Les mésaventures Fabresques
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Re: Les mésaventures Fabresques
Retour à la normale, Chapitre V« Comment ose-t-il ? Me parler ainsi à moi ? Son noble aïeul ? » Le vieux noble, qui avait finalement pris le temps de laisser sa colère faire trembler ses os, faisait les cent pas dans son opulent bureau. Il allait et venait dans la large pièce couverte de dorures en tous genres, d’œuvres d’arts mais aussi de mobiliers en acajou. Il affectionnait les belles choses, les apparences forgeaient l’homme, selon lui. Il errait d’un pas déterminé dans cette pièce où un homme, même de sa stature, semblait se perdre comme une fourmis au milieu d’un champs. Pourtant, c’était son charisme et son égo qui venaient combler se vide. Il avait congédié tous les domestiques de la pièce, prenant soin de se retrouver seul pour réfléchir. Il s’arrêta longuement devant son arrière-cour où étaient formés, ce qu’il pensait être les meilleurs soldats que l’Alliance pouvait avoir. L’exemplaire froideur de Lordaeron.
Il te pense faible, c’est ton âge qui te fait défaut. Ce jeune imprudent ne voit en toi que le vieillard qui a banni et chassé sa mère. Un croulant s’accrochant désespérément à son titre, ignorant ce qu’est le travail. Ces pensées sifflotantes lui revenaient sans cesse en son esprit, si bien que sa colère se voulait grandissante, comme une marée montante, venant ronger le rivage de sa patience et de sa retenue. Il réhaussa son ceinturon, se dirigeant vers son secrétaire en cèdre. Il envoya valser la dernière lettre de son petit fils avant de fixer ses soldats, répondant en rage à ces pensées.
« Je suis Georges de Méricourt, j’étais destiné à régner sur cette famille. » Il gonfla longuement les joues, la sueur coulant le long de ses tempes parcheminées alors qu’il frappa de son bureau, une impulsion s’en échappant. Il était à bout, il tira du vieux meuble une fiole au contenu violacé. Il embrassa le goulot et ingurgita la moitié de l’élixir, grimaçant en se tenant le cœur, pris d’aigreur. « Le travail ? J’ai rebâti cette famille qui ne vivait jadis que des champs d’Andhoral. » Il s’essuya la bouche, toisant son reflet déformé à la peau pâle et aux yeux presque jaunâtres. Il toussa dans sa large main, revenant ensuite coiffer sa chevelure de neige. « J’ai élevé notre famille plus qu’aucun de mes ancêtres. Je n’ai pas toujours été juste mais j’ai bâti un empire. J’ai accédé et discuté à la table du Roi Terenas II et ce petit effronté se targue de pouvoir refuser mon offre ? Comment ose-t-il ? »
Tu n’es rien pour lui. Tes victoires et tes exploits ne représentent rien à ses yeux. Tu es un lâche qui s’enferme dans son palais doré, ne sachant ce que sont l’effort et le sacrifice.Elles sifflaient encore, ces pensées qui rongeaient le vieillard. Il secoua la tête, chassant cette voix qui si souvent s’était permise de le contredire mais aussi de le guider. Il fixa son siamois qui le regardait, semblant sourire, tranquillement allongé dans un fauteuil turquoise surplombé d’un coussin rose. Il l’observait de son regard bleuté, le jugeait.
« Le sacrifice ? J’ai connu les pires sacrifices qu’un chef de famille pouvait connaître ! J’ai… J’ai banni ma propre fille pour son outrecuidance. J’ai perdu un fils face au fléau, en Quel’thalas, lui qui est devenu… ! J’ai assuré la pérennité des nôtres en fuyant Lordaeron et en pactisant avec- » Il fût interrompu, la porte de son bureau s’ouvrant alors qu’un homme quadragénaire pénétrait la pièce. Il portait une splendide armure blanche et dorée, des épaulières ornées de deux lions ; accordées au ceinturons. Sa large cape bleu roi entourait son cou et retombait à la base de ses chevilles. Le soldat toisait le vieillard, une mine inquiète alors qu’il recoiffait sa coupe blonde et grise. Son regard vert-feuille retomba sur la main tremblante du patriarche.
« Père, j’ai ouïe dire que vous avez vu mon neveux aujourd’hui ? En vous voyant, je gage que votre entrevue ne s’est point bien passée ? » L’homme lui offrit un sourire compatissant avant de poser sa large main sur son épaule, comme un fils aimant. Il ignorait tout du monstre qu’était son père et c’était tant mieux. Georges n’avait jamais vu en Adam un esprit très fûté comme le sien. Cet homme était trop gentil, trop proche des intérêts de l’Alliance. Courant de femme en femme, aidant les elfes de la nuit et toutes autres races alliées, il n’avait pas le sens des priorités. Un tel esprit à la tête de sa maison ruinerait tous ses efforts. Cependant, il faisait un bon larbin et un bon combattant. Mais il avait cette simplicité qui en faisant un faible stratège.
« Est-ce si évident que cela mon cher fils ? Il est évident que vous avez un don certain pour enfoncer les portes ouvertes. Aidez votre père à se rendre dans la chapelle. Il a besoin d’y méditer. » Dit-il alors qu’il se redressait, tenant fermement le bras de son glorieux fils. Ils traversaient le manoir, admirant le calme relatif de cet endroit. Surchargé de richesse, il offrait un havre de paix au vieil homme. Toute cette grandeur était après tout, ce qu’il méritait, ce qui le constituait. La richesse ne le définissait pas non, elle était lui, elle lui était même soumise. Cette grandeur, ile ne l’avait par mérité, il l’avait par son sang de noble. C’était un juste échange. Ils traversèrent le jardin pour arriver en un petit endroit, caché entre deux saules pleureurs. Les feuilles retombaient comme une pluie d’or, cachant l’entrée de cette chapelle assez modeste. « Veuillez me laisser maintenant, mon cher Adam. »
« Bien mon père. » Il s’inclina avant de traverser à nouveau les jardins dans un brouhaha de cliquetis. Ce jeune homme avait la même innocence stupide que sa sœur. Il observa longuement les plantes qui entouraient l’endroit, se rappelant de Lordaeron. Il se revoyait, plus jeune, surplombant les terres se son ancien hameau. Ces champs qui s’étendaient dans la vallée au pied de Âtreval. Ses régiments qu’il ordonnait sous les ordres direct du roi, ces grains qui lui avaient valut fortune pendant très longtemps puis… Puis… Ces grains. Il fronça les sourcils avant de se diriger vers une vieille fontaine dont il tira doucement le robinet. Une pierre s’écarta légèrement de la paroi, laissant place à un long couloir sinueux qui menait sous la bâtisse. Il s’y enferma, tirant sur son accoutrement, sur son manteau bleuté aux couleurs de Lordaeron avant de quitter la lumière du jour. Il arriva dans une large cave où une lumière verte et maladive brillait sans relâche. Là, un tome était posé sur un étrange piédestal en marbre, ce dernier était ouvert devant une étrange bassine tout autant de marbre.
« Voilà longtemps que je n’étais venu ici, enchanteresse. » Dit-il dans le vide alors que soudainement, les flammes vacillèrent. Une cape sombre, une guenille s’approcha, semblant sortir d’un mur alors que l’étrange silhouette le toisait dans l’ombre. Pas de visage, juste des lèvres étirées en un fin sourire blême. Il ne la regardait pas, se contentant de feuilleter le grimoire. La silhouette se mouvait dans l’onde, serpentine tout en ricanant. Un rire qui aurait glacé le sang d’un esprit aussi simple que Adam. Mais le compte était encore une fois venu ici pour passer un marché. Il n’avait pas été facile de transporter une telle personne en ces lieux, même si Georges se doutait que cette dernière ne vivait point ici.
« Vicomte, voilà bien longtemps en effet. Depuis… La mort de ce cher Adam et de… Votre fuite des royaumes du nord en somme. Que me vaut ce plaisir ? Etes-vous à nouveau dans le besoin ? » Dit-elle s’approchant sensuellement de ce dernier, courbant l’échine pour venir observer le grimoire et la page que l’homme observait. Elle eut un long rire cristallin, ramenant sa douce main aussi pâle que la lune sous ses atours.
« Surveille tes paroles, sorcière. N’oublie pas à qui tu t’adresses. » Il fronça des sourcils en saisissant fermement le poignet de cette dernière, menaçant de le briser. Elle rapprocha une dague toute tordue et suintant d’une énergie antique. Elle sifflota tout en le toisant par-delà la soie violacée de sa cape.
« Et n’oublie pas qui t’a donné ta maison. Qui t’a sauvé des griffes du fléau. Sans moi, tu serais mort, réduit à l’état de réprouvé sous les ordres de la Banshee ! » Elle siffla de colère tout en appuyant sa dague sur la jugulaire de l’homme qui relâcha rapidement son poignet, cette dernière reculant dans les ombres vaporeuses de la grotte. Sa cape la suivait en un geste fantomatique, suivant les formes déformées de son corps. Probablement les conséquences de son utilisation abusive de forces qui la dépassaient.
« Un sacrifice dont je me rappellerai tous les jours. J’y ai perdu mon fils. Adam. » Il passa sa main sur son cou avant de toiser à nouveau le livre, reprenant ses airs impérieux. Un large sourire s’afficha sur son visage alors qu’il faisait tourner les pages sans vraiment les toucher, arrivant finalement à ce qui l’intéressait plus que tout, posant ses yeux sur une plante provenant des lointains royaumes de Gilnéas. « Mais je ne viens pas ici rappeler le passé, ma chère. J’ai besoin de tes talents et je gage que les choses que j’ai à t’offrir, te motiveront à m’aider. » Elle siffla silencieusement alors que les ombres les entouraient, pour plus d’intimité.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Retour à la normale, Chapitre VI« Es-tu sûr de ne pas vouloir au moins écouter ce qu’il a à dire Reed ? » Dit la femme en déposant sa tasse de thé, fronçant doucement les sourcils avant de remettre en place une mèche blonde-rousse qui venait de retomber au centre de son visage. Elle posa son regard maternel sur ce dernier et son fiancé, bien assise dans son fauteuil alors qu’elle tenait en ses bras le dernier membre de la lignée des Fabre, une petite fille nommée Fiona. Une réunion non-officielle de la famille en somme. A ses côtés se tenait Flora, son deuxième enfant, née peu après Reed. La jeune femme, qui gardait les traits de sa mère, portait une robe pourpre aux armoiries qui faisaient grimacer légèrement Fahrad. Reed l’avait remarqué dès le début de cette entrevue. Ce n’était pas la faute de la jeune fille, loin de là.
« S’il a refusé, c’est bien qu’il ne voulait pas l’entendre davantage, maman. » Flora parlait d’une voix bien calme, sirotant elle aussi le thé qui avait été servit en début d’après-midi. La majorité de la petite famille profitait du calme d’Elwynn, la discussion portant sur l’horrible grand-père qui avait réussi à agacer l’Intendant du régiment de la Garde de Hurlevent. Flora se leva ensuite, reprenant sa petite sœur pour débarrasser sa mère, l’amenant avec elle prendre un bon repos. La chaleur de l’été n’était pas bonne pour les bébés. Au loin jouaient Elio et Adrian, les deux enfants profitaient de leur grand-père Halfred qui jouait à la chasse avec eux. L’incroyable colosse quadragénaire chargeait tel un taureau, marchant maladroitement sur sa salopette avec ses larges pieds nus, cela faisait un moment qu’il n’avait joué avec des enfants de cet âge.
« Je n’ai pas envie de l’entendre, pas plus que de le voir. Il t’a chassé maman. Il a aussi frappé pa’. Il a même écrit au Commandant Hellenlicht. » Reed toisait les bois, assis sur le perron alors qu’il fumait calmement sa pipe. Le mage avait posé une douce main sur sa cuisse en signe de soutien, gardant un œil sur ses enfants, un fin sourire aux lèvres. Il était préoccupé mais cette vision restait bien reposante.
« Je te comprends Reed mais écoute au moins les conseils de ta mère. » Le mage ne voulait point le disputer sur son choix. Mais il rappelait au blond que sa mère connaissait mieux le vieillard et que de fait, elle pouvait probablement lui dire quoi faire. Il caressa doucement son fiancé avant de revenir à ses enfants, prenant son rôle de père bien au sérieux.
« Hellenlicht ? Ce nom ne m’est pas inconnu. Je gage que père a usé de ses connaissances pour s’adresser à ton Commandant Reed. Je reconnais là sa fourberie mais… Il faut que tu comprennes qu’il possède une vision différente de la fierté. » Elle soupira, sa mine devenant soudainement plus renfrognée. « Au moins, ton entrevue avec lui m’aura appris qu’un de mes frères est tombé… Le pauvre Adam, notre père avait toujours plus d’espoir en son aîné et non en lui. Je gage qu’il en souffre beaucoup aujourd’hui. » Elle se balançait doucement sur sa chaise, attristée alors qu’elle gardait les jambes serrées et légèrement inclinées sur la gauche. Les mains sur ses cuisses, bien droite, sa noblesse avait laissé des marques bien visibles.
« Il ne m’en a pas parlé en mal. Mais j’ignore quoi faire concernant ce vieillard. Wallace m’a conseillé de contacter la chancelière Farral dans le but d’en apprendre plus au sujet de sa maison, elle sent un coup fourré dans son approche. » Il déposa sa pipe avant de se relever en un grognement, s’étendant alors que sa salopette retombait sur ses bottes de cuir. Il ajusta sa chemise en flanelle, lissant cette dernière avant de se tourner légèrement vers sa mère qui restait pensive.
« Un coup fourré ? Cela l’étonnerait. J’ai souvenir que père était plus habitué aux démonstrations de force. S’il avait un problème avec un noble d’une autre famille, il réglait son linge sale sur la place publique, au sein de la Cour, humiliant son opposant. Tu comptes contacter la chancelière ? » Elle observa un moment son aîné, souriant doucement en voyant l’homme splendide qu’il était devenu. Il ressemblait bien à Halfred, en blond. Comme le père Fabre, Reed était large d’épaules, imposant et donc, bien bâti. Elle en était fière.
« C’est ce que m’a conseillé Wallace et même si elle est déjantée, je pense qu’elle a raison. Je doute que son approche soit sincère. » Il grommela, s’appuyant contre une des poutres qui soutenait le perron, revenant à son fiancé puis ses enfants et enfin son père. Il soufflait longuement, piochant dans sa sacoche une herbe à la forme de croissant de lune. Il vînt ensuite la mâchouiller avec insistance. Fahrad, en le voyant faire, posa sa main sur le mollet de son aimé, le massant doucement.
« Et si tu demandais aussi à Jack de faire son enquête ? Il est de Lordaeron si je me souviens bien et pourrait t’aider à trouver des réponses le concernant. Je peux aussi user de mes connaissances mais, je pense que Lovelace saura être une bonne aide dans cette affaire. » Le mage souriait tout en apportant son soutien à son fiancé. Il savait que l’une des meilleures aide que Reed pouvait avoir était celle de ses collègues et surtout de son meilleur ami. De plus, les talents d’informateurs que possédait le grison de la garde n’étaient plus à prouver.
« Tu as raison, j’irai lui en parler. Et je vais envoyer un courrier à la Chancelière. Je prendrai aussi soin de me tenir informé de ce que le Commandant va répondre à ce… » Il fût interrompu par sa mère qui claqua de sa langue avant de le regarder en fronçant les sourcils.
« Reed, il reste ton grand-père. » La femme n’était point froide. Elle comprenait la douleur de son fils mais refusait catégoriquement que ce dernier puisse renier ses origines. La fermeté de la femme étonnait toujours le blond qui se résignait, respectueux. Il chercha ; pendant un bref instant ; un peu de soutient auprès de son père mais ce dernier était bien trop loin, jouant avec ses enfants sans s’épuiser.
« Oui m’man… Tu as raison mais… » Il baissa la tête alors qu’elle le coupa, se relevant en regardant son fils droit dans les yeux. Elle était bien plus petite mais cela ne l’arrêtait en rien. Sa douceur avait ses limites et la femme était proche de ses valeurs et tenait à l’éducation de ses enfants. Elle savait comment Reed était et son armure ou encore son insigne n’allaient pas lui offrir un traitement de faveur.
« Il n’y a pas de mais, Reed. Je t’ai mieux éduqué que ça. Il a beau être le plus horrible des hommes, je souhaite que tu le traites avec un minimum de respect. » Elle se tourna ensuite vers sa chaise où elle retourna s’asseoir, piochant une viennoiserie qu’elle lança à son fils. Il l’attrapa en la regardant, comme un enfant qu’on avait disputé, ce qu’il était en somme. Il retourna s’asseoir vers son fiancé, tout gêné. Le mage le regarda en coin, évitant de se mêler de cela. Après tout, c’était une discussion de parent à enfant et il ne pouvait qu’appuyer les propos de sa mère en matière de langage. Halfred arriva lentement vers son fils et son fiancé, en sueur. Il soupira longuement avant de se tourner vers les enfants qui jouaient encore aux abords des champs. Il reposa son regard sur Reed avec un franc sourire, retirant une bretelle de sa salopette après avoir ouvert quelques boutons de sa chemise.
« Plus énergiques qu’des Kobolds d’vant une bougie ! Sur ce, j’vais m’lavé, moi j’sens l’kobold ! » Il ricanant avant d’ébouriffer son fils, filant dans la bâtisse, laissant les deux hommes et son épouse. Elle resta pensive, toisant les jeunes. Reed ricana en observant son père, son modèle avant de revenir à Fahrad qui lui souriait, dégustant une tranche de cake au citron avec minutie.
Reed observa longuement les bois, cherchant un bref répit. Il fronça les sourcils, jurant avoir vu quelque chose fuir dans les bois. Il se ravisa ensuite, probablement la fatigue. Il allongea ses bottes le long des marches, ses genoux blanchissant alors qu’il boudait contre son fiancé, ce dernier venant passer son bras autour du large cou de Reed.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Retour à la normale, Chapitre VIIA nouveau, il sillonnait les rues de la capitale humaine, foulant les pavés de son pas déterminé et empreint d’une fierté pleinement assumée. Ses longs et larges pieds bottés de cuir laissaient un écho dans les ruelles de la vieille ville. Le soleil était couché depuis longtemps et un léger vent frais venait caresser les remparts de Hurlevent. Il redressa sa salopette en coton bleue, héritage de son père, toujours aussi usée de partout. Il sourit brièvement en songeant au fait que le fils de paysan qu’il était avait réussi à atteindre le rang d’officier au sein de la garde. Et cela sans l’aide d’un lignage ou encore de faveur d’un tel ou un tel, juste par son travail chevronné, il y était parvenu. Il laissa pourtant retomber une bretelle de sa salopette, la débraillant par plaisir en cherchant un croissant au chocolat bien mérité qui patientait dans sa poche ventrale depuis tout ce temps. Il le dévora sans vergogne, laissant retomber quelques miettes sur sa barbe blonde encore trempée par sa douche qu’il eut pris après son service.
Il accéléra le pas, comme à chaque fois. Il se retrouvait à nouveau dans cette rue, souriant, prêt à bondir dans sa maison auprès de son fiancé et lui annoncer la grande nouvelle. Il se pressa, passant à côté d’une fontaine où il se rinça le gosier avant de reprendre sa route, passant sous les éternelles voûtes menant aux canaux pour finalement atteindre la large porte de chêne qui menait vers sa maison. Jadis, il n’avait que l’étage du haut et le louait mais avec le temps, il avait économisé et avec l’aide de l’opulente richesse de son aimé, il réussit à acheter la maison encastrée pour en faire son incroyable demeure. Rustique certes, loin de l’élégance de Dalaran mais tout de même, le blond en était satisfait. De plus, il avait pris soin d’apporter une touche Elwynnienne à sa demeure, faisant honneur aux bûcherons du Val d’Est en meublant sa maison avec des œuvres de son terroir. Il se pressa contre la porte, tourna la serrure de sa clef et s’engouffra dans la maison. Il monta à l’étage directement, balançant ses bottes dans les escaliers et retirant ses chaussettes pour finalement arriver dans le salon où un feu brûlait doucement.
« Félicitations Lieutenant Fabre ! » Dit une voix en provenance de derrière un fauteuil. Reed sourit en s’avançant, apercevant l’ombre de deux verres et d’une bouteille remplie de champagne. Fahrad tourna brièvement la tête vers lui, un large sourire aux lèvres alors qu’il se releva doucement de sa chaise, déposant sa tasse de thé sur la table avant de s’avancer d’un pas gracieux vers son fiancé, venant doucement l’embrasser avant de le prendre lentement dans ses bras.
