[Apale Terre-Acier] - L'histoire d'un souffle.

Apale Terre-Acier

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La princesse du Loch

Titre : Recrue
Nom : Terre-Acier
Prénom : Apale
Surnom : La Vaillante
Classe : Guerrière
Age : Dix-Huit ans
Lieu d'origine : Thelsamar, Loch Modan

C'est une histoire simple. Celle d'une orpheline. Récupérée par un couple nain, elle a vécu toute sa vie dans la douceur de Thelsamar. Considérée comme une véritable naine par ses pairs, elle a été traitée comme une princesse. Ses traits nobles contrastent avec son tempérament rustique. Courageuse mais empressée, rigoureuse mais maladroite, elle sait se contenter de peu, d'eau fraîche et d'exercice physique. Mais derrière ce tableau idyllique, dans ce monde torturé, se cachent bien des drames et un terrible secret voilant ses véritables origines...

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La première nuit...

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Quelle  ironie... Était-ce là l'aboutissement de son rêve, l'accomplissement de son devoir ? Bravant l'autorité de Rhima, sa naine-mère adoptive, elle avait fugué... foulant Hurlement pour la première fois de sa vie, pour s'engager dans la Garde. Jetant des regards derrière elle en permanence, se sentant traquée, elle n'était pas elle-même, cherchant la garnison. C'est alors que, par chance se dit-elle, elle vit une sorte de clochard sans doute ivre-mort, se faire arrêter par des gardes.

— Et bien, ça va ? Vous ne serez pas trop de cinq pour l'arrêter ? Fit-elle avec un petit air empressé, sans aucune méchanceté mais avec une malice de diablotine.

Sauf qu'il ne s'agissait pas d'un clochard mais d'une affaire d'importance. Sauf que la tête ailleurs, elle ne répondit pas aux injonctions de circuler, trop occupée à se  repérer et éviter sa mère... En moins de temps qu'il ne fallut pour le dire... elle était embarquée jusqu'en geôle, sous la houlette d'un certain Anron !
Cela l'arrangeait à double titre, elle était arrivée à destination et protégée de la juste colère de sa mère, autoritaire mais si bienveillante... Mais elle était mal partie pour demander à s'engager... Elle fit sa fière Terre-Acier un bon moment, tenant tête au Caporal chef ! Mais bien vite elle s'aperçut qu'il ne plaisantait en rien, et qu'elle risquait gros... Alors elle se laissa enchaîner...
Pieds nus, recroquevillée, elle finit par s'endormir.

Mais une fois encore, les flash survinrent. Les flammes, le sang, les cris. Partout le chaos, des enluminures qui partaient en fumée, un fier château en train de tomber, un visage doux, celui de sa véritable mère ? Des échos incompréhensibles résonnaient... "Amenez-là, vite ! Avant qu'ils ne la prennent, ma fille... ma fille chérie..", une séparation, un vertige, une chute...

Elle se redressa, en sueur, en silence, prostrée. Puis les larmes montèrent, elle avait échoué. Elle était là, au fond du trou...

C'est alors qu'une petite lumière apparut devant elle. Qu'était-ce donc ? C'était apaisant. Puis il y eu une voix, inaudible mais pourtant bien réelle dans son cœur... c'était celle de son père adoptif, le fier nain Terre-Acier, guerrier chef, père adoré, parti dans les limbes... "Redresse-toi ma vaillante petite, redresse-toi, relève-toi... tu touches au but, n'aie pas de crainte, n'aie pas de crainte... la vie est un souffle, la mort juste un passage et je suis fier de toi, même ici, en ce lieu... je t'aime et ne te quitte pas..."

Demain, serait un autre jour...

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J'espère que tu ne m'en voudras pas...

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— Je... pour la première fois d'ma vie... j'ai peur... j'me croyais invincible, mais j'ai peur...
— Je te garde, je reste avec toi cette nuit avait soufflé le doux Melehant dans l'obscurité de l'infirmerie de la Garde.

