne était son meilleur ami, il aurait très bien plu comprendre mais étrangement, elle ne s’était pas autorisé ce luxe.

« Tâche de ne pas briser ton cycle du sommeil Marianne. Une mage et surtout une femme se doit d’être reposée. Autrement tu feras une bien piètre Dame ! » Il riait mais n’en pensait pas moins. C’était mœurs communes dans ce hameau de sous-estimer les femmes. Cela l’était encore plus en ville. Cependant, il était bien trop tôt pour entrer dans une colère noire, la jeune femme se contenta de lever rapidement son bras et sa baguette. La cape de l’homme semblait soudainement flotter. Wayne se retrouva emmitouflé dans le tissu de qualité et tomba au sol en marchant dessus. C’était un tour de débutant et il s’était fait avoir comme un bleu. Elle rit un moment alors que l’homme grognait en se relevant.

« N’oublie pas que sous-estimer son adversaire, c’est souvent mal venu Wayne. On ne sait jamais ce qui peut nous arriver. » Elle ricana alors qu’il retira la poussière de sa cape et reprit ses entraînements de vantards. Elle s’enferma dans sa chambre pour observer la cour à nouveau. Il était là, il riait puis soudainement, il tourna le visage en direction de la fenêtre. Ses yeux perçants plongèrent dans le regard innocent de la jeune fille qui ne sut que rougir et se cacher derrière un rideau bleu roi. En regardant à nouveau, elle le vu sourire et hocher de la tête doucement. Il était beau et semblait si naturel. Non elle devait se l’interdire. Elle était promise à Wayne et ne pouvait trahir ainsi son père.

L’après-midi fût aussi mortelle qu’ennuyeuse. Elle avait assisté à une bataille de coq entre ses deux frères, des railleries de Wayne qui ne s’était pas remis de son humiliation matinale et des préparatifs de mariage qui n’en finissait plus. Elle avait essayé la robe dans laquelle elle se marierait mais ne l’aimait pas. Sa vie entière se construisait mais rien ne semblait lui plaire. Comme si elle était étrangère dans son propre chez-elle. Arrivée en fin d’après-midi, elle fuit en direction de la terrasse. Depuis là, elle visa l’orée de la forêt et tenta de s’y transférer. C’était sans compter le fait qu’elle avait visé trop haut et qu’elle se retrouva les fesses au sol, les cheveux parsemés d’épis de blé et le dos douloureux. Elle avait au moins chuté de deux mètres ! Elle se releva doucement en observant çà et là, fronçant les sourcils à la recherche de Halfred. Soudainement, deux mains caleuses se posèrent sur le visage de la jeune femme. Elle sourit en se retournant et sans le vouloir, se retrouva face à son forgeron, les mains sur son torse velu, la chemise grande ouverte.

« Bonsoir Marianne, vous allez bien ? » Dit-il en souriant, visiblement pas gêné. Il portait une tenue qu’elle n’avait jamais vu voir sur un homme de si près. Deux bretelles reliaient les épaules au pantalon tout en laissant découvrir une pièce en son milieu avec une poche ventrale. Elle voulait la lui arracher tant l’habit ne mettait rien en valeur. Rien ou du moins c’est ce qu’elle croyait, elle ne l’avait pas encore vu de dos.

« Je… Je vais bien oui et vous Halfred ? » Elle souriait timidement tout en le regardant de coin. Elle observait ce visage couvert de poils et de sueur. Il semblait préoccupé en venant soudainement passer ses larges pouces sur le visage fin de la dame. « Un problème mon ami ? »

« J’allais vous poser la même question ma chère. Vous semblez préoccupée et c’est l’objet de mes propres préoccupations étrangement. » Il hocha un moment alors qu’elle s’écartait de lui, relâchant les deux pectoraux virils pour aller s’appuyer contre un rocher. Elle soupira en l’observant, les joues rosées tout en hochant vivement.

« Oui, nous devons parler Halfred, je voulais vous dire qu-» Elle fût interrompue brusquement. Un fort sentiment de fragilité se fit sentir alors que les lèvres de l’homme se pressaient contre les siennes avec fougue. Elle ferma les yeux en le laissant faire, soupirant. C’était venu tout aussi naturellement. Elle se décrocha lentement en observant l’homme bourru qui avait laissé des brûlures de barbe sur ses joues blanches. Il était juste au-dessus d’elle, la dominant de sa taille, essoufflé tout en l’observant. Ils ne parlaient pas, s’observant juste dans ce moment presque infini.

« Oui je… Nous devons parler Marianne. » Dit-il d’un ton presque neutre, détonant avec ce qu’il venait de se passer. Il lui tendit la main pour l’amener lentement dans les bois, découvrant avec lui les dernières lueurs qui frappaient les feuilles d’un air presque féérique. Il alla la poser sur une pierre et la toisa tout en croisant les bras. Il fronçait les sourcils. L’heure était à la discussion.

« De quoi voulez-vous parler Marianne ? » Dit-il d’un air grave, le ton sérieux et le regard emprunt au même sentiment. Il croisait les bras sur sa chemise en partie ouverte, compressant ses deux pectoraux dont un mal en point, traversé par une balafre. La forêt était calme, comme si cette dernière respectait la gravité de la situation ; pas de chants d’oiseaux ; le ruisseau ne laissait échapper qu’un léger reflux et l’air ne soufflait que peu ici. Elle se sentait gênée de faire ainsi face à Halfred alors que l’inverse aurait dû être la réalité. En effet, elle était l’héritière du Vicomte George de Méricourt et lui, un simple fils de paysan. Cependant, la présence de l’homme réussissait à elle-seule à faire défaillir tous les sens de la jeune femme. De plus, les échos de ce baiser soudain et imprévu restait au bout des lèvres de Marianne. Elle était désireuse de goûter encore une fois à ce péché, à le savourer longuement et à forte répétition. Elle savait que cette vive tension n’existait pas qu’en son sein. L’homme qu’elle avait devant lui la désirait tout autant et c’était lui, le premier à s’être trahit. Mais comment faire ? Elle qui n’avait jamais connu l’amour.

« Je… Ce qu’il vient de se passer Halfred, nous- » Il ne lui laissa pas le temps de finir en venant se poser à ses côtés en grognant, bien plus proche que d’accoutumée alors qu’il la regardait sans défaillir.

« Ce qu’il vient de se passer se nomme un baiser ma tendre amie. Il vaut mieux nommer les choses telles qu’elles sont si nous voulons en venir aux explications, ne pensez-vous pas ? » Il disait cela, les mains sur ses cuisses, touchant du bout de ses gros doigt les fines phalanges de la jeune Lordaeronnaise. Elle rougissait en le voyant si proche, le regardant avec des yeux tremblants.

« Oui, vous avez raison Halfred. Le souci est que… J’ignore tout de ce que je ressens en ce moment. Je pensais même que cela n’existait que dans les livres ou les rêveries d’un enfant. Je ne pensais pas un jour sentir une telle… Une telle. » Elle cherchait le mot sans pouvoir l’attendre, comme s’il était trop haut.

« Une telle passion ? » Il sourit doucement tout en venant lui tenir la main avec une légère fermeté. La poigne caleuse d’un travailleur mélangé avec la douce caresse d’un amant. C’était ce qu’elle voulait de lui, un amour. Elle hocha doucement en guise de réponse tout en restant sur les teintes de pourpre. Il pressa la paume de sa main contre la sienne avant de s’approcher un peu plus. « C’est exactement ce que je ressens depuis le premier regard, mes yeux se sont épris de vous. De cette jeune fille un brin trop parfaite qui est pourtant si naturellement belle. Vous êtes magnifique Marianne et… »

« Mais vous ne me connaissez pas Halfred. » Sa voix était douce pour tenter de palier à la bombe qu’elle venait de lâcher. Il fronça les sourcils en secouant la tête, ne comprenant pas une si soudaine froideur de la part de la mage. Cependant, en dépit de cela, il ne pouvait s’empêcher de reprendre, ses sentiments ne pouvaient être ignorés.

« Il est vrai que je ne connais qu’une partie de vous. Mais je gage que je connais des choses que nul autre ne sait. Je sais quel visage vous faites quand vous êtes gênée, vexée, espiègle ou encore heureuse. Je sais le rire franc que mes maladresses et ma franchise peuvent vous tirer. Je sais aussi les efforts que vous faites pour impressionner vos semblables. Mais ce que je sais surtout c’est ceci. » Il pointa le cœur de la jeune femme de son index tout en fronçant les sourcils, un fin sourire aux lèvres. « Vous tentez de donner le meilleur de vous-même mais au fond, vous n’êtes pas heureuse dans cette vie. Vous parliez de rêveries d’enfant ? C’est exactement ce de quoi vous voulez vivre mon amie. Vous voulez de l’aventure, vous voulez de la passion, de l’amour, franchir des montagnes, courir sur des rivages que dis-je ? Vous ne voulez vous complaire à une vie aussi froide et rigide. Alors vous abandonnez parfois votre étiquette, vous donnant des airs suffisants voire satisfaits. Mais ce n’est encore qu’une façade Marianne. Après avoir bâti tant de murs pour être l’élève modèle, savez-vous encore qui vous êtes là-dedans ? Moi j’ai pu le voir mais vous, vous vous obstinez à faire bonne figure alors que vous en avez cure. Eh bien sachez que moi, je connais cette passion car j’en rêve jour après jour. Et depuis que je vous ai vu Marianne, j’ai vu ce à quoi cette passion pouvait ressembler. Vous avez donné vie à mes chairs en un sens qui ne demandaient que de l’eau pour grandir. Je peux vous offrir ce que vous désirez, je le peux. Il vous suffit simplement d’enfin lâcher prise. » Il fronçait les sourcils tout en parlant. Il l’avait vu tant de fois l’épier, tant de fois attendre à sa fenêtre une chose qui ne venait jamais. Il ne pouvait le supporter. Elle le regardait, abasourdie par la tirade que le forgeron venait de lui offrir. Elle secoua la tête en venant serrer sa main, souriant doucement tout en ricanant.

« Je n’ai eu que de mauvais exemples en la matière. Il suffit de voir les étudiants de Dalaran, les nobles ou encore mes frères pour voir que cela n’a qu’un ton. Mais je veux croire en vos paroles mon brave Halfred. Je voudrais y croire du moins. » Elle souriait timidement, ne sachant trop quoi dire après cette révélation. Elle se pencha lentement pour l’embrasser avec cette fameuse passion qu’elle cherchait tant. C’était donc cet homme qui serait son aventure ? Oui, elle le savait pour l’heure. Elle ne voulait simplement pas se l’avouer, refusant de faire face à ce destin pourtant si prometteur. Elle restait suspendue à ses lèvres, ne cessant de renouveler les baisers, ne laissant jamais un souffle complet au forgeron qui vînt la porter sur lui pour l’embrasser avec plus de passion. Ils devaient en parler mais pour l’heure, elle voulait fuir la question aussi longtemps que cela lui était possible, découvrant au travers de l’homme sa propre personne. Elle se rencontrait aux frontières de ses sens pour se faire face.

« Je t’aime Marianne. » Dit-il entre deux baisers ce qui eut pour effet de la figer sur place. Elle l’observa longuement, ne sachant quoi répondre alors que l’homme avait ses larges mains sur les hanches de la dame. Il était décoiffé, débrayé et sublime dans cette position, mais que pouvait-elle bien répondre à ces mots ? Les mots étaient courts mais signifiaient tant, traduisaient tant. Il ne pouvait d’ailleurs traduire à la perfection ce que l’homme venait de lui avouer. Que pouvait-t-elle faire.



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Message par Reed Fabre Mer 23 Aoû 2017 - 12:43

La naissance d'une mésaventure, Chapitre final.

Cela faisait donc trois jours que la jeune femme était tombée dans les bras du forgeron. Depuis, l’orée des bois était devenue leur point de rendez-vous et la forêt le royaume de leur amour caché. Elle avait goûté au plaisir de l’amour et la romande et se sentait désormais nouvelle. Elle l’aimait, elle le sentait, son sang dans ses veines comme si des grizzlis courraient tout au long de son flux sanguin, demandant à revoir Halfred. Tout était resté secret depuis mais, la jeune mage savait qu’elle péchait, qu’elle brisait la confiance de son père. Ce dernier devait revenir aujourd’hui et elle était désireuse de lui parler de son problème. Elle le savait compréhensif et allait donc tenter d’ouvrir le sujet.

« Tu sembles préoccupée Marianne. » Dit le jeune forgeron en se relevant du lit de camp au milieu de la forêt, couvert seulement d’un tissu pour les protéger des moustiques et autres bestioles. Il était en sueur, encore fatigué

« Je dois parler de toi à mon père Halfred. Je vais le faire ce soir et lui expliquer que… Que je ne veux pas de son mariage arrangé et que c’est toi que je veux comme compagnon de vie. » Elle souriait doucement en se relevant, tout en venant lentement tresser ses cheveux. En quelques secondes, elle passe d’en vrac à présentable voire même élégante à souhait, enroulant la tresse en un chignon.

« Je veux venir avec toi. Tu n’as pas à lui faire face seule. » Il le disait, un brin autoritaire, en se relevant. L’homme était torse nu. Elle souriait en lui signalant d’un mouvement rapide et sec du menton. L’homme regarda son buste puis releva la tête en haussant les épaules. Pire, il détendit ses traits et banda les muscles de ses bras en divin colosse puant l’orgueil ? Cela eu pour effet de détendre l’atmosphère et d’arracher un rire à la jeune femme. Il savait lui changer les idées.

« Très bien mais pas dans cette tenue ni ta salopette. Tu viendras en armures et en chemise comme un bon guerrier Halfred. » Dit-elle, un brin amusé en toisant le guerrier qui remontait ses chausses avec précision avant de boucler sa ceinture sur le bas de son ventre. Il lui vola rapidement un baiser, toujours aussi passionné, avant d’enfiler sa chemise large.

« Si je dois avoir fière allure pour t’avoir alors soit. Je ferai en sorte d’être présentable pour la noblesse. » Il était plein de bonne volonté, promettant de faire des efforts pour se fondre dans le moule et s’attirer les largesses du père George. C’est ainsi qu’ils se retrouvèrent au soir, devant la porte du manoir.

Le père de Marianne était rentré depuis plusieurs heures et avait laissé entendre que tout s’était bien passé à Lordaeron. Il semblait, en somme, de très bonne humeur. Il allait même lâcher des compliments aux domestiques et aux guerriers dehors. Il avait entendu la demande de sa fille et avait accepté de la rencontrer dans la cour, proche des chevaux, ne se doutant pas encore de quoi elle allait bien pouvoir lui parler. Il arriva pile après le repas, portant une tenue rigide de maille et de cuir, toujours un brin militaire en rentrant de la capitale. Il trouva sa jeune fille rousse-blonde portant une robe blanche aux côtés de Halfred. Il portait le bas de son armure de plaque et une chemise plus ou moins large, blanche comme les nuages pour une fois et repassée !

« Pourquoi vouliez-vous me voir jeune fille ? Et que fait ce jeune homme avec vous ? » Il était accompagné de Wayne qui le suivait partout comme un petit chien ridicule. Le jeune mage fronça les sourcils en toisant Wayne qu’il reconnaissait comme étant un des soldats venant de Hurlevent.

« Oui Père je… Je voulais vous voir à propos de mon mariage avec Wayne. » Dit-elle en tentant de sourire mais le rouge lui montait aux joues alors que le guerrier restait à ses côtés, bras croisés tout en prenant la peine de saluer poliment les deux hommes. Il était un soutient essentiel durant cette épreuve.

« Eh bien parlez sans détours mon enfant. Je n’ai pas toute la nuit à vous accorder. » Le ton du père était autoritaire et un brin blessant. Il était toujours aussi hautain quand on n’allait pas droit au but. Elle prit rapidement son souffle, lança un regard à Halfred qui hocha d’un coup sec puis revînt à son père.

« Je ne veux pas me marier avec sire Beaurivage de Hauterive. Je ne l’aime pas. » La réponse fût un tel choque que le père eu un mouvement de recul avant de froncer ses sourcils grisonnants. Wayne ouvrit simplement la bouche, sous le choc tout en observant celle qu’il pensait être sa future femme adorée.

« Pardon ? Qu’entends-je mon enfant ? Vous refusez d’accomplir vos vœux avec un garçon d’une si bonne famille ? Et pourquoi cela si je puis me permettre ? » La question n’en était pas une, il mettait juste les formes.

« Je vous l’ai dit, je ne l’aime pas Père. » Elle était courageuse mais manquait de tomber tout en se tenant sur ses deux pieds fragiles.

« Ce n’est pas une raison valable ma fille ! Vous allez épouser le sire. » Il était toujours aussi cassant, fixant soudainement Halfred, commençant à comprendre.

« Non car j’aime Halfred, l’homme qui se tient à mes côtés père. Il m’aime et je l’aime. » Le père eu un rire dément avant de secouer la tête de rage. Il remarqua soudainement la tenue de sa fille. Si sa coiffure était passable, il remarqua la robe froissée et les lacets mal exécutés. Il écarquilla les yeux.

« Est-ce que ce porc t’a touché Marianne ? » Il virait au rouge alors que Halfred fronça lui aussi les sourcils. Visiblement, l’appellation ne lui avait pas plu et il fit un pas en avant en grognant.

« Je… Halfred et moi nous nous aimons. Et nous voulons votre bénédi- » Le père s’emporta en s’emparant d’un fouet non loin de lui.

« Espèce de misérable bouseux. Vous avez touché à ma douce Marianne ? » Il fit claquer le fouet au sol. Visiblement, le noble avait en horreur les hommes de la terre. Wayne resta en arrière en observant le ventre de sa visiblement ex-fiancée. Il arqua un sourcil.

« Père ne vous emportez pas de la sorte ! Halfred est noble de cœur et un ami sincère je ne tolérerai pas que vous- »

« Assez ! Je suis le maître des lieux et je vais t’apprendre le respect de tes engagements ma grande ! » Il fit voler le fouet mais c’est Halfred qui le reçu dans le dos en grognant. Il avait couru en direction de Marianne pour la prendre dans ses bras, la protéger du courroux paternel. Le fouet mordit ses chairs sans mal, faisant exploser le bandage d’un simple coup. Le Vicomte n’en avait pas assez visiblement et envoya le cuir frapper directement la source de ses maux. Il frappa par cinq fois le forgeron qui ne se laissait pas ébranler par la douleur, gardant son front contre celui de Marianne en grognant.

« Ne le regarde pas gnh… Marianne… Regarde-moi. Tout va bien se pass- Ah ! Se passer. » Il grognait, la sueur au front alors qu’elle l’observait tétanisée, n’étant plus maître de la situation, entendant le fer lécher le corps de son amant, les chairs exploser et les rires malsains de son père. Elle était en état de choc, voyant l’homme qu’elle avait toujours admiré se transformer en un bourreau sans pitié. Elle frémit, ne pouvant plus bouger, tétanisée par le courroux de son père. Clac, il fouettait. Clac, Halfred grognait. Clac, du sang arriva sur le bas de sa robe, elle voyait des morceaux de peau dégringoler au sol. Elle ne se sentait pas bien, manquant de s’évanouir alors que Halfred maintenait son emprise sur elle, la fixant comme si elle était la seule chose qui comptait. Le fouet atteint alors la joue de Marianne dans un mauvais mouvement. Il fût soudainement calciné par une trombe de feu.

« Assez j’ai dit. » Wayne baissait la main alors que les flammes continuaient de ronger le fouet jusqu’à brûler la main du vicomte qui la secoua tout en fusillant du regard le noble Tirassien. Il laissa le tout retomber au sol avant de s’interposer en pointant du doigt Marianne qui tentait de soulever Halfred qui lui-même était tombé à genou. « Vous vous attaquez à votre propre fille ? Vous n’allez pas bien Vicomte ? Vous attaquez, de plus, une femme portant en elle la vie ? » Tous écarquillèrent les yeux, Marianne la première tout en s’arrêtant de caresser la tête de son forgeron. Elle tînt rapidement son ventre, comme si elle pouvait le voir au bout de trois jours. Mais elle n’avait pas les mêmes origines que Wayne. Elle ne pouvait sentir la vie qui s’était ancrée en elle et qui désormais grandissait en son sein.

« Pardon ? » Dit-elle en clignant des yeux vivement avant de regarder Halfred. Il l’observait tout en grognant, le dos en sang, couvert des marques de fouet. Il avait laissé des brûlures, fait éclater des sutures et même réouvert des plaies qui venait tout juste de se refermer. Un dos en ruine qui allait prendre bien plus de temps à guérir, en charpie.

« Pardon ? Tu as laissé ce porc entrer dans ton lit ? » Le vicomte tremblait de rage en continuant de masser sa main. Il fusillait du regard Halfred avant de revenir à sa fille tout en hurlant. « Tu n’es plus ma fille ! Tu es la honte de cette famille. » Il s’approchait mais le mage laissa un éclair de feu traverser ses yeux. Sa main embrasée alors qu’il tourna la tête vers Marianne.

« Va chercher tes affaires Marianne. Je surveille Halfred et nous irons vous mettre en lieu sûr. » Il gardait le vicomte en visuel et les autres gardes qui s’attroupaient lentement avec les domestiques alors que la jeune femme se relevait, encore sous le choc.

« Mais Wayne. » Elle se fit rapidement coupé par le mage qui agitait une main.

« Silence Marianne. Ecoute le, je t’attends avec les chevaux. Prend tout ce dont tu as besoin… » Halfred se relevait lentement en tentant de remettre sa chemise tâchée de sang et de pus.  Il se redressa de tout son long en reculant, la jeune femme hochant avant de filer au manoir.

Arrivée dans sa chambre, elle fût aidée par deux trois domestiques qui tenaient beaucoup à elle, l’avaient vu grandir et ne cessaient de lui être loyales. Ils se pressaient en tous sens en rangeant les vêtements, les bijoux, le maximum des affaires avant d’entreprendre des adieux larmoyants, serrant tour à tour la jeune femme dans leurs bras. La sentence n’était pas encore tombée mais tous le savaient, c’était la dernière fois qu’ils se verraient avant un long moment. Depuis la fenêtre, on pouvait encore apercevoir le rassemblement : Wayne entre Halfred et le Vicomte. Elle secoua la tête en retirant les larmes qui couvraient son visage et en tentant d’atténuer le gonflement de ses yeux. Elle secoua la tête quand on lui proposa de l’aider à s’habiller. Elle décida de détacher ses cheveux, retirer tout maquillage et tout bijou pour simplement apparaître comme la fille qu’elle était. Elle enfila une robe des plus simples, confortable pour le voyage. Elle soupira en embrassant une dernière fois sa gouvernante, lui promettant de ne pas changer. Elle prit sa baguette, son livre de sort, elle n’allait certainement pas retourner à Dalaran, son père aller lui couper les vivre. Elle passa dans le manoir, revisitant chaque pièce alors qu’on portait ses bagages derrière elle. Elle vit ses deux frères, l’un pleurait et l’autre trépignait de rage en observant la sortie, ils en voulaient à leur père. Elle secoua la tête en les prenant les deux dans ses bras avant de leur promettre que ce n’était pas la dernière fois qu’elle allait les voir. Elle se trompait et ne pouvait envisager l’avenir.  Alors elle se dirigea enfin vers la sortie, libre. Elle descendit les marches, non pas honteuse mais plutôt fière. Elle était froide en croisant le regard noir de son père tout en gardant sa baguette en main. On chargeait lentement ses affaires dans la charrette alors qu’elle se tenait aux côtés de son homme.

« Je vais te dire une bonne chose jeune fille. N’ose plus jamais poser un pied sur ces terres, tu n’es plus digne du nom des Méricourt. » Le père continuait à s’embourber dans sa haine alors qu’il toisait sa fille comme une étrangère. Elle s’avança et doucement, s’inclina devant le noble, un air serein au visage. Elle gardait les apparences en dépit du chagrin immense qui grandissait dans son cœur. Elle se releva lentement alors que Fabre vînt se poster à côté d’elle. Il éructa et cracha aux pieds du vicomte tout en hochant pour le saluer. Il se raidit tout en voyant cet affront, colérique au possible.

« Je ne comptais pas revenir Père. Je prie tout simplement pour qu’un jour, vous puissiez reconnaître que sans les gens que vous appelez bouseux, vous n’auriez pas de terre et pas votre fortune. » Elle resta sereine en se tournant vers le chariot. Elle monta aux côtés de Halfred alors que Wayne prit les devants. Il tira en direction du sud et ce pendant plusieurs heures. Elle regardait au loin les tours de son ancien domaine, dévastée. Elle ne verrait plus jamais ses frères, plus jamais ses amis ou encore les hommes et les femmes qui avaient pris soin d’elle pendant tant d’année. Elle fût ramenée à elle par Fabre qui posait désormais une main sur le ventre de la jeune femme. Il sourit.

« Ne t’inquiète pas, nous l’avons là désormais, notre famille. » Il pressa un peu son ventre. Il avait raison, ils allaient en construire une. Elle savait ce qu’elle avait perdu, mais elle ne savait pas encore ce qu’elle avait gagné réellement. Elle touchait à peine au bonheur qu’elle allait découvrir. Ils arrivèrent au Val d’Est une semaine plus tard, n’accueillit pas la famille de Fabre. Ils vivaient dans la pauvreté la plus profonde, subsistant grâce à la rente militaire de leur fils. Elle décida donc de se séparer de la majorité de ses affaires. Avec cela, le couple s’offrit une grande ferme et un atelier de forge pour Halfred et son père. L’hiver suivant, le père de celui qu’elle allait bientôt appeler son mari décéda et laissa place à son fils comme forgeron du village. En avril, ils se marièrent sous la bénédiction de sa mère. Wayne était venu spécialement de Kul Tiras pour servir de témoin à la jeune femme. Il s’entendait désormais bien avec l’Elwynnien ; continuant tout de même de ruminer sa perte de Marianne.

Puis… Le huit mai de l’an treize. La jeune femme fût réveillée au milieu de la nuit, il arrivait. Toute la maison s’affolait, Wayne était encore de passage et s’était pressé à Comté du nord pour trouver un prêtre. Il allait devenir le parrain de l’enfant qui n’allait pas tarder à voir le jour. Puis, peu avant la sixième heure, la jeune femme devînt la mère d’un jeune blond aux grands pieds, son parrain s’était même permis de les comparer à des péniches en disant qu’il lui manquait juste les rames. Halfred était couché contre elle, tenant sa femme et son fils dans les bras. Quand vînt la question du nom de l’enfant, la jeune Lordaeronnaise releva son regard vers l’enfant, laissant ses doigts découvrir un être si pur et innocent qui avait encore tant à vivre. Elle l’embrassa sur le front, le bébé souriait.

« Reed. »


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Message par Reed Fabre Sam 14 Oct 2017 - 0:30

Tendre enfance, Chapitre I

Les épis de blés claquaient sur son visage, le petit Reed Fabre courrait au milieu des champs de blé alors que le soleil était à son zénith. Il connaissait les routes les plus dangereuses, les plus sûres, les plus casse-cou et surtout tous les raccourcis du Val d’Est. Il avait environ douze ans, du moins, c’est ce qu’il avait appris à l’école. Il courrait, sautait au-dessus dans les champs de blé du vieux Poquelin, un berger aigri qui ne faisait que réciter de pieuses paroles tout en buvant du bon vin en regardant les jolies dames du Val. Reed savait que ce chemin-là était certes rapide mais interdis surtout. Il risquait à tout moment de se prendre un savon par le vieux mais surtout par son père, le forgeron du village.

