Il court, il court, le furet
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Il court, il court, le furet
***
Le spleen du furet
Il fait beau aujourd’hui. Vous devriez vous lever, miss, profiter un peu. Profiter de quoi au juste ? Du soleil qui ricane, immuable ? Des oiseaux imbéciles qui pépient pour rien ? De la boulangère qui veut me vendre son pain fade, un grand sourire aux lèvres ? De tous ces gens qui font comme si de rien. Vous ne pouvez pas rester dans votre lit éternellement. Une lumière brutale entre dans la pièce, bousculant les grains de poussière qui s’agitent vivement dans l’air. Vous avez mauvaise mine, l’enfermement ne vous vaut rien. Je cligne et maugrée, et me retourne dans les draps, tournant le dos à la fenêtre, à toute cette bonne humeur qui m’attend, qui veut m’attraper, me faire oublier. Si je me planque sous l’oreiller peut être qu’ils m’épargneront avec leurs grands discours. Laissez-moi en paix avec la vie, la résilience et vos stades de guérison. Je sais que ça vous arrangerait bien. Que je me lève, que je reprenne ma routine. Que je sois désagréable avec tout le monde, mais juste pour rire, parce que je suis comme ça au fond. Gentille et tendre.
Il y a toujours pire. Tandis que vous venez de perdre votre bras, votre voisin va vous expliquer que lui est cul-de-jatte, mais que ça va, il le prend bien. C’est juste compliqué pour pisser debout, mais hé, on ne peut pas tout avoir. Alors pourquoi pas moi, hein ? Il doit y avoir quelque part un manuel secret et antique qui dit que le deuil doit durer un temps prédéfini dans une fourchette entre deux semaines et un mois, pas plus. Ne poussez pas les limites de votre entourage. Ou vous le perdrez aussi. Après ça, on arrive à court des phrases toutes faites, le sentiment d’impuissance et de lassitude arrivent, et à défaut de passer à autre chose, c’est vous qu’on oublie. C’est ça, qu’on me laisse dans mon trou. Une main se pose sur mon épaule à travers le drap. On entend des choses incroyables en ce moment vous savez. Il parait que Boralus va de nouveau rentrer dans l’Alliance. Et qu’il existe une île incroyable peuplée de dinosaures et de Trolls qui vénèrent l’or. Vous voyez, vous aviez raison, pour les Trolls. Galbenel n’est pas encore rentré. A coup sûr, il va vouloir en savoir plus, vous devriez… Je perds le fil. Boralus. Bor-aaaaa-lus. Ça sonne comme l’ennui. Comme une fin de repas trop riche. Bôrrrrr… J’ai la nausée. A moins que ce ne soit une crampe d’estomac. Ou juste la contrariété. Je vous ai dit que j’étais en deuil, Emma ? Foutez-moi la paix avec vos découvertes et votre réclame de guide touristique. Pourquoi tout le monde veut toujours aller ailleurs que chez lui, du reste ? Je serai la dernière à Hurlevent. Cette bonne vieille Hurlevent que tout le monde aura bientôt désertée. On est pareilles toutes les deux. Des maîtresses délaissées. Pas assez fraiches, pas assez nouvelles. Pas assez enthousiastes ni reluisantes. Quand tout le monde rêve de bateaux et d’évasion, moi je continue de parcourir chaque rue dans ma tête, chaque souvenir.
Je n’oublie rien. Presque rien. Non, passer à autre chose, c’est cracher sur le passé. Sur ce qu’il a de bon et de pire. Alors laissez-moi avec votre résilience à la con. Laissez-moi pleurer. Laissez-moi souffrir. Je brûlerai avec mes souvenirs. Laissez-moi partir en fumée avec Teldrassil, avec les hommes engloutis sous la peste en Lordaeron, puis relevés pour nous trancher la gorge. Laissez-moi. A croire que vous n’avez ni cœur ni mémoire. Courez donc jouer les touristes, prendre votre ticket pour la prochaine guerre. Moi je vais rester ici, à dessiner encore et encore le visage de mon frère. Avait-il changé depuis l’an dernier ? Avait-il laissé pousser sa barbe ? Est-ce qu’un nouveau pli était apparu au coin de ses yeux quand il souriait ? Laissez-moi relire les derniers mots d’un amant perdu. Celui qui voulait mourir en héros, et qui a finalement réussi son coup. Parfois je voudrais que les cris s’arrêtent. Parfois je voudrais attraper cette bouteille de poison de Tanaris, et m’enivrer jusqu’à sombrer. Une fin moins digne que tous ceux que j’ai perdus. Y-a-t-il de l’honneur dans la mort ? Y-a-t-il un sens caché qui m’échappe ? Moi je n’y comprends rien, en tout cas. Tout me semble absurde. Je suis cet animal blessé qui ne sait même plus pourquoi il souffre. Tandis que les draps sont pris de spasmes et que mon oreiller se couvre d’une moiteur désagréable, deux bras maternels m’attrapent et me serrent. Les draps se calment. Réconfort universel.
