Quand vient le début de l'été
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Quand vient le début de l'été
Ah les douces et chaudes soirées de Juillet, elles semblent si loin ces rumeurs de combats acharnés contre la Horde, de fin du monde imminente et de disette dans les campagnes...
Un petit vent frais et doux vient bercer les badauds qui déambulent gaiement entre les échoppes alors que le soleil commence à se coucher sur Hurlevent la belle. Les couples se murmurent des mots doux à l'oreille, les vieilles dames soupirent à leur fenêtre en se remémorant pareille soirée il y a des décennies, et les commerçants mettent au feu leurs affichettes "fermé", trop désireux de profiter de l'afflux de clients potentiels. Tous laissent dériver leur esprit dans la quiétude ambiante, même le patrouilleur Johnson.
Fort d'une cinquantaine bien tassée, le brave patrouilleur John johnson battait le pavé depuis que la ville avait été reconstruite, et se targuait d'en connaitre chaque pavé aussi bien que sa propre femme. Certes, sa calvitie avait depuis longtemps remporté la victoire haut la main sur les dernières poches de résistance de son cuir chevelu, et son plastron commençait à devenir un peu juste pour sa bedaine entretenue avec amour par la bière naine, mais il était encore assez vigoureux pour calmer le poivrot un peu trop agité ou le voleur à la tire, pourvu que l'on ne le fasse pas courir sur des lieues et des lieues.
Alors qu'il quittait le brouhaha des bords de canaux pour poursuivre sa ronde nocturne dans la vieille ville, Johnson tourna pour se diriger vers les bâtisses cossues qui bordaient les remparts du Donjon. Sans être luxueuses à outrance, ces demeures étaient fort jolies et il lui plaisait de contempler leurs façades avant de finir son service. Il bifurqua dans une série de ruelles étroites à peine assez larges pour laisser passer deux hommes de front. C'était propre à ces quartiers : peu de grandes avenues, mais pleins de dédales et de maisons hétéroclites construites sur les ruines laissées là par les orcs. Armé de sa fidèle lanterne et de son écu qui lui donnait déjà des courbatures à l'épaule, il suivit mécaniquement son itinéraire habituel qui évitait soigneusement les bas-fonds. L'uniforme en imposait toujours, mais en ces temps troublés Johnson n'oubliait pas qu'un sectateur ou deux qui auraient échappé aux rafles de début d'année pourrait se faire un plaisir de lui rafraichir la tête au niveau des épaules. Fort heureusement, il n'y avait personne à l'horizon, juste quelques fenêtres éclairées faiblement par une bougie mourante alors que les plus diurnes parmi la populace allaient déjà se coucher et que quelques caisses et tonneaux étaient laissés sur le pas des portes par manque de place à l'intérieur.
Cependant, à un tournant il crut voir du mouvement à une trentaine de mètres devant lui. Quelque chose de fugace mais assez net pour lui dire que quelque chose venait de filer à toute allure à l'opposé. Et s'il y avait bien une chose dont Johnson était persuadé, c'est qu'on ne fuyait que parce qu'on avait quelque chose à se reprocher, dans le coin ! Pressant le pas, le silence nocturne brisé par ses semelles ferrées sur les pavés, il rangea son écu sur les sangles de son dos pour empoigner son glaive, des fois que...
Un pas après l'autre, aux aguets car il ne désirait pas rater sa retraite toute proche à cause d'une bête bagarre entre clodos, il approcha jusqu'à buter sur... Sainte Lumière !
Manquant de glisser sur une mare de sang, sa lanterne lui révéla le corps encore sanguinolent d'un jeune homme égorgé. Son regard dans le vague et sa bouche entrouverte trahissait encore l'hébétement dans lequel il se trouvait au moment de sa mort. On lui avait même tranché deux doigts, constata Johnson.
Fébrile et désireux de ne pas être le prochain, il souffla aussitôt dans son cor d'alerte pour rameuter les autres patrouilleurs.
Tout fout le camp dans cette ville de cinglés...
Un petit vent frais et doux vient bercer les badauds qui déambulent gaiement entre les échoppes alors que le soleil commence à se coucher sur Hurlevent la belle. Les couples se murmurent des mots doux à l'oreille, les vieilles dames soupirent à leur fenêtre en se remémorant pareille soirée il y a des décennies, et les commerçants mettent au feu leurs affichettes "fermé", trop désireux de profiter de l'afflux de clients potentiels. Tous laissent dériver leur esprit dans la quiétude ambiante, même le patrouilleur Johnson.
Fort d'une cinquantaine bien tassée, le brave patrouilleur John johnson battait le pavé depuis que la ville avait été reconstruite, et se targuait d'en connaitre chaque pavé aussi bien que sa propre femme. Certes, sa calvitie avait depuis longtemps remporté la victoire haut la main sur les dernières poches de résistance de son cuir chevelu, et son plastron commençait à devenir un peu juste pour sa bedaine entretenue avec amour par la bière naine, mais il était encore assez vigoureux pour calmer le poivrot un peu trop agité ou le voleur à la tire, pourvu que l'on ne le fasse pas courir sur des lieues et des lieues.
