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La mort d'un soldat

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La mort d'un soldat Empty La mort d'un soldat

Message par Pytt Mer 12 Nov 2014 - 23:56

Terres Foudroyées, l'assaut.


Le vacarme des canons accompagnait la progression des soldats. L'armée de l'Alliance et celle de la Horde montaient à l'assaut de la Porte des Ténèbres à l'unisson. Des nuages noirs s'accumulaient au-dessus du champs de bataille. Ils semblaient prêt à cracher une pluie de cendres, roulant et se tortillant dans un ciel déchiré par la tourmente. Il n'y avait ni lune ni étoiles. Un vent sec soufflait sur les rares arbres calcinés qui dressaient leurs branches déformés vers le ciel embrasé.

La vague bleue et or à l'écume rouge avalait les collines ocres, infaillible malgré les ravages des engins de siège ennemi; comme si l'océan lui-même, chargé du sang des innombrables valeureux tombés au combat, venait réclamer justice.

C'est au milieu de ce tumulte que combattait Talhin Flytherson. Cela faisait un mois qu'il bataillait dans les Terres Foudroyées mais c'était la première fois qu'il se retrouvait mêlé à un assaut d'une telle envergure. Quelques mois plus tôt il lui aurait été impensable de faire front aux côtés de peuplades aux origines si variées. Et que dire des orcs, des trolls et des taurens ? Il aurait refusé de combattre avec eux si la nécessité et sa peur de la Horde de Fer n'avaient pas été plus forte que la crainte et la colère qu'il éprouvait envers la Horde.

Khadgar, Thrall et Maraad menaient l'assaut. Talhin ne connaissait pas leurs visages bien qu'il ait aperçu quelques fois l'imposante silhouette du redresseur de tort draeneï. Plusieurs rangées de combattants les séparaient du jeune homme et le tumulte des combats l'empêchait de distinguer leurs voix qui, heureusement, étaient reliées par les officiers lorsqu'ils donnaient des ordres. De nombreux aventuriers, d'horizons différents, se mêlaient aux deux armées.

Soudain, un ogre arracha le visage d'un soldat voisin de Talhin d'un coup de masse, rappelant brusquement au jeune homme qu'il n'avait pas le temps de penser plus loin que le fil de son épée. L'ogre arborait des tatouages claniques sur sa peau grise et d'énormes bagues entouraient ses doigts potelés. Plusieurs flèches s'étaient enfoncées dans sa chair grasse - dont il avait brisé lui même la hampe pour certaines - mais il continuait de se battre avec fureur.

Talhin roula sur le côté pour éviter un coup de masse. L'ogre hurla alors qu'un peu de sang suintait d'une plaie à son crâne, à quelques centimètres de la corne qui sortait du sommet de sa tête, et souleva un soldat en l'attrapant par son tabard. Un rictus mauvais déforma ses lèvres lorsque la peur voila le regard de sa victime. Il cracha quelques mots en postillonnant au visage de l'humain et leva sa masse.

Talhin se précipita vers lui accompagné d'une sentinelle elfe, mais tous deux n'eurent pas l'occasion de s'en prendre à l'ogre. Au moment où celui-ci fit mine de frapper le soldat, un éclair dorée déchira le ciel et s'abattit sur lui, le tuant sur le coup. Le druide tauren qui venait de sauver le soldat l'aida à se relever.

Au même moment un orc percuta Talhin avant d'être écarté par la sentinelle. L'ancien caporal ramassa son épée et barra la route d'un autre orc qui venait soutenir le premier contre l'elfe. En quelques passes d'arme l'affrontement était terminé et le mag'har gisait dans la poussière. Il en allait de même pour la sentinelle et son adversaire.

Le ciel grondait. La bataille faisait rage dans les Terres Foudroyées et les forces d'Azeroth avançaient lentement mais inexorablement vers leur objectif. Le sang des combattants imprégnait la terre ocre et les soldats étaient parfois obligés d'enjamber les cadavres de leurs camarades.