Peut-être y-a-t-il quelque part des résidus d’éternité.
Dernière édition par Geillis Jorgensen le Dim 2 Sep 2018 - 3:04, édité 1 fois
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Il court, il court, le furet
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Il court, il court, le furet
I
— La Baie, Harl’, c’est là que nous devons aller. Galbenel a un contact là-bas qui pourra nous être très utile. Une certaine Zeeta Viltampon...
Le vieux baroudeur ne cille même pas. Il ne pose pas de question, il attrape un sac et commence à le remplir de quelques affaires de voyage, sifflotant presque.
— Tu ne me demandes pas pourquoi ?
Je l’avoue, je suis presque déçue. J’attendais au moins un haussement de sourcil surpris. Je me redresse dans mon lit, un oreiller calé dans le dos, et passe une main dans mes cheveux hirsutes en plissant les yeux vers mon ami et assistant. C’est tout juste s’il m’accorde un regard, tout occupé à sa pêche miraculeuse parmi le chaos de la pièce. Il pose finalement un sac au ventre bien rebondi sur le bord du lit et me sourit le plus naturellement du monde :
— Pas besoin de demander pourquoi, du moment que tu sors de ce lit.
Me voilà à court de répartie. En grommelant, je quitte le confort de mon nid, et le monde tangue un instant. Saleté de gravité. Je pose une main en appui sur le montant du lit, histoire de me rattraper tout en faisant bonne figure.
— Très bien. Qu’est-ce qu’on attend ?
Harl’ étire un nouveau sourire goguenard, en me détaillant un instant.
— Tu devrais t’habiller.
Je lui adresse un regard vaguement réprobateur, juste pour la forme, et claque la porte de la chambre derrière moi.
Dans le miroir de la salle de bain, mon reflet me renvoie une image peu reluisante. Bon sang, une vraie gueule de déterrée. Juste le temps de prendre un bain et Emma ouvre la porte à la volée, armée d’une paire de ciseaux et d’un peigne.
— Enfin ! Il était temps !
— Oui, Emma. Les affaires reprennent… !
— Vous allez encore vous embarquer dans les ennuis.
Le reflet du miroir lui décoche un sourire malicieux, dans la pâleur d’un visage qui n’a pas vu le soleil depuis un certain temps. Tandis que je m’enroule dans mon peignoir, Emma me fait assoir sur un tabouret, et entame son travail de débroussaillage.
— J’y compte bien. Vous avez déjà visité Cabestan, Emma ? tandis que mes cheveux impitoyablement sacrifiés tombent en pluie fine sur le parquet.
— Pourquoi irais-je traîner à l’autre bout du monde alors qu’il y a déjà bien assez à faire ici ?
— Pour gagner cette foutue guerre, Emma.
Je souris en observant le résultat des efforts de ma logeuse, étirant le cou de droite et de gauche pour juger de la réduction opérée. Je passe une main sur ma nuque fraichement dégagée, et c’est comme si mes idées s’alignaient de nouveau en bon ordre. Comme si je sortais d’une nuit brumeuse pour retrouver le soleil. Oui, il est temps. Cette bonne vieille Emma secoue la tête comme elle chasse quelques mèches de cheveux de mes épaules :
— Qu’y a-t-il donc là-bas mis à part du sable et tout un tas de barbares prêts à vous ouvrir le ventre ?