Alors qu'il quittait le brouhaha des bords de canaux pour poursuivre sa ronde nocturne dans la vieille ville, Johnson tourna pour se diriger vers les bâtisses cossues qui bordaient les remparts du Donjon. Sans être luxueuses à outrance, ces demeures étaient fort jolies et il lui plaisait de contempler leurs façades avant de finir son service. Il bifurqua dans une série de ruelles étroites à peine assez larges pour laisser passer deux hommes de front. C'était propre à ces quartiers : peu de grandes avenues, mais pleins de dédales et de maisons hétéroclites construites sur les ruines laissées là par les orcs. Armé de sa fidèle lanterne et de son écu qui lui donnait déjà des courbatures à l'épaule, il suivit mécaniquement son itinéraire habituel qui évitait soigneusement les bas-fonds. L'uniforme en imposait toujours, mais en ces temps troublés Johnson n'oubliait pas qu'un sectateur ou deux qui auraient échappé aux rafles de début d'année pourrait se faire un plaisir de lui rafraichir la tête au niveau des épaules. Fort heureusement, il n'y avait personne à l'horizon, juste quelques fenêtres éclairées faiblement par une bougie mourante alors que les plus diurnes parmi la populace allaient déjà se coucher et que quelques caisses et tonneaux étaient laissés sur le pas des portes par manque de place à l'intérieur.
Cependant, à un tournant il crut voir du mouvement à une trentaine de mètres devant lui. Quelque chose de fugace mais assez net pour lui dire que quelque chose venait de filer à toute allure à l'opposé. Et s'il y avait bien une chose dont Johnson était persuadé, c'est qu'on ne fuyait que parce qu'on avait quelque chose à se reprocher, dans le coin ! Pressant le pas, le silence nocturne brisé par ses semelles ferrées sur les pavés, il rangea son écu sur les sangles de son dos pour empoigner son glaive, des fois que...
Un pas après l'autre, aux aguets car il ne désirait pas rater sa retraite toute proche à cause d'une bête bagarre entre clodos, il approcha jusqu'à buter sur... Sainte Lumière !
Manquant de glisser sur une mare de sang, sa lanterne lui révéla le corps encore sanguinolent d'un jeune homme égorgé. Son regard dans le vague et sa bouche entrouverte trahissait encore l'hébétement dans lequel il se trouvait au moment de sa mort. On lui avait même tranché deux doigts, constata Johnson.
Fébrile et désireux de ne pas être le prochain, il souffla aussitôt dans son cor d'alerte pour rameuter les autres patrouilleurs.
Tout fout le camp dans cette ville de cinglés...
Tranche-doigts- Citoyen
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Re: Quand vient le début de l'été
Azunaï rentrait d'une ballade sur la place Faöl, toujours aussi animée depuis la destruction du parc d'Hurlevent après le passage d'Aile-de-mort.
La légère brise d'air lui permettait d'oubliée les évènements de la veille... il est rarement appréciable de se faire bousculer par un vyr'kul!
Elle rentrait dans les dortoirs de la caserne lorsque le son du cor d'alerte retentit. Alerté par celui-ci, de nombreux gardes de nuits se pressèrent à la porte afin de rejoindre l'utilisateur du cor.
Elle, elle hésitait... puis finit par enfiler au plus vite son uniforme. Au diable la fatigue, Hurlevent n'attend pas.
Arrivée sur les lieux quelques minutes plus tard, elle pu assistée au déploiement des troupes exécuté par le sergent en garde de la sécurité de la ville de nuit.
N'étant pas de garde cette nuit là, elle pu se faufiler à travers la foule afin de pouvoir observer la cause de se rassemblement.
Malgré son appréhension -et le fait que cela doit-être son centièmes cadavres-, elle ne pu empêcher à ce haut de coeur de lui rappeler la douce confection du repas du soir fait par le capitaine Do'ilisharr. Reprenant constance, elle s'approcha pour étudier le cadavre, alors qu'un garde de l'unité médicale cherchait déjà à déceler l'heure du décès. Elle étudia le cadavre, un léger pincement au coeur pour la possible famille qu'il laissait derrière lui.
Après cette brève étude, préférant ne pas déranger le travail du personnel de nuit, elle rentra à la caserne pour prendre du repos.
Elle attendait avec impatience le rapport afin de pouvoir commencer à y mettre son nez dedans!
La légère brise d'air lui permettait d'oubliée les évènements de la veille... il est rarement appréciable de se faire bousculer par un vyr'kul!
Elle rentrait dans les dortoirs de la caserne lorsque le son du cor d'alerte retentit. Alerté par celui-ci, de nombreux gardes de nuits se pressèrent à la porte afin de rejoindre l'utilisateur du cor.
Elle, elle hésitait... puis finit par enfiler au plus vite son uniforme. Au diable la fatigue, Hurlevent n'attend pas.
Arrivée sur les lieux quelques minutes plus tard, elle pu assistée au déploiement des troupes exécuté par le sergent en garde de la sécurité de la ville de nuit.
N'étant pas de garde cette nuit là, elle pu se faufiler à travers la foule afin de pouvoir observer la cause de se rassemblement.
Malgré son appréhension -et le fait que cela doit-être son centièmes cadavres-, elle ne pu empêcher à ce haut de coeur de lui rappeler la douce confection du repas du soir fait par le capitaine Do'ilisharr. Reprenant constance, elle s'approcha pour étudier le cadavre, alors qu'un garde de l'unité médicale cherchait déjà à déceler l'heure du décès. Elle étudia le cadavre, un léger pincement au coeur pour la possible famille qu'il laissait derrière lui.
Après cette brève étude, préférant ne pas déranger le travail du personnel de nuit, elle rentra à la caserne pour prendre du repos.
Elle attendait avec impatience le rapport afin de pouvoir commencer à y mettre son nez dedans!
Invité- Invité
Re: Quand vient le début de l'été
Le rapport de John Johnson :
Le rapport du garde de l'unité médicale:
Le 13ème jour du 7ème mois de l'An 31.
