Affiches en villes

Quelques heures après seulement, chaque affiche de la Garde a reçu une voisine, à sa gauche. Le message révolutionnaire ne recouvre pas entièrement celui de la Garde, mais seulement la bordure. Elles ont toutes été écrites à la main, sans exceptions. Il y a davantage de taches d’encre que de fautes, et on peut clairement s’apercevoir que l’écriture est nerveuse, rapide.


Aujourd’hui, le 24ème jour du troisième mois de l’an 31, en ce début de printemps, nous vous appelons, vous, peuple légitime de Hurlevent, à entendre notre appel.
On nous dit martyrisant le Peuple, on nous dit parasites, on nous compare à des orcs.
Belle comparaison, quand on sait que c’est ce que votre –ou dois-je dire malheureusement notre- roi les prend en grippe. Combien de soldats sont morts, à la Citadelle de la Couronne de glace, en ces terres gelées, repoussant des assauts de mort-vivants, tandis que leurs collègues tentaient de prendre à revers quelque campement de la Horde ? Combien de soldats nous a coûté la haine sanguinaire, vindicative et vengeresse de celui qui se fait appeler roi de Hurlevent et de ses contrées ?
Aujourd’hui, nous avons soif de Liberté. Soif de Justice. Soif de donner à Hurlevent la gloire qu’elle mérite ! Humains ! Non à cette monarchie qui descend en une lente et douloureuse spirale infernale ! Le Westfall est envahi de réfugiés, de braves citoyens de nos contrés forcés à dormir sur de la paille, parqués dans quelques granges qui ne peuvent plus servir à nos paysans ! Et pendant que la misère s’étend en ces terres, et gagne la majestueuse forêt d’Elwynn, le roi laisse librement circuler en ville, les laissant voler les ressources de la cité, des morts-vivants ! Des runiques, ceux-là même qui ont mis à feu et à sang la Nouvelle-Avalon, tuant sans pitié hommes, femmes, et enfants ! Et sous la simple parole de monstres ayant senti le vent tourner et s’étant rangé sous la bannière du plus fort, il les laisse en ville, terroriser nos enfants, laisser un sillage glacé, un sillage de mort sur leur passage ! Rappelons que le Lieutenant Nasgard a été dégradé pour avoir tué un draenei runique de la cité de berce-âme, reconnue ennemie de l’Alliance, dont la tête était recherchée !
On nous accuse de voler les citoyens, de les martyriser, de les terroriser ! Nous ne sommes pas des bandits, nous sommes des hommes et des femmes désireux de donner à Hurlevent l’avenir qu’elle mérite ! Quelle bassesse de nous mettre sur le dos tous les délits de la ville ! Gardes, le Peuple n’est pas dupe !

Il est temps de reprendre Hurlevent aux fous, et de le rendre à son courageux Peuple et ses glorieux Alliés ! Peuple Humain, entendez notre appel ! Pour la Liberté, pour la Justice, pour Hurlevent !

Dans la vieille cave de l'ex QG de la Phalange Epigone, Mordris finit la nouvelle cargaison de la nouvelle et excellente drogue. Il referma la caisse contenant les meules cachant les seringues et marqua à la peinture rouge sur le bois sec "DANGER FROMAGE". Il se dirigea vers la table et s'écroula sur le vieux fauteuil en cuir véritable de mouton. Son compagnon, Waldorf, dévorant un morceau de fromage fumé dans sa petite cage. Détendu, il observa le plafond sans dire un mot, il porta ensuite son attention sur la feuille traînant sur quelques livres. L'une des affiches de la Garde, il l'avait arrachée d'un mur au petit matin en achetant du pain. Il la chopa d'une main gantée, l'observa silencieusement, la chifona et la jeta contre une armoire.

- Soit discret... Rictus.. J'ai encore besoin de tes services...

Il fixa le rat dans la cage quelques minutes, enfila le masque blanc et quitta son laboratoire.