Reed referma doucement ses grands bras autours de son aimé, un large sourire aux lèvres alors qu’il se reposait enfin. C’était là un rituel qu’ils avaient pris depuis la malédiction que le blond avait contracté, il se ruait dans les bras du mage dès qu’il revenait du travail. Il le serra un peu plus fortement tout en venant renifler doucement son cou. Toutes ces odeurs qu’il n’avait jamais senti auparavant. Il soupira doucement avant de revenir à lui, front contre front.
« Tu as gâché la surprise, satanée divination. » Il gloussa doucement avant de tirer son fiancé avec lui vers la bouteille qui était encore fermée. Le mage n’avait tout de même pas fait l’affront de boire avant sa venue. « Tout cela pour moi ? » Il avisa les fraises fraîchement coupées et la chantilly qui accompagnaient la boisson des célébrations. Un sourire en coin, il revînt à Fahrad.
« Nul besoin de fouiller dans tes pensées ou encore de lire dans l’avenir. J’entendais ta joie depuis le salon alors que tu n’avais pas fermé la porte de la caserne. » Il ricana doucement avant de lui prendre doucement la main, glissant la bouteille de champagne que Reed s’empressa d’ouvrir, laissant couler doucement dans les verres l’or liquide. « Et oui mon cher ! Tout cela pour vous Lieutenant. » Dit-il avait un ton faussement militaire avant de prendre le verre que Reed venait de lui tendre. « A ta réussite ? »
« A notre réussite, Fah’. C’est bien aussi grâce à toi que je suis arrivé où j’en suis ! » Il ne pouvait s’arrêter de sourire, à tel point que sa mâchoire devenait douloureuse. Il trinqua doucement avant de s’approcher un brin, l’embrassant une nouvelle fois. « Je t’aime. »
« Moi aussi Ree’. » Il lui rendit son sourire avant de boire doucement, avisant d’un air complice les chambres fermées des enfants. Ils dormaient depuis longtemps et les connaissant, les deux adultes seraient calmes jusqu’au lendemain. Il vînt prendre doucement la bretelle encore levée de Reed pour le tirer avec lui au balcon. Le blond ne manqua pas d’emporter avec lui les fraises, la crème et le champagne, c’est qu’il en avait envie aussi !
Ils s’allongèrent doucement sur leur fameux perchoir, le toit de la maison qui donnait une vue sur Hurlevent et ses toits. Ils avaient un peu aménagé la chose depuis, y ajoutant de quoi poser les verres mais aussi quelques plantes dont le mage s’occupait pendant son temps libre. Un genre de jardin suspendu qu’il chérissait tout autant que ses livres. Il avait planté des fleurs venant de tout Azeroth mais aussi des fruits, des légumes et quelques plantes médicinales. Ils s’allongèrent sur une petite couche qu’ils avaient installés depuis quelque temps, avisant calmement les étoiles.
« Je suis si fier de toi Reed. Je t’ai connu et tu n’étais même pas recrue. Aujourd’hui te voilà officier et… Je n’ai juste pas les mots pour te dire à quel point j’éprouve de la fierté d’être à ton bras. Non pas par ton travail, mais juste à cause de l’homme que tu es devenu. » Il était un brin nostalgique, cela leur arrivait à chacune des promotions du blond qui leur offraient un genre de retour sur leur relation, des chapitres dans un long, très long roman. Il se lova doucement contre le blond qui avait pris soin d’ouvrir sa chemise et de faire tomber la seconde bretelle, mourant de chaud par cette nuit d’été.
« Et moi je suis si fier de t’avoir Fah. Toi, les enfants, je n’aurais jamais pu rêver mieux. Et je n’ai pas ton talent mais je pense pouvoir prédire un bel avenir. » Il observa longuement les étoiles briller avant de revenir au corps de son fiancé qui se voyait caressé par la douce lueur de la pleine lune. Il le regardait aussi.
« Ah oui, et pourquoi une telle prédiction ? Tu t’inventes divinateur ? » Un brin espiègle, comme toujours, le mage lui offrit un charmant sourire avant de lui caresser doucement sa crinière de blé. Il restait pensif alors que Reed fronçait les sourcils tout en venant se coller un peu plus à Fahrad.
« Car je t’ai toi. Et que depuis toujours, nous nous en sommes toujours sortis ensembles. Cela continuera, ensemble nous sommes invincibles ! » Il hocha la tête d’un air entendu alors que le mage eut un petit rire. Il vînt l’ébouriffer avant de lui tendre son verre, buvant calmement avant d’y ajouter une fraise ou deux.
« C’est vrai que nous faisons une fine équipe mon Lieutenant. C’est bien plus plaisant à dire que Sergent-chef ! » Il lui fit un clin d’œil avant de reprendre. « Je suis sûr qu’on aura un avenir radieux Reed, je le vois dans nos enfants moi aussi, mais surtout dans tes yeux. » Ils burent doucement leur verre, s’en réservant un peu après.
Bientôt, toute la bouteille fût sirotée et les fraises furent englouties, laissant une légère ivresse sur le regard des deux amoureux qui s’éclipsèrent dans leur chambre d’un air complice et entendu, refermant doucement la porte pour profiter de la pénombre la plus extrême mais aussi, d’un repos bien mérité.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Ajout d'une image de Titre !!!
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Re: Les mésaventures Fabresques
Retour à la normale, Chapitre FinalAu matin, Reed annonça la nouvelle à ses deux enfants. Elio sautilla de joie alors que Adrian vînt offrir un doux câlin à son père. La petite famille était heureuse et pourtant, Reed était resté songeur. En observant le mage préparer son thé d’un coup de baguette, un brin curieux. Il n’avait jamais regardé les arcanes de cette manière et soudainement, tout devînt clair à ses yeux.
« Je souhaite que tu m’apprennes la magie. » Il fronça les sourcils, observant le mage qui manqua de s’étrangler avec sa tasse de thé avant de la reposer et de toiser longuement le frais Lieutenant. Il secoua vivement la tête en avalant sa gorgée, désabusé.
« Pardon ? Tu veux que je t’apprenne… A user des arcanes ? » Il voulait être sûr d’avoir bien entendu même s’il était rare de ne pas entendre Reed. Ce dernier, par sa voix grondante, chaude et grave, savait se faire entendre. Les enfants jouaient dans le salon alors que le mage vînt se poser à côté de son aimé, posant une main sur son large avant-bras poilu. Il était torse nu, ne portant que son bas de coton qu’il gardait pour dormir.
« C’est ce que j’ai dit. » Il vit rapidement la mine du mage, désapprobateur. « Mais enfin Fahrad ! Regarde-moi. Avec les arcanes je saurai moi-aussi me rendre utile. Si demain on nous attaque, tout ce que je peux faire c’est lever mon épée et mon bouclier alors que toi… Tu peux autant te défendre que nous défendre. » Fahrad vînt doucement sourire avant de poser sa tasse.
« Reed… Les arcanes ne sont pas une chose qu’on apprend en un claquement de doigt. Ce n’est pas pour rien que l’on en fait des écoles spécialisées. Et tu oublies tes récents… atouts. Tu peux très bien nous protéger ainsi. » Il savait que ce complexe existait depuis longtemps au sein du blond. Pourtant, il voulait l’en préserver et le soutenir au possible. Il disait vrai, un worgen n’est pas une force anodine, même lui pourrait avoir quelques soucis en affrontant une telle cible ; plus résistante, plus rapide, plus forte et surtout beaucoup plus dangereuse. Le blond ne devait simplement pas voir tout le potentiel qui s’offrait à lui.
« C’est un non ? » Il fronçait les sourcils, finissant d’étaler le coulis de framboise sur sa tartine beurrée, avisant le mage qui relâcha un long soupire avant de retirer ses lunettes pour se masser lentement les sinus.
« Cela te prendrait du temps. Tu as certes une capacité et un lien certains mais comme beaucoup. De plus, tu es âgé, c’est bien plus dur d’apprendre à ton âge. Non Reed, il te faut vivre sans pour l’heure. Regarde-toi, tu es bien plus que ce que tu ne penses, Lieutenant ! » Il soupira, un brin embêté de refuser ceci à sa moitié avant de lui poser une main sur la joue. « Mais rien ne m’empêche de t’apprendre les bases théoriques pour ton apprentissage personnel. Nous aviserons ensuite. » Il tentait d’appliquer un pansement, Reed soufflant du nez avant de hocher doucement.
« Je voulais apprendre les bases de l’enchantement. C’est une école utile pour un membre de l’intendance et j’ai même lu que à terme, on peut faire des choses grandioses en bon enchanteur ! » Le mage eut un petit rire avant de se relever et venir se placer dans le dos du colosse des forêts, le prenant doucement dans ses bras, un fin sourire aux lèvres avant de lui voler sa tartine pour en prendre une morse qu’il avala rapidement.
« Tu me parles de mages qualifiés qui ont des années de pratiques derrières eux. Mais je prends note du bien fondé de ton envie qui n’est point un caprice mais une volonté de te rendre utile. Mais Reed Fabre, dois-je te rappeler ce que nous avons dit à Adrian qui tenait le même discours que toi ? » Il hausse un sourcil, relevant le visage du blond, le toisant à l’envers tout en souriant, le recoiffant.
« Qu’il n’avait pas besoin de magie… Qu’on l’aimait… Qu’il savait avoir des atouts que même un mage ne saurait avoir… » Il soupira, un brin embêté de voir qu’il avait le même discours que son fils et que ce dernier semblait avoir mieux vécut la chose. Il hocha doucement puis vînt l’embrasser avant de finir sa tartines. « Tu… Tu pourrais alors me trouver des ouvrages sur ma… condition ? »
« Cela ne saurait être un problème. » Il lui souffla doucement à son oreille un je t’aime avant de retourner s’asseoir, prenant sa tasse en main. Il resta songeur en observant son aimé, ce dernier avait tristement besoin d’assurance et si c’était en étudiant qu’il en trouvait, le mage ne pouvait que l’aider. Il hocha brièvement avant reporter son attention à sa bibliothèque, bien plus petite que celle qu’ils possédaient à Boralus. Il passerait l’après-midi à trouver des ouvrages parlant de la malédiction worgen, du druidisme et dans une certaine mesure, des notions de base de l’enchantement. Il eut un bref sourire en songeant au fait que son fiancé, qui le surprenait de jours en jours, voulait désormais toucher un peu à son univers magique.
Reed en revînt à son plat qu’il englouti assez rapidement, venant préparer le café avant de se diriger vers ses enfants, un large sourire aux lèvres. Il joua avec eux doucement sous le regard doux de son fiancé qui était assis confortablement dans son fauteuil. Ce dernier avisait sa bague de fiançailles. Bague que Fabre avait changé il y a peu. En effet, le beau blond se rappela doucement ce qui devait s’y trouver jadis. Il fronça les sourcils, se remémorant alors que son fils, Elio, le jeune haut-elfe, courrait après le chat.
Dalaran avait été attaquée, le temps où la Légion ne causait que quelques incursions était bel et bien terminé. Reed avait fait face aux invasions de la Marche de l’Ouest puis faisait désormais régner l’ordre à Hurlevent, limitant les quelques attaques de démons infiltrés. Mais aujourd’hui, le blond avait appris que la cité pourpre avait été en proie aux bombardements de la Légion. On ne savait depuis trois jours ce qu’il restait du fief des mages qui volait au-dessus des Îles Brisées, le jeune garde tremblait à l’idée que son récent et premier compagnon, Fahrad, ait pu être blessé.
Cependant, il avait un devoir. Ce soir-là, il patrouillait en civil, au port, observant les quelques réfugiés de Dalaran qui venaient d’arriver. Il demandait çà et là s’ils connaissaient Fahrad Wagner. Cela ne devait pas être compliqué, le mage était professeur à l’académie de Dalaran et était devenu, un genre de personnalité pour les étudiants. Cependant, personne ne lui répondait, tous étaient sous le choc. Il grommela, continuant sa route, le cœur serré, marchant sur les bords du port. Il s’imaginait le pire, observant ses pieds, tirant sur sa chemise pour la redresser, serrant sa hache fortement dans sa paume, le regard plissé. L’air salé venait flirter avec ses narines et l’orage d’été venait encore secouer les rivages, faisant virevolter sa chevelure d’or sous quelques rayons de soleil qui parvenaient à percer l’épaisse couche de nuages noirs. La pluie tombait avec intermittence, comme si le temps lui-même sonnait faux, rien n’avait de sens pour l’heure. Son cœur hurlait aussi fort que les fracas du tonnerre au loin, qui fendait les airs en des reflets pourpres déchirants. L’écume lui frappait parfois le visage, accompagnée d’un sable flottant, réchauffé par un été des plus étranges.
Depuis la mort de sa majesté, le Roi Varian Wrynn, le temps semblait changeant en Hurlevent. La mort d’un géant pareil, d’un colosse qui avait su inspirer tout un peuple et qui semblait invisible, prêt à mener toutes les guerres, toutes les batailles. Et pourtant, désormais, rien. Alors pourquoi cela serait-il différent pour son mage adoré ? Il broyait du noir, il tournait en boucle, encerclé par la tempête qui harcelait encore sa charmante cité blanche.
« Reed ! » La voix lui trancha le cœur. Il s’arrêta de marcher, serrant sa hache. Était-ce là son imagination ? Il tourna légèrement la tête alors que la voix répéta encore une fois son nom : « Reed ! » Il tourna définitivement la tête, cela ne saurait être son imagination. Son visage se fendit en un large sourire accompagné d’un de larmes qui s’étalaient dans les tranchées que la fatigue avait creusé dans son visage. Il était là ! Le mage aux cheveux de jais se tenait devant lui, un brin décoiffé par la mer agité. Il souriait doucement, se tenant droit avec une élégance constante. Même une centaine de bombes gangrénées n’avaient su démolir l’image grâcieuse que l’homme se tenait à maintenir. Même des milliers de démons n’avaient su le tuer. Même une Légion n’avait su le lui arracher. Il portait sa robe du Kirin Tor, de pourpre et d’argent. Aucun pli, comme intouché. Il souriait aussi, tendant légèrement les bras. La fatigue se lisait sur son visage.
« Fah’… Fahrad ! » Il s’élança sans broncher, faisant tomber sa hache au sol, cette dernière ricochant plusieurs fois sur les pavés. Il ne pouvait plus attendre, renfermant ses bras d’ours sur la svelte silhouette du professeur. Il l’enlaça avec une passion sans bornes, le retrouvant après tant d’absence. Une absence avec laquelle il avait appris à vivre et qui pourtant, n’enrayait en rien l’amour qui dégageait du beau blond. Il senti son cou, c’était bien lui. Il faisait rouler le tissu violacé entre ses doigts, le retrouvant avant de venir simplement le regarder, front contre front, leurs regards se croisant, illuminés par quelques larmes de joie. Ils étaient enfin ensemble. « Tu es revenu. » Dit-il avec un brin de soulagement.
« En as-tu jamais douté ? » Un léger sourire espiègle se dessina sur son visage, se rappelant de la promesse qu’ils s’étaient faite : de toujours se retrouver. Il l’avait tenue. Reed eut un léger rire avant de se pencher et l’embrasser. Leurs lèvres s’entremêlèrent doucement alors que le vent faisait onduler leurs cheveux, leurs habits, leurs êtres. Ils étaient transportés, comme si rien n’avait jamais changé. Les événements pouvaient se succéder, leur amour demeurerait intact, toujours aussi pur et puissant. Reed avait eu peur de le perdre, de ne jamais avoir pu lui dire ce qu’il ressentait vraiment. Ce qu’il désirait vraiment. Il cligna des yeux, prenant les mains du mage qu’il tira vers le rivage tempétueux, comme si de rien, ne rompant pas leur échange.
Puis, dans un acte de pure folie, il se détacha de lui. Le mage le regardait avec un large sourire avant de froncé les sourcils puis finalement d’écarquiller les yeux. Il n’osait imaginer ce qu’il se passait, voyant lentement le blond poser un genou au sol. Ses frusques s’imprégnaient de l’eau encore tempérée, la pluie venait doucement s’inviter. Ils s’enfonçaient légèrement dans le sable alors que le garde vînt prendre la main de son amant. Reed le fixait de ses iris azurées, un sourire mutin mais sincère.
« Reed qu’est-ce que tu… ? » Il ne pouvait réaliser alors que le blond lui fit signe de se taire, et ce avec douceur. Il grommela, les joues virant rapidement au rouge alors qu’il ne savait par où commencer. Il inspira longuement de ses nasaux avant de fermer les yeux, se concentrant. Il revînt à Fahrad qui lui offrait une vue magnifique. Le mage se trouvait baigné dans un ciel chaotique et pourtant magnifique, sa robe, ses cheveux, son être balayé par les bourrasques ardentes de l’orage.
« Fahrad. J’ai eu terriblement peur de te perdre. Quand j’ai… Quand j’ai appris ce qu’il s’était passé à Dalaran, j’ai eu peur de ne jamais plus pouvoir te dire combien je t’aime. De ne pas avoir eu l’occasion de te le dire, à quel point tu comptes pour moi. Je ne veux pas m’imaginer un monde sans toi. Je ne pourrais y vivre. Tu sais que j’ai toujours eu quelques difficultés à avouer, à poser des mots sur ce que je ressens. Mais aujourd’hui, je sais que si je ne le fais pas, il se peut que jamais plus, je ne le pourrai. » Il renifla doucement alors que le mage qui semblait d’habitude si sûr de lui, tremblait. Non pas de peur, ce n’était pas ce qui brillait dans son regard. Une éternelle passion, une joie immense et un amour bien plus puissant que la pire des tempêtes. « Je ne veux pas mourir en me disant que je n’aurai jamais pu te promettre de t’aimer éternellement, au-delà de la mort, au-delà de toutes distances, au-delà du temps. » Il fit une autre pause alors qu’il regarda longuement Fahrad qui restait sans voix. « C’est en cela que je te le demande aujourd’hui, mon amour. Veux-tu me faire l’honneur de m’épouser ? » Les larmes tombèrent des yeux de l’un comme de l’autre. Le mage voulu prendre un temps mais son cœur qui frappait en son sein vînt lui arracher la réponse en une voix teintée de joie.
« Oui ! Je… Je le veux de tout mon être, de toute mon âme Reed ! » Il rougit doucement avant de se baisser, tombant lui aussi à genou dans le sable humide. Il prit le visage bourru de l’ancien bûcheron entre ses longs doigts fins, venant l’embrasser doucement puis passionnément. L’échange était intense et Reed réalisait à peine qu’il avait désormais devant lui Fahrad Wagner, son fiancé. Puis, dans un second temps, il se rendit compte qu’il n’avait pas de bague et encore moins les moyens d’en offrir une avec sa maigre solde de garde. Il porta ses mains à ses bottes, retirant deux anneaux de cuivre qui devaient jadis tenir des lacets. Il vînt en passer un à l’annulaire de son aimé, le regardant avec amour.
« Un jour, je le remplacerai par une bague digne de toi, je t’aime Fahrad. » Dit-il avant de l’embrasser à nouveau dans la foulée. Ils s’écroulèrent dans le sable, s’embrassant encore et encore, le temps s’échappant doucement de cette nouvelle réalité. Fêtant leurs fiançailles, les deux hommes se reposaient enfin.
En revenant à lui, Reed fronça les sourcils. Il remarqua avec un brin de stupeur, d’amusement puis finalement de joie que derrière cette nouvelle bague brillait un reflet légèrement roux. Un anneau de cuivre restait proche de la bague, presque collé et pourtant jamais retiré. Il sourit doucement avant de regarder son tendre fiancé, un large sourire aux lèvres. Peut-être était-il temps d’envisager de franchir le pas suivant. Depuis le temps qu’ils le prévoyaient ce mariage…
Reed Fabre- Citoyen
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Lieu de naissance : Val d'Est, Elwynn
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Feuille de personnage
Nom de famille: Fabre
Re: Les mésaventures Fabresques
Interlude, "Faire les choses bien" Chapitre I« Es-tu sûr que tu sois prêt ? » Demanda Fahrad tout en marchant calmement dans les bois de la forêt d’Elwynn, accroché au bras de Reed encore blessé, l’observant de son regard azuréen avant de balayer de ce dernier l’étendue de verdure. La forêt était calme, une fin d’après-midi des plus typiques e la région. Le soleil tapait encore assez fort, les oiseaux chantaient encore et il n’était pas rare de croiser des villageois sur la voie royale. Le mage portait une robe aux teintes pourpre, couleurs de son ordre, il avait pris soin d’être plus que présentable, la barbe taillée à la perfection et sa coiffure, bien qu’ondulée, ne se laissait pas ébranler pas le doux zéphyr qui soufflait sur le chemin menant au village le plus reculé de Elwynn.