Aux alentours du crépuscule, alors que je terminais ma ronde avant d'aller terminer mon service à la caserne, j'ai été a fortiori interpellé par une série de bruits en provenance d'une petite ruelle résidentielle à vocation d'habitat. C'est alors, qu'après avoir vu comme une silhouette détaler à toute vitesse, je me suis avancé et que j'ai vu la victime en état de décès.
Jeune d'environ 15-16 ans à première vue, l'homme avait été égorgé il y a peu, pour preuves les spasmes qui l'agitaient encore quand je l'ai trouvé. J'ai aussi constaté qu'on lui avait tranché l'index de chaque main et que sa bourse se trouvait encore intacte dans sa poche (contenant 18 pièces de cuivre).
Normalement coin le plus tranquille des vieux quartiers, les meurtres sont peu courants dans ces rues, et les gens sont choqués.
Pour sa Majesté.
J.Johnson
Le rapport du garde de l'unité médicale:
Le 13/07/31
Sujet humain mâle à peine adulte, analyses préliminaires situent l'âge aux alentours de 16 ans.
Lésion non létales constatées : Index de chaque main tranchés d'un coup sec et net à l'aide d'un objet coupant, probablement un couteau.
Cause du décès : égorgement, geste rapide et maladroit probablement à l'aide de la même arme que pour les autres sévices. L'agresseur avait allongé la victime avant de procéder (selon l'angle de la blessure) et a agi avec précipitation, à en croire les témoignages.
Pour la Couronne.
Parmi la troupaille de curieux agglutinée autour du corps cette nuit là, vous pourrez entendre un homme d'une trentaine d'années affirmer qu'il connaissait la victime, libre à vous d'avoir noté ou non ses coordonnées pour l'interroger plus tard.
Tranche-doigts- Citoyen
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Re: Quand vient le début de l'été
En plein soleil, et ce malgré l'ombre qu'offrait l'édifice à son arrière à cette heure, il étouffait. Assis au pied de son lampadaire et passant un onguent cicatrisant autour des plaies à son épaule suite à l'altercation avec un colosse deux jours avant, Akhal se préparait à couler une nouvelle après-midi d'ennui, ennui qui serait, peut-être, entrecoupé d'interventions mêlant nécromants et truands de seconde main ; il était resté sans occupation ces derniers jours, mis à part quelques allers-retours entre Hurlevent et Sombre-Comté, et il devrait probablement attendre le retour de quelques personnes pour qu'enfin la distraction revienne.
De cette place, située juste devant la Cathédrale, il entendait bien des choses. La plupart sans intérêt : ragots, rumeurs tirées par les cheveux. D'autres en avaient. Et d'autres promettaient peut-être de briser la routine pleine de lassitude qui s'installait cet été. C'est ainsi qu'il écouta, plissant les yeux, l'histoire d'un gosse des rues à un autre ; il supposa qu'il exagérait quelque peu les choses, mais retint le principal. La Vieille Ville, et une gorge tranchée ; qui était la victime ? Un ami ? Ou simplement une connaissance ? Peut-être un inconnu ? L'affaire avait piqué sa curiosité ; et parmi tous ceux qu'il connaissait, il en voyait déjà quelques uns qui pourraient être au courant de quelque chose.
Ce fut avec un enthousiasme non dissimulé qu'il se releva pour déjà s'éloigner du parvis et mener sa propre enquête, et il commencerait par aller parler aux passants de la Vieille Ville. Peut-être Reese, le tavernier de l'Alambic en l'absence des Loumis, aurait une ou deux rumeurs à lui raconter : il aurait juste à défaire le vrai du faux. Sinon, il supposait qu'il lui suffirait de chercher suffisamment longtemps dans le quartier pour trouver quelqu'un qui serait à même de lui parler de cette affaire.
De cette place, située juste devant la Cathédrale, il entendait bien des choses. La plupart sans intérêt : ragots, rumeurs tirées par les cheveux. D'autres en avaient. Et d'autres promettaient peut-être de briser la routine pleine de lassitude qui s'installait cet été. C'est ainsi qu'il écouta, plissant les yeux, l'histoire d'un gosse des rues à un autre ; il supposa qu'il exagérait quelque peu les choses, mais retint le principal. La Vieille Ville, et une gorge tranchée ; qui était la victime ? Un ami ? Ou simplement une connaissance ? Peut-être un inconnu ? L'affaire avait piqué sa curiosité ; et parmi tous ceux qu'il connaissait, il en voyait déjà quelques uns qui pourraient être au courant de quelque chose.
Ce fut avec un enthousiasme non dissimulé qu'il se releva pour déjà s'éloigner du parvis et mener sa propre enquête, et il commencerait par aller parler aux passants de la Vieille Ville. Peut-être Reese, le tavernier de l'Alambic en l'absence des Loumis, aurait une ou deux rumeurs à lui raconter : il aurait juste à défaire le vrai du faux. Sinon, il supposait qu'il lui suffirait de chercher suffisamment longtemps dans le quartier pour trouver quelqu'un qui serait à même de lui parler de cette affaire.
La Mascarade- Citoyen
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Feuille de personnage
Nom de famille:
Re: Quand vient le début de l'été
Le Quartier des mages.