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Vous avez beau fuir, le passé revient toujours à la vitesse de l'éclair. Son passé lointain était en train de resurgir, celui datant d'avant ses parents adoptifs. Il n'avait pas fallu longtemps, à peine sortie du giron du Loch, de la cachette confortable des nains, à peine arrivée dans la vraie vie, dans la prestigieuse Garde, elle était déjà à découvert et vulnérable. Mais quelle était la nature de ce passé ? Avait-elle été l'objet, encore bébé, d'une tentative d'enlèvement ? Par qui ? Pourquoi ? Ce passé si sombre, et ces souvenirs macabres... Dès son arrivée, le Sergent Wedge, impitoyablement clairvoyante, lui avait proposé de l'aide pour tenter de retrouver des indices dans les registres, mais elle avait refusé, se voilant la face, enterrant ce passé comme on veut enterrer une émotion. Sauf que ce n'était pas possible, les choses ne marchaient pas ainsi !

Les flammes, le sang, les cris. Partout le chaos, des enluminures qui partaient en fumée, un fier château en train de tomber, un visage doux, celui de sa véritable mère ? Des échos incompréhensibles résonnaient... "Amenez-là, vite ! Avant qu'ils ne la prennent, ma fille... ma fille chérie..", une séparation, un vertige, une chute...

Ce qui venait de se produire en cette fin d'après-midi était grave, elle le savait. Une ombre avait glissé un parchemin dans sa poche, elle n'avait absolument rien senti. Alors qu'elle plaisantait en civil avec ses frères d'arme sur la place Faol, elle avait senti ce parchemin et l'avait ouvert. Il était vierge, mais pourtant, en plus du poison mortel dont il était saupoudré, elle avait ressenti l'emprise du mal l'assaillir. Pas un mal magique ou surnaturel, un mal venu de son passé... et cette fois il ne s'agissait clairement plus de l'enlever, mais bien de la tuer.

Peu après, le poison était monté en elle, ses forces la quittaient, et dans le cadre anodin d'un exercice d'entrainement, elle s'était effondrée. Le sang ruisselait depuis ses narines et l'obscurité l'avait envahie. Asran, efficace et pragmatique, lui avait sauvé la vie de ce puissant mélange de ricine. Elle n'était là que depuis peu mais c'était évident, elle s'attachait déjà à ses frères et sœurs d'armes. Les cadeaux gourmands d'un Katcha, les mises en boite savoureuses d'Anron, la discrétion efficace de Rosseau, la bienveillance sévère dans le regard d'un Lovelace et tous les autres, et même l'inflexibilité de tous ses supérieurs lui devenaient familiers, occultant presque ses difficultés notoires à respecter les ordres.

Au petit matin, elle se redressa, assise dans son lit, de nouveau en sueur, en silence, prostrée. Elle, la fière princesse, arrivée dans sa toute-puissance aux exercices physiques du recrutement, son petit air hautain, ses sourires impertinents devant les supérieurs, tout partait en éclat : elle n'était plus qu'une gamine apeurée. Pourtant il allait bien falloir reprendre des forces et tout son courage pour affronter les ombres de son passé. L'évidence ne pouvait qu'éclater alors que ses rêves s'effondraient... elle mettait en danger tous ses frères d'arme.

Jamais, elle ne s'était sentie aussi seule de toute sa vie.
Elle savait ce qui lui restait à faire.
C'était cruel, et vif, comme une brise, comme le temps d'un souffle.
Demain, serait décidément un autre jour...

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— Maman, pourquoi m'avoir caché cela pendant toutes ces années...
— Nous voulions te protéger ma fille... Ils sont capables de tout... même de s'en prendre à la Garde de Hurlevent.
Tu dois avoir conscience de ce que tu as en face, tu ne peux lutter. Rentre à Thelsamar ma fille.

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Mais elle ne pouvait rentrer... elle sentait confusément qu'elle serait interceptée au premier pas en dehors des murs de la Capitale.
Elle regarda la bague que sa mère lui avait confiée. Un sceau barré d'une lame.
Elle avait été arrachée à l'un des membres des "Lames", presque deux décennies plus tôt.
Ce n'était pas un objet magique, mais il portait l'aura du mal dans chacune de ses formes arrondies.
Elle pensait à ses frères d'arme. La Garde lui manquait cruellement.