Talhin progressait au milieu des rangs ennemis, l'épée à la main. Il acheva un autre orc et leva la tête pour apercevoir le cratère dans lequel se dressait la Porte des Ténèbres. Encore quelques centaines de mètres et la victoire serait à eux.

Une légère brise caressa son visage tâché de sang et de sueur. Quelques mèches rousses étaient collées à son front. Il ne put s'empêcher de sourire, haletant. Bientôt. Bientôt cette bataille sera derrière lui et il sera de nouveau à Hurlevent entrain de patrouiller dans les rues.

Une vague de chaleur envahit son corps à cette simple pensée et il brandit son épée en poussant des cris d'encouragement pour ses camarades. C'était clair, désormais. La victoire était à eux. Il ne pouvait en être autrement.


Tout à coup, un énorme poing s'écrasa contre son visage. Il chancela. Un orc avait profité de son soudain regain d'enthousiasme pour se frayer un chemin jusqu'à lui. Talhin bloqua la hache qui arrivait vers son visage avec son épée mais ne pu rien faire lorsqu'une seconde vint déchirer son armure pour mordre son flanc. Il grogna de douleur alors qu'un flot acide chatouillait sa langue. La poigne épaisse de l'orc se referma sur sa gorge et Talhin sentit le souffle chaud de la brute s'écraser contre son visage. Il essaya de le frapper avec son épée mais l'orc avait l'avantage et le désarma en lui brisant le poignet. Cette fois Talhin hurla de douleur.

Son regard croisa celui de l'orc. Il pu lire dans ses yeux la même détermination que la sienne. Lui aussi voulait vaincre et si la Horde de Fer devait perdre, il était décidé à emmener autant de morpions comme cet humain avec lui dans la mort. Il était né pour se battre et il mourrait l'arme à la main. Mais avant que cela n'arrive il devait se débarrasser de celui-ci.

Talhin sentit la peur nouer son estomac. Il essaya de se débattre mais l'orc lui asséna un brusque coup de tête. Il toussa. Il commençait à manquer d'air.

L'orc referma son autre main sur le col de son tabard et il sentit ses doigts crasseux et abîmés sur les plaques militaires qui pendaient autour de son cou. Avec toute l'énergie du désespoir Talhin tenta de se dégager de la prise de son ennemi, en vain. Du sang s'écoulait de la plaie à son flanc et il sentait quelques gouttes perler sur son front. L'orc le frappa à nouveau, lui arrachant une autre quinte de toux. Cette fois la salive était teintée de rouge carmin.

Je vais... Ses pensées s'affolaient dans son esprit. Sa vue se brouilla. Il n'arrivait même plus à déglutir.

L'orc leva sa hache. Soudain, un sifflement s'éleva dans les airs et une ombre grandissante les recouvrit tous les deux quelques secondes avant qu'un boulet de canon ne s'écrase avec fracas sur leur position, masquant un instant la vue des autres combattants qui les entouraient en soulevant un nuage de poussière et des morceaux de chair.


*
* *




Terres Foudroyées, quelques heures plus tard.


- D'autres blessés, Chester ? Combien ? demanda l'infirmier, laconique.

- Plus de morts que de blessés.

- Ils ont échoué ?

Dahle se détourna un instant de la paillasse d'un soldat mourant pour croiser le regard du sous-officier Chester. Il ne pouvait envisager une réponse négative. Si les deux armées combinées n'avaient pas pu traverser la Porte des Ténèbres alors rien ne pouvait plus les sauver et Hurlevent tomberait.

La fatigue se lisait sur le visage de son interlocuteur. Il secoua la tête négativement.

- Ils sont de l'autre côté, répondit Chester. Il ne reste plus qu'à attendre.

- Beaucoup de morts ?

- Trop. Il y a toujours trop de morts, répondit le sous-officier en poussant un soupire, les mots peinant à s'échapper de sa bouche pâteuse. Il lui semblait sentir sur sa langue le goût de la poussière ocre des Terres Foudroyées à chaque fois qu'il déglutissait. C'était désagréable, mais pas autant que ce sentiment d'impuissance qui l'envahissait. Lui et beaucoup d'autres avaient été laissé sur Azeroth pour sécuriser la Porte des Ténèbres. Il n'avait pourtant pas discuté les ordres ni même pensé à le faire. Peut être était-ce mieux ainsi; en suivant cet ordre il laissait ses doutes de côté. Une part de lui était soulagée.