Aussi hautes en couleur que ses habitants, les rues de cette folklorique zone de Hurlevent la Belle se targuent depuis toujours de l'originalité de leur agencement et de la verdure que l'on peut y trouver. Oh, certes, l'on est parfois réveillé au milieu de la nuit par le fruit de quelque sortilège raté en provenance de la tour des mages ou par une petite explosion venant du laboratoire d'un alchimiste, mais rien de bien méchant. Tous ses habitants y vivent dans une ambiance bonne enfant et enjouée que même la destruction du parc adjacent n'a pas su perturber (ou du moins pas plus d'une petite semaine à tout casser), même les silhouettes sombres et voutées qui entrent et sortent de l'Agneau Assassiné à toute heure du jour et de la nuit ne créent guère d'agitation. Si un Aspect Corrompu amoureux de l'apocalypse, des magiciens ambitieux ou des concoteurs de mixtures à demi-dément n'ont pas pu y semer la zizanie, alors quelle est la source de toute cette agitation ?
La rumeur, bien entendu, la minuscule et petite rumeur que l'on balaie d'un geste de la main lorsqu'on l'entend pour la première fois, l'air courageux et hilare devant tant d'âneries, mais qui n'empêche pas de fermer les volets à double tour plutôt qu'un seul au moment du coucher. Ici comme ailleurs, rien n'éveille tant l'intérêt des gens que la sordidité d'une histoire bien sanguinolente sur fond de démons ou de morts-vivants si possible, et c'est avec un petit plaisir malsain et frissonnant que certains se sont fait un devoir et un amusement de colporter la légende naissante de la pension Fortonneau.
Attifée du nom de son concierge doublement plus vieux que ses fondations, le modeste bâtiment lové dans un cul de sac accueillait depuis des années de jeunes apprentis sorciers qui y trouvaient le gîte et une proximité avec leurs salles de classe pour une somme plus ou moins modique. L'on y comptait trois étages et le double de chambres, dont celle au rez-de-chaussée occupée par le concierge et son fils : les Fortonneau. Ici vous viviez heureux le temps d'être un mage à part entière et de pouvoir décamper aussi vite que possible vers des locaux à la hauteur de votre nouveau statut ô combien prestigieux, si bien que la pension se vantait d'avoir accueilli entre ses murs pas moins de la moitié des mages de la Cité encore en service. Fait peu avéré s'il en est, mais là n'est pas la propos. Non... il est tellement plus grisant de parler de ce qui est arrivé au pauvre locataire du dernier étage.
D'un côté l'on murmure qu'il avait été égorgé, de l'autre que non, qu'en fait il avait été à semi-dévoré vivant, ou bien qu'il s'était fait saigner dans une bassine comme un goret à l'abattoir. Tous et toutes s'accordent sur un détail macabre : Deux doigts emballés avec soin dans un ruban rouge avaient été retrouvés cloués sur la porte même de la pension, juste avant que l'on ne découvre le corps privé de ses index, dans son lit.
Il est des rumeurs que l'on aime par dessus tout colporter, et celle du moment doit sa popularité à un détail : ce n'est pas le premier à qui ça arrive.
Aussi hautes en couleur que ses habitants, les rues de cette folklorique zone de Hurlevent la Belle se targuent depuis toujours de l'originalité de leur agencement et de la verdure que l'on peut y trouver. Oh, certes, l'on est parfois réveillé au milieu de la nuit par le fruit de quelque sortilège raté en provenance de la tour des mages ou par une petite explosion venant du laboratoire d'un alchimiste, mais rien de bien méchant. Tous ses habitants y vivent dans une ambiance bonne enfant et enjouée que même la destruction du parc adjacent n'a pas su perturber (ou du moins pas plus d'une petite semaine à tout casser), même les silhouettes sombres et voutées qui entrent et sortent de l'Agneau Assassiné à toute heure du jour et de la nuit ne créent guère d'agitation. Si un Aspect Corrompu amoureux de l'apocalypse, des magiciens ambitieux ou des concoteurs de mixtures à demi-dément n'ont pas pu y semer la zizanie, alors quelle est la source de toute cette agitation ?
La rumeur, bien entendu, la minuscule et petite rumeur que l'on balaie d'un geste de la main lorsqu'on l'entend pour la première fois, l'air courageux et hilare devant tant d'âneries, mais qui n'empêche pas de fermer les volets à double tour plutôt qu'un seul au moment du coucher. Ici comme ailleurs, rien n'éveille tant l'intérêt des gens que la sordidité d'une histoire bien sanguinolente sur fond de démons ou de morts-vivants si possible, et c'est avec un petit plaisir malsain et frissonnant que certains se sont fait un devoir et un amusement de colporter la légende naissante de la pension Fortonneau.
Attifée du nom de son concierge doublement plus vieux que ses fondations, le modeste bâtiment lové dans un cul de sac accueillait depuis des années de jeunes apprentis sorciers qui y trouvaient le gîte et une proximité avec leurs salles de classe pour une somme plus ou moins modique. L'on y comptait trois étages et le double de chambres, dont celle au rez-de-chaussée occupée par le concierge et son fils : les Fortonneau. Ici vous viviez heureux le temps d'être un mage à part entière et de pouvoir décamper aussi vite que possible vers des locaux à la hauteur de votre nouveau statut ô combien prestigieux, si bien que la pension se vantait d'avoir accueilli entre ses murs pas moins de la moitié des mages de la Cité encore en service. Fait peu avéré s'il en est, mais là n'est pas la propos. Non... il est tellement plus grisant de parler de ce qui est arrivé au pauvre locataire du dernier étage.
D'un côté l'on murmure qu'il avait été égorgé, de l'autre que non, qu'en fait il avait été à semi-dévoré vivant, ou bien qu'il s'était fait saigner dans une bassine comme un goret à l'abattoir. Tous et toutes s'accordent sur un détail macabre : Deux doigts emballés avec soin dans un ruban rouge avaient été retrouvés cloués sur la porte même de la pension, juste avant que l'on ne découvre le corps privé de ses index, dans son lit.