— C’est ce que nous verrons, lui souris-je tout en serrant brièvement sa main posée sur mon épaule.
— Tout ça finira mal. Pourquoi vous ne resteriez pas ici, n’avez-vous pas assez perdu ?
— C’est justement parce que j’ai trop perdu que je ne peux pas rester ici.
Elle pousse un soupir à fendre l’âme, résignée néanmoins. Je me redresse d’un bond et me retourne pour piquer un baiser sur sa joue, ce qui lui arrache toujours un petit hoquet de surprise. Elle s’empourpre rapidement, ma vieille Emma, et perd ses mots pour quelques instants.
— Tout ira bien ! Dites à ceux qui me cherchent que je serai à la Baie pour quelques temps.
Elle ronchonne pour la forme, comme toujours.
— D’accord. Mais n’allez pas vous faire étriper !
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Il court, il court, le furet
II
— Je te l’avais dit qu’il fallait tourner à droite.
—Vois le côté positif, on en a quand même étalé trois chacun.
— Ouaip.
Le silence se fait. Deux crétins amochés, attachés dos à dos, dans la cale d’un bateau inconnu de Baie du Butin qui sent le poisson pourri, le rhum frelaté, et une désagréable odeur de fuel, un projecteur à pleine puissance braqué sur le visage. Voilà grosso modo le tableau peu glorieux de deux aventuriers dont la carrière a tourné court. Certains raccourcis peuvent s’avérer fatals. Pour sûr, on n’arrivera jamais à temps pour notre rendez-vous avec Zeeta Viltampon. Harlan se contorsionne en grognant, maltraitant un peu plus nos poignets entamés par la corde rêche.
— Ils ont drôlement bien serré, les vaches. Est-ce que tu pourrais... ?
— Quoi ?
— Dans ma poche arrière. J’avais un canif.
Et c’est parti pour dix longues minutes de contorsions hasardeuses, le bout de mes doigts atteignant difficilement la poche en question. On se débat comme deux poissons hors de l’eau pris dans un filet de pêcheur, se tordant, gigotant, soufflant sur le plancher crasseux, un peu huileux, jusqu’à ce qu’un pas lourd se fasse entendre, interrompant net notre gesticulation dans une posture des plus ridicules. Si l’on ne meurt pas ce soir, notre ego lui, aura sûrement du mal à s’en remettre. Une ombre gigantesque vient se placer contre la lumière, tandis que mes pupilles s’adaptent difficilement à ce violent contraste.
— Oh bonsoir !
Le colosse ne desserre pas les mâchoires malgré la cordialité de mon apostrophe. Harl’ me pince en signe d’avertissement et je maugrée vaguement un « ben quoi ? » digne de mes réparties les plus inspirées. Finalement, la masse noire se décale légèrement dans mon champ de vision, et une autre bien plus courtaude et frêle se détache en arrière-plan. Une voix nasillarde s’élève, on ne peut plus caractéristique. Un gobelin.
— Sont-y pas mignons ces deux-là ?
— Je vous retournerais bien le compliment mais je ne vous distingue pas bien dans le contre-jour. Néanmoins, nous n’avons pas eu le temps d’être correctement présentés... Geillis Jorgensen, et voici mon ami Harlan Smoothe. A qui avons-nous l’honneur ?
Le gobelin ricane à la mention de nos patronymes. Les bonnes manières se perdent.
— Hanz. Fouille donc leurs sacs.
— Le géant s’appelle vraiment Hanz ? Un peu cliché non ?
Nouveau pincement. Aieuh. Je sens glisser quelque chose de froid et un peu moite le long de ma main en sueur. Le fameux canif. Je distingue comme des bruits de pas au-dessus de nos têtes. Sur le pont, nul doute qu’il y a du monde qui nous attend. La voix nasillarde reprend, tandis qu’on entend comme un bruissement alors que nos affaires sont retournées sans ménagement sur le sol.
— Miss Jorgensen... Dans la vie tout est affaire de circonstances. Notre rencontre, bien que fortuite, pourrait tout à fait se révéler prolifique si vous aviez quelque chose d’intéressant à proposer. Aussi, auriez-vous quelque chose d’intéressant à me proposer contre votre libération ?
— Patron ? fait le géant avant même que je n’aie le temps de répondre.