Il sillonnait donc ses champs de blé, des pots de confitures aux fraises s’entrechoquant dans la penche ventrale de sa nouvelle salopette. Enfin nouvelle, tout est relatif, c’était l’ancienne de son père. Elle était bleue, bien trop longue et surtout peu adaptée à un jeune adolescent. Il se prenait chaque épi de blé, les feuilles lui lacéraient le visage et la poussière tachait le tissu bleu usé.
Un bruit lourd se fît entendre et le blondinet se retrouva face contre terre… La bouche remplie de terre et surtout, une large tâche rouge au niveau du ventre. Il venait de trébucher sur l’ourlet de sa salopette… Il se releva et regarda rapidement si ce liquide à l’odeur fruité n’était pas son sang. L’un des trois pots avait cassé sous le poids du jeune homme. Il secoua sa tête et se releva, apercevant enfin une vieille cabane, son objectif.

« B’jour M’dame Clottu ! C’est Reed ! J’vous apporte la confiotte d’ma Moman ! » Il déposa les deux pots restant sur une table avant de s’approcher de la vieille dame qui guettait les bois, tricot en mains, prête à se défendre. La confiture dégoulinait sur ses chaussures de cuir souple, faisant contraste avec le bleu clair de sa salopette parfaitement accordée à ses yeux d'un azur bien pur.

« En voilà une tenue Reedounet… Que t’est-il arrivé gamin ? » Elle l’observa longuement, sa peau parcheminée retombant mollement sur un visage ayant bien vécut. Elle avait un regard vairon ce qui avait toujours fasciné le jeune homme. Selon les dires des gamins du Val, cette vieille était une sorcière mais pour Fabre, c’était avant tout une amie et selon sa mère, une tante éloignée de Lordaeron. Étrangement, il se sentait toujours mieux avec des adultes, non pas que les jeunes l'ennuyait enfin presque. Il avait toujours été l'enfant toujours dans les bottes de ses parents, manquant d'assurance probablement.

« Oui, j’suis tombé su’ ma sal’pette, Pa’ a des grandes gibolles et moi des p’tites ! » Il s’exprimait en patois du Val d’Est-ce qui semblait exaspéré la vieille dame qui s’acharnait à lui apprendre les bonnes manières et surtout comment avoir de la tenue. Elle poussa un long soupire avant de se lever, s’en allant vers sa petite cuisine. Son rythme était aussi lent que la neige tombant sur les branches lors d'un froid hiver. Elle effectuait des mouvements par sursauts, comme une vieille machine manquant terriblement d'huile.

« Va me faire un café, veux-tu ? » Elle lui souriait comme sa grand-mère avant de se mettre devant son feu. Le soleil tapait pourtant et la chaleur était insoutenable… Reed ne comprenait vraiment pas la vieille dame. Il s’avança vers l’établi, et prépara un café rapidement. Il approcha ensuite madame Fraser et lui tendit le café fumant. Les lèvres à peine trempées… Elle le repoussa dans le feu en hurlant d’horreur… Le liquide avait la texture du goudron, le goût du vinaigre et l’odeur de l’urine de marcassin. « Qu’est-ce que c’est que ce tord-boyaux ?! » Elle fusilla le jeune homme gêné du regard avant de le prendre par le bras et le forcer à s’asseoir devant la cuisinière.

« D’solé m’dame Fraser ! J’sé po’ faire l’café moué ! » Il la regardait avec peur, se tenant aux bretelles de sa salopette trop large. « Z’allez pas m’tuer ou quelqu’chose d’genre pas vrai ? »
Elle secoua la tête et le regarda longuement en le présentant faces aux ingrédients de son divin café… Elle lui expliqua pendant de longues heures comment le rendre parfait avec un goût tout simplement divin. « Mon petit, le secret… C’est qu’il faut juste un peu… »

Et ils passèrent l'après-midi à cuisiner à l'ombre des arbres verts de la forêt d'Elwynn, la vieille apprenant à Reed toutes les ficelles pour devenir un bon chef de cuisine. C'est ainsi que le jeune Fabre se surprit à aimer la pâtisserie et surtout goûter dans tous les plats. Il regardait avec adoration la vieille femme flétrie en bout de table qui brayait des ordres toujours avec cette manie d'articuler chaque lettre du mot en une manière froide mais paradoxalement chaleureuse. Le soir venu, le cousin-filleul du blond, un gamin du nom de Dane vînt le chercher pour le ramener à la maison. Un petit maigrichon, encore plus que Reed, qui se promettait à un avenir radieux dans les ordres de la lumière. Ils rentrèrent les deux chez les Fabre, sans se priver de pousser la chansonnette, des véritables mutins ces deux gosses.


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Message par Reed Fabre Dim 22 Oct 2017 - 23:05

Tendre enfance, Chapitre II

Il courrait, à vive allure et se glissa sous une charrette à l’arrêt. Son regard se braqua directement sur son genou… Eh oui, il était blessé. Reed pressa un peu dessus et grimaça, essuyant son nez couvert d’un mélange de sang et de larmes. Il retînt un cri alors que des braillements se firent entendre au loin. Il se cacha contre une roue, son regard bleu comme le lac Miroir chercha la source de cet infâme brouhaha. Il était là, dans son pantalon déchiré et sa chemise à carreaux ouverte, raccommodée aux coudes et à divers endroits. Sa chevelure rousse étincelait au soleil alors que son regard vif, verts comme les feuilles, tournait en tous sens à la recherche de sa victime. Ah, la « Terreur du Val d’Est » avait tout ce que Reed n’avait pas : des muscles, un corps de sportif, une force plus que satisfaisante pour un gamin de son âge et surtout, un caractère bien trempé dans le thorium !

« Montre toi l’payou ! J’sé qu’t’as encore des chaussons ! Si tu m’les donnes, t’arrivera rien ! »  Il faisait sauter un caillou dans sa main puissante, couverte de tâches rouges. Le jeune blond fronça les sourcils et s’enfonça dans les buissons derrière la charrette avant de faire le tour de l’atelier de son père. Il avait beau se plaindre à son paternel, rien ne changerait. Ses parents considéraient ce genre de choses comme un jeu. Mais Reed était bien trop gentil pour ce genre "d'amusement", il ne pouvait se résoudre à frapper quelqu’un et surtout… Sa carrure était bien trop chétive pour oser une confrontation avec le colosse que représentait son assaillant. Il examina son genou puis jeta un regard au sentier devant sa maison. Le gamin roux semblait déconcentré, se soulageant probablement contre un arbre. Le gamin blessé boita jusqu’au champs de blé qu’il connaissait si bien et s’y enfonça, entendant le rouquin brailler derrière. Il fila jusqu’à la cabane de sa vieille amie Fraser et s’y cacha.

« Reed… Que fais-tu encore ici ? Tu devrais être dehors à jouer avec les enfants de ton âge » Elle cuisinait une tarte aux abricots. L’odeur emplissait les narines du jeune homme en salopette bleue et lui arracha quelques gargouillements de son petit bidon. Elle était dos à lui et ne pouvait voir qu’il était blessé.

« J’aime pas les enfants d’mon âge m’dame. Ils sont violents et sont bêtes s’vent ! » Il se gratta le nez qui continuait de saigner alors que la vieille dame se retourna dans un sursaut. Elle vînt soigner le nez du jeune homme avant de s’en aller trouver sa trousse de couture.

« Retire ta salopette, elle est déchirée et je me dois de te garder présentable Reed Fabre. » Le blondinet s’exécuta et se retrouva en chemise. Sa chemise à carreaux appartenait aussi à son père, bien trop grande pour ses petits muscles de mollasson, elle retombait à la mi-cuisse. Dame Fraser s’appliquait alors que l’aiguille transperçait le genou en charpie de cette large salopette plus adaptée à un adulte. « Tu devrais te défendre et surtout, trouver des habits adaptés à ta taille… Ton père ne t’a jamais appris que l’armure se doit d’être parfaite pour le guerrier ? » Dit-elle en posant son regard vert et jaune sur le jeune homme.

« J’suis pô un guerrier… J’suis nul. J’suis bête et faible. » Dit-il en buttant contre un tonneau avec son pied, comme un gamin vexé. Il observa calmement la dame, un morceau de coton rosé coincé dans son nez rouge. Il secoua la tête et sa longue crinière blonde parsemée de feuillages. « Et pour les habits, on est pauvre alors… Pa’ m’donne ses vieux tissus. »

Elle secoua la tête et sourit simplement aux paroles du petit blond. Sadique ou pensive, là était la question ! « Tu devrais t’entraîner un peu. Arrêter de te goinfrer de pâtisseries… » Dit-elle en montrant les tâches de confitures sur la salopette. « Et trouver un moyen pour apprendre à te battre. »

Il secoua la tête et mangea son dernier chausson aux pommes dans le silence. Il remercia sa vieille amie et décida de rentrer chez lui. Sur le chemin, il croisa la brute épaisse rousse qui l’avait malmené… Il mangeait un pain au chocolat en souriant, une nouvelle déchirure à sa chemise et un nouveau trou à son pantalon dont il tirait les fils pour l'agrandir tout en ricanant. Il tendit son bras en direction de Reed, la bouche pleine. « A ta santé l’froussard ! » Dit-il en souriant.

Reed réfléchissait beaucoup aux paroles de la vieille Fraser en rentrant chez lui. Le temps avançait et cela faisait bientôt une semaine voire deux qu’il s’était battu… Enfin… Qu’il s’était fait battre par le gamin roux. Il revenait de sa classe en courant et se cachait la majorité du temps chez sa vieille amie, dans les champs de blé, ou tout simplement chez lui. Il passait son temps à jouer tout seul au bord de la rivière mais parfois il lui arrivait de rêvasser.

Un jour, alors qu’il surveillait la forêt depuis le toit de sa maison, il aperçut la « Terreur » qui revenait d’une probable castagne, couvert de poussière et le bras en sang. Il décida de le suivre dans le but de savoir quels chemins éviter à l’avenir. Il fila au bas de sa maison, récupéra son lance-pierre tout en replaçant l’ourlet de sa salopette. Il prit son sac en cuir souple et commença donc à suivre le gamin qui ne cessait de jouer à lancer des caillasses contre les arbres. Reed était méticuleux et se cachait dans l’ombre des chênes d'Elwynn ou sous les buissons, il se fichait totalement du fait qu'il pourrait se salir. Arrivé devant une maison, il fila se cacher dans les draps de lit qui séchaient au-dehors pour éviter d’attirer l’attention de la brute. Lorsqu’il tourna sa tête, il se retrouva face à un pantalon bleu déchiré, une chemise bleue et blanche recousue et toutes les affaires digne d’un vrai casse-cou. « Ton père ne t’a jamais appris que l’armure se doit d’être parfaite pour le guerrier ? » Il se remémora ces paroles sans cesse.

« L’armure se doit d’être parfaite pour le guerrier ? Mais oui ! Si je porte l’armure de la Terreur, je serai la terreur ! » Il tapa dans son poing et pris la tenue au complet, la totale allant jusqu’à chercher des bottes mais il ne trouva que de vieux souliers crasseux. Il fila vers la rivière, lava les souliers et se déshabilla rapidement en enfilant cette nouvelle tenue « flambe en neuve ». Ses pieds se prirent dans quelques trous du pantalons bleu mais arrivèrent finalement à bon port. La chemise faisait entendre quelques craquements alors qu'il l'enfilait et les souliers eux, semblaient faciles d'accès. Les habits étaient un peu grands pour lui mais cela se voyait moins. Il serra la ceinture et ouvrit sa chemise tel un enfant rebelle nouveau-né ! Il donna des coups de poings dans le vide et s’y croyait vraiment ! Une fois en sueur, il fila vers l’atelier de son père, fier comme un coq et entonna calmement en bombant le torse. « Pa’ ! J’veux devenir un vrai combattant ! Je veux que tu m’apprennes à m’battre comme un homme ! »

Son père, ce grand barbu aux cheveux mi-longs, blonds quoiqu’un peu grisonnants, écarquilla les yeux en voyant son Reed si confiant. Il sourit doucement en s’approchant de lui puis posa une patte d’ours paternelle sur la tête de son fils. « Voilà qu’je r’trouve espoir en moin fiston ! T’es un grand gaillard maint’nant ! Viens ! » Il prit deux épées de bois et s’en alla dehors avec son gamin et l’entraîna à l’épée le reste de l’après-midi. Le blondinet souffrait beaucoup durant cet entraînement, mais il ne se défila pas, revigoré par cette nouvelle armure, faisant de lui une brute épaisse. Il donnait de la force dans ses coups, manquant cruellement de précision. Il faisait ses premiers pas dans le monde des hommes.

Le soleil était déjà bien couché alors que le père et le fils rentrèrent à la maison, en sueur. Le vieux Fabre, fier de son fiston, lui tapa dans le dos et ne manqua pas de conter au reste de la famille les exploits de son fils. « Dès lundi t’vas commencer ton boulot comme apprenti forgeron Reed ! T’vas devenir fort comme Pa’ ! » Reed était aux anges alors qu’il s’en alla au lit, posant sa vieille salopette dans l’armoire, il regarda encore une fois sa cuirasse qui allait faire de lui un héros et la déposa sur la chaise en souriant.

« Je vais devenir fort. » Il hocha la tête dans son lit, un peu bête et plein d’espoir alors que ses yeux se fermèrent.


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:10, édité 3 fois
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Message par Reed Fabre Mar 24 Oct 2017 - 0:42

Tendre enfance, Chapitre III

Alors que le repas allait de bon train, Reed ne pouvait s’empêcher de poser mille-douze questions à son père au sujet des armes, des armures, de l’art de la guerre et surtout de la vie de soldat. En effet, Halfred Fabre, son père, avait participé à la grande guerre et était chargé des forges avec d’autres hommes. Il s’occupait de réparer les armes, prendre soin des armures, presque le travail d’un Intendant en somme. L’homme bourru sourit à son fils tout en mâchant son poulet qu’il tenait dans l’autre main. Le jeune Fabre savait que son père avait rencontré sa mère pendant la guerre et que c’était-là qu’ils étaient tombés amoureux. Peu après, il serait né selon leurs dires. Le petit prit son poulet entre ses mains, voulant manger la cuisse comme son père et plonger son visage dedans.

« Reed, tu n’es pas un sauvage non mais. » La maman souriait tout en lui retirant la cuisse de la bouche, venant lui nettoyer rapidement le visage avec un chiffon tout en soupirant, levant les yeux au ciel avant de lui tendre ses couverts. « Utilise ça, c’est mieux. »

« Laisse donc moué fils manger comme un gaillard, Marianne. » La voix du père était un brin autoritaire mais surtout amusée alors qu’il haussait un sourcil en direction de sa femme, posant une forte patte sur la tête de son fils, l’ébouriffant. « Il a d’sang d’Fabre en lui, ceut’un sauvageon ! Un vrai guerrier. »

« Oué P’pa ! Un sauvageon ! » Le petit reprit la cuisse pour mordre dedans mais la maman lui retira encore une fois pour lui placer couteau et fourchette dans les mains. Il semblait peiner à les utiliser, n’ayant pas l’habitude de les utiliser. Il regarda son père à l’allure d’ours aux cheveux de jais, attachés dans son dos, dévorer la cuisse grasse et laisser des résidus dans sa barbe épaisse aux reflets roux. Puis son regard mécontent se porta sur sa mère qui semblait vouloir l’empêcher de se comporter comme tel. Elle le jugeant du regard, replaçant une mèche de sa crinière blonde comme la sienne. Son visage était différent dans ceux du Val d’Est, plus doux et les traits bien plus nobles, comme si elle avait été un jour une princesse. Elle portait une robe bien ouvragée, toujours tirée à quatre épingles, elle connaissait tout des arts de la Bonne tenue, comme elle aimait l’appeler.

« Tu es un Fabre certes mais tu es aussi mon fils et je tiens à ce que tu aies une bonne éducation. » Dit-elle en riant alors que le père haussait un sourcil, les pieds sur la table, grommelant tout en reposant son poing avec force sur la table, faisant trembler les assiettes ainsi que la mère et le fils. La parole l’avait visiblement vexé et comme toujours, le père savait se faire entendre et surtout comprendre.

« T’insinues qu’j’ai pô une bonne éducation moué ? » Il fronçait les sourcils tout en soufflant des nasaux avec force. Il peinait visiblement à contenir une colère vis-à-vis des propos de sa femme. « Pardonne moué d’pô être un beau lordain au balai dans l’cul. » La mère venait de couvrir les oreilles de son fils en sifflant tel un animal presque menaçant, elle n’avait pas apprécié la remarque visiblement elle-aussi. Elle releva une main comme si elle incantait quelque chose, à l’allure d’un mage puis reposa calmement sa main sur la table en soufflant. Elle secoua la tête.

« Je n’ai pas dit ça Halfred et je te serais grée de ne pas insulter mes origines et ce devant notre enfant. » Sa voix était claquante, froide et l’accent du nord rendait son discours encore plus charismatique. Elle soutenait le regarde de l’homme qui vînt se poser sur ses deux pattes, attrapant le bras de sa femme qu’elle s’empressa de dégager et ce sans mal étrangement. Reed ne se souvenait pas avoir déjà vu ses parents se battre, surtout pas devant lui. Il se fît petit dans sa chaise, observant les deux adultes se disputer.

« J’dis c’que j’veux, d’vant qui j’veux, j’suis chez moué ! » Le père campait sur ses positions tout en pointant de son gros doigt le sol, le sang montant à sa tête. Il suait face à la mère qui croisait les bras, aux allures splendides dans sa robe bleue et blanche, munie d’un corset qui mettait en valeur son corps fin.

« Bravo Hal’, bel état d’esprit de faire la tête de mule. Tu ne changeras donc jamais ? » Elle perdait patience tout en rangeant son assiette, visiblement la faim l’avait quittée quand l’homme avait commencé à s’emporter.

« Si t’es pô contente, t’avait qu’à pô me suivre en Elwynn. » Il était vert de rage alors que son pied battait la mesure au sol en le frappant et le frappant de ses bottes de cuir. L’homme replaça sa salopette et tira sa pipe de sa poche ventrale pour la mettre à son bec. Etrangement, la mère semblait beaucoup plus calme que son mari.

« Encore et toujours cette histoire ? Tu vas me ressortir cette excuse combien de fois Halfred ? tu n’as pas fini de ronger le même os encore et encore ? Je ne te parle pas de ma décision mais de l’éducation de notre fils. Il a aussi le droit de tenir un peu de moi ! » Les larmes ne venaient pas. Reed trouvait sa mère bien courageuse de faire ainsi face à son père.

« J’veux pô qu’mon fils ait des manières d’ton enc- » Il regarda la table ; remarquant le petit caché en les observant. « De ton idiot de père. Il m’a traité comme un chien ! » Halfred poussait de son gros doigt le haut de la poitrine de sa femme. Il grognait alors qu’étrangement, son regard s’adoucit, il était visiblement plus blessé que courroucé. La mère vînt doucement lui caresser sa barbe noire tout en soupirant.

« Ce n’est pas parce que Reed est bien éduqué qu’il finira de la même manière que mon père. Il t’aime ce petit garçon, tu es son père mais n’oublie pas qu’il a aussi de mon sang. Je veux qu’il me ressemble aussi tu sais ? » Elle souriait tout en venant allumer la pipe de l’homme, gloussant doucement, apaisée, comprenant enfin pourquoi son homme semblait énervé.

« T’as raison… Va pour les manières d’bourge… » Grognon, il tendit la main vers son fils qui se précipita pour la prendre avant de se remettre à table. Le père lui donna ses services et observa le petit manger son plat calmement en faisant des bruits stridents avec ses couverts. Soudainement, alors qu’il dévorait sa cuisse, Halfred observa sa femme et Reed, les deux mangeant calmement avec fourchettes et couteaux. Il soupira et prit les siens, tentant de couper sa vient qui éjecta dans le verre de son fils. Il soupira en posant le tout et se remit à manger avec ses mains, râleur. Les deux autres rirent et la soirée se finit dans la bonne humeur.

Plus tard, Reed trouva sa mère et son père sur le perron, enlacés tout en regardant le soleil se coucher du haut de leur colline. Il sourit tout en les laissant ensemble, désireux d’un jour avoir une famille comme eux et d’aussi se prendre la tête pour être un vrai petit adulte.



Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:11, édité 5 fois
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Message par Reed Fabre Dim 14 Jan 2018 - 13:03

Tendre enfance, Chapitre IV, fin

Plusieurs jours 'étaient écoulés, Il se baladait en ville, bombant le torse avec sa nouvelle épée de bois. Son père n’avait pas pu le prendre comme réel apprenti par manque de temps et d’argent, le blondinet devait donc se débrouiller seul. Pour remédier à cela, il demanda l’aide de madame Fraser. Il voulait aider son père par tous les moyens et surtout devenir un homme ! Il débarqua un beau matin dans sa cabane pour lui demander conseil. La vieille fût un peu surprise de voir son petit Fabre si dynamique, lui qui était tout de même assez timide et réservé.

« Reste un enfant tant que tu peux être un enfant Reed… » Lui dit-elle, alors que ses mains tremblaient tout en remuant sa pâte à pain. Il l’avait toujours vue ainsi, une femme forte dans un corps frêle. Comme les chocolats que sa mère faisait… Un caramel terriblement dur au milieu qui collait aux dents. Elle se retourna et s’avança vers sa chaise où elle se laissa tomber comme un chêne au milieu de la voie royale. Elle posa son regard vairon sur le jeune homme. <Savais-tu que j’avais un fils avant ?>

« Un gosse, vous ? Z’avez eut un mari avant ? » Dit-il, un peu espiègle en grattant un trou de son pantalon bleu. Il sourit en la regardant, montrant que ce n’était pas une insulte mais bien une question innocente venant d'un gamin de la campagne. Il grattait le trou ce qui abîmait encore plus le tissu du pantalon, donnant un aspect de clochard au jeune Reed. Il se releva et erra un peu dans la vieille cabane, ses bottes de cuir craquant sur le vieux parquet.

« J’ai eu un mari… Il est mort avec mon fils pendant la guerre. Ils étaient bûcherons de base. » Dit-elle en faisant une tresse avec le pain, l’ayant coupé en trois petit boudins qu’elle venait tout juste de rouler. Elle ajouta une pincée de sel alors qu’elle fixait toujours le jeune homme qui vînt mettre une autre pincée de sel. « Tu pourrais devenir bûcheron en attendant que ton père puisse s’occuper de toi. Tu gagnerais de l’argent pour ta famille. »

« Bûcheron ? Moué ? J’suis pas trop jeune ? » Il regardait la vieille avec un sourcil blond haussé. Il ne s’était jamais penché sur la question et pourtant il venait du Val d’Est. Il s’imaginait, barbu et les cheveux longs alors qu’il portait une chemise ouverte et un de ces fameux pantalons avec une hache… « Pourquoi pas… » Il se gratta la nuque et observa la vieille dame avec sa peau parcheminée, il lui offrit un splendide sourire et hocha finalement pour lui faire part de sa réponse positive. Il prit un bout de cette pâte à pain et en mangea tout en regardant les arbres au-dehors, ils allaient trembler sous sa hache !

« Parfait, je vais prévenir le contremaître alors. C’est un ami ou le fils d’un ami… Je ne m’en souviens plus… Toi il te faut une hache et tout ton matériel. Je te préviens, tu ne couperas pas d’arbre tout de suite, tu ramasseras le petit bois à tes débuts. » Elle enfourna le pain au four et se retourna vers le jeune Fabre qui souriait toujours d’un air rayonnant. Pendant un bref instant, elle crût voir son propre fils et fût prise d'une certaine nostalgie, ce blond blé lui rappelait son enfant. Elle lui rendit son sourire, une larme à l'œil qui ne tarda pas à glisser dans l'une de ses rides, cela resterai son secret.

C’est ainsi que pendant deux années il devînt bûcheron, coupant du bois et aidant son père une fois rentré du travail. Ce nouveau gagne-pain forgea l’esprit du blond mais pas seulement, son corps changeait et sa barbe pointait le bout de son nez. Il était presque un homme et ne cessa jamais de rendre visite à la vieille, toujours affublé de sa tenue de faux-clochard. Il devenait de plus en plus musclé, bien moins sec qu'avant. Puis un jour, en plein été alors que les grillons et les cigales chantaient en concert, après une longue journée de travail, il entra dans la cabanes de la vieille et il tomba face à sa vieille amie et son père, elle lui souriait.

« Te voilà de retour du travail Reed. » Dit-elle tout en lorgnant sur le nouveau venu, un fin sourire aux lèvres. Elle se tenait aux côtés de la figure paternelle, bien grande et plus musclée que le jeune blond. Il vieillissait lui aussi, ses sourcils s’épaississaient alors que sa barbe devenait grisonnante, on ne comptait plus les traits gris dans sa crinière d’ébène. Il le regardait de ses yeux rappelant les neiges de Décembre. Sa main droite ancrée dans la poche ventrale de sa salopette, salopette neuve et pourtant déjà usée, une bretelle retombant maladroitement sur sa hanche de colosse. L’autre main portait une vieille salopette bleue que Reed ne connaissait que trop bien, usée à souhait et raccommodée ici et là, il l’avait parfois portée pendant son enfance pour parodier son bon père dans ses habits trop grands.

« Fils, j’suis v’nu t’porter un présent pou’ ton aniv’ » D’un parfait patois du Val d’Est, le père lui tendit la salopette en affichant un large sourire. Il lui expliqua qu’avoir seize ans était synonyme de majorité chez les Fabre. « T’a b’soin d’un bleu d’travaille pour ton boulot d’tailleur d’boués ! Alors j’t’posse moué sal’pette comme premier cadeau ! »

Reed hocha doucement et approcha pour prendre le fameux vêtement bleu qui allait, dans l’avenir, devenir sa signature. Il passa la soirée en compagnie de son père et de la vieille avant de retourner se coucher. Le lendemain, il prit sa salopette et l’enfila avec une chemise. Il se regarda dans la glace brisée de sa chambre, il posa son gros doigt terreux sur son reflet et sourit. Il ressemblait à son père, un gaillard bien portant du Val d’est.

Puis, les années se succédèrent alors que Reed continuait à couper du bois au Val d'Est, appréciant d'observer les changements, la nouvelle vie qui se dessinait devant lui et qui pourtant semblait sonner faux. Une chose lui manquait, il aimait couper du bois mais tout cela semblait être un pansement sur une plaie, comme si quelque chose n'allait pas comme il fallait, mais quoi ?  


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:11, édité 4 fois
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Message par Reed Fabre Jeu 15 Fév 2018 - 17:30

La mort de l'Innocence, Chapitre I.

