Avez-vous vu cet homme ?

Le vieux Grimli aura vu l'affiche à l'auberge de la fortebière, après avoir été faire sa livraison hebdomadaire chez leur partenaire, il ne manquera pas de récupérer le document pour l'afficher à ses employés dans la Brasserie située non loin.

Le fantassin chauve déambulait de bon matin dans les venelles étroites de la Vieille Ville. Son visage, hargneux de nature, était voilé par une expression foncièrement courroucée. Une sorte de colère rentrée, pourtant bien explicite aux yeux de tout amateur en physionomie, qui traduisait toute l'étendue de sa contrariété du moment. Après tout, Elias Sherborne avait éternellement des raisons d'être en rogne, ses rares proches le savaient bien. Allez donc savoir ce qui pouvait bien lui mettre les nerfs en pelote, cette fois...

Cependant, au détour d'une ruelle et à l'approche d'un tunnel qui menait aux canaux, une affiche placardée au mur attira son attention et le tira de ses gamberges. En s'approchant, il reconnût la silhouette familière et la trogne inimitable de ce bon vieux Jeggan Gorsky.

Gorsky, porté disparu ? Sa bonne femme éplorée en train de le rechercher désespérément ? Ah, ah !

Sa mauvaise humeur, envolée. Un sourire carnassier, volontiers moqueur, ourla les lèvres rêches du fantassin au chômage, ex-garde de l'Urbaine et ancienne phalange de la Maison Ellesmere. Il poursuivit sa promenade avec ce même rictus mauvais fiché au coin de la bouche, enfoui sous l'épaisse barbe rousse. Au moins cette petite anecdote aurait eu le mérite de soulager ses aigreurs du moment.
Vous savez bien ce qu'on dit sur le malheur des autres. Il fait le bonheur des uns.