« Plus que prêt Fah’. Il faut bien que tu les rencontre un jour, non ? » Fabre était confiant en tournant légèrement la tête pour voir le visage de son aimé qui s’était changé en une grimace. Il savait Ô combien l’elwynnien n’était pas serein à l’idée que son compagnon rencontre ses parents mais restait respectueux devant sa décision. C’était sa famille, ses règles, c’était à lui de choisir quand était le bon moment. Le garde portait une salopette, de quoi faire se dresser les cheveux sur la tête du mage.
« Oui tu as raison. Saches juste qu’il est encore temps de faire demi-tour et que… nous pouvons toujours reporter, rien ne presse. » Il est vrai que rien ne pressait. Mais ces mois passés loin l’un de l’autre et ces soudaines retrouvailles avaient changé la vision que Reed se faisait du temps. Certes, le temps est infini mais nous n’en avons jamais assez. Il pressait le pas en voyant se dessiner la colline du Val d’Est au loin, proche du lac où il avait cru voir le cadavre du mage il y a de cela quelques mois.
« Non, je veux qu’ils te rencontrent, je ne veux plus me cacher Fahrad, pas devant eux. Ils n’auront qu’à accepter ou non, cela sera le même prix. » Fabre était déterminé en traversant le village de son enfance où il avait vécu des tonnes d’aventures. Il saluait les quelques bûcherons qu’ils croisaient, anciens collègues du jeune blond dans un temps qui semblait aujourd’hui bien lointain.
« Si tu le dis, je ne peux que te soutenir Reed. Je me demande quelle est ta maison. » Il souriait doucement, apaisé par les mots de son compagnon tout en caressant sa propre barbe de son index et de son pouce. Reed pointa directement le haut du village de son index en ricanant.
« La plus haute de tout le village, je pouvais déjà surveiller les habitants. Garde du Val d’Est ! » Il riait doucement tout en gravissant la butte de terre, découvrant petit à petit la maison de son enfance. Un vieux chien assez massif, une boule de poil semblable à un ours se leva pour aboyer en direction du couple. Un briard aux oreilles relevées, s’approchant avec lenteur, un vieil animal visiblement. « Oural ! Viens pépère. » Le chien se jeta sur Fabre, faisant une bonne taille sur ses deux pattes, il léchait le visage de son ancien maître tout en se faisant caresser. Le mage eut un léger mouvement de recul en observant la scène, attendri.
« C’est donc le fameux Oural Fabre ? Salut toi. » Il tendit sa main alors que le chien tenta de lui sauter dessus à son tour. Cependant, son compagnon arrêta la bête en la retenant par le collier. Il se contenta donc de renifler la main blanche et fine puis la lécher rapidement. Il semblait avoir repris vie en voyant Reed.
« Oui, mon meilleur ami si on peut dire. Il a aujourd’hui une quinzaine d’années je crois- » Il fût arrêté par une voix familière qui avait trancher ces belles retrouvailles.
« Reed ? » C’était sa mère, elle se tenait sur le perron, portant une robe bleue à lacets, mettant en valeur sa silhouette totalement étrangère à la carrure des paysannes de la région. Elle souriait doucement en s’avançant. Elle n’avait pas changé, ou presque si on ne prenait pas en compte le bébé qu’elle tenait d’une main et les quelques mèches grises qui se présentaient sur la chevelure de la belle femme. Elle avait redressé ses cheveux en un chignon bien serré, lui donnant une élégance qui détonait encore avec l’endroit, une fleur piquée au niveau des oreilles, probablement un cadeau de son père.
« Maman ! » Reed s’avança pour venir embrasser sa mère puis l’enfant qu’elle tenait. « C’est donc Antoine ? Bonjour toi. » Il souriait en venant porter le petit doucement, oubliant pendant un instant ce pourquoi il était venu. Il bordait son petit frère qu’il n’avait pas encore vu, souriant doucement en jouant avec ses gros doigts au-dessus du petit.
« Oui c’est lui ! Il a déjà le caractère de ton père et surtout ton appétit ! » Elle riait puis tourna la tête pour observer le mage qui était légèrement derrière, aux-côtés du chien qu’il observait avec intérêt. « Je manque à tous mes devoirs ! Marianne Fabre, la mère du garde Fabre. » Elle s’inclina, démontrant bien trop de manières pour une simple paysanne. Fahrad sourit, reconnaissant tout de suite une noble en elle comme Fabre lui avait un jour raconté autours d’un feu.
« Fahrad Wagner, enchanté madame. » Il s’inclina tout aussi bas en soulevant un peu sa robe d’une main tout en faisant un signe de l’autre. Le regard de la femme se perdit un moment dans celui du mage, les deux s’observant longuement. Un sentiment étrange le parcourait en observant la mère de son aimé, une sensation, le picotement familier des arcanes.
« Fah-… Reed c’est donc ton... ? » Elle semblait tomber des nues en quittant le mage des yeux, observant son fils qui releva la tête en souriant, continuant de découvrir son petit frère. Il rougit un petit peu tout en fronçant les sourcils par habitude en regardant ensuite son compagnon.
« C’est mon compagnon oui. Je sais ce que tu vas dire mais je me devais de vous le présent- » Il se fit rapidement interrompre par la mère qui fronça les sourcils en secouant la main, faisant rapidement taire son fils. Il semblait avoir un respect infini pour ses parents ce qui arracha un sourire au mage qui restait élégant et respectueux, ajustant sa robe.
« Il fallait nous prévenir une quinzaine à l’avance ! J’aurais préparé un bon repas ! Moi qui vous croyais mort sire Wagner, excusez mes idées sombres. » Elle s’inclina encore une fois alors que le mage allait s’exprimer en ouvrant la bouche, relevant la main mais il fût coupé par la femme. « Je m’en vais me mettre aux fourneaux, entrez seulement ! Ton père est encore à l’atelier, je me charge de lui. » Elle sourit en reprenant le bébé dans ses mains avant de filer dans la maison et le déposer dans son lit. « Entrez aller, vous n’allez pas sécher dehors ! » Dit-elle depuis l’intérieur de la ferme.
« Bon eh bien… Avançons. » Reed souriait à son compagnon en prenant sa main alors qu’ils entrèrent dans la bâtisse des Fabre.
La maison était grande, assez spacieuse pour une famille nombreuse. L’entrée donnait directement sur une salle à manger et une cuisine des plus rustiques. La mère était aux fourneaux alors que le couple se promenait dans la grande pièce. On y voyait une vie simple, des meubles faits mains et surtout bien anciens. La table était étrangement déjà prête, des assiettes en porcelaines, vestige d’un passé que la mère avait ressorti pour accueillir l’élégant Wagner dont elle savait le prestige. La ferme était donc parfaitement entretenue, un toit bien haut donnant sur une balustrade qui avait une vue plongeante sur la pièce principale de la maison. Fabre se laissa tomber sur une chaise et invita son compagnon à s’asseoir à ses côtés, en évitant de se mettre en bout de table, la place du chef. En parlant de lui, la porte s’ouvrit, on venait de donner un coup de pied dedans. Si Fahrad avait pu un jour être impressionné par la carrure de son aimé, il fût subjugué par celle du père.
L’homme aux épaules larges et à la taille qui devait approcher les deux mètres avait des allures de colosse. Des bras puissants, un torse bombé dans une chemise qui semblait parfois sur le point d’exploser. Il portait une salopette bleu clair sur une chemise blanche couverte de sueur au niveau du torse, laissant une toison noire en ressortir. Son visage était dur, une évolution de Reed, les sourcils épais, la barbe noir, longue mais entretenue, parsemée de gris. Il avait une longue chevelure qui faisait penser à celle de Reed, retombant en une queue de cheval. Son visage était marqué par son âge, ses yeux étaient d’un acier froid ; donnant un air bougon au forgeron. Il scruta sa femme puis son fils et enfin Fahrad, posant son regard réprobateur sur l’homme.
« Qu’est-ce qu’ils font ici ? » Il fronçait les sourcils en relâchant de la fumée de ses narines, marchant d’un pas dur en direction de sa chaise, posant sa patte d’ours dessus, parlant d’une voix rauque et chaude, presque appréciable à l’oreille.
« Halfred, je te présente Fahrad Wagner, le compagnon de Reed. » La mère s’approchait doucement en tenant sa robe d’une main, désignant calmement de la main le mage. L’homme souffla longuement des nasaux tout en fusillant du regard le mage après les paroles de sa femme.
« Enchanté Monsieur Fabre. » Il se fit rapidement coupé par le père qui posant un poing sur la table, la faisant trembler. Reed grimaça alors que sa mère s’approchait.
« Pô b’soin d’manières avec moué l’mage. Voulez quoi les deux ? » Il était claquant tout en restant debout, mécontent, tremblant presque. Sa posture trahissait cependant une fatigue dans la jambe droite et au dos, des blessures de guerre de ce que savait son fils. La mère s’approcha et posa une main sur la bête.
« Assied toi Halfred, ton fils voulait juste nous faire rencontrer Fahrad. Assieds-toi tout de suite. » Le père, étrangement, se laissa tomber sur sa chaise en plaçant ses chaussures sur la table, grommelant tout en toisant le mage qui restait d’un calme presque olympien, tenant la main de son fiancé sous la table, ne quittant pas le forgeron du regard.
« Je n’ai pô b’soin d’le rencontrer. » Râleur, il sortit sa pipe de sa salopette, laissant tomber une bretelle alors qu’il allumait le tabac.
« Cependant votre fils en éprouvait le désir, vous pouvez bien lui autorisez cela non ? » Le mage gardait un ton courtois tout en restant droit, digne et surtout confiant. « Je reprends donc, Fahrad Wagner, enchanté monsieur Fabre. » Le père se décomposa sur place, le mage venait vraiment de lui répondre ? Il souffla longuement des nasaux en laissant la fumée s’étaler sur la table, observant avec intérêt Wagner, presque pensif.
« Pa’… Je me disais qu’il était temps que tu rencontres Fahrad. C’est un homme splendide et je ne voulais plus vous le cacher. Il est mon compagnon que cela te plaise ou non. » Fabre tenait fortement la main de son homme. Il n’avait pas peur que son père soit violent, il ne l’avait jamais été physiquement du moins. Il ne voulait juste pas se faire rejeter.
« Ton compagnon ? Cela ne me plait pô, c’t’un fait. D’plus, il est pô sensé êt’e mort ? » Il fronçait davantage les sourcils tout en laissant sa femme servir le repas. Il était évident que l’homme était imposant de par sa carrure et qu’il avait une certaine fierté qui caractérisait bien les personnes du Val d’Est. Cependant, l’homme était loin d’être bête et sans cœur, il écoutait pour son fils, par amour pour lui.
« Toute cette histoire est compliquée Pa’… Mais non, il est bien vivant comme tu le vois et je suis heureux avec lui. Je voulais que tu le rencontre car je suis sûr que vous pourriez vous entendre, je te connais. » Sa mère souriait à ses paroles tout en posant une main dans le dos du père, déposant au préalable une tarte aux légumes qui semblait un tantinet trop réussi, les légumes coupés avec une précision exemplaire et surtout, le tout ayant cuit trop rapidement. Fahrad sourit doucement en observant la mère. Cachottière.
« Le connaître ? J’vois d’jà d’là la personne qu’il est : un mage pomp- » Il se tut rapidement en jetant un coup d’œil vers sa femme avant de se raviser. Elle avait un regard courroucé. « Oui bon d’accord j’vous écoute… »
Ils parlèrent donc calmement, le père restant silencieux dans son coin et échangeant parfois quelques anecdotes lors du repas. Fahrad et la mère mangeait avec des couverts alors que les deux Fabre mangeaient avec leurs mains. La mère semblait bien s’entendre avec le mage alors que le père s’ouvrait peu à peu. L’élégant professeur engagea donc le sujet des armures, si connaissant que peu, il demandait quelques éclaircissements au forgeron qui étrangement, prit avec joie la parole, d’abord blasé et presque hautain ; devenant finalement un passionné, maître à son apprenti. Le tout continuait et continuait sur cette lancée, puis arriva le dessert alors que le père venait de faire une réflexion sur les deux bagues, les sourcils froncés.
« C’est quoi ça ? » Il pointait du doigt la bague au doigt de Reed, fronçant à nouveau les sourcils tout en oubliant soudainement toute la discussion si joviale qui venait de prendre place et de si bien démarrer.
« Je… C’est une bague Pa’. » Il souriait, gêné tout en frottant la bague. Fahrad tourna son regard pour observer ledit anneau, observant ce lien qui les liait aujourd’hui plus que tout. Les deux hommes échangèrent un regard presque complice en repensant à cette journée. En ce temps-là, Reed et Fahrad avait été longuement séparés et, c’est en se retrouvant après plus de trois mois que le blond força son aimé à rester en Hurlevent et lui demanda sa main, calmement, les pieds dans l’eau tout en attendant la réponse du mage qui fût un grand oui et un bond de joie. Mais aujourd’hui, le père de Reed les fixait, ayant mis le doigt sur cette cachoterie qu’ils ne pensaient pas devoir justifier. Ils pensaient le faire pas après pas.
« J’suis pô débile fiston, mais… Vous n’allez quand même pô vous marier ? » Il avait les pieds sur la table, la mère amenait le dessert, des pommes au four qui semblaient bien trop délicieuses, parfaitement présentées. Elle s’arrêta en observant son mari, refaisant son chignon, garde-fou. Reed allait ouvrir la bouche et prendre la parole mais c’est Fahrad qui le coupa.
« En effet, votre fils a demandé ma main il y a de cela plusieurs mois. » Il l’avait dit comme si de rien, ne quittant pas le père du regard en balayant presque l’air de la main. Aucune hostilité dans la voix, juste une franchise et une envie d’aider Reed et surtout d’éviter de tourner autour de la question pendant cent-sept ans. Bas les masques, l’heure était aux révélations.
« Comment ? Je… Vous n’f’rez pô ça d’vant la lumière neh ? » Il manqua de tomber de sa chaise en se relevant, courroucé visiblement. Il n’avait jamais été bon croyant mais il savait que cela ne pouvait se faire pour certains. Il savait surtout ce qu’on allait dire de lui et de son fils dans le Val d’Est : Reed la folle. Il ne pouvait supporter cette idée, grognant. « Je refuse. »
« Tu n’as rien à refuser Pa’. Je suis adulte et c’est décidé, j’aime Fahrad. » Il s’était aussi levé de sa chaise, père et fils face à face. Le père leva sa patte et attrapa Reed par la peau du cou mais ce dernier se dégagea assez rapidement. Fahrad c’était levé, la mère aussi, une étrange branche entre les mains. Le père souffla et sorti de table en raflant une assiette et des pommes pour aller les manger. Reed fit de même, ils se criaient dessus sur le perron alors que le fiancé et la mère se retrouvaient seuls.
« Voilà que cela recommence. » Dit-elle en se laissant tomber sur sa chaise, levant les yeux au ciel tout en posant ce qui semblait être une baguette sous sa chaise. Elle gardait un œil attentif vers les deux enragés avant de revenir à Fahrad. « Vous pouvez vous asseoir, ils en ont pour un moment… Deux têtes de mules. » Le mage vînt s’asseoir calmement en regardant son aimé qui s’expliquait à vive voix avec Halfred.
« Ils sont souvent comme ça ? A se battre ? » Il était inquiet, gardant une main sur sa baguette en ne quittant pas des yeux le jeune blond, fronçant les sourcils tout en se faisant servir le dessert pas la mère, en dépit de son manque d’appétit.
« Ils le sont devenus avec le temps. Un enfant ne reste pas longtemps soumis à son père, je pense que vous le savez ? » Elle souriait en regardant Fahrad d’un air presque maternel tout en se rasseyant.
« Je… Je n’ai pas vraiment connu mes parents Dame Fabre. » Il tourna lentement son regard vers la femme qui venait de porter une main à son cœur, le visage traduisant une soudaine tristesse et un brin de compassion.
« Oh je… Je suis navrée Professeur. Et vous pouvez m’appeler Marianne vous savez, je ne suis plus dame depuis un moment. » Elle souriait doucement en posant une douce main sur l’épaule pourpre du mage, tentant de lui changer les idées.
« Alors appelez-moi Fahrad. » Il lui offrit un doux sourire tout en hochant de la tête, informant poliment la mère qu’il allait bien. « Ne vous en faites pas, j’ai appris à vivre sans, comme beaucoup d’enfants au Kirin Tor. » Il massait doucement sa barbe, pensif, plongé dans son enfance qui semblait si lointaine avant d’être vite ramené sur terres par les cris des deux hommes qui avaient décider de rythmer leur débat avec des bruits d’assiette. Il se criaient vraiment dessus tout en mangeant ?
« On ne s’y fait jamais vraiment, inutile de se leurrer Fahrad. Mais on trouve de bon substitut et au final… On construit sa propre famille non ? Je suis contente que mon fils ait trouvé son bonheur en vous, vous êtes un mage de talent, cela se voit. » Elle était tendre, polie et bien gentille. Le mage sourit tout en plongeant son regard dans celui de la mère.
« Cela se voit ou cela se ressent ? » Il lui offrit un large sourire aux dents blanches, un brin espiègle toujours tout en venant goûter à la nourriture qui était de toute évidence arcanique. La mère rit doucement tout en posant ses couverts.
« Mon précepteur avait pour habitude de dire qu’un magicien ne dévoile jamais ses secrets. » La réponse était toute faite, la femme devenue complice du mage dans un aveu que son fils ignorait. Elle débarrassa ensuite le repas pour aller nettoyer les assiettes tout en rangeant sa baguette dans sa robe. Fahrad vînt rapidement l’aider tout en souriant, observant le père et le fils qui discutaient désormais calmement dehors.
« Vous êtes donc mage ? Ceci explique cela. » Il souriait tout en séchant les plats alors que la mère nettoyait la table avec minutie. Elle sourit doucement en posant sa baguette sur la table tout en hochant de la tête.
« L’école de transmutation a toujours été une passion pour moi. Je suis devenue assez rouillée avec le temps mais, je tiens encore à cette partie de mon ancienne vie, en dépit de l’avis de mon doux mari qui… N’apprécie pas car il ne comprend pas. » Elle restait songeuse en se relevant, se tenant son ventre qui était visiblement encore douloureux. En effet, le nouveau-né semblait avoir à peine quelques semaines.
« Je pourrais vous aider à réveiller vos dons si vous le voulez. » Il était courtois tout en posant le plat alors que le père et le fils rentraient, en sueur, grognons, observant les deux Fahrad, le jaugeant.
Ils observaient le mage d’un regard bien inquisiteur tout en fronçant les sourcils. La mère souriait tout en venant se poser aux côtés du mage, croisant les bras. Fahrad arqua les sourcils en gardant les mains dans le dos, bien droit tout en affichant une moue pleine d’interrogations.
« Mon fils m’a dit qu’vous lui aviez sauvé la vie, vrai ? » Sa voix était toujours emprunt à une certaine autorité alors qu’il toisait le mage, son regard partiellement changé. Il redressa sa salopette au même instant que son fils, l’air de famille était donc parfait à ce moment précis. Le mage ouvrit lentement la bouche et répondit calmement, un peu embrouillé.
« Eh bien je n’irais pas jusque-là Monsieur Fabre mais- » Il se fit rapidement coupé par le père qui posa une patte d’ours sur l’épaule fine du mage. Il aurait pu le broyer si tout ne se tenait qu’au physique mais l’homme lui donna une bonne tape amicale qui manqua de faire s’étouffer le pauvre professeur.
« Plus de M’sieur avec moué. C’est Halfred. Donc t’as sauvé la vie d’mon p’tit. » Il gardait un regard très critique puis vînt taper plusieurs fois sur son épaule, un peu brutasse en hochant de la tête, se retournant pour aller s’asseoir à table, piquant un pain au chocolat dans un panier. « J’accepte à une condition. » Il observait le mage en souriant largement se grattant la barbe tout en revenant parfois à son fils. Ils s’échangeaient des regards complices.
« Allons parlez les garçons ! Qu’allez-vous donc faire faire à ce pauvre Fahrad ? » La mère croisait les bras en souriant, reconnaissant le coup fourré des deux Fabre qui savaient être casse-pied et très espiègles même avec elle. Fahrad secouait la tête en les écoutant, cherchant à comprendre ce que les deux hommes manigançaient.