Reed avait changé, du haut de son plus que mètre quatre-vingts, il soulevait des buches dans le camp, les déposant çà et là sous les ordres de son chef de chantier. Il avait non seulement grandi mais son corps avait changé. Il avait aujourd’hui de larges épaules, un buste bombé, une crinière de lion et une barbe qui rivalisait désormais avec celle de son père. A la différence que la sienne n’était pas aussi bien entretenue, poussant de manière anarchique, lui donnant des airs de naufragé. Il avait aujourd’hui un peu plus que la vingtaine et continuait à travailler comme bûcheron. Il remonta sa salopette encore un tantinet trop large, trouée de partout et raccommodée. Il observait avec lenteur les bois, le camp puis reconnu sa mère qui l’attendait au bas de la forêt, un panier en main, portant une robe bleue couvrant un chemisier blanc. Sa chevelure était ramenée à l’arrière et attachée par un énorme nœud du même bleu clair que sa robe.

« Maman ? Tu viens me chercher au travail ? Il n’est que midi » Etrangement, il prenait toujours la peine de bien parler en compagnie de sa mère, elle semblait préférer cela elle-aussi. Elle tenait sa robe de ses deux mains, des allures bien soignées. De plus, il n’avait jamais vu cette robe sur sa mère, elle était presque neuve visiblement.

« Oui, j’ai demandé au contremaître et tu peux prendre ton après-midi pour venir avec moi à la capitale Reed. » Elle souriait tendrement en lui donnant son bras. Toutes ces manières, il n’y était vraiment pas habitué.

« Hurlevent ? Mais je… Pourquoi ? » Il haussait un sourcil, ressemblant cruellement à son père, limitant la majorité de ses expressions faciales par des mouvements de ces amas de poils. Elle sourit en lui prenant donc son bras, ouvrant la marche lente mais bien grâcieuse.

« J’ai quelques courses à faire et je voulais juste profiter de mon fils que je vois bien peu ces derniers jours. Depuis que tu es devenu bûcheron, je ne vois plus mon petit garçon courir dans la maison. » Elle parlait, un air nostalgique dans sa voix alors qu’elle observait les bois avec absence avant de tourner légèrement son visage vers son fils et lui offrir un radieux sourire.

« Je suis devenu adulte M’man. Je dois bien prendre mon envole non ? Toi es Pa’ aviez déjà votre maison et un enfant à mon âge. » Il souriait tout autant en hochant calmement, sa queue de cheval balayant son dos. L’air de famille était plus que présent même si la mère de Reed aurait pu largement passer pour sa grande sœur tant elle faisait jeune. Elle n’avait presque pas changé depuis son enfance, alors que son père était devenu grisonnant et se plaignait de douleurs au dos.

« Oui mais nous n’avions pas le choix Reed. C’était ça ou la rue, et nous ne pouvions faire autrement que travailler et t’offrir un toit ici. » Au loin se dessinaient les toits de Comté de l’Or, une ville minière que Reed avait souvent vu en se promenant avec son chien de ferme qu’il avait reçu depuis peu : un briard nommé Oural, un bon pépère comme il aimait l’appeler en lui caressant le flanc. Ils gardaient le même rythme en approchant le village, croisant des mineurs dont un plutôt étrange, un peu bourru, au regard azur et à la barbe rasée au niveau du bouc, original.

« Pas le choix ? » Il tentait de comprendre tout en traversant le village, tenant le bras de sa douce mère qui semblait pensive en suivant le chemin de son regard azur. Ils croisèrent des gardes en patrouille, le jeune blond admirant leurs armures et leur assurance, rêveur.

« Laisse moi te raconter comme ton père et moi nous sommes rencontrés. » Dit-elle en venant le regarder brièvement, toujours perdue dans ses songes mais ramenant son fils à lui, le faisant quitter ses rêveries de plaques et d’épées.

« Mais je connais cette histoire maman. Pa’ t’a rencontré dans le nord et vous êtes venus ici pour retrouver sa famille. » Il fronçait désormais ses deux sourcils, sortis de ses idées d’une vie entant que garde.

« C’est là une version très courte qui donne bien peu d’informations. » Elle soufflait lentement alors que les remparts de Hurlevent dépassaient lentement la cime des arbres, les caravanes se faisant plus présentes. « Tu as raison, je viens bien de Lordaeron mon fils, d’un petit village nommé Andhoral. Cela ressemble un peu au Val mais la ressource principale n’était pas le bois mais les céréales. C’était le grenier du royaume si tu préfères. » Reed hochait doucement en écoutant ce récit qui promettait d’être ennuyeux pour l’heure. « Les paysans étaient les serviteurs de familles nobles. L’une d’elles était spécialisée dans la production de vins en tout genre, surtout du rouge. Cette famille se nommait les De Méricourt. Le patriarche de la famille se nommait le vicomte George De Méricourt. »

« Mais mon deuxième prénom c’est… Tu étais sa fille ? » Finalement, le récit de sa mère semblait l’intéresser un peu. Il tournait la tête pour voir la femme réciter une histoire, l’histoire de ses origines à lui.

« En effet, j’étais donc la fille d’un noble. Marianne De Méricourt. J’étais promise à un noble d’un autre royaume dès ma naissance, un mariage d’intérêt. » Elle marqua une pause avant de continuer tout en restant coincée dans ses songes. « Mais alors que la guerre frappait, des soldats allaient et venaient dans le village. Le manoir familial accueillait certains d’entre eux. J’avais pour habitude de lire proche des écuries quand un beau jour, un de ces soldats m’approcha pour me faire la cour. » Elle souriait en y songeant, traversant les portes de la cité blanche. « Tu l’auras deviné, ton père. Il m’aura fait la cour et en une semaine, mon cœur était sien et l’est resté, il l’est encore. » La douce Marianne marqua une autre pause, laissant du suspens à l’histoire avant de reprendre son récit. « Ton grand-père eut vent de ma relation avec un paysan du Val d’Est, il me somma de quitter le domaine familial et renoncer à mon héritage. J’avais gagné un mari mais perdu ma famille pour avoir désobéit et déshonoré mon père. La suite tu la connais non ? Tu es arrivé dans notre vie. »

« Mais… C’est horrible, ton père t’a abandonné car tu aimais quelqu’un ? C’est un idiot. » Il ne tenait pas ses mots alors qu’il avait ce genre de langage en horreur. La mère l’observa alors que lentement, les bâtiments aux toits bleus du quartier des commerçants se dressaient devant eux.

« Les valeurs d’une famille noble sont souvent bien différente Reed. Tu comprendras avec le temps. Bien, laisse moi te faire la visite de Hurlevent ou du moins de ce quartier car nous manquons de temps ! » C’est ainsi qu’au bras de sa mère, le jeune lion découvrit le quartier des commerces de Hurlevent. Tout le monde courait en tout sens sans pour autant avoir un but précis, gardant des mines songeuses et occupées. Il y avait plus de personnes en ce quartier que dans les trois villages du Val d’Est réunis. Il perdait son regard en tout sens, découvrant qu’il existait des commerces en tout genre : des coiffeurs, barbiers, vendeurs de bijoux et encore bien d’autres. Tout semblait attiser la curiosité de Reed, le sol composé de pavés, les maisons de pierres blanches, les toits bleus, les différentes races qui se pavanaient dans la cité, des nains et des gnomes, ces races étranges qui étaient même plus petites que sa sœur. Ils passèrent l’après-midi en ville avant de retourner au Val d’Est pour retrouver un père affamé. Reed n’avait pas reparlé de la sentence de son grand-père George, parlant plus de la vie de noble que sa maman avait eu. Cela faisait de lui un héritier illégitime au titre ? Qu’il le garde son titre corrompu et qu’il pourrisse avec pour avoir osé abandonner sa mère !


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Message par Reed Fabre Mar 10 Avr 2018 - 19:19

La mort de l'Innocence, Chapitre II.
Ils marchaient dans les bois. Reed observait son père, cette chevelure ébène avec des reflets roux, moins longue que la sienne et parsemée de gris. Il marchait avec une nonchalance caractéristique, il air détaché et désintéressé, presque simplet. Était-il bête ou est-ce qu’il se fichait simplement du reste du monde ? Il marchait aux côtés de son modèle de toujours, père et fils avaient leurs mains enfoncées dans leurs salopettes, il était difficile de ne pas voir l’air de famille. Presque des jumeaux, le père était pourtant plus grand et plus large, arborant de grandes bottes brune renforcée. Il fixait les bois vermillon, s’éveillant sous les premiers rayons du soleil. Son regard était fidèle à sa profession de forgeron, couleur acier et bien dur, presque cassant.

- « T’vas t’décider à m’dire c’qui tracôsse fils ? » Lança-t-il tout en rajustant sa ceinture de forge, une espèce d’accroche-tout où pendaient ses outils qui ne cessaient de frapper contre ses jambes et sa ceinture. Il se gratta ensuite sa splendide barbe grisonnante tout en posant ensuite une tape paternelle sur les larges épaules de son fils. Le jeune homme devînt un peu rouge mais pensa qu’il était bon de ne pas tourner autour du pot avec son père, il le lui devait bien.

- « Pa’... Je voulais te parler de quelque chose. » Il dégluti et inspira longuement tout en continuant d’avancer, traînant des pieds, ses bottes frappant l’une contre l’autre. « J’vais faire court. Je ne veux pas reprendre la forge. Je veux être garde, à Hurlevent. » Il le regarda de son regard semblable à l’écume, observant chaque mouvement de son père. Le vieil homme fronça les sourcils, plus qu’habituellement du moins. Il s’arrêta et posa son regard gris sur son fils, il le jaugeait. Ses bras se croisèrent alors qu’il continuait de toiser son fils, un visage totalement neutre. Le calme avant la tempête ? Reed était inquiet, il baissait un peu la tête tout en lui faisant face, ne se déminant pas. « Dis quelque chose Pa’... » Le père grommela et mâchonna un moment dans le vide, lissant sa salopette bleue marine.

- « Tu feras un bon garde. » Il souleva sa patte et ébouriffa son fils devenu adulte depuis peu. Il avait fait ses classes ces dernières années et était devenu un homme. Il lâcha enfin un sourire ce qui était un événement de la part du vieux Fabre, connu pour son air constamment blasé. Il glissa ensuite sa main dans sa poche, sa bretelle retombant contre sa hanche. Il se tourna et continua sa route vers son atelier, toujours aussi calme. Il laissa un Reed décomposé, la bouche entrouverte et le regard écarquillé.

- « Mais tu ne dis pas non ?! Papa ?! J’pensais qu’tu allais t’énerver et m’mettre un gnon. » Il était choqué et ne comprenait pas. Il lui emboîta le pas tout en se pressant pour arriver à sa hauteur. Ils pénétrèrent dans l’antre du vieil ours, son atelier. Il posa ses fesses sur un des établis alors que le père allumait la forge en ajoutant du charbon. Le père se releva lentement, pelle en main, il se servit de cette même pelle pour relever le menton du jeune blond qui regardait ses mains. Il le fixait en souriant brièvement avant de reprendre un air neutre.

- « Si t’veux être un bon garde, faut savoir avoir la tête haute. T’sais Reed, j’vaux l’bonheur d’mes enfants. Bien entendu, ton rôle est normalement de r’prendre l’affaire familiale. Mais ton frère Walter a toujours été meilleur forgeron qu’toué et il en a envie. Toi t’as toujours r’gardé les gardes avec admiration. Qui serais-je pour t’interdire à réaliser un rêve ? J’s’rais potétique. » Il fronça encore ses sourcils noirs, la lueur des flammes de la forge éclairant son visage callé, un tantinet ridé. « La famille c’est du soutient, surtout chez les Fabre. J’te soutiens alors. » Il continua son travail tout en gardant une oreille attentive en dépit des apparences. Il essuya son front, la chaleur des flammes le léchant alors qu’il continuait d’alimenter le feu en charbon. Il plaça ensuite les pièces à chauffer dedans et observa son fils tout en s’appuyant contre le four, croisant les jambes et allumant sa pipe. Il relâcha la fumée telle une locomotive alors que Reed l’observait.

- « Donc tu n’m’en veux po ? J’pensais vraiment qu’t’allais t’mettre en pétard comme quand Rebecca a dit qu’elle voulait aller chez les chapeaux pointus. » Il se gratta sa barbe blonde tout en fronçant les sourcils comme son père. Il essuya ses mains sur le bleu clair de son tissu tout en allant aider son père, apportant la bassine d’eau. Il prépara les outils tout en ne quittant pas son père de ses beaux yeux mers.

- « J’te connais fils, t’fort et fier et t’vas pas au bout du monde, c’est juste à c’té chez les citadins. J’ai po à avoir peur pour toué. Avec les temps qui courent, les bleus d’la Garde cherchent probablement des r’crues. Tente ta chance et va t’présenter. » Dit-il en rafraîchissant une lame rougissante. Il souffla sur la lame avant d’abattre à plusieurs reprises son marteau sur le fer bouillant. Le vieux Fabre le regarda ensuite et l’ébouriffa encore une fois comme un gamin. « On en parlera à Man’ c’soir. »

Reed hocha calmement la tête tout en aidant son père. Il repensa à ses mots. Était-il vraiment fort et fier ? Il resta pensif tout en quittant son père vers neuf heures pour rejoindre ses collègues bûcherons à la scierie. Il effectua son travail comme on lui demandait sans broncher, comme toujours puis rentra finalement à la maison. Il était en sueur et méritait bien un plongeon dans la rivière, ce qu’il s’autorisa avant de finalement remettre ses habits sur sa peau trempée. C’est en enfilant sa chemise qu’il constata qu’il avait vraiment grandi. Son ventre plat commençait à laisser paraître ses abdominaux, sa toison blonde couvrant son corps. C’était maintenant un homme, un corps robuste et lavé de toutes cicatrices. Il se rhabilla et arriva dans son foyer. Il monta les marches jusqu’à sa chambre et se lança sur son lit, sans prendre la peine de retirer ses lourdes bottes de cuir, mouillant ses draps avec sa crinière trempée. Il souffla et observa longuement le plafond de sa chambre, mâchonnant le vide. Il sourit finalement, rêveur et se laissa lentement aller à s’imaginer en armure, le tabard bleu et doré par-dessus. Il fût tiré de ses songes par sa mère.

« Reed à table ! »


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Message par Reed Fabre Mer 23 Mai 2018 - 20:05

La mort de l'Innocence, Chapitre III.
Il grimaça, sortant de ses rêveries. Il poussa sur son dos et ses bras pour se relever en position assise, remonta les bretelles bleues de sa tenue. Il envoya valser ses bottes contre le mur de sa chambre, d’un geste vif du pied sans retirer les lacets. Il se leva sur ses deux grands pieds ce qui fît grincer le vieux parquet de sa chambre. Il remua ensuite ses orteils sur la peau de chèvre au bas de son lit. Reed observa longuement le seul et unique miroir de sa chambre, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant, contemplant encore une fois son reflet et s’imagina en portant la plaque lourde et brillante du Guet Urbain. Il s’avança lentement vers sa porte après cette brève pensée et dévala les escaliers pour trouver sa mère dans la cuisine. Elle était belle, on lui demandait souvent si elle n’était pas la sœur de Reed. Elle ne faisait clairement pas son âge. Une longue chevelure blonde cendrée souvent rassemblée en une tresse aussi longue que son échine, retombant sur son torse svelte. Son visage au teint poudré était illuminé par un regard bleu comme le ciel en un après-midi d’hiver. Contrairement au père de Reed, son regard à elle trahissait toujours une infinie gentillesse. Elle portait une robe bleu ciel à la dentelle faite main, probablement un résultat de l’un de ses passe-temps, la couture. Il pourrait presque croire que sa mère était redevenue une noble dans ces habits bien trop élégants, détonnant avec la ferme.

Mais même si la robe était très réussie, son activité préférée n’était pas faite de tissus, d’aiguilles et de fils.  Non, c’était au milieu de la farine, des œufs, du beurre du sucre et d’une pincée de sel que la mère du jeune homme se sentait vivre réellement. Sa vie n’était que cuisine, ce qui explique pourquoi le surnom de Reed était son « petit cake », de quoi lui faire lâcher quelques grognements. Elle avait d’ailleurs fait de son amour de la cuisine son métier, reprenait l’affaire de sa belle-mère, la fameuse boulangerie Fabre. Il observa sa mère avec tendresse et vînt lui embrasser doucement la joue avec amour. Il s’en alla poser les pieds sous la table, son père étant déjà assis, la pipe en main et la fumée l’entourant. Il était couvert de suie et sa salopette si propre ce matin était désormais tout aussi noire que ses cheveux ébènes. Il observait sa petite dernière, Dana, une jeune noiraude tête de mule qui mâchouillait doucement son doudou en bout de table tout en regardant son aîné. Le repas se déroula calmement, ils n’étaient que les quatre. Le père mangeait bruyamment, comme son fils alors que la mère tentait vainement de faire manger de la compote de pommes à sa fille. Le repas était assez simple, une soupe de courges et un pain aussi frais que la rosée du matin, une véritable institution du Val d’Est. Vînt le moment fatidique où le père du jeune Fabre parla de l’avenir de son fils tout en sauçant son assiette.

- « Tu veux devenir garde Reeree’ ? » Dit la mère tout en tournant directement la tête vers son fils. Sa voix était douce mais l’angoisse y était aussi perceptible que les vagues du lac Miroir en pleine tempête.

- « Oui Man’, je veux défendre ceux qu’j’aime et je n’sais po… J’ressens ce besoin dans mes tripes t’vois ? » Il la regardait tout en buvant son jus de poires. Il la savait triste mais il faisait le bon choix, la sincérité était une valeur sure. Sa mère grimaça en entendant l’accent de son fils, essayant elle-aussi de le rendre plus compréhensible.

- « C’est inattendu... Tu ne dis rien toi ? » Elle arqua un sourcil en direction de son époux, lui tenant la main alors qu’elle restait surprise, ne pouvant s’empêcher de s’affoler un peu en bonne mère-poule.

- « L’gamin il est plus un loupiot t’sais. Il sait ce qu’il veut et j’peux que l’sout’nire dans ses choix. » Il fronçait encore et toujours les sourcils tout en lui caressant la main de ses grosses pattes velues, le ventre plein. La mère hocha gravement la tête puis regarda son fils. Elle afficha ensuite un large sourire en comprenant que c’était le rêve de son fils.

- « Tu devras nous voir une fois par semaine. » Dit-elle en fronçant les sourcils. Les trois rirent enfin, l’atmosphère était détendue et l’ambiance un tantinet festive. Ils fantasmèrent sur cette future vie de garde, le père un tantinet en retrait alors que le fils et la mère n’avaient plus de limite à leur imagination. Le soir venu et le dessert passé, la belle femme s’en alla coucher sa fille alors que Reed débarrassait. Le père était assis, sur les marches de la maison avec son instrument à cordes. Il l’avait reçu de son père qui lui-même l’avait reçu du sien. Il jouait calmement, un épi de blé dans la bouche qu’il mâchouillait avec nonchalance. Le jeune blond alla s’asseoir proche de son père qui grattait les notes comme cela lui venait, profitant de cette chaude soirée d’été, les derniers rayons rouges du soleil traversant la forêt. Au loin, des étoiles vertes fendaient le ciel telle des astres magnifiques. Cependant, les nouvelles étaient bien moins « magnifiques ». Ces fameuses images de beauté étaient en fait des colosses de flammes, destructeur et ne cherchant qu’à réduire le monde en un tas de ruines. Le père observait ce ciel voûté et si calme, soucieux des jours à venir.

- « Il va falloir que tu sois fort fils. Ces choses-là n’connaissent pas la peur. » Il continuait de jouer paisiblement en veillant sur les bois. Comme si sa musique éloignait le vacarme au-delà des frontières d’Elwynn.

- « Je dois y aller Pa’... Pour aider les nôtres et faire mes preuves en bon soldat. Pour le Royaume et pour nous en général. » Dit-il en parfait commun, sans son accent tout en souriant à son père. Il ne tarda pas à se faire ébouriffer sa crinière dorée par la main paternelle.

- « T’partiras lundi, cela t’laisse l’dimanche pour t’préparer. J’vais t’trouver une tenue et t’passer d’l’argent. J’ai discuté avec l’cousin Gaby, il t’prête une chambre en Hurlevent l’temps qu’tu trouves une maison. On va tout faire pour t’aider Reed. » Ils passèrent ce dernier bon moment de complicité à regarder le ciel se coucher, souriant avec une pointe de doute, se préparant pour les jours à venir.


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:12, édité 5 fois
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Message par Reed Fabre Mer 23 Mai 2018 - 20:05

La mort de l'Innocence, Chapitre IV.
Le calme presque religieux, aucun bruit. Rien ne bougeait, même l’eau des rivières semblait ne pas couler. Les arbres immobiles, bruns et verts, offraient un toit de feuillage laissant passer ici et là quelques rayons de l’aube si chaud d’une journée d’août. Voilà une journée que Reed avait quitté sa famille pour Hurlevent. A peine arrivé dans la cité blanche, il avait appris que le royaume avait besoin de renfort aux frontières d’Elwynn, les démons envahissaient la Marche de l’Ouest et étaient aux portes de son foyer. Il marchait avec d’autres jeunes de son âge, certains riaient d’autres chantonnaient mais tous avaient la même hypocrisie sur le visage, ancrée dans leurs regards. Ils savaient tous les nouvelles du front : des monstruosités de flammes vertes, des chiens tentaculaires et des êtres ailés manipulant les hommes et les femmes, faisant se combattre frère comme sœur contre leurs semblables. Mais étrangement, tous riaient et chantaient en route pour l’enfer. Ils étaient des habitants fiers de la forêt d’Elwynn, il n’existait pas vraiment plus fier que des enfants des campagnes. Et pourtant, en dépit de cette mort certaine, les jeunes hommes et femmes voulant simplement renforcer les frontières. Ce refus de réaliser, traduit par ces chants, blagues et cette bonne humeur sonnant faux, fût interrompue par un fracas des plus incroyable.

« A couvert ! » Hurla un garde en tête de file. Toute la troupe se cacha dans les fourrées, observant la scène au-delà de la rivière séparant les douces forêts d’Elwynn de la Marche. Et ce que Reed vît était à couper le souffle. Le fracas incroyable et tonitruant avait précédé l’apparition d’une colonne de flamme émeraude. Ce brasier lécha le sol et les herbes aux alentours pendant une longue minute avant de se mouvoir à l’allure d’un bon gaillard sortant de la taverne. Ce colosse enflammé, magnifique et resplendissant observait la plaine d’un air absent. Puis, de cet être mirifique, un cri retentit, toute admiration fût rapidement transformée en une horreur. Là où la créature avait semblé extraordinaire, son chant n’était qu’une ode à la destruction. Elle se meut rapidement, rondouillarde, se déplaça en direction d’une ferme, violente et destructrice.

Les troupiers se regardèrent, incrédules alors que cet amas de lave verte se déplaçait, désireux de réduire en cendre une simple maison de bois, un bon combustible. Cependant, celle-ci fût freinée par un boulet de canon qui lui arracha un bras. Elle se tourna et hurla encore une fois, effrayante, en direction d’un régiment composé de nains et d’hommes, tirant à répétition sur la créature infernale. Il fallut peu de temps pour la déchiqueter de part en part, la faisant retomber au sol lourdement en des météorites éteintes, se désagrégeant en cendre à une vitesse folle. Le chef de troupe demanda aux nouveaux de se relever pour se hâter au front. Reed observait le ciel, des comètes verdâtres fendaient le ciel et s’écrasaient par endroits.

Ils arrivèrent rapidement au campement de fortune, barricadé que les soldats avaient mis en place pour contenir l’invasion démoniaque. C’est en voyant les blessés et le regard perdu de certains combattants que Reed comprit la gravité de la situation. Certains boitaient quand ils avaient encore la chance d’avoir des jambes ou encore des bras pour se tenir à des béquilles. D’autres pleuraient ou hurlaient de terreur. Mais le pire, ce qui arracha un hoquètement de dégoût au blond, c’était les alignements de cadavres couverts de draps blancs tâchés de sang qui s’amoncelaient à l’arrière du camp. Les mouches avaient élu domicile non loin de là, ajoutant le dégoût à l’horreur. Même les hommes de foi qui étaient chargés de bénir les défunts et les envoyer à Hurlevent semblaient surmenés. Soudainement, Reed remarqua que ces cadavres n’étaient pas seulement ceux d’adultes, il y avait des enfants. Il s’approcha, n’écoutant pas vraiment les explications, observant une petite main qui tenait encore un ours en peluche dans sa main, il ferma les yeux, repensant à ses frères et sœurs qu’il avait laissé chez lui. Ils devaient arrêter ce carnage, le contenir loin des forêts. Il recula et rejoignit ses camardes, le visage pâle, emprunt à la terreur.

Il repensa à ce qu’il avait fait ces derniers jours au Val. Il était loin le temps des baignades d’été. Aujourd’hui, la rivière était sang et le chant des oiseaux étaient devenus les sifflements des fusils ou les hurlements de la terre se fracassant. Les prochains jours allaient demander beaucoup d’effort. Son regard se perdit sur la Marche de l’Ouest, il ne l’avait pas souvent observée avec attention. Il se souvenait de champs de blé sec et de l’herbe à la couleur jaune. La région était avant tout connue pour sa pauvreté fracassante mais le jeune homme ne voyait rien qui puisse rappeler ses souvenirs.

Soudainement, un bruit de ferraille déchira l’atmosphère qui était déjà pesante. Dans un éclair verdâtre, une énorme machine noire apparut dans le ciel. Elle volait doucement au milieu du ciel émeraude, semblant presque inoffensif pendant un instant. C’est alors que des hordes de démons apparurent au sol. On criait aux gardes de se préparer au combat et de se secouer alors que le vaisseau venu des confins de l’espace se mit à bombarder la zone avec des espèces de grenades gangrénées. Le bruit des explosions était assourdissant alors qu’on donnait des armes et des boucliers aux nouveaux venus. Ils n’avaient pas le temps d’enfiler des vraies armures et devait se presser, les démons étaient déjà aux portes d’Elwynn.

Reed enfila rapidement une armure de cuir et arriva rapidement à l’orée de la forêt, accueillant un démon à la peau rouge d’un coup de lame au niveau de la gorge. Ce fût rapide, ce dernier était tombé au sol, la gorge relâchant un liquide verdâtre empestant le souffre. Il tremblait en écarquillant les yeux. Il n’avait jamais tué par le passé, c’était là son premier meurtre. Il sentit le frisson de la mort lui lécher le dos, laissant une sueur froide retomber le long de son échine. Il manqua de vomir sur le cadavre frais de l’Eredar ou encore de lâcher son épée. Mais il fût rapidement secoué par une autre de ces créatures. Il la tua aussi, la mort n’avait pas été aussi rapide, cependant le coup avait été plus facile. Il était soudainement étonné par la facilité avec laquelle ôter la vie devenait facile. Il se rappela soudainement que ce qu’il faisait n’était pas un meurtre en soi, il se rappelait pourquoi il se battait, pour sa famille, son royaume, pour Hurlevent.

Il frappait, suait, frappait et suait encore tout en essuyant le sang de sa lame. Le temps n’existait plus à ce moment précis. C’est seulement après avoir tué le dernier des membres de cette vague d’envahisseur qu’il s’aperçut que le jour avait laissé place à la nuit. Il recula, retournant au campement alors que d’autres montaient la garde. Au feu de camp, on rapportait des histoires horribles. Des démons aux allures de chauvesouris contrôlant le mental des vaillants soldats de l’Alliance et les forçant à se retourner les uns contre les autres. Des colosses robotiques ou encore des lézards géants. Reed secouait la tête en tentant de retrouver le sommeil. Il repensa à sa famille encore une fois et pour la première fois depuis sa venue aux frontières, il s’autorisa à pleurer. L’innocence qu’il avait pu connaître était partie en cendre comme les habitants de la marche, laissant place à l’horreur de la guerre.