Rhima, sa mère adoptive, lui avait révélé le peu qu'elle savait...
Ses parents, aidés d'une escouade combattante naine, l'avait délivrée alors qu'elle n'avait que trois ans.
Une organisation malfaisante l'avait enlevée. Personne n'avait jamais su pourquoi.
Elle avait été récupérée de justesse mais l'expédition avait été un massacre dans les deux camps.
Ses parents avaient été tués, des responsables de l'organisation également.
Puis elle avait été amenée, cachée pendant toutes ces années dans le giron de Thelsamar.
Elle devait tenter d'en apprendre plus, mais se sentait si seule, une fois de plus...
La bague, elle devait en parler à la Garde, peut-être existait-il quelque chose dans leur registre ?
Mais elle allait devoir faire attention au moindre de ses pas...

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Aube sur la côte Ouest des Marches, au même moment..

Celle qui se faisait appeler "l'héritière" contemplait l'horizon salin.
Le roulis doux des vagues n'apaisait pas son cœur pour autant. Une toute jeune elfe du vide approcha d'elle, s'inclinant.

— Madame. Apale vient de quitter la Garde, comme vous l'aviez prévu. Elle n'a pas quitté la Capitale, elle se terre.
Je sais qu'elle a une liaison avec un des membres de la Garnison. S'il vous plait, laissez-moi l'honneur de l'égorger, pour vous.

Un long silence s'installa. Une plénitude, elle touchait au but, après toutes ces années. Sa vengeance allait pouvoir étendre ses ailes.

— Nous la tenons. Inutile de nous presser. Tu as bien travaillé Krinit. Continue de coordonner la surveillance des sorties.
Nous allons prendre tout notre temps. Je veux qu'elle souffre, le plus possible, avant que je ne la dévore toute entière.

Non loin, les proches de l'héritière restaient vigilantes. La garde du corps, la fidèle et redoutable Sornya, restait de glace.
Astraya, elle, derrière son aura maléfique, semblait plus inquiète de cette façon de procéder...

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Vous êtes un monstre !...

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— Mignon ? Vous portez bien votre nom...

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La veille au soir avec sa garde du corps Sornya, Misliesly, dite l'héritière, s'était bien amusée... elle s'était rendue au cœur même de la Garnison d'Hurlevent, tel un loup dans la bergerie... Là, une mignonne recrue avait fait visiter chaque pièce du prestigieux édifice, décrit son fonctionnement. Non sans délice, la cruelle héritière s'était délectée de l'odeur de sang dans le dispensaire, proche de la morgue. Le guide ne s'était pas gêné pour lui dire que sa remarque était des plus suspectes, mais son sourire charmeur avait fait passer le tout comme une lettre à la poste...

Le lendemain après-midi, Krinit Skaia, l'assassine des Lames de la Nuit, avait mené à bien sa mission. Harceler la Garde... et en occurrence un gradé, Caporal de la Garde.

— Alors ma belle, demanda l'héritière, tout s'est bien passé ?

— Oui madame... j'ai fait saigner son cou... il sait à présent que nous pouvons tuer qui nous voulons, quand nous le voulons...

— Voilà qui devrait se répandre dans les troupes comme une traînée de poudre... C'est parfait Krinit, tout se déroule selon nos plans. Les pièces du puzzle se mettent en place. Continue de harceler les gardes, et coordonne la veille dans la ville. Qui sait, peut-être pourrons-nous tomber sur Apale, sinon... comme prévu, c'est la Garde elle-même qui nous l'amènera, avec un papier cadeau. Elle se mit à rire.

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Le soir, elle se rendit au sein de la base des Lames de la Nuit. Chez elle... lieu des pires luxures et des pires atrocités... Toujours à ses côtés se tenaient Sornya, et la puissante sorcière Astraya. L'héritière jubilait, devant elle se tenaient à genoux, enchaînés, un paysan et son fils... Elle s'adressa à eux de sa voix calme et douce...

— Ainsi donc vous voilà... le fils qui s'est permis de frapper l'un de mes collecteurs... le père... qui se permet de ne plus s'acquitter de son dû... Et pourtant ! Ne suis-je donc pas généreuse avec vous ? N'avez-vous pas ma protection face aux défias ou tout autre danger ?

— Vous êtes un monstre... bredouilla le père. Je...

— Tu me flattes... Ordure. Le visage de l'héritière changea subitement, devenant froid comme la glace. Avant qu'elle ne retrouve son sourire chaleureux. Vous allez me servir d'exemple tous les deux... Ma patience a des limites. Personne ne touche à mes hommes, personne ne touche à mes femmes... Elle adressa alors un regard langoureux à sa sorcière et sa garde du corps. Puis elle se leva, dague en main et s'approcha du jeune homme. Le père s'affola alors.