Il est des rumeurs que l'on aime par dessus tout colporter, et celle du moment doit sa popularité à un détail : ce n'est pas le premier à qui ça arrive.
Tranche-doigts- Citoyen
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Re: Quand vient le début de l'été
Le solitaire bleu.
Loin des tavernes de piètre qualité et autres bouges, le Solitaire bleu est un lieu de gout offrant des produits de qualité à des clients de qualité, le tout contre de l'or de non moindre qualité bien entendu. Contrairement aux autres établissements auquel il pourrait être vaguement comparé, celui-ci bénéficie d'un afflux constant de consommateurs, de jour comme de nuit et par tout temps. Après tout, quel meilleur endroit pour se délasser après une productive journée de recherches ou d'études que le Solitaire bleu ? Ces vins fins en provenance de Dalaran, ses liqueurs délicates... de vrais ravissements pour le palais qui pourraient chasser les plus sombres préoccupations d'un esprit brillant (ou plus ou moins brillant, le vin reste le vin).
Et ce matin là l'endroit faisait salle comble au point que l'on avait du apporter des chaises supplémentaires depuis la réserve pour placer correctement la masse de curieux et autres avares de racontars. Le vedette du moment n'était autre que le tenancier de l'établissement en personne, un héros à l'entendre décrire ses aventures. Mais penchons nous plus en détails là-dessus, voulez-vous :
Faisant mine de lustrer ses flutes en cristal, Joachim Brenlow affichait l'air vaguement désintéressé et satisfait de celui qui a conscience de toutes les paires d'oreilles pendues à ses lèvres.
"Oooooh, encore une fois, s'il vous plait !" lui demanda un badaud en robe d'apprenti.
"Oui, soyez aimable, nous voulons l'entendre à nouveau." surenchérit un autre, le visage rougi par l'ivresse.
Avec un soupir théâtral qui n''aurait pas été sans égaler celui des meilleures divas, Brenlow fit mine d'abandonner sa tache pour poser ses mains à plat sur le comptoir, se pencher en avant et baisser prodigieusement le ton, parler à voix basse est le meilleur moyen de se faire entendre de tous, c'est bien connu.
"Cela s'est déroulé hier soir, voyez-vous." commença-t-il.
Un concerto en menton mineur de hochements de tête lui répondit à l'unisson.
"Oh, une soirée banale s'il en est, amha. Et pourtant, et pourtant..."
"Un homme, si l'on peut donner un tel titre à un monstre de cet acabit, est rentré ici-même, là où vous vous tenez. Il affichait des airs de... bête féroce auxquels venaient s'ajouter de nombreuses et laides cicatrices ainsi que des cheveux roux comme les flammes du plus profond des enfers ! Mais surtout..."
Il se ménagea quelque secondes de silence pour créer son petit effet, fit mine de regarder à gauche et à droite, puis enchaina :
"Le sang, mes amis. Il l'empestait à trois lieues à la ronde ! Mais, m'armant de courage je fis mon devoir en l'accueillant comme tout client qui se respecte ! C'est alors que le bougre me demanda avec sa voix d'outre-tombe quels étaient nos tarifs et s'en retourna... sans rien acheter !"
La dernière exclamation à laquelle il avait donné des intonations d'apocalypse ne manqua pas de provoquer quelques sursauts de stupeur. Parfait, parfait...
"Oh bien sur l'histoire aurait pu s'arrêter là, mais tel ne fut pas le cas. Oh non, cela aurait été une fin bien trop banale pour une histoire qui ne l'est en rien. Car moins une heure après le départ de ce monstre, la Garde arriva en personne sous la forme d'une patrouille !"
"Je vis sans problème à leur air affolé que mon aide leur était nécessaire pour accomplir leur devoir et leur prêtai toute l'assistance que j'étais capable de leur fournir dans l'affaire du... Tranche-doigts ! "
"Oui Sieurs et Dames, le Tranche-doigts, ce spectre qui hante nos paisibles rues en quête de mains innocentes à mutiler, c'est pour mettre fin à ses agissements que les agents de Sa Majesté étaient venus me supplier de les assister !" Il martela le comptoir du doigt pour appuyer ses propos, tous affichaient l'air de fidèles paroissiens à l'écoute d'un sermon.
"Ils me demandèrent d'abord ce que je savais de l'affaire, ce à quoi je répondis avec une scrupuleuse exactitude, avant qu'ils n'enchainent sur l'éventuelle présence d'individus louches dans les environs. C'est alors que mon sang ne fit qu'un tour ! Bon sang, mais bien sur ! Le monstre à cicatrices, le coupable était sous mes yeux il y a encore une poignée de minutes !"
"Ils passèrent les rues au peigne fin et finirent par se saisir de lui, allant même jusqu'à me demander de l'identifier. Ce que je fis malgré les risques de représailles que l'on pourrait attendre d'un tel individu. Mais qu'importe, Sieurs et Dames ! Un honnête citoyen accomplit son devoir vaille que vaille !"
"A l'heure où nous parlons, je ne doute point qu''il croupit dans la plus profonde des oubliettes en attendant son jugement."
Au silence monacal succédèrent des cris de joie et une série de bans, de tournées et de tapes dans le dos dont Brenlow se félicita.
Que ne ferait-on pas pour le bien de son commerce.