Il croisa par moment son cousin qui soignait les blessés en compagnie du Père Carter, ce prêtre connu de sa famille pour avoir aidé sa mère avec le dernier enfant. Tout deux semblaient détruits. Fabre s’approcha du Père Gilnéen, le visage défait. La journée avait été longue et les pertes lourdes. On avait dit qu’une de ses machines de fer était tombée sur la Colline des Sentinelles et qu’elle avait presque tout ravagé sur son passage.

« Le temps est plaisant, n’est-ce pas Fabre ? » Le prêtre tenta un sourire qui sonnait bien trop faux pour le calme ambiant qui n’avait rien de reposant. Ce n’était pas là le calme d’un soir d’été, c’était un silence de deuil par respect pour les soldats tombés aujourd’hui.

« Je ne pense pas que le temps soit aux plaisanteries mon Père… Comment… Comment continuer après ça ? » Il montra d’un geste bref le monticule de cadavres pourrissants, la chaleur accélérant le processus et attirant les charognards.

« Après avoir vécu la Guerre ? J’ai pensé comme vous lors de la destruction de mon royaume, Gilnéas, en observant les machines de peste de la catin de la Horde. » Il laissa un blanc en se massant la barbe, observant le sang sur ses mains sans en être dégoûté. Sa robe, elle, était encore propre. Il portait un tablier blanc qui lui, n’avait pas cette chance. « On se remet, dans l’espoir de pouvoir prévenir la prochaine catastrophe Fabre. C’est là, la plaisanterie des vivants. Nous vivons d’un espoir plus que symbolique qui pourtant nous file inlassablement entre les doigts. » Il soupira en s’approchant, retirant son tablier pour ensuite poser une main sur l’épaule du jeune fils de forgeron.

« Je ne comprends pas… Toute cette horreur. » Il souffla doucement en fermant les yeux, secouant la tête comme pour chasser un vieux cauchemar qui allait malgré tout, resté ancré à jamais dans sa mémoire. Il était abattu, son innocence était partie en fumée en seulement un jour de bataille et sa volonté avait subit un grand coup. Dans les cadavres se trouvaient des gens du Val qui venaient tout juste d’arriver au front, des gens que les familles allaient pleurer. Et si cela lui arrivait ? Non, il devait vivre, il devait survivre.


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Message par Reed Fabre Ven 13 Juil 2018 - 23:01

La mort de l'Innocence, Chapitre V
Le sang frappait dans ses tempes, ses mains étaient moites et son souffle court. Il était devant la maison familiale, panier en main et habillé de sa salopette. Le jeune blond avait bien vécu. C’était le quinzième jour du deuxième mois de l’an trente-huit. Il n’avait pas été dans un tel état d’anxiété depuis les invasions de la Légion ardente. La raison de ce stress était un affreux vélin rose, couleur de l’amour, qui colportait une rumeur sur les déviances dont Fabre était sujet. Il savait l’avis que certains campagnards avaient sur ce genre de comportement et surtout le regard que son père pouvait porter sur les gens de son espèce. Rien n'avait changé ici, la forêt était calme ; bercée par une douce brise d'hiver alors que ses pas résonnaient sur les marches en bois de la maison Fabre.

Il s’arrêta un moment, se posant sur le pas de porte de la vieille ferme du Val d’Est. Il observa le ciel, se grattant sa barbe blonde de son bras guérit d'une fracture récente. Il n'avait plus l'habitude du contact de sa propre peau, son armure était presque devenue une seconde peau. Tellement habituel que même ses vieilles salopettes lui semblaient étrangères ou inconfortables. Les neiges d'hiver se faisaient rare alors que son regard contemplait la forêt endormie. Il était à l'aise dans ses bottes de cuir, remontant sa peau sur ses épaules et resserrant son écharpe de laine. Il repensait longuement à cet autre événement, fuyant la dure réalité et se remémorant cette ancienne « victoire » qui pouvait possiblement lui redonner courage…



Cela faisait bien deux semaines que le jeune blond avait rejoint les renforts aux frontières d’Elwynn. Il ne comptait plus le nombre de blessé, les os retournés ou brisés ou encore l’odeur de chair calciné par la gangrène remuant le peu de nourriture qu’il pouvait ingurgiter. Il avait encore été bien épargné, ne faisant que faire le guet et remonter les barricades si par malheur elles s’effondraient.  Il passa le plus clair de son temps à voir le ciel rouge, zébré de vert et parfois traversé par des engins de guerre de la Légion, de gros vaisseau de métal noir, venant du ciel et fendant les airs comme les balle d’un fusil, produisant un bruit semblable à des cris de lamentations, sciant les tympans.
On parlait de ces montagnes de feux mais aussi de Draenei à la peau noire comme la cendre ou rouge comme le sang. De diablotins, des centaines parcourant les collines accompagnées de gangregardes ; foulant le sol et faisant pourrir les récoltes. Il y avait aussi des histoires de démons qui manipulaient les soldats et les forçaient à retourner leurs armes contre leurs semblables. S’il se croyait en danger, il n’était qu’aux portes d’un enfer bien plus cruel.

Il s’estimait un tantinet chanceux, observant l’horizon jaunit de la Marche de l’Ouest. Ce jour-là était calme et il était de guet au rempart principal. Il tenait en main une lame bien aiguisé et se rappelait les mouvements que son père, ce vieil ours, lui avait enseignés. Soudainement, les collines se retrouvèrent couverte de trois formes grotesques. Ils auraient pu passer pour des chiens galeux si des tentacules ne dépassaient pas de leur peau rouge couverte d’une crinière noire semblable à des picots. Les créatures fonçaient sur les remparts et l’une d’elle, la moins imposante, se jeta sur Fabre en écrasant les planches de pois et les sacs de sables qui servaient à « maintenir » l’avancée ennemie. Les dents claquaient et harcelaient le pauvre paysan qui tentait de maintenir la bête. Mais il serait déjà mort s’il n’était pas couvert de ces planches-boucliers et que ses compatriotes ne s’étaient pas élancés sur la bête pour la maintenir hors de portée de la jugulaire de Fabre. La bête poussa un grognement alors que les lames léchèrent son flanc et se figea quand finalement, Fabre enfonça sa lame dans le coup, sous le tentacule de l’immonde créature. Le sang tapait encore dans sa tête quand il fût sorti de là, l’image du chien des enfers et de ses crocs baveux puant le souffle lui caressant le visage. Il secoua la tête, encore sous le choc et fût ensuite emmené au camp pour vérifier son état physique et mental.



      Mais aujourd’hui, il avait grandi, il était un garde de Hurlevent. Il avait eu des aventures et continué de vivre sa vie après cela. Le blond secoua sa chevelure et remonta la bretelle de sa salopette, pensant qu’il ne risquait pas la mort. Il se releva et avança vers la porte, que pouvait-il craindre ? C’était une question stupide. Il pouvait perdre sa famille. Il s’avança et la porte fût rapidement ouverte par l’ours de la maison. Son regard était dur et ses sourcils noirs épais froncé alors qu’il tenait dans son autre patte un de ces immondes papier rose. Il était toujours aussi fier et intimidant. Ses yeux n’avaient pas vieilli. La seule touche de vieillesse était les cheveux gris qui se faisaient un petit peu plus présents. Il était calme, pipe en bouche, il toisait son fils aîné avec un regard à la fois interrogateur et presque furieux. D'une voix calme mais autoritaire il commença donc l'échange.

- « D’tout c’que j’pouvais imaginer, j’pensais pas tomber sur ce genre d’conneries mon garçon. Qui a écrit c’truc ? » Il posa une main ferme sur l’épaule de son fils, portant le même genre de tenue, sa carrure bien plus large et imposante que son fils. Il ne l’invitait pas, il le forçait à entrer. Sa mère était heureuse et calme dans la maison de voir son fils. Ils n’étaient que les trois ce soir. Le père posa ses fesses à table et lança ses bottes sur la tables. Il fumait sa pipe en observant son fils qui tenta de s’enfoncer au maximum dans sa chaise. « Franchement, traiter ouvertement mon fils d’tarlouse. D’abord ces rumeurs su’ toi et c’te mage. C’te ville est stupide. » Il ouvrit le lacet de ses bottes, soupirant d'aise. Le vieil ours travaillait encore et toujours à la forge, en témoignent les marques de suie sur le bleu de sa salopette et logé sous ses ongles. Il observait son fils avec un air de dédain non-caché sur le visage, ne cachant pas son dégoût pour ce genre de blague ou encore de fiction. Il relâchait la fumée encore et encore alors que la mère mettait la table devant eux. Elle posa une main pressante sur son fils, compatissante ? Avait-elle deviné ? Le père continua son monologue longuement, enchaînant les insultes contre les citadins et le manque de savoir vivre.

- « Papa… » S’en était trop pour Reed, il avait subi les moqueries de ses collègues, de certains citoyens et ne pouvait pas supporter de mentir à son père une fois de plus. Il lui raconta tout. Il n’allait pas dans les détails mais se devait d’être sincère avec sa famille. Il parla de ses goûts, de ses fiançailles ratées de tout ce qu'il avait caché à sa famille depuis presque un an, une vie. Il observait les réactions, voulait se taire mais en même temps, ne le pouvait pas. Il défendait ce qu'il était comme face à ce gangrechien. Mais là, c'était son père qui lui faisait face et étrangement, il avait bien plus peur de cet homme à la carrure de colosse aux cheveux de jais qu'à ce chiot du chaos. Il termina son récit, sa mère assise, une main sur la sienne, ne regardant pas le père à l'autre bout qui semblait bouillir. C’est après de longues minutes de silence, que le vieux Fabre, dévorant une part de tarte aux légumes, décida enfin de répondre à son fils, ce garde de Hurlevent en qui il avait mis toute sa fierté. Il ne le quittait pas des yeux et Reed le tenait en respect.

- « Il t’aura fallu du temps et beaucoup de courage pour me dire ça gamin. » Il posa son poing ganté sur la table en le fixant de son regard gris. Il mâchait dans le vide tout en retirant les bretelles de sa salopette pour ensuite continuer. « Je te félicite pour ça mais… Je l’accepte mais sache que tout c’que cette déviance représente. C’pas c’que j’ai voulu pour toi Reed. Cela reste contre-nature. » Ses mots étaient comme des coups de poignards. Il savait que son père faisait un effort pour ne pas dire le fond de sa pensée. Le repas se finit dans le calme, son père le raccompagna jusqu’à Hurlevent, fumant comme une chaudière pour calmer ses nerfs. Il prit son fils sèchement dans ses bras. « Nous en reparlerons fils. »    


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:12, édité 2 fois
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Message par Reed Fabre Ven 13 Juil 2018 - 23:02

La mort de l'Innocence, Chapitre VI, fin

08/08/36: La guerre était finie. Enfin, c’est ce que les villageois disaient mais rien n’en était. Certes la Marche de l’Ouest n’était plus envahie et remplie de démons à la puanteur de souffre mais à quel prix. Plus rien ne semblait pareil. Le sol était déchiré, brisé, mourant. Le ciel portail encore les sillages des vaisseaux de la Légion et la vie en ces lieux était proche de l’extinction. Reed leva son regard vers le campement élaboré à la frontière, on pouvait plus compter les blessés, les morts, les disparus. Lui qui s’était si souvent vu étranger à la ville en bon campagnard, il voyait qu’il n’y avait aucune distinction entre les hommes dans l’horreur de ce monde. L’atrocité, le désastre de la guerre rendait tout hommes égaux, pas de noblesse, de clergé ou encore de militaire, juste une patrie meurtrie. Au loin des marrées de visages ensanglantés, larmoyants et semi-conscient, il distingua un visage bien plus familier, rayonnant au milieu de ce sordide. Le Frère Dane Fabre, son cousin, s’attelait à soigner un jeune enfant, écorché au niveau du genou. Il s’approcha rapidement, d’une foulée de faon au travers des campements de fortune pour rejoindre l’homme de foi en robe blanche et bleue. La lumière qui émanait de ses mains était si douce, quelque chose que Reed avait toujours envié à son cousin, cette capacité de matérialiser sa foi en cette brume si douce, comme le reflet du soleil sur les gouttes d’un orage d’été.

« Je ne pensais pas vous voir ici mon Frère, vous êtes bien loin de Comté du Nord et de vos salles d’études. » Lança-t-il tout en croisant ses bras, il savait que sa réflexion était stupide, il était logique de voir des prêtres soulager les peines au champ de bataille, surtout après la guerre.

« Cher cousin, cela me fait aussi plaisir de vous voir. J’étais inquiet de vous voir au front et, je ne puis vous cacher que votre mère me presse pour avoir de vos nouvelles. » Encore et toujours il s’exprimait avec grâce et élégance. C’était là un des avantages de venir de la branche principale des Fabre, il avait un lignage parfait et héritait de ce fait du titre de noblesse. Reed lui était vu comme un bâtard aux yeux de la famille de Dane, il n’était pas totalement Elwynnien. Sa mère, vient d’une famille d’Andhoral ayant acheté des terres en Elwynn, elle était vue comme une étrangère dans les terres du Lion. Ce qui s’étendait à tout ses enfants, des demi-Lordains.

« Il est tout de même étonnant de vous voir en ces lieux et non pas dans votre manoir. Cependant, j’avoue qu’il est plaisant d’voir un visage familier pendant ces épreuves » Il tenta de sourire chaleureusement mais cela sonnait faux et dénotait trop avec le décore d’après-guerre. Non, rester sobre était le mot d’ordre. La chose la plus respectueuse à faire même.

« Parlez moi de votre expérience mon bon Reed, comme ça j’aurai du bois à brûler pour votre mère. »  Dit-il en laissant l’enfant partir tout en lui tapotant sur l’épaule. Il se tourne ensuite dans un geste magistral vers son cousin tout en gardant un regard bien doux, en contraste toujours.

« Eh bien, pour commencez je pense que j’ai plus appris ici que partout ailleurs et en bien peu de temps. Cela fait à peine un mois et… Je me rends compte que l’horreur n’a pas de limite et que… Il est impossible de se la représenter. Il faut la vivre pour comprendre. Comprendre cette douleur. » Il marque doucement une pause en regardant le campement encore une fois avant de s’éloigner avec son cousin, lui emboitant le pas vers la rivière, proche des champs de blés qui semblaient épargnés par la corruption constante. « Je ne reconnais pas mon propre monde… Même mon visage dans ce cours d’eau… ce n’est plus-moi vous comprenez ? » Dit-il en regardant ce visage changé, neutre, en sueur, sale, poisseux, mal rasé. Il avait une balafre cachée par sa crinière dorée et son regard, vide. La joie innocente, le regard si pur qu’il croisait dans les rivières du Val d’Est avait laissé place à cet acier impassible, quelle joie ?

« Ne laisser pas la guerre vous forger cher cousin. Utilisez cette expérience pour vous construire mais ne rester pas plongé dans ces durs souvenirs. Brasser le passé ne fait pas avancer, c’est l’inverse. » Le prêtre sourit lentement tout en s’asseyant au bord de la rivière pour admirer les reflets vermillon du soleil couchant sur l’eau. Il ria un moment, un rire sincère tout en montrant les déformations de son visage après avoir touché l’eau, effaçant le reflet altéré de Reed. Le grand blond sourit devant cette innocence.

« Je ne vais pas pouvoir oublier tout ça mon frère. On ne devrait pas oublier cela ! » Il semblait s’emporter tout en montrant de son doigt la Marche, le champ aride et craquelé jonché de cadavres ; bétails comme fermiers. Le vent du nord épargnait le campement des puanteurs de souffre et des Maccabées. Seuls les charognards semblaient se réjouir de cette horreur. Il jeta un caillou dans la rivière pour déformer davantage les reflets de leurs corps déjà tordus par les ondes.

« Je ne vous ai pas dit d’oublier triple buse, je vous ai dit de ne pas la laisser forger qui vous êtes. Tenez cette épée. » Pointant du doigt la lame forgée par le père de Fabre, elle l’avait accompagné depuis son départ et aujourd’hui pendait à sa ceinture, n’ayant que peu servit. « Elle est faite de métal ou ne sais-je »

« D’acier. » Dit-il tout en fronçant les sourcils ne comprenant pas.

« Oui, acier si vous voulez. Eh bien cet acier n’est pas venu sous cette forme, il a servi à construire la lame mais d’autres matériaux sont intervenus. La rigidité de l’acier reste mais, il se doit d’être léger pour servir non ? »

Fabre était assis dans l’herbe, son pantalon taché par la verdure, il jouait avec une boucle de sa chevelure, regardant d’un air absent le roux qui se perdait par endroit dans sa crinière de blond vénitien. Il hocha aux dires de son cousin tout en affichant lentement un sourire, comprenant où il voulait en venir. Il retira ses bottes crottées et pour la première fois depuis bien longtemps, plongea ses panards secs dans l’eau miroitante. Il soupira d’aise et se renversa dans l’herbe pour regarder lentement le ciel rose, les traces s’étaient effacées ici. Il admirait avec un calme paisible, le silence de la forêt et le début de la paix, il tourna son regard vers son cousin qui lui soulevait sa robe, trop peureux de la mouiller, ses chevilles cassantes et droites trempant dans l’eau, il avait l’air bien intelligent. Lentement il regarda plus loin aux frontières, les gardes de l’armées continuaient de guetter la venue d’une menace qui n’allait jamais revenir en ces lieux, pas la Légion du moins. Il observa l’éclat ardent du soleil sur la plaque d’argent et d’azur. Les cimiers de leurs casques flottaient au vent alors que les grillons se mettaient lentement à chanter à nouveau. Son regard se perdit complètement sur l’uniforme de ces soldats du Royaume et soudainement, il réalisa Ô combien il avait été fier d’avoir défendu sa patrie, son royaume.

« Mon frère, dites à mes parents que je vais rejoindre l’armée » Il souriait tout en le disant, ne quittant pas de son regard azur les silhouettes de protecteurs.

« Pardon Reed, vous allez réellement le faire ? vous y avez réflé- » Il se fit couper.

« Dites-leurs simplement que je vais rejoindre l’armée, je veux défendre mon royaume. » Il hocha sans quitter du regard cet horizon patriotique tout en gardant son fin sourire, il avait compris qu’il ne devait pas se laisser détruire par cette guerre. Il devait s’en servir pour construire son avenir et cet avenir, était sous les drapeaux bleus du royaume de Hurlevent. Il se releva et hocha en signe de salut avant de regarder son cousin, il s’en alla ensuite au campement, discuter avec les autres soldats ou encore les blessés. Il se coucha pour la première fois dans un calme plat, dans la garnison de l’ouest, le cœur plein d’espoir en dépit des temps de troubles, le bougre s’affublait de plusieurs galons, imaginant sa carrière qui sait ? Garde Reed Fabre ?


Dernière édition par Reed Fabre le Mer 18 Juil 2018 - 14:01, édité 1 fois
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Message par Reed Fabre Ven 13 Juil 2018 - 23:02

Fahrad, Chapitre I

09/05/38: Le soleil se séparait lentement de l’horizon alors que Fabre traversait les tombes du cimetière de Hurlevent. Il faisait mine de chercher dans les brumes entêtantes du matin l’objet de ses pensées. Comme tous les vendredis à l’aube, il se rendait au cimetière pour honorer ses anciens et plus spécialement la tombe de son tendre et aimé Fahrad Wagner.  Il progressait entre les élévations de rochers tout en se tenant droit, une démarche militaire, le bruit de ses pas raisonnant sur les pavés durs et froids de la veine principale du cimetière. Le ciel encore bleu foncé tendait à s’éclaircir alors que les premiers chants d’oiseaux accompagnaient la démarche nonchalante du garde de Hurlevent. Soudainement, il s’arrêta devant une tombe avec la froideur d’une automate gnome. Il baissa les yeux et soupira en se laissant tomber aux côtés de la pierre, relisant l’inscription : « A mon tendre Professeur Fahrad Wagner, l’homme qui m’a appris que l’amour n’a pas de temps. ». Il caressait lentement la calligraphie tout en regardant le lac devant le cimetière d’un air absent. Il se plaisait à se dire qu’il avait son bien aimé dans ses bras et qu’ensemble, ils regardaient le soleil se lever sur Hurlevent et que plus tard, il le quitterait pour prendre son service et protéger Hurlevent.

Son regard s’attarda un moment sur deux moineaux, un plus fin et bien plus svelte que l’autre qui semblait avoir abusé de miettes de pains. Les deux animaux se battaient pour une branche visiblement. Le plus gros s’en alla rapidement avec la brindille, poursuivit par le plus maigrichon des deux. Fabre se leva sur ses deux pieds et monta sur le muret dans le but de voir où ils allaient. Avec surprise, il surprit les deux oiseaux dans le même nid : ils ne se battaient pas pour la branche mais tout simplement pour savoir lequel des deux allait la porter.  Cette petite scène bien niaise arracha un petit sourire à Fabre qui secoua la tête, amusé, se lissant la moustache tout en tentant de redescendre de l’arbre.

« Voilà que vous vous prenez pour un singe Intendant ? » Dit une voix étrangement familière, chaude et à l’accent aussi sec qu’un whisky, un whisky gilnéen.

« Mon Père ! Vous m’épiez donc ? vous savez ce que l’on dit des hommes trainant dans le cimetière à ces heures ? » S’exclama Fabre tout en sortant sa tête d’ours mal léché de l’arbre, retombant lourdement sur ses deux pieds nus, ayant retiré ses bottes pour grimper à l’arbre.

« Il est du devoir de l’homme de foi de veiller sur les vestiges de nos anciens non ? Regardez vous Fabre, l’état de vos chausses ! Voyons ! » Le prêtre retira son gant tout en retirant le vert sur les genoux du blond. Le splendide Gilnéen à la chevelure de jais portait encore une de ses robes étranges dont seul lui avait le secret. Cela ressemblait à un complet de noble redoublé d’un gilet qu’on avait prolongé en robe, une tenue de noble. Comme d’accoutumée, les couleurs qu’arborait le noble homme d’église allaient du noir au bordeaux avec une touche de blanc, toujours sobre et élégant, un Fahrad poussé à l’extrême de part son sens aigu de l’humilité. « Et regardez vos cheveux, on dirait un Chardofeuille avec ces branches dans vos cheveux. » S’indigna le Père Carter tout en retirant les feuilles et essuyant le visage de Fabre. Non il n’était pas intéressé par lui, c’était juste là ses manières de noble Gilnéen qui avaient la vie dure.

« Vous savez, vous n’auriez pas supporté me voir du temps où je vivais au Val d’Est mon Père. »

« La sainte soit bénie de m’en avoir préservé Fabre. » Dit-il en regardant la tombe et les bottes au sol. Il afficha une moue bien triste en direction du blond. « Déjà vendredi ? Toujours les mêmes songes ? »

« A jamais mon Père. » Répondit-il en hochant d’un air absent, soufflant lentement comme si la question n’avait pas lieu d’être.

« Vous savez bien entendu qu’entend que Père de notre l’Eglise, j’ai pour devoir de rester à l’écoute des membres de cette dernière, n’est-ce pas ? » Haussant un sourcil fin, légèrement parsemé de gris.

« Oh mais je me confesse souvent pourtant. Vous croyez sincèrement que j’en ai besoin davantage mon Père ? » Fabre caressait sa barbe d’un air pensif, la question l’avait troublé. Il fronçait les sourcils, laissant apparaître sa splendide ride du lion qui faisait la signature des Fabre.

« Vous me parlez souvent de votre travail entant que membre du guet Urbain, entant qu’Intendant de la même institution, de vos péripéties entant que Garde… Mais jamais de… De lui. » Dit le prêtre en désignant d’un geste lent et grâcieux de sa main gantée de renard la tombe du Professeur Wagner.

« Peut-être que je n’ai tout simplement jamais ressenti le besoin d’en parler. Vous vous faites du mourrons pour moi maintenant ? » Dit-il d’un air las, blasé, toujours les mêmes sujets de discussion.

« Voyons Fabre, ne prenez pas cet air bougon avec moi. Je pense bien que cela ne soit pas le plus enjoué des sujets et que vous n’aimez pas vous épancher. Cependant, je peux vous offrir un autre genre de… d’environnement qui rende la confession plus intime et moins sacrée ? » Le prêtre parlait avec tact, il savait comment s’y prendre avec l’ours qui était de mauvais poil.

« Où voulez-vous en venir mon Père ? » Fabre grognait, il n’aimait pas la tournure que prenait les évènements. Il s’étonnait lui-même de cette réticence. Auparavant, il aurait accepté avec une certaine joie, lui aurait souri sincèrement mais aujourd’hui, il ne savait que montrer un rictus hypocrite empreint d’un certain agacement.

« Je parle de vous convier chez moi, aucune ambiguïté bien entendu, dans le but de vous coucher sur mon sofa et utiliser les vertus du whisky pour vous reposer et délier votre langue. Un genre de confession sans les quatre murs froids. »

L’idée ne tentait pas plus que cela l’Intendant mais c’est avec une certaine curiosité qu’il accepta, suivant le prêtre par-delà les ruelles de la capitale blanche, arrivant rapidement au quartier des mages, montant les escaliers en colimaçon d’une maison au plus profond du quartier aux toits violets. Il déboucha sur un petit appartement donnant sur l’horizon, meublé avec soin. Les meubles en acajous, les coussins hors de prix, les rideaux de satin, tous des synonymes d’une richesse presque opulente et pourtant toujours aussi sobre. Les couleurs étaient à l’image des tenues du prêtre, noirs et bordeaux, rien de bien lumineux. Il y avait une similarité avec l’appartement de son aimé, une espèce d’élégance constante en ces lieux. Cependant, là où les appartements du Professeur Wagner respirait la chaleur et la convivialité, l’appartement du prêtre certes chaud était empreint à une rigidité et une froideur bien caractéristique des originaires de Gilnéas.

« Voilà qui est inattendu mon Père, vous avez donc une certaine richesse ? »

« La famille Ives est très connue pour son whisky mais surtout pour sa longue lignée de militaire que j’ai brisé sans ciller. Mettez-vous à l’aise. » Dit-il en désignant le canapé étrange. Ce meuble rouge foncé qui servait visiblement à s’échouer dramatiquement dessus ne possédait qu’un unique accoudoir, forçant l’utilisateur à s’écrouler dessus et non pas s’asseoir. Le jeune Elwynnien se laissa lentement retomber sur les coussins rembourrés et observa le prêtre. Ce dernier remplissait deux verres de whisky. Il en déposa un à Fabre et prit l’autre pour s’asseoir derrière son secrétaire. Il posa son regard d’acier sur le garde, allumant un cigare avec une boîte d’amadou. Ce bureau qui semblait avoir été aménagé pour ce genre de séance était remplie d’antiquité et de souvenirs que le prêtre avait visiblement ramené de ses nombreux voyages. Des souvenirs plaisant contrairement à ses faiblesses qu’il avait contracté lors d’un voyage en Uldum qui l’avaient poussé à mettre un terme à ses crapahutages dans le monde et revenir à une vie calme.