— Pitié... Pitié ! Prenez ma vie Madame, mais pas celle de mon fils, pitié !

Misliesly inspira profondément, jouissant intérieurement de la situation. Puis elle fit mine de réfléchir, exagérément.

— Quel choix difficile... prendre la vie d'un fils pour accabler un père ? Mmmh, son ressentiment serait trop fort... prendre ce qu'il a de plus cher au monde reviendrait en effet à lui ôter tout gout à la vie... Prendre un père pour accabler un fils ? Mmmh... non plus... le fils n'aurait plus d'autre objectif que celui de se venger... Alors nous allons procéder autrement. Détache le père Krinit...

Sortant de l'ombre, l'elfe du vide sortit une clé pour enlever les chaines du paysan aussitôt. Puis l'héritière s'approcha de lui pour lui donner sa dague. Il la regarda, pétrifié de peur.

— Tu vas tuer ton fils...

— Quoi ! Que dites-vous Madame ! Je ne ferai jamais cela ! Pitié !

— Tu vas tuer ton fils, maintenant, devant moi... si tu ne le fais pas... je le torturerai pendant des semaines... avant de le mettre à mort finalement, devant tous les autres... Alors... offre-lui une mort rapide. Tu as trente secondes. Après il sera trop tard.

Le paysan éclata en sanglot, tremblant de tous ses membres, et s'effondra au sol, lâchant la dague.

— Faible... faible... dit Misliesly en ramassant la dague. Et tellement décevant... Alors que devrais-je faire ? Elle récupéra la dague et redressa la tête de l'homme au sol. Tu ne sers à rien... Puis elle lui enfonça la dague dans la bouche d'un coup sec, avant de se redresser et d'avancer vers le jeune, qui serrait les dents, yeux mouillés. Krinit, plante la tête de ce porc sur une lance sur la zone de travail. Ramène le fils en geôle... J'ai pour l'instant envie d'autres distractions...

Puis elle prit par la main sa sorcière et sa garde du corps tout sourire, alors que Krinit amenait le jeune homme.

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Piège, menaces et sévices...

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— Ne suis-je pas d'une grande clémence ?...

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Marches de l'Ouest. Fin d'après-midi.

Le vent souffle doucement... une douce chaleur baigne les Marches en cette fin de journée... Le cimetière de Ruisseline est chargé d'une atmosphère pesante... Tout autour... l'aridité des herbes et l'air sec des Marches de l'Ouest. Au loin, un soleil palissant jette encore sa lumière sur des corbeaux errants.
L'enquête secrète des trois soldats de la Garde de Hurlevent les a mené ici... dans ce lieu morne... En progressant, ils voient un paysan en train de prier sur une tombe. Vêtu de haillons, il semble dans une grande pauvreté comme beaucoup par ici. Il se redresse entendant leur arrivée et leur fait face. Bien vite il comprend que ce ne sont pas des civils, mais bien ceux qui étaient attendus par l'Héritière...

La Garde... Il les amène dans un piège, espérant  la clémence de celle qui règne sur ces lieux désertés par la couronne. Mais sentant sa dernière heure arriver... il leur dévoile tout ce qu'il sait...

Votre présence est une bénédiction en ces lieux. Mais venez... ce lieu est maudit... ne restons pas dans le cimetière. Ils sont partout. Venez, éloignons-nous encore de Ruisselune... je dois vous révéler des choses. Depuis plus de deux décennies, les Lames de la Nuit exploitent quelques parcelles de terre délaissées par les Défias, c'est un accord tacite entre eux... Les Lames sont plus cruels mais aussi plus justes que les bandits du coin. Ils sont aussi mieux organisés. Ceux qui payent la dîme ne sont pas ennuyés, ils sont même protégés des autres malfrats. En revanche... ceux qui ne payent pas... sont enlevés, torturés, exécutés, leur tête plantée sur des pics dans le cimetière de Ruisselune.