Loin des tavernes de piètre qualité et autres bouges, le Solitaire bleu est un lieu de gout offrant des produits de qualité à des clients de qualité, le tout contre de l'or de non moindre qualité bien entendu. Contrairement aux autres établissements auquel il pourrait être vaguement comparé, celui-ci bénéficie d'un afflux constant de consommateurs, de jour comme de nuit et par tout temps. Après tout, quel meilleur endroit pour se délasser après une productive journée de recherches ou d'études que le Solitaire bleu ? Ces vins fins en provenance de Dalaran, ses liqueurs délicates... de vrais ravissements pour le palais qui pourraient chasser les plus sombres préoccupations d'un esprit brillant (ou plus ou moins brillant, le vin reste le vin).
Et ce matin là l'endroit faisait salle comble au point que l'on avait du apporter des chaises supplémentaires depuis la réserve pour placer correctement la masse de curieux et autres avares de racontars. Le vedette du moment n'était autre que le tenancier de l'établissement en personne, un héros à l'entendre décrire ses aventures. Mais penchons nous plus en détails là-dessus, voulez-vous :
Faisant mine de lustrer ses flutes en cristal, Joachim Brenlow affichait l'air vaguement désintéressé et satisfait de celui qui a conscience de toutes les paires d'oreilles pendues à ses lèvres.
"Oooooh, encore une fois, s'il vous plait !" lui demanda un badaud en robe d'apprenti.
"Oui, soyez aimable, nous voulons l'entendre à nouveau." surenchérit un autre, le visage rougi par l'ivresse.
Avec un soupir théâtral qui n''aurait pas été sans égaler celui des meilleures divas, Brenlow fit mine d'abandonner sa tache pour poser ses mains à plat sur le comptoir, se pencher en avant et baisser prodigieusement le ton, parler à voix basse est le meilleur moyen de se faire entendre de tous, c'est bien connu.
"Cela s'est déroulé hier soir, voyez-vous." commença-t-il.
Un concerto en menton mineur de hochements de tête lui répondit à l'unisson.
"Oh, une soirée banale s'il en est, amha. Et pourtant, et pourtant..."
"Un homme, si l'on peut donner un tel titre à un monstre de cet acabit, est rentré ici-même, là où vous vous tenez. Il affichait des airs de... bête féroce auxquels venaient s'ajouter de nombreuses et laides cicatrices ainsi que des cheveux roux comme les flammes du plus profond des enfers ! Mais surtout..."
Il se ménagea quelque secondes de silence pour créer son petit effet, fit mine de regarder à gauche et à droite, puis enchaina :
"Le sang, mes amis. Il l'empestait à trois lieues à la ronde ! Mais, m'armant de courage je fis mon devoir en l'accueillant comme tout client qui se respecte ! C'est alors que le bougre me demanda avec sa voix d'outre-tombe quels étaient nos tarifs et s'en retourna... sans rien acheter !"
La dernière exclamation à laquelle il avait donné des intonations d'apocalypse ne manqua pas de provoquer quelques sursauts de stupeur. Parfait, parfait...
"Oh bien sur l'histoire aurait pu s'arrêter là, mais tel ne fut pas le cas. Oh non, cela aurait été une fin bien trop banale pour une histoire qui ne l'est en rien. Car moins une heure après le départ de ce monstre, la Garde arriva en personne sous la forme d'une patrouille !"
"Je vis sans problème à leur air affolé que mon aide leur était nécessaire pour accomplir leur devoir et leur prêtai toute l'assistance que j'étais capable de leur fournir dans l'affaire du... Tranche-doigts ! "
"Oui Sieurs et Dames, le Tranche-doigts, ce spectre qui hante nos paisibles rues en quête de mains innocentes à mutiler, c'est pour mettre fin à ses agissements que les agents de Sa Majesté étaient venus me supplier de les assister !" Il martela le comptoir du doigt pour appuyer ses propos, tous affichaient l'air de fidèles paroissiens à l'écoute d'un sermon.
"Ils me demandèrent d'abord ce que je savais de l'affaire, ce à quoi je répondis avec une scrupuleuse exactitude, avant qu'ils n'enchainent sur l'éventuelle présence d'individus louches dans les environs. C'est alors que mon sang ne fit qu'un tour ! Bon sang, mais bien sur ! Le monstre à cicatrices, le coupable était sous mes yeux il y a encore une poignée de minutes !"
"Ils passèrent les rues au peigne fin et finirent par se saisir de lui, allant même jusqu'à me demander de l'identifier. Ce que je fis malgré les risques de représailles que l'on pourrait attendre d'un tel individu. Mais qu'importe, Sieurs et Dames ! Un honnête citoyen accomplit son devoir vaille que vaille !"
"A l'heure où nous parlons, je ne doute point qu''il croupit dans la plus profonde des oubliettes en attendant son jugement."
Au silence monacal succédèrent des cris de joie et une série de bans, de tournées et de tapes dans le dos dont Brenlow se félicita.
Que ne ferait-on pas pour le bien de son commerce.
Tranche-doigts- Citoyen
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Re: Quand vient le début de l'été
Le Parc, ou ce qu'il en reste.
Il existe des ménages bien singuliers, et celui de Monsieur et Madame Trughill (anciennement Clapeau) était de ce nombre. A l'époque où il avait emménagé en ville, le couple avait jeté son dévolu sur un coquet trois pièces sur la grande place du Parc, avec une splendide vue sur le bain public réservé aux elfes et les massifs parterres de fleurs qui délimitaient les allées.
Gérard Trughill, un homme sec et grisonnant d'une quarantaine bien tassée, exerçait le noble métier d'assistant cordonnier en chef dans une petite boutique du quartier des nains, poste relativement similaire à celui de cordonnier lambda avec quelques minutes de plus pour déjeuner le midi et le droit de se faire appeler "chef" par ses subalternes. La boutique avait le mérite d'être prospère car elle seule avait compris qu'en vendant au même prix un modèle quelle que soit sa taille, l'on avait tout intérêt à viser une clientèle de nains et de gnomes qui feraient économiser de la matière première.