« Bien, que dois-je faire mon Père ? » Lança Fabre en prenant son verre pour y tremper ses lèvres. Le feu se déclara dans sa gorge alors qu’il secoua la tête pour passer le fort goût du whisky. Fabre observa l’homme de foi qui ne le quittait pas des yeux. Une vieille pendule en acajou massive frappait la mesure, rendant le silence oppressant, il se sentait presque obligé de parler.  

« Eh bien, dites ce qui vous vient, parlez de ce que vous voulez, livrez vous en somme. Mais… Si je puis me permettre, pourquoi ne pas orienté notre discussion vers le défunt Professeur Wagner ? Parlez-moi de lui. »

« Je n’ai rien à vous dire de spécial sur lui mon Père. »

« Très bien Fabre, alors pourquoi pas me parler de votre rencontre ? Je suis certain que c’est une histoire qui vaut la peine d’être contée. » Dit le Père, fin manipulateur. Il voulait pousser ce cher Fabre à la confession et ce de manière indirecte. Et c’est avec aisance que Fabre tomba dans le panneau, commençant lentement son récit de sa rencontre avec feu Fahrad Wagner. Il en parlait et parlait et parlait…


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:13, édité 3 fois
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Message par Reed Fabre Ven 13 Juil 2018 - 23:02

Fahrad, Chapitre II
Ils s’étaient rencontrés sur le front. Aussi loin qu’il se souvienne, Reed n’était tombé amoureux qu’une seule fois. Elle se nommait Charlotte mais, n’étant pas un bagarreur ou encore un héros, elle ne prenait pas attention à lui. Et encore, ce sentiment si innocent qu’il avait ressenti lors de sa tendre enfance n’était en rien comparable à celui qui régnait en son cœur. Qui pouvait-être l’esprit tant convoité par le jeune lion ? Il se nommait Fahrad Wagner. Il était professeur au Kirin Tor et donc, selon toute logique, un pratiquant des Arcanes.

Reed avait maintenu contact avec ce dernier, lui envoyant des lettres en lui contant ses exploits en Hurlevent, son arrivée en ville, son premier appartement. Cette correspondance parlait aussi bien de l’avenir de Fabre que des corvées qu’il pouvait effectuer dans la journée, tout ce qu’il désirait c’était maintenir ce contact avec le mage prodige. Il passait parfois des nuits à retravailler ses brouillons, à s’appliquer. Il ignorait encore quel genre de sentiment pouvait bien l’animer, il s’en fichait. Reed n’avait jamais été assez curieux ou assez téméraire pour plonger en son soi le plus profond. C’est après un bon mois d’échange de mot que les deux hommes se retrouvèrent. Reed allait passer le voir un moment à son appartement, une pause de la vie Hurleventoise qui l’effrayait plus qu’autre chose.

C’est comme ça qu’il retrouva Fahrad, au détour d’une rue. Le professeur aux robes sombres, majestueuses, sobre et aux teintes rappelant son ordre s’avançait lentement d’un pas aussi léger et gracieux qu’un félin pourrait le faire. Il souriait, un sourire valant bien plus qu’une part de tarte. Son apparence contrastait avec celle de Fabre. Là où le blond brillait, un noir ébène pur et chaud régnait. La crinière était remplacée par une coupe mi-longue coiffée avec soin et la barbe volubile par un poil doux et taillé proprement. Son apparence était bien plus fine que celle de Reed. Le regard de Reed, cependant, ne pouvait se résoudre à croiser le bleu de ses yeux, rappelant celui des cieux des côtes de Strangleronce. Un regard doux et toujours emprunt à une certaine curiosité, en parfait accord avec son faciès un tantinet espiègle mais toujours de manière raisonnable.

Comment pouvait-il se permettre d’imaginer une seule seconde qu’il pouvait intéresser le splendide professeur. De plus, Reed se sentait mal à l’aise. Car oui, si le mage était habillé de manière élégante, mettant en valeur sa silhouette élancée, Fabre portait un pantalon bleu, large, recousu, de même que sa chemise et ses bottes. Il n’avait pas vraiment les moyens de s’offrir autre chose que les anciens habits de son père et devait faire avec. Il s’enferma dans son manteau pour cacher ses atours disgracieux, s’approchant du mage aux origines d’Outremer. Il voulait lui serrer la main fermement comme tout bon gaillard du Val d’Est mais il fût pris de vitesse quand Fahrad déposa un baiser sur chacune de ses joues. Probablement une frivolité de Dalaran, il devrait s’y faire… Il s’y ferait. Il s’engouffra avec le mage dans les ruelles pour finalement arriver à son appartement. Là encore, tout différait, ils vivaient sur deux mondes différents. « Elégant », c’est le meilleur mot qui pouvait décrire ce lieu. Un doux mélange d’acajou, de pièces chauffées par de splendides cheminées sculptées à la main, de cuisine de marbre, de bibliothèques sans fin, de sofa aussi moelleux qu’un croissant, de couleurs chaudes et en parfait accord avec les tenues du mage. Reed rougissait, les mains dans les poches, observant ce monde inconnu et pourtant si réconfortant.

Il allait passer plusieurs nuits chez le mage du Kirin Tor et ce pour la première fois. Wagner avait promis de l’aider dans sa vie citadine et de lui apprendre quelques usages ou encore de simplement se montrer présent, en ami. Reed ne pouvait s’empêcher de l’observer se mouvoir de pièces en pièces, perdant son regard sur sa silhouette, ses oreilles bercées par une voix ni trop rauque ni trop aigue, juste douce et élégante, puisque c’était là le mot d’ordre. Il fût fasciné par la culture du bel homme. Celui-ci venait de Kul’Tiras, d’une famille noble comme lui en un sens mais en était un fils illégitime. Il avait rejoint Dalaran très jeune pour devenir un véritable prodige de la divination, il pouvait donc connaître l’avenir en un sens s’il avait bien compris. Lors de leur rencontre, le mage semblait par ailleurs choqué de le voir, Reed espérait sincèrement ne pas être la cause d’un malheur proche, s’il savait.

Les deux hommes échangèrent des mots tout l’après-midi, Reed parlait de choses simples et il fût pris d’une joie folle quand il remarqua que le mage pouvait être intéressé par ses histoires du Val. Il pouvait aussi bien parler de guerre que de la façon dont on plante les carottes, le mage semblait s’en ficher et trouvait toujours des questions à poser. C’est donc avec une certaine aisance que le lion à la crinière d’or se laissa aller, essayant d’être naturel au possible. C’est à la venue du soir, après avoir achevé une bouteille de vin que le mage se retira dans sa chambre. Reed le regarda tirer les rideaux et partir dans l’obscurité avec une pointe de tristesse. Il s’attachait au mage à une vitesse quasiment irréelle, comme si tout cela était naturel en un sens. Il fronça les sourcils en retirant ses bottes d’un coup de pied et s’allongea sur le canapé violet. Il prit un livre qui trainait sur la table : « Les risques et les dangers de l’art de la Transmutation en milieux spécifiques ». Le titre ne lui disait rien mais il ouvrit le bouquin, si le mage pouvait s’intéresser à son monde alors il en ferait tout autant. Tout était bien trop compliqué et le vocabulaire trop spécifique pour un non-initié. Il fût tiré de sa lecture par le mage, légèrement penché au-dessus de lui, les boutons du haut de sa robe en partie ouverts, laissant sa gorge blanche visible.

« Attention Fabre, une fois plongé dedans, on en ressort rarement ! » Dit-il, taquin tout en lui offrant un merveilleux sourire. Sa réponse fût un gloussement. Il avait certes milles questions à poser mais il ne voulait pas passer pour un idiot.

C’est décidé ! Dès l’aube, il devait se procurer un livre sur les bases de la magie. Non pas pour apprendre à s’en servir, il n’était pas aussi érudit que ça tout de même. Non, il voulait juste mettre un pied dans le monde de cet homme aux cheveux de jais, voulant lui montrer que lui aussi, il valait la peine. Il hocha longuement en souriant à son idée, lissant sa moustache alors que le mage lui souhaita la bonne nuit. Il lui répondit rapidement avant de se tourner encore et encore dans le canapé, ne trouvant pas le sommeil. Le bruit des pages en provenance de la chambre de Fahrad lui prouvait qu’il n’était peut-être pas le seul à être tenu éveillé par ses songes. A quoi-pouvait-il bien penser ? Pourquoi ces longs regards et ce sourire constant ?

Reed n’en savait rien et pour l’heure, le voyage l’avait exténué, il devait se reposer. Il enfonça rapidement sa tête dans les coussins aux tissus plus doux encore que la peau d’une hermine.

Quelques heures de sommeil seulement et l’homme du Val se leva, torse nu au milieu de ce salon qui respirait l’ordre, la mesure et encore et toujours l‘élégance. C’était vraiment le mot qui pouvait décrire au mieux le mage sous tous ses aspects. Il était encore tôt alors que Reed s’avançait dans la cuisine pour y trouver un établi de marbre magnifiquement travaillé à la main. Il enfila rapidement un tablier, souriant, prenant quelques ingrédients dont de la farine, des œufs, du sel et de l’eau. Il mélangea le tout pour crée une pâte lisse sur l’établit de marbre, la laissant reposer alors qu’il allait s’attarder à l’épluchage des pommes rouges sanguines. Rapidement, la fameuse Tarte Fabresque prenait forme, délicieusement belle, on pourrait la confondre avec un soleil ardent, promettant un régale certain. Il déposa la tarte cuite sur la table de la salle à manger, prenant soin de mettre la table. Il prépara même son café dont seul lui avait le secret. La table n’était pas parfaite mais elle faisait l’affaire, à l’image de Reed en somme.

Soudainement, la porte d’entrer se referma et le splendide professeur arriva rapidement dans la cuisine, armé des copies d’un examen. Il semblait un brin préoccupé, le cours ne s’était pas bien passé ? Reed s’avança, ayant rapidement enfilé une chemise et un pantalon, marchant pied nu sur le sol naturellement chaud, probablement un sortilège. Il invita le mage à se mettre à table et dévoila la splendide tarte qui faisait sa renommée et celle de toute la lignée des Fabre du Val d’Est. Le mage entama rapidement la dégustation, amenant la tasse à ses lèvres il grimaça.

« Quelque chose ne va pas Wagner ? » Dit-il en arquant un sourcil.

« Disons que même de bon matin, je préfère de loin le thé au café. » Il souriait pour ne pas le froisser, mais Reed grimaça un peu.

« Je prends note pour la prochaine fois »

« Car il y aura une prochaine fois ? » Le sourire du mage s’élargissait alors qu’il secoua la main et qu’en un rien de temps, son thé lui faisait face et infusait calmement.

Reed resta pensif en le regardant avant de répondre, il lui rendit un long sourire aux dents plus blanches encore que l’ivoire. Il hocha doucement tout en lâchant un grognement de plaisir en dévorant sa tarte. Bien entendu qu’il y allait avoir d’autres fois. Le mage ne le laissait pas indifférent et il priait chaque soir que cela soit réciproque. Il s’autorisa à se perdre dans le regard du mage, dans ses cheveux ondulés et son apparence des plus flatteuse. Oh oui, il ne le laisserait pas partir aussi facilement. La tarte fut dévorée majoritairement par Reed, un quart restait encore pour le mage qui devait repartir à l’Académie. C’était un au revoir assez étrange comme à chaque fois, Fahrad semblait se précipiter ou fuir. Reed se reposa sur le canapé, ne réussissant pas à chasser l’image de cette chevelure de jais, de cette gorge blanche, de ces yeux marins… Puis soudainement le vide… Il ronflait sur le canapé, le bras pendant au sol.


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Message par Reed Fabre Ven 13 Juil 2018 - 23:03

Fahrad, Chapitre III
Tchic-tchic-tchic-tchic-tchic, Reed remuait rapidement la pâte à crêpe qu’il préparait depuis le début de soirée pour son cher hôte. Il avait passé la journée à dormir et avait filé au marché le plus proche afin d’acheter tous les ingrédients nécessaires. Fouet en main, il regardait dans le vide en direction de la porte. Il savait qu’il allait revenir, comme chaque jour à la même heure et le repas devait être prêt. Il fronçait les sourcils en inspectant de son gros doigt la pâte, des grumeaux… Ah non, un Fabre ne pouvait se permettre de servir de la mauvaise cuisine. Il continua de mélanger comme si son honneur était en jeu et en un sens il l’était. Un jet de pâte retomba sur sa vieille salopette bleue trop usée… Il avait l’air malin maintenant, cette salopette déjà trop grande était maintenant salie. Il secoua la tête en prenant un tablier pour l’enfiler par-dessus l’ancienne tenue de son père, se regardant dans un miroir disposé là. Il avait de la farine dans la barbe et sa moustache n’était pas aussi ordonnée que d’accoutumée, horreur.

« Mmmh je dois changer ça. » Dit-il en observant le chat de Fahrad, ce bon vieux Medivh qui passait son temps à l’épier pendant ses mésaventures dans l’appartement du Professeur en divination. Il s’avança dans le salon où ses affaires étaient pliées dans une petite armoire. Il se changea rapidement, enfilant une autre salopette, tout aussi usée. Il enfourna sa chemise sous l’épais tissu bleu, secouant un peu la tête tout en remettant une bretelle. Il enfila le tablier et brossa rapidement sa barbe pour en refaire une sublime création. Il hocha et, l’heure ayant avancé, il se pressa dans la cuisine pour faire chauffer le beurre dans la casserole plate, fronçant les sourcils en allumant un feu.

Les crêpes s’empilaient de bon train alors que Reed entendit la porte se fermer. Il jeta un œil en dehors de la cuisine pour voir le mage déposer sa cape. Il portait une robe sombre aux teintes pourpres. Elle mettait en valeur sa silhouette fine tout en restant large à certains endroits comme les manches, remontant au cou en formant un col bien serré. Le mage déposa directement son regard vif et emprunt de curiosité dans celui de Reed. Il semblait essoufflé ou anxieux, se pourrait-il qu’il sache ? Non il devait avoir eu une dure journée avec ses élèves de première année. Il se plaisait à s’imaginer, accompagnant le mage dans son armure de soldat, poussant une gueulante ou deux aux élèves afin de calmer les ardeurs de ces jeunots et permettre au mage de rentrer calmement pour une fois.

« Oh Fabre ! Je vous pensais dans la cuisine ! Vous allez bien depuis ce midi ? » Dit-il en souriant, déposant sa baguette dans un genre de boitier au coussin de velours pourpre. Reed n’avait jamais osé la toucher, de peur de tout faire exploser probablement.

« Oh je… Je cuisine en même temps, j’ai fait ma spécialité. » Souriant, Fabre ne pouvait s’empêcher de ricaner tout en toisant le mage qui prenait soin de s’inspecter dans le miroir pour garder son allure flamboyante. Il tourna la tête vers lui, replaçant une mèche d’ébène dissidente.

« Ne m’avez-vous pas déjà fait goûter votre spécialité Fabre ? Je pensais que la tarte aux pommes était la signature de votre famille. » S’exclama Fahrad d’une voix douce et chaude tout en affichant un fin sourire. Ni trop large, ni trop petit. Suffisant, exemple de mesure et d’élégance toujours.

« Si je ne savais faire que des tartes, la vie vous paraîtrait insipide Professeur. Mettez vous seulement à table, vous prendrez quoi sur vos crêpes ? » Dit-il, pas vraiment à l’aise, l’utilisation d’un mot tel que : insipide, était tout sauf naturelle pour lui. Il ne l’avait fait que pour tenter de s’élever à la hauteur du puit de culture qu’il avait en face de lui. Mais la supercherie avait été remarquée, même par le mage qui avait secoué la tête d’amusement. Il se déposa avec lenteur et grâce sur une chaise, retroussant ses manches d’un geste vif, précis et pourtant toujours synonyme de légèreté.

« De la confiture je vous prie. Et une tasse de thé ! » Taquin au possible, à la limite de l’espièglerie.

« Je vous en ai acheté en passant au marché, une Pandaren se prénommant Doucepatte qui semblait connaître les goûts du Professeur Wagner ! Une vraie crème. »

« Je vous remercie pour l’attention Fabre. Doucepatte est une fine connaisseuse en effet. Toujours souriante, il est plaisant de la croiser et vous devriez essayer sa tarte à l’abricot, un délice. » Dit-il en amenant rapidement son service à thé, pas l’habituel. Un vieux cadeau de Pandarie qu’il avait reçu d’une connaissance. Il sourit en voyant Fabre arriver avec la pille de crêpes. Certes, ce n’était pas vraiment bien présenté et ils devaient se servir dans le plat, mais le mage ne voulait pas briser les coutumes de l’Elwynnien.

« Meilleure que ma tarte aux pommes Wagner ? » Reed fronçait un sourcil, il avait cette espèce de fierté des gens de la campagne qui savaient quand ils avaient une qualité. Il déposa les pots de confitures au centre de la table et laissa lentement couler un jus de baies lunaires. Il n’en avait jamais goûté et observait le mélange avec méfiance tout en trempant ses lèvres. Tant de nouveautés s’offraient à lui ici, en compagnie du Professeur. Il se sentait perdu mais Fahrad était toujours là pour lui expliquer les choses et en un sens, le rassurer.

« Votre tarte est un synonyme de perfection Fabre, je dois le reconnaître mais… Comparer des pommes à des abricots ? Ce serait comme comparer un estramaçon et un glaive non ? » Toujours aussi habile dans l’usage de ses mots, il évitait la question avec respect et une pointe d’humour. Fabre répondit par une espèce de grognement de satisfaction tout en lui offrant un splendide sourire qui releva sa moustache et ses deux extrémités, il était beau et ce sans artifice. « Dites-moi Fabre… J’ai à vous parler. »

« Ah oui ? » Dit le blond entre deux bouchées tout en haussant son sourcil droit, fixant le mage.

« Ne… Ne voyez pas là un rejet ou une tentative de vous mettre dehors mais… Voilà plusieurs jours que vous vivez ici avec moi… Hurlevent ne vous manque pas ? Et votre devoir ? »  Fahrad tentait désespérément d’être courtois pour briser la glace. Il tenait sa fourchette en une main, son cœur battait au rythme de celui d’un colibri alors que Reed déposa ses services dans son assiette.

« J’ai rallongé mon congé pour rester ici, pourquoi ?  Je… Ma présence vous dérange Professeur ? » Reed posa la question d’un air neutre mais la fin de sa phrase détona avec le reste, comme brisée. Le mage avait beau avoir pris le temps d’y mettre les formes, l’homme semblait avoir pris cela comme un rejet. Son regard d’un bleu si pur devînt un tantinet grisâtre. Pas de larmes non, mais la tristesse prenait place et ça, Fahrad ne pouvait le supporter.

« Oh non c’est que… Hurlevent dois vous manquer. Votre famille, vos amis et toutes ces jeunes femmes qui n’attendent que vous ! » Tenta-t-il, curieux et un brin manipulateur sur cette affirmation.

« Ma famille me manque certes mais… J’ai déjà quelqu’un en vue Wagner… » Cette information eu l’effet d’une bombe pour les deux. Reed vira au rouge alors que la main de Fahrad trembla, renversant un peu de son thé en le reposant. Il cligna plusieurs fois des yeux en hochant vivement, replaçant une mèche de sa chevelure de jais. Sa première réaction fût de sourire largement. Que ce mage était beau, même gêné.

« Vous avez rencontré une femme ? Mais c’est superbe ! Comment se nomme-t-elle ? Comment cela s’est passé ? » Le mage tentait de garde contenance et cela se sentait. Reed lui-même avait compris, c’était enfin le moment.

« Ce n’est pas une femme… C’est… C’est vous Wagner. » Reed qui était déjà rouge avant, devînt aussi cramoisi que les tabards de la croisade. Cependant, il ne quittait pas le mage des yeux, il devait se montrer digne fier de ses sentiments. Il le devait pour lui. Fahrad se leva rapidement, rouge de honte et l’air soudainement effrayé. S’il avait été joyeux d’entendre la nouvelle, il n’avait rien laissé transparaître.

« Veuillez m’excuser Fabre mais j’ai du travail. » Il s’enfuyait ! Il se dirigeait en direction de sa chambre mais Reed lui attrapa le bras. Quelle poigne ! Il tourna la tête pour lui faire face et fronça autant les sourcils que Fabre.

« Tu le savais. Tu l’as vu, avoue le Fahrad. Tu savais très bien que je t’aimais. J’ai vu ta réaction quand tu as posé tes yeux sur moi la, première fois, tu savais et tu n’as rien dit. » Dit-il fermement en gardant le bras du mage qui l’écarta d’un geste gracieux et presque dramatique, le regard tremblant et la bouche légèrement ouverte. Il avait un regard bleu, pur et écarquillé, son attitude donnant la réponse que Reed désirait.

« Les visions ne sont jamais aussi précises et… Elles ne se réalisent pas toujours Fabre, bonne nuit. » Il s’éloigna rapidement, s’enfermant dans sa chambre. Reed allait ouvrir mais le bruit familier d’un verrou se fit entendre. Alors il commença à tambouriner à la porte tout en grognant. Il semblait proche du sanglot et de la colère, un éternel paradoxe.

« Fahrad ouvre moi cette porte ! Je… Tu ne peux pas fuir comme ça. Tu ne peux pas me refuser cette discussion je… Je ne veux pas te perdre et… Je sais que tu l’as vu, j’en suis sûr et tu viens de me le confirmer. Certes, les visions ne se réalisent pas toujours. Mais… Tu pars du principe que cette vision ne va pas se réaliser en fuyant. Et pourquoi ne veux-tu pas lui laisser une chance ? Nous laisser une chance Fahrad ? » Dit-il en frappant a à la porte du poing. Il ne tambourine pas mais lutte, lutte pour se faire entendre, le mage étant appuyé contre la porte. « Fahrad tu m’entends ? Je veux vivre cette vision. Je veux… Je sais que cela paraît insensé car on ne se connait que peu et notre rencontre semble irréelle. Mais il s’avère que… Que je t’aime tout simplement Fahrad. Je t’aime et je le sais, c’est tout ce que je sais à dire vrai. Je ne connais rien de tout ça, c’est la première fois que mon cœur est tiraillé en tout sens, qu’il n’a pas de repos car il me force à penser à la même personne. La même personne à toutes heures, à tout instant. Tu veux que je le crie ? Je le ferai. Que je le chante ? Je n’ai pas une oreille musicale mais je le ferai. Je ferai tout pour te faire ouvrir cette porte et que tu me fasses face. Tu ne pourras pas me fuir éternellement Fahrad car je vais rester au seuil de ta chambre toute la nuit s’il le faut. Je refuse de te perdre, j’ai vu l’horreur de mes yeux mais là… Ce que je ressens pour toi, je le vois comme quelque chose de merveilleux, d’onirique si je peux t’emprunter ton vocabulaire. Je t’aime et je sais que je ne suis pas l’homme rêvé, surtout pas pour un homme aussi cultivé que toi. Mais j’apprendrai, je lirai, je deviendrai ton idéal car… Tu me pousses à donner le meilleur de moi-même Fah’… Je… Je t’aime… Ouvre moi… » Un sanglot, puis deux. Reed pleurait derrière la porte mais entre deux larmes, il pu entendre que Fahrad pleurait tout autant.

Soudainement, la porte s’entrouvrit lentement, le mage laissa passer lentement sa tête par l’embrasure de la porte. Ses yeux rouges, gonflés, observaient Reed alors que le les larmes s’amassaient encore en bordure de son regard bleu foncé. Il tendit une main, un bras. Non il ne le tendait pas, il agrippa le col de la chemise de Reed, comme s’il s’y cramponnait pour se sortir d’un naufrage. Reed entra dans la chambre du mage et sans un mot, il déposa ses lèvres contre celles de Fahrad. Il ne savait pas vraiment si c’était lui ou le mage qui avait embrassé l’autre, il se souvînt juste que ce premier baiser, cette première tendresse, cette douce sensation se ses lèvres piquantes caressant celle de l’homme de ses songes, était un moment magique qu’il n’avait jamais pensé pouvoir vivre. Il l’embrassait avec la passion d’un jeune homme se découvrant, prenant le mage par la taille de ses mains caleuses alors qu’ils tombèrent ensemble dans le lit. Ils n’allaient pas aller plus loin. Les doigts s’entremêlèrent alors que leurs bouches ne se quittaient plus. Le doute, la peur et la tristesse avaient disparu.

Il ne restait qu’une joie, une douce euphorie, un sentiment étrange qui poussait Reed à rester collé au mage. C’était étrange, il était là dans les bras du premier homme qu’il avait aimé et pourtant, tout ceci semblait être un fantasme, un rêve aux bordures floutées qui n’existait que dans ses plus intimes pensées. Il découvrait avec stupeur que l’apparence du mage n’était pas aussi fragile qu’il l’avait pensé. Il cachait un corps en bonne santé à la musculature fine et entretenue. Une force surnaturelle baignait les membres du mage, il faisait face à un bellâtre qui pouvait très bien l’écrasé et le réduire à l’état de cendre en un instant. Il continuait de l’embrasser, découvrant les affres de la jeunesse et surtout les difficultés du premier baiser. Il était maladroit mais la passion restait présente alors qu’il berçait doucement son aimé dans ses bras musclés aux épaules larges. Il ne se souvenait pas non plus à quel moment ils s’étaient endormi tout habillés. Mais ils savaient qu’ils l’avaient fait, se réveillant doucement par instant dans la nuit, Fahrad étant assoupi dans ses bras.


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:13, édité 1 fois
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Message par Reed Fabre Mer 18 Juil 2018 - 14:12

Fahrad, Chapitre IV
Puis finalement, au bout de plusieurs heures, il ouvrit ses yeux. Yeux qui peinèrent à se décoller et qui s’ouvrirent sur un drap satiné aux tons violacés. Un drap mais pas de mage, Fahrad n’était plus là. En un battement de cils, le cœur de Fabre se serra et tout son être se réveilla comme s’il venait de se prendre un seau d’eau comme réveil matin. Affolé, il cherchait l’homme de ses songes dans les draps. Etait-ce un rêve ? Un fantasme ? Non impossible, il se souvenait de son odeur, de la douceur de ses lèvres, de sa peau… Il releva la bretelle de sa salopette pour chercher son tendre Fahrad en tout sens. Son tendre Fahrad ? Il n’en savait rien, et si tout cela… Si tout cela n’avait été que-

« Reed ? Tout va bien ? » Dit le professeur en entrant dans la pièce. Il portait une robe bleue marine, très sobre, remontant en un col cette fois-ci ouvert alors que l’homme s’activait à sécher ses cheveux à l’aide d’une serviette, regardant Reed comme s’il agissait tel un dément, un sourire amusé au coin des lèvres.

« Wagner je… Non j’ai cru que… Enfin votre chat Medivh m’a effrayé. » Fabre avait tenté mais le rire amusé de l’homme à la chevelure de jais laissa penser qu’il savait la vérité. Il laissa ses mains pendre le long de son corps, soulagé tout en soupirant doucement.

« Medivh est dans la cuisine et… Je pense que nous pouvons abandonner les modalités et nous tutoyer Reed. » Toujours souriant, il déposa sa serviette sur une chaise et s’approcha de Fabre pour venir timidement lui tenir la main, les joues roses alors que son regard presque fuyard aux premiers abords se planta dans le sien. « Et je suis là, non ce n’est pas un rêve ou un fantasme, je suis là. »

« Oui… Nous tutoyer. Ah-ah, vous enfin tu as raison ! Et… Ne me dis pas que tu lis dans mes pensées ? » Il haussa un sourcil tout en tenant avec une légère fermeté protectrice la main de son beau Fahrad. Il ne se lassait pas de décliner ses traits sous tout les angles, observant chaque détail comme un Intendant faisant l’inventaire de sa réserve, vérifiant sans relâche que rien n’avait bougé.

