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[A faire vivre] [La Pénombre.] - Publié par son fils, Edward. - (Contenue violent)

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Message par Edward Alma Mer 14 Juin 2017 - 4:16

- La pénombre -

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L’ombre qui s’était abattu sur le pauvre village de Surwich, se déplaçait d’une vitesse folle, telle l’obscurité d’un homme qui passe au soleil. Le maire du village aura ordonné aux quelques soldats de vérifier chaque recoin, chaque hauteur. Ils étaient sur leurs gardes, mais l’ombre elle était pourtant encore là.

Elle partait, le soir même vers une autre destination, étant heureuse de son coup, fière de la tâche accomplie. Elle sera restée quelques minutes, regardant la mère pleurer, puis elle se déplaça. Volant alors comme l’air emporterait une feuille morte, sans plus aucune essence de vie, elle se déposa sur une montagne rocheuse dans le Bois de la Pénombre, regardant un village, très peu peuplé.

Bois-Rampant, était un village d’une petite taille dans le sud du Bois de la Pénombre, il y avait en tout cinq habitant, non des familles mais des fermiers. Ils cultivaient des champs de blé, bien que le blé fût très sec et finissait par sombrer lui aussi. Ils ne sortaient que très peu, des allers-retours entre le Sombre-Comté pour de la marchandise. Bois-Rampant n’avait même pas de maire, c’était un village qui de base n’existait même pas sur la carte, ils s’étaient installé là sans l’autorisation de personne, seul dans le fond de la forêt noire.

L’ombre était assise en tailleur, regardant une villageoise qui semblait porter un panier en osier, sûrement du linge, elle vient alors prendre la direction la plus proche pour une rivière. Elle la regardait, passant ses doigts sur ses lèvres, si douce … si froide. Elle hésitait, puis finit par se lever, sans aucun bruit, était-elle vraiment là physiquement ?

La villageoise avait de longs cheveux roux, tressés et retombant en cascade sur le côté de son épaule droite. Les yeux étaient d’une couleur digne d’un épi de blé, ils étaient entre le marron et le jaune, si doux.  Elle n’était pas très riche, cela se distinguait rien que par sa robe en lin, blanc. Plusieurs bouts de tissu assemblés, créant une robe assez longue, une capuche de lin mais cette fois-ci teinte, aussi clair que ses yeux. Elle marchait encore et encore, et souriait en voyant alors la rivière. Elle finit par poser son panier de linge sale, prenant du savon noir et une planche en bois clair, lavant son linge sans se préoccuper des alentours.

L’ombre se caresse lentement les bras ainsi que les cuisses, puis vient craquer d’un coup sec son cou. Elle détend ensuite les bras, passant sa langue sur ses lèvres aussi chaudes qu’un tombeau. Toujours en s’étirant, elle regarde alors l’arbre au-dessus de la villageoise. Elle ne sait plus quoi faire, hésitant à lui découper la tête et en finir, ou la torturer. C’était carte blanche, au choix. Elle n’avait aucun mal à n'avoir que des bienfaits. D’un mouvement de doigts, elle se déplaçait encore une fois sans un bruit, contre une branche d’arbre, pendue là, regardant la femme laver son linge.

La jeune-femme ne faisait guère attention, encore. Elle continuait de laver son linge, en chantant une petite chanson. Une chanson faisant penser à une comptine que l’on chantonne à un enfant, avant de lui faire fermer les yeux. Quant à elle, l’ombre sur sa branche fît un mouvement de son index et du pouce droit, incantant. Un courant d’air vint alors frapper le panier de linge, celui-ci partant dans la rivière qui coulait aussi vite que l’ombre découpe des têtes.

La villageoise affolée, regarde partout ne voyant rien, l’ombre se déplace d’une vitesse folle, se posant alors, allongée, souriante, sur le rocher où la femme était bloquée.

«  Bonsoir, jeune-fille. C’est un réel plaisir, de te voir coincée entre deux rochers. »

Elle ne sait quoi répondre aux paroles de l’ombre qui est maintenant une forme, une femme aux longs cheveux de jais. Mais cette femme semble être différente de l’ombre habituelle, sa peau semble d’autant plus blanche, le visage d’autant plus crispé, froid, sans émotions. Elle la regarde alors d’un air terrifié, en étant tout de même dans l’incompréhension. La jeune-femme soulève d’un geste rapide, sa robe puis vient y attraper une dague – d’une qualité moyenne – se relevant pour se défendre.