« Tout d’abord, tu vas dormir ici avec moi ce soir. J’ai promis à Pa’ qu’il pourrait te connaître un peu mieux et c’est ce que nous allons faire. Et demain matin, tu iras parler avec lui en l’accompagnant à la forge. » Reed souriait d’un air malicieux alors que le mage comprenait lentement, il fronça les sourcils et laissa un visage horrifié se peindre sur son visage.
« Non je ne vais tout de même pas… » Les deux hommes hochaient tout en souriant. Fahrad se décomposa sur place tout en venant se tenir à la table. Le père croisait les bras, de la sueur s’écoulant sur son front et dans son dos, c’est qu’il était épuisé de sa journée de travail. Il tînt rapidement son dos en grognant, sa blessure le faisant souffrir.
« Soyons clairs, j’suis pô à l’aise avec toute c’t’histoire de mariage et d’union. Mais mon fils m’a expliqué c’que t’as fait pour lui. Alors que veux bien tenter d’aller en son sens. C’pendant, je veux voir qui est l’homme qui est avec mon p’tit. » Il hochait doucement tout en glissant ses mains dans sa salopette. Le mage lissait sa robe violette tout en venant replacer une mèche de jais qui retombait vulgairement sur son visage pâle.
« Mon père veut simplement passer un moment seul à seul avec toi dans un environnement neutre pour lui. Il veut comprendre pourquoi au-delà du fait que… Eh bien… tu comprends. » Reed semblait préoccupé pourtant, un poil inquiet tout en fixant son fiancé. Il croisait finalement les bras tout en s’approchant pour se poser contre la table, à côté de Fahrad pour le soutenir comme il peut.
« Bien, je viendrai donc dans votre atelier demain. Quelle heure ? » Le mage soufflait un peu, réprimant une grimace et une terrible envie de gonfler les joues. Il passa une main sur la table pour rejoindre celle de Reed dans son dos, souriant un brin finalement, amusé. Il tentait de rester aimable et bien éduqué en dépit de cette mauvaise posture.
La soirée ne s’étendit pas plus que cela. Le couple rejoignit sa chambre doucement dans un calme plat. Fahrad découvrit la chambre d’enfance de son mari et c’est à cet instant très précis qu’il réalisa pour la première fois Ô combien Fabre était pauvre. Pauvre dans un sens où la pièce n’avait rien à voir avec son appartement à Dalaran ou encore celui de Hurlevent. Il n’y avait qu’un simple lit qui semblait avoir bien vécut, une vieille paire de bottes à ses pieds. Une simple table de chevet, une commode, un vieux tapis décousu et un miroir qui était brisé. Il n’avait que quelques jouets qui traînaient dans un coffre, une enfance simple visiblement. Le mage esquissa une moue tout en tournant la tête vers son aimé et le prit dans ses bras en coinçant sa tête dans son cou, pensif et songeur.
« Je t’aime Reed. » Il souriait doucement tout en glissant ses mains dans le cou de l’homme tout en lui souriant. Il observait son tendre, tirant un peu sur une bretelle de sa salopette, penchant la tête. Il l’aimait et voyait qu’enfin, le jeune blond se relaxait.
« Mais moi aussi je t’aime Fah’. Quelque chose ne va pas ? » Il haussa un sourcil en le gardant dans ses bras, passant un bras puissant derrière sa taille en se dirigeant vers le lit. Les draps avaient été changé mais aux vues des parties recousues, on ne pouvait pas oublier la précarité dans laquelle vivaient les Fabre. Mais visiblement, cela n’avait pas atteint Reed plus que cela et ne l’avait rendu que plus fort. Il voulait en discuter avec lui, savoir si cette pauvreté, cette absence de chose avait pu le blesser, le rendre triste. Mais pour l’heure, il voulait juste profiter de ses bras, dans ce lit. Ils se couchèrent et ils se regardèrent longuement tout en souriant, le mage portant une robe de chambre et le guerrier portant un pantalon blanc en lin. Ils étaient calmes, reposés, l’angoisse du rendez-vous étant passée. Doucement, ils s’endormaient, les bras enlacés alors que Fabre embrassait doucement son front.
Dernière édition par Reed Fabre le Jeu 15 Aoû 2019 - 10:50, édité 1 fois
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Interlude, "Faire les choses bien" Chapitre FinalCe matin-là, Fahrad se réveilla tout seul. Comme Reed lui avait dit, il était parti au camp de bûcheron bien tôt pour rendre visite à ses anciens collègues. Le soleil se levait lentement dans la chambre presque vide alors que le mage se redressait, laissant sa robe de soie pandaren retomber au sol dans un bruit léger. Il s’approcha ensuite de la fenêtre avec lenteur venant observer le camp de bûcheron d’un air absent. Il voyait au loin son homme, entourés de ses amis et riant, voilà un bon moment qu’il ne devait pas avoir vu ses anciens collègues du Val d’Est.
Soudainement, une chose attira l’attention du mage sur le rebord de fenêtre, une salopette qui l’attendaient mais ce n’était pas là la chose qui attirait son regard. Deux bottes en cuir, bouffante, bien hautes et surtout très usées étaient posées non loin de là. Il s’en approcha et sourit avec tendresse en remarquant ces pieds de géant. Il les connaissait que trop bien, ayant souvent demandé qu’elles soient retirées de sur une table, du lit ou encore à l’entrée. Il en prit une dans la main, sans vraiment savoir pourquoi. Il toucha le cuir usé du bout de ses doigts fins, les coutures qui avaient lâchées ou encore les trous au niveau des orteils qui n’avaient jamais eu les moyens d’être réparés. Sa mine songeuse fût brisée par une courte vision, il revit la vie de l’objet en plusieurs apparitions vaporeuses en son esprit.
Cela commençait par un homme grand, les pieds tout aussi titanesques que ceux de Reed, les portant tout fier. Il était jeune, la chevelure de jais alors qu’il marchait en des terres lointaines que Fahrad ne connaissait trop bien, Lordaeron. Puis tout s’accélérait, il le voyait, tenant la main d’une jeune blonde qui semblait souffrante, allongée dans un lit. En quelques minutes, il retrouvait le même colosse à la crinière ombreuse et portant une salopette d’un bleu semblable à ses yeux, fronçant ses sourcils - caractéristiques - tout en tenant un enfant blond dans ses bras, ce même enfant blond qui à peine plus âgé, mettait ses petits pieds dans les mêmes bottes, motivant les rires de son père et de sa mère. Il voyait de la joie, du bonheur mais aussi une certaine précarité. Il voyait le père continuer de les porter chaque jour au travail, fatigué, une fatigue que le mage ne pouvait que ressentir tant elle se sentait dans les usures de ces bottes, son dos hurlait de douleur, exténué. Puis il le vit les porter en compagnie de son fils à nouveau qui portait en ses bras le charbon qu’il allait ajouter aux fourneaux, de la joie encore et beaucoup de fierté, l’homme devenait plus vieux, plus imposant, se tenant le dos alors qu’il frappait de son marteau des lames qui lâchaient des braises cramoisies sur les morceaux de cuir. Le mage resta accroché à cette vision, souriant tendrement parfois, et plissant les yeux en d’autres instants, au bord des larmes. Il voyait le jeune blond les recevoir, une telle gaité sur son visage, un visage si pur et innocent, marqué de terre. Il portait ses bottes tout aussi fièrement, se fichant éperdument que le cuir était déjà bien passé et que ces dernières étaient encore bien trop grandes pour lui.
Puis rebelotte, il voyait désormais le jeune blond, couché dans l’herbe, les pieds soulevés tels deux monts vers le ciel, une innocence et presque une certaine oisiveté alors qu’il mâchait un brin de blé en gardant ses mains dans ses poches avant de dormir lentement à l’ombre de son grand chêne. Il suivait ses pas de géants alors qu’il se dirigeait vers un pin, frappait de sa lourde hache et poussait de son large panard botté le tronc qu’il venait de meurtrir. Il sentait les émotions, une compassion, une envie d’aider et de prendre part à ce monde, d’écarter les soucis d’argent, d’en avoir pour ne plus jamais en manquer. Il le voyait assis devant des défilés de gardes, le cuir gardant encore les vibrations de la plaque martelant les chemins d’Elwynn, il entendait les cliquetis de la plaque. Une envie, une jalousie, un sentiment admiratif, une contemplation. Puis soudainement, tout bougeait encore, les visions se faisaient plus ardues à attraper mais le mage savait, il savait comment se guider. Il suivait le courant des souvenirs pour attraper fermement la prochaine. Un fracas, une peur, le cuir traduisait une frayeur des plus grandes, l’odeur du souffre venait lentement harceler le nez du mage. Il entendait les hurlements, sentait le goût du sang et de la poudre alors qu’il ne voyait plus rien. Un sentiment de terreur le fit tomber à genou alors qu’il vit pendant quelques secondes le feu d’une gueule de démon devant son visage. Tout revenait au calme, il sentait un étrange sentiment de gêne et beaucoup d’anxiété. Il vit les bottes sur une table alors qu’une personne qu’il ne connaissait que trop bien lui demandait effectivement de poser ses pieds ailleurs que sur le mobilier en acajou. Le mage souriait, toutes ces émotions lui revenait, il avait senti le besoin, la fierté, la tristesse, tout. Il serrait les deux bottes de cuir contre lui alors que les visions se succédaient, le dos au mur, assis au sol.
Soudainement, il voyait de l’amour, de la peur et de la passion. Il voyait les bottes se faire éjecter avec violence au sol, un amant courant dans le lit d’un autre, échangeant une nuit puis deux et enfin une vie. Il découvrit l’intérieur d’un casier et un beau blond regardant dedans tout en enfilant son armure d’argent et de bleu roi. Il semblait fier tout en ajustant son tabard, fixant ses épaulières et riant avec ses collègues qui semblaient le charrier. Il savait que le garde allait aider sa famille avec ce travail pour donner une nouvelle chance en apportant de l’argent. Soudainement, le goût du sel, l’odeur de la mer et le bruit des vagues se faisait entendre. Le cœur du mage s’emballait alors qu’il tenait fortement les bottes contre lui. Ce stress était immense et la passion presque insupportable, le rouge venait aux joues du mage alors qu’il regardait vers le haut. Il fût soudainement submergé par un sentiment de joie immense. Puis plus rien, les bottes avaient été déposée là depuis, un triste mort.
Il revînt à lui, redécouvrant la chambre vide du guerrier, il observa les bottes et remarqua une dernière chose en venant les prendre en main… Une boucle de lacet était manquante. Il savait très bien ce qu’il lui était arrivé en regardant sa bague, souriant doucement, les larmes coulant à ses joues. Il avait vu tout cela défiler devant lui et son cœur se devait de se remettre de ses émotions. Il se releva doucement en serrant une ultime fois les bottes contre sa poitrine. Il recoiffa ses cheveux rapidement d’une main puis déposa les deux reliques du passé, soupirant doucement en revenant à la fenêtre qui avait un carreau brisé. Il voyait au loin ce cher Fabre qui le saluait de loin en souriant. Il resta pensif et le salua aussi en ouvrant la fenêtre. Il l’aimait depuis tout ce temps, il l’aimait. Le mage s’habilla rapidement puis observa son nouvel habit de travail du jour en fronçant les sourcils. La journée commençait avec tant d’émotions, il ne savait comment cela allait se profiler. Cependant, il restait souriant, connaissant désormais mieux encore celui qui allait être son futur mari. Il se surprit à songer doucement à une réparation future pour ces bottes.
Il s’empara donc de ladite tenue, l’enfila sans broncher, se perdant les pieds dans ce pantalon de tissu bleu, il allait devoir faire un ourlet probablement. Il enfila de bonnes bottes de cuir qu’il avait toujours avec lui et ajusta les bretelles de l’infâme habit. Il s’observa un moment dans la glace, méconnaissable, ajustant sa chemise.
« Meh. C’est juste pour aujourd’hui. » Dit-il en se retournant, tombant nez à nez avec Reed qui le regardait en souriant. Un sourire amusé ou moqueur alors qu’il était appuyé à l’embrasure de la porte. Il s’avança lentement en soufflant du nez, tendant les bras au mage qui s’y logea dans un presque grognement en fronçant les sourcils, bougon.
« Voilà une vision qui change pour une fois. Et oui, juste pour une fois Fah’. Tu es très beau » Il souriait tout en le regardant, lui caressant les joues de ses gros doigts. Il fronçait les sourcils en voyant le mage soupirer pendant un instant, avant que ce dernier l’enlace doucement, se souvenant de sa vision et de tout ce qu’il a pu traverser. Il se redressa un peu et hocha.
« Tu m’accompagnes à l’atelier ? » Le mage souriait soudainement en prenant les mains caleuses de son aimé qui lui adressa un sourire tout aussi franc. Il le tira lentement contre lui pour l’embrasser avec passion. Le mage n’était pas en reste sur ce plan, prolongeant le baiser tout en venant ensuite appuyer son front contre le sien.
« Bien entendu, puis j’irai cuisiner le repas avec ma mère pour quand vous rentrerez de l’atelier. Je t’aime Fah’. » Il le tirait lentement en dehors de sa chambre pour descendre les marches d’escaliers. Ils arrivèrent dans la pièce centrale, prenant un déjeuner es plus simples : tartines et du thé. Ils mangeaient en silence alors que le blond dévorait la moitié du pain en gardant un regard doux.
« Tu sais ce que je vais faire avec ton père ? Il voulait simplement me parler non ? » Fahrad, en dépit de sa tenue, gardait des mouvements bien gracieux, emprunt à une bonne éducation. Son élégance restait en dépit des apparences, de plus, sa tête était coiffée à la perfection, il avait même gardé avec lui ses lunettes qu’il replaça sur son nez.
« Je sais que vous allez discuter de nous et de ce qu’il craint dans tout ça. Mais je l’ai convaincu à faire connaissance avec toi, il en a maintenant envie et pense que tu n’es pas si mauvais. » Le mage fronça un sourcil tout en reposant sa tasse qu’il tenait à deux mains. Il posa un regard sur la porte d’entrée qui était ouverte, le chien trempé séchant sur les marches du perron.
« Il ne me connaissait pas, il ne peut pas penser que j’étais si mauvais que ça non ? » Il coula un regard vers Fabre, un brin surpris de tant de mauvaises appréhensions. Il déposa une main sur celle de son ailé, profiter dans cette douce matinée, le soleil se levait de plus en plus, la température étant déjà bien élevée pour un matin.
« Disons que… Il a déjà un problème avec le fait que deux hommes s’aiment mais… Il est juste inquiet pour son fils je pense, un peu comme il serait pour chacun de ses enfants ? » Il haussa les épaules en finissant de mâcher, venant se rincer le gosier avec un bon verre de lait frais. Il poussa un grognement de plaisir avant de s’étirer sur sa chaise.
« Si tu le dis. J’espère juste que cela va bien se passer, je n’aime pas cette manière de juger sans connaître ou encore d’autant négliger le bonheur de son enfant. » Il était sincère, il le devait pour son homme mais aussi à ses parents. Il roula un peu des épaules, dans un inconfort total. Mais il garda bonne figure, se disant qu’une de ses robes aurait mal vécue le passage dans un atelier de forgeron.
« Cela va bien se passer, j’ai confiance en toi pour trouver les bons mots. Et puis, ils devront bien rencontrer Elio un jour non ? » Il caressait la main de son aimé tout en souriant, ils avaient enfin une famille, enfin un avenir calme et paisible ensemble. Tout rentrait enfin dans l’ordre.
Ils finirent de manger assez rapidement, Fabre débarrassant avec l’aide de son aimé. Ils sortirent ensuite, croisant la mère de Fabre qui tricotait en se balançant sur une chaise à bascule, son bébé dormant sur ses genoux. Elle salua les deux en souriant, ne parlant pas pour éviter de réveiller le monstre. Ils descendirent au bas du val, approchant l’atelier du forgeron qui était déjà aux fourneaux. Reed embrassa lentement son mage sur le pas de porte, lui caressant le dos tout en restant contre lui. Il ne voulait pas le lâcher mais il le devait. Le mage le salua ensuite d’un mouvement rapide mais précis de la tête en croisant les mains dans son dos, propre sur lui et exemplaire. Il s’approcha de la porte et la poussa.
Il tomba sur un atelier bien en ordre, l’image même du rangement. Cependant, la saleté était présente partout. La suie couvrait le sol qui devait probablement être blanc de base. Il approcha doucement, traversant la première pièce pour arriver dans celle où les flammes éclairaient le plafond. Il tomba nez à nez avec l’ours dans sa tanière. Il portait une salopette bleu ciel devenue noire. La suie couvrait son visage, comblant ses rides, laissant un visage lisse mais bien barbu. L’homme lui jetait un regard curieux en le toisant, croisant les bras après avoir posé son marteau sur la table.
« Tiens, Wagner vous v’là, j’vous attendais. » Le vieil ours déposa donc son marteau sur l’établit en toisant le nouvel arrivant, mâchonnant dans le vide tout en venant allumer une lanterne à huile au-dessus d’eux. La lumière dévoila rapidement un grand-homme qui certes était couvert de suie mais pas seulement. Il était déjà en sueur, la température de l’atelier avoisinant la quarantaine de degrés, il était dans un four et allait être réduit à l’état de plat de résistance à ce rythme-là.
« Bonjour Halfred, comment vous portez-vous ? » Le mage était souriant en dépit des circonstances et surtout de sa tenue. Il tenta de trouver un endroit qui n’était pas touché par la saleté alors que soudainement, le père poussa de son pied un tabouret qui devait être la chose la moins poussiéreuse de tout l’atelier.
« Asseyez-vous seul’ment. Et oui j’vais bien, vous ? » Il arquait un sourcil en venant ajouter du charbon à son four. Il s’appuyait ensuite sur sa pelle pour toiser le mage. Il soufflait comme un bœuf tout en se lissant la barbe, se plaçant de la suie partout sur le visage à cause de son gant, ce qui fit grimacer le mage.
« Oui, Reed était heureux de dormir dans la ferme familiale. » Il était jovial, tentant d’établir une bonne relation entre lui et le forgeron. Il redressa les manches de sa chemise, la chaleur devenant presque insoutenable ici. Il hochait doucement alors que l’homme à la crinière de cendre hochait doucement.
« Reed aime beaucoup l’Val d’Est, ça nous a rendu triste d’ne plus l’avoir à la maison. » Il afficha une moue plus que mécontente. Il faisait tout de même preuve de courtoisie tout en faisant craquer son dos. Il se laissa retomber dans une espèce de siège, allongeant ses pieds sur un tabouret tout en soupirant d’aise. Visiblement, ses blessures de guerre continuaient à le faire souffrir.
« Je pense bien, mais sachez que vous lui manquez aussi et qu’il a décidé de son propre chef de venir ici. Dans le but de retrouver sa famille et de vous parler. » Il observait chaque mouvement du forgeron, un esprit très analytique mais surtout une bonne éducation qui semblait ne pas avoir sa place ici.
« D’me parler d’vous oui. Vous savez pourquoi j’ai d’la peine ‘vec toute c’t’histoire ? » Il fronçait les sourcils en venant rapidement sortir sa pipe de sa salopette et l’allumer tout en ne quittant pas du regard le mage, attendant une réponse.
« Car vous pensez que ce que nous faisons n’est pas naturel ? » Le mage était direct, il cracha presque les derniers mots ne supportant pas ce jugement pré-fait à son encontre et surtout à l’encontre de son couple.
« Non. Reed vous a d’jà parler d’son enfance ? » Il fronçait davantage les sourcils, les reliant par une ride que le mage connaissait très bien sur le visage de son homme. Sa signification n’était pas forcément la colère non, c’était surtout une inquiétude constante. Est-ce que le père partageait les mêmes traits ?
« Il m’en a vaguement parlé. Vous connaissez votre fils, il n’est pas plus bavard que cela en ce qui concerne le passé. » Le mage devînt curieux, ne s’attendant pas à ce que la discussion dérive si rapidement sur un sujet presque inattendu.
« C’t’un Fabre, c’normal. Sachez qu’Reed a pô toujours été l’gaillard qu’il est. Avant il était même plus fin qu’vous et se f’sait frapper par ses camarades. Il était la risée du Val pour ça et les manières qu’sa mère lui apprenait à la maison. Des manières d’noble. » Le père soupirait doucement alors que le mage fronçait les sourcils, l’accompagnant dans ses expressions faciales tout en restant plus mesuré. Il était droit dans sa chaise là où l’ours était écroulé. Il parlait de manière claire et distinguée alors que le forgeron se campait dans son patois du Val. « J’sais qu’vous êtes noble aussi. Pourquoi vous v’lez mon p’tit Reed ? Il a rien à voir avec les gens comme vous. »
« Halfred, je ne vous permets pas ce genre de jugement de valeur en ce qui concerne mes origines. Je suis certes de bonne famille mais cela ne m’empêche pas d’aimer votre fils. Après tout, Marianne vous aime bien, non ? » Il avait cherché Fahrad et le mage savait où piquer pour mettre à jour la fragilité des arguments du père de son aimé. Il n’était pas vraiment heureux d’entendre de telles accusations et se devait de s’insurger.