- Ce n'est pas une réponse, Chester. Combien ?

- On a pas terminé le compte. Harry et son unité s'en occupent.

L'infirmier prit le parchemin que lui tendait Chester et le consulta. La liste était longue. Herl Eorn, Rangan Greve, Oser Yrus, Pear Drake, Dallan Tusert, Talhin Flytherson, Atais Losen, Runte Lomote, Nath Daon, Erold Brem... Dahle continua d'observer la liste plusieurs minutes. Il y avait une trentaine de noms, à vue d’œil, et Harry devait en ramener d'autres. Il soupira à son tour et releva les yeux pour croiser le regard du sous-officier. Il était épuisé. Vidé.

- Va te reposer, Brand.

- Je... Ce n'est pas encore terminé, bafouilla l'homme.

- Hé, coupa Dahle. Va te reposer. Ils sont bien assez pour continuer. Ils peuvent se passer de toi une demi-heure.

Brand Chester hocha mollement la tête et se dirigea vers une paillasse de fortune installée à côté d'une tente. L'infirmier regarda une dernière fois la liste qu'il tenait dans sa main. Il cru entendre l'espace d'un instant, alors que le tonnerre grondait au-dessus de leurs têtes, les pleurs lointains des familles qui ne reverraient plus jamais ceux qui étaient tombés au combat.
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Message par Pytt Lun 8 Déc 2014 - 21:30






29 novembre de l'an 34 - Mine de la Masse-sanglante, Crête de Givrefeu.



- Répète le une nouvelle fois, Grobok.

Kor'esh se tenait assis sur un imposant fauteuil de pierre. Il était vêtu d'une toge pourpre bordée d'un liseré doré, maintenue attachée à hauteur de son épaule gauche par une broche ronde en métal, laquelle était décorée d'un poing de bronze fermé zébré d'un éclair. Les doigts potelés de l'ogre esclavagiste pianotaient mollement sur la surface dur de l'accoudoir en pierre. Kor'esh observait son interlocuteur sous sa capuche.

Grobok était face à lui, un genou à terre. Il pressait dans sa main droite son moignon de poignet couvert de bandages ensanglantés. Il était plus massif et moins gras que Kor'esh mais le sang-froid et l'aura de suffisance que dégageait l'ogre en toge suffisaient à lui faire baisser l’œil. Un simple claquement de doigts de l'esclavagiste serait suffisant pour qu'il soit jeté en pâture aux vers de lave.

- Il y a eu une révolte, maître. Des esclaves se sont échappés.

- Combien ?

Cette nonchalance n'était qu'une façade. Kor'esh était furieux. Si le quota de minerais faiblissait, il devrait rendre des comptes au seigneur de guerre rochenoir. Même si la mine ne désemplissait pas avec les arrivages fréquents de nouveaux esclaves, il n'aimait pas que des races inférieures se jouent de lui.

- Ils ont profité du chaos engendré par les élémentaires, tenta de justifier Grobok. Kor'esh releva légèrement la tête et l'ogre à la main tranchée comprit que l'esclavagiste n'avait que faire de ses justifications.

- Combien, répéta Kor'esh d'un ton sec.

- Vingt-quatre esclaves se sont rebellés. Nous avons été obligé d'en tuer plus de la moitié. Les autres ont été ramené. Cinq sont parvenus à fuir la mine. Des humains.

Kor'esh se redressa dans son fauteuil de pierre. Il fit un signe en direction du fond de la pièce. Une draeneï vêtue de haillons quitta la pénombre des lourds rideaux de soie rouge et s'avança avec un plateau dans les mains. Elle était maigre, sale et épuisée et portait des chaînes aux chevilles et aux poignets. Elle leva le plateau et Kor'esh s'empara de la coupe de vin qui y était posée. L'esclave eut un mouvement de recul lorsqu'il lui fit signe de rester à ses côtés mais elle s'exécuta, terrifiée.