Voilà une dizaine d'années, je n'étais qu'un enfant, mais je me souviens... Il y a eu une attaque sur les dirigeants des Lames. Mais c'était à leur fief. J'ignore où il se trouve exactement... mais c'est dans les Carmines. Une enfant enlevée était la cause de cette attaque. En effet... une sorcière, Astraya... avait prédit que la fin des Lames serait causée par cette petite... Les parents de la petite ont tenté de la récupérer, accompagnés d'un groupe de nains avec qui le père travaillait. Ce fut un carnage... les chefs des Lames ont été abattus, tout comme les parents de la petite et leur groupe. Mais un nain parvint à sauver la gamine... Une autre petite fille, celle des chefs des Lames... avait assisté à tout cela... celle qu'on nomme aujourd'hui l'Héritière... Mais je dois vous prévenir que...

Soudain ! Un bruit sec, un courant d'air... le paysan s'effondre à leurs pieds, une flèche plantée dans sa gorge ! Sortant des bosquets, des arbres, des formes sortent... vêtues de sombre, ce sont des Lames, partout, ils sont encerclés ! Des arcs sont pointés sur eux... c'est un guet-apens !

L'Héritière approche à son tour, accompagnée de ses puissants fidèles, tout sourire...
La garde du corps, la fidèle et redoutable Sornya...
La sorcière véritable bras droit, la maléfique Astraya...
Un homme robuste comme une montagne, Alexis Vuss, qui semble donner des ordres aux archers.

— Mes chers amis de la Garde ! Mais quel plaisir de venir sur mes terres...

L'Héritière semblait apprécier d'avoir la vie de ces hommes entre ses mains... bien vite elle s'aperçut que l'amant d'Apale était venu à elle... Quel appât de choix... tout se déroulait au mieux...
Le premier des prisonniers s'agitait... Il se nommait lui-même "Kat". Le nerveux Alexis lui tira une balle dans la jambe... le soldat s'écroula... L'Héritière lança un regard désapprobateur à son chef des archers... Puis elle s'approcha de celui qui semblait être le plus gradé... Il se nommait Marc... elle lui sourit, caressant son puissant torse.

— La Garde ne recrute donc que des beaux garçons ?...

Les Gardes fulminent... mais bien vite l'issue de cette entrevue forcée se fait jour... L'Héritière approche du jeune Melehant Gyfford.

— Nous allons garder ce jeune soldat avec nous... quand je le déciderai... où je le déciderai... vous m'amènerez Apale Terre-Acier et nous procéderons à un échange. Et oui jeune homme... il ne fallait pas goûter à la fleur du mal...

Alors le jeune Garde réalise les méandres diaboliques de ce qui l'attend... il se fige. Les Gardes protestent et fustigent... ils sont l'autorité... Les Lames n'ont pas l'ombre d'une chance !... mais en cet instant... ils sont à sa merci... L'Héritière hurle...

— Silence !!! Ne suis-je pas d'une grande clémence ? Ne suis-je pas d'une grande clémence ?

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Melehant fut trainé au repaire des Lames... pendant des heures, il fut roué de coups, fouetté, sa survie devenait incertaine... puis il fut amené devant l'Héritière... Elle l’enchaina... douce dans ses gestes et ses paroles... Elle le garda pendant des heures... lui infligeant de doux sévices, plus psychologiques que physiques... elle ne savait pas encore si elle allait le garder en vie... en effet.

— Sais-tu ce que j'ai vu dans les yeux de ton supérieur ? murmura-t-elle... j'ai vu ma mort... Astraya ma sorcière... ne s'est jamais trompée... Je le sais, Melehant... je vais mourir... j'ai bien tenté tout ce que je pouvais... mais c'est inévitable... je suis pourtant forte, et juste... n'est-ce pas une terrible injustice ?...
Melehant, ivre de douleur et de fatigue, gardait la tête baissée le plus souvent, en silence...

— Tu l'aimes ?... demanda-t-elle. Bien sûr que tu l'aimes... personne ne m'a jamais voué un tel sentiment... alors maintenant, tu vas m'aimer, comme tu le fais avec elle. Tu vas me dire... "Je t'aime..." puis je déciderai de ton sort avec Astraya...
Alors elle se déshabilla et tira sur sa chaîne, l'attirant vers elle.

L'incandescence des bougies dessinait des jeux de lumière sur la peau nue de la jeune tortionnaire et du prisonnier ensanglanté...

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Veillée d'armes et destins liés...