« J’parle d’mon fils, pas d’ma femme. Elle, elle est plus noble. » Il ne se démontait pas. Visiblement, la pomme n’était pas tombée loin de l’arbre, le père était encore plus butté que le fils.
« Je ne vois pas la différence Halfred. Votre femme garde ses manières et n’a pas tenté de vous changer que je sache. C’est même l’inverse non ? » Il restait dans sa chaise, droit, soutenant le regard du forgeron qui venait de s’injecter de sang. Ce dernier se leva mais visiblement, le poids de son âge brisa tout l’effet qu’il voulait faire, lui donnant un air de vieux lion tentant vainement de défendre son territoire.
« Vous croyez qu’je change ma femme ? Elle est ici par envie et par amour ! Surveillez vos paroles Fahrad. » Même si son apparence défaillait, sa voix était toujours marque d’autorité et restait un bon moyen de dissuasion. Cependant, le mage ne ressenti pas le besoin de se lever pour se faire entendre, totalement serein.
« Je pense juste que vous avez un sérieux problème avec la différence, pourquoi abhorrer autant tout ce qui est de la noblesse ? » Le mage le toisait avec respect là où le forgeron l’observait avec un mépris certain, soudainement il se laissa retomber dans sa chaise, boudeur.
« Car la noblesse détruit tout c’qu’elle touche et qu’elle rejette les gens comme nous. » Fahrad comprit, il ne le détestait pas, c’était juste un prétexte.
« Que voulez-vous dire ? Je tente de vous suivre Halfred pour que tout aille pour le mieux mais si vous vous renfrognez, cela n’ira nul part. » Le mage restait un brin acide mais par amour, se forçait à continuer la discussion, posant le doigt sur le problème.
« L’père d’Marianne m’a rejeté car j’suis paysan et il a j’té sa fille comme une malpropre sans battre des cils une fois. » Le mage sourit doucement, non pas par moquerie mais de compassion en approchant le tabouret poussiéreux du forgeron, venant plus proche de la bête meurtrie en posant une main sur son épaule.
« Je ne jetterai jamais Reed de la même manière Halfred. Je l’aime et je ne vais pas vous le changer, c’est de lui que je suis tombé amoureux et je ne le transformerai pour rien au monde. » Il soupirait en regardant le fiancé de son fils, lâchant un petit hoquètement tout en se relevant, prenant sa pelle pour mettre du charbon mais ne réussit pas, se tenant le dos. « Laissez-moi faire. » Il fût étonné de voir le mage mettre la main à la pâte et placer le charbon dans le four. Un noble comme lui, se salir pour un paysan ?
« Vous… Vous le promettez Fahrad ? » Dit-il en fronçant les sourcils, observant le mage qui reposait la pelle au sol. Il épousseta sa salopette tout en souriant, un sourire radieux qu’il n’avait pas encore eu l’occasion d’adresser au forgeron.
« Je le promets Halfred mais vous, cessez de rejeter tout cela. Reed en souffre, j’en souffre et plus important encore, je crois qu’une personne en souffre depuis bien plus longtemps. » Il hochait doucement en redressant les manches de sa chemise qui étaient retombées, épongeant ensuite son front avec un tissu qu’il avait placé dans sa poche.
« Marianne… » Dit le père en soufflant, comme si cela tombait sur lui d’un seul coup.
« En effet Halfred. Les arcanes n’ont rien à voir avec la noblesse vous savez, cela fait partie de chacun de nous et c’est, pour reprendre votre expression, contre nature de l’empêcher de les utiliser. » Il se voulait toujours souriant tout en laissant le vieil homme digérer.
Les discussions continuèrent, le mage rangeait l’atelier du bon vieux père Fabre alors que ce dernier continuait son travail. Ils parlaient de la forge, de l’enfance de Reed ou encore de ses frères et sœurs que le mage n’avait pas encore eu la chance de connaître. Soudainement, l’échange se porta sur la rencontre entre les parents de Fabre…
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Re: Les mésaventures Fabresques
Un lourd héritage, Chapitre I
Il se réveilla calmement, le doux soleil d’août venant caresser son visage, son cœur battant paisiblement. Il vint passer une main dans sa barbe de feu et d’or, soupirant avant de se tourner dans les draps blancs rendus presque vaporeux, leurs contours difficilement visible, le soleil miroitant sur ces derniers. Il nageait doucement dans cette éternelle marée de blanc pour soudainement découvrir la chevelure de jais de son fiancé. Il dormait à peine, ses yeux peinant à se décoller comme ceux d’un enfant. Il sourit doucement, croisant le regard céruléen du mage qui s’avançait lui aussi, venant quérir un doux baiser. Ils s’embrassèrent là, dans la plus parfaite des intimités, entendant les enfants se lever au loin. Reed déposa une ferme main sur le dos de l’ancien professeur, le tirant entièrement vers lui.
Ils avaient tant vécu ensemble. Plus d’une guerre, plus d’un combat, plus d’une aventure. Pourtant, chaque fois, ils se retrouvaient et pouvaient à nouveau profiter de cette paix, de cette plénitude. Reed avait appris, avec le temps, que ces instants paisibles étaient fragiles et sujets aux changements. Désormais, il savait qu’il devait en profiter au maximum. Il le garda longuement contre lui, traçant la courbe de son échine, continuant son office, retrouvant celui qui devait être son mari dans quelques temps. Ce temps qui avait tant passé. Cela faisait trois ans, trois ans qu’ils étaient ensemble. Il souriait tout en venant marquer la joue de Fahrad de son large pouce, ce dernier fronçant les sourcils avant de voler un baiser au Lieutenant.
« Je t’aime Reed Fabre. » Dit le mage, brisant le silence. Il l’observait de son regard aux reflets océaniques. Reed vînt à nouveau l’embrasser, se plaçant au-dessus du mage, appuyé sur son coude tout en passant sa main d’ancien bûcheron dans la chevelure corbeau de son fiancé. Il faisait rouler les boucles volubiles entre ses doigts, souriant doucement. Il se rappelait toutes les fois où il avait pu le faire, toutes les fois où il désirait le faire. En un éclair, un souvenir lui revînt. Souvenir bien à propos qui lui rappela doucement le seul nuage dans son petit paradis :
Le ciel était déchiré entre un vert maladif et un bleu sublime, les nuages nauséabondes s’éloignant lentement. Les murs tremblaient alors que les tours de siège s’avançaient sur le champs de bataille. Le sol était instable alors que le jeune Caporal de l’époque se tenait fermement en position, attendant les ordres de son Capitaine, une naine rouquine. Il avait sa hache dans une main, dans l’autre son bouclier qui n’avait jamais connu autant de coups. Il était loin de la calme cité de Hurlevent où les voleurs de bas-étages courraient ou encore les quelques nains suicidaire se faisaient exploser sans aucune raison. Non, il était dans l’ancien royaume des hommes du nord. Lordaeron. La ville dont sa mère lui avait tant parlé se dressait devant lui, ses remparts fendus et dominés par des silhouettes elfiques, noires, qui tiraient sur le champs de bataille.
L’Intendant était fier de se trouver à un tel endroit. C’était l’histoire qui se déroulait ici. La reprise des terres originaires de sa mère. Le splendide et ancien royaume de Lordaeron, où la Troisième Guerre s’était soldée par le déclin de la cité. Cette dernière était restée entre les mains de cadavres décérébrés mais aussi d’une elfe qui portait tant de noms : Dame Noire, Reine Banshee, Reine des Réprouvés, Chef de Guerre, ou encore, la Catin Noire. Il savait que cette dernière se trouvait probablement quelque part sur le champ de bataille, comme son Roi en somme. Une étrange fierté vînt frapper le jeune Elwynnien qui réalisait enfin l’importance de cet instant.
« CHARGEZ ! POUR L’ALLIANCE ! » Hurlèrent ses frères d’armes avant de charger. Le blond fût pris au dépourvu, emporté par la marée de cliquetis pour finalement les voir s’enfoncer dans un mur de rouge. Le choc fût violent, les armures se fracassaient, les coups pleuvaient tout autant que les flèches. Les cris, les hurlements ainsi que les détonations des fusils composaient une symphonie macabre où les soldats de la Horde et de l’Alliance valsaient çà et là.
L’Elwynnien avait combattu la Horde par le passé, dans les antiques terres des elfes. Il se souvenait des orcs, des trolls et de bien d’autres créatures. Mais ici, c’était la première fois qu’il pouvait poser ses yeux sur des réprouvés, des taurens ou encore des elfes de sang. Les premiers n’étaient pas bien difficile à tuer, Reed n’éprouvait aucun remord à mettre fin à l’existence de ces créatures abjectes. Mais les taurens, un peuple dont il connaissait la sympathie et la nature pacifique. Les Elfes de sang qui n’étaient pas si différent - physiquement – des Haut-Elfes. Il soupira, rabattant sa hache encore et encore, visant les cous de ses victimes.
Les troupes se dispersaient, Reed s’était retrouvé sur un des flancs de la bataille, proche des bois. Les arbres étaient brisés par le passage des machines de guerre. Au loin, il voyait les éclats des différentes magies qui s’affrontaient. Il fût rapidement rappelé à l’ordre par un troll qui vînt lui sauter dessus, retombant lourdement sur le guerrier avec ses deux énormes pieds bleus. Il fût cependant repoussé par une impulsion arcanique violacée que Reed ne connaissait que trop bien.
Le mage qui était aussi son fiancé depuis peu avait pris soin de rejoindre l’appel aux armes, se battant sous les couleurs de l’Alliance. Fahrad portait une robe de guerre, renforcée par de la plaque. Les flammes arcaniques crépitaient dans ses mains alors qu’il en finissait avec le troll, venant ensuite aider son aimé à se relever.
« Qu’est-ce que tu fais ici ?! » Dit le blond, brayant alors que le mage fronçait les sourcils. Ils n’avaient pas le temps de parler de cela. Ils se tournèrent pour faire face aux machines de la Horde, bourrée d’azérite, qui venaient répandre le chaos sur le champs de bataille.
« Nous n’avons pas le temps pour ça Reed ! Bats-toi ! » Et ils se battirent. C’était la première fois que le blond pouvait apprécier le soutien de son aimé sur une bataille. Ils travaillèrent de concert, dansant sur cette fameuse mélodie macabre. Chaque pas était calculé. Le mage couvrait les arrières du guerrier et vis versa. L’action s’enchainait lentement puis rapidement, les coups s’enchainèrent en un ou deux jeux de jambes. La magie virevoltait entre les orcs et trolls qui chargeaient sur les deux hommes. Mais ils n’étaient pas seuls, tous, toute l’Alliance se battait en une seule unité. Les bannières bleus et ors flottaient sur les terres des réprouvés, sonnant la fin de leur domination.
Soudainement, alors que le mage était occupé à maîtriser un Tauren, il fût renversé, pris à sa taille, compressé comme une vulgaire poupée avant de se faire jeter au loin, comme si son poids ne signifiait rien. Il retomba violemment au sol, les yeux écarquillés, la tête découverte alors qu’il cherchait de l’air, les côtes probablement fissurées voire brisées. Il cherchait sa baguette de la main, la poussière couvrant sa robe. Sa tête fût ramenée vers le ciel par la froide caresse de l’acier d’une hache qui lui caressait la joue.
Il ouvrit les yeux, se battant contre cette peur qui n’aidait pas. Il cherchait son souffle, il n’arrivait plus à respirer. Son regard se posa sur son assaillant : un orc. Le colosse qui se tenait fièrement devant lui tenait sa hache à bout de bras. Il comprit rapidement, aux vues des tatouages et de la forme de son arme que ce dernier venait du clan Chanteguerre. Ses cheveux cendrés virevoltaient, ne jurant pas avec sa peau brune d’orc de Draenor. Il le scrutait calmement, un sourire en coin, torse nu, couvert de cicatrices. Ce qui frappa le mage, ce fût son regard vert-bleu, lui rappelant une personne en particulier. Il grimaça doucement, tentant de prendre sa baguette. Mais sa main se fît broyer par la lourde botte de plaque du Mag’har.
« Reed ! » Tenta le mage qui pleurait de douleur alors que ses doigts se tordirent en des angles contre-nature. Soudainement, la hache se releva puis retomba rapidement vers le mage. Mais elle s’arrêta. L’orc semblait bloqué, il observait Fahrad, comme frappé par une soudaine pensée. Une intervention divine qui venait de sauver la vie du mage dont le nez touchait le tranchant de la hache. L’orc le toisait avec une étrange expression, comme s’il avait vu un fantôme.
Ce moment fût rapidement interrompu par l’Intendant blond qui chargea l’orc, le poussant au sol. Il plongea sa hache dans l’épaule du colosse brun, son visage se couvrant d’un liquide écarlate. La créature d’un autre monde vînt saisir Reed à la gorge, se relevant, le regard furieux. Ce qui brûlaient dans ses iris semblables aux siennes terrorisa l’humain. Une haine sans limite, un chaos éternel, une volonté de briser sa vie comme son coup en ce moment. Mais encore une fois, l’heure de Reed Fabre n’était pas arrivée, le mage ayant repris ses esprit propulsa l’orc au loin ; un éclair pourpre venant lui brûler la cage thoracique avant de l’écraser contre les remparts de Lordaeron. L’orc resta inconscient alors que les briques lui tombaient dessus.
« Fahrad ! » Reed cherchait son souffle, rampant vers son aimé, laissant le sang couler hors de ses lèvres. Il arriva vers le mage qui peinait encore à respirer, le passant sous ses épaules. Ils devaient fuit ce carnage. L’ancien professeur avait besoin de soin et pourtant, ce dernier souriait doucement. Un sourire que Reed n’oublierait jamais. Ils titubèrent vers le campement, recevant rapidement des soins de la part des quelques prêtres qui étaient postés çà et là. Fabre passa le reste de l’heure à passer les cheveux de jais entre son index et son pouce, jurant de le protéger jusqu’à son dernier souffle.
Il revînt à lui, embrassant à nouveau son homme qu’il avait presque perdu, avisant encore une fois cette chevelure noire, la serrant doucement comme pour éviter de la voir s’évaporer. Il repensa doucement à Lordaeron, cette terre maudite, cet air empoisonné. Il soupira, cela mena fatalement le Lieutenant à penser à son cher Grand-père et cette histoire d’héritage de domaine. Il secoua la tête vivement.
« Quelque chose ne va pas Ree’ ? » Fahrad haussa un sourcil, encore coincé sous lui, un brin inquiet. L’homme maudit vînt à nouveau l’embrasser avant de se poser à ses côtés, venant le serrer fortement contre lui, désireux de profiter de cette intimité un peu plus longtemps.
« Rien du tout, j’envisageais juste à ne pas aller au travail ce matin et rester ici, pour profiter de toi. » Le mage sourit doucement avant de le tirer contre lui. Ils passèrent la matinée au lit, laissant probablement le loisir à leurs fils d’abuser des biscuits préparés la nuit précédente. Cependant, le couple en avait tant besoin, profitant de cet instant de paix, ils en avaient tant besoin.
Reed Fabre- Citoyen
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Nom de famille: Fabre
Re: Les mésaventures Fabresques
Un lourd héritage, Interlude, un bref souvenirPaladin Abel de Méricourt
Manoir de Méricourt
Andhoral,
Royaume de LordaeronMarianne Fabre
Val d’Est,
Royaume de Hurlevent
Ma chère Marianne,
Je gage que tu ne t’attendais pas à recevoir une telle lettre, surtout pas venant du lâche que je suis désormais devenu. Il ne se passe pas un seul jour sans que je pleure ton départ ou que le regret ne ronge mon cœur. J’espère que tu vas bien.
Sache que si je t’écris une telle missive, cela n’est pas anodin, ma sœur. En effet, j’ai besoin de tes conseils, de tes mots, de ta droiture pour m’aider. Notre maison est frappée de quelques malheurs et je pense que toi seule peut m’aider à prendre une décision. Il est navrant de voir que l’héritier d’une maison comme les Méricourt se voit obligé d’urger sa cadette à lui donner quelques conseils. Tu me manques, saches-le.
Je n’arrive plus à trouver une constance dans mon discours, tant mon cœur se voit déchiré en tous sens par les récents événements. Pour faire court, un mal ronge Lordaeron et notre famille est suspectée par la justice de Stratholme qui a envoyé une magistrate sur nos chevilles. Je pense bien que tu comprends la gravité de la situation.
Mais notre problème ne s’arrête pas là, ma chère sœur. Non en effet, il s’avère que je suis tombé pour cette femme. Ses charmes ont eu raison de mon cœur et désormais, j’approche le même combat que tu as pu mener avec ton Elwynnien jadis. L’honneur de la famille ou mon bonheur ? Tel est mon choix. Je te supplie de venir m’apporter tes lumières et si ce n’est pas en Andhoral, je viendrai aux limites des terres de Menethil.
Sache que je t’aime et j’espère bientôt te revoir,Marianne Fabre
Sur la colline 8,
Ferme des Fabre
Val d’Est,
Royaume de HurleventPaladin Abel de Méricourt
Manoir de Méricourt
Andhoral,
Royaume de Lordaeron
Mon cher Abel
Je fus surprise d’entendre de tes nouvelles. Les mots que tu as partagé avec moi ont sonné comme l’appel d’un doux passé. Un passé placé sous le signe des rêveries. Avec le recul, j’assimile plus cette période à une prison dorée qui avait pour but de nous garder loin des réalités de ce monde. Un monde où les problèmes – que je face avec mon mari – se font nombreux.
Mais même si ma rancœur envers notre père est grande, je gage que ni toi, ni Adam, ne pouviez y faire quelques chose. Père est seul responsable des maux qu’il a pu causer et qu’il cause probablement encore.
J’accepte ta demande et te rencontrerai ce vendredi en Dalaran. Je prendrai ton neveu, Reed, en ma compagnie pour lui faire visiter les terres de ses origines. J’exige que tu ne viennes sans la suite de père.
J’espère te voir en forme, je t’aime.
Le jeune blondinet tenait fermement la main de sa mère, âgé d’environ sept ou six ans alors qu’il traversait les différents boyaux de la cité pourpre. Son regard s’émerveillait alors qu’il sautait de toits en toits, ne sachant plus où se poser. Il arriva même à lâcher la main de sa mère, courant en direction d’un puits pour en voir le fond. Il riait et ne se doutait pas que de tels souvenirs d’enfance s’effaceraient avec le temps. Pourtant, Reed était venu ici, à Dalaran en compagnie de sa mère qui ne portait qu’une simple robe bleue et un sac de voyage. Elle surveillait son enfant, cherchant Abel du regard qui lui avait donné rendez-vous proche de la fontaine non-loin du puit.
La rousse revînt à elle quand elle vît son jeune garçon tomber au sol en compagnie d’un autre jeune homme un peu plus âgé. Reed, du haut de ses quelques années, avait encore la fougue d’un nourrisson et aimait courir en tous sens, oubliant parfois la présence des autres. Il venait de rentrer dans un jeune étudiant de première année qui cherchait ses lunettes, se relevant tout en grimaçant légèrement, fronçant les sourcils. Il ajusta sa robe avec une élégance hors norme pour son âge.
« Qu’est-ce qu’on dit ? » Dit Marianne en fronçant les sourcils alors que son fils rajustait son pantalon et son ourlet avant de faire face à l’enfant qui devait bien avoir sept ans de plus que lui. Il renifla avant d’incliner doucement du chef, le regard désolé.
« Je suis désolé d’t’être rentré d’dans ! J’f’rai attention la prochaine fois ! » Il afficha un large sourire, fermant les yeux tout en se grattant la tête, ses cheveux mi-longs retombant sur son nez un brin esquinté.
« Ce n’est rien, je lisais en marchant et ça n’est pas vraiment une bonne idée. » Le jeune étudiant observa l’horloge de la cité des mages avant de s’incliner longuement avec un charisme des plus parfaits. Il tira un brin sur sa robe violette, dégageant ses manches avant de reprendre sa route, disparaissant dans la foule. Encore un souvenir d’enfance que Reed perdrait à jamais.