« Vraiment ? C’est une boutade ? Ah …  J’aime tellement les jeunes-gens. »

L’ombre se déplace avec rapidité, elle disparait de la vue de la jeune-femme l’espace d’un instant. La victime cherche autour d’elle, dans les arbres, une trace de la personne qui se tenait devant elle, paniquée elle se mit alors à courir vers son village. Mais l’ombre, sans plus attendre court à toute vitesse vers elle, se matérialisant dans l’air pour abattre une de ces lames empoisonnées dans son cou.

«  Simple, efficace, un bon repas. »

L’ombre pose son regard sur le corps de la victime, celle-ci semble se figer de plus en plus, comme si un poison paralysant était présent sur la dague plus tôt reçue. Elle décide sans attendre de l’attraper par les chevilles, reculant … encore et encore jusqu’à arriver derrière un arbre. L’arbre était plutôt large et grand, il s’élevait sur plus de dix mètres, l’ombre attrapa sa proie par les cheveux pour la plaquer sans ménagement contre la paroi de bois.

Sans même patienter quelques minutes, la jeune-femme voyait alors les doigts de l'agresseur bouger simultanément. Ses doigts étaient peints d’un vernis bordeaux, une brume épaisse et sombre commençait alors à se matérialiser autour de ses épaules, descendant harmonieusement le long de ses bras, puis de ses mains. L’ombre semble être à son paroxysme, voyant alors la victime et son esprit paniqué, elle n’hésite pas à se plaquer contre son corps, commençant alors à l’immobiliser totalement contre l’arbre massif.

L’impureté de la lumière vient alors faire un mouvement de son bras droit, une brume sombre, beaucoup plus épaisse, semble voler dans les airs autours d’elle. La brume noire se dirige d’une vitesse incroyable vers les yeux, la bouche et les oreilles de la victime, c’est avec douceur et légèreté qu’elle pénètre alors dans son corps, non seulement pour lui faire du mal, mais pour récupérer une part d’elle.

La victime se retrouve alors là, contre l’arbre, sans plus aucun espoir, vidée totalement de ses émotions, de son corps qui n’est plus à présent le sien. Le corps semble devenu bleu, comme un cadavre. C’est ainsi que la jeune villageoise perdit la vie, morte par une ombre passante voulant s’amuser, elle tombe alors contre le sol, s’écrasant. Voyez-vous encore ses yeux ? Ses oreilles et ses lèvres ? Plus rien n’est présent sur son visage, seulement des trous vides.  

« Je devrais me mettre à l’art, parfois. »

Dit-elle, l’ombre en partant. Mais, l’espace d’un temps elle se retrouve face au vide qu’est sa vie. Elle ne semble plus y retrouver tout l’amusement d’antan, elle marche plus loin, venant s’asseoir sur une planche à moitié cassée au bord de la rivière, levant alors la tête vers un long pont sans fin. C’est d’un abaissement de tête que l’ombre est prise d’une tristesse sans faille, elle croise ses bras et laisse sa tête tomber contre ceux-là. L’ombre suffoque et se met alors à hurler de douleur, perdant comme une puissance en elle, une partie de son âme, une vengeance méritée.

C’est avec difficulté qu’elle se releva, morne et sans plus aucune « folie » sur son visage, l’air triste, dévastée. Elle emprunte donc le pont fait de bois sans passerelle, marchant encore et encore. Les bruits de ses bottes en cuir claquant contre le bois, faisant s’envoler les corneilles des arbres aux alentours.

Alors qu’elle marche, derrière elle, des nuages épais sombre semble se former dans le ciel, un orage arrivant de nulle-part.  Elle ne semble pas y prêter plus d'attention qu'à ses chaussures et les corneilles, continuant alors sa route encore et encore, la pluie commençant à s’abattre contre le bois, contre l’ombre qu’était cette femme sombre. Ses cheveux plein de sang, comme son armure, commencent alors à perdre en couleur, devenant beaucoup plus clairs … révélant au grand jour la couleur brune de l’impureté.

Elle relève soudainement la tête, voyant la fin du pont en bois. Celui-ci prenant fin devant la ruine d’un ancien donjon, totalement abandonnée de tout être vivant. Elle se laissa alors tomber contre le sol en terre, boueux, s’écrasant la figure, assommée. C’est durant plus d’une semaine que son corps resta là, s’asséchant, prenant de plus en plus la forme d’un corps sans vie. Une brume noire et épaisse s’était échappée du corps il y a de ça, deux jours, comme si l'accumulation d'âmes qu'elle avait ingurgitée s'en était allé. C’est en patrouillant dans les bois, qu’une équipe de soldats faisant une inspection du village non loin … trouva alors le cadavre de l’impureté.

Edward Alma
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