- Ce n'est pas la première fois que ce genre d'incident arrive sous ta surveillance, Grobok.

Kor'esh avala une gorgée de vin. Quelques gouttes du liquide s'échappèrent de ses lèvres épaisses et roulèrent sur sa peau couleur parchemin avant de se perdre entre les plis de graisse de son cou.

Le visage de Grobok se déforma un instant lorsqu'il grimaça. Cette fois, il n'osait plus relever l’œil. Il pouvait bien rejeter la faute sur les autres surveillants et sa malchance, dans les faits Kor'esh était dans le vrai. Grobok maudit intérieurement les élémentaires de feu. Si les brise-terres n'avaient pas perdus leur contrôle, la forge ne serait pas devenue une fournaise chaotique et les esclaves n'auraient pas tentés de s'évader. Cet incident coûtait cher à l'esclavagiste et Gug'rokk, le marchand d'esclaves, allait sans doute le lui rappeler.

- Ça n'arrivera plus, maître, assura Grobok.

- J'en suis certain. Ton temps comme surveillant en chef est terminé.

Grobok se raidit. Il releva la tête et Kor'esh étira un sourire satisfait en lisant la peur dans l'unique œil de l'ogre. Ses riches étoffes bruissèrent contre la pierre lorsqu'il souleva la draeneï apeurée pour l'installer sur ses genoux. L'esclave chétive n'osait plus bouger. Elle serrait son plateau cabossé contre sa poitrine, la lèvre tremblante. Kor'esh passa un doigt potelé sur sa joue bleue.

- Maître... souffla Grobok.

- Silence, asséna l'ogre. J'ai parlé. Tu n'as plus rien à faire dans cette mine.

Les pensées se bousculèrent dans l'esprit de Grobok. Allait-il être tué ? Banni ? Que lui réservait Kor'esh ? Son sort dépendait de l'humeur de son interlocuteur et pour l'heure, elle ne lui était pas favorable. L'ex-surveillant serra un peu plus fort son moignon. L'espace d'un instant il oublia la douleur du membre fantôme.

- Je ne vais pas te tuer, Grobok. Pas encore.

Kor'esh observait le vin qu'il faisait tourner lentement dans sa coupe crasseuse. Il passa une main dans le dos de la draeneï avant de poursuivre.

- Si tu tiens à ton travail dans cette mine, ou mieux, à ta tête creuse, retrouve les. Retrouve les esclaves que tu as laissé s'échapper. Ramène les ici. Je les veux vivants, tu m'entends ? Ma clémence à ton égard dépendra de leur état. Mais si tu échoues, Grobok...

Kor'esh avança le buste pour mieux toiser l'ogre agenouillé. Il ourla ses lèvres d'un sourire carnassier. A cet instant Grobok sut que tout ceci n'était qu'un jeu malsain. Kor'esh n'était ni seigneur, ni champion, et souffrait de ne pas arriver à s'élever de la plus basse caste des esclavagistes. Sa générosité n'en était pas une. Ce n'était qu'un moyen pour lui de se divertir et colorer son quotidien terne dans cette mine. Un jeu qui lui donnerait l'illusion d'être un grand seigneur, le maître de l'arène.

- Si tu échoues, sois certain que tu en payeras le prix fort. Cette main qu'ils t'ont tranché ne sera rien en comparaison de la souffrance que je réserve à ton échec. Maintenant, va. Tu sais ce qu'il te reste à faire. Ces mauvaises nouvelles dont tu me rabat les narines me mettent de mauvaises humeurs. J'ai besoin de me divertir.

A ces mots, Kor'esh caressa l'épaule de la draeneï qui lâcha son plateau, désormais incapable de le tenir avec les tremblements qui agitaient ses mains. Grobok se releva et inclina sa bedaine avant de tourner les talons. Le feu qui crépitait dans l'âtre projetait son ombre contre les murs. Il écarta les rideaux et quitta la pièce d'un pas lourd, laissant l'esclavagiste à son divertissement.
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