« Bien, trouvons Abel. » Dit le jeune mère tout en prenant la main du blond qui ne cessait de regarder çà et là, tirant sur ses habits recousus en tous sens. Ils marchaient calmement dans la cité pourpre, l’enfant restant proche de sa maman, caché proche de sa robe alors qu’ensemble, ils approchaient la fontaine. Au loin, Abel se tient assis contre la source d’eau chatoyante, tenant doucement la main d’une splendide rousse. Ensemble, ils sauraient quoi faire concernant Georges de Méricourt et ses quelques plans.
« Ma… Marianne ! » Il se releva, remontant son ceinturon avant de courir prendre sa sœur dans ses bras, la ramenant contre lui, lui embrassant sa chevelure de feu avant de la ramener un brin en arrière, la toisant de haut en bas. Elle avait changé, vieilli en sept ans. Sept ans qu’il ne l’avait vue. Elle portait une simple robe, pas de maquillage et ses cheveux étaient probablement coiffés rapidement. Dans cette simplicité incroyable, la jeune femme gardait un air parfaitement serein et heureux. Comme si la vie dont elle avait tant rêvé lui avait tout offert. Elle lui sourit alors que le jeune blondinet qui mesurait environ un mètre se cachait derrière la robe bleue de sa mère. « Est-ce… ? »
« Heureuse de te revoir Abel. » Elle sourit largement, sincère avant de se tourner vers son fils, le poussant d’une main alors qu’il observait avec un air furtif le grand blond. Il n’allait pas s’en souvenir et pourtant, ils se ressemblaient grandement. « Oui, c’est Reed Fabre, ton neveu. » Il eu un grand sourire en tendant sa large main au jeune homme.
« Enchanté Reed, je suis Abel de Méricourt, ton oncle. » Dit-il avait un air enjoué, montrant à sa chère compagne qu’il avait une grande faiblesse face aux enfants. Il n’était père et pourtant, il agissait déjà comme tel, proposant au gamin de monter sur ses larges épaules pour lui faire visiter la ville des mages. Les rues étaient presque désertes, les étudiants étant en leçon.
« Vous êtes donc mon oncle ? » Dit le jeune blondinet en se penchant sur la tête de son oncle tout en marchant. L’homme, parfaitement bâti, charpenté comme un bûcheron, semblait avoir abandonné son armure pour porter une simple chemise blanche, un gilet brun et un pantalon en toile de coton usée. Il marchait, les mains dans les poches, ne tenant que rarement le gamin tout en souriant fièrement. Derrière, les deux femmes discutaient de tout et de rien, gardant pourtant un air sérieux.
« En effet Reed, je suis le frère aîné de ta mère. Et toi alors, comment c’est la vie au Val d’Est ? » Il leva son regard azur vers le petit qui toisait les bâtiments d’un air émerveillé, n’ayant jamais rien vu d’aussi beau de toute son existence. Pourtant, l’âge effacerait cette balade. Il tirait doucement sur les cheveux de Abel pour se cramponner avant de le regarder, souriant.
« Oh bah c’bien différent d’ici ! On vit dans une ferme avec ma’, pa’ et mes frères et sœurs ! J’suis l’aîné moi aussi ! » Il se pointait du pouce en souriant largement, dévoilant un trou, une dent étant tombée récemment. L’oncle sourit en coin avant de venir masser une jambe du petit, pouvant aisément passer pour son père du haut de ses presque trente ans. Il imagina un brin la vie du petit. « On vit tous dans une ferme et il y a plus d’arbre mais c’moins beau ! Et les lits ici sont superbes ! »
Le paladin observa son neveu avec un brin de tristesse dans son regard, comprenant enfin que leur vie n’était pas si simple, inspectant le pantalon trop de fois recousu. Il soupira avec la ferme intention de faire un cadeau à Reed, voulant faire de cette journée et de ce séjour un souvenir impérissable et pourtant, il échouerait, l’enfance ne durant jamais longtemps. En effet, le temps effacerait lentement ces quelques échanges, ce voyage, ces rencontres.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Interlude de la Garde : Le Camp de survie, chapitre I
« Bon bah on va commencer par lui, Fabre. » Dit le Capitaine d’une voix chaude et autoritaire tout en désignant le cadavre d’un Hozen lourd et puissant qui restait au sol. Le corps encore chaud du macaque devait bien peser une centaine de kilos. Le Lieutenant s’approcha, avisant la créature. Il n’avait jamais vu de Hozen en vrai, les seules représentations qu’il connaissait de ces créatures étaient celles que l’on décrivait dans les divers bestiaires traitant de la Pandarie, de sa faune et de sa flore. Pourtant, aujourd’hui, il se trouvait en Krasarang, l’extrême sud du continent Pandaren. Ce voyage avait été organisé par le service de l’Instruction dans l’optique d’un camp de survie.
Reed avisa longuement Cyrius, il était inquiet. En effet, le fougueux Kultirassien avait été malmené par la plèbe environnante, mis au tapis par ces infâmes mangeurs de bananes. Il grimaça, voulant s’approcher de ce dernier mais la présence de son capitaine le fit se raviser. De plus, le Lieutenant Finegann s’en occupait et ne voulait probablement pas être dérangée. Elle usait de ses connaissances en médecine, prenant en charge l’ex-Caporal avec l’assiduité et l’exemplarité qu’on lui connaissait. Les traits de la blonde-rousse le replongèrent un an plus tôt. La Guerre des Epines. Il avait vu cette grimace sur son Lieutenant. Cette dernière était concentrée, la sueur perlant sur son front. C’était là la dévotion entière et complète dont faisait preuve la Gilnéenne en cas de coup dur. Il l’admirait en un sens, un tel sang-froid à toutes épreuves.
« Vous y arrivez seul ? » Reed interrogea son supérieur, avisant Milburn d’un œil inquisiteur. L’officier-supérieur gardait, malgré l’adversité, cette panache que tous lui reconnaissaient. Cette dernière était d’ailleurs mise en emphase par ce physique de colosse des titans qui faisait tomber nombres de femmes à la capital. Et pas seulement des femmes. Il avisait ses cicatrices et son regard brun.
« Je pense ... c'est assez léger comparé à Vaillance en armure. Il nous faut trouver un coin où les larguer ensuite ... » Désignant les divers corps de Hozens du menton. L’homme avait pour but de les éloigner du campement et ainsi éviter que des prédateurs viennent s’inviter pendant la nuit. Il prit le corps, le portant sur ses épaules, Reed l’imita.
Ils trouvèrent rapidement un petit renfoncement dans les bois, non-loin de la rivière mais assez loin du campement, où ils déposèrent les macchabés. L’Elwynnien relâcha le sien avec lourdeur, roulant ensuite des épaules. La foutue chaleur de cette jungle de Pandarie le prenait à la gorge, l’empêchant de respirer pleinement.
« Je reste persuadé que si on usait de nos formes, ça serait bien moins éprouvant Capitaine ! » Laissa échapper le brun à l’attention du brun. Il faisait visiblement référence à leurs conditions de worgen, tout en relâchant un petit soufflement amusé. Il vînt ensuite piocher dans sa sacoche qui pendait à la droite de son ceinturon, tirant quelques feuilles en forme de croissant de lune, venant les porter à sa bouche. Il mâcha frénétiquement les quelques herbes que le Capitaine ne pouvait que connaître.
« Le combat vous a énervé, Fabre ? » Il fronça ses sourcils, sa cicatrice suivant le mouvement alors qu’il toisait son Lieutenant de haut en bas. Il connaissait la sensation que pouvait offrir la Feuillune. C’était comme une douce ivresse qui éloignait toutes mauvaises pensées, plongeant son consommateur dans une phase de tranquillité presque constante. D’habitude, une telle plante servait à calmer la bête qui sommeillait en chaque humain maudit.
« Mmmh ? Non pas tellement. » Il récupéra un autre corps de Hozen alors que son Capitaine l’imitait, grognant de douleur. Reed avait reçu un sale coup au torse et peinait à se baisser. Pourtant, il suivait le rythme, plaçant le macaque sans vie sur ses larges épaules d’ancien bûcheron.
« Mais pourquoi avoir besoin de feuillune alors ? » Altan eut un bref mouvement d’arrêt pour aviser plus longuement le jeune blond. Il cherchait probablement des signes de transformation ou d’énervement mais rien ne lui sautait aux yeux. L’incompréhension la plus totale se lisait sur son visage.
« On est juste jamais trop prudent eh ! On m'a dit d'en prendre pour me calmer au besoin, vous ne le faites pas, vous ? » Il continuait de mâcher gaiement son morceau de feuillage tout en retournant à l’endroit où ils avaient largué les corps de Hozen. Il marchait d’un pas sûr, traversant le tapis forestier mousseux qu’offrait la jungle de Krasarang.
L’air était humide, la température était aussi élevée qu’en été et faisait fortement suer les deux hommes. Même Milburn, qui pourtant avait servit dans cette région par le passé, semblait éprouver la chaleur plus qu’autre chose. Leurs longues crinières étaient humides, couvertes de sueur. Le soleil s’était couché depuis un moment, baignant la jungle dans une obscurité des plus exotiques. Les bruits d’animaux inconnus parvenaient aux oreilles du nouveau worgen. Des odeurs d’autres mondes flirtaient avec ses larges nasaux, le faisant voyager encore plus loin.
« Eh bien ... en cas de besoin, oui, cela m’arrive. Mais c'est assez rare, on va dire. A mes débuts, j’en usais fréquemment. » Altan semblait songeur, levant les yeux au ciel, se remémorant les débuts de cette nouvelle existence. Il déposa le cadavre de singe dans un grognement. L’effort restait considérable, même pour les deux hommes.
« A titre personnel, j'en prends environ deux fois par jour … Ah ? Mais comment vous faites ? » Le blond fît les gros yeux, plongeant son regard d’azur dans les iris chocolatés du Capitaine. Il n’en revenait pas. En ce qui le concernait, Reed avait pour habitude d’en prendre dès qu’une contrariété lui venait à l’esprit, comme le druide qui l’avait pris en charge lui avait conseillé.
« Pardon ?! Deux fois par jours ?! Mais qu’avez-vous comme stock Fabre ?! » C’était avec la mâchoire sur le point de tomber que Milburn s’écriait, l’air choqué par une telle révélation. Sa voix d’habitude si calme laissait désormais transparaître son fort étonnement.
« Disons que c’est pour prévenir ? » Tenta vainement le blond, comprenant qu’il faisait tout faux. Pourtant, aussi loin qu’il s’en souvenait, personne ne lui avait vraiment expliqué comment gérer la chose au quotidien. Il savait comment se contrôler en worgen, comment se déplacer ou même user de sa forme, mais rien ni personne ne lui avait expliqué comment tenir sur le long terme.
« Bah oui ... mais avec la chasse, vous devriez pas avoir besoin d'autant. De plus, en user de manière préventive c’est faire du gâchis, Fabre. » Il roula des épaules, massant ensuite sa nuque en avisant les cadavres d’un air satisfait avant de finalement se tourner vers le campement, rebroussant calmement chemin en écartant les larges fougères du plat de son épée.
« La chasse, mon Capitaine ?! » Il ne comprenait rien à cette histoire. De toutes les choses qu’on lui avait dites, c’était bien la première fois qu’on le conseillait de partir à la chasse dans le but de maîtriser la bête qui sommeillant bien profondément en lui. Il écouta de ses deux oreilles les dires du brun.
« Vous ne chassez pas ? Je ne vous en avais jamais parlé ? J’en suis pourtant persuadé... mais c'était peut-être avant que vous ayez été contaminé ... » Il se gratta le front, l’air embêté tout en avisant l’Intendant d’un air tout aussi emprunté. « Vous ne vous pas "jamais" vous changer, Fabre. Imaginez que vous êtes une sorte de cocotte-minute qui accumule de la pression là. La feuillelune a pour but de relâcher un peu cette pression. Mais c'est en cas de secours, pas pour rester ainsi tout le temps. De fait, de temps en temps, il faut que vous preniez un moment pour aller relâcher cette pression est c’est en cela que vous vous devez de chasser. »
« Vous ... Vous voulez dire que… c'est ça vos soirées de quartier libre ?! Vous partez chasser Capitaine ? » Il fronça les sourcils tout en observant son supérieur de haut en bas, comprenant enfin comment Altan s’en sortait pour ne pas avoir à consommer autant d’herbes que lui.
« En effet. Vous allez en forêt, dans un coin isolé et ensuite, vous laissez la bête prendre le dessus. Pendant quelques heures, pas plus, le temps de chasser une bestiole ou deux. » Il parlait en expert et avait certainement bien plus d’expérience que ce pauvre Intendant. Il passa une main sur sa barbe qui prolongeait sa fameuse crinière, coupée par une profonde cicatrice qui s’étendait sur sa joue.
« Mais le souci, Capitaine, c'est que je suis pas à l'aise avec cette forme... Mes mouvements sont hasardeux, je peine à prononcer quelques mots. Alors me parler de chasse… Cela semble irréaliste. » Il se gratta la nuque, gêné d’avouer tout haut le complexe qui l’habitait depuis si longtemps.
« Cela fait partie de l’acceptation de votre nouvelle condition. Vous devez laisser votre instinct prendre le dessus et lâcher prise. Ainsi, seulement, vous pourrez être à l’aise avec cette part de vous. Je chasse seul en semaine pour justement lâcher prise, moi-aussi. » Il continuait de marcher calmement dans cette étendue de vert et de brun, les lianes retombant sur leurs armures, les oiseaux et autres bestioles exotiques chantant çà et là.
« Je... Vous chassez seul vous ? » Dit le Lieutenant en s’arrêtant encore à quelques mètres du campement, préférant éviter de tenir de tels discours face aux autres membres de son régiment. Tous ne savaient pas pour lui ou même pour Milburn et selon le Commandant, c’était mieux ainsi. Il toisa longuement les tentes et le feu de camp qui crépitait au loin. Les ombres de ses collègues se dessinaient et dansaient sur les toiles de ce refuge de fortune.
« Oui, je préfère. Ainsi cela m'évite un incident bête. On est jamais trop prudent, Fabre. » Lui ne regardait pas le campement, gardant ses iris braquées sur l’officier, se voulant rassurant mais aussi un brin prévenant. Il ne lui proposait pas de se mettre à la chasse. Derrière cette discussion très courtoise, le Capitaine venait de lui dicter une ligne de conduite à suivre dès aujourd’hui.
« Humpf... Vous pensez que ça serait envisageable de... de me montrer comment faire ? Une ou deux fois, je ne demande pas plus mais... Disons que je n’ai pas de modèle ou d’exemple à suivre. » Un brin perdu, sa voix le trahissait. Fabre avait fait preuve d’une exemplarité concernant sa maîtrise de soi, dévoué à son travail, il était difficile de dire qu’il cachait une telle malédiction. Et pourtant…
« Je peux prendre un soir, je pense. Au moins, une fois. A notre retour en Hurlevent. » Il lui fit un signe de tête affirmatif avant de doucement lui envoyer une tape dans le dos, se dirigeant finalement vers le campement. « Vous verrez bien ! » Il s’éloigna doucement du blond, se voulant tout de même rassurant, se tournant pour lui sourire et lui faire signe de le suivre.
Plus tard, lors de son tour de garde, Reed repensa à cette discussion avec le Lieutenant. Il repensa avec quelle fougue il lui avait parlé de la chasse et de ses bienfaits. Il tira sa main face aux flammes, avisant cette dernière. Il jura, pendant un bref battement de cils, qu’une patte de worgen l’avait remplacée pendant un court instant. Son ombre jouait sur le sol de terre battue, se déformant parfois en celle d’un monstre qu’il ne connaissait que trop bien. Il avisa longuement son sachet de feuillrêve, un brin ennuyé à l’idée de laisser tomber une telle habitude. Il ne tira qu’une feuille qu’il vînt mâcher, prenant son mal en patience. La Capitaine saurait l’aider, il en avait la conviction.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Interlude de la Garde : Le Camp de survie, chapitre 2
L’écume de la mer embrassait les berges humides de cette plage abandonnée. Le chant des criquets s’élevait dans l’air humide, accompagnée du doux cri des grues des étendues. Au loin, l’onde marine venait se mêler inlassablement avec l’horizon noirâtre, perdant les limites de ce monde dans une splendide obscurité. Pourtant, sur les flots brillaient des lanternes bleutées, rougeoyantes et même dorées. Ces lucioles dansaient et virevoltaient en tous sens en un spectacle coloré qui venait se refléter sur le miroir ténébreux qu’offrait la mer.
Cette vision mirifique était encadrée des récifs, d’incroyables piques de roches couvertes de mousses qui encadraient ce tableau des cieux. Le doux bruit de la marée montante remontait aux oreilles des deux hommes qui étaient étendus dans le sable. Couverts de sueur, le souffle haletant, ils souriaient comme des enfants tout en se regardant, tirant sur la maille de leur plastron pour trouver un brin de fraîcheur.
L’air était humide. L’odeur de la mer et de son sel remontait aux narines du Lieutenant qui se perdait dans la contemplation d’un tel spectacle. Ils s’étaient cachés de tous, après une brève bataille, cachés par des racines et des lianes au pied de la plage. Il s’appuya contre la roche, tournant doucement son regard azuréen en direction de son assistant. Ce dernier avait les yeux fermés. Il replaçait difficilement sa chevelure d’ébène en arrière, s’aidant de sa sueur alors qu’il tentait de retrouver un souffle qui ne soit pas saccadé. Puis soudainement, il ouvrit les yeux et ils rirent.
Un fou rire nerveux mais aussi amusé de la situation, ne pouvant se reprendre. Reed passait son index devant sa bouche comme pour inciter Anron à se taire mais lui-même était pris par cette soudaine joie. Ils se tenaient le ventre, ne pouvant plus se calmer, pleurant doucement de joie avant de finalement retrouver une respiration constante.
« Quelle vue splendide ! » Dit Fabre en désignant la plage de sa senestre. Anron réussit à se calmer, venant se replacer correctement contre son lit de feuilles, tenant toujours fermement son épée à deux mains, faite de bois. A son poignet, il avait attaché son fanion et celui de Aubril Solaj, une autre garde qui continuait probablement de se battre au loin. Reed en possédait aussi un, celui de l’aumônier, cette infâme langue de serpent qui s’évertuait à tirer à boulets rouges sur les différentes alliances mises en place durant cet exercice. Il sourit brièvement en resongeant à ce petit blond qui avait tenté vainement de se battre contre lui, Vaillance et Anron en même temps. Il reconnut sa fougue mais aussi son esprit insensé ! Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de saluer une telle bravoure, il en était fier.
« J’allais le dire, Lieutenant. Pensez-vous qu’ils vont nous trouver ? » Le noiraud toisait calmement son supérieur avant de relever ses iris vers les hauteurs de la plage et les premiers arbres de la jungle luxuriante. Il vînt tenir son arme d’entraînement un peu plus fermement.
« Le combat fait rage, il nous suffit d’attendre encore une trentaine de minutes puis nous pourrons partir pour le campement. Tenez, mon fanion. » Il vînt détacher le fanion de Dracam, venant le tendre à son voisin qui le regarda avec un air étonné. Il ne comprit pas tout de suite et éluda les questions qui lui venaient à l’esprit, repoussant simplement la main.
« Donnez-le moi peu avant la fin. Pour plus de sûreté. » Il hocha doucement du chef, sans questionner son Lieutenant davantage. Reed en fit de même, retournant à la contemplation de cet autre monde. Le spectacle était mirifique. Les lucioles virevoltaient en tous sens, s’élançant et retombant sur les profondeurs obscures des flots.
Ils restèrent là une vingtaine de minutes. Ils discutèrent de tout et de rien. Les blagues graveleuses et truculentes allaient de bon train, comme toujours avec le Lieutenant Fabre. Ils restèrent subjugués par cette vision paradisiaque. Peu avant la fin de l’exercice, Reed vînt tendre le fameux fanion à Anron et quelques minutes plus tard, son cher assistant réussit à obtenir le titre de champion, au même titre que le Caporal Louis Rainier. Reed en était fier et n’avait pas de honte à ressentir selon lui. Certes, il n’avait pas de point à ramener aux instructeurs mais pourtant, la joie l’habitait.
La nuit venue, Reed retourna dans sa tente où Anron était déjà couché. Le jeune caporal était étendu dans sa couche, torse nu, portant un simple pantalon ainsi que de bonnes bottes en cuir usées. Sa chemise avait été laissée sur le côté, la chaleur étant trop étouffante pour la mettre. Reed vînt se déshabiller, restant lui aussi seulement dans ses frusques. Il se brossa la barbe, les cheveux et les dents avant de finalement s’étendre aux côtés de son assistant. Il n’y avait aucune ambiguité dans cette tente, les règles étaient claires.