« Il se pourrait que je le fasse mais cela serait totalement involontaire, on ne dévoile pas la fin d’un livre ! » Dit-il en riant, levant son autre main comme un voleur pris la main dans le sac, un tantinet joueur.

« Pourtant, tu savais très bien qu’on allait finir ensemble Fahrad. » Tout aussi taquin, pointant du doigt la poitrine du mage, jouant des sourcils, ne pouvant s’empêcher de sourire bêtement tout en restant très proche de lui. Il le dominait un peu par sa taille mais c’était surtout sa largeur qui dépassait de loin celle de Fahrad. Sa silhouette endomorphe d’armoire à glace pourrait presque écraser le professeur, du moins en apparence. Cependant, lors de leurs accolades, Reed avait pu sentir que son nouvel aimé semblait bien cacher son jeu, possédant une musculature partiellement développée.

« Comme je l’ai dit, une vision ne se réalise pas toujours. C’est une affaire de probabilité, mais je ne vais pas te fatiguer avec toutes les explications en matière de quantique divinatoire non ? » Dit-il en souriant, se détachant doucement de la presque-étreinte du blond, se précipitant dans une autre pièce. Il fût rapidement suivi par Fabre qui ne réalisait pas encore la situation. Lui ? Avec un professeur aussi intelligent que Fahrad ? Non, il fallait qu’il lui demande ! Il le retrouva dans la cuisine, soulevant une théière à l’aide d’un gant pour verser de l’eau chaude dans une tasse. La table de la salle à manger était dressée et des pâtisseries en tout genre trônaient sur cette dernière. Reed eut les gros yeux tout en s’approchant des gâteaux. « Oh, je suis allé les chercher ce matin chez Voulez. Un des meilleurs pâtissiers de la ville. Bien entendu, il n’égale pas la fraicheur de ta tarte aux pommes. » Un brin taquin, il s’approcha de la table pour s’asseoir et servir le thé.

« Merci de toujours m’assurer que mon titre de meilleur pâtissier reste miens Fah’. » C’était venu tout seul, comme de rien. Fahrad lui dévoila un splendide sourire tout en tirant ses manches d’un geste vif. Il mangeait en silence tout en faisant parfois flotter le beurrier vers lui ou encore un pot de confiture, sous le regard admiratif de Reed. « Fait intéressant, j’ai reçu la liste de mes nouveaux élèves et une certaine Rebecca Fabre figurait dessus, le monde est petit non ? »

« Eh bien c’est surtout que c’est ma sœur. » Répondit le blond comme si de rien, coupant son croissant en deux pour pouvoir y mettre une confiture qui faisait la renommée de Dalaran : la confiture de lait. Cette espèce de mélange doux et brunâtre avait eu raison de Fabre, il était devenu addict. Il releva ses yeux azuréens vers le mage qui avait cessé tout mouvement, comme figé par la nouvelle, clignant rapidement des yeux.

« Ta sœur ? Tu veux dire que ta sœur est mon étudiante ? Mais… Quel âge as-t-elle ? » Dit Fahrad tout en fronçant les sourcils, soudainement préoccupé.

« Elle va avoir vingt je crois ? Oui elle a quatre ans de moins que moi donc oui, elle va sur ses vingt ans. Est-ce un problème ? Elle ne va pas savoir que nous… Enfin que nous… Que sommes-nous Fahrad ? » Reed avait arrêté de manger, croisant les bras en toisant l’homme de Dalaran, curieux, l’ayant piégé.

« Comment ça ? Qu’entends-tu par : que sommes-nous ? Deux humains. » Il tentait de fuir la question en un sens ou alors il faisait tout simplement, il faisait marcher Fabre. L’ours devait avoir une réponse, il la désirait plus que tout au monde.

« Eh bien… Je t’ai fait part de mes sentiments hier, que je t’aimais et que je te voulais plus que tout au monde. Toi en revanche, tu ne m’as rien dit. »  Il fronçait les sourcils comme le soir précédent, ne lâchant pas Fahrad.

« Eh bien je pensais que ma réponse avait été claire en t’embrassant. » Fahrad se tenait presque à sa chaise, les joues roses, un sourire courtois et gêné alors qu’il tentait de garder contenance.

« Eh bien je veux te l’entendre dire. » Sa voix, presque autoritaire, était ferme. Claquante mais pas glaciale. Le besoin d’une réponse était palpable.

« Mais je-… » Il inspira un moment et se redressa de tout son long sur sa chaise, une tenue parfaite, droite, synonyme d’une tenue exemplaire. Plus aucune gêne n’était lisible sur son visage alors qu’il plongea son regard dans celui de l’Elwynnien. Il était doux mais déterminé. « Reed, je t’aime tout autant et je souhaite aussi être avec toi. » Il afficha un large sourire, presque mutin tout en se levant de sa chaise.

« Voilà ce que je voulais entendre mais… » Il se leva de sa chaise et ensemble, il se rencontrèrent à mi-chemin de la table, une main timide venant enserrer Fahrad au-dessus de ses hanches. Cependant, le mage s’arrangea pour la prendre et la faire tenir fermement, ils travaillaient ensemble. « Que sommes-nous ? Un couple ? Des amants ? »

« Je pense que nous ne devrions pas nous poser cette question, c’est un peu tôt Reed. Mais si tu y tiens vraiment, nous pouvons parler de compagnons ? » Il gardait son sourire qui illuminait son visage déjà si doux. Le rouge était revenu sur ses joues mais son regard restait plongé dans celui de Fabre.

« Compagnon ? Cela me va. Je… Puis-je t’embrasser ? » Dit-il en souriant d’un air niais, ses sourcils se rejoignant, la timidité encore et toujours.

« Voyons Ree’, pas besoin de demander, surtout pas ici. » Il secouait la tête d’amusement tout en s’approchant, se hissant à peine, faisant presque sa taille, pour venir encercler le large cou de Fabre de ses bras. Il l’embrassa tout d’abord doucement, posant son front contre celui de son aimé. Il le dévorait du regard alors qu’il était presque collé à lui. Il pouvait sentir le parfum du mage. Très fin et pourtant un brin masculin, il ne pouvait déceler toutes les odeurs mais arrivait tout de même à reconnaître ce qui devait être du cèdre mélangé à un brin de lavande. Une odeur qui resterait à jamais dans sa mémoire. « Je t’aime Reed. »

« Je t’aime aussi Fah’. » Il souriait bêtement en gardant son front contre le sien. Il l’embrassa encore et encore, pressant ses lèvres contre les siennes, laissant parfois sa langue rencontrer celle de Fahrad alors que leurs barbes s’entremêlaient çà et là. Le silence les entourait telle une couverture douce et chaude, les tenant hors du monde et du temps. Il ouvrit lentement les yeux en regardant Fahrad qui, toujours rouge, ne le quittait pas des yeux, ils étaient seuls au monde. Personne ne pouvait enlever ce moment aux deux amoureux. Lentement, le mage se retira pour retourner s’asseoir.

« Je ne mords pas Reed, tu n’es pas obligé de manger à l’autre bout de la table. » Agitant la main dans les airs, faisant reculer la chaise à sa gauche comme pour l’inviter à s’asseoir. Fabre se précipita et posa rapidement ses fesses aux côtés de Fahrad, son assiette en main. Ils mangèrent doucement, échangeant des banalités et faisant étrangement connaissance. C’est lors de cette conversation que le professeur apprit qu’il était le premier amour de Fabre. Un stress soudain vînt s’ajouter aux épaules du mage, il avait une étrange responsabilité vis-à-vis de Reed, étant le plus expérimenté dans le domaine visiblement. Il ne cacha rien à Fabre et répondit rapidement et précisément à chaque question, finissant chaque bouchée et offrant plusieurs fins sourires durant le repas. Ils firent la vaisselle ensemble puis s’installèrent dans le salon. Fabre nettoyait son armure alors que Fahrad lisait un livre sur les arts de la métamorphose, un essai selon ses dires. Le mage lui avait expliquer que les essais étaient une autre forme d’écriture plus libre et plus accessible ce qui avait piqué la curiosité de Fabre, une porte ouverte dans le monde du mage ? Soudainement, le bel homme aux cheveux ébènes brisa le silence : « Bien Reed, qu’allons-nous faire aujourd’hui ? Que veux-tu faire ? »

« Avec toi ? Tu n’as pas cours ? » Dit-il en continuant de frotter la plaque de ses épaulières avec minutie. Il se montrait très perfectionniste en matière d’armure, un héritage de son père forgeron selon ses dires.

« Non, pas aujourd’hui. Et étrangement, je n’ai pas envie de corriger des copies aujourd’hui. » Dit-il en souriant, se relevant pour repasser sa robe du revers de sa main, marquant la page avant de poser le livre sur la table.

« Et si tu me faisais visiter Dalaran ? Je connais la ville certes mais entant que touriste. Je gage qu’un habitant de la cité pourpre saura me guider dans les recoins les plus intimes et les plus merveilleux. » A ses dires, un large sourire franc s’étira sur le visage de Fahrad qui hocha la tête, enfilant sa cape, visiblement tout excité de sortir avec son nouveau compagnon et lui faire découvrir sa cité, son chez-lui.

« Vendu ! »

C’est ainsi que les deux amants sortirent de chez Fahrad, se tenant en un premier temps la main. Puis la gêne, prenant le dessus sur Fabre, le força à la retirer pour enfoncer ses mains dans sa salopette, rouge écarlate. Ils arrivèrent donc dans une rue un peu agitée, il était environ une heure après midi, les commerces reprenaient, la vie revenait.


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Message par Reed Fabre Ven 20 Juil 2018 - 14:07

Fahrad, Chapitre V, final
Le rose du crépuscule frappait lentement les vitraux de l’appartement du prêtre alors que seuls raisonnaient les sanglots de Reed. Il regardait avec tristesse l’horizon, un horizon qu’il avait partagé dans ses souvenirs qui s’apparentaient désormais plus à des rêveries aux côtés du seul homme qui l’avait un jour compris. Du seul homme qui l’avait non pas vu comme un homme simple, mais pour qui il était vraiment. Au-delà de son apparence bougonne, le pauvre lion à la crinière devenue terne et aux hanches devenues larges cachait un cœur des plus fragile, subissant les aléas de la vie comme un saule au milieu d’un champ, résistant aux désastres de la nature. Il tremblait, ayant finit de raconter là le premier chapitre de ses amours, sa rencontre avec un homme d’exception. Certes, il devait faire son deuil, mais comment oublier cet homme ? Comment s’habituer d’une absence qui se fera toujours ressentir comme un vide éternel, une saveur amère qui ne quittera jamais sa langue et un poids dans son estomac qui se fera plus lourd en fonction des humeurs de son hôte ?

Reed n’avait pas de réponse, il en cherchait même dans le regard du Père Carter qui était assis calmement à son secrétaire, le regard observant au-delà de ce qui était sensible. L’homme semblait avoir été touché par le récit du garde, à en juger les yeux rougis par la tristesse et les joues encore humides de l’homme de foi. Lentement, il se laissa aller sur sa chaise, tirant un cigare de sa commode en acajou sombre, observant Reed d’un air compatissant tout en allumant le divin cigare aux saveurs d’Uldum.

« Sale habitude que voilà. J’ai essayé d’arrêter à cause de ma maladie qui me ronge les bronches mais… Cette habitude revient toujours à un moment ou un autre, me guettant dans mes instants de faiblesse. » Il ricanait tout en laissant lentement le tabac s’embraser, inspectant le gros garde de son regard vairon, retirant sa cravate pour se mettre plus à l’aise alors qu’il se permit de croiser les jambes. « Vous savez, on ne peut avoir le contrôle sur tout et parfois, la seule sortie est la confrontation. »

« Je l’avais déjà oublié en laissant le temps faire son office mais- » Il fût rapidement coupé par le prêtre aux allures de noble qui, étrangement, agissait plus en fin psychologue qu’en homme pratiquant la confession, se permettant de donner conseil.

« Ne vous a-t-on jamais dit que les choses n’arrivent jamais deux fois de la même façon ? » Il recoiffa sa crinière de jais tout en laissant son regard courir sur l’intendant désœuvré, ce dernier tirait un autre mouchoir de sa poche pour venir lentement sécher les larmes de désespoir qui roulaient au coin de ses joues. Il était perdu dans un labyrinthe d’angoisse, de doute, de chagrin et de mort qu’il avait construit pour rester auprès d’un souvenir, un fantôme. Reed se leva lentement, le regard presque courroucé, non pas envers le Père mais envers lui-même. Il se regarda brièvement dans le reflet doré de la vitre ensoleillée, choqué de voir cette apparence rondouillarde, grotesque et misérable. Il s’avança rapidement pour la refermer, ne voulant plus voir les ruines d’un corps qu’il avait pris soin de démolir durant les derniers mois. Grave erreur, en refermant la vitre, il tomba nez à nez avec son propre visage, prenant frayeur. Il ne voyait ni joie, ni vie en fin de compte. Il avait longtemps caché son désespoir avec son travail, le tout saupoudré de pâtisseries et d’occupations en tout genre pour oublier ses passions et le chagrin qui les enrobaient gracieusement.  Il se tourna lentement vers le prêtre qui ne le quittait pas du regard, d’une élégance froide il le toisait tout en laissant lentement la fumée de son vice se diffuser dans la pièce en une odeur exotique, léchant le visage comme le ferait une flamme contre une écorce séchée.

« Je vais devoir vous laisser mon Père. » Lâcha enfin l’homme tout en revenant à son reflet un bref instant puis à l’horizon qui luisait de toutes les couleurs vermillon.

« Si c’est le besoin que vous ressentez, je ne peux que vous soutenir Fabre. » Il le regarda partir lentement puis juste avant, il l’arrêta. « Une dernière chose, si vous me le permettez. » Fabre se retourna en arquant un sourcil, le regard encore emprunt à une tristesse infinie et un chagrin qui ne connaissait pas de fin. « Changer vos habitudes, faites une chose nouvelle qui ne vous rappelle pas Fahrad. Peu importe ce que cela peut être, faite cela pour vous autoriser une fois un répit. » Le garde hocha la tête avant de saluer le prêtre une dernière fois avant de quitter la pièce. Il aurait juré avoir entendu un sanglot mais ne voulait pas retourner dans ce confessionnal doré aux coussins de velours.

Il prit la direction de son appartement, puis bifurqua une nouvelle fois par le cimetière pour finir le rituel que le prêtre avait encore interrompu. Arrivé devant la tombe de son aimé, il observa avec tristesse les restes d’une relation qui ne tenait plus que par lui. S’il mourait demain, tout ce qui restait de leur histoire finirait dans le néant avec lui. Plus personne ne saurait ce qui les avait liés. Il ne pouvait se le permettre. Il ne pouvait se permettre de mourir bêtement, Fahrad lui en voudrait s’il le voyait dans cet état. Il observait longuement le cimetière, la tombe de son aimé qui portait encore son inscription. Il venait ici, désespéré, espérant secrètement qu’un jour la pierre soit enlevée et que le mage se trouve au coin d’un arbre à lire, lui dévoilant que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve et qu’il était encore en vie. Mais il l’avait vu, ce cadavre calciné, cette dague ensanglantée. Pas de lettre, pas d’explications, juste le corps de l’homme qui avait su l’accepter et le connaître comme personne ne le pourrait jamais. Il soupira avec nonchalance. Il lui manquait plus que de tout.


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Message par Reed Fabre Ven 20 Juil 2018 - 14:13

Retour à la normale, Chapitre I

Il marchait doucement en direction de sa maison. Reed tenait dans ses mains sa nouvelle insigne de Caporal. En effet, cela faisait environ un an et demi qu’il avait passé les portes du Guet urbain. Un an et demi qu’il avait eu son insigne et son armure. Un an et demi de serment tenu. Il laissait trainer ses bottines de cuir sur les pavés menant à sa maison. Il était songeur. Il regardait cette nouvelle récompense, ce grade de sous-officier avec une certaine fierté mais emprunt à une certaine anxiété. Avec cette promotion venait son lot de responsabilités. De plus, il était désormais connu comme le Caporal-Intendant Reed Fabre. Il n’avait jamais imaginé qu’il pourrait atteindre une si haute distinction, pensant rester à jamais garde.

Il déambulait donc dans les rues sinueuses du quartier aux toits rouges, rangeant la nouveauté à sa ceinture tout en laissant ensuite ses mains se glisser dans ses chausses. Il était tard, minuit environ alors que le bougre blond traversait la chaussée pour atteindre au plus vite sa maison, sur les rebords de la vieille ville. Il gratta sa barbe et redessina sa moustache avant d’entrer chez lui, repensant soudainement à la dernière fois qu’il avait eu une promotion…


Mais ce soir-là, quelque chose changea. Il était arrivé à la caserne, avait travaillé d’arrache-pied toute la nuit et, alors qu’il allait repartir chez lui seul pour ne trouver qu’un lit vide, il fût arrêté par l’un de ses supérieurs. Il lui demanda de remettre son armure et de revenir rapidement, question d’ordre publique ce que Reed prenait à cœur. Il remonta les marches, hors des vestiaires pour se retrouver face à un gradé qui le somma de le saluer, Reed s’exécuta. Puis, en l’espace de cinq minutes, le Soldat Reed Fabre devînt le Garde Reed Fabre, un nom qui promettait déjà de nouvelles aventures et qui assurait son rôle au sein du Guet Urbain de Hurlevent.

Il rentra ensuite chez lui, ouvrant la porte, prêt à écrire une lettre à son aimé lui annonçant la bonne nouvelle quand il remarqua que les chandelles étaient allumées. Il s’avança dans la cuisine pour trouver une tarte aux abricots fièrement présentée avec un mouchoir portant des dorures de chez Voulez. Le garde sourit doucement en tournant la tête vers le bureau, reconnaissant une silhouette qui était assise là, corrigeant des copies qui flottaient devant ses yeux, une main sur sa baguette, guidant la plume qui notait les travaux les uns après les autres d’un mouvement gracieux mais précis. L’élégance du mage à la chevelure de jais suffit à elle-seule à arracher un sourire presque enfantin à Reed alors qu’il s’avançait lentement en déposant son bouclier, marchant dans un brouhaha de cliquetis.

« Mais nous ne sommes que mardi Fah’. » Il souriait en s’avançant, venant s’appuyer contre la bibliothèque en retirant ses épaulières alors qu’il observait doucement son compagnon qui restait visiblement dubitatif devant un des examens.

« Je n’avais plus de cour à donner pour cette semaine, je me suis dit que c’était là une bonne occasion pour te faire la surprise. » Il souriait doucement, replaçant ses lunettes calmement tout en regardant brièvement son aimé. Il fronça les sourcils tout en prenant sa baguette pour tourner la copie. « Je me demande bien ce que nous allons pouvoir faire de ce Niguel. »

« Un élève difficile » Dit Reed en se penchant sur la copie, tentant de comprendre de quoi il était question avant d’abandonner rapidement, remarquant que l’écriture était tout bonnement illisible et que le sujet de divination n’était pas son point fort. Il haussa les épaules et vînt s’asseoir sur le bureau, tout sourire.

« Tu n’as jamais été un élève difficile toi ? » Il était un brin moqueur mais la question était sincère.  Il ne voulait pas blesser Fahrad, il voulait juste le connaître encore plus. Il crut voir un brin de nostalgie dans le regard du Dalanois, son menton appuyé sur sa baguette alors qu’il haussait un peu les sourcils, cherchant la réponse dans une mémoire qui semblait bien lointaine, le temps où il était encore en étude, où apprendre était son seul et unique devoir.

« J’étais plutôt bon élève. Ni vois pas un orgueil mal placé, je sais avoir des défauts mais mauvais élève ne l’était pas… A moins que… J’étais un brin rêveur, je dois l’avouer, rien de bien spécial. » Reed souriait tendrement en l’écoutant. Bien sûr qu’il n’était pas du genre à se rebeller, il devait être l’enfant sage qui pouvait se contenter d’un livre dans son coin. L’enfant poussé à grandir plus vite que ce qu’il ne le faisait déjà peut-être.

« Je me demande bien ce que cela aurait été nous deux petits. » Il riait en y pensait puis Fahrad, qui le fixait un moment, toujours pensif, se mit à rire aux éclats d’une rire cristallin. Il réchauffait le cœur de Reed. Le mage retira ses lunettes, les déposant sur le bureau à côté des papiers qui s’empilaient tout seul, par ordre alphabétique.

« Nous aurions passé notre temps à nous chamailler. Je n’étais pas le plus drôle des petits garçons et toi, de ce que je sais et de ce que tu m’as raconté surtout, tu étais du genre casse-cou. » Il riait doucement en se relevant, posant sa main sur l’épaule du garde, lui embrassant la joue pour le saluer enfin.

« Un jour j’arriverai à grimper sur le toit de la grange. » Il dit cela tout en levant un poing au ciel, d’une voix de défis comme si cette promesse valait encore quelque chose aujourd’hui, du haut de ses presque deux mètres, laissant le professeur amusé. Il suivait le mage qui avait enfilé sa cape pour venir se mettre devant le plan de travail de la cuisine. Le mage coupait doucement la tarte alors que le lion fila dans la réserve pour en sortir un Lordaeronnais de vingt ans d’âge, une fortune entre les mains. Il vînt rapidement servir deux verres de ce divin vin rouge.

« Eh bien, que nous vaut cette démesure ? » Le mage souriait tout en prenant son verre en main pour le sentir, le faisant doucement tournoyer dans ses mains alors qu’il souriait en regardant son aimé, à moitié caché par son verre.

« Faut-il vraiment une raison pour goûter aux petits plaisirs de la vie ? Je plaisante Fah’, nous fêtons un événement tout particulier en ce mois d’avril. » Il souriait en venant le prendre par la taille, posant les deux verres sur la table pour venir rapidement détacher son chignon, laissant retomber sa longue chevelure sur ses épaules. Il souriait doucement au mage tout en venant lui caresser le visage et embrasser sa joue, la laissant rouge de gêne. Il vînt retendre les deux verres de vins, le dévorant du regard.

« Dis-moi tout. A moins que je doive venir chercher l’information par moi-même ? » Taquin et un brin espiègle, le mage continuait de se tapir à l’ombre de son verre à vin, attendant avec impatience l’annonce d’un heureux événement, les yeux d’un bleu profond, illuminés par un brin de malice et d’amusement.

« Eh bien figurez-vous, Professeur Wagner, que vous faites aujourd’hui face au Garde Reed Fabre. » Il souriait tendrement en relevant légèrement son verre, heureux de partager ce moment avec son aimé, pensant ne pas pouvoir le faire il y a de cela une dizaine de minutes.

« Mais c’est superbe Reed ! » Il se retînt de sauter dans ses bras au dernier moment, se souvenant qu’ils avaient du vin et que ce liquide rouge, aussi bon soit-il, laissait des tâches bien tenaces. Il vînt donc embrasser avec tendresse son aimé, avant de trinquer doucement. « A notre avenir ? »

« A notre avenir Fah’. » Il souriait en trinquant, buvant le verre, ne quittant pas de son regard sauvage le bleu azur de celui de Fahrad. Les deux souriaient en se regardant, reposant le verre pour se regarder et ce sans se lasser, ce qui relevait du prodige. Reed sentit le rouge lui monter aux joues et tourna rapidement la tête pour regarder la tarte. « Tu n’es pas si mauvais devin pour avoir amené le gâteau. »

« Ou alors je connais bien la personne que j’aime ? » Il souriait doucement tout en venant lui servir une part. Ils montèrent doucement sur le toit avec les deux verres de vin, la bouteille, la tarte et une couverture. Ils observèrent les étoiles calmement, Fahrad racontant ce qu’étaient les deux lune d’Azeroth, expliquant aussi à Reed qui était Elune et tout cela dériva sur un cours d’histoire sur la civilisation des elfes de la nuit. Bien entendu, le mage prenait soin d’éviter d’être barbant dans son discours, privilégiant les glorieuses épopées et les récits de bataille, au plus grand bonheur de son aimé qui l’écoutait comme un enfant curieux.

Soudainement, le soleil s’éleva lentement dans le ciel, dévoilant les premières lignes bleutées dans le ciel. Le mage était couché sur le torse du garde, observant les premiers vols d’oiseaux en soupirant doucement, apaisé comme rarement.

« J’aimerais que nous vivions ensemble Fah’… » Il le regardait doucement en caressant sa chevelure qui s’accordait à la nuit, souriant doucement en finissant sa phrase par un baiser sur sa tempe.

« J’y songerai Reed, nous y songerons. Je ferai en sorte de venir plus souvent dans un premier temps. Tu as raison, il faut profiter des petits plaisirs de la vie. » Et il le faisait. Le mage n’était pas inconscient, il savait que ce genre de moments étaient rares, surtout quand les deux personnes ont des vies diamétralement opposées. Il savait que la distance allait être rude et que son travail lui prendrait du temps. Il était aussi conscient de ce que cela représentait pour Reed. Il sourit doucement. Le lion comprenant qu’il était sincère et y réfléchissait réellement. Ils s’endormirent doucement puis se réveillèrent pour descendre du toit et reprendre une nuit qui aurait pourtant dû s’achever, comme hors du temps.




Et pourtant, depuis il y avait eu de gros changements dans sa vie, et en même temps tout était redevenu pareil. Fahrad avait disparu, on le pensait même mort et pourtant, il était revenu, il était désormais fiancé, plus rien ne laissait à penser que le malheur pouvait à nouveau frapper. Ils vivaient ensemble de plus. Il poussa la porte de ses deux mains après avoir ouvert la porte en chêne massive. Il pénétra dans la maison, sortant la bouteille de champagne que l’un de ses collègues lui avait offert alors qu’il montait les escaliers. Il arriva devant le bureau, remarquant les bougies allumées. Il entra lentement, découvrant Fahrad assis sur une chaise, lunettes sur le nez et grimoire en main, il semblait concentrer.

« Bonsoir Fah’. » Dit-il en souriant tout en cachant la bouteille dans son dos avant de s’approcher de son aimé, impatient. Le mage portait une tenue plus légère que d’accoutumée, une espèce de tunique qui se prolongeait en un pantalon large, presque bouffant mais qui mettait plus qu’en valeur la silhouette mais surtout les yeux du mage car oui, la tenue était tout aussi bleue. A côté, le Caporal en pantalon bleu usé, bottes de cuir aux talons éculés et à la chemise en flanelle froissée faisait pâle figure.

« Oh Reed, te voilà ! Comment vas- » Il fronça les sourcils en souriant, tout en observant les mains dans le dos du guerrier. Il ferma son livre en marquant le mage avec un cordage avant de le déposer sur le côté, se relevant avec grâce tout en s’approchant, replaçant ses lunettes d’un geste vif au niveau du nez. « Qu’est-ce que tu caches ? »

« Allons sur le toit, nous avons quelque chose à fêter ce soir mon cher. » Il ne pouvait cacher ses splendides dents blanches tant il était heureux. Il tira avec lui son aimé, retournant au lieu où ils avaient fêté sa promotion il y a de cela un an. Il avait pris des fraises et des couvertures pour leur créer un petit cocon au sommet de la vieille ville, ils pouvaient apprécier la lueur de la pleine lune se reflétant sur les canaux séparant les toits rouges des bleus.