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Un voile humide balayait le regard de l'Héritière, Misliesly, alors que le soir de l'échange approchait...
Comme si un vent d'ineluctable soufflait sur elle.

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Château en Ruine des Carmines. Fin d'après-midi.

Dans les Carmines, Alexis, dit "la Montagne", accompagnait l'Héritière aux abord du château en ruine. Il expliquait le positionnement de ses archers tout autour. Comment il prévoyait de les embusquer, spécialité des Lames, afin de faire fondre leur rage sur la Garde, si elle osait venir en force. Astraya, la sorcière prophétique, écoutait, fronçant les sourcils. Quelque chose n'allait pas avec Alexis. Il était étrange. Alors qu'elle s'approchait de lui pour le questionner, Misliesly l'arrêta d'une main.

- Chhh... Astraya, ma sublime... laisse Alexis en paix. Il a bien travaillé, bien préparé nos troupes. Je sais qu'il donnera sa vie pour moi.
Sornya, le bras droit de l'Héritière et Krinit, l'assassine, se regardèrent, une atmosphère étrange régnait. A l'intérieur des ruines, Melehant était enchaîné. Après avoir été torturé par les Lames, et interrogé de singulière et torride façon par Misliesly... elle avait ordonné que plus aucun mal ne lui soit fait.

L'Héritière fit quelque pas. Elle se dirigea derrière un rocher, sur lequel elle posa sa main. Puis elle murmura.

- J'étais ici... juste, derrière ce rocher. Je venais d'avoir neuf ans. Quand ils sont arrivés... Ce maudit Commando, ces soldats, ces nains. Ils ont semé la mort et le chaos dans nos rangs. Mère était là, à quelques mètres de moi. Je voulais la sauver, mais elle m'ordonnait de ne pas bouger, de rester cachée. J'avais ses yeux dans les miens, quand le père d'Apale a pris sa vie. J'ai vu la vie quitter ses yeux. Le sang coulait, partout... nos archers alors, avaient été héroïques...

Elle sauta sur le rocher, parlant plus fort.

- J'ai régné sur ces terres, aux Marches, depuis dix-sept années et vingt-six jours. Des terres de non-droit. Alors, comme mes parents, je suis devenue le droit. Je suis devenue l'ordre. Je suis devenue l'autorité. J'ai protégé ces quelques centaines de paysans, des brigands, des défias, des désespérés, des fous. Dix-sept années, et seulement six exécutions, six têtes, sur des pics, contre ceux qui voulaient se rebeller, ne voyant pas notre grande clémence. Alors, j'ai fait des exemples. Pour faire régner la peur. La peur, seul moyen de garder le calme, de garder l'ordre, de garder, la sécurité...

Elle s'arrêta un instant, avisant les ruines du château, déglutissant.

- Et pendant toutes ces années, j'ai eu ce poids. Ce bébé, devenu grand, aujourd'hui jeune femme, Apale. Celle qui devait nous apporter la mort. La fin des Lames de la Nuit. Cette... prophétie... Alors je vous le demande mes fidèles... Dans toute ma vie... Ai-je eu... une fois... UNE SEULE FOIS... le choix de mes actions ?

Le silence tomba, caché derrière la brise glaciale. Un parfum d'éternité. Tous baissaient les yeux. L'Héritière songea au lendemain. Elle espérait, folle... qu'elle pourrait changer le destin.

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Garnison de Hurlevent. Fin d'après-midi.

Apale avait été mise en sécurité dans sa propre Garnison. Elle était terriblement inquiète, Melehant avait été enlevé, à cause d'elle. Ce qu'elle voulait à tout prix éviter était en train d'arriver. Un Garde... et pas n'importe lequel à ses yeux... était en grand danger, peut-être même déjà mort... et bientôt, ses frères d'arme allaient risquer leur vie, en allant se frotter à ces "Lames de la Nuit", que rien ne semblait effrayer... Alors elle travaillait sans relâche, sans moufter, préparant à manger, vérifiant les équipements, nettoyant les matériels médicaux, les sols, priant la Lumière que ce cauchemar s'arrête, et que, peut-être, on lui accorderait une seconde chance. Mais en cet instant... elle ne songeait qu'à la survie de ceux qu'elle aimait. L'Héritière... elle aurait tout donné pour la tuer de sa main, ce mal... qui la poursuivait depuis toujours, ce mal... qui avait emporté ses parents de sang.