Pénélope Trughill était quant à elle femme au foyer, tenant la maison d'une main de fer comme l'on dirige une armée, ses troupes se constituaient de Monsieur Trughill et de la femme de ménage qui changeait, généralement à bout de nerfs, toutes les trois semaines. Dodue, elle l'était, c'était même un euphémisme que de donner un tel sobriquet à une dame que l'on pourrait sans mal confondre avec un tonneau attifé d'une robe. Mais malgré ça, le couple jouissait d'une vie relativement agréable pour le commun des mortels et ne s'en plaignait pas.
Puis, un soir où Madame était de fort méchante humeur, Gérard se vit confier la noble mission d'aller acheter du pain aux alentours de minuit, et du bon pain du quartier commerçant s'il ne tenait pas à ce que ses "putains de vilaines esgourdes en feuilles de chou soient taillées en pointe", par sa chère et tendre. C'est donc avec une miche un brin trop cuite sous le bras qu'il flannait dans les rues. Après les averses diluviennes de Décembre et les invasions d'élémentaires, c'était un vrai plaisir que de pouvoir sortir le nez dehors sans se faire zigouiller par un monstre sorti de nulle part, du moins pas par un monstre qu'il n'avait pas épousé, se dit-il en ricanant.
Puis, en quelques secondes tout fut terminé : Un vacarme assourdissant qui le força à se plaquer les mains sur les oreilles, une ombre immense dans le ciel, et la lumière, si intense et vive que par moment l'on se serait cru en plein jour. Il en avait mouillé son pantalon, et s'en moquait éperdument quand il réalisa où frappait le gros de l'incendie. Courant comme un dératé et évitant comme il put la foule de fuyards qui détalait en sens inverse, il se trouva nez à nez avec le cratère fumant qu'il y a quelques instants encore il qualifiait de "maison", avec comme seul compagnon une miche de pain.
Aujourd'hui encore, Gérard (ou Gégé comme l'appelaient ses nouveaux compagnons d'infortune) avait précieusement conservé la miche. Oh elle était depuis longtemps pourrie et dure comme du bois, mais elle lui faisait office de gris-gris et parfois d'oreiller quand il n'arrivait pas à se trouver un coin de terre assez confortable.
Le Parc c'était chez lui, quoi qu'on en dise. Pénélope n'était plus là, sa maison non plus, mais il était encore en vie et pour rien au monde il n'aurait quitté cet endroit quand tant d'autres s'étaient éparpillés dans les campagnes. Il demeurait dans les ruines d'une caserne avec toute une bande d'anciens voisins qui par chance ou malchance (selon les points de vue) avaient survécu au passage du grand Aspect de la terre ou du foutu ver de foire (là aussi selon les points de vue) et s'étaient reconvertis dans la mendicité.
Ainsi, dans la nuit du 20 juillet, alors qu'il se soulageait au bord du gouffre à l'emplacement qui d'après ses souvenirs était autrefois la maison de ce saligaud de Roburt, il vit de l'autre côté un homme affairé à trainer sur le sol un lourd et volumineux paquet en toile de jute. L'obscurité et la distance étaient trop grandes pour qu'il puisse distinguer ses traits ou affirmer davantage qu'il s'agissait d'un homme, mais il n'en manqua pas une miette. Plaquant sa miche sur son torse comme un bouclier, il s'accroupit pour ne pas se faire voir et observa.
L'homme avait maladroitement descendu une des pentes jouxtant la fin du canal pour s'arrêter à côté des restes d'un muret, et avait entrepris d'y attacher solidement une longueur de corde. Même d'aussi loin, Gégé pouvait voir sans difficulté qu'il avait à faire à un agité qui jetait sans cesse des coups d'œil autour de lui, ce qui ne parvint qu'à conforter davantage le clochard dans sa planque.
Une fois la corde en place, il le vit ouvrir la sac en toile et... ah ben merde. Y avait un autre bonhomme là-dedans, et il était en train de lui nouer l'autre extrémité autour du cou.
Il ne va quand même pas...
Si.
C'est à l'aube que le Parc gagna une nouvelle décoration sous la forme d'un corps pendu dans le vide, bien entendu il lui manquait yeux, index, et langue. Et sur sa chemise était agrafée une pâquerette.
Il existe des ménages bien singuliers, et celui de Monsieur et Madame Trughill (anciennement Clapeau) était de ce nombre. A l'époque où il avait emménagé en ville, le couple avait jeté son dévolu sur un coquet trois pièces sur la grande place du Parc, avec une splendide vue sur le bain public réservé aux elfes et les massifs parterres de fleurs qui délimitaient les allées.
Gérard Trughill, un homme sec et grisonnant d'une quarantaine bien tassée, exerçait le noble métier d'assistant cordonnier en chef dans une petite boutique du quartier des nains, poste relativement similaire à celui de cordonnier lambda avec quelques minutes de plus pour déjeuner le midi et le droit de se faire appeler "chef" par ses subalternes. La boutique avait le mérite d'être prospère car elle seule avait compris qu'en vendant au même prix un modèle quelle que soit sa taille, l'on avait tout intérêt à viser une clientèle de nains et de gnomes qui feraient économiser de la matière première.