« Et que fêtons-nous mon cher garde de Hurlevent ? » Dit le mage en souriant, il avait deviné bien entendu. Il se laissait doucement retomber sur le lit de fortune, se blottissant contre son fiancé tout en le regardant de ses gros yeux embellis pas l’astre.

« Tu triches, je pensais te faire la surprise. » Il riait tout en débouchant le champagne qui sauta en direction des canaux, laissant la mousse s’écouler dans la gouttière. Il aspira un moment puis servit la boisson dorée dans deux coupes avant de tendre les fraises au mage. Puis enfin, il décrocha de sa ceinture le nouvel insigne, la déposant dans la main libre du noiraud. Il l’observait tout en glissant ses doigts fins sur l’inscription et la forme de lion dorée.

« Le champagne et les fraises… Je ne pouvais pas vraiment faire autrement que de deviner tu sais ? » Il avait une voix taquine tout en claquant son verre contre celui de son amant. « A votre santé Caporal Reed Fabre. » Il souriait alors qu’ensemble, ils descendirent leur verre tout en gloussant. Ils étaient plus complices que jamais et heureux, observant le ciel remplit d’étoiles.

« Je vous remercie, professeur Wagner. » Il dévorait du regard son aimé avant de regarder à nouveau son insigne d’un air pensif. « Mais je suis certain que tu l’avais déjà vu dans une de tes visions n’est-ce pas ? » Il haussa un sourcil tout en souriant finement, sa moustache suivant le mouvement alors qu’il venait doucement masser sa barbe en passant sa main dedans.

« C’est possible mais il me semble que je t’ai déjà dit plusieurs fois que toutes les visions ne sont pas forcément vraies, c’est une affaire de probabilité » Le guerrier avait singé le mage sur les derniers mots ce qui lui valut une pichenette sur son gros nez. Il fronça les sourcils en gloussant.

« Oui je sais ça. Mais tu ne nies donc pas que sur le moment, tu savais probablement déjà ce qui allait se passer non ? » Il jouait sur les mots, sachant pertinemment que le mage pourrait probablement tomber dans le panneau et se lancer dans une explication, ou alors le griller et lui envoyer une pique. Dans les deux cas, le Caporal serait content.

« Si cela te plait d’y croire alors oui ! » Dit-il finement tout en finissant son verre, venant se blottir contre son aimé en le déposant, se dévorant une fraise avant de lâcher un petit soupire de plaisir. Ils étaient bien ici, le ciel étant la seule limite. Il regarda Reed longuement, le fixant le bleu dans le bleu. « Je suis fier de toi Reed, vraiment. Tu progresses à la garde et je sais que cela te rend heureux, n’oublie jamais que je suis fier de toi. Je t’aime. »

Reed sourit et embrassa doucement son fiancé tout en venant se coucher lui aussi sur le toit. Il passa ses doigts dans ceux de Fahrad, restant proche de lui alors qu’ensemble ils observaient les étoiles et feraient cela jusqu’à l’aube, comme l’an passé. Le ciel était encore noir alors que les deux amants profitaient du calme de la nuit pour s’embrasser, se conter des histoires et simplement parler de choses futiles. Les temps étaient calmes à présent, pas de Légion, pas de guerre, rien. Juste un calme plus que mérité pour le couple. Ils rentrèrent aux premières lueurs du jour pour s’endormir lentement dans leur lit.


Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 8 Aoû 2019 - 23:14, édité 1 fois
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Message par Reed Fabre Ven 19 Avr 2019 - 23:56

Interlude, un voile d'hiver.


C’est en cette fin d’après-midi du vingt-trois décembre que le blond poussa lourdement la porte en chêne de son bureau. Il avait tout rangé, avait remis à jour les quelques dossiers restés sans suite après la guerre, avant de finalement se diriger vers sa nouvelle cafetière, un brin nostalgique mais surtout épuisé. Une nouvelle année se profilait, sa troisième entant que garde de Hurlevent n’allait pas tarder à commencer en mars prochain. Il avait pris soin de boucler la majorité de ses expertises, avait tenté de s’expliquer sur les quelques projets qu’il avait eu avec le Lieutenant Trias et savourait maintenant son café auquel il avait rajouté un brin de cannelle pour marquer le coup. Il s’approcha doucement du bureau des officiers pour y déposer sa lettre informant de son congé pour les fêtes. Un congé plus que nécessaire, il devait s’occuper de ses enfants, de son futur époux, mais surtout de son père malade, il était l’homme de la maison pour l’heure et voulait profiter de ces quelques maigres instants en famille, au calme. En descendant les escaliers, sa lourde main glissant sur la rambarde de bois, il croisa les Lieutenants Milburn et Ventis qui discutaient au chaud d’un café sur des chaises de la salle d’interrogatoire.

« Ah Fabre ! On parlait justement de votre repas de l’autre soir ! » Dit le Lieutenant au ruban coloré. Elle tira légèrement sur sa robe de fonction pour défaire un pli tout en relâchant un léger soupire, la fatigue se lisant sur tous les visages des membres de la caserne ces derniers jours. Son grain de peau était toujours aussi exempt de défaut, pâle comme la lune. Le blond s’approcha à pas de loup, la présence de Milburn l’en obligeant, habillé de sa large veste en cuir, doublée de mouton, d’un simple pantalon bleu et de lourdes bottes de cuir rembourrées et même doublées.

« Oh vraiment ? J’espère que c’était en bien. L’événement m’a pris beaucoup de temps et d’énergie. » La femme hocha doucement de la tête tout en gardant un large sourire avant de reprendre une gorgée du divin café que Fabre avait fait en plus, comme à son habitude. Il reconnut aussi l’une de ses pâtisseries dans les mains du splendide Milburn à la chevelure de jais et aux yeux ténébreux. Ce dernier portait son armure de garde de Hurlevent flambe en neuve, grâce aux soins de Fabre qui avait pris soin de la réparer après l’expertise catastrophique du Lieutenant. L’homme était un brin plus petit que le blond mais cachait une musculature bien plus développée, sa condition de worgen l’aidant beaucoup, pensa Reed avec un brin de mauvaise foi.

« Vous partez en Elwynn alors ? » L’interrogea Altan tout en notifiant sa tenue d’un signe du menton. Il fronçait ses sourcils traversés d’une cicatrice tout en évaluant le poids du blond, ce dernier ayant encore perdu un brin. Reed acquiesça lentement avant que le brun en armure reprenne la parole : « Tâchez de ne pas abuser de la dinde et de reprendre ce que vous aviez réussi à perdre. Au risque de finir par y ressembler en fin d’année. »

« O…Oui Lieutenant… » Il se gratta la barbe avec dépit, le Lieutenant souriant tout en se relevant pour lui donner une tape amicale à l’épaule avant de manger juste sous son nez une de ces délicieuse douceurs, narguant le pauvre Intendant.

« Allez, filez. Votre famille vous attend je pense. » Dit la femme qui se tenait aux côtés du tyran. Le blond hocha doucement alors que Calirae offrait à Milburn un regard réprobateur, une moue se dessinant clairement sur son visage blanc. Altan observa la Lieutenant en grommelant, il devait tenter une gentillesse. Il se racla la gorge pour attirer l’attention du blond.

« Oui Lieutenant ? » Il se tourna en ouvrant la porte du guet urbain alors que ses deux supérieurs le regardaient, debout dans le grand hall. L’un en armure, l’autre en robe. Reed se dit, pendant un bref instant, qu’ils pourraient faire une belle famille si seulement ils s’avouaient leurs sentiments !

« Double d’entraînements à votre retour ! Fêtez bien ! » Il hocha lentement du chef avec un large sourire alors que Calirae Ventis relâchait un long et profond soupire tout en secouant la tête d’un air dépitée. Le blond sorti lentement alors que la femme aux cheveux tirant vers le mauve lui souhaitait aussi de bonnes fêtes. Il s’en alla vers sa demeure où ses deux garçons et son beau Fahrad l’attendaient probablement déjà, pour partir en Elwynn.

Il traversa pensivement les quelques ruelles séparant le guet urbain de sa maison. Ses pas résonnaient seuls dans les rues de Hurlevent, ses larges bottes en cuir lourds frappant les pavés de la vieille ville. Le ciel était légèrement gris et la neige s’était mise à tomber depuis ce matin. Il observa les flocons tombant sur ses bras, se réjouissant déjà de faire une bataille contre ses fils et son fiancé. Au détour d’une rue, il croisa une patrouille de garde, Lovelace en tête qui le salua brièvement avant de repartir en direction de la caserne. Le blond soupira encore une fois, il ne pouvait jamais vraiment se détacher de sa fonction de Caporal-Chef, un rappel était toujours présent pour le ramener à son travail. Il s’appuya un instant contre un mur, croisant les jambes devant lui tout en venant masser sa barbe, songeur. C’est dans un geste rapide et totalement inhabituel qu’il sorti le communicateur gnome qu’il avait pour ordre de garder constamment sur lui. Il ouvrit le boitier et de ses gros doigts, retira le câble qui faisait fonctionner la machine, cette dernière relâchant un dernier bzz avant de s’arrêter. Il enfourna ensuite la dérangeante babiole dans son sac, avisant rapidement l’insigne qu’il portait à sa ceinture, marque de son travail elle-aussi. Il la retira presque aussi vite, la relâchant dans les profondeurs de sa poche, ce qu’il n’avait jamais fait auparavant. Il relâcha encore une fois un soupire mais cette fois de soulagement. Il n’était plus Caporal-Chef, plus pour les quelques jours à venir. Il était Reed Fabre, père de deux garçons et fiancé au plus splendide mage de tout Azeroth. Il reprit sa route, traversant les dernières allées pour rejoindre sa maison.

Fahrad était là, emmitouflé dans une cape verte, portant un pantalon brun et une paire de bottes prévues pour les routes de campagne. Ses habitudes vestimentaires avaient changé, comme beaucoup de choses après le procès où il perdit son titre de professeur de Dalaran. Le blond effaça ce sombre souvenir de ses pensées et le remplaça par un bref sourire amusé en songeant au fait qu’au moins, ils étaient encore ensemble et plus heureux que jamais. Le mage tenait dans une main un large plat à gâteau et tenait de l’autre la main de Elio. Le petit haut-elfe était lui dans une cape bleue, une écharpe bleue, un bonnet bleu, une paire de botte bleue. En bref, c’était devenue la nouvelle lubie de l’enfant, il aimait le bleu car il adorait la mer et rêvait encore et toujours de visiter Uldum. Adrian était assis sur les marches, lisant calmement un livre sur les rapaces des royaumes de l’est, avant de relever la tête à la vue de Reed. Les deux enfants eurent un large sourire tout en se précipitant dans les bras de leur père.

« Doucement ; doucement ! » Reed riait tout en venant câliner les deux têtes avant de voir le mage approcher, un sourire en coin et un sourcil relevé alors qu’il avait ramené une main sur sa propre hanche.

« Deux minutes de retard, tu t’améliores un peu. » Il eu un petit rire avant de se pencher pour embrasser doucement, sur la joue, son aimé. Il inspecta ses deux enfants, le monde bleu et le jeune Adrian habillé lui aussi de bleu avec une touche de brun.

« J’ai fait de mon mieux pour écrire ma lettre ! Mais le principal est que je sois là. On y va ? » Il interrogea Fahrad du regard qui opina rapidement du chef en claquant des talons. Le petit Elio réclama rapidement les épaules de son père, désireux de voir le monde de plus haut. C’est pendant que Reed se baissa pour porter son fils que le mage remarqua qu’il ne portait pas son insigne. Il l’interrogerait à ce sujet plus tard, très certainement, mais appréciait pour l’heure que le blonde ait mis de côté son travail pour sa famille.

Ils arrivèrent rapidement en Elwynn, traversant les bois rendus muet par la nouvelle neige. La voie royale était bien fréquentée et très sûre en cette période de l’année, alors il n’y avait aucun danger pour la petite famille. Cependant, le guerrier avait gardé sa hache à sa ceinture et la baguette du mage n’était jamais loin. Elio ; comme à son habitude ; avait réclamé une histoire à ses parents pour passer le temps du haut de son perchoir. C’est ainsi que Reed se mit à raconter la fameuse histoire de Maurice le terrible sanglier. Un monstre à l’haleine ardente et au crin fumant qu’il avait pourchassé au travers des bois. Fahrad relâcha plus d’un soupire et roula de nombreuses fois de ses yeux céruléens, cette histoire ne l’enchantant guère.

« Et c’est ainsi que vous apprendrez, les enfants, qu’il ne faut pas s’en prendre aux animaux sauvages. » Coupa le mage avec une pointe d’espièglerie, l’histoire arrivée à son terme. Les trois se moquèrent doucement du blond qui grommelait tout en secouant un peu Elio qui s’agitait trop sur ses épaules, une petite vengeance enfantine.

« Ah ! Ça bouge trop ! » Le petit tira sur les cheveux de son père pour se cramponner. Le blond arrêta donc son mouvement, autant pour prévenir des nausées que pour sauver sa crinière de blé. Adrian scruta ses deux parents tout en gardant la main du mage dans la sienne. Il pencha doucement la tête.

« Dites papas ? » Les deux hommes se penchèrent un brin pour observer le jeune homme qui semblait se poser une question presque existentielle. Il était calme, les joues rougies par le froid. Le mage s’avança rapidement pour lui remonter son col avant de le regarder, lui faisant signe de poursuivre.

« Comment vous vous êtes rencontrés ? » Il pencha la tête alors que le regard du blond croisait celui de Fahrad avec beaucoup d’amusement. Cette histoire promettait d’équilibrer la marque en matière de leçon à prendre. En effet, le mage se remémora avec un bref agacement les piaillements et les coups de becs des créatures de Tornheim qui l’avaient pris en otage pour le sacrifier en faveur des dragons de la région. Dit comme ça, cela semblait dramatique. Cependant, la situation avait eu son potentiel de ridicule, de quoi équilibrer la marque.

« Et bien… Ton père et moi, c’est une longue histoire. Je faisais mes classes militaires quand- » Le mage le coupa rapidement pour prendre la parole, souriant. Il ne pouvait se permettre de laisser Reed raconter toute l’histoire tout de même !

« Je vais la raconter, votre Père en a déjà dit une non ? » Les deux enfants acquièrent en bon petits soldats. Elio en profita même pour se baisser, faisant face à la tête du blond, à l’envers tout en appuyant sur son gros nez.

« Oui tu en as déjà raconté une papa. C’est toi qui dis qu’il faut toujours partager alors fais-le ! » Il continuait à appuyer sur son nez, le retirant rapidement quand Reed ouvrit la bouche pour attraper ses mains dans sa mâchoire. Il roula des yeux puis laissa le mage raconter son histoire, du moins sa version. Il n’hésita pas à rajouter des détails ou des commentaires alors que le mage continuait d’expliquer ce qu’il s’était passé, passant rapidement en revue l’épisode de l’offrande aux dragons pour mieux s’étaler sur la façon donc le guerrier s’était battu avec un dragon. En un sens, il le faisait passer pour un héros, exagérant même par instants. Il avait toujours le don pour satisfaire tout le monde de par son éloquence.
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Message par Reed Fabre Sam 29 Juin 2019 - 18:58

Retour à la normale, Chapitre II

Le jour ne revenait pas, il marchait seul alors que ses pieds nus s’enfonçaient dans le sable gris, froid et humide, les vagues venant par instant dévorer la chair de ses pieds, brûlant ce qu’il restait des sensations que le blond pouvait avoir par une morsure glacée. Il observait la large étendue - étrange et tordue - qui brillait d’une lueur maladive, tout ici n’était que ténèbres. Il se réveillait parfois brièvement mais revenait à chaque fois ici, en ce temple de l'oubli. Reed errait avec lourdeur sur cette plage perdue entre les récifs acérés qui s'évaporaient sur une vaste étendue d’eau noire comme de l’encre. Son regard gris se perdait sur le remous qui semblait fait d’ombre et de ténèbres, il avait froid et en même temps, ces sensations ne semblaient pas réelles. Le seul sentiment que le sergent ressentait pour l’heure était une peur, une angoisse et un gouffre de solitude, une haine de soin. Son cœur, jadis plein d’amour et d’autres émotions oisives était aujourd’hui vidé de bonheur, mourant au centre de ce large buste.

Il était perdu ou du moins, égaré. Non, le terme qui lui vînt à l’esprit était oublié. Il n’était pas perdu car si c’était le cas, cela voudrait dire qu’il avait une destination. Hors, il avait été amené en ces terres de ténèbres par un pur hasard, comme une pensée échappant à un homme, il se retrouvait aujourd’hui sur cette côte éternelle ou la lune brillait au loin comme un éternel crépuscule ou même un aube sans fin. Qu'est-ce qu'il en savait, après tout. Ici, dans le royaume de ses songes et de ses craintes, le temps n’existait plus. Pas plus que l’avenir, le présent ou le futur. Ce qui étonnait le blond, c’était le simple fait que son corps n’était pas éthéré. Au contraire, il était présent. Paradoxalement, les sensations étaient totalement absentes, il n’était donc peut-être pas présent finalement. Éternel paradoxe. Mais pourtant ses yeux voyaient, ses oreilles entendaient et ses pieds étaient bien au sol et souffrait du froid. Cependant, seules ces vagues primaires de sensations lui apparaissaient, un monde sans saveur où il avait été abandonné. Il traversait la plage érodée depuis un bon moment, ou simplement quelques minutes, à l’orée du ressac des vagues de naphte sombre. La lune donnait un reflet irréel qui laissait penser qu’au-delà de cet horizon, se trouvait une terre bercée de lumière, l'espoir. Était-ce donc cela, son âme ? Cette poche vide, cet éternel rivage où attendre était la seule chose à faire ? Où le vide et une éternelle solitude étaient sa seule compagnie ?

Il ne se souvenait toujours pas de comment il avait été oublié ici. Une bête énorme tombant d’un toit, un trou noir. Un coup sur le crâne, un trou noir. Des griffures, un trou noir. L’eau entrant dans ses poumons et rien. Une vive douleur à l’épaule comme si un poison mortel venait de lui être injecté. Il était brièvement revenu à lui plusieurs fois, voyant des visages familiers avant de finalement sombrer éternellement dans ce coma, cette solitude, souvenir de ce monde. La lumière revenait et repartait, le ramenant toujours, le sable, l’eau poisseuse et la lune. Les récifs acérés tranchaient le ciel et les nuages qui offraient une nuit sans fin à ces lieux. Il était encore une fois revenu à lui pendant un temps, des dialogues sans aucun sens parlant de malédiction avant qu’à nouveau, il sombre encore dans une éternelle torpeur. Mais pourquoi ce monde le rejetait ainsi ? Pourquoi se trouvait-il sur ce rivage à attendre que le prochain réveil se fasse, qu'on vienne le sauver.  Le blond entièrement nu vînt s’asseoir au bord des vagues, pensif alors que l’écume lui lacérait les fesses, les jambes et les pieds. Il frissonna sans vraiment le faire avant de finalement planter son regard au loin, cherchant un signe, une aide. Un long soupire fût relâché, rien ni personne ne viendrait le chercher.

C’était étonnant comme ici, les sensations agréables comme le bonheur ou ne serait-ce que l’amour ne faisaient pas long. Ils allaient et venaient comme la houle, partant et bientôt emportés au loin dans les éclaboussures de nostalgie. Il pensa doucement à Fahrad, à Elio et à Adrian. Ils l’attendaient au loin, probablement vers cette lumière qui sait ? Il fronça doucement les sourcils en se grattant son épaule. Cette démangeaisons insoutenable était la seule chose qui semblait connecter le réel à cette étendue de vide et d’ombre, cette poche sans saveur où les émotions se réduisaient en cendres salées qui pesaient sur le cœur. Il grattait cette épaule, il l'aurait gratté à sang s'il le pouvait.

Le désespoir, était-ce donc cela ? Le blond secoua une nouvelle fois sa crinière au rythme de sa tête avant de se relever, ses jambes poilues portant avec une étrange peine le reste de son corps nu. Il se tourna vers l’étendue de rocaille qui faisaient face à la mer. Rien, juste des ombres qui fuyaient la lune éclatante. Ses rayons froids venaient mordre la cher du sergent, s’enfonçant lentement dans son épaule et bientôt tout son être, usant de sa blessure pour pénétrer sa carcasse. Après tout, n’était-il pas vide ici ? Il s’avança lentement, ses traces s’effaçant dans ces restes du temps qui ne s’écoule plus. Dans cette encre qui n'existe pas.

Un grognement. Ses oreilles distinguèrent enfin autre chose que sa propre personne ou encore les vagues affolées qui s’élançaient désespérément sur le rivage, y trouvant une mort certaine. Le blond se tourna en tous sens alors qu’autour de lui, les ombres s’étiraient pour laisser paraître des formes lupins qui venaient bientôt l’encercler. Désarmé, il ne pouvait rien faire, entendant les cris qui lui glaçaient le sang. Il voulut se défendre mais trop tard, les formes abjectes des ténèbres s’élancèrent sur lui avec un mouvement saccadé, éthéré, le forçant à s’accroupir et se faire dévorer, déchiqueter, anéantir. Les morsures l’ouvraient, le remodelaient. Une douleur éthérée qui ne touchait pas son corps mais son être, lui, Reed Fabre. Il hurla mais le son qui fût arraché à sa gorge n’était pas celui d’un homme. Le son fût vide, il hurla silencieusement au calme de cet enfer.

Alors qu’il se perdait dans les ténèbres, la lumière revînt rapidement. Le pauvre homme sentait ses poignets douloureux, des chaines le maintenaient au mur. Il était allongé ou du moins assis sur un lit de l’infirmerie, reconnaissant en partie les personnes qui se présentaient à lui. Il souffla longuement, agitant les fers. Les infirmières se tournèrent, la peur sur leurs visage était la seule chose qu’il distinguait. Non, il la sentait. Comme une odeur de pain trop cuit, ou de réglisse, le sergent sentait les émotions qui traversaient les membres de la caserne. Pourquoi est-ce qu’ils le craignaient ? Reed pu distinguer clairement son reflet. Ce qu’il vit le marqua à jamais. Avant de retomber encore une fois sur cette plage, le liquide froid venant mordre son bras et le ramener sur les rives de son existence sans aucun sens.

Il repensa à la réaction de ses collègues, à celle de Fahrad, à celle de ses enfants s'ils l'apprenaient. Puis plus rien, la houle emporta au loin ces inquiétudes. Les souvenirs qu'il chérissait et les idées qu'il se faisait n'avaient pas leur place sur les échos de son âme. Ils partiraient comme tout, laissant le blond dans une angoissante tranquillité. Une douce solitude. Une épuisante torpeur. Il logea sa tête entre ses larges mains caleuses avant de regarder droit devant lui, le regard perdu. Il devait s'enfuir, il devait rejoindre les siens. A quatre pattes, il rejoignit les flots. Sur ses deux pieds, il s'élança et embrassa les ténèbres, évoluant au sein de cette froide douleur. De ce rejet qu'incarnait l'eau qui tentait, encore et encore, de l'isoler sur ces rivages de solitude, l'empêchant de rejoindre la lumière. La peur des profondeurs, l'angoisse de la solitude éternelle. Reed fût avalé par les flots poisseux et noirs, plongé dans les tréfonds de sa terreur.


L’homme blond se réveilla en sueur dans son lit aux côté de Fahrad, son regard valsant en tous sens à la recherche d’une réponse. Il soupira avant de tourner son regard vers son aimé, soupirant longuement alors que ce dernier l’observait.

« Encore ce rêve Reed ? » Dit l’homme tout en se relevant, torse nu dans le lit, observant le blond qui se versait un verre d’eau en silence. Fabre tourna lentement la tête pour l’observer, une main tenant le verre et l’autre repliée sur une cicatrice devenue l’édifice des craintes de l’Intendant. Il la touchait calmement avant de s’approcher lentement de son homme et de le rassurer d’un simple baiser piquant avant de se recoucher.

« Encore ce rêve. »

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Message par Reed Fabre Jeu 11 Juil 2019 - 19:10

Interlude, un échange épistolaire

Vicomte George de Méricourt,
Domaine de Méricourt,
10 Place du Donjon,
Hurlevent

Intendant Reed Fabre,
Caserne de la Garde,
1 Place d'arme,
Vieille Ville,
Hurlevent

Sergent-chef Fabre,

Je suis depuis bien longtemps votre évolution au sein de l’armée de Hurlevent et j’aimerais, par le biais de cette humble missive, vous faire part de ce désire qui brûle en moi de renouer avec la chair de ma chair. En effet, mon cher, je ne crois pas vous rappeler que vous et moi partageons le même sang, en dépit des folies dont votre mère a su mener dans sa jeunesse. Ne croyez pas que je porte encore une grande rancune face au comportement luxurieux et irréfléchi de ma fille, cette dernière était bien consciente de la conséquence qu’engendreraient de telles actions.

Mais laissons le passé au passé, voulez-vous ? Si je prends aujourd’hui la peine de coucher ces quelques mots, c’est bel et bien dans le but de vous tendre la main. Après tout, vous êtes mon héritier, en dépit de votre conception hors mariage et de votre lignage entaché par le sang de votre père, ce bon vieux Fabre. Je ne tiens point à rappeler le passé, mon regard est avant tout dirigé vers l’avenir, l’avenir que vous, mon petit-fils, vous devez d’embrasser.

Vous n’êtes pas sans ignorer que de vos deux oncles, le premier, Adrien, est mort sur les frontières des terres elfiques lors de la troisième guerre – Puisse la lumière recueillir son âme - et que le second, Adam, possède désormais une place de choix au sein de la Septième Légion. Je gage que vous comprendrez que le rôle de ce dernier n’est point de diriger une famille, il n’a point accès à l’oisiveté qu’offre le poste se Sous-officier de la garde de Hurlevent qui reste une réussite !

Vous comprendrez, je gage, qu’il m’est désormais capital de vous rencontrer en chair et en os dans le but de vous jauger et de voir si le portrait de l’Intendant exemplaire et travailleur que l’on m’a dépeint est véridique. Vous, Sergent-chef, êtes l’héritier d’une maison noble d’un royaume qui aujourd’hui est encore sous le joug des puissances que cette catin au corps décharné et ravagé par la peste a déversé l’an passé. Cependant, cette même maison, par ma fougue, mon devoir, mon honneur et ma détermination, a survécut et reste l’une des maisons qui je gage, est des plus affluentes au sein de la Cour de sa majesté le Roi Anduin Wrynn.

Au plaisir de continuer cette conversation en face à face, je vous prie d’agréer, Sergent-chef, à mes salutations les plus sincères.

Pour Lordaeron,
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Mon cher Grand-père,

Veuillez me croire quand je vous dis que je suis surpris par de tels mots et confidences qui me semble venir du fin fond de nulle part. Je vous remercie de l’œil attentif et discret que vous avez porté, pendant de tant de temps, sur ma carrière au sein de l’armée et plus généralement, au sein de la Garde de Hurlevent. Je crois déjà vous entendre vous vanter que ce sont mes origines nobles qui ont aidé à me sortir du Val d’Est. Laissez-moi dors et déjà vous dire qu’un tel opinion n’est autre qu’une lubie, un fantasme que vous projetez sur ma personne et mes actes.