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♪...aucune peur..♪

— Je ne suis que le reflet de votre propre cruauté...

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L'Héritière avait été trahie par tous... le chef de ses archers... Alexis... il s'était pris de remord devant elle s'immolant par le feu et donnant sa vie pour elle... mais la Garde était arrivée au cœur de leur repère sans réelle résistance. Trahie par sa sorcière Astraya, qui avait torturé le prisonnier malgré ses ordres... Seule sa fidèle Sornya était restée, à ses côtés, jusque dans les geôles de la Garde, attendant sa sentence. Misliesly était une Lame, elle allait assumer, en l'honneur de ses parents disparus...

Elle avait connu peu avant la potence une saveur d'Amour... le viol de son prisonnier avait eu des couleurs de vérité. Et elle était restée ses yeux dans les siens alors qu'il passait la corde à son cou. Elle ne pleurait pas à cause de la mort qui l'attendait, inévitable comme un destin fatal. Elle pleurait pour ce qu'elle aurait pu connaître, et qu'elle n'aurait jamais. Elle était un monstre pour l'Autorité. Et un monstre d'Autorité pour les paysans des Marches. Elle voulait demander pardon, mais la trappe sous ses pieds s'était ouverte... on lui refusait même ses derniers mots et les Lieutenants crachaient sur la terre à ses pieds...

Appartenance à divers ordres criminels... homicides... enlèvement et séquestration... torture...
Sa nuque se brisa, la corde serra un peu plus encore et sur ses yeux se baissa un voile d'éternité.
Apale s'approcha du corps suspendu qui se balançait à peine...

Elle regarda en silence la cause de tous ses tourments. Toutes deux, avaient vu leurs parents mourir dans l'ombre d'une sombre prophétie. L'une était du côté de l'obscurité et se balançait, l'autre du côté de la Garde et de la Lumière. Les choses étaient-elles aussi simple que cela ? Apale n'en doutait pas. Fière et reconnaissante, elle salua les officiers présent, comme si elle n'avait jamais cessé d'être l'une d'entre eux. Puis elle approcha de Melehant, alors que les soldats repartaient, laissant le corps de sa rivale aux corbeaux. Ils échangèrent quelques mots d'Amour. A aucun moment elle ne décela ce trouble au font des yeux de son Chevalier. Elle le reverrait plus tard... Pour l'heure, elle retournait en ville, comme une simple civile.



Elle ne savait pas ce qu'elle allait devenir.
Elle songea au Sergent-Chef... Hésitante, elle se posa en bord de lac.
Une plume et un vélin à la main. Son avenir tenait sur le fil d'encre d'une écriture incertaine.

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Wallpaper...

Wallpaper Une naine chez les humains ! :

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La voix d'Apale... les 30 premières secondes quand tout va bien... les 30 dernières quand ça barde un peu xD

Voice...:

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BAS LES MASQUES !

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— Tu dois avoir l’air méchante.
Apale cligna des yeux, cette simple réplique d’Arthley lui donnait une furieuse envie de rire.

— tu dois avoir l’air adulte.
Elle leva les yeux au ciel. La princesse du Loch se trouvait, elle, tout à fait adulte.

— Allez bon sang, essaie, regarde-moi avec un air sérieux.
— Je suis sérieuse !
— Bordel, arrête Apale ! Concentre-toi.
— Bon d’accord.
Elle prit  une profonde inspiration. Ferma les yeux, se concentrant à mort. Elle mit la bouche en cœur soufflant un fin filet d’air.
Elle adorait Arthley, il faisait tout pour l’aider à réussir au sein de la Garde, sous ses airs bourrus et machistes. C'était un vrai dur. Il la trouvait trop gentille et voulait l’endurcir. Pourtant il était bien des facettes qu’il ne connaissait pas d’elle. Elle pouvait devenir froide comme la pierre, le premier prisonnier qu’elle avait interrogé devait sans doute s’en souvenir. Mais qu’importait, il s’agissait là d’un exercice des plus divertissants.

Elle plissa les yeux avec une moue sévère, comme si elle singeait une maman en train de gronder son enfant.
— Tu sais que tu as l’air d’une andouille absolue là ? Imagine-toi... tu ES Wedge. Allez !