Pénélope Trughill était quant à elle femme au foyer, tenant la maison d'une main de fer comme l'on dirige une armée, ses troupes se constituaient de Monsieur Trughill et de la femme de ménage qui changeait, généralement à bout de nerfs, toutes les trois semaines. Dodue, elle l'était, c'était même un euphémisme que de donner un tel sobriquet à une dame que l'on pourrait sans mal confondre avec un tonneau attifé d'une robe. Mais malgré ça, le couple jouissait d'une vie relativement agréable pour le commun des mortels et ne s'en plaignait pas.
Puis, un soir où Madame était de fort méchante humeur, Gérard se vit confier la noble mission d'aller acheter du pain aux alentours de minuit, et du bon pain du quartier commerçant s'il ne tenait pas à ce que ses "putains de vilaines esgourdes en feuilles de chou soient taillées en pointe", par sa chère et tendre. C'est donc avec une miche un brin trop cuite sous le bras qu'il flannait dans les rues. Après les averses diluviennes de Décembre et les invasions d'élémentaires, c'était un vrai plaisir que de pouvoir sortir le nez dehors sans se faire zigouiller par un monstre sorti de nulle part, du moins pas par un monstre qu'il n'avait pas épousé, se dit-il en ricanant.
Puis, en quelques secondes tout fut terminé : Un vacarme assourdissant qui le força à se plaquer les mains sur les oreilles, une ombre immense dans le ciel, et la lumière, si intense et vive que par moment l'on se serait cru en plein jour. Il en avait mouillé son pantalon, et s'en moquait éperdument quand il réalisa où frappait le gros de l'incendie. Courant comme un dératé et évitant comme il put la foule de fuyards qui détalait en sens inverse, il se trouva nez à nez avec le cratère fumant qu'il y a quelques instants encore il qualifiait de "maison", avec comme seul compagnon une miche de pain.
Aujourd'hui encore, Gérard (ou Gégé comme l'appelaient ses nouveaux compagnons d'infortune) avait précieusement conservé la miche. Oh elle était depuis longtemps pourrie et dure comme du bois, mais elle lui faisait office de gris-gris et parfois d'oreiller quand il n'arrivait pas à se trouver un coin de terre assez confortable.
Le Parc c'était chez lui, quoi qu'on en dise. Pénélope n'était plus là, sa maison non plus, mais il était encore en vie et pour rien au monde il n'aurait quitté cet endroit quand tant d'autres s'étaient éparpillés dans les campagnes. Il demeurait dans les ruines d'une caserne avec toute une bande d'anciens voisins qui par chance ou malchance (selon les points de vue) avaient survécu au passage du grand Aspect de la terre ou du foutu ver de foire (là aussi selon les points de vue) et s'étaient reconvertis dans la mendicité.
Ainsi, dans la nuit du 20 juillet, alors qu'il se soulageait au bord du gouffre à l'emplacement qui d'après ses souvenirs était autrefois la maison de ce saligaud de Roburt, il vit de l'autre côté un homme affairé à trainer sur le sol un lourd et volumineux paquet en toile de jute. L'obscurité et la distance étaient trop grandes pour qu'il puisse distinguer ses traits ou affirmer davantage qu'il s'agissait d'un homme, mais il n'en manqua pas une miette. Plaquant sa miche sur son torse comme un bouclier, il s'accroupit pour ne pas se faire voir et observa.
L'homme avait maladroitement descendu une des pentes jouxtant la fin du canal pour s'arrêter à côté des restes d'un muret, et avait entrepris d'y attacher solidement une longueur de corde. Même d'aussi loin, Gégé pouvait voir sans difficulté qu'il avait à faire à un agité qui jetait sans cesse des coups d'œil autour de lui, ce qui ne parvint qu'à conforter davantage le clochard dans sa planque.
Une fois la corde en place, il le vit ouvrir la sac en toile et... ah ben merde. Y avait un autre bonhomme là-dedans, et il était en train de lui nouer l'autre extrémité autour du cou.
Il ne va quand même pas...
Si.
C'est à l'aube que le Parc gagna une nouvelle décoration sous la forme d'un corps pendu dans le vide, bien entendu il lui manquait yeux, index, et langue. Et sur sa chemise était agrafée une pâquerette.
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Re: Quand vient le début de l'été
Azunaï c'était permit d'aller mander les dossiers d'enquête pré-cataclysmique pour essayer de retrouver le dossier datant de l'éxode vers le nord pour combattre le fléau, cherchant des traces de ce tueur en série qui sévissait déjà avant d'après un rapport...
Le derniers corps était à la morgue, attendant l'autopsie du médecin en chef de l'infirmerie.
Malheureusement, dans un excès de zèle comme tous lui connait, le garde Kal'Doreï Col' Ombo avait tenté de résoudre l'affaire, vagabondant dans la ville à la recherche d'information, se servant de sa fidèle femme comme source d'information extérieur...
Mais, il avait gardé le derniers rapport en date sur l'affaire de l'ancien parc, s'en étant allé prendre des congés bien mérités.
Le dossier n'a fait son retour que ce Lundi, avec un mot d'excuse "vous savez ma femme..."
Le derniers corps était à la morgue, attendant l'autopsie du médecin en chef de l'infirmerie.
Malheureusement, dans un excès de zèle comme tous lui connait, le garde Kal'Doreï Col' Ombo avait tenté de résoudre l'affaire, vagabondant dans la ville à la recherche d'information, se servant de sa fidèle femme comme source d'information extérieur...
Mais, il avait gardé le derniers rapport en date sur l'affaire de l'ancien parc, s'en étant allé prendre des congés bien mérités.
Le dossier n'a fait son retour que ce Lundi, avec un mot d'excuse "vous savez ma femme..."
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