— Tu as trouvé quelque chose, Hanz ?
— C’est des journalistes.
Le gobelin semble mettre la main sur quelque chose qui ressemble à une carte de visite. Moment de silence gênant. Le patron soupire finalement et décrète avant de se diriger vers la sortie :
— Arf, dommage. Jette moi ça aux requins, Hanz. Navré, Miss Jorgensen. Les fouines sont mauvaises pour les affaires. Monsieur Smoothe, un plaisir.
Note à moi-même : éviter la mauvaise publicité lorsqu’on voyage dans des contrées aussi mal famées que Baie du Butin.
Cette fois, on se débat furieusement alors que le géant s’apprête à nous empoigner. Je frotte frénétiquement la corde du bout de la lame m’entamant la chair de la main dans le même temps. Je sens de la fourrure commencer à poindre sur les avant-bras d’Harlan, signe annonciateur d’une tempête imminente de griffes et de crocs. Malgré tout, saisis par une poigne implacable, nous nous retrouvons trainés à travers un escalier étroit puis jetés sur le pont d’un navire qui a tout l’air d’un transporteur gobelin. Le vent du large nous fouette le visage, on a quitté le port depuis un moment et le ronronnement des moteurs couvre le bruit du ressac sur la coque. La mer est noire comme une flaque d’huile, épaisse et lourde, c’est à peine si on distingue encore la lueur d’un phare sur la côte.
Alors qu’Harl’ pousse un grondement furieux, toujours relié à moi par la corde épaisse, un grésillement se fait entendre, provenant d’un haut-parleur. « Un deux, un deux, vous me recevez ? Comment ça marche ce truc ? ». Les silhouettes qui s’affairaient sur le pont se figent - nous compris - et tous relèvent le nez vers la cabine de verre et d’acier qui domine le pont supérieur d’où semble émaner la voix qui passe dans les appareils de transmission. Une voix féminine à en juger par la tonalité aigue. « Ici votre cap... non, non, votre commandant Boutefeu ! Quelqu’un peut m’expliquer ce bordel ? ». La stupeur de l’équipage est générale. En plissant le regard, on aperçoit vaguement une silhouette riquiqui aux oreilles pointues qui s’agite en appuyant frénétiquement sur les boutons d’une console. « Ah ! J’ai trouvé ! Bon, mes petits choux, ça va barder ! Qui est l’ahuri qui a décidé de lever l’ancre sans m’en informer ? Vous venez de me faire rater une négociation commerciale de la plus haaaaute importance et j’exige que le coupable soit amené dans ma cabine dans les plus brefs délais ! Votre maman ne vous a jamais dit que le temps c’est de l’argent ? ».
Aussitôt un frisson parcourt les membres de l’équipage et chacun semble chercher, murmurer, en proie aux craintes les plus vives. « Le commandant Boutefeu ? On a un gros bonnet sur le bateau ? Et le patron nous l’a pas dit ? ». Soudain on entend un cri outré, et une bousculade vers le pont supérieur « Eeeeh bande de sacs à vin, ne me touchez pas ! J’aurai votre peau ! ». Le grésillement se fait à nouveau entendre « Bon mes petits choux, c’est encore votre commandant ! Toute réflexion faite, passez-moi cet ahuri à la planche, je ne veux pas le voir ! Et que quelqu’un m’apporte un lait fraise. » Notre geôlier ne semble plus très bien savoir ce qu’il doit faire, de son côté, et nous laisse un moment de répit, que je tente de mettre à profit pour nous libérer, dans la semi-obscurité. La voix du patron se met alors à beugler : « Mais bande de moules décérébrées, c’est moi votre capitaine ! Je ne connais pas cette folle !! Vous n’allez pas me foutre à la baille crénom de dieu !! ». Mais seul un grand « splash » lui fait écho, suivi d’un bref silence relatif, étant donné le bruit des moteurs. Les haut-parleurs s’enthousiasment : « Toutes mes félicitations, mes petits choux ! Voilà un requin bien nourri, Neptulon vous le rendra ! Soyez gentils maintenant, et ramenez-moi au port, j’ai une toooooonne de travail, eh oui ! Et faites chauffer les moteurs ! Haha ! J’ai toujours rêvé de dire ça ! ».