Elle  souffla de nouveau, se frottant le visage.
— Bien bien bien… le Sergent-Chef… tu places la barre haute là. Mais d’accord… je suis Wedge... je suis Wedge...

Après quelques instants, elle dévisagea Arthley en déglutissant, lèvres tordues. Son expression se voulait résolument fermée, mais le résultat final tenait plus de la grimace !
— On dirait que tu as un balai dans le cul là ! Apale !
Elle secoua la tête en fermant les yeux, hilare intérieurement.

Il reprit, avec une patience aux portes de l'extinction.
— Allez, bon, tente de... oui ! Sois juste... "neutre". Vas-y.
— J'y vais.

Elle s'appliqua cette fois, arborant une expression neutre et sérieuse. Mais bien vite, imperceptiblement, ses yeux se plissèrent. Une petite lumière s'agita dans ses prunelles... puis elle éclata de rire devant le visage d'Arhtley lui, parfaitement sérieux.
— Aaaaah ! Mais j’y arrive pas !!! Dit-elle finalement. Pourquoi veux-tu que je fasse la gueule à tout prix ? Je suis ainsi, et je ne sais pas…
— Tu ne sais pas quoi ?

L’exercice venait de porter plus que ne l’imaginait la jeune recrue. Son heaume, doublé de ses mèches blondes, était souvent le bienvenu pour cacher ses traits trop doux. Elle avait vécu heureuse presque deux décennies, dans ce monde qu’elle voyait décliner malgré les apparences. Et toutes les souffrances endurées depuis deux mois dans la capitale, l’avaient fait grandir d’au moins dix années. Mais pourtant, elle ne savait toujours pas porter de masque. Le monde d’où elle venait était plus simple. Chez les nains, dans le Loch, les émotions s’affichaient librement sur les visages. Ici, c’était différent. La responsabilité des fonctions qui pesait sur les Gardes, les épreuves subies, la souffrance d’êtres disparus, tout cela elle le voyait dans les yeux des officiers. Mais elle voyait aussi les masques que certains portaient, pour se protéger, ou tout simplement pour mieux paraître.
Elle savait lire les gens et ne se trompait que rarement. C’était un don venu sans doute de sa défunte mère de sang. Mais pure, elle savait pourtant que mille épreuves ne suffiraient sans doute pas à faire disparaître son sourire et sa perpétuelle empathie. Ou peut-être si… une chose pouvait le lui faire perdre à tout jamais… mais cela, c’était une autre histoire.

— Alors, insista Arhtley, tu ne sais pas quoi ?
Comme s’éveillant, elle plissa le nez à son attention.
— Je ne sais pas… porter de masque. Mais je te trouve génial quand même William.
Il secoua la tête, exaspéré. Puis il finit par lui sourire à son tour avant de lui indiquer le chemin de la caserne...

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« Plus haut ! que fais tu-donc, tu chasses une mouche ? »

Aux premières lueurs de l'aube, ou dans les derniers rayons du crépuscule, les boucles d'or s'agitaient. C'était sa vie secrète, dans la sueur et les efforts.
Chaque jour accordé par la Lumière, elle persévérait, s'entraînait au combat à l'épée, avec l'une des plus fines lames du Royaume, des heures durant.

« Dextre, senestre, et tu pivotes ! »

Jamais elle ne pourrait rivaliser vraiment, elle le savait, mais se rapprocher de son noble modèle, avec courage et abnégation, la renforçait un peu plus à chaque seconde, à chaque souffle.

Alors elle se battait, y mettant tout son cœur, parfois maladroite. Le retour de bâton n'était jamais loin, implacable. Elle se redressait. Et plus les jours passaient, plus son style de combat s'affinait, comme dans une danse de guêpe, elle bondissait autour de son adversaire, sa légèreté était sa force, sa vitesse sa botte secrète. Naturellement puissante, ses bras pouvaient faire mieux que piquer et bien des coups, précis, pouvaient désormais être mortels. Elle apprenait aussi à être moins impulsive, patientant, cherchant la faille.



Puis, à chaque fois, elle posait un genou à terre à la fin de son entraînement intensif, main sur le cœur. Consciente de l'indicible honneur accordé. Alors, son âme vibrait plus fort encore que pendant les joutes.

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