En effet, mon cher aïeul, je ne crois pas devoir vous rappeler que même si votre maison fait partie de la noblesse de l’épée, elle ne fût pas la seule part de mon héritage qui fût plongée dans les arts de la guerre. Après tout, mon père, Halfred Fabre, a rencontré et sauvez ma mère de vos griffes alors qu’il se battait encore sous les bannières de Hurlevent entant qu’intendant de la garnison du Val d’Est. Je ne crois pas vous surprendre en vous avouant aussi que mon héritage de forgeron, de part ma famille paternelle, a aussi beaucoup aidé à mon ascension au sein du service de l’Intendance de la garde de sa majesté. Comme quoi, en creusant un peu, on trouve les arguments qui nous plaisent.

Vous comprendrez sans mal que le jeune homme aux origines bâtardes que je suis ne désire point rencontrer l’homme qui a chassé sa mère car cette dernière avait osé s’opposer à ses désirs. De plus, je dois vous avouer, grand-père, que le sang des Fabre coule aussi dans mes veines et que cette famille partage des valeurs dont je me sens bien plus proche. Des valeurs qu’un homme tel que vous ne semble point défendre. De fait, je décline votre invitation à reprendre la tête de votre famille qui semble sur le déclin.

Bien à vous,
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Sergent-chef Fabre,

Vous me voyez terriblement déçu de lire ces quelques mots emprunts d’une colère qui, à mon sens, est hors de propos. De plus, je vois que votre mère n’a point pris la peine de vous enseignez les quelques usages qui s’impose à nous lorsqu’on s’adresse à un membre de la noblesse. Le titre prime sur les liens de sang, Sergent-chef.

Mais de tels écarts doivent être le triste résultat de votre vie passée en campagne. Je gage qu’avec le temps, vous finirez par comprendre comment s’adresser à une personne de haut rang. Mais ma déception ne se limite pas à un écart si petit. En effet, le dédain dont vous avez fait preuve et le refus d’accepter la main que je vous ai tendue me forcent à croire que vous n’êtes pas conscient des enjeux qui gravitent autours de votre personne. De fait, je ne vais point vous surprendre en vous disant que ce n’était point une demande. Je vous ordonne de me rejoindre en mon domaine au soir du huit juillet prochain.

Ne prenez pas mes mots à la légère, Sergent-chef. Vous êtes l’héritier d’une famille possédant une place importante au sein de la Cour du Roi et je me refuserai de vous laisser exercer le même genre de caprices que votre débauchée de mère a pu faire par le passé. Vous viendrez et comprendrez bien assez vite que votre devoir se doit de surplomber vos désirs enfantins. Ressaisissez-vous, par la lumière.

Pour Lordaeron,
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Monsieur de Méricourt,

Cela n’était point une demande mais voici tout de même ma réponse : non. Non je ne vous rejoindrai pas en votre domaine pour discuter de l’avenir de vos glorieuse maisonnée. En effet, j’aime l’utilisation de cette expression éculée disant que j’ai d’autres chats à fouetter. Vous n’avez jamais tenté, durant les vingt-six années que j’ai pu vivre, de renouer le contact. Aujourd’hui, votre action me semble simplement désespérée et intéressée.

Seul ma progression au sein de l’armée semble trouver de la valeur à vos yeux mais je pense pouvoir vous donner ici une leçon. Moi, Reed Fabre, partage les coutumes d’un monde qui vous est étranger. Un monde où le paraître passe au second plan tout comme les jugements de valeur. D’où je viens, l’honneur familial se construit autours de notre facilité à nous entraider, nous tendre la main et travailler ensemble. La simplicité de notre vie construit aussi qui nous sommes, des êtres qui ne se prennent pas pour le futur Roi de Lordaeron.

Si j’ai choisi de rejoindre la Garde de Hurlevent, cela n’était point pour vous impressionner ou encore pour rendre hommage à une famille dont je ne connaissais que le nom et la triste histoire de ma mère. J’ai rejoint la bannière de l’Alliance car j’ai à cœur de défendre les miens, Elwynn, le Val d’Est et la famille des Fabre. J’ai rejoint la Garde car je pense que les connaissances que j’ai obtenues au Val d’Est, celles de bûcheron et de forgeron, peuvent apporter un plus au Guet de la cité. Mon lignage n’a jamais été une motivation et ne le sera jamais. La Famille de Méricourt est votre maison, pas la mienne. Je ne renie pas notre lien de sang, mais je renie ce que vous représentez. De fait, ceci sera ma dernière lettre.

Bien à vous,
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Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 18 Juil 2019 - 1:42, édité 1 fois
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Message par Reed Fabre Sam 13 Juil 2019 - 20:08

Retour à la normale, Chapitre III

Le blond s’observait dans la glace, taillant lentement sa barbe comme ses collègues nains lui avaient si souvent appris. Il travaillait les ciseaux avec une grâce et une élégance qui était rare chez le bon vieux Elwynnien. Dans la glace, il voyait au loin son fiancé qui lisait un livre, bien enfoncé dans un fauteuil pourpre, une couverture légèrement placée sur ses jambes où Medivh, leur chat, était endormi. La petite créature ronronnait de concert face au brasier que le mage avait allumé dans l’âtre de la cheminée. Il faisait froid, un autre orage d’été avait frappé la région, laissant un mélange d’humidité et de fraicheur se glisser entre les boyaux de Hurlevent. Le soleil était encore voilé, la pluie tombant lentement au-dehors. Reed sourit doucement, cette vision de Fahrad l’apaisait et il en avait grand besoin. En effet, ce matin, alors que les enfants étaient absents, le blond avait reçu pour la seconde fois, un courrier de son grand père qui lui avaient inspiré nombre d’insultes. Fahrad, dans son calme olympien, avait réussi à calmer son compagnon de part ses paroles avant de finalement le laisser à ses occupations.

Mais cela était du passé, Reed répondrait au vieillard tôt ou tard et profitait en ce moment du calme que la vision de son fiancé lui inspirait. Calme qui fût tranché par un grognement profond du Sergent-chef qui avisa son pouce qu’il venait de blesser avec la lame aiguisée de ses ciseaux.

« Foutre de merde ! » Dit-il en lançant l’outil dans un bruit sourd faisant bondir le mage. Reed appuya longuement sur la blessure qui se mit à saigner abondement. Il amena le doigt ensanglanté à sa bouche, observant dans la glace son regard glacial et ses traits bestiaux qui venaient rapidement se dessiner.

« Que se passe-t-il Reed ? Tout va bien ? » Fahrad se releva en refermant doucement son livre et en tentant de déplacer le chat sans trop le déranger. Il se releva, lissa son pantalon bleu avant de s’approcher doucement de son aimé. Il eut un léger mouvement de recule en observant le reflet du blond, portant instinctivement une main à son visage, surpris.

« Ce sont ces foutus ciseaux trop aiguisés ! J’me suis coupé et maintenant j’ai foutu du sang partout ! » Il pestait contre Azeroth tout entière, tentant vainement de noyer la blessure dans de l’eau qu’il avait mis dans une cuve. Il se tourna vers le mage, crocs apparents, éprouvant encore de la peine à cacher sa véritable nature. Le mage s’approcha lentement, prenant la main du maudit. Reed grogna, et poursuivit sur un ton sec : « Ne touche pas le sang, Fahr- »

« Je sais, c’est dangereux. » Il le coupa avant de prendre un torchon qu’il referma sur la blessure, soucieux de ne pas toucher le sang qui était, en effet, la source de la malédiction du blond. Il referma fermement ce dernier sur la blessure nettoyée, empêchant ainsi le sang de s’écouler.

« La feuillune est dans la cuisine… » Reed soupira longuement, venant masser sa nuque avec ses doigts crochus, gêné. Il n’avait pas pour habitude de parler ainsi au mage à la chevelure de jais, et pourtant il l’avait fait. Cette créature qui cohabitait en lui. Non, cette créature qu’il était venu, était toujours à fleur de peau. C’était pour cela que le blond passait son temps à mâcher l’herbe connue pour calmer la rage grondante d’un animal déchaîné.
« Non, Reed. Tu n’es pas allé te défouler depuis deux semaines. Et je sais que ce ne sont pas les ciseaux qui sont le problème. Vous vous leurrez mon bon monsieur si vous me croyez encore assez dupe pour ne pas comprendre le problème. » Il ne voulait point lui faire de reproche, pas comme ça. C’était pour cela que le mage prenait des gants et s’adressait avec humour à son fiancé. Il connaissait ses sentiments, il connaissait ses doutes, il connaissait sa crainte. L’homme des forêts avait peur de cette seconde nature qui s’était invitée en leur foyer et qui menaçait, à chaque instant, de briser le calme de leur famille.

« Je n’avais pas le temps Fahrad… Je dois gérer tant de choses et en plus mon grand-père qui vient à me… » Il soupira alors que la transformation allait de bon train, l’homme ne cachant pas sa seconde nature. Après-tout, il faisait partie des rares personnes qui le connaissait aussi bien et qui savait la vérité le concernant. Quelques craquements se firent entendre alors que le mage prit sa baguette pour nettoyer les traces de sang d’un simple usage des arcanes, il ne prenait aucun risque. Cependant, en revenant à son compagnon, Fahrad pu apercevoir le worgen qui lui faisait face, ce dernier s’observant dans la glace, la chemise craquelée et la salopette décousue. Ce dernier détail fit légèrement soupirer le mage qui relâcha un petit rire, évitant pourtant de trop regarder Reed. Il savait que cela le dérangeait.

« Je vais chercher de quoi recoudre ta chemise et ta salopette. J’arrive tout de suite. » L’homme-bête tourna lentement sa tête vers Fahrad qui partait déjà, le fuyant probablement. Il retira le reste de ses habits avant de se toiser longuement dans la glace, se rappelant de ce jour funeste où son aimé avait posé son regard céruléen sur le nouveau-lui. Ce jour où tout avait changé entre eux et où pourtant, tout avait continué.


Il avait passé la journée enchaîné au lit, ayant pour seul vision le ciel et une partie de la cour de la caserne. C’était ça où la vision triste et ennuyant de sa chambre de l’infirmerie où il était gardé captif, pour des raisons évidentes de sécurité. Mais il préférait se lamenter en regardant l’extérieur de la caserne, endroit où il ne pouvait plus poser pied. Le Sergent-chef grogna lentement alors que ses yeux s’attardaient pour la millième fois sur la truffe qui avait pris place à l’avant de son visage. Il secoua longuement sa gueule, faisant virevolter la crinière argentée qui noyait les détails de son large cou. Il ne supportait pas cette apparence abjecte, ce sentiment d’être devenu moins qu’un homme, une bête aux traits canins qui ne conservait que brièvement une part d’humanité. Il ne pouvait plus parler, plus bouger et surtout, il devait vivre avec la torture que ses sens amplifiés lui faisaient subir au quotidien. Si quelqu’un faisait tomber son épée, il le savait. Si par malheur on faisait cuir une viande un peu trop fort, il le sentait. Sa vue lui permettait de voir aussi bien de nuit que de jour, la nuit ne lui offrant même pas le réconfort de cacher son abjecte apparence lupin. Soudainement, ses oreilles se mirent en alerte alors qu’il se redressait dans son lit, ses chaines lui rappelant rapidement qu’il ne pouvait se lever. Cependant, l’odeur qui venait de lui parvenir aux narines ne pouvait appartenir qu’à une personne. Il l’avait senti tant de fois, synonyme de réconfort et de paix, elle se changeait aujourd’hui en crainte profonde. Il ne pouvait le voir comme ça.

Trop tard, les pas s’approchaient. Il reconnaissait la voix du Commandant Hellenlicht ainsi que celle de son aimé. La voix, inquiète, de son fiancé n’arrangeait en rien la crainte de l’homme-loup. Il recula dans son lit, repoussant sans le vouloir les draps de ses larges pattes bestiales. Il grogna.

« Courage, Wagner. » La clef se tournait alors que lentement, Reed pu poser son regard sur l’homme qui venait de pénétrer dans sa prison. Fahrad referma la porte avant de se retourner et se plaquer contre cette dernière. Il avait peur, il était tétanisé face à son fiancé qu’il peinait à distinguer. Le monstre, car c’est ainsi que Reed se considérait, relâcha un grognement avant de glapir. Il ne voulait pas le voir. Non, il ne voulait pas qu’on le voit.

« Reed je… » Il garda une main contre sa bouche, s’approchant lentement de la créature qui remuait ses chaînes. Les deux voulaient fuir, fuir cette réalité. Il resserra sa longue cape verte avant d’approcher son fiancé, approchant doucement une main, peinant grandement à retenir les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues. « Je te croyais mort. »

« Fah…Rad… » La bête tendit une griffe, tant bien que mal, tentant en vain de toucher son aimé. Il peinait encore à articuler, sa malédiction était encore récente. Sa voix était grave, profonde, chaude et pourtant si lointaine. Le mage se décida enfin à poser une main sur l’épaule déformée de son fiancé, recouverte d’une chemise en lambeau, il pouvait ainsi éviter d’entrer en contact direct avec ses poils. Il se ressaisit rapidement, secouant brièvement la tête avant d’offrir un bref sourire à l’Intendant.

« Cela va aller, je suis là pour toi désormais. » Il se pencha doucement, se laissant choir, légèrement abattu, sur une chaise qui était posée à côté du lit. Il contempla avec un mélange de crainte et d’admiration la créature qu’était devenu l’homme de sa vie. C’était là une nouvelle épreuve se dit-il, une épreuve qu’ils traverseraient ensemble, comme toujours. Il caressa doucement l’homme devenu loup, touchant parfois ce poil argenté qui était étrangement doux. Il reconnu aisément l’endroit de la morsure qui avait donné vie à toute cette malédiction. En effet, les points de suture qui étaient présent à la base du cou et sur l’épaule droite de Reed constituaient une preuve accablante de la malédiction.

« Les en… Fants. » Le mage le regarda lentement avant de sourire doucement. Il savait ce que Reed redoutait et ferrait de son mieux pour que cela n’arrive jamais. Il laisserait l’homme prendre son temps. Il se contenta de venir lui caresser cette masse argentée qui fût jadis sa chevelure de blé. Il soupira doucement avant de prendre la parole.

« Ne t’inquiète pas, je m’en occuperai. Nous y arriverons Reed. » Il laissa ensuite le silence s’installer, un silence gênant mais nécessaire. Les deux devaient se faire à cette idée que le blond ne serait plus jamais le même. Il resta là, longuement, au chevet de celui qu’il aimait et aimerait jusqu’à la fin. Mais à la sortie de la chambre, le mage s’autorisa à pleurer, trouvant un recoin bien dissimulé pour enfin laisser couler les larmes de son soulagement mais aussi de ses craintes. Il avait peur mais ne pouvait l’avouer, ne pouvait le montrer à Reed. Il se recroquevilla avant de se ressaisir, se rappelant qu’il n’avait pas le droit de faire ça. Il se devait d’être présent pour le blond, il se devait de protéger sa famille.


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Message par Reed Fabre Dim 14 Juil 2019 - 1:08

Retour à la normale, Chapitre IV

Quelle chaleur ! Reed sortait de la caserne, éblouit par le soleil ardent de juillet qui venait frapper son visage de plein fouet. L’homme vînt placer son avant-bras aux devants de sa face, tentant vainement de battre contre l’aveuglement des rayons lumineux. Il s’avança à grands pas dans l’herbe verte qui entourait la caserne de la garde de Hurlevent. L’Elwynnien était affublé d’une chemise blanche et de sa fidèle salopette en coton bleu, la toile du bleu de travail distendue et usée par le temps. Il avait, comme toujours, pris soin de faire des ourlets – car cette dernière était bien trop longue pour lui – qui surplombaient ses larges bottes de cuir, nouvellement réparée. Il glissa ses mains dans ses poches, mâchonnant sa fidèle feuillune alors qu’il se dirigea d’un pas chaloupé vers l’entrée de la vieille ville.

L’homme à la carrure sportive de colosse affiné vînt s’arrêter en haut des marches, observant le spectacle qui se dessinait devant ses yeux. Cinq chevaux se tenaient devant lui. Quatre chevaliers entouraient un homme à la carrure sublime dont les traits gravés dans sa face trahissaient son grand âge. Il avait un corps qui témoignait d’une rigueur militaire qu’il pratiquait encore aujourd’hui. Un regard bleu-acier qui scrutait le Sergent-chef de haut. Une chevelure mi-longue, grise, poursuivie d’une barbe fournie et taillée à la perfection, exempte de bouc. Le vieil homme descendit de selle, déposant ses larges bottes au sol. Il portait un équipement des plus onéreux, un pantalon solide bleu surplombé d’un ceinturon à la boucle d’argent où un grimoire était accroché. Une chemise blanche, un gilet bleu marin, l’homme possédait une prestance indéniable. Il vînt rapidement à la rencontre de l’Intendant, le jugeant de haut en bas, ne cachant pas le plissement de ses lèvres quand il en vînt à la salopette, symbole d’une origine paysanne.

« Sergent-chef, je me suis dis qu’il était préférable de venir directement à votre rencontre, étant donné que mes lettres ne semblaient pas avoir l’effet escompté. » Il fronça les sourcils, toisant le jeune Elwynnien qui fronçait les sourcils. C’était donc lui, George de Méricourt. Un homme certes charismatique mais dont le côté pédant et hautain égalait probablement son âge de fossile d’un temps depuis longtemps dépassé. Reed observa la main qui lui était tendue, venant la serrer à contre-cœur alors qu’il ne quittait pas des yeux le vieillard. « Il est bon de enfin mettre un visage sur la tête de mon petit-fils. » Les chevaliers pouffèrent, toisant la tenue de Fabre qui ne se débinait pas.

« Je crains, mon cher Monsieur, que vous vous en tiendrez à mon grade. Vous comme moi êtes un homme d’armée. De plus, vous comprendrez que votre absence totale qui s’étend de ma naissance à aujourd’hui rend terriblement difficile pour moi de vous considérez comme un membre de ma famille. » Reed remercia brièvement Fahrad d’être son compagnon. C’est grâce à la verve si élégante et parfois acérée du mage que le blond pouvait aujourd’hui se défendre face à ce vieillard hautain.

« Sergent-chef bien. Je pense, en effet, qu’il vous faudra du temps pour vous y faire. Même si c’est un luxe qui se veut rare aujourd’hui, un noble de ma trempe veut bien concéder à vous l’offrir, pour le moment du moins. » Le Vicomte toussa doucement dans son poing avant de regarder ces hommes, souriant en coin. « J’ai jugé bon de venir à vous pour vous convier à prendre un thé en ma compagnie, proche du donjon. Si vous voulez bien nous suivre, j’ai d’importantes choses à vous partager. » Il fit signe à ses soldats de s’occuper de sa monture avant de prendre place, proche de son petit-fils.

« Seulement si vous me promettez qu’après cela, vous ne tenterez plus de vous immiscer dans ma vie par le biais de mon Commandant. Votre lettre était totalement hors de propos et irrespectueuse pour une femme de son rang. Vous vous dites de la noblesse de l’épée mais il semble que les usages militaires vous soient étrangers. » Il était sec et brisant. Après tout, les agissements du Vicomte ne lui inspiraient que du dédain. Et le Sergent-chef était loin de se douter à quel point.

« Très bien, très bien. J’avoue que mon petit mot à cette bonne vieille Commandante Hellenlicht était de trop. Mais avouez que cela eu pour effet de vous motiver à accepter ma demande. » Il ouvrit la marche, suivit du blond, fanfaronnant, victorieux, dans les boyaux de Hurlevent. Reed trainait des pieds, se disant que c’était là une tâche qu’il se devait de remplir au moins une fois.

« On dit Commandant, Grand-père. N’êtes-vous pas au courant que la fonction prime sur le genre ? » Content de sa pique, il remarqua rapidement que son grand-père s’était offusqué de se faire corriger par un enfant des campagnes. La route se poursuivit dans le silence le plus complet, le cortège arrivant rapidement dans un des quartiers les plus riches de la capitale humaine. Le vieillard s’arrêta aux-devants d’un portail gigantesque qui donnait sur un jardin totalement symétrique. S’il y avait un rosier à droite, il y en avait un à gauche. Le tout était centré sur le manoir aux murs rose pâle. L’accès à ce dernier était assuré par deux escaliers qui se faisaient face, spiralés et menant à une terrasse qui surplombait le jardin entretenu à la perfection. Deux fontaines, une de chaque côté de la maison, représentant la grandeur d’un royaume déchu où la peste avait tout emportée. « Vous ne voyez pas dans la demi-mesure. »

« Non en effet. Il faut savoir se montrer pour inspirer le respect. Vous savez, à l’attaque du fléau, notre famille a dû savoir se relever. De fait, j’ai pris soin de racheter les terres de beaucoup de noble ici-bas, dans le but d’affirmer la puissance d’une famille telle que la nôtre. » Il observa longuement sa demeure avant d’y entrer, prenant les escaliers de droit tout en montant lentement sur les marches de marbre. Une espèce d’immobilité régnait en ces lieux, une richesse écrasante qui figeait même le temps. Tout était parfait, rien ne bougeait si ce n’est l’eau des fontaines. Mais cela ne se faisait que parce que le Vicomte en avait décidé ainsi. Le blanc des dalles de marbre éblouissait le Sergent-chef qui ne se sentait point à sa place. Même la liberté de la nature était jugulée par l’omniprésence du chef de famille dont le contrôle était absolu.

« Votre famille. » Dit le Sergent-chef, fermement, toisant son aïeul alors qu’il gravissait les marches à un rythme épatant pour un homme de son âge.

« Vous apprendrez rapidement que ce qui me concerne vous concerne aussi. Vous êtes, après tout, et en dépit de toutes attentes, le futur de cette maison. Nous prendrons le thé dehors Gabriel ! » Dit-il d’un accent des plus prononcé à un jeune garçon roux qui se tenait droit comme une planche à côté de la porte d’entrée. Il hocha vivement avant de s’enfoncer dans la demeure qui, de ce que Reed pu voir, était à l’image de son jardin, parfaitement entretenue et suintante d’opulence. Il suivit son grand-père au sommet de la terrasse, venant se poser lourdement dans un des canapés de velours qui avait été sorti pour l’occasion. L’ancien fit de même, courbant lentement l’échine avant de se laisser retomber calmement dans son siège, droit et non vautré comme Reed.

« Très bien, de quoi vouliez-vous me parler ? » Reed toisait le vieillard en coin, le thé venant d’être servit avec des pâtisseries que l’Intendant jugea rapidement comme trop cuites. Le Vicomte se saisit de sa tasse, venant la porter à ses lèvres avant de la reposer.

« La famille de Méricourt, existe depuis plus d’une centaine d’années et maintient depuis toujours une image exemplaire en ce qui concerne la formation de soldats courageux mais aussi la production de blé pour le royaume. Depuis maintenant plus de cinquante ans, je suis à la tête d’une telle famille, Sergent-chef. Loin de moi l’idée de me penser immortel, je sais que la mort vient tous nous embrasser un jour ou l’autre. Comme je vous l’ai dit dans mes lettres, il est temps pour moi de trouver un héritier digne de se mettre à la tête de mon héritage. Cet héritier, je pense que c’est vous. » Dit-il d’un ton calme avant de poser son regard bleuté, tâché de quelques marques jaunâtres, sur celui du sergent-chef.

« Je pensais avoir été clair dans mon refus, monsieur le vicomte. » Reed ne se débinait pas. Il avait la ferme intention de tenir tête au vieillard et de refuser son offre qui était tout sauf intéressée. « Je crains que votre désir n’est qu’une façade. Vous avez besoin de votre héritier car votre autre fils le refuse et qu’il est impossible pour vous d’envisager reparler à votre fille. Vous n’avez que ma carrière en visuel et non le reste. »

« Oh mais mon cher Sergent-chef. » Il parlait avec une pointe de sarcasme, se voulant cassant. « Ne croyez-pas que j’ignore votre autre famille et ses besoins. Je suis bien aux faits de la pauvreté dans laquelle les vôtres nagent. Lordaeron était bien autre chose pour votre mère. » Il hocha silencieusement avant de reposer son regard froid et morne sur sa chair, affichant un sombre rictus. « Et si je vous disais que j’étais prêt à faire un geste ? Que jamais plus, votre famille ne connaitrait de tels problèmes ? Vous êtes Intendant d’un régiment, vous savez Ô combien la monnaie est importante dans ce monde. » Il jubilait, tapant de ses doigts libres sur l’accoudoir de son canapé, proposant un sombre marché à son propre petit-fils. Reed bouillonnait. Le Vicomte touchait à la corde sensible, pensant que les Fabre, une famille si fière, pouvait se faire acheter de la sorte. Puis il pensa à sa toute dernière petite sœur, dormant encore dans son landau. Cette dernière vivait dans les draps que au moins sept autres enfants avaient connu jusque-là. Il pourrait changer ça, permettre à son père de ne plus se tuer à la tâche dans l’espoir de faire vivre sa famille. Les aider plus que en donnant une partie de son salaire de garde. Il grogna, il ne pouvait l’accepter, cet homme avait blessé son père et banni sa mère. Ses traits se changèrent rapidement, plus bestiaux alors que ses yeux fusillaient du regard le Vicomte qui se jouait de sa famille.

« Non. » Dit-il calmement, alors que le vieux noble s’arrêta de boire pour toiser l’Elwynnien, un brin surpris par sa réponse. Reed se releva.

« Non ? Réfléchissez un peu mon enfant ! Cessez de vous emporter de la sorte ! » Clama le vieillard tout en se relevant avec son petit-fils, venant poser sa main sur son épaule fumante. Il fût rapidement repoussé avec violence par le Sergent-chef, tombant dans son canapé.

« Ma réponse est non et je ne vous permets pas de poser votre main sur moi. Vous pensez que tout à un prix ? Que l’honneur lui aussi s’achète ? » Il réfléchissait, il agissait lui aussi de la sorte après tout. A l’Intendance, il avait pour habitude de croire que l’argent réglait tout. Aujourd’hui, il vît enfin l’air de famille avec le vieillard qui souriait dans son canapé, il savait. Il savait que Fabre voyait comme lui. « Je… tout ce que vous incarnez, me répugne. Je ne veux plus que vous vous approchiez de moi et de ma famille ! Si le sort des miens est de rester dans la misère, le vôtre est de pourrir dans votre manoir, seul, et ne rien pouvoir y faire. » Reed se rendit bien compte que son emportement n’était pas plus dû au comportement du noble que à l’air de famille qu’il venait de trouver en lui. Il se détestait tout autant qu’il pouvait haïr le vieillard. Il se dirigea vers la sortie en grognant alors que le vieillard l’observait, souriant, regardant son chat siamois au regard perçant qui l’approchait.

« C’était donc vrai cette histoire de malédiction. » Il se tourna vers le félin à poils courts qu’il caressa de sa main parcheminée, le regard malicieux. Il revînt ensuite aux portes de son domaine qui venaient d’être claquées. « Il reviendra. Je lui trouverai bien une ou deux motivations qui le forcerons à revenir. Ne t’en fais pas. » Il ricanant avant de reposer sa tasse et de retourner dans son étincelant manoir, soufflant un rire.


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