Reed regardait le sommet de la tente, l’air pensif alors que Anron ne cessait de nettoyer son fusil, démontant les pièces de ce dernier avec sérieux, méticuleux dans son travail. Il regardait parfois le Lieutenant qui lui, restait songeur, venant finalement regarder le travail de son assistant, souriant, fier.
« Savez-vous pourquoi je vous ai donné mon fanion, Anron ? » Sa voix était chaude, un brin suave. Il posa son regard bleuté dans celui de son assistant qui haussa rapidement les sourcils, ne comprenant pas forcément où son supérieur voulait en venir. La sueur collait à son torse, il replaça rapidement une mèche de cheveux avant de revenir à Reed.
« Car vous vouliez que je gagne ? » Il n’était pas sûr de sa réponse mais tenta tout de même de la déposer ainsi face à l’Intendant. Pourtant, à son grand étonnement, Reed vînt secouer sa tête de droite à gauche, l’air peu satisfait.
« Vous n’y êtes pas du tout mon ami… » Il souffla longuement, surjouant sa déception alors que son assistant restait circonspect. Pourquoi un tel choix ? Était-ce car il le considérait comme un ami ? Par gentillesse ? Par simple calcul en se disant que même avec trois points, il ne gagnerait pas ?
« Pourquoi alors ? Lieutenant ? » Il voulait savoir pourquoi. Un tel choix n’était pas anodin et les décisions prises par Reed avaient toujours une raison logique ou du moins, compréhensible. Il se pencha doucement vers l’Elwynnien, intrigué, les sourcils froncés.
« Je voulais vous apprendre une leçon. Une leçon qui, je pense, est à la base de ma vision de l’Intendance. Au-delà des chiffres, au-delà des comptes, au-delà des victoires et des ordres. Il existe une chose Anron. C’est l’homme. Je ne veux pas que vous oubliiez cela. Derrière chaque armure, derrière chaque feuille d’expertise ou de demande d’équipement, derrière chaque exercice, ce sont des hommes et des femmes qui vous font face. » Il prit un temps pour boire un coup avant de revenir à Anron qui semblait un brin perdu. « Derrière un tel geste, je vous ai aussi montré que pour maximiser les points, les chiffres mais aussi la confiance entre nous, il ne faut pas négliger l’aspect humain de notre service. Je veux que l’Intendance soit un service où les gardes se plaisent à venir demander conseil. Nous ne sommes pas des automates froids et sans âme, nous laissons cela à d’autres dans la capitale. » Dit-il, plus bas en souriant. « Je tiens à ce que vous vous souveniez de cet aspect humain, par ce biais. Non pas que je doutais de votre capacité à éprouver de l’empathie, mais je pensais bon de vous montrer que je préfère faire passer mes gars avant moi. Beaucoup pensent que je suis un rapiat voulant juste faire de l’argent. Mais chaque dorée économisée sur le papier finit dans la réparation d’une marche de nos escaliers, de nouveaux draps, tout ce qu’il faut pour le confort de mon régiment. »
Anron hocha doucement, souriant. Il comprenait le geste de son Lieutenant en un sens et un tel choix le fit sourire. Il avait confiance en le bougre d’Elwynnien mais aujourd’hui, il comprenait aussi que ce blond agissait avec réflexion.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Un lourd héritage, Chapitre IILe Lieutenant observait avec affliction l’une de ces nouvelles lettres qu’il venait de recevoir. Une main coincée dans sa barbe, les poils volubiles venant se glisser de manière affolante entre les différentes chainettes de la maille de ses gants. Plus sa lecture progressait et plus ses épais sourcils se rencontraient en un repli des plus caractéristiques, mettant en exergue sa splendide ride du lion. Voilà plusieurs mois que l’aïeul de ce cher Lieutenant, Georges de Méricourt, s’évertuait à regagner du pouvoir sur Fabre et le reste de sa famille.
Les sombres machinations allaient de bon train. Que cela soit en encerclant Reed à la sortie de la caserne pour forcer une rencontre. Que cela soit en envoyant des menaces par courrier autant au jeune blond que à son Commandant. Puis enfin, le summum fut de mettre ces menaces à exécution sans pour autant l’avouer directement, le Commandant Heillenlicht ayant payé le prix le plus cher.
Le blond parcouru la lettre encore un peu, passant son pouce sur le cachet au bas de ce vélin, l’écrasant machinalement. Tel un défouloir, la cire se séparait, cédait sous son pouce de plaque, massacrant les armoiries de cette maison détestée.Vicomte George de Méricourt,
Domaine de Méricourt,
10 Place du Donjon,
HurleventIntendant Reed Fabre,
Caserne de la Garde,
1 Place d'arme,
Vieille Ville,
HurleventLieutenant Fabre,
J’ai ouie dire que votre illustre Journée de la Garde fût un glorieux succès. Les quelques courtisans que j’ai pu envoyer sur place m’ont rapporté que même votre chère Commandant était présente. Il est bon de voir que cette femme fait honneur à ses origines en démontrant une ténacité exemplaire. J’espère avec tendresse que de telles qualités ont pu trouver place au sein de vos origines un brin métissées.
Si je vous écris aujourd’hui, mon cher petit fils, c’est dans le but de vous convier officiellement à l’une de mes joutes au début de cet été. Cependant, pour se faire, il faudrait que ce petit soucis aux abords de mon domaine puisse être réglé. Comme vous le savez très probablement, mes soldats sont des meilleurs du royaume et n’ont pas foi à s’occuper de petites menaces, il va donc de soi que je me tourne vers vous aujourd’hui.
Je gage que ma lettre trouvera bonne forme, l’ayant envoyée en double et à votre adresse privée et à la caserne. S’il vous plait mon cher, ne m’obligez pas à contacter personnellement des membres plus gradés que vous, cela serait vous faire du mal pour rien. En revanche, si vous êtes désireux d’en apprendre davantage, je puis vous garder un brin de temps et vous offrir un repas l’un de ces soirs.
Pour Lordaeron,
Les yeux du Lieutenant étaient injectés de sang. Sa main avait troué l’emplacement du cachet tout en chiffonnant le papier précieux qui avait été utilisé pour écrire cette maudite lettre. Il s’empêcha de la déchirer, songeant deux minutes à ce qu’il pouvait en faire. Il se releva, repoussant sa chaise à l’aide de son bassin avant de se diriger calmement en direction des vestiaires. Il glissa une copie de cette lettre dans le casier de son Commandant puis l’autre dans celle de son meilleur ami, Jack Lovelace.
Il se dirigea ensuite en dehors des vestiaires, croisant quelques gardes dont Anron qui s’évertuait à transporter des caisses de leurs anciens bureaux en direction de la fameuse tour de l’Intendance. Reed s’avança lentement en direction de la machine à café, faisant un clin d’œil à l’illustre couple de la caserne, les deux Jais, qui comméraient comme d’accoutumée. Il toisa longuement l’ensemble des gardes présents, coinçant ses pouces derrière son ceinturon tout en restant perplexe.
Son grand-père, le monstrueux Georges de Méricourt, s’amusait à le railler encore et encore dans le seul but de le voir un jour reprendre le flambeau et être mis à la tête de sa famille. Mais Reed était un Fabre, il n’était pas noble et son grand-père avait bien pris soin d’exiler ses parents. De fait, il ne lui ferait pas l’honneur de reprendre la direction de sa famille. Même si, depuis peu, le Lieutenant songeait à toute cette famille qu’il ne connaissait point. Il soupira, dodelinant de la tête avant d’observer le Commandant et le Major qui parlaient au-dessus de la balustrade. Le borgne observait la lionne alors que cette dernière avait son regard plongé dans le vide. Les traits de l’âge et de son vécut creusaient des sillons dans le blanc de son visage.
Son regard se porta ensuite sur Asran et Finegann qui étaient assis dans la salle d’interrogatoire. Elles partageaient silencieusement un café tout en parcourant des livres d’anatomie. La caserne reprenait vie depuis peu, les recrues étaient nombreuses et tous étaient présents dans ce petit havre de paix hautement réglementé qu’était devenue la Garde de Hurlevent.
Il revînt à sa machine, venant se servir un café brûlant qu’il prit le temps de siroter tout en allant s’appuyer contre la rambarde. Il souffla sur le divin breuvage, la buée s’échappant de ce gouffre des plaisirs, tel un geyser de Strangleronce. Il voulut ajouter deux sucres dans ce café puis tomba nez à nez avec les pâtisseries qu’il avait amené au matin. Son regard resta rivé sur le sucré qui avait été saupoudré sur la peau dorée et craquante de ces chaussons aux pommes. Il voulut les engloutir mais son esprit le ramena un an et demi plus tôt, lors d’une terrible matinée.
Quelle douce sensation. Le Caporal-chef avait l’impression de flotter calmement dans les profondeurs de ses songes. Le sommeil était arrivé bien rapidement, après un repas bien mérité. Il s’était endormi dans son lit, dans la caserne, à peine changé, portant sa chemise et un pantalon brun un brin trop serré, laissant sa large bedaine ressortir à l’avant. Tout son corps était boursouflé, c’en était presque comique tant il était grotesque. Il était allongé sur le ventre, tel un lamentin, la tête penchée sur le côté, la gueule grande ouverte d’où s’échappait un large filet de bave. Ses ronflements étaient si forts que les autres gardes passaient des nuits d’enfer. Mais cela gênait peu le blond de la caserne. De son côté, il était correctement installé, son sommeil était profond et plus rien ne pouvait le déranger.
« Debout Fabre, levez-vous. » Ordonna une voix en tirant fortement sur la couverture. Le geste était peu soigneux, presque automatisé. Il n’y avait là aucun but de tendresse, ce n’était pas l’attention d’une mère pour son enfant. C’était celle d’un Commandant à l’un de ses soldats. Le bougre se réveilla bien vite, ouvrant les yeux qui peinaient à s’habituer à la pénombre. Il découvrit le Commandant Hellenlicht qui se tenait devant lui, la mine peu avenante.
« C-Commandant ! Je… tout de suite mais pourquoi ? » Reed se leva en vitesse, enfilant ses bottes et refermant sa ceinture alors qu’il faisait face au Commandant. Fatiguée comme énergique, la quadragénaire possédait le même regard sérieux et presque antipathique. Ses lèvres se pincèrent alors que le jeune blond venait questionner ses ordres. Elle se tourna, claquant des talons avant de se diriger vers le grand hall. Reed la suivit de près, titubant maladroitement entre les lits de ses camarades.
Il se trouva rapidement dehors. L’air était frais, l’herbe était encore couverte de la rosée du matin. Le soleil venait lentement apparaître à l’horizon, donnant au ciel de formidables teintes rougeoyantes. Le regard du sous-officier retomba rapidement vers la lionne qui avait abandonné son armure de service pour une tenue plus légère. Elle attrapa lentement ses cheveux rouillés pour les ramener lentement en un genre de queue de cheval.
« Vous saviez ce qui vous attendait si vous ne vous repreniez pas, Fabre. Il est temps de s’occuper de votre graisse, on dirait une abomination du fléau. » Dit-elle en désignant du menton les bourrelets qui débordaient de la chemise froissée de l’Intendant. Il dégluti, fataliste alors qu’elle s’étirait face à lui. Son corps avait beau être marqué par des années de conflits, la Commandante n’en restait pas moins très musclée. Elle se tourna face au grillage qui menait vers la ville, avisant une dernière fois Reed tout en souriant, comme si elle y prenait du plaisir. « Nous allons courir pendant deux heures, puis vous irez à l’entrainement matinal sans prendre de pause. Enfin, nous reprendrons la course peu après midi jusqu’à quinze heures. »
Le programme était de taille et le Commandant le savait. Le pauvre lamentin voulu objecter mais ne pu le faire, voyant déjà son Commandant s’éloigner avec un pas plus que rapide. Il s’élança, ses poches de graisses ballotant aux grés du vent alors que son souffle perdait en vigueur. Il traversait les brumes du matin qui voilaient les pavés, découvrant peu à peu les boyaux de la ville qui s’éveillaient peu à peu sous une aquarelle céleste qui ne cessait de tendre vers le bleu éclatant du ciel. La fatigue était si forte qu’il ne sentait même plus la douleur de ses muscles. Pourtant, bien des mois plus tard, l’Intendant retrouverait la forme.
Il revînt à lui, avisant longuement la pâtisserie puis tous les gardes qui l’observaient. Tous lui firent non de la tête alors que le Commandant était penchée sur son perchoir, le regard d’acier. Elle n’avisait pas Fabre mais la mignardise qu’il allait dévorer. Il la relâcha doucement, ramenant sa main sur une pomme. Lovelace s’approcha doucement, prenant le chausson aux pommes entre ses mains avant d’aviser Reed. Il le releva avec lenteur face à son nez et enfonça lentement ses dents dans la croûte succulente de la pâtisserie. S’en suivi un grognement satisfait alors que de ses yeux vairons, le Sergent-chef à la chevelure grisée lui offrit un clin d’œil des plus rieurs, probablement qu’il cherchait ici une vengeance des plus délicieuses.
« Belle journée Lieutenant ! » Le grison se tourna ensuite, retournant à la lourde tâche qu'était l'instruction des recrues.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Un lourd héritage, Chapitre IIIVicomte George de Méricourt,
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HurleventIntendant Reed Fabre,
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HurleventLieutenant Fabre,
Je vois que désormais, vous pratiquez la sourde oreille. Il est toujours amusant de voir avec quel sérieux vous tenez vos positions. Vous me rappelez votre oncle, Abel de Méricourt qui avait cette capacité à me tenir tête par simple plaisir de me défier. Je doute fortement que vous soyez dans une telle optique. En effet, un Lieutenant aussi bien placé que vous doit bien savoir qu’il a tout intérêt à rester dans en bons termes avec un noble tel que moi.
Qui sait ce que deviendraient vos affaires si le bruit courrait que vous, Reed Fabre, l’Intendant de Hurlevent, s’évertue à enchaîner les enfantillages en refusant de répondre à l’un des proches de sa Majesté, le Roi Anduin Wrynn.
Je dois reconnaître que vous êtes résilient et que votre esprit est aussi borné que celui d’un Méricourt. Je gage que vous connaissez, comme moi, ce vieil adage qui dit que la pomme ne tombent pas loin de l’arbre. A croire que vous, mon petit-fils, entretenez cette idée reçue. Mais si je dois vous dire quelque chose mon cher, c’est que le vieux noble que je suis a connu des défis ayant bien plus d’obstacles. Vous me répondrez que je vous accueillerai à bras ouverts car comme vous le savez, j’ai espoir de vous voir vous surpasser. Vous apprendrez bien vite que seule votre Famille saura vous apporter ce dont vous avez besoin.
Pour Lordaeron,Il était las. Reed relu une dernière fois la lettre avant de la glisser dans le dossier qui rejoindrait bientôt le classeur de l’enquête Méricourt. Il était affalé dans son nouveau bureau, assis dans son trône de bois et de coussins en tous genres. Il balaya la pièce de son regard lagon, s’arrêtant sur chaque détails de cette tour qui dominait la caserne de la garde de Hurlevent.
Avant, ce petit local était ce que l’on nommait les archives. Des cartons en tous genres, des montagnes de paperasse et des volets constamment fermés ; c’était là la l’ancienne description de cette tour sordide. Aujourd’hui, cette pièce était synonyme d’innovation. Reed avait fait nettoyer les fenêtres, déclouter les fenêtres et avait remis à neuf l’entièreté de ce bureau. Désormais, il avait une grande table qui trônait au centre de la tour. La lumière entrait en tous sens, se fracassant contre les armures montés sur des mannequins. La réserve était encore en bas mais désormais, tout le matériel nécessaire à la réparation d’armure était ici. Un établit avait été déposé à sa droite et un canapé sur la gauche. Dans un siège, Anron était enfoncé.
Anron, ce fidèle assistant qui avait commis l’erreur de sa vie en rasant ses cheveux pour ne laisser qu’un crâne vierge, lisse, où se reflétait la lumière du soleil comme de la lune était non loin de lui. Le nouveau sergent était concentré à lire un rapport tout en buvant un chocolat chaud. Comme Reed, il avait partiellement abandonné son armure, dévoilant son corps fin et svelte. Anron était de ces hommes qui pouvaient passer inaperçu au besoin tout en garantissant une certaine assurance. Les deux hommes ne portaient que le bas de leurs armures, n’ayant gardé que des chemises pour couvrir leurs torses. Le carminois releva son regard bleuté, croisant celui du Lieutenant qui lui souriait.
« Tout va bien Lieutenant ? » L’assistant haussait ses sourcils tout en posant sa tasse sur la table. Fabre prit son temps pour répondre, passant ses gros doigts dans sa barbe d’or. Il était songeur, imaginant ce qu’il pouvait faire pour se venger de son grand-père sans doute. Il pourrait reprendre son domaine et le vendre aux quatre vents ? Avec l’argent gagné, il pourrait s’offrir une splendide retraite et probablement ne plus jamais travailler. Mais il revînt bien vite à lui, las d’être enfermé dans ce bureau.
« Nous avons bien travaillé ce matin Anron, inutile de pousser tout l’après-midi, surtout avec les Olympiades. » Il prit un temps de pause, songeant à ce qu’allait devenir son après-midi. Probablement qu’il allait rentrer seul entre quatre murs puisque ni Fahrad, ni ses enfants ne se trouvaient chez lui. Il soupira puis repris sur un ton plus enjoué. « Cela vous tente de venir à la pêche avec moi mon cher ? »
« La pêche Lieutenant ? Je n’ai jamais vraiment pêché à dire vrai… Mais bon, j’peux bien tenté hé ? » Reed hocha du chef en se relevant dans un brouhaha de cliquetis avant de tirer sur son communicateur. Il tira longuement l’antenne entre son pouce et son index avant d’appuyer sur le large bouton qui trônait au centre de la machine gnome.
« Fabre, pause dans mon service. Je prends mon après-midi ! » Le Sergent carminois se releva lui aussi pour imiter son Lieutenant avant de tirer doucement sur ses bretelles. Il se dirigea vers les escaliers qui permettaient de quitter le bureau tout en s’étirant, ayant été dans le canapé pendant plus d’une heure. « Retrouvons-nous dans dix minutes devant la caserne. Je vais prendre de quoi pêcher dans notre ancien bureau, j’y ai mis de vieilles cannes à pêche. » Anron hocha du chef tout en saluant son supérieur avant de disparaitre dans l’escalier en colimaçon.
Fabre se tourna lentement vers l’armoire derrière son bureau. Il tira sur son ceinturon et laissa doucement sa plaque le quitter. Il retira toute les pièces d’armures qui lui restaient pour rester seulement en chemise. Il fouilla doucement dans son armoire pour y trouver un pantalon large en coton bleu et usé, une large paire de bottes en cuir souple et un harnais qui faisait désormais sa fierté. Il se changea bien rapidement pour se diriger ensuite vers la sortie de son bureau. Une fois arrivé au premier étage de la caserne. Il ferma la porte de son bureau à clef et se rendit au bas de la caserne, passant la porte d’entrée pour tomber sur le chauve de service.
Cependant, ce dernier n’était pas seul. A ses côtés se trouvaient deux femmes et un homme que Reed ne connaissait que trop bien. Premièrement, proche de son assistant se trouvait une femme au cheveux foncé et à la carrure de goliath. Ses muscles secs se devinaient magrés ses vêtements et son air constamment martial en faisait un adversaire redoutable. C’était ce que l’on pouvait nommer vulgairement une machine à tuer. Sa carrure n’était pas faite pour les coups bas mais pour l’art de la guerre. Le Sergent Bryn’ Asran était après tout une digne descendante de Stromgarde, la culture martiale coulait dans ses veines.
Ensuite, le Lieutenant posa son regard sur une femme qui pouvait aisément passer pour un membre de sa famille. La jeune blonde à la chevelure mi-longue se tenait devant lui, un sourire en coin. Elle était aux antipodes de ce que pouvait être Asran. Fine, élancée et modelée pour la mesquinerie, le Sergent-chef Wedge n’était pas redoutable pour sa force mais pour son agilité. Reed en avait fait les frais il y a moins d’une semaine, perdant contre elle dans un combat de Lutte. Il avait compté sur sa force physique et avait sous-estimé la puissance que représentait la fourberie.