Et comme un seul homme tout l’équipage s’exécute.
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Re: Il court, il court, le furet
III
— Vous auriez dû voir leurs têtes ! s’esclaffe la gobeline, tout en levant le coude, s’octroyant une bonne lampée de lait-fraise et la moustache qui va avec.
— Oui, oui. Cela dit, si on pouvait en revenir aux termes de notre contrat...
Je glisse le parchemin dans la direction de Zeeta Viltampon, alias le commandant Boutefeu et accessoirement notre libératrice. Elle me décoche un énorme sourire, tout en parcourant les lignes de son contrat d’un œil expert.
— Quel dommage que Galbenel n’ait pas été là ! J’étais presque tentée de vous laisser passer à la baille ! Mais non, je blague !
Harlan esquisse une moue amusée derrière son verre, et redemande pour la dixième fois :
— Alors vous et Galbenel ? Vraiment ? Quel petit cachotier !
Zeeta passe une main dans sa chevelure bleutée avec un petit sourire extatique :
— C’était qu’une seule nuit, mais quelle nuit !! papillonne-t-elle
Je souffle du nez, tâchant de revenir à des sujets moins embarrassants :
— Nous sommes bien d’accord, donc. Vous serez désormais l’émissaire du journal en Kalimdor. Votre première mission sera d’installer une antenne du Furet Couronné en Cabestan.
— Taratata, me coupe-t-elle en secouant les doigts devant mon visage. Attachée de presse.
— Pardon ?
— Attachée de presse. Pas émissaire.
Et sans me demander mon avis, elle prend la plume et raye directement la mention concernée sur le contrat, réécrivant allégrement les clauses à sa façon, éclaboussant la table de bois de gouttelettes d’encre, tirant la langue d’un air concentré. Harl’ me jette un regard dubitatif, et je hausse les épaules d’impuissance. La gobeline repart en trombe au détour d’une virgule :
— Et on n’installera pas une antenne en Cabestan, mais une parabole, que dis-je un SATELLITE ! Un satellite GEO-STA-TIO-NNAI-RE !
Je la regarde sans comprendre et elle renchérit aussitôt, parlant à ma place :
— Je sais, ça n’existe pas. Pas encore !
Harlan se penche vers moi et murmure :
— Ca veut dire quoi géostationnaire ?
Je gonfle les joues et Zeeta rebondit :
— Je sais pas mais ça sonne bien ! Je vais breveter le nom !
Puis, elle s’arrête brutalement, comme prise d’une attaque, nous regardant alternativement, ses deux index pointés vers nous comme deux revolvers chargés.
— Wouaaohw, avant de marquer une pause théâtrale, puis d’afficher un sourire lumineux. Je suis trop géniale !
Et ni une ni deux, elle retourne le contrat et se met à écrire à toute vitesse, maltraitant la plume sur le parchemin. J’inspire profondément afin de me donner le courage nécessaire et passe une main dans mes cheveux.
— Zeeta, c’est très joli tout ça, mais ce n’est pas l’objet de notre… association. Je vous paie pour approcher les tribus de la Horde. Toutes celles qui ne seront pas déclarées en faveur de Sylvanas. Puis les tribus neutres, que nous tenterons de rallier à notre cause. Votre tâche sera de me faciliter ces démarches afin que je puisse entrer en pourparlers avec elles. Ainsi, je diffuserai à grande échelle une propagande anti-Sylvanas, afin de créer la dissidence au sein de la Horde. Je ne me ferai sûrement pas des amis là-bas, et encore moins au sein de l’Alliance, mais nous gagnerons cette guerre et nous destituerons Sylvanas du pouvoir. Et j’espère bien être là pour couvrir son procès.
Zeeta redresse brutalement le nez à la fin de ma tirade et proclame :
— Et un mini-bar ! Il nous faut un mini-bar, je ne peux pas bosser sans mon lait-fraise !
Harlan et moi échangeons un nouveau regard consterné cette fois. Je plante ensuite mes yeux dans ceux de la gobeline :
— Vous avez compris ce qui vous attend, Zeeta ?
La gobeline sourit de toutes ses dents :
— Mais oui, mon chou. On va bien s’amuser !
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