Après cette dernière se trouvait son meilleur ami. Jack Lovelace se tenait droit, une main sur le pommeau de sa rapière tout en affichant un sourire quasi constant. Sa peau entrait en contraste parfait avec sa chevelure de cendre. Il se balançait de droite à gauche, un brin impatient alors que ses yeux vairons rebondissaient d’une personne à l’autre. Lui était un parfait entre-deux. Son physique était puissant mais gardait une forme de souplesse pour lui permettre d’être un adversaire plus que redoutable. Il releva lentement sa dextre pour tirer doucement sa moustache entre son pouce et son index.
« J’ai pensé bon d’inviter les quelques membres de la caserne qui n’avaient rien d’autre à faire que regarder le plafond ! » Dit le Sergent tout en ricanant. Il avisa le groupe qui l’accompagnait avant de revenir à Reed. Le blond s’avança lentement pour tendre une canne à pêche à Anron puis une autre à Jack qui refusa de la main.
« Hola Reed ! La dernière fois que j'ai péché, j'ai passé deux heures au bord du canal pour finalement sortir de l'eau une vieille semelle de botte et une chope rouillée estampillée Barbebière» Il ricana tout en plaçant ses mains face au Lieutenant, comme s’il voulait se protéger d’une proposition plus que répugnante. Il sourit doucement tout en rabaissant ses bras, hochant du chef.
« Moi par contre je veux bien essayer ! » La Stromgardienne, un peu téméraire, avait un esprit plus que compétitif. Elle s’avança pour tendre sa main gauche, attrapant l’objet de chasse aquatique. Elle l’examina comme on pouvait le faire avec une lame ou une arme à feu, semblant évaluer sa capacité mais aussi ce qu’elle pouvait en faire. Inutile de le dire, elle était déjà bien déçue, elle qui était habituée à une chasse qui se voulait bien plus sanglante, bien plus sportive et bien plus enivrante.
Tous hochèrent du chef et se déplacèrent en direction de l’étang d’Olivia. En chemin, Wedge qui avait un humour bien épicé, se permit d’acheter un cornet remplit de poissons grillés. Une spécialité Pandaren qu’elle exhiberait avec joie face aux mauvais pêcheurs. Ils arrivèrent doucement au bord de l’eau. Pendant plus d’une vingtaine de minutes, l’Elwynnien expliqua à la Stromgardienne et à son assistant comment il fallait pêcher. Les deux semblaient un brin perdus mais comprirent bien vite que la base de cette activité était essentiellement de la patience. Ils prirent une mine déconfite alors que lentement, tous s’installèrent au bord d’un ponton, proche de l’eau, des appâts en main.
La cinquième compétition des Olympiades commença donc entre le Lieutenant Fabre et les deux nouveaux sergent. Si Fabre, au bout d’une dizaine de minutes, avait déjà emporté deux goujons, les deux autres ne cessaient de ramener des algues, des feuilles mortes et autres babioles sans intérêt. De leurs côtés, Wedge et Lovelace étaient confortablement installés sur une nappe de pique-nique. L’un écrivait calmement dans un carnet, organisant les Olympiades et organisant les classements alors que l’autre se prenait un bain de soleil tout en s’empiffrant de poissons grillés.
« Hé regardez » Dit Anron tout en donnant un léger coup d’épaule à son supérieur. Il ricanait tout en lui montrant du menton un noble aux airs un peu trop impérieux et une femme à la robe bien trop criarde qui allaient longer les lacs de faubourgs, se perdant dans la nature. « Hé celle-là elle ne va pas sucer que des glaçons ! » Il s’esclaffa, suivit du rire gras de Fabre et de Lovelace. La Stromgardienne plissa lentement ses sourcils, avisant les deux avant de comprendre. Elle se mit à rire elle-aussi, Wedge les imitant en avisant le duo lointain.
Le mot d’ordre était la détente. Il se marraient comme de bons lurons tout en profitant d’une après-midi calme, comme il y en avait peu. Le Grison, toujours enclin à animer les jeux, décida qu’il était de bon ton de commenter les échecs de chacun en matière de pêche. Plus le temps avançait et plus la frustration était palpable dans le regard de Asran comme de Anron. Cependant, la soudaine prise du carminois eu raison de la patience de la Stromgardienne. Elle se releva, pestant en se dirigeant dans les bois. Elle revînt quelques minutes plus tard sous le regard inquiet de ses collègues. Elle s’assit en rageant, tirant un couteau de chasse pour venir tailler un bâton qu’elle avait rapporté.
« Je ne veux pas faire de problème mais le Lieutenant est à sept goujons et vous Anron, vous n’en avez qu’un… Et Asran… » Wedge étira une moue, un brin peste alors qu’elle observait les gains de chacun, un air suffisant sur le visage. La Stromgardienne n’écouta pas, continuant de tailler son morceau de bois.
« L’important c’est de participer Wedge ! » Dit Lovelace tout en observant la blonde qui croquait dans son poisson grillé. Elle plissa les yeux et étira un rictus encore plus large tout en haussant les sourcils. Jack lui répondit en fronçant les sourcils. « Mmh ? »
« Alors pourquoi vous ne participez pas Lieutenant ? Une peur de perdre ? » Elle croqua une nouvelle fois dans son poisson tout en restant à moitié couchée, amusée. Il s’esclaffa tout en tapant sur sa cuisse.
« Perdre comme vous face à Rosseau ? » Le coup de feu parti de la bouche de Lovelace et la carminoise manqua de s’étrangler avec son poisson. Elle rougit un brin, touchée dans son estime avant de sourire, se concentrant sur l’échec de Anron et Asran.
Cependant, alors que le calme revenant, un énorme bout de boit traversa le champ de vision des gardes. Sur un rocher se trouvait Asran, le pantalon remonté à ses genoux, tirant son harpon de fortune où étaient accrochés deux poissons qui frétillaient avec peine. Elle sourit d’un air satisfait avant de venir se rasseoir vers les autres en grande vainqueur. Elle tira lentement les corps inanimés des deux goujons pour venir lentement se préparer à lancer un second assaut en véritable combattante.
« Rien ne vaut les bonnes vieilles méthodes. » Dit-elle en avisant ses collègues qui restaient sous le choc. Lovelace fût le premier à applaudir, suivit des autres. Tous rirent doucement et l’après-midi se poursuivit ainsi jusqu’au crépuscule. Au soir, c’était environ une vingtaine de poissons qui fût déposée dans les cuisines pour préparer un repas. Tous se réunirent autour d’un bon repas bien mérité.
C’est à cet instant que Reed songea aux mots de son grand-père : Vous apprendrez bien vite que seule votre Famille saura vous apporter ce dont vous avez besoin. Sa famille n’était pas seulement au val. C’était ici, en Hurlevent, que le jeune blond avait rencontré la majorité de ses amis. Désormais, certains étaient devenus si proches qu’ils étaient ce qu’il considérait comme une famille. A cela, le vieillard ne pouvait rien y faire. En ce bref instant de répit, Fabre remercia intérieurement ce vautour qui le lui avait fait réaliser. Il termina son repas et reparti au soir pour poursuivre les Olympiades dans un seul but, profiter de ses amis.
Reed Fabre- Citoyen
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Re: Les mésaventures Fabresques
Un lourd héritage, Chapitre IVSes pas résonnaient lentement sur les pavés refroidis par la rosée du matin. A cela s’ajoutait l’écho satisfaisant du cuir de ses semelles qui venaient relâcher un doux frottement. Il s’avançait d’une démarche plus que chaloupée en direction de la maison du dernier des Caporaux de la Garde de Hurlevent. Le blond avait réussi, au détour d’un ridicule pari, à gagner un ticket d’entrée pour l’antre des horreurs : le foyer de Wallace. Il s’attendait à beaucoup de choses. Probablement des armes laissées à même le sol, des assiettes pourrissante datant d’il y a plusieurs mois ou encore pire, des amas de poussière que la vie elle-même aurait abandonnés !
Jeune Lieutenant frémissait à l’idée de rencontrer une monstruosité composée de pourriture, de poussière et de poils de chat qui aurait été ramenée à la vie par on-ne-sait quelle magie. Il secoue vivement sa tête, venant ensuite masser sa mâchoire carrée, laissant ses gros doigts se balader dans sa barbe d’or aux poils volubiles. Il devait se souvenir de l’adresse du Caporal. Il poursuivit dans une ruelle plus sombre puis traversa une autre allée marchande pour finalement arriver aux-devants de la maison de la plus singulière de tous les membres de l’Armée. Il resta devant, regardant longuement la porte, ayant monté une ou deux marches de pierre pour finalement faire face à cette énorme planche de bois massif. Cela devait être du chêne et aux vues des quelques marques sur le bois, cette bâtisse avait bien vécu.
Il se tînt devant la porte, détaillant les alentours. C’était une fin de matinée, proche de midi, le soleil allait enfin pouvoir accéder à son zénith et purger la ville des quelques restes de la rosée sur matin. La rue était presque déserte, seul une vielle marâtre passait avec quelques mioches qu’elle tenait à bout de bras, braillant sans cesse dans le but un tantinet désespéré de les calmer. Il revînt à la porte, lissant sa chemise et replaçant une bretelle de son harnais pour finalement venir frapper à la porte de sa dextre. Trois coups secs, retentissants, lourds, qui firent trembler le bois.
Lentement, il entendit de nombreux verrous cliqueter au-delà de la porte massive. Trois ou quatre en hauteur, une serrure, deux serrures puit finalement un autre verrou au niveau du sol. Le jeune Elwynnien recula d’un pas, plaçant ses pouces derrière son large ceinturon de cuir, tirant légèrement sur ses chausses bleues, usées qui remontaient lentement, se dégageant de ses larges bottes de cuir.
La porte s’ouvrit sur une vision qui mêlait horreur, burlesque et un brin de saugrenue. Les yeux du blondes balayèrent la silhouette de bas en haut, des pieds à la tête. Commençons par ces pieds. Fin, petit, des ongles taillés et pourtant laissés à l’abandon. Il remonta lentement son regard, suivant cette peau de porcelaine qui était couverte en-dessus des genoux par un splendide peignoir. Ce vêtement qu’elle venait visiblement de refermer aurait pu être un signe de richesse. Rouge, probablement taillé pour un homme, il avait été fait dans un tissu onéreux qui était malheureusement entaché de sauces en tous genres et saupoudré de quelques miettes d’une pâtisserie probablement chocolatée, en témoignaient les traces au coin des lèvres de la furtive. Elle avait ramené ses cheveux de jais en un chignon mal fait. Ses yeux, encore un brin gonfles, étaient marqués par la sieste de laquelle Reed venait de la tirer. Elle relâcha un long bâillement, s’étendant sur son perron avant de lui faire signe d’entrer sans autres formes de procès.
« Wallace… Il est presque midi et… vous étiez à l’entrainement ce matin… comme avez-vous pu soudainement… » Il fronça les sourcils, se coupant alors qu’elle relâchait la porte, comme pour lui signifier que l’offre était à prendre ou à laisser. Ou simplement poussée par une flemme de tenir la porte pendant cent-sept ans.
« Il est bien le matin quelque part et si je prends la peine de quitter mon service peu avant midi, c’est dans le but de faire ma sieste pré-digestive qui précède la sieste post-digestive. » Elle hocha du chef marchant dans un long couloir étroit au parquet grinçant, le menant doucement vers une pièce qui semblait être un salon. C’était un véritable capharnaüm. Cette pièce était à l’image d’un champ de bataille peu après une guerre. Les quelques sofas étaient rendus inaccessibles par des piles de vêtements mal rangés. Ces derniers n’étaient pas sales, loin de là, la maîtresse de maison n’avait juste pas ressenti le besoin de les ranger. Après tout, pourquoi les placer dans une armoire si c’était pour les reprendre par la suite ? Elle s’avança lentement, encore rouillée par son sommeil avant de se laisser retomber maladroitement entre un pantalon et une robe, cherchant sur la table le reste de son déjeuner.
« Oui mais tout de même… Je venais suite à notre discussion pour… Vous aider à ranger et visiter un peu la maison de ma chère collègue. Je ne m’attendais pas à cela… » Il vînt trouver une place proche du foyer de la maison, venant lentement s’installer sur un genre de tabouret ou seule une tunique se prélassait. Il la souleva et la garda entre ses mains tout en plongeant son regard sur la démone du logis qui mangeant calmement le reste de son croissant tout en laissant ses pieds sur la table.
« Je sais ! Ne vous inquiétez pas Fabre, il y aura bien assez à faire pour plusieurs jours. Après, je suis certaine que l’idée de vous glisser dans la penderie de ce cher Endral vous a frappé l’esprit non ? Cette muse que vous chérissez tant. » Elle relâcha un ricanement tout en terminant son mets, se relevant pour ensuite venir s’approcher du bougre et lui tendre sa main couverte de miette. Elle la secoua vivement sa dextre, venant ensuite saisir la grosse patte du blond pour le tirer dans les couloirs de sa demeure.
Elle lui désigna les pièces les unes après les autres. La première fût une chambre plongée dans la pénombre. Un rayon de soleil traversait des rideaux noires et venait se refléter sur un énorme piano. Comment était-il arrivé là ? Nul ne le savait. Il voulut en voir un peu plus mais une petite silhouette se dressa entre lui et sa contemplation. Ses yeux noires se plongèrent dans ceux du blond. Rapidement, wallace s’approcha de cette dernière pour lui embrasser les cheveux alors que lentement, la porte se refermait. Après une telle étrangeté, le Lieutenant fût tiré plus loin. Il passa rapidement devant une cuisine où l’empilement de casseroles aux fonds brûlés lui donna des vertiges. Tout s’enchainait rapidement, comme si la furtive était pressée de lui montrer autre chose. La salle d’eau en désordre, le sellier changé en rangement de chaussures, une chambre d’ami en penderie. Brièvement, il pu entrevoir une chambre où régnait une harmonie presque parfaite. Le lit était fait, les habits pliés, le sol visible. Le soleil semblait bénir cette pièce au milieu d’un chaos constant. Mais la vision de paradis lui fût arrachée. La femme emmena Reed dans une autre chambre, celle du couple. Elle hocha du chef d’un air presque trop fière.
« Bien, je vais me changer et me laver, j’en ai pour quelques minutes mais ne vous inquiétez pas, vous pouvez commencer par nettoyer la cuisine ! » Elle se releva sur un pied, lui tapota une fois de la paume de sa main sur le sommet de sa tête, comme on le ferait avec un chien. Elle prit ensuite une tunique au rouge plus que délavé et un pantacourt blanc. Elle se dirigea vers la salle de bain, laissant un Fabre tout penaud sur son lit qui n’était défait que d’un seul côté.
Il avisa longuement ce lit, comme touché par une telle vision. Le lit vide, où seule une personne dormait. Il se releva longuement, son regard lagon se perdant sur ces draps blancs, sans expression. Une moue s’étira tout au long de ses lèvres alors que lentement, il passait son pouce sur les draps. Il connaissait ce terrible sentiment. La solitude d’être parent célibataire. Tous deux ne l’étaient pas vraiment. Mais leurs conjoints étaient absents. Le lit vide, l’une des pires douleurs qui pouvait être infligées à l’esprit. Il hocha du chef, comprenant soudainement un nombre de chose. Il avisa les quelques vêtements masculins qui semblaient figés dans le temps. Il n’y en avait que deux ou trois. Tout était vivant, sauf lui. Il se dirigea lentement vers la cuisine, explorant l’antre de la terrible Wallace.
Il passait plus d’une heure à nettoyer cette cuisine. Il commença par laver tous les plats, réarrangea les rangements et replaça toutes la vaisselle dans un ordre qui transpirait les tocs mentaux frôlant la maniaquerie maladive. Il avait tout rangé, dans sa totalité. Il avait nettoyé le sol, passé le balais, récuré les catelles avant de s’attaquer aux plans de travail. En arrivant, la furtive fût surprise de retrouver une cuisine éclatante. Elle passa longuement son doigt sur les surfaces avant d’en revenir à Fabre.
« Eh bien… J’aurais pu le faire hein ! Et sans me tâcher comme vous l’avez fait Fabre. » Dit-elle en désignant du doigt la tenue crottée du Lieutenant. En nettoyant les immondes casseroles, il s’était attiré la foudre des moisissures qui avaient parfois coulé sur ses frusques et sur sa chemise. Il soupire en hochant du chef, laissant la Caporal reprendre. « Venez, j’vais vous prêter un truc à Endral. C’est pas comme s’il en avait besoin de toute manière. »
« C’est très gentil mais vous êtes sûre ? Je ne voudrais pas m’imposer. » Reed la suivait lentement dans les couloirs, décrivant la silhouette maigrichonne de Wallace qui s’était affublée de vêtement dignes d’une bohémienne. Elle ouvrit la porte de la salle d’entraînement, dévoilant le temple du mâle de la maison. Il y avait là un simple banc de musculation qui trônait au centre d’une salle d’exercice. Plus loin, une barre de traction avait été accrochée maladroitement contre un mur. Au fond de la pièce se trouvaient quelques armoires où les affaires de l’homme avaient été rangées méticuleusement, comme un douloureux souvenir qu’on ne désirait pas rappeler.
« Comme je vous l’ai dit, ce n’est pas comme s’il les portait. Tenez ! » Elle lui tendit les habits du bougre avec une maladresse plus que caractéristique chez Wallace. Il attrapa l’ensemble de la tenue avant de hocher vivement de la tête.
Il se tourna machinalement vers la salle d’eau. Il s’y enferme, se changeant lentement. Il laissa ses frusques dévaler ses larges cuisses avant de retirer sa chemise. Il avisa longuement la cicatrice maudite qui se dessinait sur son épaule droite, fronçant les sourcils. Il était compliqué de s’en faire une image précise dans les cassures de cette glace brisée. Il avisa ce que la furtive lui avait donné : un pantalon brin, un harnais de cuir et une chemise noire. Il tira sur le pantalon, avisant ce dernier. Un brin large, l’élastique était usé et témoignait un certain port de l’objet. Il l’enfila rapidement, fermant les boutons les un après les autres. Il fit de même avec la chemise et se drapa du harnais en cuir qui cliquetait longuement dans le vide. Il rangea ses vêtements souillés dans sa sacoche, quittant la pièce pour retrouver une Wallace couchée dans son sofa.
« Oh vous voici ! Ah ! Alors ? On se sent comment Fabre ? Un homme ? » Elle afficha un large sourire goguenard alors que le blond souffla un rire amusé. Il banda ses muscles, faisant le fier paon face à l’espionne, le tissu s’étirant lentement sur ses courbes. Il referma ensuite sa ceinture puis revint à Wallace.
« Un homme oui ! Mais je vous assure que c’était déjà le cas avant. » Il se glissa dans un sofa, étirant ses jambes et empilant ses pied pour ensuite aviser Wallace. Elle avait tenté de ranger ce canapé mais avait simplement rediriger la pile de vêtement vers une chaise dans la salle à manger, perdant quelques chaussettes en route.
« Oh je ne me serais pas permise de douter de vous voyons ! Sur une autre note Fabre, j’voudrais vous remercier pour ma cuisine ! Mais nous avons encore du travail à faire. J’ai commencé le salon ! » Elle était fière en se relevant, telle une conquérante. Elle fit signe à Fabre de l’aider à porter les habits jusqu’à sa chambre. Une fois là-bas, le blond profita de ce temps de rangement pour mieux examiner ce qui pouvait se trouver dans cette pièce. Son regard s’arrêta d’abord sur quelques babioles qui provenaient certainement de Lordaeron. Il passa son large pousse sur ces derniers tout en fronçant les sourcils. Elle s’approcha de lui, posant une petite main sur son épaule. « Il ne vous faut pas associer l’idée de votre Grand-Père et Lordaeron Fabre. C’était un beau royaume et lui, une ombre à l’arrière d’un arbre. »
« Je le sais. Mais tous souvenirs de Lordaeron me ramènent forcément à cette ordure et à ce qu’il a fait. A votre royaume, au Commandant, à ma mère… à moi. » Il grogna tout en secouant la tête, reposant le bibelot sur l’étagère. Il suivit le regard de la brune qui observait un ancien portrait de jeune fille. Elle relâcha un long soupire avant de revenir au blond.
« Et il paiera. Comme toutes les ordures du fléau. Il nous faut juste être patient et d’ici la fin de l’année… Hop ! Plus de Georgy ! » Il relâcha un vrai rire à l’entente de ce surnom. Elle avait un vrai don pour briser l’entièreté du personnage qu’était cette saloperie de Georges de Méricourt.
Reed Fabre- Citoyen
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Nom de famille: Fabre
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